Le son intensément profond de Lukas Genušias dans la version originale de la Sonate N°1, Op. 23, en 1907, de Sergei Rachmaninoff : une chaleur qui brule…

— Ecrit le samedi 18 novembre 2023 dans la rubriqueMusiques”.

Le CD Alpha 997 « Rachmaninoff – Piano Sonata N°1 Original Version – Preludes Op. 32 » par Lukas Geniušas  _ né le 1er juillet 1990 à Moscou _, sur le piano Steinway D offert par Frederick Steinway lui-même à Sergei Rachmaninoff (Semeniovo, 1er avril 1873 – Beverly Hills, 28 mars 1943) pour son 60e anniversaire, en 1933,

et enregistré à la Villa Senar de Weggis, en Suisse, cette villa que Rachmaninoff se fit construire à partir de 1930, et où demeure toujours ce magistral meuble Steinway,

m’a été offert ;

et j’ignore si de moi-même la curiosité m’aurait poussé vers ce somptueux enregistrement de Lukas Geniušas,

dans lequel se perçoit le génie pianistique du compositeur _ en 1907, à Dresde _ en toute sa profondeur, et peut-être sauvagerie…

Voici ce qu’en dit fort bien Jean-Charles Hoffelé en sa chronique intitulée « Le Fantôme » d’il y a cinq jours, le 13 novembre dernier, sur son site Discophilia : 

LE FANTÔME

Une Sonate ? Une symphonie. Konstantin Igumnov, découvrant ce fleuve de musique, conseilla à Rachmaninov d’y tailler des allées, ce qu’il fit. Heureusement, Lukas Geniušas préfère rester fidèle à la version princeps que le compositeur avouait « sauvage et longue » _ 42′ 24. Diabolique surtout _ et génialement, oui _, vaste nocturne empli de visions où Rachmaninov épuise le grand meuble, composé à Dresde et fatalement plus russe que russe. Pourquoi ai-je donc toujours entendu dans ses tempêtes une proximité avec la ténèbre busonienne ?

Lukas Geniušas l’entendrait-il aussi, si sombre de jeu, de phrasés, si intensément inquiet dans les replis nocturnes où Rachmaninov suspend le temps, et soudain si violente _ oui. Des tempêtes oui, des divagations, tout un univers où le jeune homme raffine un clavier mystérieux, comme hanté _ voilà.

C’est celui de Rachmaninov, ce grand piano aux sonorités d’orgue que Frederick Steinway offrit au compositeur pour son soixantième anniversaire _ en 1933, donc _ et qu’il aura joué durant un peu moins de dix ans avant son installation _ en juin 1942 _ en Californie. Dans le silence de la Villa Senar _ sur les bords du lac des Quatre-Cantons, près de Lucerne _, Lukas Geniušas fait chanter l’immense Lento, beau sous ses doigts comme du Chopin, avant les torrents de notes de l’Allegro molto, et soudain j’ai le sentiment que la magie opère : Rachmaninov est là _ voilà ! _, dans sa dimension prométhéenne.

Quatre Préludes de l’Opus 32 font entendre l’orgue de couleur de cet admirable instrument, ajout merveilleux qui ne parvient pas à effacer la puissance obsessionnelle de la grande Sonate.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov
(1873-1943)


Sonate pour piano No. 1
en ré mineur, Op. 28


13 Préludes, Op. 32
(4 extraits : No. 2. Allegretto ;
No. 7. Moderato ; No. 8. Vivo ;
No. 13. Grave)

Lukas Geniušas, piano

Photo à la une : le pianiste Lukas Geniušas – Photo : © DR

Un cadeau particulièrement magnifique, donc,

tant pour l’œuvre que pour son interprétation…

Ce samedi 18 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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