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« The Fabelmans », de Steven Spielberg : une éducation sentimentale et cinématographique, avec Cincinnati, berceau familial, creuset mémoriel et foyer irradiant d’imageance, de la famille de Steven Spielberg, présente aux Etats-Unis dès avant 1881…

10juil

Pour François Noudelmann et Marie-José Mondzain

La vision ce après-midi du DVD de « The Fabelmans » de Steven Spielberg _ né à Cincinatti le 18 décembre 1946 _, m’a véritablement comblé.

Il y a quelques mois, j’avais découvert, toujours en DVD, l' »Armaggedon Time » de James Gray _ né à New-York le 14 avril 1969… Sur lui, je reviendrai.

Le père de Steven Spielberg, Arnold Meyer Spielberg, a été un très brillant _ génialement inventif ! _ ingénieur informaticien ;

et sa mère, Leah Frances Posner, une très bonne pianiste _ et peintre, aussi, très amatrice d’arts…

Il est assez intéressant de se pencher un minimum, et sans aller jusqu’à y pointer de furieux déterminismes, pour reprendre les passionnantes recherches de François Noudelmann _ cf simplement mon article récapitulatif du 19 juin dernier « «  _, sur quelques points nodaux qui ont pu marquer au moins l’imaginaire, mais aussi l’imageance féconde _ sur ce concept crucial et fondamental d’imageance, cf par exemple mon article du 23 février 2023 : « « , ainsi que mes échanges nourris avec la très chère Marie-José Mondzain… _, de Steven Spielberg en sa situation _ et histoire, voire, et surtout, mythologie ! _ familiale et sa vocation artistique,

sur laquelle, justement, vient subtilement broder ce splendide et très émouvant film, d’une inépuisable richesse, qu’est « The Fabelmans« 

Si je m’emploie à remonter, ce jour, dans l’ascendance généalogique de Steven Spielberg,

je remarque en effet que

_ si, à la première génération, ses deux parents, Arnold Meyer Spielberg (Cincinatti, 6 février 1917 – Los Angeles, 25 août 2020) et son épouse Leah Frances Posner (Cincinatti, 12 janvier 1920 – Los Angeles, 21 février 2017), sont tous les deux natifs, en 1917 et 1920, de Cincinatti (Ohio) ;

_ en revanche, à la seconde génération en amont, celle des quatre grands-parents de Steven Spielberg,

ses deux grand-parents paternels, Samuel Spielberg (Kameniets-Podilsky _ dans l’actuelle Ukraine_, 20 août 1873 – Cincinatti, 20 décembre 1945 _ Samuel est arrivé aux États-Unis en 1904, afin de fuir une nouvelle conscription eu égard à la circonstance de la guerre russo-japonaise, déclarée le 8 février 1904 ; et, auparavant, en cette Russie des tsars, « Shmuel was a musician and served six years in the Czar’s orchestra » (lire ici ce très intéressant article intitulé « Steven Spielberg Family History« , signé Alan Sandleman, cousin à la troisième génération, via les Sandelman, de Steven Spielberg…) ; et aussi : « Shmuel Spielberg was the paternal grandfather of famed filmmaker Steven Spielberg. Spielberg was orphaned at a young age when both his parents died in an epidemic _ en 1890, à Kamienets-Podolsky, en Podolie _ and went to live on his brother’s ranch _ Avrom Spielberg (1866 – 1941). There he worked as a cowboy, rounding up cattle and horses until he was drafted into the army. He was able to avoid combat by playing the baritone in the army band _ voilà un fait crucial ! Later, he became a buyer for the Russian army. In 1906 _ ou plutôt 1904 !.. _, Spielberg escaped to America _ pour y rejoindre, à Cincinatti, son oncle maternel Avram Sandelman, le frère de sa défunte (en 1890) mère Bertha Sandelman _ to avoid being drafted into the Russo-Japanese war. He brought his fiancée, Rebecca Chechik, to Cincinatti in 1908 to marry«  _)

et son épouse Rebecca Chechik (Soudylkiv _ ibidem, en Podolie… _, 29 mars 1884 – Cincinatti, 13 août 1969) _ Samuel et Rebecca  se sont ainsi mariés à Hamilton, Ohio, une cité voisine de Cincinnati, le 9 août 1908 _,

ainsi que son grand-père maternel Phillip Fievel Posner (Odessa – Ukraine, 13 octobre 1883 – Phœnix-Arizona, 9 octobre 1961),

sont tous les trois natifs de l’actuelle Ukraine ;

