De premières recensions du passionnant coffret de l’Intégrale Ravel chez Warner Classics…
31oct
Est paru le 4 septembre dernier, chez Warner,
un forcément intéressant _ ne serait-ce que par ses choix _ coffret de 21 CDs de l’Intégrale _ ou presque _ de l’œuvre de Maurice Ravel.
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Jusqu’ici,
assez peu de recensions dans les médias de ce bien intéressant _ par ses choix d’interprétations, par conséquent ! _ monument discographique :
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un assez rapide article de présentation _ signé François Laurent _ de l’objet,
intitulé « Ravel pour tous les goûts« ,
à la page 63 du numéro d’octobre, le n° 693, du magazine Diapason, au chapitre des « Rééditions » ;
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un article intitulé « Tout Ravel, sur le blog de Jean-Pierre Rousseau, en date du 17 septembre ;
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et maintenant, en date du 30 octobre, un article un peu plus détaillé de Stéphane Friédérich, intitulé « Vertiges et vestiges de l’intégrale Ravel de Warner Classics« ,
sur le site Res Musica.
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Voici donc cet article, avec ses choix, un peu détaillés :
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Vertiges et vestiges de l’intégrale Ravel de Warner Classics
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De 1911 à nos jours… Dans cette intégrale solide _ voilà _ qui équilibre habilement les archives du patrimoine _ bien mises en valeur ici _ et les artistes d’aujourd’hui, plus d’un siècle d’interprétations ravéliennes nous contemplent !
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Il serait bien présomptueux de savoir à quel public s’adresse ce type de coffret. A priori, à tout le monde, de l’amoureux du Boléro au mélomane averti. Le premier ira vers les grandes fresques (en y incluant _ ce chef d’œuvre que sont _ les Tableaux d’une exposition de Moussorgski _ orchestrées par Maurice Ravel : un somptueux (et extraordinaire) orchestrateur ! _ dont on aurait préféré ceux de Cluytens, certes déjà bien présent, à la lecture convenue de Maazel et du Philharmonia). Le second auditeur puisera tout de suite dans les quatre disques consacrés aux enregistrements historiques _ voilà ! Régulièrement réédités, mais jamais vraiment regroupés _ remarque intéressante _, ils surprennent toujours par la vie qui jaillit _ voilà ! et c’est capital ! Toute vraiment satisfaisante (voire exaltante !) interprétation doit donner l’impression la plus naturelle possible que la musique jaillit, ici et maintenant, de l’imageance, et des doigts mêmes, du compositeur à sa table de travail… _ des doigts d’Alfred Cortot, de Marcelle Meyer et d’une « belle oubliée », Henriette Faure dans les Miroirs. On goûte aux fruits défendus, aujourd’hui, des doutes et des errements de ces époques (Jacques Février dans le Concerto pour la main gauche, en 1942), Maurice Ravel, chef et surtout pianiste incertain dans ses propres Valses nobles et sentimentales (stéréophonisées d’après les rouleaux Welte-Mignon de 1913), sans oublier l’incontournable (« hélas », diront certains) Marguerite Long… La prise de risques n’est _ désormais _ plus de mise _ à l’enregistrement, à la différence, tout de même, du feu plus libre du concert… _ et on se surprend à être ému aux larmes _ wow… _ en écoutant le Quatuor Caplet, en 1936, ou bien l’archet lumineux de Zino Francescatti accompagné par Maurice Faure, en 1931, dans Tzigane.
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De l’œuvre vocale, on retrouve l’intégrale des mélodies proposées depuis les années quatre-vingts, avec quelques pièces plus rares, dont les cantates du Prix de Rome préalablement parues chez Naxos. On avait presque oublié Myrrha et Alcyone par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et Michel Plasson, à l’époque où cette formation possédait une sonorité appropriée et se dédiait, avec tant de réussite _ certes ! _, au répertoire français. L’éditeur jongle très bien entre les voix d’un passé prestigieux (Van Dam, Mesplé, Norman, Ameling, etc.) et les nouvelles générations de voix, moins typées souvent, mais d’une souplesse remarquable (Crebassa, Delunsch, Devieilhe). L’Heure espagnole – impeccable sous la baguette d’Armin Jordan – et l’Enfant et les sortilèges – moins indispensable avec Mikko Frank (il est vrai que Maazel et Ansermet dominent encore _ oui _ la discographie), complètent l’ensemble.
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La musique de chambre réunit, en deux albums, “anciens” et “modernes” : le Quatuor Ebène, d’une virtuosité très affutée et d’un lyrisme finalement dans la tradition française d’entre-deux guerres, les frères Capuçon et, en miroir, les lumineux Christian Ferras, Pierre Barbizet _ tous deux disparus _ dans Tzigane ainsi que Jean-Jacques Kantorow et Jacques Rouvier pour la Berceuse sur le nom de Fauré.
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L’œuvre pour piano s’équilibre judicieusement : Bertrand Chamayou et Beatrice Rana _ cf, ainsi, par exemple, ces deux articles miens des 22 décembre 2019 et 20 mai 2020 : Les oxymores de la virtuosité justissime de Béatrice Rana dans les « Miroirs » de Ravel… et Musiques de joie : la formidable jubilation musicale de la frénésie retenue, contenue, de La Valse de Ravel ; par Jean Martinon, par Martha Argerich et Nelson Freire, et par Beatrice Rana… _ pour le présent. Deux lectures de maîtres incontestables _ de notre présent _ auxquelles Warner a ajouté le Gaspard de la nuit de Samson François – l’ignorer eut été _ en effet _ « impardonnable » – et la version pianistique pleine de panache et de vie de Daphnis et Chloé par Claire-Marie Le Guay. Elle parut chez Accord, et Universal l’a confiée à Warner. Elégants, la Sonatine et les Miroirs sont confiés à Anne Queffélec. Une belle surprise _ voilà _ que ces gravures des soixante-dix. Les pièces pour quatre mains et deux pianos puisent dans divers catalogues, de Teldec (la Valse un peu brutale d’Argerich et Rabinovitch), l’intéressante transcription du Prélude à l’après-midi d’un faune par Olivier Chauzu et Jean-Pierre Armengaud (ex-Naxos), ainsi que diverses bandes disponibles chez Brilliant. Rien n’a fait l’objet d’une gravure récente, ce qui est dommage, car le Boléro d’Achatz et Nagai, par exemple, est d’une dureté rébarbative.
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De l’œuvre orchestrale, le Concerto pour la main gauche est sous les doigts de Samson François – un _ incontestable _ incunable –, mais l’éditeur a choisi Martha Argerich sous la baguette de Vedernikov _ Alexander Vedernikov vient de décéder, à Moscou, ce 29 octobre… _ pour le Concerto en sol, ce qui est fort dommage. Il fallait à nouveau privilégier Samson François. On regrette aussi que seule la Pavane ait été confiée à Giulini. Ne pouvait-on, aussi, privilégier le génial Barbirolli, voire Baudo, Martinon ou Armin Jordan pour Ma Mère l’Oye, en lieu et place de Rattle avec Birmingham ? Plus encore, les Valses nobles et sentimentales, demeurent préférables avec Martinon et Cluytens, alors que le choix s’est porté, diplomatiquement, sur Nézet-Séguin… Enfin, on retrouve André Cluytens dans le ballet intégral de Daphnis et Chloé : un ravissement _ oui ! cf ma très brève remarque, après écoute, ce 28 octobre dernier : mais j’aime par-dessus tout ce Daphnis et Chloé de Ravel, que j’avais découvert par le cadeau que m’en avait, en disque noir, mon ami très éminent mélomane et discophile, Bernard Brevet, dans l’interprétation du créateur, le 8 juin 1012, Pierre Monteux… _, presque six décennies après l’enregistrement _ en 1963…
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Maurice Ravel (1875-1937) : The Complete Works
