Une piste de recherche à creuser : les liens entre le compositeur auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505-1510 – ca. 1564-1565 ; actif à la cathédrale d’Auch…) avec surtout la cour des Este à Ferrare ; mais aussi les éditeurs à Milan, Venise, Strasbourg, Paris, Nuremberg, Anvers.., à partir du programme du CD « The Mysterious Motet Book 1539″, et de ma curiosité envers Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562)…

— Ecrit le vendredi 11 août 2023 dans la rubriqueBlogs, Histoire, Musiques”.

L’intitulé de cet article mien de ce vendredi 11 août 2023 « Une piste à creuser : les liens entre le compositeur Pierre Cadéac (ca. 1505-1510 – ca. 1564-1565 ; et actif à la cathédrale d’Auch…) avec Ferrare, Milan, Venise, Strasbourg, Paris, Nuremberg…), à partir de mon intérêt pour le  CD « The Mysterious Motet Book 1539″, et ma curiosité envers le génie d’Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562…« ,

provient de la découverte _ cf le détail donné en mon article de 8 août dernier : « «  _ de la proximité des deux noms de compositeurs de Motets : l’auscitain Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – 1510 – ca. 1565) et le flamand Adriaen Willaert (ca. 1490, Roselare, Venise, 7 décembre 1562),

dans la publication, à Strasbourg, au mois d’août 1539, par l’éditeur Peter Schöffer le Jeune (Mayence, entre 1475 et 1480 – Bâle, 1547) du recueil de 28 Motets, intitulé « Cantiones quinque uocum selectissimae« , de 15 compositeurs différents, dont « Adrian Vuillart » _  = Adriaen Willaert _ pour 3 Motets _ les numéros 7 (« Congratulamini« ), 21 (« Laetare sancta« ) et 22 (« Peccavi super numerum« ) de la listede ce recueil  _et « Cadeac » _ Pierre Cadéac _ pour un seul Motet _ le numéro 8 de la liste, « Salus populi« _,

recueil effectivement bien « mystérieux » de 1539, dans lequel a su superbement puiser pour son programme de 12 morceaux le CD « The mysterious Motet Book 1539 » (CD Delphian DCD 34284) l’Ensemble Siglo de Oro et son chef Patrick Allies,

ce passionnant et très intriguant CD sur lequel je suis tombé en cherchant à élargir ma connaissance de l’œuvre musical du génial Adriaen Willaert, enchanté que j’étais du sublime CD « Adriano 4 » (CD Evil Penguin EPRC 0054) du merveilleux Ensemble Dionysos Now! et son chef Tore Tom Denys… 

Le départ de la présente recherche mienne de ce jour étant la connaissance que c’est du compositeur Hermann Matthias Werrecore (Warcoing – Pecq, ca 1500 _ ?, après 1574), en poste de maître de chapelle à la cathédrale de Milan _ de 1522 à 1550… _, que l’éditeur Peter Schöffer fils, installé  alors _ depuis 1529, où il a quitté Worms, à 1539, où il gagne Bâle _ à Strasbourg, a reçu copie de la réunion même, par Werrecore, de ces 28 Motets,

passés ainsi par l’Italie… 

J’ai donc recherché à en apprendre davantage sur ce Pierre Cadéac, natif _ probablement _ du village bigourdan de Cadéac, situé en vallée d’Aure, juste en amont d’Arreau (actuellement dans le département des Hautes-Pyrénées), et qui fut actif sa vie durant en la cité épiscopale d’Auch ;

et dont la musique connut de son vivant un assez remarquable retentissement international :

au moins, pour ce qui concerne l’Italie, jusqu’à Milan (le compositeur Matthias Werrecore) et Venise (l’éditeur Antoine Gardane), et peut-être à Ferrare (la fastueuse cour des Este)…