à la différence de sa grand-mère maternelle _ épouse, puis veuve, de Phillip Fievel Posner ; et mère de Leah… _ Jennie Fridman (Cincinatti, décembre 1881 – Phœnix, 3 juillet 1958), qui, elle, est née aux États-Unis, à Cincinatti-Ohio, en décembre 1881 _ et Jennie Fridman et Phillip Fievel Posner se sont mariés le 29 août 1915 à Cincinnati ; leur fils Bernard Posner est né à Cincinnati le 26 août 1916 ; et leur fille Leah, toujours à Cincinatti, le 12 janvier 1920… _ ;

_ et à la troisième génération, celle des huit arrière-grands-parents de Steven Spielberg,

tous les huit sont natifs d’Europe orientale natale, où certains sont décédés, et d’où d’autres ont émigré :

il s’agit, du côté de la branche paternelle,

de Meyer Pessach Spielberg (probablement né et décédé à Kameniets-Podilsky : 1850 – 1890) et son épouse Bertha Sandelman (probablement née et décédée, elle aussi _ tous deux sont décédés d’une épidémie de grippe espagnole, en 1890… _, à Kameniets-Podilsky : 1846 – 1890) _ sans davantage de précisions pour eux deux… _ ;

et de Nathan Chechik (Kameniets-Podilsky, 1848 – Kameniets-Podilsky, 1920) et son épouse Rebecca Hendler (Soudylkiv _ en Podolie aussi _, 1849 – ?, 1930) ;

et du côté de la branche maternelle,

il s’agit de Simon Posner (probablement Odessa, 7 décembre 1865 – Cincinatti, 9 novembre 1916 _ Simon Posner a débarqué aux États-Unis en 1901 _) et son épouse Miriam Rasinsky (Odessa, décembre 1866 – Cincinatti, 26 novembre 1931) ;

et de Louis Fridman (Russie _ sans plus de précision, hélas ! _, février 1856 – Cincinatti, 1er juin 1922) et son épouse Sarah Leah Nathan (Liubpava-Pologne, mars 1861 – Cincinatti, 26 décembre 1903) ;

_ et à la génération précédente,

les parents de Louis Fridmanné, lui, semble-t-il en Russie, mais décédé le 1er juin 1922 à Cincinatti _, qui sont Israel Friedman (Pologne, 1829 – Cincinatti 28 janvier 1883) et son épouse Sarah Wittstein (Prusse, 1831 – ?, ?) _ Russie, Pologne, Prusse : cela demeure bien vague… _,

semblent être les premiers des ancêtres de Steven Spielbert à être venus s’installer à Cincinnati et sa région _ Hamilton, tout proche de Cincinnatiati _, dans l’Ohio : et cela dès avant décembre 1881, quand naquit leur fille Jennie Fridman, la grand-mère maternelle de Steven Spielberg _ que celui-ci a bien connue : il avait 11 ans au décès de celle-ci, le 3 juillet 1958 à Phœnix-Arizona, où Steven résidait lui aussi alors, avec ses parents et ses deux premières sœurs, Anne (née à Philadelphie-Pennsylvanie, le 25 décembre 1949), et Nancy (née à Haddonfield-New-Jersey, le 7 juin 1956) ;  Sue naîtra quatre ans plus tard, à Scottsdale-Arizona, en 1960 (où les Spielberg ont demeuré 7 ans durant, entre février 1957 et mars 1964, avant de déménager en Californie.

Du côté de la branche paternelle des Spielberg et leurs épouses (Rebecca Chechik, Bertha Sandelman, Rebecca Hendler),

_ il se trouve que la contrée de départ de ces émigrants pour les États-Unis, est Kameniets-Podilsky (et sa région de Podolie, dont fait partie aussi le village de Soudylkiv), aujourd’hui en Ukraine ;

et ceux d’entre eux qui ne sont pas décédés là-bas dans l’actuelle Ukraine, sont, tels Samuel Spielberg et son épouse Rebecca Chechik, décédés à Cincinatti : le 20 décembre 1945 pour lui, Samuel _ presque un an jour pour jour avant la naissance de son petit-fils Steven, né à Cincinnati le 18 décembre 1946 _, et le 13 août 1969 pour elle, Rebecca.

Et du côté de la branche maternelle des Posner et Fridman et leurs épouses (Miriam Rasinsky, Sarah Leah Nathan, Sarah Wittstein),

_ ils sont originaires ou bien d’Odessa _ dans l’actuelle Ukraine aussi _, ou bien  de Russie, de Pologne ou de Prusse, sans plus de précisions… ;

et sont décédés à Cincinatti, depuis Israel Fridman, qui y est décédé, le premier d’entre eux, le 22 janvier 1882 :

puis le 26 décembre 1903 (Sarah Leah Nathan), le 9 novembre 1916 (Simon Posner), le 1er juin 1922 (Louis Fridman) et le 26 novembre 1931 (Miriam Rasinsky)…

Cincinnati est donc bien le berceau familial _ et creuset mémoriel, voire mythologique, et foyer irradiant d’imageance… _ américain de la famille de Steven Spielberg,

branche paternelle des Spielberg, comme branche maternelle des Posner (et Fridman)…

À une croisée _ bivium… _ de chemins de vie, ainsi que rencontres,

avec leur substantiel trésor offert d’affinités d’imageance circonstancielles,

invitant à engager ses pas sur de nouveaux chemins, peu prévisibles et encore moins assurés à l’avance, et bousculants en l’affolante séduction de leur terriblement surprenante attraction, ouverts sur de l’inconnu, eux…

Ce lundi 10 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un passionnant article d’Ariane Bruneton sur l’émigration béarnaise, dans l' »Abécédaire passionné du Béarn »

18déc

Lisant l’Abécédaire passionné du Béarn (aux Editions Gascogne),

que j’avais commandé il y a 10 jours chez Mollat,


je découvre que l’ethnologue paloise Ariane Bruneton _ nous nous connaissons _,
auteur d’un excellent article É comme… Émigration (pages 56 à 63),
a fondé l’Association pour la Mémoire de l’Èmigration, à Pau,
dont s’occupe Lili Casassus, à Ogeu et Oloron…
 
Ariane Bruneton est un auteur de fond, pas une journaliste de surface.
 
Dans cet article,
sont cités les noms de célébrités telles que Supervielle et Bioy Casares (page 59),
mais, écrit-elle, « immigrés de seconde _ voire troisième ! _ génération,
que l’on invoque surtout comme confirmation que cette histoire _ de l’émigration béarnaise _ a bel et bien eu lieu,
eux-mêmes n’en ayant _ en effet ! _ pas été particulièrement moteurs ».
 
L’histoire sugnificative intéressante de l’émigration béarnaise en Argentine qui nous concerne personnellement
étant celle des trois générations de Bioy précédant Adolfito l’écrivain, époux de Silvina Ocampo :
Antoine Bioy Croharé et son épouse Marie Anne Casamayou,
Jean-Baptiste Bioy Casamayou (ou Poey) et son épouse Louise Domecq Mirande,
Adolfo Bioy Domecq et son épouse Marta Casares Lynch… 
 
Les analyses et les pistes de recherche qu’ouvre Ariane Bruneton sont passionnantes et très riches.
 
J’eassaierai de la contacter.
Et d’établir quels liens existent ou pas entre elle et Lili Casassus…
 
Ce mardi 18 décembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

musiques d’intimité (suite) : du noté à la réalisation _ « retrouver les couleurs sonores » d’un « pays » quitté

05oct

A propos du CD : « Manuscrit Susanne Van Soldt _ Danses, chansons & psaumes des Flandres, 1599« , par Les Witches (CD Alpha 526).

