Posts Tagged ‘Le Tombeau de Couperin

Et encore une autre superbe, mais étonnamment méconnue jusqu’ici de moi, interprétation du sublime « Tombeau de Couperin » : celle de Kathryn Stott, en 1990…

11juin

En forme de nouvelle suite à mon article «  » du 7 juin dernier,

il me faut ici rapporter l’excellente et charmante surprise qu’a constituée, après la réception ce matin même d’une commande mienne _ du CD Alto 1279  « Ravel – Gaspard de la Nuit – Pavane pour une infante défunte – Le Tombeau de Couperin – Jeux d’eau – Sonatine« , une réédition Alto, en 1994, d’un CD Conifer, enregistré à Bristol au mois de juillet 1990 _, l’écoute enchantée de ce « Tombeau de Couperin » _ écoutez-le ici (d’une durée de 24′ 20) _ par les doigts souples, alertes et remarquablement clairs de la magnifique pianiste Kathryn Stott (Nelson -Lancashire, 10 décembre 1959), et tout spécialement de ce « Rigaudon« -ci, si luzien : dédié par Maurice Ravel à ses camarades de jeux d’enfance, et puis d’adolescence, lors de ses vacances d’été à Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, Pierre et Pascal Gaudin…

J’avais étonnamment jusqu’ici ignoré l’existence de cette remarquable interprète _ notamment de la musique française, et tout particulièrement de Ravel… _, et c’est tout récemment que je l’ai découverte, probablement en un article du Blog de Jean-Pierre Rousseau, qui citait laudativement ces très marquants enregistrements Ravel-là de cette magnifique pianiste britannique, Kathryn Stott, si justement ravelienne en son tactus à la fois précis, enlevé, ainsi que fin, clair, déterminé aussi, et délicat, qui saisit si bien, à mon oreille du moins, l’allure dansante et fondamentalement heureuse, hommage tendrissime à la jeunesse et à la vie _ de ses amis Gaudin Pierre et Pascal _, de ce bondissant « Rigaudon » basque, et même luzien, de Maurice Ravel, qu’elle, Kathryn Stott, en 1990, à Bristol, a su de même qu’après elle un Alexandre Tharaud, en 2003, à Paris, et un Martin James Bartlett, en 2023, à Londres ; voir là-dessus l’inventaire récapitulatif (avec accès à huit podcasts de ce luzien « Rigaudon« ) de mon article du 21 mai dernier «  » dans lequel je passais en revue 18 interprétations de cet exaltant « Rigaudon« , si luzien, du « Tombeau de Couperin«  ; et depuis ce 31 mai, j’ai découvert aussi, grâce à l’envoi par l’ami Manuel Cornejo du passionnant CD « Ravel à Gaveau«  (cf mon article du 7 juin « « ), la très heureuse interprétation, aussi, de David Lively, en 2016, à Paris… _, si bien saisir et servir au disque…

Kathryn Stott en 1990, Alexandre Tharaud en 2003, David Lively en 2016, Martin James Bartlett en 2023,

dans le merveilleux « Rigaudon  » du sublimissime « Tombeau de Couperin« , l’ultime œuvre pour piano seul du corpus musical de Maurice Ravel…

Et maintenant que nous réserve musicalement _ par exemple de la part du pianiste franco-suisse François-Xavier Poizat, dont m’a parlé Thomas Dolié le samedi 11 mai dernier… _, à nous mélomanes, l’année 2025, pour le 150ème anniversaire de la naissance, le 7 mars 1875, à Ciboure, de Maurice Ravel ?  

Passionnément à suivre…

Ce mardi 11 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une intéressante Tribune des Critiques de Disques sur France-Musique dimanche dernier consacrée à 3 extraits (Prélude, Menuet, Toccata) du sublimissime subtil « Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel : esprit ludique versus pianisme…..