Ainsi qu’en témoignent diverses publications de ses œuvres, non seulement en France, à Paris (une publication de ses Motets y eut lieu, selon Fétis, dès 1543 ; surtout chez les éditeurs Adrian Le Roy & Robert Ballard, en 1553, 1555 et 1558 ; Nicolas du Chemin, en 1553 et 1556 ; Pierre Attaingnant, en 1534, 1535, 1538 et 1541), et Lyon (Jacques Moderne, en 1543) ; mais jusqu’à Nuremberg (chez les éditeurs Johannes Montanus et Ulrich Neuber, en 1564 et 1568), Strasbourg (chez l’éditeur Peter Schöffer fils, en 1539), et Anvers (chez Tilman Susato, en 1546-47), ainsi que Venise (chez Antoine Gardane, en 1554) _ cf le très intéressant détail de la notice consacrée à Pierre Cadéac, à la page 152 du volume 2 de la « Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique » (1834-1835), de François-Joseph Fétis

C’est le fil ainsi tendu _ qu’il faudrait préciser ! _ entre les cités d’Auch et de Ferrare, qui m’a ainsi intrigué ; surtout connaissant les séjours _ si décisifs pour l’accomplissement de sa musique… _ à la cour de Ferrare d’Adriaen Willaert, dès 1515 et jusqu’en 1525… :

« en juillet 1515, il entre, comme chantre, au service de la cour du cardinal Hippolyte Ier d’Este _ Ferrare, 20 mars 1479 – Ferrare, 3 septembre 1520 _, à Ferrare » ;

puis « en 1520, à la mort du cardinal, Willaert entre au service du duc Alphonse Ier d’Este _ Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare 31 octobre 1534 ; Alphonse Ier est en effet le frère aîné du cardinal Hippolyte Ier ; fils qu’ils sont du duc Hercule Ier d’Este et son épouse Eléonore de Naples… _, dont il sera le maître de chapelle de 1522 à 1525, année où il suit Hippolyte II d’Este _ Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 : le cardinal Hippolyte II d’Este étant, lui, fils du duc Alphonse Ier et son épouse Lucrèce Borgia _, neveu de son premier employeur _ le cardinal Hippolyte Ier d’Este _, à Milan« 

_ et à Milan, donc, va se conserver le souvenir très marquant de la présence musicale (de 1525 à 1527) du compositeur Willaert ! Cela n’a certainement pas échappé au correspondant de l’éditeur strasbourgeois Peter Schöffer fils, je veux dire le compositeur Hermann Matthias Werrecore, qui a été durablement (depuis 1522 jusqu’à 1550) en poste de maître de chapelle à la cathédrale de Milan, celui-là même qui a transmis à Strasbourg les 28 Motets du « Cantiones quinque uocum selectissimae«  comportant des œuvres du flamand Adriaen Willaert et de l’auscitain Pierre Cadéac ; et de 1525 à 1527, quand réside aussi à Milan, au service d’Hippolyte II d’Este, Adriaen Willaert, celui-ci et Matthias Werrecore se sont ainsi régulièrement cotoyés !…

Voilà donc précisée la proximité musicale entre ces deux flamands résidant à Milan qu’étaient alors, entre 1525 et 1527, Matthias Werrecore et Adriaen Willaert ; de même que ce qu’a pu transmettre à son compatriote Werrecore Adriaen Willaert des riches liens musicaux que celui-ci avait pu établir ou conserver avec tout un cercle de compositeurs (pas mal d’entre eux étants flamands) lors de sa présence prolongée de dix années, de 1515 à 1525, à la très aristocratique cour des Este à à Ferrare…

Et dont Werrecore a pu faire profiter l’éditeur de Strasbourg, entre 1529 et 1539, Peter Schöffler fils… _ ;

et « la réputation de Willaert, comme musicien et compositeur, rayonne » alors tellement « dans toute l’Italie » que « en 1527, à l’instigation du doge Andrea Gritti, il est nommé maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise, poste prestigieux qu’il occupe jusqu’à sa mort, en 1562« .

