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« Philosophie » en rayon et kiosque : pour comprendre que « le réel » d’un coup vient de changer ; et que doit changer vite le « réalisme »

17nov

Sur l’article « Néolibéralisme versus libéralisme ?« , par Michaël Foessel,

dans le numéro (11) de novembre de la Revue Esprit : »Dans la tourmente (1). Aux sources de la crise financière« .

Avec, à suivre, le numéro (12) de décembre d’Esprit,

qui s’intitulera, lui : « Dans la tourmente (2) : Que fait l’Etat ? Que peut l’Etat ?« …


Comprendre « le réel » exige un minimum de recul, et la focalisation (du regard et de l’analyse)

que peut apporter l’éclairage

d’un peu plus loin que le bout du nez

(et que les vessies qui se font prendre pour des lanternes : les idéologies qui occupent massivement en permanence les écrans

des lucarnes médiatiques dans tant de « foyers »)

l’éclairage (avec un minimum de « génie » d’un auteur pertinent) philosophique :

soit le lumineux travail de Michaël Foessel sur ce qui distingue _ et sépare _ le néolibéralisme, triomphant des années Thatcher et Reagan, appuyées, ces années-là (Thatcher, au pouvoir depuis 1979 ; Reagan, depuis 1982) sur la vulgate de Milton Freedman

_ “prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel” en 1976, lui ;

cf mon article sur ce blog du 2 novembre dernier : « Sur le réel et le sérieux : le point de Paul Krugman sur l’élection du 4 novembre aux Etat-Unis«  _ ;

sur ce qui distingue _ et sépare _ le néolibéralisme

du libéralisme

_ classique, depuis Locke et Adam Smith…


Michaël Foessel appuie son (affuté) regard analytique sur le travail de 1978-1979

_ on mesure ici l’avance en lucidité du « génie » philosophique (!), pas si fréquent, toutefois ; mais assez mal reconnu, compris, déjà, sur le moment ; puis mal diffusé, alors et depuis, forcément : il secoue tant de cocotiers et de « places occupées », et autres « rentes de situation »… _,

sur le travail de 1978-1979 de Michel Foucault en ses « Cours (ou « séminaire » : semences à planter…) au Collège de France« 

_ une institution exceptionnelle remarquable depuis François Ier !… _

intitulés « Naissance de la biopolitique« ,

publiés conjointement par les Éditions Gallimard et du Seuil, en la collection « Hautes Etudes » en octobre 2004 :

une lecture diablement d’actualité en ce moment de déchaînement de la « tourmente » ; ou de « dedans l’œil » du cyclone ;

en plus d’être puissamment pertinente…

Je liste simplement ici les références que réunit et « lit » pour notre intelligence du présent (et de la tourmente qui nous assaille, en cet unique bateau du « monde mondialisé », désormais) ce remarquablement utile article de Michaël Foessel :

Friedrich A. Hayek (1899-1992) : « La Route de la servitude« , paru en traduction française aux PUF en 1985 ; « Droit, législation, liberté« , aux PUF en décembre 2007 ;

Ludwig von Mises (1881-1973) : « L’Action humaine, traité d’économie (abrégé)« , publié en traduction française aux Belles Lettres en 2004 ; « Le Socialisme« , de 1922, en français à la Librairie de Médicis en 1938… ;

Serge Audier : « Aux origines du libéralisme : le colloque Lippmann« , aux Éditions Le bord de l’eau, en avril 2008 ;

Wendy Brown : « Les habits neufs de la politique mondiale _ Néolibéralisme et néoconservatisme« , paru en traduction français aux Éditions Les Prairies ordinaires en 2008 ;

Christian Laval : « L’Homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme« , aux Éditions Gallimard en avril 2007

Pierre Dardot et Christian Laval : « La Nature du néolibéralisme : un enjeu théorique et politique pour la gauche« , un article dans le numéro 50 _ « Où est passée la gauche française ? » de la Revue « Mouvements« , de juin-août 2007 ;

François Denord : « Néolibéralisme, version française. Histoire d’une idéologie« , aux Éditions Démopolis en novembre 2007 ;

Jean-Pierre Dupuy : « Libéralisme et justice sociale« , aux Éditions Hachette Littératures en 1997 ;

Frédéric Lordon : « L’Intérêt souverain. Essai d’anthropologie politique spinoziste« , aux Éditions de La Découverte en avril 2006 ;

Céline Spector : « Le Spinozisme politique aujourd’hui« , un article de la revue « Esprit », en mai 2007 ;

Christian Lazzeri : « Reconnaissans spinoziste et sociologie critique, Spinoza et Bourdieu« , un article dans le recueil dirigé par Yves Citton et Frédéric Lordon « Spinoza et les sciences sociales« , aux Éditions Amsterdam en février 2008 ;

Carl Schmitt : « La notion de politique« , paru en traduction française aux Éditions Flammarion (collection « Champs »), en 1999.

A lire pour sa gouverne,

en cet « œil du cyclone » de la « tourmente« …

Titus Curiosus, ce 17 novembre 2008

Sur le réel et le sérieux : le « point » de Paul Krugman sur l’enjeu de l’élection du 4 novembre aux Etats-Unis

02nov

Sur l’article de Paul Krugman « Desperately Seeking Seriousness » dans l’édition du New-York Times du 26 octobre dernier…

Pour poursuivre la réflexion sur ce qu’il en est du « réel »,

ainsi que du « sérieux » _ quant à la recherche (élémentaire !) de la vérité sur ce « réel », face aux « marchands » d’illusions (et croyances) en tous genres (et ça se bouscule au portillon !), et autres camelots et bateleurs d’estrades (politiques) _

et/ou,

en conséquence de quoi,

de l’élémentaire honnêteté intellectuelle

(des chercheurs, conseilleurs, discoureurs, etc… jusqu’à tout un chacun : vous et moi…),

en une société (civile) dominée _ depuis voilà plus de trente ans, maintenant : cela commence à faire un peu long

(cf mon précédent article : « de la crise et du naufrage intellectuel à l’ère de la rapacité _ suite : les palais de l' »âge d’or » à Long Island« , d’après un très bel article, déjà, de Paul Krugman, dans le New-York Times, le 20 octobre 2002) _,

par les « marchands »

et autres « camelots politiques » (style Thatcher et Reagan),

appuyés sur l’idéologie pseudo compétente d’idéologues _ stipendiés _ du genre d’un Milton Freedman (« prix Nobel d’Economie » en 1976 :

né le 31 juillet 1912 à New York et décédé le 16 novembre 2006 à San Francisco, Milton Freedman est « généralement » considéré comme l’un des économistes les plus « influents » de ce XXe siècle _ qui est peut-être en train de s’achever ces mois d’octobre et novembre 2008 (et pas le 11 septembre 2001 !)…

Titulaire du « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel » _ voilà, en fait, l’expression juste ! _ de l’année 1976, Milton Freedman a été un ardent défenseur du « libéralisme », à moins que ce ne soit, plutôt, et en fait, de l' »ultralibéralisme » :

sur cette dernière nuance-ci (« libéralisme« / »ultralibéralisme« ),

on peut se reporter à l’excellente contribution _ elle aussi _ d’hier, dans le numéro du Monde daté du 2 novembre, de Michel Rocard, interrogé par Françoise Fressoz et Laetitia Van Eeckhout, sur la « crise financière » : « la crise sonne le glas de l’ultra-libéralisme« ),

voici,

ici et maintenant,

un magnifique article

_ d' »actualité politique », d’abord, simplement, et modestement : l’élection aura lieu le 4 novembre ! _,

intitulé « Desperately Seeking Seriousness«  dans l’édition du New-York Times du 26 octobre,

par le tout récent

_ le vent venant de tourner ; et les girouettes de suivre : pardon de permettre l’impression de qualifier l’honorable jury suédois de « girouette : on pourrait dire, plus noblement (à la Hegel, et selon son souci « réaliste » de la « wirklichkeit« ), « zeitgeist » : « esprit (ou « air« ) du temps » : mais est-ce bien différent ?  _

par le tout récent « prix Nobel d’Économie »

(ou plutôt « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel« ),

Paul Krugman ;

pour ceux qui lisent l’espagnol,

l’édition d’El Pais d’aujourd’hui, 2 novembre, en propose une traduction en castillan _ « En busca desesperada de la seriedad » _, par María Luisa Rodríguez Tapia.

Je n’en ai pas (encore : hélas !) trouvé une édition en « traduction en français »

_ ce que je me permettrai d’interpréter, et sans trop de « mauvais esprit » (j’espère…), comme un certain « retard »(hélas), de la France (ou des Français), dans le défi (et urgence !) de mieux comprendre (et mieux agir dans _ ou sur) le monde d’aujourd’hui… ;

un « retard » qui donne « à penser », lui aussi…

Voici cet excellent article de Paul Krugman « Desperately Seeking Seriousness« 

en version originale,

puis en traduction en castillan ;

et je me permettrai de « mettre en gras » ce qui me paraît le plus significatif

_ ainsi que de truffer (un peu) l’article original de quelques commentaires (parfois un peu « philosophiques » : avec des références aux œuvres de Platon, Machiavel, ou Freud…), en vert _,

comme modeste contribution d’un « simple » _ dans tous les sens du terme _ « curieux »,

à la recherche un peu « désespérée » _ à son modeste niveau _ d’un peu mieux comprendre « sérieusement » le « réel« ,

ou le monde,

afin d’un peu mieux, très simplement, « s’y orienter »

(comme en complément bien « empirique » à la préoccupation d’un Emmanuel Kant, en 1786, de préciser quelque réponse à la question « Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?« …

D’abord, dans la version originale, sous la _ vraiment excellente ! _ plume de Paul Krugman :

October 26, 2008
Paul Krugman : Desperately Seeking Seriousness _ quel beau (car juste !) titre !

« Maybe the polls and the conventional wisdom are all wrong… But right now the election looks like a … solid victory, maybe even a landslide, for Barack Obama…

Yet just six weeks ago the presidential race seemed close, with Mr. McCain if anything a bit ahead. The turning point was the middle of September, coinciding precisely with the sudden intensification of the financial crisis… But why has the growing financial and economic crisis worked so overwhelmingly to the Democrats’ advantage? …

I’d like to believe _ car c’est un peu trop beau pour être « vraiment vrai » : d’où ce conditionnel (« j’aimerais croire »  : « croire » au sens, ici, de « supposer »…) lucide ! _ that the bad news convinced _ et c’est bien de cela en effet qu’il s’agit : « convaincre » ; et non pas « persuader«  (= faire « passionnellement croire ») : là-dessus, relire inlassablement « Gorgias » de Platon ; ou/et les si justes pédagogiquement « Propos » (sur l’éducation, les pouvoirs, le bonheur, etc…) d’Alain _ many Americans, once and for all, that the right’s economic ideas are wrong and progressive ideas are right. And there’s certainly something to that…

But I suspect that the main reason for the dramatic swing in the polls is something less concrete… As the economic scene has darkened, I’d argue, Americans have rediscovered the virtue of seriousness _ « the virtue of seriousness » : voilà l’expression décisive ! Celle qui m’a incité à rédiger cet article… And this has worked to Mr. Obama’s advantage, because his opponent has run a deeply unserious campaign.

Think about the themes of the McCain campaign… Mr. McCain reminds us, again and again, that he’s a maverick _ but what does that mean ? His maverickness _ en français : « être un franc-tireur » _ seems to be defined as a free-floating personality trait, rather than being tied to any specific objections… to the way the country has been run for the last eight years.

Conversely, he has attacked Mr. Obama as a “celebrity”, but without any specific explanation of what’s wrong with that…

And the selection of Sarah Palin… clearly had nothing to do with what she knew, or the positions she’d taken _ it was about who she was, or seemed to be _ et le modèle n’a été que trop exportable outre-Atlantique, hélas !!! Americans were supposed to identify with a « hockey mom » who was just like them _ comme si l’identification était un argument de choix pertinent d’un dirigeant politique ! C’est baigner là dans la pensée magique (cf Lucien Lévy-Bruhl : « Primitifs » ; « Esquisse d’une théorie générale de la magie » de Marcel Mauss ; et Claude Lévi-Strauss : « La Pensée sauvage« )…

In a way, you can’t blame Mr. McCain for campaigning on trivia _ after all, it’s worked in the past. Most notably, President Bush got within hanging-chads-and-butterfly-ballot range of the White House only because much of the news media, rather than focusing on the candidates’ policy proposals, focused on their personas : Mr. Bush was an amiable guy you’d like to have a beer with, Al Gore was a stiff know-it-all, and never mind all that hard stuff about taxes and Social Security. And let’s face it: six weeks ago Mr. McCain’s focus on trivia seemed to be paying off handsomely.

But that was before the prospect of a second Great Depression concentrated the public’s mind.

The Obama campaign has hardly been fluff-free _ in its early stages it was full of vague uplift. But the Barack Obama voters see now is cool, calm, intellectual and knowledgeable, able to talk coherently about the financial crisis in a way Mr. McCain can’t _ ou l’épreuve du réel… And when the world seems to be falling apart, you don’t turn to a guy you’d like to have a beer with, you turn to someone who might actually know how to fix the situation _ soit Socrate (et Platon) versus Gorgias, Polos et Calliclès, in « Gorgias » ! et encore Socrate (et Platon) versus Thrasymaque et le point de vue rapporté par Glaucon, dans « la République« , toujours de Platon…

The McCain campaign’s response to its falling chances of victory has been telling : rather than trying to make the case that Mr. McCain really is better qualified to deal with the economic crisis, the campaign has been doing all it can to trivialize things again. « Mr. Obama consorts with ’60s radicals ! He’s a socialist ! He doesn’t love America ! » Judging from the polls, it doesn’t seem to be working.

Will the nation’s new demand for seriousness last ? Maybe not _ remember how 9/11 (2002) was supposed to end the focus on trivialities ? For now, however, voters seem to be focused on real issues. And that’s bad for Mr. McCain and conservatives… : right now, to paraphrase Rob Corddry, reality has a clear liberal bias

_ c’est le « réel », en ses « apparitions », qui change ;

les « réalistes » (= « pragmatiques ») sont bien forcés

(par l’avantage, provisoire _ sur la scène sociale, économique et politique ; ainsi qu’idéologique ! _, du « principe de réalité » sur le « principe de plaisir« 

_ cf Freud dans « Au-delà du principe de plaisir« , en 1920, publié in « Essais de psychanalyse«  : un très grand livre ! _

de s’y « adapter » (machiavéliennement, si j’ose dire ;

à moins que ce ne soit « machiavéliquement », seulement ; en revenir au « Prince« )

si peu que ce soit,

du moins pour un moment, le temps que le temps tourne à nouveau, et soit, de nouveau, plus propice à leurs manœuvres peu, honnêtes (ou intègres)…

Et dans sa traduction en castillan, par Maria Luisa Rodríguez Tapia, dans el Pais de ce 2 novembre :

« En busca desesperada de la seriedad »

Paul Krugman 02/11/2008

Es posible que todos los sondeos y opiniones generalizadas se equivoquen, y que John McCain, inesperadamente, gane. Ahora bien, en estos momentos da la impresión de que el triunfo demócrata es inevitable : una victoria sólida, tal vez incluso aplastante, de Barack Obama ; gran aumento del número de escaños demócratas en el Senado, tal vez incluso suficientes para darles una mayoría a prueba de bloqueos parlamentarios, y también un amplio avance demócrata en la Cámara de Representantes.

Hace sólo seis semanas los resultados parecían ajustados e incluso levemente favorables a McCain. El momento decisivo de la campaña se vivió a mediados de septiembre, coincidiendo con la repentina intensificación de la crisis financiera tras la bancarrota de Lehman Brothers. Pero ¿ por qué la crisis económica y financiera ha beneficiado de una forma tan abrumadora a los demócratas ?

Con todo el tiempo que he dedicado a presentar argumentos contra el dogma económico conservador, me gustaría creer que la mala situación convenció a muchos estadounidenses, por fin, de que las ideas económicas de la derecha son erróneas y las ideas progresistas son las acertadas. Y no cabe duda de que hay algo de eso. Hoy, cuando incluso el propio Alan Greenspan reconoce que se equivocó al creer que el sector financiero podía autorregularse, la retórica reaganesca sobre la magia del mercado y los males de la intervención del Gobierno resulta ridícula.

Además, McCain parece asombrosamente incapaz de hablar sobre economía como si fuera un asunto serio. Ha tratado de responsabilizar de la crisis a su culpable favorito, las asignaciones presupuestarias especiales del Congreso, una afirmación que deja atónitos a los economistas. Inmediatamente después de la quiebra de Lehman, McCain declaró: « Los cimientos de nuestra economía son sólidos« , por lo visto sin saber que estaba repitiendo casi al pie de la letra lo que dijo Herbert Hoover después de la crisis de 1929.

No obstante, sospecho que la razón fundamental del espectacular giro en las encuestas es algo menos concreto y más etéreo que el hecho de que los acontecimientos hayan desacreditado al fundamentalismo del libre mercado. En mi opinión, a medida que la situación económica ha ido oscureciéndose, los estadounidenses han redescubierto la virtud de la seriedad. Y eso ha beneficiado a Obama, porque su rival ha llevado a cabo una campaña tremendamente poco seria.

Piensen en los temas que han centrado la campaña de McCain hasta ahora. McCain nos recuerda, una y otra vez, que es un heterodoxo, pero ¿qué significa eso? Su heterodoxia parece definirse como un rasgo independiente de su personalidad, no vinculado a ninguna objeción concreta contra la manera de gobernar el país durante los últimos ocho años.

Por otro lado, ha criticado a Obama diciendo que es un « famoso », pero sin explicar en concreto qué tiene eso de malo; se da por supuesto que las estrellas de Hollywood tienen que caernos mal.

Y es evidente que la elección de Sarah Palin como candidata republicana a la vicepresidencia no tuvo nada que ver con sus conocimientos ni sus posturas; fue por lo que era, o lo que parecía ser. Se suponía que los estadounidenses debían identificarse con una hockey mom parecida a ellos.

En cierto sentido, es comprensible que McCain haga campaña apoyándose en nimiedades; al fin y al cabo, en otras ocasiones ha funcionado. El caso más notable fue el del presidente Bush, que si logró colocarse a un paso de la Casa Blanca y que todo dependiera de una cuestión de papeletas mariposa y perforaciones mal hechas fue sólo porque gran parte de los medios, en vez de prestar atención a las propuestas políticas de los candidatos, se centraron en sus personalidades: Bush era un tipo simpático con el que uno podía tomarse una cerveza, mientras que Al Gore era un tieso sabelotodo; y eso era lo importante, no ese lío de los impuestos y la Seguridad Social. Y seamos francos: hace seis semanas parecía que la atención de McCain a las nimiedades estaba dándole buenos resultados.

Pero eso era antes de que la perspectiva de una segunda Gran Depresión captara la atención de la gente.

La campaña de Obama no ha estado tampoco libre de tonterías; en sus primeras fases estaba llena de un vago optimismo. Pero el Barack Obama que ven los votantes hoy es un hombre sereno, tranquilo, intelectual y enterado, capaz de hablar sobre la crisis financiera con una coherencia que McCain no tiene. Y, cuando parece que el mundo se viene abajo, uno no recurre a un tipo con el que le gustaría tomarse una cerveza, sino a alguien que quizá sepa realmente cómo arreglar la situación.

La reacción de la campaña de McCain al ver que disminuyen sus posibilidades de victoria ha sido significativa: en vez de argumentar que McCain está más preparado para hacer frente a la crisis económica ha hecho todo lo posible para volver a frivolizar las cosas. ¡Obama se junta con radicales de los años sesenta! ¡Es un socialista! ¡No ama a Estados Unidos! A juzgar por las encuestas, no parece que esté sirviendo de nada.

¿Persistirá la nueva exigencia de seriedad del país? Quizá no; ¿se acuerdan de que se suponía que con el 11-S iban a acabarse las frivolidades? Pero, de momento, parece que los votantes sí están interesados por los temas que de verdad son importantes. Y eso es malo para McCain y para los conservadores en general: en estos momentos, para parafrasear al cómico Rob Corddry, la realidad es claramente progresista. –

© 2008 New York Times News Service. Traducción de María Luisa Rodríguez Tapia.

De quoi réfléchir un minimum, sur le « sérieux » des compétences réelles,

face à la légéreté des « convictions », des « croyances », du poids de la « crédulité » aussi…

Même si,

tant Paul Krugman, dans son article du New-York Times du 26 octobre,

que Michel Rocard, dans son entretien avec Françoise Fressoz et Laetitia Van Eeckhout du Monde de ce 2 novembre,

sont loin d’être naïfs sur l’efficacité immédiate ou directe, à court terme

_ le « contexte » (du « présent » historique) jouant, aussi, beaucoup pour donner du poids et de l' »autorité » à leur « parole » et à leur « intervention » (et « focalisation » pertinente)

auprès de ceux qui

_ en masse, grégairement, le plus souvent (ils préfèrent « copier-coller » des opinions qu’ils croient majoritaires) _

veulent si peu (ou si mal) entendre, et comprendre _ ;

même si tant Paul Krugman que Michel Rocard, donc,

sont loin d’être naïfs sur l’efficacité

de leur « action » _ de sagacité _ de « désembrouillage » de la complexité du « réel », déjà, même

(et des « faits » à « établir » : avec validité objective) ;

et de « désembrouillage » des idéologies « intéressées » et bien peu objectives, elles,

qui ajoutent leur « confusion » (subjective et passionnelle ; quand ce n’est pas, même, de parfaite « mauvaise foi ») aux brouillages

(et brouillards, déjà) de ce « réel » lui-même ;

et si il appartient à chacun, _ comme « honnête homme«  _ à son niveau, à sa place, et hic et nunc, « en situation« , dirait un Sartre (cf ses « Situations« ),

de sempiternellement inlassablement,

avec « vaillance » _ c’est un « travail » de l’esprit à l’œuvre ! _ et avec « courage« 

_ les deux « vertus » que Kant met en avant dans son indispensable et toujours d’extrême actualité et urgence, « Qu’est-ce-que les Lumières ? » _ pour lui, c’était en Prusse, à Koenigsberg, et en 1784, déjà… _

et si il appartient à chacun

de faire effort si peu que ce soit,

en commençant par (bien) écouter, (bien) s’informer

(à bonnes, et plurielles, sources : en « débats » ouverts, « libres » : c’est-à-dire exigeants quant à l’effort de « vérité », au-delà des « intérêts », économiques, surtout, qui s’affrontent ;

qu’il en ait, ce « chacun », claire conscience, ou pas,

c’est-à-dire une conscience embrumée, ou brouillée)

pour _ toujours essayer, chacun, de mieux _ « comprendre »...

Même si,

tant Paul Krugman

que Michel Rocard, donc,
demeurent, forcément, circonspects

sur les capacités d’un (isolé) article,

et, plus généralement, de leur action

_ chacun des deux à son niveau, et dans sa sphère (d’influence) _ ;

sur les capacités

de « convaincre » les décideurs, les pouvoirs,

ainsi que les individus, et, au-delà de leur individualité séparée, les peuples

_ ou du moins leurs « majorités » politiques (en démocratie !),

à la veille des élections présidentielles américaines de ce mardi 4 novembre : après-demain ! _ ;

soit de « convaincre »,

en raison (et pas « en affects » populistes),

tout un chacun,

de changer d’attitude

tant de l’entendement que de la volonté, en action,

au profit d’un « réalisme de la vérité

et de la justice »…

Où commence la naïveté ? où commence l' »utopie » ?

Où se trouve le vrai « réalisme » ?

Sur ce point, afin d’un peu mieux le « penser », je me permettrai de « renvoyer » à ce grand livre

qu’est « L’Institution imaginaire de la société« , en 1975,

de Cornelius Castoriadis (1922, Constantinople, ou Istamboul _ comme on voudra _ – 1997, Paris)…

Bref,

de quoi réfléchir ;

et agir,

quant à notre « crise »…


Titus Curiosus, ce 2 novembre 2008

Art et tourisme à Aix _ et ailleurs (4)

07sept

Enfin, un essai de synthèse de réflexion _ sur « Art et Tourisme » _, après ces diverses impressions de « terrain » sur quelques uns des sites cézanniens d’Aix
ainsi que sur Aix-en-Provence elle-même,
et, en particulier, aussi, la fréquentation à toute heure très importante de l’Office de Tourisme,
à la Rotonde sur laquelle débouche la promenade archi-fréquentée, et belle, du cours Mirabeau…

Aix dispose d’un remarquable patrimoine artistique
architectural
_ pour commencer : celui de cette très, très jolie ville provençale _,

mais aussi avec sa large collection de Musées
_ et pas seulement le très riche et nouvellement splendidement ré-aménagé Musée Granet
(avec sa magnifique exposition rétrospective « François-Marius Granet » ;
après la très importante « Cézanne en Provence« , en 2006 ;
et avant une exposition, pour l’été 2009, « Picasso-Cézanne« ) :
le Musée du Vieil Aix,
le Musée des Tapisseries,
le Musée Paul Arbaud,
les Fondations Vasarely et Saint-John Perse,
etc…


ainsi que son si justement célèbre festival de musique…

Autant d’atouts
qui,
en plus du nom de Cézanne et des sites cézanniens
et de la « figure de proue »
de la montagne Saint-Victoire
dominant la ville ;

qui attirent en permanence des flots de touristes
qui viennent y passer et séjourner,
faisant affluer une importante manne
financière ;
à savoir « gérer »


De fait,
l’Office de Tourisme d’Aix
aide à organiser et répartir
, géographiquement ou urbainement, la demande « touristique » d’Art
de la part de ses visiteurs
de satisfaisante manière pour les demandes variées, forcément _ à commencer en fonction de la durée prévue du séjour (notamment hôtelier) dans la ville _,
des uns
et des autres…


Tels ceux, par exemple, qui se satisfont d’un circuit commenté par haut parleur
en petit train roulant

à travers les ruelles de la vieille ville…

Ou ceux qui ont une demande plus « ciblée » :
mettre leurs pas
dans ceux des mieux connus des aixois,
tels Paul Cézanne ;
ou Émile Zola.

Pour lesquels ont été rédigés _ par Michel Fraisset pour l’Office de Tourisme d’Aix _ d’excellents fascicules, avec plans de la ville,
« Sur les pas de » :

« Sur les pas de Cézanne » ; « Sur les pas de Zola« …

Il se trouve que
désirant connaître les auteurs de l’excellent diaporama du Grand-Salon du « Jas de Bouffan »,
j’ai été acheminé par les très serviables hôtesses de l’Office de Tourisme
vers le bureau de la responsable de la communication,
Bernadette Marchand, qui m’a très gentiment fourni le renseignement (« Gianfranco Iannuzzi », auteur de ce passionnant _ très instructif et très beau _ diaporama) que je désirais obtenir pour rédiger mon article ;

et que, lui signifiant mon haut degré de satisfaction des visites des sites cézanniens,
je lui ai indiqué l’unique point qui m’y avait un peu « gêné » _ le panneau « L’art m’emmerde«  (selon Érik Satie ; et Ben !…)
se balançant à la brise juste à l’entrée de l' »Atelier Cézanne » ; de la responsabilité de Ben, donc ;
ainsi qu’une expo Ben
dans l’appentis adjacent à la bâtisse de l' »Atelier« 
_ ;

il se trouve que
le responsable de l’initiative d’accueillir une expo Ben en ce lieu (de pélerinage cézannien) _ Directeur de l' »Atelier Cézanne », ainsi qu’Adjoint de Direction et Responsable de la Communication
de l’Office de Tourisme _,
Michel Fraisset,
se trouvait présent en ce même bureau de l’Office de Tourisme…


Nous avons donc pu, Michel Fraisset et moi-même, échanger _ très aimablement _ un peu,
là-dessus…


Donner à connaître (si peu que ce soit ; ou, plus encore, donner _ ou alimenter _ le désir de mieux connaître) d’autres artistes
à ceux qui viennent « sur les pas de » Cézanne

_ tel un Jean Amado : passionnant ! cf mon article « Parcours d’Art à Aix _ préambule » _ est excellent ;

mais je ne suis pas certain qu’un Benjamin Vautier, en l’occurrence,
« agisse » dans une catégorie (d’Art) du même ordre (d’authenticité et de valeur
_ objective !)
qu’un Cézanne
;

ce qui pose la question de ce qu’il en est,
depuis Marcel Duchamp
, en 1914,
de l’art dit « contemporain » ;

parmi des impostures…

Sur ce point-là,
je me situerai personnellement
, en tant que « spectateur »-« amateur d’Art »,
plutôt dans la mouvance d’un Jean Clair,
l’auteur exigeant de « Malaise dans les musées » (en septembre 2007)
et « Journal atrabilaire » (en janvier 2006) ; « Lait noir de l’aube » (en mars 2007) ; « Autoportrait au visage absent _ Ecrits sur l’art 1981-2007 » (en mars 2008) :
ainsi que de « La barbarie ordinaire _ Music à Dachau » (en avril 2001)…

Bref,
les mal (ou contre) façons d’Art
agacent

_ un brin _
mon épiderme (de curieux d’Art vrai)

La question _ de fond _ devient alors
comment satisfaire la « demande »
_ qualitativement variée _
de ces divers « clients »…


Je reprends ici, et à la lettre près, le très précis paragraphe intitulé « Les Faits »
_ page 178 de la contribution « Aujourd’hui, l’Atelier Cézanne… » de l’album si riche « Atelier Cézanne » (en 2002, chez Actes-Sud) _
sous la plume de Michel Fraisset :

« Comment l’Atelier Cézanne est-il devenu le musée le plus visité des Bouches-du-Rhône en 1999 et le second en 2000 derrière la Vieille -Charité de Marseille ?
Cette augmentation considérable de la fréquentation
et des recettes engendrées
est bien entendu l’effet
d’actions mises en œuvre dès 1998

_ « l’équipe mise en place par l’Office de Tourisme d’Aix arrive _ à l' »Atelier Cézanne » _ fin 1997 » (page 177) _
et largement développées les années suivantes. »

Michel Fraisset précise alors :
« Ces actions peuvent se regrouper autour de quatre pôles :
La communication, l’animation, la gestion, la commercialisation.
En premier lieu, l’idée même du « musée » au sens traditionnel est abandonnée.
On ne parle plus du
« Musée Atelier Cézanne »,
mais de l’
« Atelier de Cézanne »
,
lieu de mémoire et d’histoire,
mais surtout lieu de convivialité, de partage et d’émotions.
Il n’y a plus de
« conservateur »,
ni de
« gardiens »,
ni de
« droits d’entrée »,
vocabulaire impropre pour un lieu
ce culture ouverte.


Les visiteurs
sont aussi
des clients

_ voilà le point crucial.

Dès lors leur satisfaction
doit être prise en compte.
 »
Fin de ce paragraphe,
page 178 d' »Atelier Cézanne » (publié aux Editions Actes-Sud en 2002 par la « Société Paul Cézanne »).

« Être prise en compte » : mais comment ?
Financièrement ? _ et seulement financièrement ?..

Et les « satisfactions » des uns
« équivalent-elles »
_ par quels circuits ? _ à la « satisfaction » _ ou « insatisfaction » _ des autres ?..

Sur quels critères les évaluer ? Est-ce bien de l’ordre _ quantitatif (et visible) _ du « mesurable » ?…

Comment pèsent ici les diverses _ et peu « homogènes » _ « demandes » :
« demandes d’Art »
et « demandes de Tourisme » ?


La « demande » de ceux qui empruntent le petit train parcourant les ruelles de la Cité aixoise _ un semblable petit train est apparu récemment à Bordeaux _ en écoutant le déroulé
du discours pré-enregistré,
est-elle « équivalente »
à la « demande » de ceux qui se mettent « sur les pas » du créateur Cézanne ?..
Ou du créateur Émile Zola ?..

« Sur les pas » étant le titre même

des remarquables fascicules _ avec plans _ diffusés par l’Office de Tourisme d’Aix, rédigés _ fort pertinemment dans le détail même des renseignement fournis et des localisations données avec beaucoup de précision _ par Michel Fraisset lui-même…

Chacun _ « acteur æsthétique » (cf l’excellent livre de Baldine Saint-Girons : « L’Acte esthétique » ; ou le tout aussi nécessaire « Homo spectator » de Marie-José Mondzain) _ peut, bien sûr, en « avoir » « pour sa mise » ; ou « pour son argent »
_ voire pour son désir : même si, là, pour le cas du « désir », c’est considérablement moins facilement,

et encore ! c’est un euphémisme,

calculable et encore moins réalisable « à coup sûr » ;
au contraire, même :

n’est « agréé » et « reçu » _ et au centuple, qui plus est ! _, ici,
que ce qui n’était _ même pas _ demandé !..

prévu, prémédité, imaginé, rêvé !..

Ah! ce qui peut être rêvé sur le seul nom d’une ville !…

Sur cela, lire Proust, la « Recherche« …


La seule précaution à (essayer de) prendre _ pour les metteurs en place des « dispositifs » d’organisation des « visites » _
étant
que ne se gêne (pas trop) la « cohabitation » des uns et des autres
;

et en espérant, même _ peut-être avec l’appoint d’un minimum de « pédagogie », mais pas trop « didactiquement » non plus, qui aurait, cette trop didactique pédagogie, le désastreux effet (de fuite) inverse ! _

que
les « touristes » de passage
deviendront
des « ravis »
d’une véritable « émotion »
(= « æsthétique« ) d’Art ;

et plus de simples consommateurs de « clichés » touristiques

_ de type « on connaît ! on vient, même, pour çà !.. »


En cela,
le « système » des « réservations » à l’Office de Tourisme
constitue un utile sas
_ un commode et précieux « goulot d’étranglement », en amont des « flux » d' »inondation »… _
à l’égard des risques de « bouchons » (de foule)…

J’ai en souvenir, par exemple,
le nombre faramineux d’autobus
affluant (et s’alignanten kyrielles) aux (immenses) parkings du château de Chenonceaux
pour y mener des charters entiers de visiteurs de jusque l’autre côté de la planète ;
quand d’autres lieux (tout aussi beaux et tout proches de Chenonceaux, en Touraine)
sont encore préservés de ces foules « consommatrices » bruyantes _ et assez peu « vraiment curieuses » _,

sur le circuit international

des « tour operators« …


Qui a vraiment « intérêt » à cela ? et à « faire du chiffre » ?..


Ou, encore, à Venise, autre exemple, le contraste entre le secteur, passablement encombré (de touristes), entre la Place Saint-Marc et le Pont du Rialto, d’une part,
et Dorsoduro, si tranquille _ lire le merveilleux livre du dorsodurien Pier Maria Pasinetti (1913-2006) : « De Venise à Venise » (« Dorsoduro » étant le titre original de ce livre, en italien)…

Comment éviter que l’afflux en grand nombre
gâte
la rencontre « personnelle »
_ et singulière : c’est un « acte esthétique », pas si fréquent, jamais « normalisé », ni, a fortiori, « formaté »… _
avec l’œuvre
_ en un Musée, ou en une église _
ou avec le lieu…

Se reporter sur ce point

(de la rencontre-découverte : avec une œuvre ou avec un lieu)

au magnifique premier chapitre ( intitulé « La paix du soir _ au risque d’halluciner« )

aux pages 39 à 66 de « L’Acte esthétique » de Baldine Saint-Girons,

à Syracuse,

décrivant par le détail ce qu’elle qualifie si justement d’« expérience forte« , indiquant même : « Toute expérience forte est nécessairement datée et localisée : c’était le 29 avril 2005 à Syracuse, à la fin d’une journée intense«  (page 42) ; « j’étais en compagnie d’amis siciliens, tous deux aussi émus que moi par ces hasards objectifs _ l’expression est aussi superbe que magnifiquement juste ! _ : mon collègue _ philosophe _ Giovanni Lombardo, et le jeune Emilio Tafuri » _ car les autres participent pour beaucoup aux rencontres et des lieux, et des œuvres… « Nous cheminions sul longomare, las et heureux. Moins directement heureux peut-être que sensibles à un accord musical inattendu surgi entre le monde et nous : nos sentiments et nos pensées nous semblaient atteindre à l’unisson, malgré des destins séparés. « La paix du soir », ai-je alors murmuré, comme si cette expression m’avait été soufflée. Une douce émotion nous envahit tous les trois. Impossible, semblait-il, de ne pas la reconnaître : elle nous enveloppait et nous absorbait, tissant entre nous un double lien, substantiel et musaïque » (page 43).

Je poursuis ma lecture : « Devait-elle davantage sa force à un état du monde ou au vocable ? Quels rôles fallait-il attribuer respectivement à la perception mondaine _ syracusaine, ici et alors _ et à sa formulation ? Silencieux et retenant notre souffle, nous croyions bien « entendre » la respiration du cosmos, miraculeusement pacifiée : n’était-ce pas le monde qui nous parlait diirectement à travers l’équilibre éphémère du crépuscule, alors que le jour le cédait au soir ? N’entendions-nous pas cette voix de façon quasi endophasique, presque comme une hallucination verbale ? Pourtant quelque chose de nouveau se produisit, dès lors que nous nommâmes « la paix du soir » ; la force poétique du phénomène du monde sembla décupler«  (page 44).

Et l’analyse se poursuit… Page 64, Baldine Saint-Girons pose la question : « L’acte esthétique peut-il se programmer ? » ; et elle y répond positivement : « Programmer des actes esthétiques nous est essentiel » (page 65) ; mais cet art demeure, toutefois, extrêmement subtil : « il suffira _ dit optimistement Baldine Saint-Girons _ de se déprendre de toutes choses _ qui retiennent et alourdissent _, de se faire bohémien, de se mettre en voyage _ combien, partis hors et loin de chez eux, y parviennent « vraiment », réellement ? _ : l’ailleurs s’ouvrira« , pose-t-elle, alors, page 65… Soit un acte d’ouverture à une réceptibilité ;

et à une réception effective, quand celle-ci advient, comme en réponse à quelque demande informulée, forcément, de notre part.

Et elle conclut ce beau chapitre liminaire de « L’Acte esthétique » par ces mots : « La « vraie vie » dont l’absence nous taraude serait-elle à notre portée grâce à l’acte esthétique, qui suppose un sujet tourné vers le dehors et un monde réenchanté ? Plus on y songe, plus on se demande si le véritable savoir, celui qu’il est inutile d’arborer, mais qui aide à vivre, n’est pas le savoir esthétique. « La paix du soir » pourrait s’élever de la sorte au rang de mathème, mais de mathème secret, dont la force opérative ne se révèlerait qu’à celui qui vacille sous l’aiguillon de l’æsthesis«  _ qu’il nous faut apprendre, avec délicatesse, à « recevoir » et « accueillir » : avec la plus pure _ épurée _ simplicité… Voilà tout ce qui peut se préparer _ sur (voire contre) soi _, mais ne se produit certainement pas _ jamais, du côté de la rencontre avec l’altérité _ sur commande… Ni ne s’achète ! par conséquent…

Sans compter que la ville, elle-même, doit demeurer vivante ;
pas rien qu’un « conservatoire de patrimoine »,

(ou une accumulation de boutiques de « marques » interchangeables, hélas, d’une ville à une autre)
pour visiteurs étrangers pressés
consommateurs de « clichés » seulement
parmi lesquels ils « se figurent » « reconnaître » quelque chose d' »attendu », déjà, d’eux, sans jamais rencontrer quelque altérité _ objective, et non pas fantasmée, ou virtuelle _ que ce soit !.. C’est qu’elle pourrait bien les « effrayer », pareille altérité…

Car une ville est tissée aussi, et consubstantiellement, de ses propres habitants…


Soit une question que se pose aussi, pour le devenir de sa ville,

l’excellent maire (et philosophe) de Venise,
Massimo Cacciari (de lui, en français, on peut lire : « Le Dieu qui danse« )…

Des questions pour non seulement
l’Office de Tourisme _ et la Ville _ d’Aix-en-Provence,

mais pour les mairies de villes à important capital patrimonial artistique
_ telle la mairie de Bordeaux ;

à l’heure de la candidature au label de
« capitale européenne de la culture »
pour 2013.

Titus Curiosus, ce 7 septembre 2008

Art et tourisme à Aix _ à la recherche du « Terrain des Peintres » (3)

05sept

Toutefois,
avant cette réflexion de synthèse,
sur « Art et tourisme à Aix »
_ et la « mise en tourisme » des « sites cézanniens » d’Aix,

un petit détour
sur ma « recherche »
du « Terrain des Peintres »
sur la colline des Lauves,
au-dessus de l' »Atelier de Cézanne« 

le 21 juillet dernier…

La visite du « Jas de Bouffan » m’avait littéralement « enchanté » :
d’abord, la bâtisse _ ou « bastide » (du XVIIIème siècle) : splendide _ déjà, par elle-même, est magnifique ;

et le domaine,
du moins ce qui en demeure
_ contre les constructions et l’autoroute péri-urbaine qui assaillent et ont déjà considérablement « rogné » ses « terrains » _
est comme miraculeusement « intact », « conservé », « protégé »
_ telle quelque « oasis »
luxuriante, fraîche, « ravissante »
au milieu d’un désert
(de modernité pas aussi belle) « qui croît »…
..
Dès le portail d’entrée du domaine,
et passé l’enclos (de protection),
s’ouvre la perspective de la maison,
en son ordonnance classique tranquille
,
servie
_ pour le regard du visiteur s’avançant _
par la perspective du triangle (s’ouvrant, à mesure des pas) du gazon, entre la (récente) allée rectiligne de peupliers qui s’élargit vers la maison : magnifique.

En cet espace d’accueil,
les œuvres temporairement exposées
_ et triangulairement, elles aussi _
de Jean Amado,
sont « comme à leur place »
_ comme en ce qu’Aristote nomme un (et leur) « lieu naturel« …
La paix du lieu, la fraîcheur du matin déjà tranquillement entamé, vers 10 heures,
le peu de monde
_ un couple seulement est déjà là
(et nous avons trois-quart d’heure d’avance sur le moment de la visite _ fixé par la « réservation ») _ :

tout concourt à une fête de « rencontrer » quelque chose de Cézanne présent
_ toujours peut-être (à qui le « perçoit ») _
en ce lieu…


Et de fait, le Grand Salon (du « Jas »)
qui fut déjà le premier immense atelier de Paul Cézanne
_ avant l’aménagement _ au second étage _ de l’atelier à la haute verrière
(en partie supprimée depuis : comme en témoigne une photo ancienne) _ ;

le Grand-Salon désaffecté de cet ancien usage sien _ d’accueil, réception, séjour _ du temps des Cézanne,
étant alors _ seulement _  un entrepôt de fruits (des vergers),

est émouvant dans son délabrement ;

« aggravé » encore
par le fait que lui ont été ôtées, décollées, arrachées, les peintures que Paul Cézanne y avaient apposées, déposées,

avec l’autorisation, sans doute arrachée elle-même, et non sans quelque lutte, à son banquier (ayant spectaculairement « réussi », lui…) de père…

Le lieu encore désaffecté ainsi
(et même _ ou surtout _ « dépouillé » des « œuvres » du jeune et maladroit _ et « couillard« , selon sa propre expression _ Paul Cézanne)
émeut profondément :

nous sommes invités à pénétrer non pas en un Grand Salon d’apparat,
mais en une sorte de « remise » (ou grenier) littéralement « désaffectée »…

A cet égard,
les images _ accompagnée d’une musique prenante, qui leur convient excellemment _ du diaporama de Gianfranco Iannuzzi
font (re-) vivre, en leur mobilité _ et leur propre « disparition » _ le « génie » mouvant de celui
qui y exerça son activité tâtonnante et fébrile
de créateur _ de peinture, de couleurs vives…


Puis,
le grand jardin _ ou « parc » _ derrière ;
la marre rectangulaire au lion et dauphin de pierre ;
et l’allée de marronniers :
Cézanne est à 1000%
là pour nous…


A l' »atelier gris«  _ ainsi que le nomme Vincent Bioulès _ du chemin des Lauves,
Cézanne est aussi encore présent ;

avec ses vêtements, suspendus à des patères,
ses instruments (de peinture),
ses « motifs » de natures mortes
_ que Marcel Provence
a scrupuleusement « conservés », (r-) ajoutés, mis en scène ;
puis John Rewald et James Lord (et le « Cézanne Mémorial Committee« , en 1954) ;
et Marianne Bourges (« de 1965 à 1996« )…

Le lieu a quelque chose, en effet d’un « sanctuaire« 
_ selon l’expression choisie de Bruno Ely,
intitulant (page 152) sa troisième très précise (et par là très précieuse) intervention _ pages 152 à 165 d' »Atelier Cézanne » (d’Actes-Sud, en 2002) _
concernant la période 1951 (« Mort de Marcel Provence » et « Achat de l’atelier 1951-1954« )
– 1969 (« De l’Université à la Ville d’Aix : 1954-1969« ) :
« Du sanctuaire
au tourisme culturel
« …


Même encore pour nous, visiteurs aujourd’hui, en 2008…

Et on peut comprendre par là la tentation malicieuse
d’un Ben
(« l’art m’emmerde« …)
sous l’autorité _ cependant ! _ de la signature _ ah ! mais… _ d’un « Érik Satie« …

De fait, les visiteurs
_ même en petit nombre (du fait de l' »écrémage » sévère de la « réservation ») _ ;

de fait, les visiteurs
tournant en rond, telles des mouches devant une vitre,
face à ce bric-à-brac (hagiographique) sur lequel ils ne cessent de faire « circuler » leur regard,
de l’un à l’autre objet, puis au suivant,
forment un dispositif de « visite » un peu agaçant et frustrant…

Aussi,
sortir de l’atelier,
et partir
à la recherche des lieux _ un peu plus en hauteur sur la colline _ sur lesquels Cézanne plantait son chevalet face au « motif » de la Sainte-Victoire
est séduisant
:
le dépliant de l’Office de tourisme « Sur les pas de Cézanne » indique
sur un plan baptisé « Les Paysages de Cézanne »
cette mention-ci : « Les Lauves » : « Terrain des peintres« ,
« à deux kilomètres » (de l' »Atelier de Cézanne »)
_ une citation d’Emile Bernard, de février 1904, le formule même, aussi, en toutes lettres :

Sainte-Victoire Pins

« C’était à deux kilomètres de l’atelier en vue d’une vallée, au pied de Sainte-Victoire,
montagne hardie
qu’il ne cessait de peindre à l’eau et à l’huile
(sic),
et qui le remplissait d’admiration« …

Le dépliant rédigé par Michel Fraisset lui-même commente cette expression
(« En février 1904, Emile Bernard accompagne Cézanne « sur le motif » « )
je cite :

« Cézanne s’installe face à la montagne avec son chevalet _ il fallait le transporter _
sa boîte à peinture, sa palette et ses pinceaux.
Il se protège du regard des indiscrets à l’abri d’ombrelles de paysagistes
« …

« A quelques mètres de là, il peint le cabanon de Jourdan« .

Qui ne sait que
« le 15 octobre 1906,
un orage éclate. Cézanne reste plusieurs heures à peindre sous la pluie. Une syncope le foudroie
 » ?..
ainsi que l’énonce (et rappelle) ici Michel Fraisset…

Qui cite encore ceci :
« On l’a ramené rue Boulegon _ son dernier domicile, au numéro 23 _ sur une charrette de blanchisseur
et deux hommes ont dû le monter dans son lit.
Le lendemain, dès le grand matin

_ fidèle à son habitude : vers les quatre heures du matin !!! _,
il est allé au jardin de l’atelier des Lauves travailler à un portrait de Vallier _ son jardinier _ sous le tilleul.
Il est revenu mourant
« …
Fin de la citation par Michel Fraisset ; qui poursuit :
« Cézanne voulait mourir en peignant.
Il s’éteint une semaine plus tard, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1906 _  « le décès est enregistré à 7 heures du matin« , est-il précisé en commentaire de l’adresse du 23 rue Boulegon _, des suites d’une pleurésie. »

Avec cet ultime paragraphe de Michel Fraisset
en précision en quelque sorte du titre (du dépliant _ remarquable !!! autant qu’utile) « Sainte-Victoire vue des Lauves » :

« Dans le cadre de sa politique de mise en valeur des sites cézanniens,
la Ville d’Aix-en-Provence a procédé à l’aménagement du
« terrain des peintres »,
aujourd’hui inscrit dans le périmètre du Domaine de la Marguerite.


Face à la  montagne qui, depuis ce panorama, devient
_ en effet
(cf l’œuvre « Le doute et la pierre » de Jean Amado
_ qui était cet été exposée, splendidement, sur le parterre d’entrée du « Jas de Bouffan » ;
et pourrait y demeurer !..) _ ;

Sainte-Victoire Cézanne

face à la  montagne qui, depuis ce panorama, devient
figure de proue,
10 panneaux reproduisent les principales
« Montagne Sainte-Victoire » peintes par Cézanne
depuis le chemin de Marguerite.
« 


Pour ma part,
j’ai suivi avec un immense profit (de joie !),
ce lundi 21 juillet autour de 15 heures,
le chemin de la Marguerite
_ jusqu’au petit square aménagé en bordure d’une route passagère, vers l‘oppidum d’Entremont, et juste avant l’autoroute _,
avec une série de très belles « vues » sur la montagne ;

Sainte-Victoire Trois Arbres

j’ai même félicité une dame sortant de sa villa pour le spectacle permanent dont elle bénéficiait de sa demeure ;

mais je n’ai pas découvert ce lieu « aménagé » (= le-dit « Terrain des Peintres« …) ;

faute d’indications assez précises ;
tant sur le terrain lui-même
(et d’abord, bien sûr !
en dépit de quelques « panneaux », mais insuffisants…) ;
que sur les divers plans disponibles à l’Office de Tourisme d’Aix…

Ici, chez moi, et maintenant,
à tête reposée (et sans urgence) ;
en re-« cherchant » mieux,
je découvre un « numéro 5« 
faisant suite, mais sans commentaire, lui (!)
aux numéros « 1 » (« Musée Granet« ),
« 2 » (« les carrières de Bibémus« ),
« 3 » (« le Jas de Bouffan« ),
et « 4 » (« l’Atelier de Cézanne« , ou « Atelier des Lauves« ) ;

légendé seulement, ce « numéro 5 »
(en un encadré sur la gauche d’un plan général d’Aix
sur le dépliant « Plan Guide _ Aix-en-Provence _ Source d’inspiration » ;
et non pas sur le dépliant ( » Sur les pas de Cézanne« )
;

légendé seulement
« Terrain des Peintres« 
en un emplacement situé entre les Avenues Paul Cézanne, à l’est, Léo Lagrange, au nord, Philippe Solari, à l’ouest,
et la traverse des Capucins
, au sud

En revanche,
j’ai pu, ce 21 juillet-là,
guidé par des panneaux indicateurs, sur la route,
suivre le chemin de la Marguerite ;
m’ y abreuver à une fontaine ;
et croiser d’autres admirateurs de Cézanne,
dont plusieurs japonais et anglais, à la recherche de ce

à quoi se mesurait, pinceau à la main, l’œil de Cézanne…

La prochaine fois,
je me repérerai mieux ;
et

découvrant ces « 10 panneaux
reproduisent les principales
« Montagne Sainte-Victoire » peintes par Cézanne
depuis le chemin de Marguerite
« ,

je pourrai me confronter au « motif »
tel que Cézanne passionnément
s’y confrontait
en ses ultimes années de vie « pour la peinture » (1902-1906)…

Voilà pour cette étape _ sur le chemin de la Marguerite,
et tout près du « Domaine de la Marguerite« , pas encore assez bien indiqué… _ ;

et avant ma synthèse sur « Art et Tourisme à Aix » _ et ailleurs…
J’y viens…


Titus Curiosus, ce 5 septembre 2008

Photographies : Sans Titre, © Bernard Plossu

Art et tourisme à Aix _ la « mise en tourisme » des sites cézanniens (2)

02sept

Et maintenant, le récit de ma seconde visite aux sites de « création » cézanniens à Aix : celle de l’atelier du chemin des Lauves ;

en commençant par ce que je découvre sur le seuil de ce « dernier atelier » de Paul Cézanne ;
ce qui peut se voir dans le jardin ;
ainsi que ce que recèle
, ce mois de juillet-ci, le petit appentis adjacent au bâtiment _ sur deux niveaux _ de l’atelier (« de Cézanne ») lui-même…

avant la découverte de l’atelier en tant que tel,
à la très grande verrière ouverte sur le ciel…

En effet, la « réservation »
_ prise, le matin, à l’Office de Tourisme de la Rotonde _
prévoit que la visite
_ de l’atelier proprement dit, qui occupe, à l’exception de l’arrivée de l’escalier, tout l’étage _
commencera à 13h 30 :
les visiteurs _ il est 13h 20 _ patientent donc sur la petite terrasse bien ombragée devant l’entrée,
qui, assis sur des chaises devant quelques tables de jardin _ en train de « rédiger » quelques cartes postales, ou de se restaurer d’un sandwich ou de fruits _,
qui, assis sur la petite murette surplombant la partie (très arborée) du jardin qui s’étend en contrebas, vers le canal du Verdon qui longe _ toujours _
la propriété, un peu plus bas…
A l’ombre, les visiteurs récupèrent un peu de leur montée de la colline sous le soleil…

Juste devant la porte d’entrée du rez-de-chaussée du (petit) bâtiment,
se balance _ à la légère brise _ un panneau de plexiglas avec l’inscription :
« L’art m’emmerde » « Érik Satie« …
Tiens, tiens !!!

Je découvre alors qu’à l’appentis attenant, sur la gauche, au bâtiment de l’atelier lui-même,
« se tient » une exposition Ben
_ dont se reconnaît le graphisme
qui lui sert, en effet, de marque d’identification _ ou d’ersatz de « logo » ;
et ça marche, la preuve !.. Esse est percipi… _ visibilité, audibilité : le B-A BA de la « com » (audio-visuelle)…

Et, en parcourant la terrasse et ses environs immédiats,
je découvre bientôt d’autres panneaux en plexiglas se balançant légèrement, eux aussi, à la  brise,
dont celui-ci, toujours signé « Érik Satie » : « Si je rate, tant pis !.. C’est que j’avais rien dans le ventre !..«  (sic)…

Cela m’évoque le mot de Beckett, « tout frais » rapporté
_ juste d’hier, en mon petit voyage marseillais _,
en son atelier _ lui aussi !!! _, par Patrick Sainton _ me présentant son travail pictural personnel :
« Rater mieux« …

Une formule (oxymorique) autrement élégante
_ que celle de Satie (et de Ben Vautier…) _,
chez ce virtuose (Samuel Beckett) des formules elliptiques :
« Bon qu’à çà… »
avait été, en effet, sa fulgurante _ mémorable _ réponse
à l’enquête de Jean-François Fogel et Daniel Rondeau
pour un « supplément » _ qui a fait date _ au quotidien Libération :
« Pourquoi écrivez-vous ?« , en 1985…

Bref, « le style, c’est l’homme même« , retient-on de Buffon : celui de Ben,
et celui de Satie,
est assurément distinct
de celui de Beckett
et de Patrick Sainton ;
ainsi, à mon appréciation, que de celui de
Cézanne…

Bref, je préfère, à titre d' »exposition-animation » complémentaire à la visite _ attractive à Aix : un must ! _ de l’atelier de Cézanne, les pièces sculpturales de Jean Amado
réunies ici encore, dans le jardin de l' »Atelier Cézanne », comme à l’entrée de la bastide du « Jas de Bouffan »,
en un « Parcours d’Art » (selon une « idée » d’Alain Paire) :
« La Bogue« , « Le Manège« , « La Mama« , « Le Gardien« , « Le Château d’ocre« , « Vaugeisha« …

bref, je préfère les sereines _ et idiosyncrasiques _ pièces (de sculpture) de Jean Amado à ces provocations _ « conceptuelles » » ? _ de potache
de l’initiative du sieur Benjamin Vautier,
afin de « casser »
ce que pourrait avoir d' »hagiographique »
un « pélerinage » (« culturel » !), cézannien,
ici,
comme il put y avoir un « pélerinage wagnérien »
à Bayreuth _ cf Albert Lavignac : « Le Voyage artistique à Bayreuth« , publié en 1897 à la Librairie Delagrave…

A 13h30, les visiteurs gravissent le petit escalier conduisant à l’atelier proprement dit
occupant
presque tout l’étage.

L’atelier _ « un lieu de vérité« , intitule superbement Bruno Ely sa première très riche contribution (pages 26 à 41) _ est constitué d’une vaste pièce _ « de 8 mètres de long, 7 mètres de large et son plafond sur corniche se trouve à 4,50 mètres de haut » (page 36) _ aux murs « gris clair«  _ selon Marcel Provence ; ou « un gris neutre, indique Gerstle Mack » (toujours page 36) _
qu’inonde de lumière (et de ciel _ et du vert de l’olivette « presque de plain-pied » ; surtout depuis que les oliviers ont pris de l’ampleur : « certes taillée et entretenue, mais qui ne pouvait qu’avoir une incidence sur la lumière« ) une immense verrière _ de « 5 mètres de long sur 3 mètres de haut » (toujours page 36) _ ;
avec, à l’extrémité « droite de celle-ci« , une très haute fente : « une fente verticale, protégée par un portillon blindé, ménagée dans l’épaisseur du mur, permettait de passer les toiles de grands formats comme les « Grandes Baigneuses »… » (page 36) _ cf aussi l’article de Joseph J. Rishel « Verrière et fente à l’Atelier« , pages 70 à 73 de ce même album (du centenaire : 1902-2002) « Atelier Cézanne« , édité par la Société Paul Cézanne et Actes-Sud, en 2002 _ ;

fente
destinée
, donc, à laisser passer au dehors les toiles de très grand format
_ « monumentales« 
: 127,2 x 196,1 cm pour la toile de la National Gallery de Londres, par exemple _ qu’étaient les différentes « Grandes Baigneuses » de Cézanne :
« trois peintures tardives ont nécessité un tel aménagement pour leur permettre entrée et sortie de l’atelier sans qu’il fut nécessaire de les détacher de leur châssis et de les rouler » (page 72) ;

et qui « se trouvent respectivement maintenant à Philadelphie (NR 857),
à la collection Barnes de Marion (NR 856), Pennsylvanie ;
et à la National Gallery de Londres (NR 855)
 » : trois sommets de l’œuvre cézannien…


Joseph J. Rishel en conclut :
« Voilà au moins une référence datée (septembre 1902
_ achèvement de la construction de l’atelier du chemin des Lauves)
permettant d’attester qu’en s’installant à l’atelier des Lauves, le peintre planifiait les grandes œuvres
que dorénavant nous connaissons.
Peut-être avait-il déjà engagé un tel travail :
ne pouvant le poursuivre nulle part

_ pas à l’atelier, plus exigü, de la rue Boulegon _,
il envisagea l’atelier _ du chemin des Lauves _ avec cette fente pour un projet monumental. »

Quant à Philip Conisbee,
au chapitre « L’Atelier des Lauves »
du si beau _ et indispensable à tout « cézannien » ! _ « Cézanne en Provence« 
(livre _ publié par la RMN _
et expo : à la National Gallery de Washington, du 29 janvier au 9 mai ; et au Musée Granet d’Aix-en-Provence, du 9 juin au 17 septembre) de 2006 _
réalisé par Philip Conisbee et Denis Coutagne,

il précise et résume magnifiquement ainsi _ page 259 _ le développement _ pages 252 à 259 _ qu’il vient de consacrer à ces « Grandes Baigneuses » :

« « Les Grandes Baigneuses » sont les plus importantes œuvres provençales de Cézanne,
en raison des souvenirs, des émotions et des désirs qu’elles impliquent

_ voilà qui,
sans entrer dans quelque chose comme des implications (et arcanes) psychanalytiques,
mériterait certainement un commentaire (et une recherche) plus fouillé(s)… _,

peintes comme elles l’ont été dans l’atelier spécialement construit pour elles sur son sol natal.

Elles furent ce dont il rêvait,
une fusion harmonieuse d’un désir érotique incarné dans les figures humaines d’imagination
_ et non d’après modèles (nus) vivants… _ peintes de façon luxuriante
et placées dans un paysage présent et senti

_ dans une lumière doublement radieuse ! si je puis me permettre d’ajouter…

Ces peintures pleines de lumière
_ c’est même un euphémisme ; la lumière venant aussi de l’artiste lui-même, et pas seulement du ciel d’Aix ! _,
montrent comment Cézanne assimilait les leçons apprises alors
_ c’est-à-dire tout au long d' »une vie » (de soixante-trois ans en 1902),
elle aussi (telle la vie de Granet), cher Denis Coutagne,
« une vie pour la peinture« … _ ;

comment Cézanne assimilait les leçons apprises alors
d’après nature

_ le point est, lui aussi, crucial ! _,
par exemple durant ses visites au bord de l’Arc,
où il saisit l’éclat d’un reflet lumineux dans une aquarelle telle que
« Le Pont des Trois Sautets » (cat. 130 _ page 276 de l’album : dépourvue de personnages ; ni baigneuses, ni baigneurs…),
pour l’adapter à une rayonnante aquarelle représentant des nus jouant,
« Baigneurs sous un pont » (cat. 131 _ page 277, en vis-à-vis : le titre étant, alors, « Baigneuses sous un pont« ).

L’impression ouverte et aérée des « Grandes Baigneuses » de Philadelphie (fig. 13) _ poursuit Philip Conibee page 259 _,
avec son
_ = du tableau _ lumineux ciel bleu pâle,
doit sans doute beaucoup aussi

_ et voilà le point qui concerne notre atelier,
sa (grande) verrière et sa (haute) fente ! _

à la possibilité qu’avait le peintre de le _ = ce tableau ! _ faire entrer et sortir de l’atelier,
au point qu’on pourrait dire qu’elle
_ = cette œuvre-ci _ réconcilie parfaitement ses activités _ = de l’artiste peignant _ dans l’atelier avec celles _ toujours peignant _ de plein air,

son imagination et son expérience
_ « expérience » tout uniment d’homme et d’artiste, si intimement mêlés et tissés, l’homme et l’artiste, en cette vie si riche d’attention (« æsthétique », dirais-je, un peu pléonastiquement),
par les œuvres, par les pinceaux s’exerçant par « application » des touches de couleur sur la toile _ ;

son imagination et son expérience _ donc _ de la lumière dans la nature«  (page 259).

Pénétrer ainsi dans l’atelier « gris » _ cf Vincent Bioulès « L’Atelier gris de Cézanne » _
permettant _ au visiteur de l’atelier du chemin des Lauves _ de s’en rendre (si peu que ce soit) compte, d’une irremplaçable _ et mémorable, du moins je le suppose _ façon…

Tel me paraît être ici le « véritable » enjeu _ en un tel « lieu de vérité« , pour reprendre le si juste titre donné à la première (des pages 26 à 41) de ses trois contributions par Bruno Ely… _ d’un juste regard æsthétique, pour qui passe en un tel site…


Alors, comment s’est déroulée cette seconde _ après celle du « Jas de Bouffan » : la chronologie cézannienne étant même respectée _ ;
cette seconde « visite » ?

Au lieu du diaporama passionnant (et accompagné d’une très belle musique) de Gianfranco Iannuzzi,
et des interventions vivantes de la guide-conférencière Christiane,
deux jeunes filles
_ qui « surveillent » aussi ce lieu, dans lequel Marcel Provence a « religieusement  » « conservé » ce qui demeurait là de Cézanne
(après le décès de celui-ci, le 23 octobre 1906
et l’achat, en 1921, de l’atelier qui lui fut cédé par le fils unique du peintre, Jean-Pierre Cézanne ;
et une fois récupéré par la famille le plus précieux des œuvres et des objets personnels de Paul Cézanne) ;

quand, en 1921, Marcel Provence obtint de « veiller » _ sa vie durant (1892 – 1951) : ce qui fera trente ans _ au souvenir de ce génie aixois, si mal reconnu jusque là par les concitoyens de sa ville ;

deux sympathiques jeunes filles, donc, proposent de « répondre » à vos éventuelles questions,
en vous laissant le soin de regarder vous-même

tout seul

le bric-à-brac conservé et/ou accumulé ici,
qui peut vous « parler » de ce que « faisait » (= « créait ») ici même le peintre ;

pour peu que vous vous penchiez sur lui, ce bric-à-brac d’objets divers, et l’interrogiez  _ sinon, il demeure(ra) muet…

De fait, les amoureux de Cézanne « re-connaîtront » maint ustensile peint par le « maître »,
à commencer par le petit « Amour » de plâtre qui a pu être dit « de Puget« 
_ ce géant baroque marseillais (Pierre Puget : 1620 – 1694
cf l‘expo rétrospective de Marseille, au Centre de la Vieille Charité et au Musée des Beaux-Arts, en 1994-1995 : « Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte _ 1620-1694« , publié à la RMN) _ ;

« l’Amour en plâtre plusieurs fois peint par Cézanne, particulièrement vers 1895« ,
précise à propos de cet « Amour » Bruno Ely, page 106,
en sa seconde remarquable contribution, elle aussi, « L’Atelier au temps de Marcel Provence » (pages 78 à 117 de l' »Atelier Cézanne« )
_ cf par exemple « L’Amour en plâtre » (conservé à Londres, au Courtauld Institute), page 107,
ou « L’Amour en plâtre » (conservé au Nationalmuseum de Stockholm), NR 782, page 140 de l’album de l’expo de 2006, « Cézanne en Provence« …

« ce plâtre d’après Duquesnoy avait été attribué à Pierre Puget _ précise encore Bruno Ely, page 106 _ dont Gasquet fait dire à Cézanne : « il y a du mistral _ plutôt, me semble-t-il qu’avec une majuscule : « Mistral » !.. _ dans Puget »… » Et « le moulage de l’atelier est signé « François » _ le prénom de Duquesnoy (1597-1643) _ sur le socle » (toujours page 106 de l' »Atelier Cézanne« ).

Il n’empêche…
le regard se perd un peu
dans ce vénérable bric-à-bac cézannien _ peu ou prou _ ;

faute d’assez de « focalisation »
de notre part de « regardeur »-spectateur ;
pas assez « actif » ici
;

alors que nous aidaient à le devenir _ « regardeur-spectateur » en acte (et « en actes » ; les deux …) _
et le brillant, détaillé et judicieux diaporama (de Gianfranco Iannuzzi),
et les échanges vivants avec la guide conférencière (Christiane)
effectuant, par sa parole mobilisée, un riche mouvement de va-et-vient
entre les éléments physiquement présents du site
(du « Jas de Bouffan »)
et les œuvres de Cézanne élaborées ici même, en leur temps
;
dont la guide-conférencière recherchait, manuellement,
en tournant les pages de son cahier d’œuvres du maître ;
et nous montrait alors, les images

à regarder d’autant mieux…

Artisanalement,
et au rebours d’un produit « tout-fait » _ « packaged » _ se « déroulant » mécaniquement…

Il ne faut pas que tout soit trop « fini » _ cf le mot de Flaubert : « la bêtise, c’est de conclure » ;

et l’Art, nous en préserve, mieux que bien des « savoirs » trop _ faussement _ certains (= « arrêtés »), eux…


L’important, pour le voyageur-visiteur _ qui y passe, « itérativement », un minimum de temps _ est de passer
de la passivité consumériste
(mécanique _ comme sur des roulettes ou des tapis roulants : ce qu’offrent les technologies « automatisées » d’aujourd’hui ; quand il suffit de se brancher sur le disque ou le film, qui se déroule au rythme pré-programmé, c’est-à-dire sans nous…) ;
à l’activité (de son esprit, sollicité, et mobilisé, lui) ;

afin de (re-)prendre en quelque sorte, à son tour, le chemin
de l’œil _ face au motif _
et de la main _ face à la toile _
de l’artiste créant…


Comme ac-compagnant, alors, au présent de son « at-tention »

_ et si possible « intensive », « intensément » _

le « génie » _ tâtonnant _ du créateur que, lui-même, plus ou moins fébrilement, alors « cherchait »
en sa gestique
(assez cahotante et risquée :
Cézanne est connu pour avoir lacéré des toiles : à Bibémus, par exemple…) ;


cela nous renvoyant, encore une fois, à nouveau,
aux problématiques æsthétiques
de « L’Acte esthétique » selon Baldine Saint-Girons ;
et de l' »Homo spectator« selon Marie-José Mondzain…

Après ces deux _ petites _ analyses d' »impressions »
de deux visites de sites de création cézanniennes à Aix
, ce 21 juillet-ci, en l’occurrence,

il me reste à mener
_ en un 3ème et dernier volet de cet article _
une réflexion (de conclusion) un peu plus synthétique
et générale _ voire universelle _
sur Art et Tourisme
aujourd’hui…

Et qui pourrait « intéresser » les villes
_ dont Bordeaux et Marseille
(« avec » le pays d’Aix ;
ainsi que Toulouse et Lyon) _
encore en lice
pour le « label » de « capitale européenne de la culture » en 2013


Titus Curiosus, ce 2 septembre 2008

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