En complément à l’additif à mon article récent à propos des musiques « terminales »,

concernant les musiques « de l’intimité »,

le CD « Manuscrit Susanne Van Soldt _ Danses, chansons & psaumes des Flandres, 1599« , par Les Witches (CD Alpha 526) vient apporter un fort intéressant éclairage historique, en plus _ et d’abord ! _ d’une interprétation magnifiquement pleine de vie…

Car si le manuscrit portant le nom de la jeune fille (d’origine anversoise : Susanne Van Soldt) qui avait noté « à l’encre et à la plume » ces « psaumes« , ces « chansons » et ces « danses » des pays de Flandres _ que sa famille (anversoise) et peut-être elle-même (si elle était alors née) avai(en)t dû quitter pour causes d’effoyables guerres et persécutions religieuses _,

car si ce manuscrit, donc,

était bien connu du cercle _ assez restreint _ des musicologues

ainsi que des musiciens

familiers (à l’étude et/ou au concert) des musiques de cette période (de fin de la Renaissance) ou de ces territoires des confins (méridionaux) néerlandais ;

la plupart

_ à commencer, déjà, par les interprètes musiciens eux-mêmes :

quelque chose devant s’en entendre

(ou plutôt devant « manquer » d’être effectivement entendu _ perçu et compris ;

et sans qu’on en ait, le plus souvent, conscience, la plupart du temps

pour la plupart de ceux des auditeurs, en aval, qui n’ont pas une oreille assez avertie pour ressentir et repérer,

en aval, donc,

un tel « manque »… _

faute d’avoir été, « cela »,

en amont,

effectivement « repéré », « compris » et assimilé et « incorporé », dans l’interprétation physique de ce qui était écrit ; puis lu :

par les interprètes, qui nous restituent, à nous, auditeurs, en aval donc, les couleurs des sonorités physiques de cette musique

telle qu’elle dût jaillir du « génie » de ses auteurs _ compositeurs : divers, et populaires, à foison, ici _ ;

et qui, quelque jour, un jour, fut « notée »…)_ ;

la plupart, donc, des « connaisseurs » de ce manuscrit

et interprètes

_ y compris au disque : ainsi le récent CD interprété sur virginal par Guy Penson (« The Susanne van Soldt Virginal Book (1599)«  CD Ricercar 264) _

de la musique qui y était « notée », écrite (« à l’encre et à la plume« )

n’y « entendaient »

_ et donc n’en donnaient à « entendre » (au double sens d’écouter et de comprendre, aussi) _

que des « transcriptions » pour clavier

à la portée d’un _ ou d’une _ interprète, par exemple « amateur »

_ apprenant à jouer, par exemple… _,

plus ou moins néophyte _ telle que pouvait être la jeune Susanne Van Soldt elle-même,

âgée, semble-t-il, de treize ans (s’il s’avère bien qu’elle est née en 1586, comme des recherches en justifient l’hypothèse) ;

et des « transcriptions »

d’intérêt guère plus qu' »ethno-musicologique », en quelque sorte (voire « folklorique »),

ou que « technique »

_ tant pour « se faire les doigts »,

que pour s’initier à _ ou « assimiler », « s’incorporer » _ un style

(le style disons, ici, « de la Renaissance tardive »,

juste avant l’éclosion

_ italienne : à Mantoue, et puis bientôt Venise, avec Claudio Monteverdi

_ dont la discographie d’excellence est très heureusement riche _ ;

à Florence, avec Giulio Caccini

_ cf le très bel enregistrement de son « Euridice« , par « Scherzi Musicali », sous la direction de Nicolas Achten, au théorbe (CD Ricercar 269) _

et Jacopo Peri, autour de la Camerata Bardi ; ainsi qu’à Rome, avec Emilio De’ Cavalieri

_ cf l’interprétation merveilleuse des « Lamentations » (« Lamentationes Hieremiae Prophetae« ) du « Poème Harmonique » dirigé par Vincent Dumestre : CD Alpha 011)  :

qu’on se précipite sur les enregistrements disponibles de ces « génies » si poétiques !… _;

juste avant l’éclosion, donc, de

ce qu’on va _ bien a posteriori, toujours !.. _, nommer

le style « baroque » musical) ;

des « transcriptions » d’intérêt « ethno-musicologique » ou « technique », donc,

bien davantage _  hélas, alors _ que d’un « intérêt » _ ou d’un « goût, sinon même  ! _ véritablement musical…