Or, dans cette France « italienne » de la Renaissance _ cf le livre fort intéressant de Jean-François Dubost « La France italienne (XVIe – XVIIe siècle« , paru chez Aubier en 1997  _, marquée de nombreux liens matrimoniaux royaux, notamment celui du roi Henri II avec Catherine de Médicis,le 28 octobre 1533, et celui de Marie de Médicis avec le roi Henri IV, le 17 décembre 1600,

j’ai souvenir tout particulièrement du mariage, à Paris, le 28 mai 1528, entre la seconde fille du roi Louis XII et son épouse Anne de Bretagne, Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575 _ sœur de la reine Claude de France (1499 – 1524), et ainsi belle-sœur du roi François Ier (1494 – 1547), et tante maternelle du roi Henri II (1519 – 1559)… _), avec Hercule II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559), qui, au décès de son père, Alphonse Ier d’Este, le 31 octobre 1534,  succèdera à celui-ci à la tête du duché de Ferrare.

Or, l’histoire du cardinal Hippolyte II d’Este (1509 – 1572), autre fils du duc Alphonse Ier, ne concerne pas que Ferrare ou Milan _ en  1519, en effet, Hippolyte II d’Este, succède, à Milan, au poste d’administrateur de l’archi-diocèse de Milan, que détenait jusqu’alors son oncle le cardinal Hippolyte Ier  qui décèdera un an plus tard, le 3 septembre 1520 _,

mais aussi … Auch !

Auch, dont Hippolyte II sera archevêque du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563 ; comme il sera aussi, et parfois même simultanément, archevêque de Lyon du 29 octobre 1539 au 11 mai 1551, de Tréguier de 26 avril 1542 au 26 novembre 1548, d’Autun du 23 janvier 1547 au 17 juin 1550, de Narbonne de 27 juin 1550 à 1551, d’Auch du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563, de Lyon du 24 avril 1562 au 14 juillet 1564, de Milan de 1555 au 16 décembre 1556, d’Arles de 1562 à 1567, et de Maurienne de 1563 à 1567.

Et la question se pose ainsi de la venue, ou pas, à Auch du cardinal Hippolyte II d’Este

 

Bien sûr, cette présence-absence _ à rechercher… _ à Auch, entre 1551 et 1563, du cardinal _ qu’il était déjà depuis le 20 décembre 1538 _ Hippolyte II d’Este, est bien postérieure à la publication, au mois d’août 1539, à Strasbourg _ alors ville d’Empire _, du Motet « Salus populi » de l’auscitain Pierre Cadéac, dans le recueil de 28 Motets « Cantiones quinque uocum selectissimae » du strasbourgeois Peter Schöffer fils, transmis, de Milan, par Hermann Matthias Werrecore ;

il n’empêche que le très fin mélomane qu’était aussi le fastueux cardinal Hippolyte II d’Este (né à Ferrare en 1509, et patron, trois ans durant, de Willaert à Milan, de 1522 à 1525), non seulement connaissait excellemment l’œuvre musical d’Adriaen Willaert, mais il avait possiblement eu connaissance aussi de la musique de l’auscitain Pierre Cadéac, connue au moins à Milan avant 1539, et liée, en ce recueil strasbourgeois de Motets d’août 1539, à plusieurs autres _ voire sinon tous ; et c’est à préciser… _ compositeurs liés, d’une façon ou d’une autre, à la trés mélomane cour des Este de Ferrare :

non seulement Willaert, mais aussi, exemple parmi bien d’autres _ sinon tous ceux réunis en cet effectivement bien « mystérieux » recueil strasbourgeois de 1539, au nombre de 15 : Maistre Ian, Nicolas Gombert, Consilion (Jean Conseil), Ioan Lebrun, Adrian Vuillart (Adriaen Willaert), Pierre Cadéac, Jacquet de Mantoue, Andreas Silva, Ioan Lupi, Dominique Finot, Simon Ferrarensis Ioannes Sartori (Jean Certon), Jhan de Billon, Philippe Verdelot, Jacques Arcadelt  ! _, ce Simon Ferrarensis (!)  compositeur du Motet « Ave & gaude« , le numéro 16 de ce recueil de 28 Motets…

Soit un décidément bien passionnant « mystérieux » Livre de Motets !!!

À suivre…

Ce vendredi 11 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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