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Le génie de Reynaldo Hahn : le charme fou du « Ruban dénoué » sous les doigts de velours d’Eric Le Sage et Frank Braley aux pianos…

13jan

Le génie musical de Reynaldo Hahn (Caracas, 4 août 1874 – Paris, 28 janvier 1947) est encore très, très injustement méconnu, et incroyablement sous-estimé,

à de trop rares exceptions près,

tel l’excellemment bienvenu chapitre « Reynaldo Hahn. Le Parisien du Venezuela » que lui consacre l’ami Karol Beffa, aux pages 35 à 59 de son si beau et si juste « L’Autre XXème siècle musical » _ cf la magique vidéo de mon entretien avec Karol Beffa sur ce si nécessaire ouvrage à la Station Ausone, le 25 mars 2022…

Mais voici que le charme fou du « Ruban dénoué » _ écoutez ça _ de Reynaldo Hahn, composé en 1915, risque de déboucher enfin les préventions de certaines oreilles…

Ce que vient appuyer le commentaire comme si souvent très lucide de Jean-Charles Hoffelé en son article d’hier 12 janvier, « Le seul amour« , sur son excellent site Discophilia, à propos du merveilleux CD d’Eric Le Sage et Frank Braley, aux pianos, en leur magique CD « Le Ruban dénoué – Valses – Hahn & Chabrier« ,

soit le CD Sony Music 19858862602 qui vient tout juste de paraître :

LE SEUL AMOUR

Quelle nuance de poésie _ légèrement, à peine _ mélancolique rend Le Ruban dénoué si attachant ? Quelque chose de Proust y passe, plus particulièrement dans la pièce finale de ce collier de perles, Le seul amour _ écoutez ici _ que Reynaldo Hahn demande de jouer « très senti », valse lente qui se perd comme un parfum dans l’atmosphère, où se dissout sous le canon et dans l’ombre des forêts meurtries par la Grande Guerre, tout un monde, celui de Proust justement. Merveille _ absolument ! _ qui semble se mirer dans les modèles laissés par Schubert, et faire un écho assourdi à celles _ les « Valses nobles et sentimentales«  _ que Ravel avait composées en 1911 sous le même parrainage.

Éric Le Sage et Frank Braley y sont émouvants à force de pudeur _ et de délicatesse vraie _, jouant deux très beaux pianos : aigus sans clairon, médiums ambrés, basses grondeuses _ oui, oui, oui _, tout un univers où s’invite en conclusion du Ruban dénoué Sandrine Piau pour un des poèmes _ « Puisque j’ai mis ma lèvre«  _ d’Hugo, nous faisant pleurer de ne pas avoir par cette voix de diseuse d’autres Chants du crépuscule.

Deux autres pièces mélancoliques signée Hahn, puis ce petit trésor que sont les Trois Valses (faussement) romantiques de _ toujours délicieux et plein d’esprit _ Chabrier. Les deux amis s’y régalent, doigts légers, accents canailles, du brio et de la tendresse _ oui, très françaises… _, ah !, ils ont entendu Marcelle Meyer et Francis Poulenc et sans les copier savourent le même esprit.

LE DISQUE DU JOUR

Reynaldo Hahn (1874-1947)


Le ruban dénoué (Intégrale)
Caprice mélancolique
Pour bercer un convalescent


Emmanuel Chabrier (1841-1894)


3 Valses romantiques

Éric Le Sage, piano
Frank Braley, piano
Sandrine Piau, soprano

Un album du label Sony Classical 19658862602

Photo à la une : les pianistes Éric Le Sage et Frank Braley – Photo : © DR

Un bijou !

Ce samedi 13 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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