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Sylvain et Théotime, Théotime et Sylvain, dans l’exquis CD « Bach-Abel Society » de l’Ensemble Les Ombres, en un très raffiné répertoire galant, à Londres (1765 – 1782)…

20mar

C’est seulement un malencontreux concours de circonstances qui a retardé la livraison et la mise sur table chez mon disquaire préféré, de l’excellent CD « Bach-Abel Society«  _ le CD Mirare MIR 584 _, de l’Ensemble les Ombres, 

dans lequel nous pouvons apprécier, en un bien joli répertoire galant, très raffiné, à destination d’hédonistes cercles aristocratiques londoniens, la flûte traversière de Sylvain Sartre, et le violon toujours parfait de son petit frère Théotime Langlois de Swarte…

Sur ce ravissant CD,

voici la chronique qu’en a donné le 2 février dernier, sur le site Crescendo, Christophe Steyne,

sous l’intitulé « Les Ombres ramènent en lumière les aristocratiques concerts de la Bach-Abel Society« …

Les Ombres ramènent en lumière les aristocratiques concerts de la Bach – Abel Society

LE 2 FÉVRIER 2023 par Christophe Steyne

Bach – Abel Society.

Johann Christian Bach(1735-1782) : Quatuor no 2 en ré majeur Op. 8 ; Sonate pour violon n°3 en ut majeur Op. 16.

Carl Friedrich Abel(1723-1787) : Préludes en ré majeur WKO 195, en ré mineur WKO 205 [27 Pièces pour basse de viole] ; Sonate en ut mineur A2:60A ; Quatuor en sol majeur WKO 227.

Franz Joseph Haydn (1732-1809) : Mary’s Dream ; John Anderson, My Jo ; I love my love in secret.

Johann Samuel Schröter (c1753-1788) : Quintette en ut majeur Op. 1 ; Sonate VI Op. 7.

Les Ombres. Margaux Blanchard, viole de gambe. Sylvain Sartre, flûte traversière. Fiona McGown, mezzo-soprano. Théotime Langlois de Swarte, violon. Justin Taylor, pianoforte. Hanna Salzenstein, violoncelle.

Février 2021.

Livret en français, anglais, allemand.

TT 69’27.

Mirare MIR584

Organisés à Londres entre 1765 et 1782, les « concerts Bach-Abel » furent un foyer majeur _ mais discret _ de la vie musicale européenne au XVIIIe siècle et participèrent à l’émancipation du style galant. Des soirées réservées à une élitiste audience _ aristocratique _ qui pouvait se permettre d’acquitter la souscription. Leur caractère exclusif se dispensait de toute publicité autre que l’annonce du rendez-vous. Aucun programme n’a ainsi survécu _ voilà… _ ce qui nous prive aujourd’hui de savoir précisément quel répertoire y était joué. La reconstitution d’un tel concert repose donc sur des conjectures.

Dans ce disque, la proposition de l’ensemble Les Ombres est aussi pertinente que sincère, rappelant par exemple que certains opus ici choisis sont néanmoins postérieurs _ en effet _ à la période d’activité de ces événements mondains, ainsi le charmant Quatuor en sol majeur avec flûte _ d’Abel _, écrit dans une veine de pastiche et d’autocitation, où reluit la traversière de Sylvain Sartre. Leur sont également postérieurs les trois chants populaires écossais, tirés des quelques centaines que Haydn _ venu à Londres _ diffusa à la fin de sa carrière. Parmi la production vocale contemporaine, des Songs de William Boyce ou Thomas Arne auraient-ils mieux fait l’affaire ? En tout cas cette incursion lyrique s’avère plausible dans ce contexte, et nous offre trois séquences des plus plaisantes pour varier ce récital essentiellement instrumental. La présence _ très intéressante ! _ de Johann Samuel Schröter dans ces concerts est attestée dès 1772 alors qu’il n’avait que vingt ans et venait de débarquer de la Cour de Saxe. Avant sa disparition prématurée _ le 2 novembre 1788, âgé de seulement 35 ans… _, le jeune virtuose du clavier devint un musicien très apprécié de la capitale anglaise et contribua à l’essor du pianoforte _ et la présence de sa musique constitue sans conteste un des apports majeurs de ce parfaitement réussi CD des Ombres…

Les deux tutélaires maîtres de cérémonie _ que sont donc Bach et Abel _ tiennent bien sûr une place d’honneur dans le CD, notamment Abel qui à lui seul en occupe presque la moitié, nous rappelant qu’il fut _ en effet ! _ un des derniers grands gambistes de l’époque. Il est superbement servi par Margaux Blanchard : deux chatoyants Préludes solistes et une Sonate provenant d’un rare recueil découvert en 2014, que le Comte Maltzan (1733-1817), Ambassadeur de Prusse à Londres, ramena dans ses bagages à son retour en Silésie. Johann Christian Bach est représenté par un _ rayonnant _ Quatuor de l’opus 8 (ici abordé avec flûte et viole), en deux parties tout comme la « sonate arrangée » dont nous entendons le Menuetto, dansé sur les pointes par Théotime Langlois de Swarte et Justin Taylor _ toujours parfaits. Ne se sentirait-on privilégié d’être associé à de tels instants de grâce ? Tout au long de cette large heure de musique brille un plaisir exquis _ oui _, émané d’une équipe qui nous enchante et qui, il y a deux siècles et demi, aurait certainement tout autant ravi les hôtes de marque de cette « Bach – Abel Society ».

Son : 9 – Livret : 9,5 – Répertoire : 8-9 – Interprétation : 10


Christophe Steyne

Ce lundi 20 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Deux passionnantes nouveautés discographiques de musique française baroque, de deux des fils de Bertille de Swarte : Sylvain Sartre et Théotime Langlois de Swarte

16août

Ce mois d’août 2021 nous offre diverses nouveautés discographiques,

parmi lesquelles deux très intéressantes réalisations de deux des fils de Bertille de Swarte

_ cf le bien utile précédent récapitulatif de mes recherches, du 29 juin 2021 : _ :

l’une de Sylvain Sartre,

à la direction de l’ensemble Les Ombres ;

et l’autre de son frère le violoniste Théotime Langlois de Swarte,

en duo avec William Christie au clavecin ;

ainsi que viennent de me l’apprendre deux articles de l’excellent site Discophilia, de Jean-Charles Hoffelé,

en date des vendredi 13 août, sous le titre de « Tragédie babylonienne » _ cette expression désignant la tragédie lyrique (de 1718) « Sémiramis« , du compositeur André Cardinal Destouches (1672 – 1749) _ ;

et lundi 16 août, sous le titre de « Le Violoniste retrouvé » _ il s’agit là du violoniste Jean-Baptiste Sénaillé (1687 – 1730), compositeur de sonates pour violon et basse continue (parues en 1710, 1712, 1716, 1721 et 1727.

Voici donc ces deux articles :

TRAGÉDIE BABYLONIENNE

Un voyage au Royaume de Siam en mission avec le Père Tachard (épisode immortalisé par Voltaire dans son Destouches à Siam), un engagement dans l’armée du Roi, le siège de Namur, et dans la musique militaire soudain la révélation de son destin, le jeune Destouches, à la vie jusque-là aventureuse, sera compositeur, André Campra son maître, la Tragédie Lyrique son nouveau champ de bataille.

Au soir de sa vie, Louis XIV entend Issé, premier ouvrage lyrique de celui qui, aux côtés de Colin de Blamont, aura pris la charge laissée par Campra : surintendant de la musique du Roi. Le monarque goûte la pastorale, avoue que les talents de compositeur de Destouches lui évoquent ceux de Lully.

Sept ouvrages lyriques suivront, Sémiramis fermant _ en décembre 1718 _ cette théorie de tragédies lyriques brillantes, pleines d’effet, où Destouches se souvenant des leçons de Campra, ose renouveler le genre par l’ampleur de l’orchestre et la puissance dramatique des scènes. Callirhoé marquera le sommet de cette nouvelle manière, l’ouvrage suscitant une admiration frôlant l’hystérie. Le sujet plus sombre de Sémiramis, reine incestueuse, le livret aux arrière-plans psychologiques complexes de Pierre-Charles Roy, le rôle si poignant de la reine de Babylone écrit pour le grand dessus de Marie Antier ne suffirent pas pour garantir à cet opéra au sombre flamboiement le succès qui entourait encore Callirhoé.

C’est que Destouches, prenant le contrepied du goût de la Régence, qui voulait des ouvrages légers, renouait ici avec le grand style de Lully, et avouait son goût pour l’opéra à grands effets – tremblement de terre et foudre vengeresse abondent au long des cinq actes – qu’il mariait avec une justesse psychologique dans l’incarnation des personnages en avance sur son époque. En cela, il annonce Hippolyte et Aricie de Rameau qui paraîtra quinze ans plus tard _ en 1733.

Les Ombres se dévouent à ce compositeur majeur de l’opéra français, l’ensemble de Sylvain Sartre avait déjà révélé Issé, aura participé aux renaissances de Callirhoé, du Carnaval et la Folie, et enregistré l’admirable cantate Sémélé. Avec sa vaillante troupe, ils font flamboyer ce drame sombre si puissant.

Eléonore Pancrazi met son grand soprano à Sémiramis, qu’elle incarne avec ardeur dès « Pompeux attrait » ; il fallait une tragédienne pour incarner la reine de Babylone, elle l’a trouvée. Mathis Vidal incarne les tourments d’Arsane sans craindre la tessiture exposée qui faisait la renommée de Cochereau, Emmanuelle de Negri donne à Amestris la couleur si singulière de ces sopranos lyriques qui dans la tragédie lyrique devaient conjuguer charme et pathétique. Thibault de Damas donne à Zoroastre toute son autorité.

La partition abonde en beautés, et sa fin, sur le simple « Je meurs » de la Reine n’est pas la moins saisissante. Destouches ne reviendra plus au grand style de la tragédie lyrique, Les Eléments, dont la composition fut partagée avec Delalande, sacreront le triomphe de l’opéra-ballet dont la cour de Louis XV sera si friand. Savait-il qu’avec Sémiramis, il refermerait l’univers inventé par Lully, laissant à ses successeurs le soin d’en dévoyer les canons et l’esthétique ?

Et si demain Sylvain Sartre et ses amis remontaient le fil du temps, nous révélant Amadis de Grèce, Omphale, Télémaque et Calypso, Marpesia, première reine des Amazones ?

LE DISQUE DU JOUR

André Cardinal Destouches(1672-1749)
Sémiramis

Eléonore Pancrazi,
mezzo-soprano (Sémiramis)
Mathias Vidal, ténor (Arsane)
Emmanuelle de Negri, soprano (Amestris)
Thibault de Damas, baryton-basse (Zoroastre)
David Witczak, baryton (L’Oracle, L’Ordonnateur des jeux funèbres)
Judith Fa, soprano (Une Babylonienne, Une prêtresse)
Clément Debieuvre, ténor (Un Babylonien, Un génie)

Chœur du Concert Spirituel
Les Ombres
Sylvain Sartre, direction

Un album de 2 CD du label Château de Versailles Spectacles CVS038

Photo à la une : la mezzo-soprano Eléonore Pancrazi – Photo : © DR…

LE VIOLONISTE RETROUVÉ

Dix années séparent Senaillé de Leclair. Le premier fut à bonne école avec son père, un des violons de Lully, le second un virtuose de son instrument dont le métier flamboyant ne pouvait faire oublier qu’il était un compositeur de génie, auteur d’une tragédie lyrique majeure, Scylla et Glaucus, dont la puissance ne se compare qu’aux grands ouvrages de Rameau.

L’un et l’autre auront, de leurs archets impétueux, réuni les goûts français et italien, c’est au premier que Théotime Langlois de Swarte et William Christie consacrent l’essentiel de leur stupéfiant album, et c’est justice : les Sonates si brillantes et si touchantes de Senaillé, emplies de danses et de musettes, parcourues de sarabandes et d’adagios nostalgiques, n’auront suscité qu’un album monographique signé par Odile Edouard voici quelques lustres pour le label K617.

Elles sont merveilleusement chorégraphiées par l’archet plein et souple du jeune homme _ certes ! _, qui sait y faire transparaître les nombreuses influences de l’opéra. Le génie poétique de Senaillé en fait tout sauf un petit maître, il égale Mondonville et n’est pas loin de se hausser au niveau de Leclair lorsqu’il élance la prodigieuse Courante de sa Sonate en mi mineur : cette ardeur du rythme, cet archet qui s’enflamme et danse, coupent le souffle.

Disparu à l’orée de sa quarantaine, ce compositeur qui n’aura composé que des livres _ au nombre de cinq _ de Sonates pour son instrument, méritait qu’enfin on le redécouvre, il ne lui aura manqué que le temps d’approfondir son art, et c’est un peu cruel d’ouvrir ce disque avec la Gavotte de Leclair, qui expose un génie mélodique tendant vers Mozart, alors que la Sarabande de la Sonate en mi de Senaillé est belle comme une phrase de Rebel. A dix ans de distance, l’un regarde l’avenir, l’autre caresse le passé, duo merveilleux que William Christie et son jeune ami ressuscitent avec des tendresses brillantes dont je ne me lasse pas.

Vite, s’il vous plait Messieurs, un second volume.

LE DISQUE DU JOUR

Générations

Jean-Baptiste Senaillé (1687-1730)


Sonate pour violon et basse continue en mi mineur, Op. 4 No. 5
Sonate pour violon et basse continue en sol mineur, Op. 1 No. 6
Sonate pour violon et basse continue en ré majeur, Op. 3 No. 10
Sonate pour violon et basse continue en ut mineur, Op. 1 No. 5


Jean-Marie Leclair (1697-1764)


Sonate pour violon et basse continue en mi mineur, Op. 3 No. 5 (extrait : I. Gavotte)
Sonate pour violon et basse continue en la majeur, Op. 1 No. 5
Sonate pour violon et basse continue en fa majeur, Op. 2 No. 2

Théotime Langlois de Swarte, violon
William Christie, clavecin

Un album du label harmonia mundi HAF89051292 (Série « Les Arts Florissants »)

Photo à la une : le violoniste Théotime Langlois de Swarte – Photo : © DR

Ce lundi 16 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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