Même si le pire n’est _ heureusement _ pas toujours le plus sûr…

Or, l’éditeur (discographique : créateur et directeur _ = « âme » _ d’Alpha Productions) Jean-Paul Combet, qui lui-même avait « pratiqué » ce « cahier de musique » en des temps d’exercices « personnels » de divers claviers _ dont celui de l’orgue _,

l’avait « entendu », de sous ses doigts mêmes, « d’une tout autre oreille » ;

et, qui plus est, sans jamais l’oublier _ perdre de vue (en l’occurrence, d' »oreille ») _,

comme tout ce qui peut « marquer » précisément une « âme » ;

et lui imprimer, pour jamais, un pli…

_ sur le pli, lire Deleuze : « Le pli : Leibniz et le baroque« …

Ainsi ces musiques « notées » en son cahier personnel, ou familial, par la jeune Susanne Van Soldt,

continuaient-elles de lui trotter « dans » quelques recoins un peu reculés, enfouis, perdus des (riches, à proportion d’une « culture » incorporée) labyrinthes de « la tête »,

l’amenant à « penser » qu’il ne s’agissait pas là

de musiquettes « réduites »

pour des pièces (de clavier) un peu simples, voire « simplettes », pour jeune fille claviériste _ de treize ans ? _ « se faisant les doigts », à l’épinette (ou « virginal« ), à ses « heures perdues »,

en quelque intérieur

_ à la Vermeer : comme, en leur radieuse « présence », ces « intérieurs« -là, de Vermeer, se « voient » ! _

« bien tenu » :

à Londres, désormais, pour la jeune Susanne

(la Londres d’Elizabeth Ière, en 1599 :

dont le fier règne s’est étendu du 17 novembre 1558,

_ à la mort de sa sœur Marie Tudor, dite la sanglante _ « Bloody Mary » _,

au 24 mars 1603, quand la « reine-vierge » meurt à son tour, au palais de Richmond ) ;

à défaut de l’Anvers que venait de « prendre » _ le 17 août 1585, après un terrible siège d’un an _ et « ré-occuper » les troupes espagnoles d’Alexandre Farnèse, au service de Philippe II _ puis, sous d’autres généraux (Farnèse, lui, meurt le 2 décembre 1592), du roi son successeur, Philippe III, sur le trône d’Espagne,

puisque Philippe II vient de mourir à l’Escorial, le 13 septembre 1598 ;

en fait, Philippe II a choisi de laisser le trône des Pays-Bas à sa fille aînée (adorée) l’archiduchesse Isabelle (1566-1633) qui épouse

_ la cérémonie se déroulera à la cathédrale de Valence le 18 avril 1599,

conjointement avec la célébration « royale » du mariage de son frère cadet, le tout nouveau roi Philippe III, avec sa cousine l’archiduchesse Marguerite d’Autriche _ ;

Philippe II a choisi, en son testament, de laisser le « trône » des Pays-Bas (à Bruxelles) à sa fille aînée (adorée) l’archiduchesse Isabelle, donc, qui épouse

ce 18 avril 1599 son cousin Albert de Habsbourg, fils de l’Empereur Maximilien II _ et gouverneur des Pays-Bas depuis le 11 février 1596 : leur règne sera _ du moins est-ce ainsi que les historiens le « reconnaissent »… _ paisible et de prospérité…

A la capitulation d’Anvers, l’automne 1585, la ville se vide de presque la moitié de la population, qui quitte  _ et s’expatrie, pour toujours, de _ la ville (et du pays) occupé(s), et cela pour des raisons de pratiques confessionnelles absolument proscrites.

La famille de Susanne Van Soldt fit partie _ à quelle date ? dès 1585 ? l’année suivante ? un peu plus tard ?.. _ de ces « 40 % » d’émigrants-là, de Flandres,

« fuyant » son « pays »

« pour échapper aux folies d’une époque en proie aux pires persécutions religieuses« , écrit Jean-Paul Combet en sa courte présentation du CD, page 3…

Les « Pays-Bas » du Sud vont demeurer _ et pour longtemps : jusqu’aujourd’hui !_, « séparés » des « Provinces-Unies » du Nord _ nées de l' »Union d’Utrecht« , le 5 janvier 1579 ;

et dans le giron, eux, de l’église catholique et romaine

qui fait triompher, par toute la « culture » et dans les Arts (de ce qui deviendra en 1830 « la Belgique »), le style dit « baroque »

(de la Contre-Réforme, reconquérante, désormais :

ce n’est qu’en 1648 que le Traité de Westphalie viendra _ à peu près _ mettre un terme (grâce à un accord sur le principe simple : « cujus regio, cujus religio« ) aux pires exactions de ces si longues et si destructrices « guerres de religion« , qui,

d’avoir mis l’Europe « à feu et à sang »,

l’ont « saignée à blanc »…) :

ainsi la ville d’Anvers est-elle peut-être d’abord pour nous

la cité de Pierre-Paul Rubens (1577 -1640), le « magnifique »…

_ soit un exact contemporain, anversois à Anvers (et de par toute l’Europe, diplomatiquement)

de Susanne Van Soldt, anversoise de Londres, elle…

« Vers 1599« , la date approximative d’attribution par les musicologues

de la rédaction « à l’encre et à la plume » par Susanne Van Soldt de son cahier manuscrit de musique,

cela faisait quatorze ans que le pays natal (Anvers) avait été quitté,

peut-il se calculer…

Et Susanne a treize ans.

Lui _ Jean-Paul Combet, donc _ « y » (= la musique « notée ») « entendait » un peu plus qu’une « réduction pour clavier »… ;

ou plutôt, il assignait à cette « réduction pour clavier » une fonction tout autre _ et de plus d’ampleur _ qu’une interprétation « solitaire » : rêveuse et mélancolique ; sur un virginal, ou épinette ;

je le cite, toujours à la page 3 du livret du CD :

« Le matériau musical semble a priori _ c’est-à-dire « apparaît » ; et antérieurement à (la pratique de) l’expérience _ modeste ; des pièces dans l’ensemble faciles à jouer au clavier pour une très jeune exécutante« …

Rien moins, cependant, en fait, que tout un « matériel » (de base) pour (pratiquer _ à plusieurs ! _ des) « musiques d’ensemble d’intimité » festives ;

c’est-à-dire des musiques pratiquées festivement en famille

_ et avec un cercle élargi d’amis (flamands) _,

par un ensemble _ ou consort (en anglais) _ de « voix », tant instrumentales que vocales _ selon les pratiques dominantes du temps ;

loin de « pièces pour concert » de cour (et solistes virtuoses)

que privilégient aujourd’hui _ et pratiquent _ les interprètes _ au concert comme au disque _ récitalistes ;

et que,

en « aval »

de cet « amont » (des concertistes),

« connaissent » seulement ceux qui n’ont _ indirectement _ accès, par ricochets en quelque sorte, qu’au disque ou au concert,

sans pratiquer eux-mêmes, et avec d’autres (des amis musiciens, pour le seul plaisir de « jouer » ensemble ; et pas de « se produire en concert » devant d’autres), cette musique (de « consort ») « à jouer »…

Un répertoire idéal pour « Les Witches » : auxquels (l’éditeur _ des CDs Alpha) Jean-Paul Combet les a « proposées » :

« Il fallait la touche de magie des Witches pour rendre _ restituer le dû ! _ à ces réductions

_ car voilà bel et bien ce qu' »étaient » ces pièces (et leur « fonction » éminemment pratique ! A re-déployer dans toute leur ampleur !!!) _

leur dimension

_ collective festive (dans le cadre familial, restreint ou élargi : à d’autres anversois et flamands immigrés, eux aussi, à Londres !!! et qui n’oubliaient pas d’où ils venaient…) _

première,

spirituelle pour les psaumes à jouer « ès maisons »,

ou quasi obsessionnelle pour les branles & rondes à danser

« sans rien dire », cela va de soi »

_ Jean-Paul Combet a commencé cette préface en citant, en exergue, la chanson inoubliée de Jacques Brel

(dont on célèbre le 9 octobre, dans quatre jours, le trentième anniversaire de la disparition :

de nombreux Cds _ de commémoration… _  sont déjà disponibles sur ce marché _ « vendeur » et légitime, pour une fois… : pour ceux qui voudraient se faire une cure revigorante de « Brel » _ et sa formidable « présence » !…) :