31mai

Une bien intéressante _ mais discutable, du moins à mon goût : d’abord en le choix discographique du producteur, puis en les appréciations d’interprétations de la part des critiques invités… _ Tribune des Critiques de Disques (à écouter ici) sur France-Musique dimanche dernier, 26 mai 2024, à propos de 3 extraits (Prélude, Menuet, Toccata) du sublimissime « Tombeau de Couperin » pour piano seul, de Maurice Ravel,

avec, autour de Jérémie Rousseau, les expertises de Mélissa Khong, Alain Lompech et Négar Haéri…

Déjà, j’ai un peu regretté que le choix _ privilégiant un peu trop à mon goût le pianisme des interprètes au détriment de l’esprit de l’œuvre elle-même et du génie formidablement subtil et singulier du compositeur, Maurice Ravel… _ de Jérémie Rousseau pour cette Tribune,

ait écarté la Forlane et le Rigaudon, que j’aime tant _ cf par exemple mon article du 21 avril dernier, autour du Rigaudon luzien, dédié à Pierre et Pascal Gaudin : «  » _,

au profit du Menuet, et surtout de la Toccata : par un probable parti-pris, me semble-t-il, de tester le pianisme _ digital, virtuose _ des interprètes ici comparés, au détriment de l’esprit, subtilissime, de l’œuvre de Ravel...

Des 18 interprétations en piano solo de ce Rigaudon

dont ma discothèque personnelle comporte à ce jour la performance en CD :

_  1) Robert Casadesus in double CD Classics MH2K _ enregistré à New-York en décembre 1951 : 3′ 10 ; écoutez-ici : peut-être ma version ancienne préférée ! Quelle vie, et quel chic !
_  2) Marcelle Meyer in coffret EMI Classics 0946 384699 2 6 _ enregistré à Paris en mars 1954 : 3′ 07
_  3) Walter Gieseking in double CD Warner Classics 0190 295 7755063 _ enregistré à Londres en mars 1954 : 3′ 10
_  4) Samson François in coffret Erato 0190 295 651 473 _ enregistré à Paris en 1957 ou 1958 : 2′ 36
_  5) Samson François in coffret Erato 0190 295 651 473 _ enregistré à Monte-Carlo en juin 1967 : 2′ 27 ; écoutez-ici, et c’est splendide !
_  6) Vlado Perlemuter in CD Nimbus NI 5011 _ enregistré à Birmingham en août 1973 :3′ 20
_  7) Yvonne Lefébure in CD FY FYCD 018 _ enregistré à Paris en janvier 1975 : 2′ 35

_  8) Jean-Yves Thibaudet in coffret Decca 478 3725 _ enregistré à Amsterdam en mars 1991 : 3′ 03
_  9) Dominique Merlet in double CD Bayard Musique 308 631.2 _ enregistré en 1991 : 3′ 07
_  10) Alice Ader in CD Fuga Libera FUG 592 _ enregistré en 2002 : 3′ 47
_  11 ) Jean-Efflam Bavouzet in double CD MDG 604 1190 – 2 _ enregistré en janvier 2003 : 3′ 10 ; écoutez-ici, c’est très bien !

_ 12) Alexandre Tharaud in double CD Harmonia Mundi HM 901 811.12 _ enregistré à Paris en avril 2003 : 3′ 02 ; écoutez-ici, c’est tout à fait superbe !
_ 13 ) Roger Muraro in double CD Accord 476 0942 enregistré en mai 2003 : 3′ 11

_ 14) Steven Osborne in double CD Hyperion CDA 47731/2 _ enregistré à Londres en septembre 2010 : 3′ 01 ; écoutez-ici, c’est magnifique ! 
_ 15) Bertrand Chamayou in double CD Erato 08256 460 2681 enregistré à Toulouse en 2015 : 3′ 06 ; écoutez-ici, c’est vraiment excellent !

_ 16) Clément Lefebvre in CD Evidence EVCD 083 enregistré à Hardelot en avril 2021 : 3′ 25 : écoutez ici, ce n’est pas mal du tout !
_ 17) Philippe Bianconi in double CD La Dolce Volta LDV 109.0 enregistré à Metz en avril 2022 : 3′ 00

_ 18) Martin James Bartlett in CD Warner Classics 5054197896804 _ enregistré à Londres en mars 2023 : 3′ 05 : écoutez-ici ce preste et dansant Rigaudon

Jérémie Rousseau n’a retenu que 2 d’entre elles, superbes, en effet :

_ celle d’Alexandre Tharaud, enregistré en 2003, pour Harmonia Mundi,

et

_ celle de Bertrand Chamayou, enregistré en 2015, pour Erato .

Préférant aux 16 autres,

celles

de Louis Lortie, enregistré en 1988 _ en un CD Chandos CHAN 8620 dont j’ignorais l’existence jusqu’ici _ ;

Anne Quéfellec, enregistré en 1990  _ en un double CD Erato 5614812 qui ne m’a pas beaucoup convaincu… _ ;

François Dumont, enregistré en 2014 _ en un CD Piano Classics PCLD 0055 dont j’ignorais aussi l’existence jusqu’ici _ ;

 et Benjamin Grosvenor, enregistré en 2015 _ du CD Decca 483 0255 « Homages« , enregistré au Wyastone Concert Hall en décembre 2015, dont je dispose, je viens de découvrir que « Le Tombeau de Couperin » est matériellement absent ! ; accessible seulement électroniquement : bisque, bisque, rage !!!..

Et qui ne m’ont guère convaincu lors de l’audition, ce jour, du podcast de cette émission !!!

Même si c’est à deux pianos ou à quatre mains qu’elles jouent le piano de Ravel _cf par exemple mes articles du 11 septembre 2018 « «  et du 21 avril 2020 « «  _,

les toujours parfaites Katia et Marielle Labèque servent idéalement l’esprit et la veine basquaise, dansée, de Maurice Ravel…

Et pour ma part,

après des auditions renouvelées des diverses interprétations discographiques du leste et très enlevé « Rigaudon » (dédié aux luziens Pierre et Pascal Gaudin, ses amis d’enfance et d’adolescence lors de ses vacances à Saint-Jean-de-Luz) du merveilleux « Tombeau de Couperin » pour piano seul, présentes en ma discothèque personnelle,

ma préférence continue plus que jamais d’aller aux versions prestes et éclaboussantes d’esprit ludique d’Alexandre Tharaud _ en avril 2003 _ et de Martin James Bartlett _ en mars 2023, soient vingt années plus tard que le CD pour l’éternité magnifiquement juvénile d’Alexandre Tharaud, en un CD jubilatoire dans lequel intervient aussi, et pas seulement de ses justes conseils, le cher Alexandre Tharaud ; cf mon article du 16 février dernier : « «  

Plutôt l’esprit _ ludique _ que le pianisme

Je persiste, donc, et je signe…

Ce vendredi 31 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

A la rubrique « Saint-Jean-de-Luz », le détail du concert de Marguerite Long au Golf-Hôtel (de Saint-Jean-de-Luz) le 17 septembre 1918 : Beethoven, Fauré, Chopin, Albeniz, Samazeuilh, Debussy, Liszt, mais pas « Le Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel, pour lequel elle n’était pas encore tout à fait émotivement prête…

01mai

En complément de son très précieux courriel d’avant-hier lundi 29 avril en réponse immédiate à l’envoi de mon article « « ,

Manuel Cornejo m’adresse ce mercredi 1er mai, à 00h 05, ces très intéressantes précisions-ci :

Cher Francis Lippa et ami,
Merci beaucoup pour votre article, que je trouve de retour d’une nouvelle journée de recherches dans des archives avec encore de petites découvertes, que je garde secrètes jusque 2025…
Je tiens juste à faire deux précisions _ merci ! les précisions sont toujours grandement utiles, ne serait-ce que, et d’abord, pour d’ultérieures recherches : le moindre détail pouvant constituer un formidable indice pour un bientôt fructueux questionnement ! _ :
le concert de Marguerite Long au Golf Hôtel eut lieu le 17 septembre 1918 _ voilà _ et elle y joua des morceaux de Beethoven, Fauré, Chopin, Albéniz, Samazeuilh _ ami de Ravel, notamment lors de leurs séjours de vacances à Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, compositeur bordelais (Bordeaux, 2 juin 1877 – Paris, 4 juin 1867), et que j’ai pu croiser peu de temps avant son décès au mois de juin 1967 , je me souviens de sa haute prestance, à quelques conférences de la Société de Philosophie de Bordeaux (Maurice Dupuy, sur Max Scheler ; Jean Hyppolite, Pensée formelle et Machine ; Etienne Borne, Ethique et Politique), dont je me trouve depuis plusieurs années être vice-président… _, Debussy et Liszt. Pour le détail de ce programme, sans Le Tombeau de Couperin…, voir en libre accès pour tous les internautes ma saisie effectuée dans la base de données Dezède à laquelle je collabore activement : https://dezede.org/evenements/id/92474
Et voici ici le détail de ce très beau programme de matinée à 15h 30 au Golf-Hôtel, donné le 17 septembre 1918 (la guerre n’était alors pas finie) pour le compte de la Société Charles Bordes, et au bénéfice des prisonniers de guerre nécessiteux de Saint-Jean-de-Luz, Ciboure et Urrugne :
2° mon édition de la correspondance, écrits et entretiens de Maurice Ravel de 2018 regroupant 2.700 documents est hélas épuisée mais… je prépare activement une édition revue, corrigée et augmentée pour 2025, 150e anniversaire de naissance,
qui comportera environ 150 documents supplémentaires, avec, vous le verrez, des documents supplémentaires en lien avec Saint-Jean-de-Luz… _ ainsi que, peut-être, quelques découvertes miennes concernant la généalogie cibourienne et luzienne, côté Delouart, de Maurice Ravel ; cf à nouveau, et parmi bien d’autres de mon blog « En cherchant bien« , mes  articles « «  et «  » des 17 et 18 août 2022, qui en donnent une utile synthèse, et corrigent des erreurs de précédents biographes pas assez rigoureux de Ravel, concernant en particulier la grand-tante (et marraine) du petit Maurice, Gachucha Billac (Ciboure, 15 mai 1824 – Saint-Jean-de-Luz, 17 décembre 1902) :
sur l’acte de décès d’Engrace Billac, « domestique, célibataire, âgée de quatre-vingt-trois ans, née à Ciboure, fille de feu Jacques Billac et de feue Marie Delouart, son épouse », décédée au 41 rue Gambetta, au domicile des Gaudin,  figurent les noms de ceux qui sont venus déclarer son décès : « Charles Gaudin, capitaine au long cours, âgé de vingt-sept ans, et Pierre Gaudin, employé, âgé de vingt-quatre ans, voisins (sic) de la défunte« ces enfants Gaudin dont Gachucha Billac était, depuis leur naissance, la gouvernante (et au domicile desquels elle résidait, 41 rue Gambetta, et recevait son petit-neveu et filleul Maurice Ravel, ainsi ami d’enfance des enfants Gaudin…) :
Charles Gaudin (Saint-Jean-de- Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo, 12 septembre 1910), qui depuis le 28 septembre 1901 était l’époux de Magdeleine Hiriart (Saint-Jean de Luz, 11 mars 1875 – Saint-Jean-de-Luz, 19 juin 1968) la cousine au 3e degré de Maurice Ravel,
et Piere Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 7 février 1878 – Oulches-Hurtebise, 12 novembre 1914), qui est, avec son frère Pascal Gaudin (Saint-Jean-de Luz, 31 janvier 1883 – Oulches-Hurtebise, 12 novembre 1914), le dédicataire du sublime « Rigaudon«  du sublime « Tombeau de Couperin«  de Maurice Ravel
Ravelamente,

Voilà !

Toute vraie recherche demande méthode, confiance et optimisme, mémoire et imageance, ténacité, à la fois suite dans les idées et grande capacité d’ouverture, ainsi que, éventuellement, quelques amicales lumineuses, et un peu chanceuses _ telles des bouteilles lancées à la mer dont les messages finissent par rencontrer d’improbables destinataires inconnus, qui, y répondant, engagent une féconde conversation, un vrai dialogue… _, collaborations, en plus, et surtout, d’une vraie passion :

des qualités que possède Manuel Cornejo :

et à nouveau bravo ! et grand merci à lui !..

Ce mercredi 1er mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quand c’est au Golf Hôtel de Saint-Jean-de-Luz que Marguerite Long a failli créer, dès 1918, « Le Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel…

29avr

En réponse à mon envoi, ce lundi, de mon article «  » d’avant-hier samedi 27 avril,

Manuel Cornejo, le président des Amis de Maurice Ravel, et auteur de l’indispensable « Intégrale » de la Correspondance de Maurice Ravel,

vient de m’apporter un très précieux éclairage concernant la lettre n° 1015 (à la page 596 de cette « Intégrale« ) en date du 2 juillet 1918, de Maurice Ravel à Marguerite Long,

à propos d’une éventuelle création, par celle-ci _ qui en fut la créatrice effective à la salle Gaveau à Paris, et pour la S. M. I., le 11 avril 1919 ; et comme le voulait le compositeur… _, en 1918, du « Tombeau de Couperin« , à Saint-Jean-de-Luz, au Golf Hôtel, en se dirigeant vers la pointe de Sainte-Barbe _ ce grand hôtel, dont la très haute stature domine la Grand-Plage, construit en 1908, est devenu en 1954 la Résidence du Golf ; cf plusieurs photos et un bref historique aux pages 95-96 du beau livre « Saint-Jean-de-Luz : Donibane Lohizune : la vie quotidienne de Napoléon III à Charles de Gaulle«  de Claude Louvigné et Guy Lalanne, paru le 7 juin 2017 aux Éditions Jakintza – La geste basque….

Mais Marguerite Long n’étant alors pas encore prête _ notamment pour sa difficulté à émerger vraiment du très lourd chagrin du décès de son mari Joseph de Marliave décédé au champ d’honneur à Senon (Marne) le 24 août 1914 (auquel Ravel a dédié la « Toccata » conclusive de son « Tombeau de Couperin« ) ; cf aussi, à ce propos, ce très intéressant article, en anglais, « Mourning at the Piano: Marguerite Long, Maurice Ravel, and the Performance of Grief in Interwar France » de Jillian Rogers, paru en 2014 _, c’est seulement  le 11 avril 1919, à la S. M. I., la Société de Musique Indépendante, salle Gaveau, à Paris, que cette création du « Tombeau de Couperin » put avoir lieu, par Marguerite Long.

Ravel le lui avait promis, et il ne dérogeait pas à ses promesses : c’est seulement quand Marguerite Long s’estima tout à fait prête que la création de cette œuvre à laquelle Ravel tenait beaucoup, put enfin avoir lieu, à Paris, donc, et pas à Saint-Jean-de-Luz, la ville de Gabriel Leduc (Saint-Jean-de-Luz, 1er octobre 1883 – Souain-Perthes-lès-Hurlus (Marne), 15 septembre 1916 ; dédicataire de la « Forlane« ) et des frères Pierre et Pascal Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 7 février 1878 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914 ; et Saint-Jean-de-Luz, 31 janvier 1883 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914 : dédicataires du « Rigaudon« )

_ et au passage je me permets de rappeler ici que les frères Pierre et Pascal Gaudin, étant les beaux-frères de Magdeleine Hiriart-Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 11 mars 1875 – Saint-Jean-de-Luz, 15 juin 1968), épouse (puis veuve) de leur frère aîné Charles Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo, 12 septembre 1910), qui était cousine de Maurice Ravel, se trouvaient être ainsi apparentés à Maurice Ravel ; même si jamais, du moins à ma connaissance, Maurice Ravel, toujours très discret, ne fit étalage public de ce lien de parenté avec eux, dédicataires seulement, si je puis dire, de ce sublime « Rigaudon«  ; sur ces liens de parenté entre Maurice Ravel et les Gaudin, cf mon article « «  du 18 août 2022… Cf aussi et surtout aux pages 402 et 403 de l’« Intégrale« , les courriers échangés entre Maurice Ravel et Marie Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 3 mars 1879 – Saint-Jean-de-Luz, 8 décembre 1976), le 20 novembre 1914, et Magdeleine Gaudin-Hiriart _ elle signe « Madeleine, votre cousine«  _ et Maurice Ravel, le 24 novembre 1914, à propos de ce tragique décés conjoint, sur le front, à Oulches-Hurtebise, au Chemin des Dames, le 12 novembre 1914, des frères Pierre et Pascal Gaudin. 

Voici donc le passionnant courriel que cet après-midi, à 15h 58, en réponse très rapide à mon courriel de 14h 59, Manuel Cornejo a eu la gentillesse de m’adresser :

Cher Francis Lippa et ami,

Merci beaucoup pour votre message, très intéressantes en effet vos réflexions, je me suis aussi posé les mêmes questions, mais avec des dates précises, on visualise et comprend mieux les choses.
J’ai un petit « scoop » à vous donner que vous pouvez utiliser ! car il me semble bien intéressant, jamais personne n’en a parlé.
Dans sa lettre à Marguerite Long du 2 juillet 1918, Maurice Ravel demande à la pianiste quand elle créera Le Tombeau de Couperin, et il voudrait le savoir pour organiser sa venue à Saint-Jean-de-Luz en 1918 _ voilà ! _ car la pianiste avait prévu de descendre au Golf Hôtel, endroit où elle aurait pu créer Le Tombeau de Couperin si elle avait été prête, peut-on déduire de la lettre.
J’ai retrouvé un programme de concert de Marguerite Long de fin 1918 au Golf Hôtel de Saint-Jean-de-Luz en effet, mais sans la moindre œuvre de Ravel.
Il s’en est fallu de peu, donc, que Le Tombeau de Couperin soit créé en terre luzienne, mais la pianiste n’était malheureusement pas encore prête, c’est dommage, car le compositeur était prêt à faire spécialement le déplacement en sa terre natale pour l’événement. Le sort en a décidé autrement.
Pour revenir à la lettre en question de Ravel à Marguerite Long du 2 juillet 1918, notre association des Amis de Maurice Ravel a eu le bonheur de pouvoir en faire l’acquisition _ bravo ! _ très récemment à New York chez un marchand d’autographes https://www.taminoautographs.com/products/maurice-ravel-autograph-letter-signed-1918 !
Il n’existe en tout que dix correspondances connues de Ravel à la pianiste, nous en avions déjà acheté une de 1920, très importante, il y a un moment, déjà donnée à la BnF.
Nous verrons à quelle institution donner notre nouvelle acquisition.
Ravelamente, à bientôt,
Manuel Cornejo

Merci infiniment de ce scoop !

Qui devrait intéresser et les luziens et les cibouriens !

Ce lundi 29 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et les premières réceptions, à la lecture et au concert, du « Tombeau de Couperin » en 1918-19-20…

28avr

En suite directe à mon article d’hier samedi 27 avril « « ,

voici d’abord _ et comme annoncé hier samedi en mon article _ quelques intéressantes réactions _ fraîches !, voire vachardes… _ de réception, ou bien à la lecture de la partition, ou bien à l’écoute du concert de création de ce « Tombeau de Couperin« ,

telles que Manuel Cornejo les a collectées et citées en son indispensable « Intégrale » de la Correspondance de Maurice Ravel, dont la première édition est parue au mois d’octobre 2018.

La toute première citée, page 594, se trouve en une lettre de Jean Roger-Ducasse (Bordeaux, 18 avril 1873 – Le Taillan-Médoc, 18 juillet 1954) à son ami André Lambinet, datée du 6 mai 1918 :

 

 

« Ravel vient de terminer 6 pièces vides et charmantes, dans la veine du 18e, intitulées Le Tombeau de Couperin. Chacune est dédiée à un ami mort à la guerre. Pourquoi Tombeau de Couperin() Ce qui est un peu outrageant, c’est que cette Forlane, ce Rigaudon, cette Fugue, danses légères mais danses, sont dédiées à des morts !  Et l’on ouira la jeune veuve _ Marguerite Long _ interpréter avec une verve étourdissante le Rigaudon _ en fait la Toccata _ dédié à la mémoire de Joseph de Marliave, mort au champ d’honneur ! Vous ne bondissez pas ? Alors, aurais-je l’esprit mal fait ? Je n’ai rien dit hier soir, parce qu’elle ne sait pas encore… mais le jour où elle sera en pleine possession de ces œuvres,, je sors froidement mon paquet. Il y aura des larmes et des grincements de dents, elle avouera que j’ai raison, qu’elle ne s’était pas rendu compte, qu’elle n’a vu là qu’un hommage harmonieux à son mari, que Ravel est un être bizarre… et elle les jouera. J’amènerai une claque pour faire trisser le Rigaudon, et elle le trissera ! Quelle tristesse… Ces six pièces sont faites avec rien, mais ce rien est subtil, amusant et fin. Pas une mesure d’émotion, et cependant le souvenir de ces soldats l’exigerait. Il aurait pu offrir les dédicaces à des danseuses ou à des filles de joie, et la musique se serait mieux comprise. A-t-il voulu ruser, et établir un paradoxe entre les sons de ses notes et les syllabes glorieuses de ces noms ? Il se peut, mais cela devient cynique. Il n’a peut-être pensé à rien, mais mon bonhomme est un de ces êtres qui pensent toujours quelque chose : que ces mânes saintes lui pardonnent, moi pas ! Vous me direz, si vous souffrez de l’estomac, que moi aussi j’ai fait une Sarabande. C’est juste : mais dans le recueil de Ravel, c’est la seule danse grave et triste qui ne soit point venue à son esprit, je ne dis pas à son cœur, et puis j’ai entouré la mienne d’un cortège douloureux et j’ai éteint le souvenir de la Danse dans un andante qui est le regard donné à une tombe qui se ferme. Et si l’on veut connaître la force de mes regrets et leur émotion, je demande qu’on écoute la Sarabande « .

Et Manuel Cornejo de citer alors en note de bas de page une critique de Pierre Lalo (parue dans Le Temps, le 16 novembre 1920) :

« Le Tombeau de Couperin par M. Ravel, c’est gentil. Mais combien plus gentil serait un Tombeau de Ravel, par Couperin ! « …

Et aussi, aux pages 645-646, cet extrait de lettre, lui aussi significatif, de Francis Poulenc à G. Jean-Aubry, en date du 10 juin 1919  :

«  (…) J’ai entendu aussi cet hiver Le Tombeau de Couperin, vous savez mon admiration pour Ravel, aussi je n’hésite pas à vous parler franchement, hé bien je n’aime pas du tout, mais du tout cette nouvelle œuvre que je trouve froide, pleine de procédés et uniquement admirablement faite. J’aimais tant le Trio que ma déception a été grande. Cette œuvre Surraveliste m’a produit l’effet des dernières œuvres de Fauré où celui-ci surenchérissant sur d’anciens procédés a fait œuvre parfaite mais vide d’émotion. (…) J’ai été aussi navré du peu d’œuvres d’orchestre nouvelles données aux concerts parisiens cet hiver ; mon cher calme plat, à noter simplement la prodigieuse Alborada de Ravel vraiment fantastique comme orchestration quoique rendue un peu Espagne russe de Rimsky par certaines percussions.« 

À suivre…

Ce dimanche 28 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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