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la pharmacopée du professeur de médecine civilisationnelle Bernard Stiegler : une posologie d’urgence des écrans

18nov

Un délicieux et urgentissime diagnostic, assorti d’une rapide posologie d’urgence _ à propos des enfants et de l’éducation, d’abord (cf déjà le plus que très utile « Prendre soin _ de la jeunesse et des générations«  !..) _ du « professeur de médecine civilisationnelle » Bernard Stiegler, en une collection d' »Entretiens«  (réalisés ici _ excellemment ! _ par Thierry Steiner) qu’édite, aux Éditions Mordicus, l’excellent Pierre Veilletet : « Faut-il interdire les écrans aux enfants ? » :

voilà en un petit livre de 112 pages  _ avec deux entretiens : un avec Serge Tisseron (pages 17 à 58), l’autre avec Bernard Stiegler (pages 61 à 103) _, sur lequel je suis tombé en recherchant sur le site mollat.com un lien (pour l’article précédent de mon blog) pour un des ouvrages de Bernard Stiegler,

ma toute récente formidable découverte de lecture !..

En 43 pages, Bernard Stiegler, lumineux comme d’habitude en ses exposés « missionnaires »

_ page 74, vient à l’appui de cette intuition l’affirmation : « les pouvoirs publics doivent prendre des mesures régaliennes pour obliger les médias de masse, d’une part, à mener des politiques d’innovation adaptées à la convergence (numérique : nouvelle !), et d’autre part et surtout, pour leur imposer de nouvelles missions (voilà !), et en particulier une mission d’éducation«  !.. _

en direction des publics les plus divers, comme je l’ai expérimenté à chaque reprise _ je l’avais reçu pour la « Société de Philosophie de Bordeaux«  dans les salons Albert Mollat le jeudi 18 novembre 2004 sur le sujet de « la décadence des sociétés industrielles« , au moment de la parution de son « Mécréance et discrédit » volume 1 : « la décadence des sociétés industrielles«  (les volumes 2 & 3 de ce travail furent consacrés aux « sociétés incontrôlables d’individus désaffectés » et « l’esprit perdu du capitalisme« ) ; ou à Saint-Émilion, le 30 mai 2009 sur le sujet « du marché au commerce«  (cf mon article du lendemain, le 31 mai : « très fortes conférences« ) ; et aussi à l’OARA-Scène d’Aquitaine, le 4 avril 2007, sur le sujet « du consumérisme culturel à l’éthique de l’amateur«  ; ainsi qu’au Conseil Régional d’Aquitaine pas plus tard que le 23 octobre dernier (cf mon article du 26 : « Pour une économie de la contribution : diagnostic et pharmacopée anti-Viagra d’une économie de la culture du docteur Stiegler« …)… _,


Bernard Stiegler livre son diagnostic et sa pharmacopée avec une clarté et une efficacité magnifiques…

L’entretien avec Thierry Steiner est dédié (page 61) à Rosine Gautier et Geneviève Piéjut _ co-auteur de « La Télévision et son public 1974-1977 : Place, programmation et audience des différentes catégories d’émissions« , paru à La Documentation française, en 1978… _ avec lesquelles Bernard Stiegler travailla à L’INA (dont il fut le Directeur-général adjoint et chef du département Innovation de 1996 à 1999)…

« L’attention des enfants et des adolescents est de plus en plus souvent sollicitée par plusieurs médias simultanément, ce qui conduit à une véritable dispersion de l’attention. (…) Ces effets (…) qui relèvent de ce que l’on a appelé la convergence numérique des médias, sont pour le moment destructeurs de l’attention« , nous dit-il, page 64. Mais « on peut cependant imaginer que les agencements nouveaux entre médias rendus possibles par la convergence soient mis au service de la formation et de l’approfondissement de l’attention plutôt que de sa destruction« , pages 64-65. « Les nouveaux médias, parce qu’ils sont bi-directionnels, ont des caractéristiques très intéressantes et offrent d’immenses possibilités par rapport aux médias audio-visuels analogiques. Mais leur mise en valeur nécessiterait une politique publique qui fait aujourd’hui totalement défaut« , page 65. « Pourtant (…), un agencement intelligent entre ces médias, mis au service de l’éducation plutôt que soumis à l’hégémonie absolue du marketing, pourrait apporter mille possibilités nouvelles de formation de l’attention profonde, c’est-à-dire de ce que l’on appelle la culture, le savoir et l’éducation. Malheureusement, les tentatives actuelles d’agencer les médias en tirant parti de la convergence numérique (…) n’ont qu’un objectif : continuer à capturer l’attention au service du marketing, en la tirant toujours plus vers la pulsion, et en la détruisant« , page 68. « Le fonctionnement de l’audio-visuel dans son ensemble est devenu pathogène », page 72. « Une question d’écologie de l’esprit se pose ainsi », page 74 : « les pouvoirs publics doivent prendre des mesures régaliennes pour obliger les médias de masse, d’une part, à mener des politiques d’innovation adaptées à la convergence, et d’autre part et surtout, pour leur imposer de nouvelles missions, et en particulier une mission d’éducation. Les médias sont de nos jours tous soumis au marketing et à « la tyrannie de l’audience quart d’heure par quart d’heure » (…) du fait de leur financement par la publicité. Il faut les contraindre à développer une autre utilité sociale », page 74. « Ceci suppose de repenser en profondeur le rôle des médias non seulement dans l’éducation, mais dans la recherche scientifique, et comme nouveaux instruments du savoir, dans les laboratoires aussi bien qu’à l’université. D’immenses possibilités se présentent ainsi pour ce qu’on appelle les industries de la connaissance, les sociétés de savoir et la bataille de l’intelligence. Mais sans une politique publique hardie, capable de soutenir ces évolutions qui n’ont pas, pour le moment, d’économie, rien de cela ne pourra advenir« , page 75.

