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En poursuivant ma lecture enchantée du « Livre des amis » de Jean Clair, en son écriture splendide de lucidité, justesse et poésie…

23fév

En poursuivant ma lecture enchantée du « Livre des amis » de Jean Clair,

dont j’avais dernièrement rendu compte en mon article du 11 février dernier « « 

_ mes articles précédents dataient du 24 janvier « « , du 26 janvier «  » et du 28 janvier « « ... _,

je viens, ce vendredi 23 février 2024, d’en lire 8 nouveaux articles,

et dans cet ordre-ci de lecture :

_ l’article absolument magnifique (!), de 1993, « Équilibres et envols« , consacré à l’œuvre de la sculptrice Roseline Granet (1936)

_ le très bel article, mâtiné de mélancolie, de 2011, « Philippe Roman en Engadine« , consacré à l’œuvre du peintre Philippe Roman (1927 – 1999)

_ l’article assez intrigant, de 1992, « Speculum mundi« , consacré à l’œuvre du peintre Paolo Vallorz (1931 – 2017)

_ l’article, de 2018, « Les Vies silencieuses », consacré à l’œuvre du peintre Xavier Valls (1923 – 2006) _ et qui m’évoque l’extraordinaire, et catalan, lui aussi, Federico Mompou, un compositeur à nul autre pareil…

_ le passionnant et très éclairant article, de 1981, « Réflexions sur la sculpture à propos et en l’honneur de Joseph Erhardy« , sculpteur (1928 – 2012), 

_ l’article, de 2008, « La Brûlure de l’encre« , consacré à l’œuvre du peintre Pierre Alechinsky (1921)

_ l’article, une analyse magnifique, de 2003, « Kairos. La notion de moment décisif dans l’œuvre de Cartier-Bresson« , consacré à Henri Cartier-Bresson (1908 – 2004), photographe 

_ l’article, de 1982, « Petite métaphysique de la photographie« , consacré lui aussi à l’œuvre de Henri Cartier-Bresson (1908 – 2004)

L’écriture de Jean Clair y est constamment splendide de lucidité , de poésie, et, bien sûr, de justesse…

À suivre…

Ce vendredi 23 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sublime Piotr Anderszewski dans le profond de la poésie d’un programme « Janacek – Szymanowski – Bartok », comme je les aime…

27jan

Le toucher de piano de Piotr Anderszewki est très souvent magnifique : sa douceur, sa justesse la plus intime.

Avec son CD « Janacek – Szymanowski – Bartok« , le CD Warner Classics 5054197891274

qui vient récemment de paraitre,

une nouvelle fois Piotr Anderszewski nous comble…

Et tout spécialement, outre, et d’abord bien sûr, son magique toucher, par son confondant art de choisir les pièces de son programme, ainsi que leur ordre d’apparition, et d’ordonner l’éblouissante composition _ exclusivement musicale ! _ de celui-ci :

ici du Janacek de 1911 au Szymanowski de 1924, et du Szymanowski de 1924 au Bartok de 1908…

Le magistral résultat musical _ tout en humilité et naturelle évidence _ de ce magique CD est confondant de beauté !

C’est l’article, le 13 janvier dernier, de Pierre-Jean Tribot dans Crescendo, intitulé « Piotr Anderszewski, le promeneur songeur des sentiers escarpés« , qui m’a appris l’existence de ce nouveau CD du pianiste polonais…

Voici donc cet excellent compte-rendu :

Piotr Anderszewski, le promeneur songeur des sentiers escarpés

LE 13 JANVIER 2024 par Pierre Jean Tribot

Leoš Janáček (1854-1928) : Sur un sentier recouvert, Livre II ;

Karol Szymanowski(1882-1937) : Extraits des 20 Mazurkas, Op.50 M.56 ;

Béla Bartók (1881-1945) : 14 Bagatelles, Op.6 Sz.38.

..

Piotr Anderszewski, piano. 2016.

Livret en : français, anglais et allemand.

63’12.

5054197 891274.

Piotr Anderszewski est un artiste unique _ probablement, oui _ par la singularité des propositions musicales qu’il élabore. Chacun de ses disques est attendu par les commentateurs toujours heureux de stimuler leurs neurones avec des objets qui sont l’incarnation d’un véritable travail et d’une réflexion sur les œuvres et leurs combinaisons _ voilà : le programme est admirablement composé…

Dès lors, c’est avec grande satisfaction que l’on ouvre cet album que Warner a bien pris le temps de faire mûrir dans ses caves….car enregistré en _ octobre _ 2016 à Varsovie et _ en juillet-août 2023 à _ Berlin, ce disque ne sort curieusement que maintenant _ en janvier 2024.  On espère donc tenir un millésime musical de choix !

Ce qui séduit _ complètement ! _ avec le jeu de Piotr Anderszewski, c’est sa capacité à cerner l’essence et le ton _ spécifique _ des pièces, souvent courtes ou brèves, de rentrer au plus profond des musiques tout en marquant les césures, les différences et les contrastes _ c’est là parfaitement vu ! Dans le Cahier n°2 de Sur un sentier recouvert (Po zarostlém chodníčku) de Leoš Janáček _ ce cahier a été composé en 1911…  _, l’artiste nous mène avec sens des images au travers de cette balade. Sa conception n’est ni trop scolaire, ni trop aride et vise à une fluidité du jeu et une grande variété des couleurs et du jeu. Ce promeneur solitaire rêve _ avec une ultra-douce sensualité éperdue… _ au fil des paysages. On monte _ peut-être, ou peut-être pas….. _ encore d’un cran avec les extraits des Mazurka _ les 6 choisies ici par Piotr Anderszewki datent de 1924… _ de Karol Szymanowski ou le cycle des Bagatelles de Béla Bartók _ des pièces elles-mêmes de climats très distincts, fortement contrastés ; ces 14 Bagatellles Op. 6 ont été composées en 1908 ... La densité du piano compose un dramatisme de tous les instants, que ce soit avec une forme d’élégance racée pour les pièces du Polonais _ quelle magie ! _ et une variété des tons anguleux et énergiques _ quelle force ! _ pour celles du Hongrois. On a ainsi rarement entendu des Bartók plus justes, radicaux certes, mais foncièrement humains, rythmés mais émouvants, savoureux mais rigoureux.

Le déception de ce disque _ mais est-elle de la responsabilité de l’interprète ? _ vient d’un livret très bref : un seul paragraphe de la main du pianiste qui nous dit placer ces partitions sous le signe de la rébellion, ce qui n’est pas le qualificatif qui nous vient à l’esprit _ en effet : le livret est manifestement baclé… _ à la mise en relief _ si artiste et juste à la fois : quel degré de poésie est ici atteint ! _ de ces partitions.

Mais cet album saura combler les nombreux admirateurs du pianiste et hisse aux sommets l’art de l’interprétation de Karol Szymanowski et de Béla Bartók _ et de Janacek aussi ; et ici, je ne partage pas, mais alors pas du tout, le ressenti de Pierre-Jean-Tribot : la tendresse presque insoutenable à l’audition répétée de l’interprétation de ce Janacek-ci par Piotr Anderszewski, est probablement même le sublime sommet de ce sublimissime CD ! ;

écoutez donc ici l’Andante (3′ 45), l’Allegretto (3′ 58), le Vivo (2′ 17), le Piu mosso (2′ 38) et l’Allegro (6′ 22) de ce superbe Livre II du si poétique « Sur un sentier broussailleux«  de Leos Janacek …

Son : 9  Notice : 4  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Et en effet, c’est très très beau !

Ce samedi 27 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ré-écouter et re-comparer diverses interprétations du chef d’oeuvre « Dans les brumes » de Leos Janacek, au regard, aujourd’hui, de la poésie si intense et juste du piano ultra-sensible et fort de Benedek Horvath…

20oct

Dans la poursuite des réflexions de mon article d’hier «  » à propos de mon émerveillement pour le piano justissime de Benedek Horvath _ né à Budapest en 1989, Benedek Horvath avait donc 27 ans lors de l’enregistrement, à Paris, au mois de novembre 2018, de son merveilleux CD « Bartok, Janacek & Kurtag » Artalinna ATL 025 _,

je me décide ce matin à comparer, à l’écoute des divers CDS, son sublime « Dans les brumes« , ce chef d’œuvre transcendant de Leos Janacek, avec les interprétations précieusement thésaurisées de ma part en ma discothèque personnelle de

_ Rudolf Firkusny (à Munich en 1971, pour Deutsche Grammophon, et à New-York en 1989, pour RCA),

_ Radosval Kvapil (à Paris en 1989 pour Adda),

_ Alain Planès (à Aulnay-sous-Bois en 1994 pour Harmonia Mundi),

_ Leif Ove Andsnes (à Snape – Suffolk en 1995 pour Virgin Classics),

_ Cathy Krier (à Luxembourg en 2013 pour CAvi-Music)

_ ou encore Lars Vogt (à Cologne en 2020 pour Ondine)…

Ce qui incidemment me renvoie aussi à un article mien du 13 mars 2022 : «  » :

Ecouter et comparer diverses interprétations de « Dans les Brumes » de Leos Janacek…

— Ecrit le dimanche 13 mars 2022 dans la rubriqueMusiques

Je me suis demandé à laquelle des interprétations de « Dans les brumes » de Leos Janacek (Hukvaldy, Moravie, 3 juillet 1854 – Ostrava, Moravie, 2 août 1928) que ma discothèque comporte, allait ma préférence :

Rudolf Firkusny (en 1971 et 1989) ? Radoslav Kvapil (en 1989) ? Leif Ove Andsnes (en 1990) ? Alain Planès (en 1994) ? Cathy Krier (en 2013) ?

Ou bien à la plus récente d’entre elles (en 2021) : celle de Lars Vogt ?..

Le génie si idiosyncrasique de Leos Janacek est terriblement malaisé à « attraper » par les interprètes qui osent se frotter à sa musique…

Pour ma part, déjà, je préfère le quelque chose de plus légèrement râpeux de Radoslav Kavpil (Brno, Moravie, 15 mars 1934) à l’élégance irrépressible et magnifique de Rudolf Firkusny (Napadjedl, Moravie, 11 février 1912 – Staatsbourg, New-York, 19 juillet 1996) ;

et tous deux sont eux aussi moraves…

Dans mon article du 10 janvier 2018 (« « ), j’avais exprimé une certaine admiration pour le talent très probe et vif de Cathy Krier (Luxembourg, 17 janvier 1985), dans son double album Janacek…

….

Et j’aime aussi beaucoup l’art toujours très juste d’Alain Planès (Lyon, 20 janvier 1948) : en son CD Janacek, également… 

Et Leif Ove Andsnes (Karmøy, 7 avril 1970) est vraiment très bien lui aussi, assez proche de l’élégance rêveuse, morave, de Rudol Firkusny…

Mais Lars Vogt (Düren, 8 septembre 1970) est absolument fidèle à l’idiosyncrasie incisive, à l’occasion râpeuse, et tendre sans le moindre pathos, de Leos Janacek…

Ce dimanche 13 mars 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un article d’il y a 18 mois qu’il me faut, à la réécoute aujourd’hui de ces diverses interprétations, et comparativement au jeu absolument justissime de Benedek Horvath,

nécessairement revoir et ajuster…

Et je dois dire que l’interprétation live, de novembre 2018, de Benedek Horvath touche le cœur le plus intime de la poésie à la fois incisive et tendre, tragique aussi, de Leos Janacek : un vrai miracle d’intelligence et sensibilité du pianiste ;

nous frémissons à ressentir sur la peau les gouttelettes des brumes nimbant le paysage ouateux et mouvant des vallons et tourbières de Moravie…

Ce vendredi 20 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

S’entretenir d’interprétations de chefs d’oeuvre de la musique : l’oreille quasi parfaite de Jean-Charles Hoffelé en son Discophilia, à propos, ce matin, du merveilleux « Ravel Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée, avec l’Orchestre National de France _ ou la chance de pouvoir dialoguer un peu, à la lecture, à défaut de vive voix, avec une telle oreille musicale…

16oct

Une confirmation du coup d’éclat éblouissant d’Alexandre Tharaud _ et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : magnifiques, eux aussi… _ dans les deux merveilleux et profonds, par delà leur virtuosité, concertos pour piano et orchestre de Maurice Ravel, en le CD Erato 5054197660719 « Ravel Piano Concertos«  qui vient de paraître vendredi 13 octobre dernier,

avec, au réveil ce lundi matin 16 octobre, le très bel article « Les deux visages » de Jean-Charles Hoffelé _ à la si juste et honnête oreille ! _ sur son si précieux site Discophilia…

Une oreille juste

comme est aussi, tellement de confiance, elle aussi, celle de Vincent Dourthe, mon disquaire préféré ;

et c’est assurément bigrement précieux que de pouvoir s’entretenir un peu précisément et vraiment _ de vive voix, ou à défaut, seulement par dialogue silencieux à la seule lecture… _ avec de tels interlocuteurs sur leur perception ultra-fine, au microscope _ ou stéthoscope musical… _, des interprétations au disque des œuvres de la musique…

Et tout spécialement, bien sûr, à propos de chefs d’œuvre d’interprétations de chefs d’œuvre _ pourtant passablement courus de bien des interprètes, qui s’y affrontent, se confrontent à de tels Everests pour eux, les interprètes… _ de la musique ; comme ici ces deux somptueuses merveilles du somptueux merveilleux _ et hyper-pointilleux et exigeant déjà envers lui-même, à l’écritoire, jusqu’au supplice ! _ Maurice Ravel…

Et je renvoie ici à mon article d’avant-hier samedi 14 octobre :

 

« « …

LES DEUX VISAGES

Cette douleur dans l’assombrissement de l’Adagio assai _ voilà _ qui ira jusqu’au quasi cri _ voilà : Ravel, éminemment pudique, demeure toujours dans de la retenue… _ invite _ voilà _ dans le Concerto en sol l’univers si _ plus évidemment _ noir _ lui _ du Concerto pour la main gauche, et rappelle que les deux œuvres furent écrites _ très étroitement _ en regard _ en 1930-1931 _, et de la même encre _ absolument ! Beaucoup _ d’interprètes _ n’auront pas même perçu cette _ infra-sismique _ tension, jouant tout _ de ce concerto en sol _ dans la même ligne solaire ; Alexandre Tharaud, qui connaît son Ravel par âme, s’y souvient probablement de la vision qu’y convoquait _ en 1959Samson François _ oui : c’est en effet à lui, et à Vlado Perlemuter aussi, que, sur les remarques si fines et compétentes de mon disquaire préféré Vincent Dourthe, je me référais hier dimanche matin, en mon post-scriptum à mon article de la veille, samedi, « «  : références d’interprétations marquantes, s’il en est !  _ et ose ce glas qu’on n’entend jamais _ chez les autres interprètes de ce Concerto en sol.

Mais le Concerto en sol majeur est aussi dans ses moments Allegro cette folie _ oui _ d’un jazz en arc-en-ciel _ débridé, voilà : Ravel avait été très vivement marqué par ce qu’il avait pu percevoir de ce jazz lors de sa grande tournée récente aux États-Unis, du 4 janvier au 21 avril 1928… _ dont le pianiste ne fait qu’une bouchée, swing et échappées belles, toute une enivrante suractivité rythmique _ à la Bartok aussi, autant qu’à la Gershwin ; Maurice Ravel avait fait la connaissance de George Gershwin le 7 mars 1928, lors d’un repas organisé pour son anniversaire chez Eva Gauthier à New-York, ainsi que Ravel en témoigne à Nadia Boulanger en une lettre du lendemain 8 janvier (citée aux pages 1162-1163 de sa « Correspondance » éditée par Manuel Cornejo en 2018 : « The Biltmore New-York 8/3/28 Chère amie, voici un musicien doué des qualités les plus brillantes, les plus séduisantes, les plus profondes peut-être : George Gershwin« , et il ajoutait : « Son succès universel ne lui suffit plus : il vise plus haut. Il sait que pour cela les moyens lui manquent. En les lui apprenant, on peut l’écraser. Aurez-vous le courage, que je n’ose pas avoir, de prendre cette terrible responsabilité ? Je dois rentrer aux premiers jours de mai et irai vous entretenir à ce sujet. En attendant, trouvez ici l’expression de ma plus cordiale amitié. Maurice Ravel« ) _ que pimentent les bois du National menés avec une intense fantaisie _ voilà ! l’orchestre lui aussi brûle… _ par Louis Langrée.

Cet accord magique _ oui, oui, oui _ se renouvelle dans le Concerto pour Wittgenstein, mais dans des nuances de cauchemar _ à la ravelienne Scarbo _, le prestidigitateur s’y fait diable, artificier tragique _ Ravel avait traversé et vécu, comme infirmier, les affres de la Guerre mondiale... _ dont le théâtre est un champ de mines _ oui, qui déchire et découpe les corps, comme ici le bras droit de son commanditaire Paul Wittgenstein…  La guerre de tranchées _ qui fut donc aussi celle de Maurice Ravel _ est partout sous les doigts d’Alexandre Tharaud _ oui ! _, qui convoque _ fort justement _ des visions de charnier, fait tonner son clavier en fureur, rage des traits de mitraillette _ oui, oui, oui _, proposition fascinante _ et tellement juste ! _, suivie au cordeau par un orchestre fantasque _ oui _ aux proclamations démesurées _ oui : quel chef aussi est le magnifique Louis Langrée !

Le jazz s’invite ici aussi _ en effet, en ce concerto pour la main gauche _, mais déformé, amer, acide, osant la charge, le grotesque _ oui ; mais qu’on se souvienne aussi de la formidable viennoise ravelienne Valse de 1919-1920 !.. : une course à l’abîme… _, une parodie de Laideronette, impératrice des pagodes faisant diversion. Quel kaléidoscope ! _ voilà un trait éminemment ravélien… _, qu’Alexandre Tharaud fait tourner à toute vitesse _ telle sa propre viennoise Valse, créée le 12 décembre 1920… _ pour saisir cette folle course à l’abîme _ nous y voilà donc ! cf aussi, en sa course, le plus contenu et retenu, mais tout de même.., Bolero de 1928 _ et mieux suspendre les cadences où seul il élève son chant vers une voie lactée inquiète _ une des boussoles nocturnes de Maurice Ravel, sur son balcon en surplomb de la forêt et face à la nuit de Montfort-l’Amaury…

J’attendais _ moi aussi _ un couplage jazz, le Concerto de Gershwin comme réponse au jazz de Ravel _ certes _, mais non, ce seront les Nuits andalouses de Falla, sauvées de tant de ces lectures affadies qui les inféodent à un pâle debussysme _ voilà qui est fort bien perçu…

Alexandre Tharaud hausse leurs paysages fantasques _ oui _ à l’étiage de ceux _ fantasques eux aussi _ de Ravel, ardant leur con fuoco, tout duende, cambrant la gitane de la Danza lejana, implosant le feu d’artifices d’En los jardines de la Sierra de Córdoba dans l’orchestre flamboyant _ oui _ de Louis Langrée, faisant jeu égal avec les ardeurs osées par Alicia de Larrocha et Eduardo del Pueyo _ oui. Et c’est bien sûr qu’est très profond aussi le tropisme espagnol de Maurice Ravel… Ne serait-ce pas dans les jardins d’Aranjuez que se seraient rencontrés et fait connaissance ses parents, lors de leurs séjours madrilènes ?..

Quel disque ! _ voilà ! voilà ! _, splendidement saisi par les micros de Pierre Monteil _ et il faut en effet saluer aussi la splendide prise de son de cet éblouissant raveliennissime CD…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Concerto pour piano et orchestre en ré majeur, M. 82 (Pour la main gauche)


Manuel de Falla (1876-1946)


Nuits dans les jardins d’Espagne

Alexandre Tharaud, piano
Orchestre National de France
Louis Langrée, direction

Un album du label Erato 5054197660719

Photo à la une : le pianiste Alexandre Tharaud –
Photo : © Jean-Baptiste Millotune _ _ 

Pouvoir dialoguer vraiment si peu que ce soit avec des mélomanes à l’oreille et au goût ultra-fins et ultra-exigeants, mais capables d’enthousiasmes vrais et sincères,

est plus que jamais indispensable,

eu égard à la solitude grandissante des individus que nous sommes devant la misère en expansion, le désert gagne _ cf mon « Oasis (versus désert) », in le « Dictionnaire amoureux de la librairie Mollat« , aux pages 173 à 177 (celui-ci est paru aux Éditions Plon en octobre 2016) ; une contribution redonnée en mon article du 17 juin 2022 : « « , accessible ici.. _, de la plupart des médias _ le plus souvent très pragmatiquement vendus aux plus offrants… _, pour ne rien dire de pas mal des publics...

Car c’est ainsi qu’il arrive parfois un peu heureusement, telle une étape enfin rafraîchissante (et bien évidemment vitale) en une oasis verdoyante en la traversée assoiffante du désert si aride et si morne, que des œuvres de la civilisation _ ici musicale _ rencontrent un infra-minimal plus juste écho qui, en son petit retentissement, les prolonge, et surtout et aussi réanime leur flamme, en un partage irradiant de vraie joie…

Et écouter de telles interprétations de tels chefs d’œuvre de musique fait un immense bien…

Et ces tous derniers temps,

les grandes interprétations, majeures et magistrales, véritablement marquantes, qui ont vu le jour, cette année 2023,

