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A propos du CD « La Tragédie de Salomé – Chant élégiaque » de Florent Schmitt par Alain Altinoglu dirigeant l’Orchestre symphonique de la radio de Francfort : une réalisation discographique somptueuse…

08juil

En complément à mon article du 14 juin dernier «  « ,

deux très intéressants commentaires sur le superbe CD Alpha 941 « Florent Schmitt – La Tragédie de Salomé – Chant élégiaque« , dont je partage l’avis de l’un, mais pas du tout de l’autre,

le 3 juillet sous la plume de Jean-Charles Hoffelé intitulé « L’Autre tragédie« ,

et hier 7 juillet sous la plume de Pierre Degott intitulé « À découvrir absolument : La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt dans sa version originale » :

L’AUTRE TRAGÉDIE

Etrange partition : pour Loie Füller et le Théâtre des Arts de Robert d’Humières, Florent Schmitt dût réduire son orchestre à une vingtaine d’instruments, lui qui venait de faire éclater un effectif pléthorique, orgue compris, pour son Psaume. La pantomime imaginée par la danseuse aux voiles demandait de toute façon une sorte de musique muette propre à envelopper l’évanescence de ses danses. Schmitt écrivit donc un long commentaire sans beaucoup de relief _ tiens donc... _ : il faut attendre la Danse de la terreur pour que soudain son génie éclate. Ce geste ultime sera augmenté dans la Suite de ballet de 1910 pour grand orchestre, autrement fascinante.

Alain Altinoglu fait tout ce qu’il peut pour créer des images sonores capable d’évoquer le mimodrame, direction élégante, suggestive _ et bien davantage que cela !!! _ , à l’égal de celle de Julien Masmondet et de ses Apaches ; elle ne saurait donner le relief qui manque à ce long exercice _ ce jugement est très sévère ! Je ne le partage pas du tout !

Magnifique _ oui ! _ le Chant élégiaque où le plus sombre de l’orchestre de Schmitt entoure le beau violoncelle de Philipp Staemmler, mais refermant cet album utile _ scrogneugneu… _, je songe à ce que Alain Altinoglu et ses Francfortois feraient d’Oriane et le prince d’amour, du Palais hanté, de la somptueuse Légende avec saxophone obligé…

LE DISQUE DU JOUR

Florent Schmitt(1870-1958)


La Tragédie de Salomé, Op. 50 (version originale 1907)
Chant élégiaque, Op. 24

Ambur Braid, soprano
Philipp Staemmler, violoncelle
Orchestre Symphonique de Francfort
Alain Altinoglu, direction

Un album du label Alpha Classics 941

Photo à la une : le chef d’orchestre Alain Altinoglu –
Photo : © Marco Borggreve…

À découvrir absolument, La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt dans sa version originale

Superbe enregistrement de la part d’ et de son . Couleurs chatoyantes, rythmes lascifs et harmonies subtiles _ oui ! Une partition à se réapproprier, et sans doute des mises en scène à prévoir.

Initialement composé pour un effectif d’une vingtaine de musiciens, le ballet La tragédie de Salomé de  avait été destiné à accompagner le mimodrame de la danseuse Loïe Fuller, laquelle créa l’œuvre au Théâtre des Arts en 1907. Celle-ci fut ensuite arrangée en suite orchestrale, raccourcie et entièrement réécrite pour grand orchestre symphonique, et c’est cette dernière version que Stravinsky, dédicataire, entendit et apprécia quelques années plus tard. Il eut lui-même l’occasion de l’écrire dans une lettre adressée au compositeur. L’enregistrement figurant sur ce CD marque un retour à la version originale de 1907 _ voilà ! _, rarement entendue et enregistrée, une version composée de 22 numéros pour la plupart dansés par Salomé devant Hérode. Il s’agit donc d’une musique éminemment descriptive et programmatique _  oui _, dont la lascivité et la sensualité _ voilà _, le clinquant orientalisant en moins, n’ont rien à envier à la Danse des sept voiles de la _ célébrissime _  Salomé de Strauss, laquelle venait d’être créée à Paris _ voilà _ lorsque Schmitt y donna son propre ballet. À noter que dans ce dernier, la protagoniste ne réclame pas comme récompense pour sa danse la tête de Jean-Baptiste, elle la découvre à son grand effarement dans le numéro final, intitulé « Danse de l’Effroi ».

On reste pantois _ mais oui ! _ devant les couleurs, l’énergie et la volupté qui émanent de ces pages _ ainsi que de cette interprétation-ci sous la baguette d’Alain Altinoglu _, dans lesquelles on pourra sans doute sentir les influences orientales subies par Schmitt lors de ses voyages au Maroc et à Constantinople. À ce titre le « Chant d’Aïça », air oriental chanté par une voix de soprano vers la fin du mimodrame, marque résolument l’influence des derviches tourneurs découverts par Schmitt lors de ses voyages _ oui, oui. Certes, on pourra arguer également que diverses influences se font sentir, de Wagner à Rimski-Korsakov pour les sources étrangères, de Dukas à Debussy pour les influences françaises ; le tableau « Les enchantements de la mer » n’est sans doute pas sans quelques liens avec La Mer de Debussy, et l’on pourra ici et là entendre des échos du Prélude à l’après-midi d’un faune. Il n’en reste pas moins que nous avons affaire à une partition littéralement envoûtante _ vraiment ! _, autant par la luxuriance de son instrumentation que la richesse de ses harmonies ou l’audace de ses rythmes. Parmi les moments de choix, on pourra citer « La Danse du paon » et « La Danse des serpents », qu’on rêverait évidemment de voir comme elles avaient été représentées lors de la création.

À la tête de l’ _ excellentissime, dont il est le directeur musical depuis 2021, fait des merveilles _ tout simplement. De toute évidence, ce n’est pas avec vingt musiciens qu’il a réalisé cet enregistrement, et les pupitres de cordes ont visiblement été renforcés. Les instruments solistes – magnifiques solos de hautbois et de cor anglais, notamment, interventions jouissives de la harpe – jouent avec toute la transparence d’une formation de chambre, et le compromis ici atteint entre les couleurs de la version originale et un effectif légèrement étoffé donne entière satisfaction _ oui. Le superbe Chant élégiaque, dans la version pour violoncelle et grand orchestre réalisée en 1911, complète fort habilement ce programme, grâce notamment au jeu du violoncelliste . La soprano prête elle aussi son concours à La Tragédie de Salomé, pour laquelle elle trouve des accents eux aussi capiteux et ensorcelants. Une œuvre indispensable _ en effet _, qu’on s’étonne de ne pas entendre plus fréquemment.

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Florent Schmitt (1870-1958) : La Tragédie de Salomé op. 50. Chant élégiaque op. 24.

Ambur Braid, soprano ; Philipp Staemmler, violoncelle.

Orchestre symphonique de la radio de Francfort, direction : Alain Altinoglu.

1 CD Alpha.

Enregistré en janvier 2021 et juin 2022 à la Sendesaal de la Hessischer Rundfunk de Francfort.

Notice de présentation en allemand, anglais et français.

Durée : 69:41

 

Une réalisation discographique absolument merveilleuse !

Ce lundi 8 juillet 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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