« La télévision est mauvaise pour les enfants très jeunes quel que soit le programme, parce que la captation de l’attention juvénile est directement destructrice ; et le facteur qui prime est ici non simplement l’écran, mais l’appareil _ tel qu’il induit passivité, perte de motricité et perte de relations d’attachement intergénérationnelles« , page 76.

« Le facteur « programme » devient plus important à mesure que l’enfant grandit«  (…) et « il est sûr que (…) la captation massive et constante de l’attention, en détruisant les relations interindividuelles, détruit les structures et les processus par lesquels la formation d’un réseau symbolique entre les individus permet de transformer les pulsions _ dont nous sommes tous porteurs _ en investissements sociaux, c’est-à-dire en énergie libidinale, pour parler comme Freud _ ce que Lacan appelle le désir« , pages 76-77.

Or « les consommateurs désirent de moins en moins, mais dépendent de plus en plus de besoins artificiellement produits, qui sollicitent toujours plus leurs comportements pulsionnels aux dépens de leur libido, c’est-à-dire de leur désir. C’est ainsi que le téléspectateur tend à devenir dépressif (la dépression est précisément une perte de désir) ; et que les médias deviennent eux-mêmes massivement pulsionnels et populistes : ils cherchent à tirer le « temps de cerveau disponible » vers le bas, c’est-à-dire qu’ils l’encouragent à suivre une pente naturelle, contre laquelle lutte toute élévation culturelle et toute éducation. Cette pente conduit à  une sorte de déchéance dont nous voyons bien qu’elle s’est emparée de toute la société, et que personne n’y échappe _ pas plus les femmes et les hommes politiques que les psychanalystes ou les pédiatres qui, pour des raisons vénales ou parce que leurs propres cerveaux sont devenus fondamentalement disponibles à tout cela (…), cautionnent Baby First _ la chaîne « pour » le « public » des bébés ! _, ou conseillent l’industrie du jeu vidéo et les industries de programmes en général« , pages 77-78…

« Quant à l’État, en renonçant à réguler cet état de fait de plus en plus ruineux pour la société, il renonce à soutenir la culture et l’éducation, et préfère multiplier les policiers en développant un état d’esprit paranoïaque qui exploite les tensions intergénérationnelles et les pulsions de destruction.C’est une politique absolument irresponsable qui hypothèque très gravement l’avenir, et que l’Histoire jugera comme telle. Il ne s’agit pas de condamner les médias, mais plutôt la façon dont, par le fait d’une politique publique démissionnaire _ qui avait commencé avec François Mitterrand _, ils se sont soumis _ à rebours du « bien public«   _ à l’hégémonie du marketing ; et avec eux, tous ceux qui ont renoncé à ce que l’homme (et ses enfants) s’élève _ voilà ! cf sur cette dynamique civilisationnelle le philosophe Alain… _ plutôt que de se vautrer dans la fange« , page 78.

« La télévision : ce pharmakon, qui empoisonne _ présentement _ la société contemporaine, pourrait devenir, notamment à travers une politique industrielle aussi bien qu’éducative _ voilà ce qu’il faut de toute urgence « construire«  ! _ des nouveaux médias, un formidable renouveau _ telle une nouvelle « renaissance«   _ au service d’un dépassement du consumérisme » _ mortifère, page 80.

« L’éducation est une forme de thérapeutique , c’est-à-dire de soin prodigué à l’enfant« , page 81. « La télévision, lorsqu’elle court-circuite ces structures fondamentales où se forme _ et se construit ; cf Freud, Mélanie Klein, ou le grand Winnicott… _ la psychè, atrophie le développement des capacités psychosociales de l’enfant _ et fragilise, voire anéantit le processus primordial que Freud appelle l’identification primaire. Dans cette période, l’enfant construit une relation à ses éducateurs telle qu’ils deviennent son imago, c’est-à-dire ce qui servira de base à son « idéal du moi ». (…) L’identification primaire, qui est la base même de la construction de l’appareil psychique, permettra plus tard à l’adulte mature de continuer _ toujours, toujours : le travail, en sa « plasticité«  (cf Catherine Malabou) n’a heureusement pas de fin… _ à se construire en intériorisant des identifications secondaires entre lesquelles elle lui servira d’arbitre, en cas de conflits _ au sein du « jeu » de cette « plasticité«   _ d’identification : dès avant l’adolescence, on s’identifie _ pluriellement  _ à des personnages successifs« , pages 82-83.

Or, « le marketing, qui veut que l’enfant s’identifie _ bien moins pluriellement …  _ aux chaînes, aux marques et aux personnages des médias de masse, tend _ par domestication sommaire _ à le priver d’identification primaire. Or, un enfant sans identification primaire est un psychotique en puissance _ voilà ! Voilà pourquoi j’estime qu’il s’agit d’une question de santé publique, outre que l’exposition des enfants à la télévision affecte _ sans remède ! cf aussi ce qu’en dit Serge Tisseron…  _ la synaptogénèse et constitue un facteur d’apparition du déficit attentionnel _ étudié par Katherine Hayles. C’est faute de prendre soin des enfants, et de leurs parents, et de les protéger de ce poison qu’est devenu le pharmakon médiatique _ cf le livre majeur de Bernard Stiegler « Prendre soin _ de la jeunesse et des générations« … _, que l’État préconise de les envoyer en prison prématurément« , page 84.

« Ces questions passent par _ rien moins que _ une nouvelle culture, par un discours prescriptif de la puissance publique, et _ mis en œuvre on ne peut plus effectivement (et dans toute son ampleur nécessaire !) _ par des actes et des budgets appropriés« , page 85.

« Les pouvoirs publics ont totalement démissionné _ voilà ! _ par rapport à cette question, et il faut les ramener à leurs responsabilités _ civilisationnelles : mais que sont donc devenus (et continuent de devenir !) les États ?!.. _, non pas pour leur demander d’interdire quoi que ce soit, mais pour qu’ils prennent des initiatives positives _ et dynamisantes ! _ et fassent que les médias en général soient remis au service du bien public _ à rebours de l’hégémonie du marketing (et des profits de quelques « particuliers«  privés) ! _, et en particulier de l’éducation : qu’ils cessent d’empêcher _ en effet ! _ les parents, l’école et la République d’éduquer les enfants, et qu’ils aident _ aussi, voire pour commencer ! _ les parents à s’éduquer avec les médias. Car tel est l’humain _ non-inhumain ! faut-il le spécifier ?.. _ dans l’homme : non seulement il est capable d’apprendre jusqu’au dernier jour de sa vie, mais il le désire _ et même s’y passionne _, pour autant qu’on ne fait pas de lui un porc« , page 86.

« On a admis que le tabac tue ; et on a pris des mesures en fonction. Admettons que l’usage actuel des médias de masse tue la société _ voilà ! _ en la rendant de plus en plus pulsionnelle ; et prenons des mesures en fonction. (…) C’est à une véritable entreprise de désintoxication qu’il faut procéder, notamment en alertant les parents sur le fait que les médias ont des effets toxiques _ déjà _ sur eux-mêmes. S’ils n’en prennent pas conscience, ils ne pourront pas comprendre quels ravages ces effets peuvent provoquer sur leurs enfants« , pages 86-87.

« Le psychopouvoir est ce qui constitue une économie libidinale consumériste. Le problème est que cette économie est _ aussi elle-même _ autodestructrice : en court-circuitant les milieux, fonctions et structures symboliques où sont les objets producteurs du désir individuel, elle est devenue un obstacle au développement et au fonctionnement de l’appareil psychique, c’est-à-dire la transformation des pulsions en désir _ facteur de dépassement de soi et d’authentique « progrès«  ! cf Nietzsche… Le désir est en effet ce qui, par structure, diffère la satisfaction de la pulsion _ au profit d’un « déploiement » (enthousiasmant, lui !) des qualités personnelles… Et l’éducateur est celui qui apprend à celui qu’il élève ainsi à trouver plus de plaisir dans le désir _ et son « déploiement » ; cf, par exemple, Deleuze…  _ que dans la pulsion _ ponctuelle (et répétitive : réduite à un réflexe). Cependant, chacun d’entre nous est toujours prêt à désapprendre _ masochistement ! _ cette différence entre désir et pulsion ; et c’est cette tendance régressive qu’exploite _ en effets terriblement ravageurs _ aujourd’hui le psychopouvoir en désapprenant le désir _ et en installant ainsi une véritable bêtise systémique, à laquelle personne n’échappe tout à fait« , page 89.

