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L' »Idylle » jolie de Léa Désandré et Thomas Dunford : le charme des variations (françaises) sur le thème de l’amour…

15oct

Le couple de Léa Désandré, mezzo-soprano, et Thomas Dunford, luthiste, célèbre sa belle rencontre – coup de foudre _ pas seulement musicale _ de 2015, en un jardin de Vendée, par un très charmant récital de chansons, airs de cour, danses et mélodies françaises, de Michel Lambert et Marc-Antoine Charpentier, à Barbara et Françoise Hardy, en passant par Jacques Offenbach, André Messager et Reynaldo Hahn,  avec leur très joli CD intitulé justement « Idylle« , le CD Erato 5054197751462 _ enregistré à La-Chaux-de-Fonds du 2 au 6 mai 2023… _ autour du théme _ avec ses variations… _ de l’amour : à la française.

Très personnellement,

ce sont les airs de cour de Michel Lambert (1610 – 1696), Sébastien Le Camus (ca. 1610 – 1677), Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704) _ au nombre de 4, et splendidement réussies _, Honoré d’Ambruys (ca. 1660 – 1702), ainsi qu’une sarabande et une chaconne _ interprétées au luth _ de Robert de Visée (entre 1650 et 1665 – après 1732), ainsi que deux _ chefs d’œuvre (!) de _ mélodies de Reynaldo Hahn (1874 – 1947) en ce style ancien,

et en une très raffinée et poétique unité de ton,

qui m’ont le plus charmé dans l’art parfaitement servi ici de Léa Désandré et Thomas Dunford… 

Mais je comprends très bien que le programme élargi à Jacques Offenbach (1819 – 1880), André Messager (1853 – 1929), Claude Debussy (1862 – 1918) _ ainsi qu’Erik Satie (1866 – 1925) pour une « Gnossienne » et une « Gymnopédie » interprétées ici au luth _, aille jusqu’à une chanson de Barbara (1930 – 1997) et deux chansons de Françoise Hardy (née en 1944), afin de mettre aussi en valeur la continuité d’une certaine fantaisie aimable et poétique _ souvent coquette et parfois coquine, et toujours avec finesse et esprit…_ de la chanson française…

Un goût sûr et charmant en cette « idyllique » fantaisie aimablement réunie ici pour nous par ce couple musicalement épanoui de Léa et Thomas…

Ce dimanche 15 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une très intéressante publication du Palazzetto Bru-Zane : « André Messager, le passeur de siècle »

26mai

Vient de paraître il y a trois jours, en une co-édition Actes-Sud / Palazzetto Bru-Zane,

un très intéressant André Messager, le passeur de siècle, par  Christophe Mirambeau.

Voici aussi le premier article de critique consacré à cet ouvrage,

sur le site classiquenews.com

Voilà un titre mal choisi qui ne rend guère compte de la stature artistique d’un chef impérial (aussi souverain à son époque : il a créé Pelléas et Mélisande de Debussy qui lui avait dédié son opéra !) que méconnu, voire mésestimé aujourd’hui : André Messager (1853 – 1929), dont il faut aussi rétablir la qualité de compositeur pour la scène lyrique. Capable de revivifier un genre avant lui sublimé par Lecocq, Messager illumine véritablement la scène théâtrale par ses ouvrages qui fusionnent légèreté, finesse, élégance : l’opérette lui doit ses plus grands triomphes, en France et en Europe. Le livre édité par Actes Sud _ et le Palazzetto Bru-Zane _  éclaire l’inspiration miraculeuse d’un génie des planches, capable sur des livrets très étroits, de tisser une somptueuse parure lyrique et orchestrale. Ainsi de page en page, sont évoquées, avec force détails, genèse et création des partitions à (très grand) succès de cet « Offenbach »  entre XIXème et XXème siècles : Isoline (1888), La Basoche (1890), Madame Chrysanthème (1893), Miss Dollar (1893), Le Chevalier d’Harmental (1896), Les P’tites Michu (1897, récemment reprises, cf notre agenda en fin d’article), La Montagne enchantée (1897), Véronique (1898), Fortunio (1907), Monsieur Beaucaire (1919), L’Amour masqué (1923), Passionément (1926), Coup de roulis (1928). C’est un itinéraire exceptionnellement fécond (qui demeure indéfectiblement lié à l’histoire de l’Opéra Comique / salle Favart dont il est le chef d’orchestre attitré sous la direction de Albert Carré, à partir de 1898) ; Messager nous laisse un catalogue des mieux inspirés qui impose le respect. Et demande à être réévalué.


Plus qu’un passeur, Messager fut entre les deux siècles (XIXè / XXè), un maestro charismatique, un ardent acteur de la création contemporaine, à l’époque de Saint-Saëns, Massenet, Debussy et Ravel. Sans omettre les Ballets Russes… Ce que soulignent les 16 chapitres de ce texte sérieusement documenté (en particulier riche en anecdotes sur le milieu artistique à Paris et à Londres, car Messager avait aussi des responsabilités au Covent Garden), c’est l’intuition et le goût infaillibles de l’artiste, homme cultivé, monstre de travail, et selon sa sensibilité, admirateur militant des opéras de Wagner (il est à Bayreuth avec Fauré dès 1882) : c’est d’ailleurs grâce à Messager qu’en 1908 – 1909, Paris peut enfin écouter la Tétralogie de Wagner ( après Londres justement) dirigeant Le Crépuscule des Dieux et L’Or du Rhin avec un triomphe qui depuis ne s’est jamais démenti. La passion parisienne pour Wagner est due en grande partie à ce wagnérien capable de comprendre et de jouer le théâtre de Wagner… comme personne (à en lire les témoignages et critiques de l’époque). Le chef semble avoir toutes les qualités : devenu co-directeur de l’Opéra de Paris (Garnier, avec un dénommé Broussan, intriguant de 2ème zone, chargé moins de la question artistique que de gestion administrative), Messager (qui devient aussi directeur de la Société des Concerts) réalise une programmation enfin digne de la maison lyrique, favorisant évidemment Wagner (première Tétralogie, Tristan und Isolde ; et bientôt Parsifal en 1913…), l’opéra français (Faust de Gounod), mais aussi, vision prophétique et d’une modernité inouïe là encore, Hippolyte et Aricie de Rameau (avec le concours de son cher ami Saint-Saëns, ardent défenseur de l’opéra français baroque…).


Alerte, la plume de Christophe Mirambeau dresse un portrait enjoué de cet homme d’exception, dont la liaison houleuse et chaotique avec Mary Garden, créatrice légendaire du rôle de Mélisande, révèle un visage beaucoup moins admirable si l’on en croit le témoignage de l’intéressée. Quoiqu’il en soit, voici un texte majeur pour qui veut mieux connaître le profil artistique du chef compositeur, dans son époque, laquelle est aussi idéalement restituée.

Ce samedi 26 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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