Le charme absolu de la sublime douceur de la « Messe des morts » de Jean Gilles (1668 – 1705), par Les Folies Françaises de Fabien Armengaud

— Ecrit le samedi 30 décembre 2023 dans la rubriqueMusiques”.

Avant-hier jeudi 28 décembre, sur son site Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé, sous le titre de « Pour l’au-delà« , a fait l’éloge ultra-mérité du CD de Fabien Armengaud dirigeant Les Folies français et Les Pages et les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles en un ultra-charmant CD de musique française du Grand Siècle, le CD « Messe des morts » de Jean Gilles (Tarascon, 8 janvier 1868 – Toulouse, 5 février 1705) ;

soit le CD Château de Versailles Spectacles CVS 104,

qui comporte, outre le célèbre « Requiem » de Gilles, aussi son motet « Domine Deus meus« …

POUR L’AU-DELÀ

Depuis que Philippe Herreweghe aura rendu sa parure historiquement informée au Requiem de Jean Gilles (Archiv Produktion, 1981), l’œuvre, déjà enregistrée avec art par Louis Frémaux et Jean-François Paillard au début des années soixante, aura conquis sa place au firmament _ voilà _ de la littérature sacrée du Grand Siècle. Herreweghe supprimait timbales et trompettes, redonnant à l’œuvre cette mystique sereine et fluide _ absolument : de parfaite sublime humilité… _ dans laquelle Fabien Armengaud s’engage à nouveau, sachant qu’ici la puissance des émotions ne s’incarne que dans la douceur _ oui, oui, oui : une douceur étreignante de simplicité _  de la lettre.

Il n’oublie pas plus ces bercements _ de berceuse… _ quasi dansés _ mais oui _, qui peuvent surprendre dans une messe des morts, mais qui accroissent la poésie _ oui ! confondante de simple beauté _ que relève encore, enfin !, un chœur d’enfants. Les Pages mettent ici cette couleur un peu blanche qui est celle que projette les bougies des toiles de La Tour, accroissant le mystère d’une liturgie où l’opéra _ enfin, presque… _ s’engouffre soudain dans l’Offertoire, si sombre, comme le passage de la barque sur le Léthé. La profondeur des polyphonies, que Fabien Armengaud semble tendre d’une pourpre sombre, l’intensité émue de l’interprétation _ oui _, de la marche funèbre suspendue de l’Introït à l’hypnotique Agnus Dei, tout dans ce disque saisissant _ mais oui ! _ rend justice à un chef-d’œuvre _ voilà ! _ que ses contemporains célébraient déjà _ ce « Requiem« -là composé par Gilles pour ses propres obsèques (en 1705), étant redonné aux obsèques de Jean-Philippe Rameau (en 1764), du roi Stanislas de Pologne (en 1766), ainsi, encore, que celles de Louis XV (en 1774)…

En prélude à cet office bouleversant _ oui _, le grand motet Domine Deus meus laisse espérer que Fabien Armengaud et ses amis reviendront _ mais oui… _ au corpus trop mince de ce compositeur disparu dans la fleur de l’âge.


LE DISQUE DU JOUR

Jean Gilles (1668-1705)


Domine Deus meus
Messe des Morts

Eugénie Lefebvre, dessus (soprano)
Clément Debieuvre,
haute-contre (ténor)
Sebastian Monti,
taille (ténor)
David Witczak, basse-taille (baryton)

Les Folies françoises
Les Pages & les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
Fabien Armengaud, direction

Un album du label Château de Versailles Spectacles CVS104

Photo à la une : le claveciniste et directeur artistique et musical de la Maîtrise du CMBV – Photo : Fabien Armengaud – Photo : © Olivier Lalane

Une merveille de musique française du Grand Siècle…

Ce samedi 30 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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