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• Œuvres pour orchestre et concertantes : Martha Argerich, Vadim Repin, Orchestre national de Lyon, Emmanuel Krivine, direction ; Orchestre national du Capitole de Toulouse, Michel Plasson, direction ; Orchestre Philharmonia, Lorin Maazel, Carlo Maria Giulini, directions ; Orchestre de Philadelphie, Riccardo Muti, direction ; Orchestre symphonique de Bâle, Armin Jordan, direction ; Orchestre national de l’O.R.T.F., Jean Martinon, direction ; Chœurs René Duclos, Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, André Cluytens, direction ; Orchestre philharmonique de Rotterdam, Yannick Nézet-Séguin, direction ; Orchestre de Paris, Charles Munch, Jean Martinon, directions ; Orchestre de la Suisse Italienne, Alexander Vedernikov, direction ; Orchestre symphonique de Birmingham, Simon Rattle, direction ; Orchestre symphonique de Londres, Kent Nagano, direction
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• Œuvres pour piano : Dag Achatz et Yukie Nagai, Martha Argerich, Jean-Pierre Armengaud et Olivier Chauzu, Bertrand Chamayou, Béatrice Rana, Samson François, Claire-Marie Le Guay, Alexandre Tharaud, Anne Queffélec, Alexander Mogilevsky, Alexandre Rabinovitch, Jean-Philippe Collard et Michel Béroff, Katia Labèque, Ingryd Thorson et Julian Thurber, Giorgia Tomassi et Alessandro Stella
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• Œuvres de musique de chambre : Pierre Barbizet, Renaud Capuçon, Gautier Capuçon, Christian Ferras, Jean-Jacques Kantorow, Frank Braley, Quatuor Ebène
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• Œuvres vocales : Gabriel Bacquier, Elly Ameling, Nora Amsellem, Janet Baker, Marc Barrard, Jean-Christophe Benoit, Nicolas Courjal, Marianne Crebassa, José van Dam, Mireille Delunsch, Brigitte Desnoues, Sabine Devieilhe, Jodie Devos, Marc Duguay, Paul Groves, Jean-François Lapointe, Elizabeth Laurence, Gaële Le Roi, Victoria de Los Angeles, Felicity Lott, François Loup, Mady Mesplé, Valérie Millot, Jessye Norman, Julie Pasturaud, François Piolino, Gino Quilico, Tibère Raffalli, Michel Sénéchal, Gérard Souzay, Nathalie Stutzmann, Béatrice Uria-Monzon…, David Abramovitz, Dalton Baldwin, Aldo Ciccolini, Rudolf Jansen, Fazil Say, Gonzalo Soriano, Michel Debost, Renaud Fontanarosa, Chœur de Paris-Sorbonne, Jacques Grimbert, direction ; Ensemble vocal Philippe Caillard ; Chœur de Radio France, Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck, direction ; Orchestre national du Capitole de Toulouse, Ensemble de chambre de l’Orchestre de Paris, Michel Plasson, directions ; Nouvel Orchestre Philharmonique, Armin Jordan, direction ; New Philharmonia Orchestra, John Barbirolli, direction ; Orchestre de l’Opéra national de Lyon, Kent Nagano, direction ; Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, Georges Prêtre, André Vandernoot, directions
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• Enregistrements historiques : Robert Casadesus, Alfred Cortot, Henriette Faure, Jacques Février, Samson François, Marguerite Long, Marcelle Meyer, Francis Poulenc, Arthur Rubinstein, Zino Francescatti, Jane Bathori, Pierre Favereau, Fanny Heldy, Louis Morturier, Martial Singher, Pierre Bernac, Charles Panzera, Quatuor Calvet… Orchestre symphonique du Gramophone, Piero Coppola, direction ; Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, Charles Munch, direction ; Orchestre symphonique de Paris, Pierre Monteux, direction ; Orchestre Lamoureux, Maurice Ravel, direction ; Orchestre des Concerts Straram, Walter Straram, direction ; Orchestres divers, Pedro de Freitas-Branco, Piero Coppola, directions…
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21 CD Warner Classics.
Lieux d’enregistrements multiples, entre 1913 et 2019.
Notice en français, allemand et anglais.
Durée totale non déterminée
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Ce coffret de 21 CDs Ravel/Warner Classics
est ainsi vraiment passionnant…
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Ce samedi 31 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa