Face au stupéfiant du réel, le souci de tenir-réponse-révélation crépitant de la poésie : un entretien avec Jean-Paul Michel à la Station Ausone
14mai
Vendredi 3 mai dernier,
Jean-Paul Michel m’a fait la joie
d’être son interlocuteur, à la Station Ausone,
pour un entretien (vidéocasté, et podcasté, de 82′) présentant trois livres
importants pour lui :
…
C’est à ce qui vient, là,
nous saisir-prendre,
…
face au réel
_ présent (en personne, allais-je presque dire ! et nous défiant de le saisir-penser-pénétrer vraiment-connaître…) ;
ou à l’expérience implacablement marquante de son puissant souvenir, du moins,
aussi formidablement vivant pour nous, alors, que présentement extrêmement actif encore,
et terriblement incitatif ! en son défi, justement ! _,
…
que la poésie _ c’est-à-dire le poème lui-même qui survient,
ou plutôt survenant, le poème ;
car c’est au participe présent que toute la grâce de l’opération en nous,
et par nous qui le pensons et l’écrivons,
est en train de se passer… _
…
que la poésie-le poème
tente de _ s’essaie à,
en un certain affolement (inspirant, si l’on veut) vertigineux de tous nos sens,
quasi asphyxiant pour le souffle, nous respirons à peine,
à tenter de saisir-capter-retenir-faire revenir un peu, là, sur le champ ;
mais c’est aussi extraordinairement euphorisant
et transportant-élevant-envolant ! _ ;
…
que le poème
tente de donner
_ et puis donner à partager à quiconque, en suite, sera en situation (tellement improbable et si rare a priori, comme a posteriori ) de l’écouter, ou le lire vraiment,
en s’y branchant entièrement, de tous les sens de son corps (pris, le corps, en l’acception la plus large)
à son tour… _
…
l’incandescente réponse _ le feu à survenir-retrouver-recouvrer-raviver
des braises qui reposaient-dormaient-veillaient, là, encore timidement et humblement, sous la cendre, de la parole captée au vol
parce que tant bien que mal, et avec les moyens disponibles, de bric et de broc !, du bord
(soient les ressources vives du langage, pour ce qui est du poème),
cette parole prononcée
enregistrée ou écrite : gardée _
…
de son _ propre _ feu à lui
_ en tentative désespérée de réponse au feu premier
d’un incroyable (incalculé) moment du réel survenu et éprouvé, et puis ressouvenu, conservé,
de ce qu’il faut bien nommer, probablement improprement, une expérience poétique subie
et en même temps un peu cultivée aussi ; et nous défiant :
car on apprend quand même, et plus ou moins à son corps défendant,
à s’y faire un peu, et tant bien que mal ;
car parfois aussi (voire souvent) ça rate !.. Il faut recommencer !
Mais c’est toujours midi, le grand midi, midi le juste ! qui vient sonner,
quand nous osons essayer de répondre si peu que ce soit à ce défi-là…
…
que le poème
tente de
donner
l’incandescente réponse
de son feu à lui
…
musicalement noté…
…
…
Car « ça crépite sous les pylônes« ,
…
pour retenir _ et glorifier un peu : avec forcément humilité _
le mot si juste _ comme toujours _ de l’ami Pierre
Bergounioux…
…
…
Et il arrive, mais oui, parfois,
que ça « matche« …
…
…
Ce mardi 14 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa