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S’entretenir d’interprétations de chefs d’oeuvre de la musique : l’oreille quasi parfaite de Jean-Charles Hoffelé en son Discophilia, à propos, ce matin, du merveilleux « Ravel Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée, avec l’Orchestre National de France _ ou la chance de pouvoir dialoguer un peu, à la lecture, à défaut de vive voix, avec une telle oreille musicale…

16oct

Une confirmation du coup d’éclat éblouissant d’Alexandre Tharaud _ et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : magnifiques, eux aussi… _ dans les deux merveilleux et profonds, par delà leur virtuosité, concertos pour piano et orchestre de Maurice Ravel, en le CD Erato 5054197660719 « Ravel Piano Concertos«  qui vient de paraître vendredi 13 octobre dernier,

avec, au réveil ce lundi matin 16 octobre, le très bel article « Les deux visages » de Jean-Charles Hoffelé _ à la si juste et honnête oreille ! _ sur son si précieux site Discophilia…

Une oreille juste

comme est aussi, tellement de confiance, elle aussi, celle de Vincent Dourthe, mon disquaire préféré ;

et c’est assurément bigrement précieux que de pouvoir s’entretenir un peu précisément et vraiment _ de vive voix, ou à défaut, seulement par dialogue silencieux à la seule lecture… _ avec de tels interlocuteurs sur leur perception ultra-fine, au microscope _ ou stéthoscope musical… _, des interprétations au disque des œuvres de la musique…

Et tout spécialement, bien sûr, à propos de chefs d’œuvre d’interprétations de chefs d’œuvre _ pourtant passablement courus de bien des interprètes, qui s’y affrontent, se confrontent à de tels Everests pour eux, les interprètes… _ de la musique ; comme ici ces deux somptueuses merveilles du somptueux merveilleux _ et hyper-pointilleux et exigeant déjà envers lui-même, à l’écritoire, jusqu’au supplice ! _ Maurice Ravel…

Et je renvoie ici à mon article d’avant-hier samedi 14 octobre :

 

« « …

LES DEUX VISAGES

Cette douleur dans l’assombrissement de l’Adagio assai _ voilà _ qui ira jusqu’au quasi cri _ voilà : Ravel, éminemment pudique, demeure toujours dans de la retenue… _ invite _ voilà _ dans le Concerto en sol l’univers si _ plus évidemment _ noir _ lui _ du Concerto pour la main gauche, et rappelle que les deux œuvres furent écrites _ très étroitement _ en regard _ en 1930-1931 _, et de la même encre _ absolument ! Beaucoup _ d’interprètes _ n’auront pas même perçu cette _ infra-sismique _ tension, jouant tout _ de ce concerto en sol _ dans la même ligne solaire ; Alexandre Tharaud, qui connaît son Ravel par âme, s’y souvient probablement de la vision qu’y convoquait _ en 1959Samson François _ oui : c’est en effet à lui, et à Vlado Perlemuter aussi, que, sur les remarques si fines et compétentes de mon disquaire préféré Vincent Dourthe, je me référais hier dimanche matin, en mon post-scriptum à mon article de la veille, samedi, « «  : références d’interprétations marquantes, s’il en est !  _ et ose ce glas qu’on n’entend jamais _ chez les autres interprètes de ce Concerto en sol.

Mais le Concerto en sol majeur est aussi dans ses moments Allegro cette folie _ oui _ d’un jazz en arc-en-ciel _ débridé, voilà : Ravel avait été très vivement marqué par ce qu’il avait pu percevoir de ce jazz lors de sa grande tournée récente aux États-Unis, du 4 janvier au 21 avril 1928… _ dont le pianiste ne fait qu’une bouchée, swing et échappées belles, toute une enivrante suractivité rythmique _ à la Bartok aussi, autant qu’à la Gershwin ; Maurice Ravel avait fait la connaissance de George Gershwin le 7 mars 1928, lors d’un repas organisé pour son anniversaire chez Eva Gauthier à New-York, ainsi que Ravel en témoigne à Nadia Boulanger en une lettre du lendemain 8 janvier (citée aux pages 1162-1163 de sa « Correspondance » éditée par Manuel Cornejo en 2018 : « The Biltmore New-York 8/3/28 Chère amie, voici un musicien doué des qualités les plus brillantes, les plus séduisantes, les plus profondes peut-être : George Gershwin« , et il ajoutait : « Son succès universel ne lui suffit plus : il vise plus haut. Il sait que pour cela les moyens lui manquent. En les lui apprenant, on peut l’écraser. Aurez-vous le courage, que je n’ose pas avoir, de prendre cette terrible responsabilité ? Je dois rentrer aux premiers jours de mai et irai vous entretenir à ce sujet. En attendant, trouvez ici l’expression de ma plus cordiale amitié. Maurice Ravel« ) _ que pimentent les bois du National menés avec une intense fantaisie _ voilà ! l’orchestre lui aussi brûle… _ par Louis Langrée.

Cet accord magique _ oui, oui, oui _ se renouvelle dans le Concerto pour Wittgenstein, mais dans des nuances de cauchemar _ à la ravelienne Scarbo _, le prestidigitateur s’y fait diable, artificier tragique _ Ravel avait traversé et vécu, comme infirmier, les affres de la Guerre mondiale... _ dont le théâtre est un champ de mines _ oui, qui déchire et découpe les corps, comme ici le bras droit de son commanditaire Paul Wittgenstein…  La guerre de tranchées _ qui fut donc aussi celle de Maurice Ravel _ est partout sous les doigts d’Alexandre Tharaud _ oui ! _, qui convoque _ fort justement _ des visions de charnier, fait tonner son clavier en fureur, rage des traits de mitraillette _ oui, oui, oui _, proposition fascinante _ et tellement juste ! _, suivie au cordeau par un orchestre fantasque _ oui _ aux proclamations démesurées _ oui : quel chef aussi est le magnifique Louis Langrée !

Le jazz s’invite ici aussi _ en effet, en ce concerto pour la main gauche _, mais déformé, amer, acide, osant la charge, le grotesque _ oui ; mais qu’on se souvienne aussi de la formidable viennoise ravelienne Valse de 1919-1920 !.. : une course à l’abîme… _, une parodie de Laideronette, impératrice des pagodes faisant diversion. Quel kaléidoscope ! _ voilà un trait éminemment ravélien… _, qu’Alexandre Tharaud fait tourner à toute vitesse _ telle sa propre viennoise Valse, créée le 12 décembre 1920… _ pour saisir cette folle course à l’abîme _ nous y voilà donc ! cf aussi, en sa course, le plus contenu et retenu, mais tout de même.., Bolero de 1928 _ et mieux suspendre les cadences où seul il élève son chant vers une voie lactée inquiète _ une des boussoles nocturnes de Maurice Ravel, sur son balcon en surplomb de la forêt et face à la nuit de Montfort-l’Amaury…

J’attendais _ moi aussi _ un couplage jazz, le Concerto de Gershwin comme réponse au jazz de Ravel _ certes _, mais non, ce seront les Nuits andalouses de Falla, sauvées de tant de ces lectures affadies qui les inféodent à un pâle debussysme _ voilà qui est fort bien perçu…

Alexandre Tharaud hausse leurs paysages fantasques _ oui _ à l’étiage de ceux _ fantasques eux aussi _ de Ravel, ardant leur con fuoco, tout duende, cambrant la gitane de la Danza lejana, implosant le feu d’artifices d’En los jardines de la Sierra de Córdoba dans l’orchestre flamboyant _ oui _ de Louis Langrée, faisant jeu égal avec les ardeurs osées par Alicia de Larrocha et Eduardo del Pueyo _ oui. Et c’est bien sûr qu’est très profond aussi le tropisme espagnol de Maurice Ravel… Ne serait-ce pas dans les jardins d’Aranjuez que se seraient rencontrés et fait connaissance ses parents, lors de leurs séjours madrilènes ?..

Quel disque ! _ voilà ! voilà ! _, splendidement saisi par les micros de Pierre Monteil _ et il faut en effet saluer aussi la splendide prise de son de cet éblouissant raveliennissime CD…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Concerto pour piano et orchestre en ré majeur, M. 82 (Pour la main gauche)


Manuel de Falla (1876-1946)


Nuits dans les jardins d’Espagne

Alexandre Tharaud, piano
Orchestre National de France
Louis Langrée, direction

Un album du label Erato 5054197660719

Photo à la une : le pianiste Alexandre Tharaud –
Photo : © Jean-Baptiste Millotune _ _ 