_ celles de « L’Heure espagnole » et du « Bolero » par François-Xavier Roth et ses Siècles _ Harmonia Mundi HMM 905361 _,

_ celle du « Trio pour piano et violoncelle » de 1914 par le Linos Piano Trio _ CAvi-Music 8553526 _,

_ celles de l’intégrale de « L’Œuvre pour piano » du double album par Philippe Bianconi _ La Dolce Volta LDV109.0 _,

_ et maintenant celles du « Concerto en sol » et du « Concerto pour la main gauche » par Alexandre Tharaud, Louis Langrée et l’Orchestre National de France _ Erato 5054197660719 _,

toutes,

savent faire enfin entendre en toute sa clarté et fluidité, allègre, intense, tonique, la puissance incisive et au final impérieuse en son irradiante tendresse, jubilatoire, de Maurice Ravel compositeur…

Une force de plénitude absolument accomplie…

Ce lundi 16 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une nouvelle magistrale réussite discographique ravélienne, le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche, par Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : « une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon », et « l’enfance, le secret » aussi, oui…

14oct

Et comme en suite à mon article d’hier « « ,

voici à nouveau une magistrale _ justissimement sentie ! _ réalisation discographique ravelienne, parue tout juste hier vendredi 13 octobre :

le « Ravel -Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud avec un parfait Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France _ un enregistrement des 5, 6, 7 et 8 juillet 2022 à l’Auditorium de Radio-France, et en une parfaite prise de son ;

voir ici cette brève vidéo de 1′ ;

et avec cette superbe phrase d’Alexandre Tharaud en quatrième de couverture du CD : « Il y a tout Ravel en deux concertos : une orchestration de haut vol, l’enfance, le secret, l’influence du jazz, les machines infernales, une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon » : voilà qui, d’expert, est magnifiquement ressenti... _,

soit le CD Erato 5054197660719 ;

avec, en complément de ces deux sublimes Concertos, celui « en sol » _ créé à Paris, salle Pleyel, le 14 janvier 1932 par Marguerite Long et Ravel lui-même dirigeant l’Orchestre Lamoureux _ et celui « pour la main gauche » _ créé à Vienne le 5 janvier 1932 par le dédicataire Paul Wittgenstein ; puis à Paris le 19 mars 1937 par Jacques Février et Charles Munch... _ de Maurice Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937),

les « Noches en los jardines de Espana » de l’ami Manuel de Falla (Cadix, 23 novembre 1876 – Alta Gracia – Argentine, 14 novembre 1946)…

Ces deux concertos ainsi somptueusement interprétés et enregistrés, sont une fête des sens et de l’esprit !

Quelle sublime poésie que ces musiques sans jamais la moindre scorie, ni trace d’effort, de Ravel :

« une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon« ,

et « l’enfance, le secret » aussi, oui…


Ravel est tout simplement un génie.

Merci !

Ce samedi 14 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Post-Scriptum, ce dimanche 15 octobre 2023 :

Faute de pouvoir avoir accès ici aux interprétations magnifiques d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France, les 5, 6, 7 et 8 juillet 2022 à l’Auditorium de Radio-France, à l’exception de cette trop brève mais bien engageante vidéo (d’une durée d’une minute seulement),

voici des liens permettant d’accéder aux interprétations

de Vlado Perlemuter et Jascha Horenstein dirigeant l’Orchestre des Concerts Colonne, à Paris, en studio, en 1955, dans le Concerto en Sol Majeur (d’une durée de 21′ 49) et dans le Concerto pour la main gauche (d’une durée de 18′ 24) ;

et de Samson François et André Cluytens dirigeant l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, à Paris, du 1er au 3 juillet 1959, dans le Concerto en Sol Majeur (d’une durée de 20′ 29) et dans le Concerto pour la main gauche (d’une durée de 18′ 24)…

Par comparaison, l’enregistrement d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’ONF, du Concerto en Sol Majeur, est d’une durée de 21′ 46et celui du Concerto pour la main gauche, d’une durée de 16′ 51dans le CD Erato paru avant-hier vendredi 13 octobre dernier…

Le son du CD Perlemuter/Horenstein (de 1955) n’est hélas pas de très bonne qualité ; et il me semble que Samson François, lui, court un brin trop vite la poste (en 1959), à mon goût du moins…

Tharaud/Langrée/l’ONF sont, eux, et à tous égards, en 2022, excellents :

raveliennement justissimes…

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