Quand c’est au Golf Hôtel de Saint-Jean-de-Luz que Marguerite Long a failli créer, dès 1918, « Le Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel…

— Ecrit le lundi 29 avril 2024 dans la rubriqueBlogs, Musiques”.

En réponse à mon envoi, ce lundi, de mon article «  » d’avant-hier samedi 27 avril,

Manuel Cornejo, le président des Amis de Maurice Ravel, et auteur de l’indispensable « Intégrale » de la Correspondance de Maurice Ravel,

vient de m’apporter un très précieux éclairage concernant la lettre n° 1015 (à la page 596 de cette « Intégrale« ) en date du 2 juillet 1918, de Maurice Ravel à Marguerite Long,

à propos d’une éventuelle création, par celle-ci _ qui en fut la créatrice effective à la salle Gaveau à Paris, et pour la S. M. I., le 11 avril 1919 ; et comme le voulait le compositeur… _, en 1918, du « Tombeau de Couperin« , à Saint-Jean-de-Luz, au Golf Hôtel, en se dirigeant vers la pointe de Sainte-Barbe _ ce grand hôtel, dont la très haute stature domine la Grand-Plage, construit en 1908, est devenu en 1954 la Résidence du Golf ; cf plusieurs photos et un bref historique aux pages 95-96 du beau livre « Saint-Jean-de-Luz : Donibane Lohizune : la vie quotidienne de Napoléon III à Charles de Gaulle«  de Claude Louvigné et Guy Lalanne, paru le 7 juin 2017 aux Éditions Jakintza – La geste basque….

Mais Marguerite Long n’étant alors pas encore prête _ notamment pour sa difficulté à émerger vraiment du très lourd chagrin du décès de son mari Joseph de Marliave décédé au champ d’honneur à Senon (Marne) le 24 août 1914 (auquel Ravel a dédié la « Toccata » conclusive de son « Tombeau de Couperin« ) ; cf aussi, à ce propos, ce très intéressant article, en anglais, « Mourning at the Piano: Marguerite Long, Maurice Ravel, and the Performance of Grief in Interwar France » de Jillian Rogers, paru en 2014 _, c’est seulement  le 11 avril 1919, à la S. M. I., la Société de Musique Indépendante, salle Gaveau, à Paris, que cette création du « Tombeau de Couperin » put avoir lieu, par Marguerite Long.

Ravel le lui avait promis, et il ne dérogeait pas à ses promesses : c’est seulement quand Marguerite Long s’estima tout à fait prête que la création de cette œuvre à laquelle Ravel tenait beaucoup, put enfin avoir lieu, à Paris, donc, et pas à Saint-Jean-de-Luz, la ville de Gabriel Leduc (Saint-Jean-de-Luz, 1er octobre 1883 – Souain-Perthes-lès-Hurlus (Marne), 15 septembre 1916 ; dédicataire de la « Forlane« ) et des frères Pierre et Pascal Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 7 février 1878 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914 ; et Saint-Jean-de-Luz, 31 janvier 1883 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914 : dédicataires du « Rigaudon« )

_ et au passage je me permets de rappeler ici que les frères Pierre et Pascal Gaudin, étant les beaux-frères de Magdeleine Hiriart-Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 11 mars 1875 – Saint-Jean-de-Luz, 15 juin 1968), épouse (puis veuve) de leur frère aîné Charles Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo, 12 septembre 1910), qui était cousine de Maurice Ravel, se trouvaient être ainsi apparentés à Maurice Ravel ; même si jamais, du moins à ma connaissance, Maurice Ravel, toujours très discret, ne fit étalage public de ce lien de parenté avec eux, dédicataires seulement, si je puis dire, de ce sublime « Rigaudon«  ; sur ces liens de parenté entre Maurice Ravel et les Gaudin, cf mon article « «  du 18 août 2022… Cf aussi et surtout aux pages 402 et 403 de l’« Intégrale« , les courriers échangés entre Maurice Ravel et Marie Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 3 mars 1879 – Saint-Jean-de-Luz, 8 décembre 1976), le 20 novembre 1914, et Magdeleine Gaudin-Hiriart _ elle signe « Madeleine, votre cousine«  _ et Maurice Ravel, le 24 novembre 1914, à propos de ce tragique décés conjoint, sur le front, à Oulches-Hurtebise, au Chemin des Dames, le 12 novembre 1914, des frères Pierre et Pascal Gaudin. 

Voici donc le passionnant courriel que cet après-midi, à 15h 58, en réponse très rapide à mon courriel de 14h 59, Manuel Cornejo a eu la gentillesse de m’adresser :

Cher Francis Lippa et ami,

Merci beaucoup pour votre message, très intéressantes en effet vos réflexions, je me suis aussi posé les mêmes questions, mais avec des dates précises, on visualise et comprend mieux les choses.
J’ai un petit « scoop » à vous donner que vous pouvez utiliser ! car il me semble bien intéressant, jamais personne n’en a parlé.
Dans sa lettre à Marguerite Long du 2 juillet 1918, Maurice Ravel demande à la pianiste quand elle créera Le Tombeau de Couperin, et il voudrait le savoir pour organiser sa venue à Saint-Jean-de-Luz en 1918 _ voilà ! _ car la pianiste avait prévu de descendre au Golf Hôtel, endroit où elle aurait pu créer Le Tombeau de Couperin si elle avait été prête, peut-on déduire de la lettre.
J’ai retrouvé un programme de concert de Marguerite Long de fin 1918 au Golf Hôtel de Saint-Jean-de-Luz en effet, mais sans la moindre œuvre de Ravel.
Il s’en est fallu de peu, donc, que Le Tombeau de Couperin soit créé en terre luzienne, mais la pianiste n’était malheureusement pas encore prête, c’est dommage, car le compositeur était prêt à faire spécialement le déplacement en sa terre natale pour l’événement. Le sort en a décidé autrement.
Pour revenir à la lettre en question de Ravel à Marguerite Long du 2 juillet 1918, notre association des Amis de Maurice Ravel a eu le bonheur de pouvoir en faire l’acquisition _ bravo ! _ très récemment à New York chez un marchand d’autographes https://www.taminoautographs.com/products/maurice-ravel-autograph-letter-signed-1918 !
Il n’existe en tout que dix correspondances connues de Ravel à la pianiste, nous en avions déjà acheté une de 1920, très importante, il y a un moment, déjà donnée à la BnF.
Nous verrons à quelle institution donner notre nouvelle acquisition.
Ravelamente, à bientôt,
Manuel Cornejo

Merci infiniment de ce scoop !

Qui devrait intéresser et les luziens et les cibouriens !

Ce lundi 29 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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