Un très juste retour à la ravelienne « L’Heure espagnole » des Siècles et François-Xavier Roth…

— Ecrit le mercredi 13 septembre 2023 dans la rubriqueBlogs, Musiques”.

Ce jour,

un remarquable très juste article de Jean-Luc Clairet sur le site de ResMusica, intitulé « Une heure en Espagne avec François-Xavier Roth et Isabelle Druet« …

Une heure en Espagne avec François-Xavier Roth et Isabelle Druet

Le chef des Siècles poursuit son exploration de l’univers ravélien. Pour L’Heure espagnole, il invite Isabelle Druet à remettre sa Concepción sur le métier discographique. Il fait de même avec le Boléro, qu’il enregistre cette fois dans une instrumentation tout à fait inhabituelle.

En 2016, Isabelle Druet avait déjà gravé avec Leonard Slatkin (CD Naxos) le premier des deux opéras de Maurice Ravel. Pour paraphraser un célèbre critique (il fut rédacteur en chef du seul magazine d’opéra français), elle a exactement « la voix du rôle ».Comme son actuelle consœur Stéphanie D’Oustrac, comme leur aînée à toutes deux : Jane Berbié. La voix qui convient à cette surprenante pantalonnade, qualifiée en son temps de « vaudeville pornographique », aujourd’hui encore toujours désarçonnante pour qui la découvre, mais, à y réfléchir, finalement pas plus inconséquente que la moindre pièce de Feydeau. Ce succès théâtral de Maurice Étienne Legrand (alias Franc-Nohain) avait séduit le compositeur : d’avril à octobre 1907, il en réalisa la preste version musicale piano-chant, et, en 1909, le complet achèvement orchestral. Composée en même temps que la Rhapsodie espagnole, L’Heure espagnole est, comme ce chef-d’œuvre pour orchestre, l’occasion pour Ravel de mettre en note subtiles les fragrances hispanisantes échappées jusqu’à Saint-Jean de Luz, sa villégiature estivale à deux pas de Ciboure, commune où il avait vu le jour. Une miniature (moins de cinquante minutes de musique) mais un grand orchestre pour un scénario souriant qui professe qu’en amour, le tour de chacun arrive tôt ou tard _ voilà ! _, de quelque milieu social que l’on soit : une philosophie de vie qui méritait assurément son opéra.

Entre ses deux soupirants (Don Iñigo Gomez, banquier pesant ; Gonzalve, poète autocentré) et un déménageur dévoué _ Ramiro _ qu’elle fait cavaler entre boutique et chambre, Concepción est une femme qui a fort à faire lorsque son horloger de mari s’absente une heure par semaine. L’héroïne de L’Heure espagnole est une femme entourée d’hommes. De même Isabelle Druet est une cantatrice entourée de la fine fleur virile de l’actuel chant français _ voilà _ : en Don Iñigo Gomez, un Jean Teitgen imposant autant que ravi de s’adonner à l’auto-dérision ; en Gonzalve, un Julien Behr élégant et ivre de sa prose ; en Torquemada, un Loïc Félix mercantile et lucide, tous coiffés au poteau par le Ramiro juvénile de Thomas Dolié, suprême en ravi de la crèche. Les Siècles huilent avec virtuosité les ressorts de cette brève heure d’ horloge que Ravel, dix ans plus tard, complétera par son second opéra _ sur un livret de ColetteL’Enfant et les sortilèges, les deux œuvres, génialement différentes _ oui _, formant un diptyque idéal dont l’on comprend mal qu’ils soient si rarement donnés dans sa globalité à la scène _ en effet.

Si L’Heure espagnole, introduite par une merveilleuse volière de tic-tacs _ oui _, voit son lyrisme systématiquement empêché, inféodé qu’il est au rythme de la conversation _ qui va bon train, oui _, il en va tout autrement pour le Boléro composé vingt ans plus tard : « sans musique », dixit François-Xavier Roth (deux mélodies majeur/mineur et un seul rythme), il n’est que transe hypnotique immortalisant son auteur en charmeur de serpent musical _ oui. Le voici proposé dans une nouvelle édition critique qui réintroduit, à la place de la caisse claire, le tambour (et même deux : initiative qui ferait retrouver le sourire à Jacques Villeret, génial interprète du Batteur du Boléro de Patrice Leconte) : le sarrussophone à la place du contrebasson, et même les castagnettes d’origine, « tous instruments précis pour lesquels Ravel a composé », spécifie encore Roth. Les Siècles rutilent bien évidemment _ oui ! _ dans cette redécouverte….

Maurice Ravel (1875-1937) :

L’Heure espagnole. Loïc Félix, ténor (Torquemada) ; Isabelle Druet, mezzo-soprano (Concepción) ; Julien Behr, ténor (Gonzalve) ; Thomas Dolié, baryton (Ramiro) ; Jean Teitgen, basse (Don Iñigo Gomez) ;

Les Siècles, direction : François-Xavier Roth.

1 CD Harmonia Mundi.

Enregistré à La Seine Musicale, Boulogne-Billancourt les 23 et 24 mars 2021.

Notice de présentation trilingue (français, anglais, allemand).

Durée : 64:36

Un très lucide article, pour un chef d’œuvre de CD.

Ce mercredi 13 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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