Pouvoir dialoguer vraiment si peu que ce soit avec des mélomanes à l’oreille et au goût ultra-fins et ultra-exigeants, mais capables d’enthousiasmes vrais et sincères,

est plus que jamais indispensable,

eu égard à la solitude grandissante des individus que nous sommes devant la misère en expansion, le désert gagne _ cf mon « Oasis (versus désert) », in le « Dictionnaire amoureux de la librairie Mollat« , aux pages 173 à 177 (celui-ci est paru aux Éditions Plon en octobre 2016) ; une contribution redonnée en mon article du 17 juin 2022 : « « , accessible ici.. _, de la plupart des médias _ le plus souvent très pragmatiquement vendus aux plus offrants… _, pour ne rien dire de pas mal des publics...

Car c’est ainsi qu’il arrive parfois un peu heureusement, telle une étape enfin rafraîchissante (et bien évidemment vitale) en une oasis verdoyante en la traversée assoiffante du désert si aride et si morne, que des œuvres de la civilisation _ ici musicale _ rencontrent un infra-minimal plus juste écho qui, en son petit retentissement, les prolonge, et surtout et aussi réanime leur flamme, en un partage irradiant de vraie joie…

Et écouter de telles interprétations de tels chefs d’œuvre de musique fait un immense bien…

Et ces tous derniers temps,

les grandes interprétations, majeures et magistrales, véritablement marquantes, qui ont vu le jour, cette année 2023,

_ celles de « L’Heure espagnole » et du « Bolero » par François-Xavier Roth et ses Siècles _ Harmonia Mundi HMM 905361 _,

_ celle du « Trio pour piano et violoncelle » de 1914 par le Linos Piano Trio _ CAvi-Music 8553526 _,

_ celles de l’intégrale de « L’Œuvre pour piano » du double album par Philippe Bianconi _ La Dolce Volta LDV109.0 _,

_ et maintenant celles du « Concerto en sol » et du « Concerto pour la main gauche » par Alexandre Tharaud, Louis Langrée et l’Orchestre National de France _ Erato 5054197660719 _,

toutes,

savent faire enfin entendre en toute sa clarté et fluidité, allègre, intense, tonique, la puissance incisive et au final impérieuse en son irradiante tendresse, jubilatoire, de Maurice Ravel compositeur…

Une force de plénitude absolument accomplie…

Ce lundi 16 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un très juste retour à la ravelienne « L’Heure espagnole » des Siècles et François-Xavier Roth…

13sept

Ce jour,

un remarquable très juste article de Jean-Luc Clairet sur le site de ResMusica, intitulé « Une heure en Espagne avec François-Xavier Roth et Isabelle Druet« …

Une heure en Espagne avec François-Xavier Roth et Isabelle Druet

Le chef des Siècles poursuit son exploration de l’univers ravélien. Pour L’Heure espagnole, il invite Isabelle Druet à remettre sa Concepción sur le métier discographique. Il fait de même avec le Boléro, qu’il enregistre cette fois dans une instrumentation tout à fait inhabituelle.

En 2016, Isabelle Druet avait déjà gravé avec Leonard Slatkin (CD Naxos) le premier des deux opéras de Maurice Ravel. Pour paraphraser un célèbre critique (il fut rédacteur en chef du seul magazine d’opéra français), elle a exactement « la voix du rôle ».Comme son actuelle consœur Stéphanie D’Oustrac, comme leur aînée à toutes deux : Jane Berbié. La voix qui convient à cette surprenante pantalonnade, qualifiée en son temps de « vaudeville pornographique », aujourd’hui encore toujours désarçonnante pour qui la découvre, mais, à y réfléchir, finalement pas plus inconséquente que la moindre pièce de Feydeau. Ce succès théâtral de Maurice Étienne Legrand (alias Franc-Nohain) avait séduit le compositeur : d’avril à octobre 1907, il en réalisa la preste version musicale piano-chant, et, en 1909, le complet achèvement orchestral. Composée en même temps que la Rhapsodie espagnole, L’Heure espagnole est, comme ce chef-d’œuvre pour orchestre, l’occasion pour Ravel de mettre en note subtiles les fragrances hispanisantes échappées jusqu’à Saint-Jean de Luz, sa villégiature estivale à deux pas de Ciboure, commune où il avait vu le jour. Une miniature (moins de cinquante minutes de musique) mais un grand orchestre pour un scénario souriant qui professe qu’en amour, le tour de chacun arrive tôt ou tard _ voilà ! _, de quelque milieu social que l’on soit : une philosophie de vie qui méritait assurément son opéra.

Entre ses deux soupirants (Don Iñigo Gomez, banquier pesant ; Gonzalve, poète autocentré) et un déménageur dévoué _ Ramiro _ qu’elle fait cavaler entre boutique et chambre, Concepción est une femme qui a fort à faire lorsque son horloger de mari s’absente une heure par semaine. L’héroïne de L’Heure espagnole est une femme entourée d’hommes. De même Isabelle Druet est une cantatrice entourée de la fine fleur virile de l’actuel chant français _ voilà _ : en Don Iñigo Gomez, un Jean Teitgen imposant autant que ravi de s’adonner à l’auto-dérision ; en Gonzalve, un Julien Behr élégant et ivre de sa prose ; en Torquemada, un Loïc Félix mercantile et lucide, tous coiffés au poteau par le Ramiro juvénile de Thomas Dolié, suprême en ravi de la crèche. Les Siècles huilent avec virtuosité les ressorts de cette brève heure d’ horloge que Ravel, dix ans plus tard, complétera par son second opéra _ sur un livret de ColetteL’Enfant et les sortilèges, les deux œuvres, génialement différentes _ oui _, formant un diptyque idéal dont l’on comprend mal qu’ils soient si rarement donnés dans sa globalité à la scène _ en effet.

Si L’Heure espagnole, introduite par une merveilleuse volière de tic-tacs _ oui _, voit son lyrisme systématiquement empêché, inféodé qu’il est au rythme de la conversation _ qui va bon train, oui _, il en va tout autrement pour le Boléro composé vingt ans plus tard : « sans musique », dixit François-Xavier Roth (deux mélodies majeur/mineur et un seul rythme), il n’est que transe hypnotique immortalisant son auteur en charmeur de serpent musical _ oui. Le voici proposé dans une nouvelle édition critique qui réintroduit, à la place de la caisse claire, le tambour (et même deux : initiative qui ferait retrouver le sourire à Jacques Villeret, génial interprète du Batteur du Boléro de Patrice Leconte) : le sarrussophone à la place du contrebasson, et même les castagnettes d’origine, « tous instruments précis pour lesquels Ravel a composé », spécifie encore Roth. Les Siècles rutilent bien évidemment _ oui ! _ dans cette redécouverte….

Maurice Ravel (1875-1937) :

L’Heure espagnole. Loïc Félix, ténor (Torquemada) ; Isabelle Druet, mezzo-soprano (Concepción) ; Julien Behr, ténor (Gonzalve) ; Thomas Dolié, baryton (Ramiro) ; Jean Teitgen, basse (Don Iñigo Gomez) ;

Les Siècles, direction : François-Xavier Roth.

1 CD Harmonia Mundi.

Enregistré à La Seine Musicale, Boulogne-Billancourt les 23 et 24 mars 2021.

Notice de présentation trilingue (français, anglais, allemand).

Durée : 64:36

Un très lucide article, pour un chef d’œuvre de CD.

Ce mercredi 13 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une bien belle année discographique Ravel 2023 : 6 passionnants articles du Discophilia de Jean-Charles Hofffelé, qui m’ont porté à me procurer les CDs ainsi superbement chroniqués…

02août

Découvrir au jour le jour les récentes parutions discographiques, n’est pas chose forcément très aisée…

En plus de magazines tels que « Diapason » ou « Classica« ,

et en plus, biensûr, de fréquents passages _ et entretiens avisés et ultra-compétents : de confiance ! _ chez mon disquaire préféré _ Vincent Dourthe a l’oreille musicale quasi infaillible !!! Et nous nous trouvons vraiment très rarement en désaccord… _,

existent les sites accessibles sur le web,

tels le Discophilia (d’Artamag), de Jean-Charles Hoffelé, ArsMusica ou Crescendo, que je consulte quotidiennement…

Aujourd’hui,

je tiens à saluer la qualité d’excellence des régulières chroniques de la discographie ravélienne de Jean-Charles Hoffelé ;

dont je vais ici donner les liens à 6 articles, parus entre le 14 mai dernier et le dernier, tout récent, à la date d’hier 1er août 2023 :

_ l’article « Nocturnes« , en date du 1er août 2023, à propos du CD « Correspondances Enescu Ravel Scott » (le CD Antartica Records AR 043),

par le pianiste Christian Sandrin,

et comportant de Maurice Ravel « Miroirs«  M. 43 ;    

_ l’article « Poèmes et Contes« , en date du 19 juillet 1023, à propos du CD « Poétiques de l’instant II Ravel Mantovani » (le CD Alpha 933),

par le Quatuor Voce, ainsi que Juliette Hurel, flûte, Rémi Delangle, clarinette, et Emmanuel Ceysson, harpe,

et comportant de Maurice Ravel le « Quatuor à cordes en fa majeur » M. 35, ainsi que « Ma mère l’oye » M. 60, et « Introduction et Allegro » M. 46, en transcriptions pour septuor d’Emmanuel Ceysson ;        

_ l’article « Pour le disque« , en date du 12 juillet 2023, à propos du CD « Hough, Dutilleux & Ravel String Quartets » (le CD Hyperion CDA68400),

par le Quatuor Takacs,

et comportant de Maurice Ravel le « Quatuor à cordes en fa majeur » M. 35 ;       

_ l’article « Les deux mondes« , en date du 5 juillet 2023, à propos du CD « D’un matin de printemps Saint-Saëns Ravel Boulanger » (le CD Mirare MIR 564),

par le Trio Hélios,

et comportant de Maurice Ravel le « Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur » M. 67 ;    

_ l’article « Fantaisie française« , en date du 16 juin 2023, à propos du CD « Maurice Ravel L’Heure espagnole Bolero » (le CD Harmonia Mundi HMM 905361),

par Les Siècles sous la direction de Fançois-Xavier Roth,

et comportant de Maurice Ravel « L’Heure espagnole » M. 52 et le « Bolero » M. 81 ;      

_ et l’article « En trio« , en date du 24 mai 2023, à propos du CD « Maurice Ravel In search of Last Dance » (le CD CAvi music 8553526),

par le Linos Piano Trio,

et comportant de Maurice Ravel le « Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur » M. 67, et, en transcriptions pour trio avec piano, la « Pavane pour une infante défunte » M 19 et « Le Tombeau de Couperin » M. 68.     


De telles très heureuses interprétations renouvellent ainsi magnifiquement notre réception, de mieux en mieux acérée, de la musique plus que jamais merveilleuse de Maurice Ravel,

en nous offrant, par leur jeu subtil, profond, et juste, une perception toujours plus raffinée et précise de l’idiosyncrasie _ en la plénitude de sa verve la plus pure, et en chaque œuvre si diverse… _ du génie musical du compositeur (1875 – 1937) cibourien…

Et de telles médiations, qu’elles soient par la lecture d’articles pertinents, ou par de vivants entretiens et de vivantes écoutes de CDs, constituent un indispensable maillon de la curiosité, et de la qualité juste et affinée de l’écoute et de la réception esthétique…

Et sans ces maillons-là, la culture vraie s’asphyxie…

Au profit du désert et de la barbarie.

Ce mercredi 2 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Revisiter Ravel : la désormais incontournable « revisitation » de l’oeuvre subtilissime de Maurice Ravel ; un retour sur la renversante éblouissante réussite du CD « Maurice Ravel – In search of Lost Dance » du Linos Piano Trio…

14juil

Revisiter Ravel : la désormais incontournable « revisitation » de l’œuvre subtilissime de Maurice Ravel ; un retour sur la renversante éblouissante réussite du CD « Maurice Ravel – In search of Lost Dance » du Linos Piano Trio… :

ainsi le choix, ce jour, de ce titre d’article pour poursuivre dans l’élan, hier, de mon un peu trop bref « « …

Oui,

j’éprouve le besoin de venir donner un peu plus de précisions ici sur l’absolument réussi, et même éblouissant, renouveau actuel de l’interprétation de la musique de Maurice Ravel ;

et tout particulièrement d’œuvres de lui un degré de plus subtiles encore, que bien d’autres, tel, et après la renversante Heure espagnole M. 52 de François-Xavier Roth _ cf mes articles du 27 juin «  » et 18 juin «  » derniers…  _le bouleversant Trio pour piano en la majeur M. 67 du Linos Piano Trio,

pour des œuvres du catalogue de Ravel pas assez bien servies _ comparées à pas mal d’autres, mieux « attrapées« , elles, en leur si fin esprit, si singulier… _, jusqu’ici, au disque…

..

Venir revisiter l’œuvre la plus subtile et délicate à vraiment bien « attraper » et « saisir » du génie musical si singulier de Maurice Ravel, 

tel est en effet le défi que viennent merveilleusement relever ces derniers temps au disque les meilleurs interprètes d’aujourd’hui,

tel ce Linos Piano Trio, dans le répertoire de musique de chambre, avec ce stupéfiant CD « Maurice Ravel – In search of Lost Dance« , le CD CAvi-Music 8553526,

comme Les Siècles de François-Xavier Roth, dans le répertoire symphonique et opératique, avec leur tout neuf lui aussi brillantissime « L’Heure espagnole – Bolero« , le CD Harmonia Mundi HMM 905361…

Surtout,

j’aurais dû ne pas me contenter de seulement renvoyer à l’article _ excellent !!! _ « En trio » de Jean-Charles Hoffelé, mais le donner in extenso,

ainsi qu’un peu le commenter, de mes menues farcissures _ en vert _ :

EN TRIO

La Pavane, le Tombeau de Couperin, le Trio, les Linos les réunissent sous l’idée de la danse _ voilà, comme l’indique le titre si bien choisi « In search of the Lost Dance » de leur album _, et s’approprient _ et merveilleusement, rien moins ! _ dans des arrangements aussi sensibles que brillants _ voilà : les deux ! _ les deux premiers.

Dès les accords initiaux du Trio, le son _ très impressionnant, en effet _ du Érard _ Grand Concert de 1882 _ nous plonge dans l’univers de Montfort-l’Amaury, musique des songes, balcon ouvert sur la forêt, comme si Ravel était au piano ; illusion !, Ravel n’acquerra sa délicieuse bicoque qu’en 1921, le Trio _ achevé de composé, à Saint-Jean-de-Luz, au mois d’août 1914 _ et le Tombeau de Couperin _ dont les 6 pièces (Prélude, Fugue, Forlane, Rigaudon, Menuet et Toccata) ont été composées entre 1914 et 1917  _ cernent la Grande Guerre, la Pavane _ de 1899 _ remonte au siècle précédent, mais les teintes de ce Érard, la sonorité si colorée et élégante _ oui _ du violon (une copie d’un Guarneri _ de 1743 _ signée Peter Greiner), le ton intime _ oui _ du magnifique violoncelle napolitain des années 1880 que joue Vladimir Waltham avec tant de poésie nostalgique _ oui _, font que l’on a vraiment la sensation _ parfaite ! _ de se trouver dans le salon de Ravel _ et, outre l’art parfait des trois magnifiques interprètes que sont, au piano, Prach Boondiskulchok, au violon, Konrad Elias-Trostmann, et au violoncelle, Vladimir Waltham, le charme de ces instruments anciens ou copies d’anciens est lui aussi assurément très opérant en le stupéfiant succès de cette éblouissante réalisation discographique… 

L’interprétation est merveilleuse _ voilà, c’est dit ! _, un rien océanique et donc un peu fauréenne (le Modéré, même la Passacaille ! après tout l’œuvre fut conçue à Ciboure _ non, à Saint-Jean-de-Luz, de fin juin à fin août 1914, à la maison Ongi Ethori, 23 rue Sopite, où réside alors Ravel (ainsi que sa Corrrespondance, de la page 374 à la page 388 de la somme magnifique publiée par Manuel Cornejo, en fait parfaitement foi)… _, face à l’Atlantique), une pointe de fantasque _ oui : un trait éminemment ravelien ! _ anime un fabuleux _ oui !Pantoum _ écoutez et regardez ici ! _ porté par les registres si contrastés du Erard, un Final solaire _ absolument ! c’est un sommet !!! _ , merveille qui redistribue _ mais oui ! et c’est là-dessus que je désire en effet mettre l’accent ici ! _ les cartes d’une discographie abondante (et qui à mon goût a été dominée jusque-là par le grand geste _ en octobre-novembre 1970 _ de Georges Pludermacher, Gérard Jarry et Michel Tournus pour EMI Classics).

Et les arrangements ? Celui de la Pavane est sage, mais décidément bien vu _ oui ! _, celui du Tombeau absolument _ oui, oui ! _ réussi en ce qu’il habille _ pour ce Trio _ la version pour le seul piano sans regarder la version orchestrale, du moins pour les mouvements qu’a choisi d’y transporter le compositeur. Les trois amis s’autorisent des libertés prouvant qu’ils ont tout compris _ oui ! et l’esprit ravelien est bien tout entier là !!! en dépit de l’avis de Roger Nichols, hostile à ces « libertés« , en son article « Ravel – In Search of Lost Dance (Linos Piano Trio)«  du 14 juin dernier sur le site de Classical Music… _ de ce TombeauRavel évoque pudiquement _ comme toujours, mais avec un engagement parfaitement sensible… _ ses morts de la Grande Guerre _ Jacques Charlot, Jean Cruppi, Gabriel Deluc, Pierre et Pascal Gaudin (ses amis luziens), Jean Dreyfus et Joseph de Marliave (l’époux de Marguerite Long) _ en célébrant l’esprit français _ d’où cette belle et noble référence-hommage du titre à Couperin. Même la difficile Fugue est une réussite, et écoutez les effets de « chats » dans la Forlane, clins-d’œil sonores à L’Enfant et les sortilèges ! _ à venir : l’œuvre sera composée, sur le livret de Colette, de 1919 à 1925 : « la seconde et dernière fantaisie lyrique de Ravel, après L’Heure espagnole (1907)« 

L’imagination au pouvoir, vertu ravélienne s’il en est, _ oui _ enchante _ et voilà le mot qui dit tout ! _ ce disque.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Trio pour piano, violon et violoncelle en la mineur, M. 67
Pavane pour une infante défunte, M. 19 (arr. pour trio : Linos Trio Piano)
Le Tombeau de Couperin,
M. 68 (arr. pour trio : Linos Trio Piano)

Linos Piano Trio
(sur instruments d’époque)

Un album du label CAvi-Music 8553526

Photo à la une : l’ensemble Linos Piano Trio – Photo : © Tim Mintiens

Ce somptueux CD du Linos Piano Trio

constituant désormais un incontournable absolu de la discographie ravelienne…

Ce vendredi 14 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Julien Behr : « solaire et élégant, puissant et délicat, charmant et profond », ou la confirmation de son éclatant talent de ténor de demi-caractère dans l’épatantissime CD « Confidence » (Alpha 401, en 2018)…

29juin

En éclatante confirmation

de ce que m’avait révélé le merveilleux tout récent CD « L’Heure espagnole – Bolero«  _ de Maurice Ravel _ par le flamboyant François-Xavier Roth et Les Siècles _ soit le CD Harmonia Mundi HMM 905 361 _ ;

cf l’enthousiasme jubilatoire de mon article «  » du 20 juin dernier,

voici ce jeudi 29 juin,

que l’écoute plus que ravie de l’épatantissime CD « Confidence » (Alpha 401) de Julien Behr, avec Pierre Bleuse dirigeant l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, un CD paru le 28 septembre 2018 _ CD que je m’étais empressé de commander illico presto à mon disquaire préféré… _,

me fait complètement adhérer à ce qui en a été dit, lors de la parution de ce CD, à l’automne 2018, sur le site »OperaOnline.com« , sous le titre « Chronique d’album : Julien Behr, Confidence« , pour qualifier la prestation magnifique de ce formidable charismatique ténor de demi-caractère qu’est Julien Behr… :

« le timbre solaire et élégant de Julien Behr, à la fois puissant et délicat, charmant et profond. Ajoutons à cela une diction qui frôle l’exemplarité. (…) Il devient difficile de ne pas succomber à cet enregistrementt balayant près d’un siècle de musique » _ française romantique : le CD a aussi bénéficié des conseils très avisés du Palazzetto Bru-Zane, dont le directeur, l’excellent Alexandre Dratwicki, signe le très riche texte de présentation du livret de ce CD « Confidence« 

Quelle présence ! Quel charme !

Et je rappelle à nouveau ici, au passage, le témoignage absolument décisif de la prestation magnifique tout spécialement de Julien Behr, en bachelier-poète Gonzalve, que nous offre l’enthousiasmante vidéo de l’enregistrement de la scène finale de « L’Heure espagnole » de Maurice Ravel, avec ses quatre collègues chanteurs _ Isabelle Druet, Loïc Félix, Jean Teitgen, Thomas Dolié _, et Les Siècles, sous la direction justissime, clarissime _ en son ultra-fin irrésistible esprit français… _, et enivrante de vie, de François-Xavier Roth…

 

Ce jeudi 29 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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