« La captation de l’attention des publics par les écrans, en premier lieu par la télévision, mais aussi par un mésusage d’Internet, détruit _ ainsi, journellement _ les capacités attentionnelles soutenues. Or, l’attention est la faculté sociale _ de l’« égard« _ par excellence _ quand l’autre n’est pas seulement un moyen (pour la seule _ ainsi misérable ! _ utilité) ; mais une vraie « personne« , un autrui… Il est donc urgent _ en effet ! _ de réguler tous les processus _ oui : nombreux _ qui conduisent à sa destruction. L’école va mal avant tout parce que les enfants n’ont plus les capacités _ d’abord d’attention ; et curiosité ; et enthousiasme… _ requises. Là est l’enjeu primordial d’une écologie de l’esprit« , page 94.

Les nouveaux médias : « leur succès tient d’abord au fait qu’ils requièrent de la part de ceux qui les pratiquent une activité. Et c’est là _ oui ! _ une grande chance (…) ; et les comportements que l’on voit émerger sur Internet ne s’inscrivent plus dans le modèle industriel consumériste.«  (…) Mais « sans une politique éducative qui saura tirer _ avec une ingéniosité mise au service, cette fois, du déploiement des facultés humaines authentiquement créatrices d’humanité _ tout le parti possible de ces nouvelles sortes de pharmaka, (…) les nouveaux médias seront _ sinon !… _ à leur tour _ une nouvelle fois ! _ mis au service d’une hégémonie du marketing productrice d’encore plus de pulsion et d’addiction. Cet enjeu de civilisation _ où il s’agit de développer un nouveau savoir-vivre aussi bien qu’une autre économie (« de la contribution« ) _ concerne l’avenir de tous les enfants d’aujourd’hui _ de par le monde « mondialisé«  _, les fameux digital natives. (…) Il faut _ donc _ absolument que les parents interpellent les pouvoirs publics et les placent _ et vraiment ! _ devant leurs responsabilités. Les hommes et les femmes politiques sont spontanément _ par intérêt « personnel » à très court terme : celui de l’échéance de leur « élection » ou « ré-élection«  _ du côté des médias, qui leur sont nécessaires pour être élus _ voilà ! Mais il faut leur faire savoir que l’opinion elle-même est de moins en moins du côté de ces médias-là, et qu’ils seront de moins en moins efficaces pour être élus. Tel est le combat _ des citoyens un peu responsables _ de demain _ pour une écologie de l’esprit, et avant tout pour la protection de l’appareil psychique des petits comme des grands« , pages 96 à 98.

« La puissance publique doit faire émerger de nouvelles règles du jeu social _ et politique, culturel, civilisationnel, donc… _ intégrant pleinement les technologies numériques ; et ce que les nouvelles pratiques sociales ont de profondément positif. (…) Il faut qu’une politique d’investissement public soutienne et accompagne le développement des pratiques sociales _ pleinement « démocratiques«  ; à rebours des sinistres populismes ! qui ont si tristement aujourd’hui le vent en poupe ! _ que ces instruments rendent possibles, et qui les conduisent à repenser très en profondeur les modèles éducatifs. C’est ainsi qu’on fera des pharmaka des instruments plutôt thérapeutiques que toxiques« , pages 98-99.

« Il faut faire émerger des règles, et pas simplement décréter : cela veut dire inventer _ cf Cornelius Castoriadis : « L’Institution imaginaire de la société«  _ une nouvelle culture, celle qui correspond aux spécificités des technologies numériques. C’est d’émergence _ de très grande largeur… _ qu’il s’agit et qu’il s’agira de plus en plus« , pages 99-100.


« Mais pour que tout cela puisse se développer, il faut aussi et surtout créer un appareil d’intelligence collective où l’éducation nationale et les industries de programme doivent apprendre à travailler _ de facto et in concreto _ ensemble, où les universités doivent être profondément réorientées dans leurs finalité, et où les structures de recherche doivent faire de ces questions leurs priorités« , pages 100-101.

« Aujourd’hui, il faut défendre la société contre ce qui la détruit : l’hégémonie du marketing. Il faut rebâtir la société« , page 101.


« En attendant, certains parents s’organisent en petits groupes pour mener des opérations de « désintoxication collective ». Ainsi Jacques Brodeur et ses « dix jours sans télévision », conçus sur la base d’une théorie de Thomas Robinson, professeur à l’université de Stanford, qu’il a généralisée au Canada et qu’il développe à présent en France. Soulignant que le nombre d’élèves du primaire avec troubles de comportement a augmenté de 300 % entre 1985 et 2000, que les 13-17 ans commettent deux fois plus de crimes violents que les adultes, et deux fois plus qu’il y a 20 ans, il a créé des groupes de parents qui travaillent avec les éducateurs pour avoir un bon rapport aux écrans. En posant notamment le principe que, pour apprendre à en faire quelque chose intelligemment, il faut commencer par apprendre à vivre sans. (…) Les effets positifs sont spectaculaires à tous égards, en matière de résultats scolaires, équilibre physique et psychique, rapport à la lecture, notamment« , pages 102-103…

Ces extraits de « Faut-il interdire les écrans aux enfants ?« 

font entrevoir la richesse de ces analyses remarquablement claires et extrêmement concrètes de Bernard Stiegler.

A confronter avec les remarques « de terrain » du psychanalyste et psychiatre Serge Tisseron, en première partie de ces « entretiens«  avec Thierry Steiner…

En une collection toute « pratique«  (des Éditions Mordicus, que dirige l’excellent Pierre Veilletet) qui donne à réfléchir avec « prises« 

Titus Curiosus, ce 18 novembre 2009

Le suicide d’une philosophe : de la valeur de vérité (et de justice) dans le marigot des (petits) accommodements d’intérêts

08nov

Un article _ hélas _ significatif (du présent : de la « société »…) sur l’excellent blog de philosophie de François Noudelmann : « 24 heures Philo » _ sur le site de Libération ; en date du 3 novembre 2008…

03/11/2008

« Une philosophe broyée par l’université de Brest »

(sic)

Par Jacques Dubucs, Jean Gayon, Joëlle Proust, Anouk Barberousse, Philippe Huneman•

«  Marie-Claude Lorne, philosophe, s’est donné la mort à 39 ans. En 2004, agrégée de l’Université, elle avait soutenu une thèse de philosophie des sciences et bénéficié, durant sa rédaction, de plusieurs subventions internationales. Par la suite, elle a effectué deux séjours postdoctoraux, à Montréal et à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques de Paris (IHPST). Elle a enfin été élue en mai 2007 à un poste de Maître de Conférences à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest).

Engagée dans une recherche de longue haleine sur les notions de fonction, d’information et d’intentionnalité en psychologie et en biologie, ainsi que sur la biologie contemporaine du développement, Marie-Claude Lorne devenait clairement une autorité en philosophie de la biologie, une interlocutrice privilégiée de ceux qui, Français comme étrangers, sont au premier plan de cette discipline. Tous ceux qui l’ont croisée ont été impressionnés par l’exigence et la clarté de sa pensée. Sur le terrain des idées, Marie-Claude ne transigeait jamais. Beaucoup se souviendront de ses interventions passionnées lors des colloques de philosophie. Pour cela, ses amis l’admiraient et enviaient son intransigeance : jamais elle ne cédait devant un argument qu’elle n’estimait pas intégralement clair ou satisfaisant.

Le 22 septembre, elle laissait à son domicile une lettre annonçant son suicide ; le 3 octobre, son corps a été retrouvé dans la Seine. Sa disparition est une grande perte pour la philosophie, française comme internationale ; elle laisse une œuvre interrompue que ses collègues auront à cœur de rendre publique.

Pourquoi cette jeune musicienne et mélomane raffinée, se comptant beaucoup d’amis, cette femme enthousiaste aimant les bons vins, les dîners et les soirées d’après conférences, a-t-elle ainsi abrégé sa vie ? Sa longue lettre d’adieu fait état de sa «non titularisation» comme maître de conférences à l’Université de Bretagne Occidentale. Il faut savoir qu’en général, cette titularisation va de soi ; son refus nécessite des carences majeures publiquement attestées (non effectuation du service, incompétence pédagogique majeure, violence _ et encore, celles-ci n’ont que très rarement entraîné un rejet du corps universitaire, comme beaucoup peuvent en témoigner).

Chercheuse hors pair, Marie-Claude Lorne était aussi une enseignante irréprochable : de multiples témoignages d’étudiants et de collègues viennent maintenant nous le confirmer. Ainsi, cette sentence, prise par une commission de spécialistes ayant siégé et œuvré dans des conditions peut-être légales mais déontologiquement invraisemblables et inacceptables au regard des us et coutumes universitaires, s’avère indubitablement une «décision injuste» (deux membres présents sur dix titulaires et dix suppléants ont siégé ; contre tous les usages de l’Université, la décision n’a été communiquée à l’intéressée qu’après trois mois, à la veille de la rentrée). Marie-Claude a elle-même souligné l’injustice foncière de cette décision dans sa lettre d’adieu. Après le drame, huit des membres de la commission de spécialistes ont véhémentement protesté par lettre auprès de l’Université, du recteur, du ministre et du Conseil National des Universités.

De fait, une telle décision n’avait rien d’irréversible, tant les amis que Marie-Claude avait alertés, étaient déterminés à faire valoir son droit à l’encontre d’une sanction qu’ils estimaient, sur la forme comme sur le fond, inique. Néanmoins, quelle que soit l’issue des recours, elle disait se voir condamnée à exercer à l’avenir son métier dans un «environnement professionnel hostile», perspective qu’elle refusait à juste titre de supporter. Même si nous ne comprendrons jamais vraiment pourquoi Marie-Claude a vécu cette décision comme injuste au point de se donner la mort, il est clair qu’elle l’a entendue comme un arrêté ultime, irrévocable à l’encontre de sa légitimité comme philosophe, c’est-à-dire comme une violence symbolique extrême.

Marie-Claude aimait vraiment la vérité, fidèle en cela à l’exigence originelle de la philosophie. Le semblant, quelque nom qu’on veuille bien lui donner _ « diplomatie » les bons jours, « hypocrisie » les mauvais _ elle n’en voulait pas. Elle n’a jamais cédé là-dessus, refusant de feindre de se ranger aux avis de plus puissants pour tirer les bénéfices de son allégeance. D’où, bien sûr, des difficultés prévisibles ; elle les connaissait et les acceptait.

La tragique disparition de Marie-Claude Lorne nous interpelle sur un monde du travail capable d’ainsi broyer les individus, et demande une réaction énergique. Toutes les enquêtes le montrent : le taux des suicides déclenchés par des motifs professionnels est en hausse inquiétante. Lorsqu’une telle dérive en vient à toucher des institutions républicaines, elle est particulièrement insupportable.

A Brest, Marie-Claude en a payé le prix. Un prix démesuré. »

Jacques Dubucs (Directeur de recherche, Directeur de l’IHPST (CNRS/Paris I Sorbonne/ENS) ; Jean Gayon (Professeur à l’Université Paris I Sorbonne) ; Joëlle Proust (Directeur de recherche, Institut Jean Nicod (CNRS/EHESS/ENS)) ; Anouk Barberousse, Philippe Huneman (Chargés de recherche à l’IHPST).

Rédigé le 03/11/2008 à 15:05

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Voici les sites qui parlent de Une philosophe broyée par l’université de Brest :

Commentaires

Avec pressions à la clé.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés… même à l’Université.

Avec tristesse et révolte, je pense à cette femme brillante bien sûr, mais surtout intègre et bien trop jeune pour un tel destin tragique.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=46451

Rédigé par: candide | le 03/11/2008 à 17:09

Ce genre de geste, malheureusement, se renouvellera … Ce ne sera que la conséquence logique de l’autonomie des Universités qui permettra toutes les magouilles locales de petit groupes de baron(ne)s locaux sans aucun contrôle … Aujourd’hui, ces contrôles sont déjà rares … la preuve !

Rédigé par: B.D. | le 03/11/2008 à 17:14

L’université compte autant de cuistres que de savants ; et parmi les raisons de son effacement, les batailles pour trois ronds de frites, les rivalités de personnes, de territoires… D’où la nécessité d’apprendre les hommes, avant d’étudier les livres… Quelle triste affaire qui sent le provincialisme à plein nez… Sans compter qu’un poste de maître de conférences n’est déjà pas la panacée pour un savant de haut niveau : faut-il un dessin des obligations de service ? Refuser la titularisation dans ce cas, c’est effectivement renvoyer la personne sur les bords de Seine, lui courbant l’échine et l’injuriant en bas-breton

Rédigé par: Vieux Taxi | le 03/11/2008 à 17:40

Bien entendu, je ne connais ni cette collègue, ni les « dessous » de l’affaire. Mais je sais que le monde universitaire peut être, au moins autant que le monde des affaires, impitoyable ; et qu’en outre on n’y a pas droit à l’oubli ! J’assure les collègues de ma profonde sympathie.

Rédigé par: quercus | le 03/11/2008 à 17:56

La lente mais irrésistible putréfaction de l’Université démontre l’achèvement de la phase terminale du nihilisme européen : le milieu philosophique lui-même est profondément gangréné par le cynisme, le ressentiment et la volonté de vengeance. Aucune générosité intellectuelle ni aucune recherche désintéressée de la vérité ; seulement des conflits d’ego et des haines recuites. Alors effectivement, ceux qui _ parce qu’ils existent _ tentent vraiment de « penser » dans ce cloaque doivent avoir le cœur bien accroché. Mme Lorne était probablement trop délicate pour l’Université. Qu’elle repose en paix.

Rédigé par: Crocodile | le 03/11/2008 à 18:08

Cette affaire très regrettable a déjà fait l’objet d’articles sur le net beaucoup moins clairs et objectifs que celui-ci. Néanmoins, il me semble qu’un suicide est chose trop personnelle pour qu’on puisse s’en saisir pour faire le procès de l’Université comme d’aucuns l’ont essayé ailleurs.
Il est en effet très rare qu’une titularisation soit refusée. Maintenant, je suis scandalisé par les conditions dans lesquelles la décision a été prise : deux membres présents seulement. Que faisait donc le collègue chargé de présider la section de spécialistes en question ? Cela fait partie de ses attributions de téléphoner aux uns et aux autres pour avoir du monde.

Rédigé par: Pomponius | le 03/11/2008 à 18:46

L’émotion m’étreint à lire ces lignes. Universitaire scientifique, bien que beaucoup plus modeste que Mme Lorne, j’ai également ressenti cette violence sans nom à l’issue de ma thèse au moment où j’envisageais de me tourner vers la recherche.
Cet absolu respect de la vérité que j’ose estimer partager avec elle ne permet pas de s’accomoder du « système ». « Psychorigide« , ai-je souvent entendu.
Mme Lorne par son geste désespéré (?) ou héroïque attire notre attention sur ce qui ne va pas en Philosophe _ qui guide vers la Vérité. Puisse-t-elle trouver le repos de l’esprit dans le grand sommeil de la mort.

Rédigé par: michel | le 03/11/2008 à 18:52

Encore sous le choc pour quelqu’un que je ne connaissais pas, mais pour une situation qui concerne la pseudo collégialité à l’université. Cet événement en rappelle d’autres…

Ce drame nous touche tous et nous oblige à réfléchir au « fonctionnement » de nos belles institutions.

Mes condoléances sincères et mes pensées à ses proches
Avrel

Rédigé par: Avrel | le 03/11/2008 à 18:56

Triste Université qui est une véritable « machine à formater du tiède » : recherches audacieuses et recherches critiques étouffées ; recrutements de complaisance ; rabougrissement de la pensée au profit de de pathétiques batailles entre ego mal placés…

Rédigé par: Isabelle | le 03/11/2008 à 18:57

Actuellement, c’est toute la philosophie académique, du secondaire à l’Université, qui se laisse broyer sans piper mot et consent à son propre marasme et avilissement. On n’entend que Badiou sauver un peu l’honneur, alors que tous les professeurs de philosophie sans exception devraient aller dans les rues expliquer le « Discours de la servitude volontaire » ou « Le Capital« .
Et en interne, que dire, sinon que ça pue intensément ? Inégalités monstrueuses des charges de travail, incapacité à se mettre d’accord sur des progressions d’apprentissage raisonnées, incapacité à motiver et harmoniser des évaluations, querelle des chapelles (continentale ou analytique, appepienne ou acirephienne), rareté malthusienne des postes et guerres intestines subséquentes (qui font à présent des morts), isolement ; et impossibilité de poursuivre un travail de recherche dès lors qu’on enseigne dans le secondaire tant l’avalanche de classes et de copies rend impossible même le loisir nécessaire à la lecture et à la simple pensée, etc., etc.
Non, décidément, la philosophie n’est pas faite pour tout le monde. Il faut pour pouvoir en vivre tolérer un degré de turpitude, de violence et de miasme qui ferait vomir n’importe qui possédant quelque bon sens réellement partagé.
Evidemment, les pages du magazine « Philosophie », ou les joliesses et belles phrases médiatico-lénifiantes de Raphaël E. ne donnent aucune idée de tout cela, ni d’ailleurs non plus des sacrifices qu’il faut faire pour pouvoir réaliser son rêve de penser et enseigner en compagnie de maîtres en humanité si l’on n’est pas issu d’un milieu d’héritiers. Car le fond de l’affaire est là. La philosophie académique est la chasse gardée de l’Ecole réactionnaire et de la réaction tout court. On y tire à vue sur tout ce qui n’a pas l’apparence de respecter, relativement à ces turpitudes, un silence de bon aloi, bourgeois et cossu comme l’essentiel du recrutement philosophique académique lui-même, comme si ce silence-là était en soi une garantie de justesse et de justice.

Hélas, à quelques exceptions près, les « philosophes », dans leur silencieuse grégarité, auront consenti à la disparition de l’Ecole publique, si elle disparaît ( ce qui, au train où vont les choses, ne va pas manquer d’arriver). Sans doute même beaucoup auront-ils souhaité cette disparition, n’y voyant aucun inconvénient, pour pouvoir eux aussi, comme untel et untel dont le nom ne mérite pas d’être cité, vivre « philosophiquement » en vendant de la conférence culturelle à des gogos tout aussi héritiers qu’eux, à raison de 6000 euros la demi-journée.
Non, la montagne de dégoût qui a anéanti Mme Lorne n’est pas du tout inconcevable : il est très facile de l’éprouver et il est très difficile de ne pas y céder. On aimerait souvent, comme Nietzsche, pouvoir trouver un prétexte honnête, une maladie, pour quitter cet affligeant milieu et aller respirer enfin l’air des cimes afin de retrouver le meilleur de l’humanité en discutant contre, tout contre, Platon.

Rédigé par: pamyr | le 03/11/2008 à 19:26

J’étais loin d’être aussi brillant que Mme Lorne, mais je comprend sa souffrance, de six années de sacrifices impossibles à courir après la CNU et une qualification.
L’université française tue la qualité et la compétence, on le sait depuis longtemps. On découvre qu’elle le fait au sens propre.

Rédigé par: Jo | le 03/11/2008 à 19:32

Voilà pour cet article et ses commentaires de lecteurs sur le blog 24 heures Philo.

N’étant pas moi-même universitaire ; et, éprouvant, a contrario _ positivement donc _, pas mal d’estime ; et c’est un euphémisme : beaucoup ! _ personnelle _ pour la plupart des collègues philosophes qu’il m’arrive de fréquenter, notamment au sein de la « Société de philosophie de Bordeaux » ;

je n’en ai que davantage d’aisance à citer ces différents témoignages ci-dessus, sur le blog 24 heures Philo, donc, comme l’expression symptômatique du malaise de toute notre société _ rien moins ! envisagée comme un tout solidaire… _ ; ainsi, ce malaise, que celui des institutions _ l’université, mais plus largement, l’Ecole,

qui ont en chargent d’aider à « se former », « se développer », « s’épanouir », les esprits (et les personnes)…

Malaise face aux valeurs de vérité et de justice…

Montaigne intitulait le premier « essai’ de son troisième et dernier livre d' »Essais » : « De l’utile et de l’honnête« …

J’ai la chance de ne pas disposer de _ ni subir _ un « tempérament » pessimiste ;

il n’empêche ;

je suis, ou/et demeure, « de plus en plus » inquiet

de ce qu’un des commentateurs de l’article publié sur ce blog de François Noudelmann et Eric Aeschimann nomme « le nihilisme européen » _ ou plutôt « occidental » ? voire « mondialisé » ?.. _,

et qui sape les fondements de la confiance de chacun

tant en ses propres forces _ jusqu’à des suicides, tel que celui de cette philosophe de trente neuf ans !… _,

qu’en les autres,

en « le monde »…

Très personnellement, donc,

je me permets ici d’exprimer mon accord avec la « réception », par Laurent Joffrin, dans son (bel) éditorial _ « Yes, he can » _ de Libération le jeudi 6 novembre, de l’élection de Barack Obama à la fonction de présidence des Etats-Unis d’Amérique ;

et l’accès, de fait, de ce dernier _ « beau, jeune et bronzé« , s’est autorisé à proférer l’inénarrable bouffon Berlusconi (un des « toutous » de Busch encore en poste…)  _ à un certain leadership mondial ; et cela, qu’on s’en satisfasse, ou accommode, ou pas ; ou plus ou moins… ;

quand il _ Laurent Joffrin _ débute ainsi son article :

« L’avenir a changé de camp.

Pendant plus de vingt ans, les conservateurs l’avaient annexé.

Ils viennent de le perdre.« 

Car c’est aussi ainsi que j’ai interprété, en un article précédent _ « Sur le réel et le sérieux : le « point » de Paul Krugman sur l’enjeu de l’élection américaine du 4 novembre aux Etats-Unis » _, l’attribution, ce mois d’octobre-ci, du “prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel” à Paul Krugman ;

par comparaison avec l’attribution de ce même “prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel”, en octobre 1976, il y a exactement trente-deux ans, à  Milton Freedman…


J’ose interpréter ces divers événements

comme davantage que seulement un signe,

comme un bien réel sursaut

_ celui que Nietzsche, l' »anti-nihiliste » en chef, appelait si fort de ses voeux, par exemple dans « Ainsi parlait Zarathoustra _ un livre pour tous et pour personne » _,

comme un bien réel sursaut, donc, pour s’extirper de ce « nihilisme« ,

de la « pulsion de mort » mortifère

_ selon Freud (dans ses si essentiels « Essais de psychanalyse« ) ;

qui,

tant sadiquement que masochistement,

sape _ durablement et terriblement : en l’effondrant, à force de l’effriter… _ le sol même sur lequel s’efforcent de marcher, et essaient de se tenir (debout), et d’avancer, les personnes « humaines »…

Bref, à rebours de ce que ce suicide de la philosophe semble montrer

_ plutôt que « démontrer »… _,

je veux voir, en l’élan

_ interprétant le sien, personnel, d' »élan », comme celui d’un peuple entier (le peuple de Walt Whitman, en ses « Feuilles d’herbe« ) qui « se réveille » de ses mauvais rêves (d’alcoolique) _ ;

je veux voir, en l’élan qui porte Barack Obama

_ comme en l’élan qui avait porté, le mardi 8 novembre 1932, Franklin Delano Roosevelt _,

un « espoir » d’inversion _ enfin, depuis trente deux ans !!! (1976) _ de nos valeurs « sociales » :

politiques (à propos du rôle et de la valeur de l’Etat _ et du service public !!! _,

économiques,

culturelles ;

existentielles, in fine

Modestement,

Titus Curiosus, ce 8 novembre 2008

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