« Les Flamandes dansent sans rien dire…« …

Musique sacrée, musique profane ; les deux volets de la musique d’alors _ en son intimité ;

et pas une musique de concert, pas une musique de cour…


Et les Witches, ce sont

l’orgue positif _ d’inspiration germanique _ Quentin Blumenroeder, le cistre _ d’après un modèle italien du XVIe siècle _, le virginal double (muselaar et muselardon _ ou « child virginal« ) d’après Rückers, de Freddy Eichelberger ;

le violon _ italien (école de Brescia, XVIIe siècle) _, d’Odile Edouard ;

les flûtes à bec soprano _ d’après un instrument du château de Rosenborg (Danemark) _, alto _ d’après Ganassi _, ténor _ le premier, d’après Rafi, le second, d’après un anonyme du musée de la musique à Paris _, les flûtets à trois trous, de Claire Michon ;

la base de viole _ « le roi David« , d’après un modèle anglais _, de Sylvie Moquet ;

ainsi que le luth Renaissance, la guiterne, de Pascale Boquet ;

auxquels ont été joints , amis invités,

pour cette fête de musique,

la cornemuse du Poitou, de Mickaël Cozien ;

le rommelpot (ou tambour à friction flamand), le tambour catalan, le tambour à cordes, les tambours sur cadre (Daf de Syrie, Daf de Turquie), les grelots (d’Inde), de Françoise Rivalland ;

et l’orgue Brabantsche Rond et le muselaar (ou « mother virginal« ), de Sébastien Wonner :

soit une bien belle réunion d’instruments

et d’instrumentistes-musiciens « sorciers » (tous « witches« …)

pour cette « fête » flamande londonienne, de 1599…

Jean-Paul Combet remarque aussi combien, dans les « peintures flamandes du XVIIème siècle » _ en commençant, peut-être par celles des Breughel, père et fils _,  « la fête est presque toujours empreinte de sérieux sinon de gravité« …

Aussi « imagine« -t-il « ainsi _ au présent de l’indicatif, désormais _ Susanne, cette petite fille flamande _ expatriée (= immigrée) à Londres _

dont nous ne saurions rien si elle n’avait copié dans son _ intime _ cahier de musique les danses & chansons qu’elle aimait,

joyeuse et grave,

retrouvant en Angleterre sur le pupitre de son virginal _ ou épinette _

les couleurs sonores de son pays natal« …

L’affaire

(de la « réalisation » physique sonore _ pardon de ces pléonasmes ! _

ainsi que musicale _ quant à l’interprétation _

à l’enregistrement du CD ainsi qu’aux concerts !)

prit son temps ;

mais fit, peu à peu, son chemin _ en les interprètes invités, soient les Witches, à s' »y » pencher quelque peu dessus _ ;

et vient d’aboutir à ce disque si riche de vie,

si magnifiquement (et justement) coloré

(ce CD Alpha 526 « Manuscrit Susanne Van Soldt _ Danses, chansons & psaumes des Flandres, 1599« ) ;

ainsi qu’à des concerts _ festifs, comme cela se doit tout particulièrement pour ce répertoire ! _,

notamment à celui de l’Académie Bach d’Arques-la-Bataille, ce mois d’août 2008 :

interprétations-réalisations sonores et musicales assez éblouissantes en leurs pulsations

afin de ressusciter des phrases _ tant musicales, que celles des psaumes eux-mêmes ; mais aussi des chansons _ qui n’attendaient _ depuis un peu longtemps, peut-être _ que cela, pour se dés-engourdir ;

et danser ;

chanter ;

retentir de nouveau…

Ce quon peut attendre d’une interprétation musicale : faire résonner, retentir, mais aussi faire ressentir les moindres nuances d’accentuation, de ce qui une fois fut « noté » sur papier ; fut écrit…

On sait bien que tout n’est pas écrit, en musique ;

surtout en ces temps-là…

En tout cas, le Cd nous les donne (= les « rend« , les « restitue »),

ces phrases qui parlent, qui chantent, qui dansent bien haut,

en leur rythme syncopé _ ce qu’il faut, « sur le vif » !.. _

et fraîcheur native ;

comme il se doit pour toute musique interprétée (= « jouée »), bien sûr !!!

Pour finir, je dois encore témoigner du formidable succès des Witches au concert,

de la jubilation des publics,

et de la joie personnelle de l’initiateur de ce CD Alpha 526…

Titus Curiosus, ce 5 octobre

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