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Quelques précisions sur les 7 dédicataires des 6 pièces du « Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel : une sublime oeuvre de résilience

23avr

Il n’est pas aisé de trouver des indications biographiques précises _ lieu et date de naissance ainsi que de décès _ concernant les 7 dédicataires _ tous décédés au champ d’honneur, durant la Grande Guerre _, des 6 pièces du « Tombeau de Couperin«  _ pour piano à deux mains _ de Maurice Ravel (Ciboure, 1875 – Paris, 1937), composées entre avril 1914 et 1917 :

Jacques Charlot (1885-1915) pour « Prélude« ,

Jean Cruppi (1892-1914) pour « Fugue« ,

Gabriel Deluc (1883-1916) pour « Forlane« ,

les frères Pierre (1878-1914) et Pascal (1883-1914) Gaudin pour « Rigaudon« ,

Jean Dreyfus (1896-1917) pour « Menuet« 

et Joseph de Marliave (1873-1914) pour « Toccata« …

Les voici donc :

Jacques Louis Albert Charlot : Paris 17e, 13 septembre 1885 – Col de la Chapelotte (Meurthe-et-Moselle), 3 mars 1915 ;

Jean Louis Cruppi : Paris, 17 novembre 1892 – Messines (Belgique), 4 novembre 1914 ;

Jean Marie Gabriel Deluc : Saint-Jean-de-Luz, 1er octobre 1883 – Souain-Perthes-lès-Hurlus (Marne), 15 septembre 1916 ;

Léon Pierre Justin Gaudin : Saint-Jean-de-Luz, 7 février 1878 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914

et Pascal Victor Gaudin : Saint-Jean-de-Luz, 31 janvier 1883 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914 ; 

Jean Dreyfus : Sao Polo, 13 décembre 1896 – Rancourt (Somme), 14 octobre 1917 ;

Joseph Marie de Marliave : Toulouse, 16 novembre 1873 – Senon (Meuse), 24 août 1914.

« Le Tombeau de Couperin » : une sublime œuvre de résilience _ de la part d’un athée pas du tout pessimiste, aimant profondément le cadeau de la vie :

cf ces mots très justes de Michael Hopcroft à propos précisément du caractère non triste du sublime « Tombeau de Couperin« … : « When asked why his piece wasn’t as somber as much of the memorial music produced in the aftermath of the Great War, Ravel is reported to have said: « The dead have sorrow enough« . Ravel was mourning the deaths of his friends, but also grateful that they had lived at all. Which may be why this music is so sprightly and optimistic« 

Ce mardi 23 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

D’un Rigaudon l’autre : d’une interprétation pleine de vitalité du « Rigaudon » pour orchestre du « Tombeau de Couperin » M 68a (de 1919) par John Wilson et son Sinfonia of London, à la recherche d’une aussi excellente interprétation du « Rigaudon » des « Six Pièces pour piano deux mains » M 68, de Maurice Ravel…

21avr

Mon article d’hier samedi 20 avril «  » dont m’a tout spécialement touché _ regarder ici la vidéo de cet extrait… _ le « Rigaudon » preste, intense et subtil (M 68a, de 1919) tel que donné dans le CD Chandos CHSA 5324 « Ravel – Berkeley – Pounds – Orchestral Works« ,

m’a incité à rechercher quelle interprétation _ au disque _ de la pièce originale (M 68) pour piano seul de ce « Rigaudon« -là de Ravel, orchestré plus tard, en 1919, pourrait procurer une similaire vitale joie d’écoute.

À cette fin,

je viens, ce dimanche matin 21 avril, de procéder à une écoute comparative de 17 interprétations que j’ai réussi à dénicher dans le désordre des CDs de ma discothèque personnelle de ce « Rigaudon » pour piano à deux mains (M 68) ;

dont voici les interprètes, ainsi que les références discographiques :

_  1) Robert Casadesus in double CD Classics MH2K _ enregistré à New-York en décembre 1951 : 3′ 10 ; écoutez-ici : peut-être ma version ancienne préférée ! Quelle vie, et quel chic !
_  2) Marcelle Meyer in coffret EMI Classics 0946 384699 2 6 _ enregistré à Paris en mars 1954 : 3′ 07
_  3) Walter Gieseking in double CD Warner Classics 0190 295 7755063 _ enregistré à Londres en mars 1954 : 3′ 10
_  4) Samson François in coffret Erato 0190 295 651 473 _ enregistré à Paris en 1957 ou 1958 : 2′ 36
_  5) Samson François in coffret Erato 0190 295 651 473 _ enregistré à Monte-Carlo en juin 1967 : 2′ 27 ; écoutez-ici, et c’est splendide !
_  6) Vlado Perlemuter in CD Nimbus NI 5011 _ enregistré à Birmingham en août 1973 : 3′ 20
_  7) Yvonne Lefébure in CD FY FYCD 018 _ enregistré à Paris en janvier 1975 : 2′ 35

_  8) Jean-Yves Thibaudet in coffret Decca 478 3725 _ enregistré à Amsterdam en mars 1991 : 3′ 03
_  9) Dominique Merlet in double CD Bayard Musique 308 631.2 _ enregistré en 1991 : 3′ 07
_  10) Alice Ader in CD Fuga Libera FUG 592 _ enregistré en 2002 : 3′ 47
_  11 ) Jean-Efflam Bavouzet in double CD MDG 604 1190 – 2 _ enregistré en janvier 2003 : 3′ 10 ; écoutez-ici, c’est très bien !

_ 12) Alexandre Tharaud in double CD Harmonia Mundi HM 901 811.12 _ enregistré à Paris en avril 2003 : 3′ 02 ; écoutez-ici, c’est tout à fait superbe !
_ 13 ) Roger Muraro in double CD Accord 476 0942 enregistré en mai 2003 : 3′ 11

_ 14) Steven Osborne in double CD Hyperion CDA 47731/2 _ enregistré à Londres en septembre 2010 : 3′ 01 ; écoutez-ici, c’est magnifique ! 
_ 15) Bertrand Chamayou in double CD Erato 08256 460 2681 enregistré à Toulouse en 2015 : 3′ 06 ; écoutez-ici, c’est vraiment excellent !
_ 16) Philippe Bianconi in double CD La Dolce Volta LDV 109.0 _ enregistré à Metz en avril 2022 : 3′ 00

_ 17) Martin James Bartlett in CD Warner Classics 5054197896804 _ enregistré à Londres en mars 2023 : 3′ 05 : écoutez-ici ce preste et dansant Rigaudon

Quel bel hommage à Pierre et Pascal Gaudin, les deux beaux-frères (décédés, au front, le 12 novembre 1914) de Magdeleine Hiriart-Gaudin, la cousine, mais oui !, de Maurice Ravel _ cf mon article «  » du 17 août 2022… 

Réussir à bien attraper le naturel si subtil, intense, fluide et moiré de Ravel est assurément difficile…

S’en approcher est déjà un bonheur !

Et revoir maintenant la vidéo de l’extrait plein de vitalité de ce « Rigaudon » (de 1919) par John Wilson et son orchestre…

Et encore, en forme de bonus à cet article-ci,

écoutez aussi ici (24′ 32) l’orchestation des Six Pièces pour piano à deux mains réalisée _ pour la Fugue et la Toccata, restées non orchestrées par Ravel lui-même, par Zoltan Kocsis… _ par Zoltan Kocsis en un complet « Tombeau de Couperin » pour orchestre,

et dirigé ici par lui à la tête de l’Orchestre Philharmonique National Hongrois ; disponible en un CD Hungaroton Classic 10286 paru en 2003 :

quelle extraordinaire œuvre ! C’est vraiment très très beau !

Ce dimanche 21 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un nouveau passionnant travail ravélien du chef anglais John Wilson et son orchestre Sinfonia of London : la Suite d’orchestre « Le Tombeau de Couperin », associé au « Divertimento » Op. 18 (de 1943) de Lennox Berkeley, et la « Symphony n°3″ (de 2021) d’Adam Pounds ; ou d’un certain héritage orchestral ravélien et de l’éthique musicale de la lisibilité…

20avr

Suite aux CDs Chandos « Ravel – Ma Mère l’Oye – Bolero – première recording of original Ballets«  _ Chandos CHSA 5280, enregistré à Londres le 9 janvier 2020 et du 30 août au 1er septembre 2020 _

et « Ravel – Daphnis et Chloé – Complete Ballet«  _ Chandos CHSA 5327, enregistré à Londres du 7 au 9 décembre 2022 _,

auxquels j’ai consacré mes articles « « 

et « « 

des 1er septembre 2022 et 4 avril 2024,

voici que je viens de recevoir le CD « Ravel – Berkeley – Pounds – Orchestral Works » _ Chandos CHSA 5324, enregistré à Londres du 22 au 24 novembre 2022, soit à peine quinze jours avant le CD « Daphnis et Chloé » CHSA 5327…  _ de John Wilson et son orchestre Sinfonia of London _ regarder ici cette brève mais éloquente vidéo (de 1’41) d’un extrait du superbe Rigaudon de la Suite d’orchestre composée par Ravel zn 1919 d’après son Tombeau de Couperin pour piano, une pièce dédiée aux frères Pierre et Pascal Gaudin (nés à Saint-Jean-de-Luz respectivement le 7 février 1878 et le 31 janvier 1883), décédés ensemble au champ d’honneur le 12 novembre 1914, frères de la très chère amie luzienne de Maurice Ravel, Marie Gaudin ;

sur les liens y compris familiaux entre Maurice Ravel avec les Gaudin et Courteault de Saint-Jean-de Luz, cf par exemple mes articles « «  et « «  des 17 et 18 août 2022…  _,

un CD que je m’étais empressé de commander à mon disquaire préféré, suite à ma lecture, le 19 mars dernier, de l’article de Pierre-Jean Tribot « Ravel en miroirs anglais, entre mentors et disciples« , que voici _ avec mes farcissures _ :

.

Ravel en miroirs anglais entre mentors et disciples

LE 19 MARS 2024 par Pierre Jean Tribot

Ravel en miroirs anglais

..;

Maurice Ravel(1875-1937) : Le Tombeau de Couperin, M 68a ;

Sir Lennox Berkeley (1903-1989) : Divertimento en si bémol majeur pour orchestre ;

Adam Pounds (né en 1954) : Symphony n°3.

Sinfonia of London, direction : John Wilson. 2022.

Livret en allemand, anglais et allemand. 65’50’’. CHSA 5324.

Cet album propose une filiation musicale _ en l’occurrence ravélienne _ sur plusieurs générations. En ouverture, on y retrouve Maurice Ravel dont la musique séduisit le compositeur anglais Lennox Berkeley qui ambitionna d’étudier avec le compositeur français (ce qui ne se fit pas, mais Berkeley accepta d’aller suivre l’enseignement de Nadia Boulanger suivant le conseil _ diligenté _ de Ravel), Lennox Berkeley et Adam Pounds, lui-même élève  de Lennox Berkeley à la Royal Academy of Music. Pour des continentaux comme nous, les univers de Berkeley et Pounds nous sont _ certes ! _ très peu familiers, et on se plaît _ tout à fait ! _ à découvrir des mondes musicaux inspirés _ voilà, par la musique française.

L’interprétation du Tombeau de Couperin (1919) par John Wilson _ surprenante à la toute première écoute, comme tout renouvellement… _ est absolument exemplaire _ mais oui ! _ et elle réussit à allier l’énergie musicale _ oui _ avec une finesse du trait _ oui : voilà qui est excellemment dit : énergie musicale et finesse du trait. Les lignes mélodiques sont d’une parfaite lisibilité _ comme c’est indispensable pour tout ce qui touche au goût français, la lisibilité y est fondamentale ! _ et John Wilson soigne les nuances et les couleurs _ voilà. Saluons aussi la justesse des tempis _ oui _ qui permettent à la baguette du chef de mettre en avant la beauté _ hédoniste ! _ de l’orchestration ravelienne _ somptueuse… Cette interprétation, telle un diamant ciselé et scintillant _ et j’adhère tout à fait à cette métaphore… _, est l’une des plus belles de la discographie _ voilà ! _ par sa fraîcheur et ses lumières _ oui. John Wilson s’affirme _ oui _ comme l’un des plus grands ravéliens du moment _ rien moins !

Le Divertimento de Lennox Berkeley (1943) est dédié à Nadia Boulanger _ voilà. En quatre mouvements, il est à peine plus long que la partition de Ravel. On découvre une orchestration fine et racée _ oui _ qui témoigne d’une influence française par sa plastique aérée et mobile _ oui : d’une superbe fluidité ! _ mais avec un sens de l’orchestration brillant _ à la Ravel _ dans ses choix instrumentaux. C’est une musique narrative et riche en saveurs. Le livret nous apprend que la partition a été chorégraphiée en ballet, c’est une suite logique pour une musique illustrative et gorgée d’émotions suggérées _ et qui conforte la cohérence dans le suivi des choix d’œuvres à servir de John Wilson en sa discographie.

Adam Pounds fut l’élève de Berkeley et en tant que chef d’orchestre, il a dirigé le Divertimento de son professeur. La Symphonie n°3, d’une durée d’une demi-heure, a été composée pendant les confinements de la récente pandémie _ en 2021. La partition est dédiée à John Wilson et au SInfonia of London _ voilà. Le ton est plus sombre et dramatique dès les premières mesures de cette partition dense. La maîtrise de l’écriture en impose avec quatre mouvements bigarrés qui rendent hommage à Chostakovitch (valse tragique du second mouvement) ou à Bruckner (« Elegy » du second mouvement). La partition se caractérise par une motorique qui sert une énergie interne saillante _ oui _ alors que l’orchestration dévoile des timbres d’une grande subtilité en particuliers dans les pupitres des bois. Indéniablement cette symphonie est une grande œuvre de notre temps par son ton qui nous place en miroir des angoisses de notre époque _ voilà, voilà.

Tout au long de ce disque, il faut saluer l’engagement des pupitres _ voilà : et j’y suis très sensible, moi aussi : voir cette vidéo ! _ de l’excellent _ oui ! _ Sinfonia of London sous la baguette experte de John Wilson. Le son “qualité Chandos” _ et c’est tout à fait juste _ rend tous les aspects de ces musiques d’orchestre passionnantes et admirables _ oui, oui, oui. 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 9 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Dans la vidéo de l’extrait du Rigaudon du Tombeau de Couperin que j’ai citée plus haut,

je remarque tout particulièrement la jeunesse et la vitalité _ l’engagement, dit Pierre-Jean Tribot… _ des membres du Sinfonia of London que dirige John Wilson…

Et la musique de Ravel mérite assurément cette vitalité.

Enfin, il me faut signaler que c’est tout spécialement sur le site du magazine belge Crescendo que j’ai rencontré cette curiosité et cette appréciation très laudative portées aux prestations du chef britannique John Wilson et son orchestre Sinfonia of London ; mes autres sites favoris demeurant, quant à eux, beaucoup plus discrets…

Au delà de l’intérêt de l’apport d’interprétations de très grande qualité, servies au disque par une très confortable, voire hédoniste, prise de son _ « qualité Chandos«  : dans ces divers excellents CDs Ravel du Sinfonia of London de John Wilson, je note que l’ingénieur du son est chaque fois Ralph Couzens… _,

élargir sa connaissance du répertoire de la musique est une vraie richesse pour le mélomane passionné et un tantinet curieux…

En tout cas, John Wilson _ né à Gateshead on Tyneside en 1972, il a aujourd’hui 52 ans _ est bien un chef à suivre.

Et le charme subtil et délié, intense et profond, de Ravel lui sied idéalement

Ce samedi 20 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

De Ravel en Liszt, un voyage mien, somme toute, de redescente, pour le ravélien que je suis…

14avr

Les bien belles sorties discographiques présentes des CDs « Ravel – The Complete Works for Solo Piano Vol. 1 » (Avie Records AV2623) de Vincent Larderet et « Liszt » (Alpha 1036) de Nelson Goerner _ regarder cette passionnante vidéo (de 5′ 09) de présentation de ce CD « Liszt«  par Nelson Goerner lui-même, formidable interprète, ici à son domicile, à Cologny, au bord du Lac Léman… _,

m’ont amené à commander dare-dare à mon disquaire préféré le précédent double album « Liszt- Between Light & Darkness » (Piano Classics PCL10201) de Vincent Larderetn que, en dépit d’un article « Deux nuances de sombre » le lire ici _ de Jean-Charles Hoffelé, paru en date du 26 janvier 2021, je n’avais pas vu passer _ et que d’ailleurs le magasin n’avait jamais eu non plus… _ ;

ce qui a fait que ce même jour, hier samedi 13 avril, j’ai pu me procurer et écouter sur ma platine ces trois CDs Liszt par Vincent Larderet et Nelson Goerner…

Je dois confesser que, à la différence de Jean-Charles Hoffelé qui a beaucoup apprécié ce double album « Liszt- Between Light & Darkness » de Vincent Larderet, je n’y ai hélas pas du tout accroché…

A contrario,

le jeu de Nelson Goerner, éminemment poétique dans les « 3 Sonetti di Petrarca » S. 270 _ écoutez ceci _et sensible et nuancé dans la majestueuse grande « Sonate en Si mineur » S. 178, m’a, lui, en revanche, comblé…

Et rappelé aussi le plaisir éprouvé aux divers CDs Liszt, tout en subtiles nuances, de Francesco Piemontesi cf tout spécialement mon  article « «  en date du 19 septembre 2023,

avec rappels de précédents articles consacrés à ces divers CDs lisztiens de Francesco Piemontesi…

Il n’empêche, le voyage de Ravel en Liszt représente pour moi, très subjectivement, hélas, une forme de redescente musicale, eu égard à mes réticences indurées envers le romantisme _ et son pathos confus souvent, sinon en général ; mais cela dépend aussi, bien sûr, des interprètes et de leurs interprétations : il y a aussi de bienheureuses exceptions !.. _, et surtout ma passion pour la lisibilité-clarté-fluidité du goût français, à son acmé dans Ravel _ en sa filiation assumée avec les Couperin par exemple…

Toute écoute de musique, d’un disque ou d’un concert, a lieu en un moment et un contexte nécéssairement particuliers, qui ainsi, forcément, la relativisent, et qui obligent à revenir, ici ou ailleurs, ré-écouter et l’œuvre et l’interprétation de tel ou tel artiste qui nous en donne une médiation sienne, à laquelle nous-mêmes prêterons une plus ou moins ouverte et juste attention, à cet autre moment-là :

telle est la situation de ce jeu mélomaniaque ouvert à focales croisées et recroisées, indéfiniment in progress

Ce dimanche 14 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Réception ce jour et première audition émerveillée du somptueux nouveau et ravélissime CD du ravélien éminent qu’est Vincent Larderet : « Ravel – The Complete Works for Solo Piano Vol. 1″…

13avr

Réception ce jour du somptueux nouveau CD _ impatiemment attendu de ma part ; cf mon enthousiaste article du 26 avril 2018, « «  consacré à ce musicien hors pair qu’est Vincent Larderet (né en 1976 à Saint-Étienne ; voir cette jolie esquisse de portrait de lui réalisé par le stéphanois, lui aussi, Christian Soleil le 20 décembre 2000, quand Vincent, jeune pianiste, avait à peine 24 ans… ; et regarder surtout cette éloquente vidéo ravélienne, déjà, de 5′ 02, prise en janvier 2014…) ; un article de 2018 dans lequel je rappelais l’immense plaisir pris à ses très marquantes prestations ravéliennes : les CDs « Ravel Orchestral & Virtuoso Piano«  (ARS 38 146, enregistré en novembre 2013), magnifique !, et aussi et peut-être surtout le magistral d’évidence « Ravel / Schmitt Piano Concertos«  (ARS 38 178, enregistré en février 2015, avec l’OSE Symphonic Orchestra dirigé par Daniel Kawka)… _ de Vincent Larderet : « Ravel – The Complete Works for Solo Piano Vol. 1« , le CD Avie Records AV2623,

le premier volume _ avec « Miroirs » M.43 (1904-05), « Jeux d’eau«  M.30 (1901), « Valses nobles et sentimentales » M.61 (1911), « Sonatine » M.40 (1903-05) et « Pavane pour une infante défunte » M.19 (1899)… _ d’une intégrale de la musique pour piano seul de Maurice Ravel, qui comportera  _ « in a first-ever exhaustive set of Ravel’s complete works for solo piano, a landmark collection that will embrace world premieres« , et cela « prepared and recorded from personnal scores annotated by pianist and teacher Vlado Perlemuter during his private study and collaboration with the composer (1927-1929) » ; avec encore cette notable précision-ci : « Through his work with Perlemuter’s student Carlos Cebro, Vincent Larderet is a direct inheritor of Ravel’s approach «  _ pas moins de 4 volumes,

avec de très nombreux inédits _ les Intégrales du Piano seul de Ravel comortant jusqu’ici seulement 2 CDs…

Cette fois, et à nouveau, comme très souvent, c’est l’article du très fin Jean-Charles Hoffelé « Nouveau Ravel« , le 2 avril dernier, qui m’as mis en grand appétit:

NOUVEAU RAVEL

Le verso du disque _ mais oui : je l’ai cité un peu plus haut… _ promet : Vincent Larderet, dont la relecture radicale des Concertos avait fait couler beaucoup d’encre (voir et lire ici l’excellent article « Doublé Ravel » de Jean-Charles Hoffelé, en date du 29 octobre 2015…) s’est engagé dans la première intégrale vraiment complète _ voilà ! _ de l’œuvre pour piano seul de Maurice Ravel, annonçant quatre volumes, ce qui suppose _ en effet _ bon nombre d’inédits.

Il aura eu à cœur de travailler son Ravel sur les partitions _ voilà ! _ de Vlado Perlemuter. La légende dit que des annotations du compositeur y figurent _ en fait, Ravel, l’esprit toujours très vif et acéré, disait bien plus qu’il ne prenait la peine formelle d’écrire... Carlo Cebro, qui avait étudié son Ravel avec Perlemuter _ qui se souvenait de tout ce que lui avait expressément indiqué Ravel _ aura veillé au travail du pianiste sur ce matériel _ voilà, voilà le départ de cet énorme travail de relecture et révision des partitions de Ravel par Vincent Larderet ; cf aussi ce qu’il disait déjà de ces nécessaires révisions des partitions en sa vidéo de janvier 2014 ; et sur ces nécessaires révisions des partitions ravéliennes, mais cette fois orchestrales, cf aussi mon article du 4 avril dernier : « « 

Pour Miroirs, dès Noctuelles, dont le « cravachage » se fait entendre si net jusque dans la brisure du texte, cela tire immédiatement l’oreille _ oui ! La pointe d’hypnose d’Oiseaux tristes reste plus classique, mais réalisée avec une maîtrise des plans sonores que l’on retrouvait dans les Nimbus de Perlemuter _ le double CD NI 7713/4, enregistré à Birmingham en 1973 _, malgré la prise de son hélas façon piscine.

Barque subtile, Alborada sans presser, Vallée des cloches sans traîner, assez gamelan relus ainsi _ oui _, les cinq pièces de Miroirs forcent l’écoute _ oui, oui _, le ton très Fauré, débarrassé de Liszt _ voilà ! _ de Jeux d’eau itou, les Valses, sombres à mesure _ mais oui _, ont un côté Gaspard étrange, et tiennent l’écoute en haleine _ elles aussi _, seule la Sonatine, très mesurée, me perd un rien par son excès de pudeur _ autre trait ravélien, mais de fait davantage de sa personne que de sa musique, toujours vive, franche et acérée ; et pas impressionniste du tout… _ , son tempo en dessous de ce qui s’y pratique depuis Gieseking, mais l’interprète est fidèle en cela _ en effet ! _ aux volontés _ un brin classicisantes, oui, ici _  du compositeur, le Menuet un peu trop marqué, le chasse neige du Final avec pas assez d’orchestre, déception relative qui prélude à une impeccable _ mais oui !Pavane _ écoutez-ici ses 6′ 37. Je suis curieux de la suite _ oh que oui !

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


L’Œuvre intégrale pour piano, Vol. 1

Miroirs, M. 43
Jeux d’eau, M. 30
Valses nobles et sentimentales, M. 61
Sonatine, M. 40
Pavane pour une Infante défunte, M. 19

Vincent Larderet, piano

Un album du label Avie Records AV2623

Photo à la une : le pianiste Vincent Larderet – Photo : © DR

Le choc de la toute première audition de ce CD de 73′ est puissant, ajoutée au jeu d’une lisibilité-limpidité, intensité et profondeur magnifique de Vincent Larderet, la formidable qualité, il faut le souligner, de la prise de son de l’ingénieur Moritz Helmich, à Brême, du 25 au 27 avril 2023, et cela sur un splendide Grand Piano Steinway & Sons D 597020…

Une lisibilité-limpidité encore plus essentielle évidemmment chez Ravel, au regard vif si net et incisif à la lisière du coupant même parfois, mais sans jamais la moindre brutalité, bien sûr… _, qu’en toute la musique française, dont cette lisibilité constitue une constante donnée de fait absolument fondamentale, et même rédhibitoire…

Un travail donc tout à fait marquant et superbe, absolument passionnant, de ce décidément très éminent ravélien _ au-dessus de bien d’autres… _ qu’est Vincent Larderet :

à suivre, et avec la plus vive impatience…

Chapeau bien bas, l’artiste !!!

Ce samedi 13 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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