L’oeuvre Durosoir au concert : les programmes du Quatuor Equinoxe et du Trio Rilke aux concerts d’Hendaye les 6 et 7 avril 2013
L’œuvre musical de Lucien Durosoir se caractérisant par une très forte singularité _ objective et à nos oreilles _,
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en présenter quelque pièce _ en quelque sorte détachée… _ au concert, nécessite,
de la part des musiciens-interprètes,
un art délicat et assez subtil de la conception-composition du programme…
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Et voici qu’il s’avère qu’avec Beethoven _ et sa puissance intense et profonde _,
Durosoir consonne en quelque sorte idéalement…
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Le samedi 6 avril dernier, le Quatuor Équinoxe
(constitué de Clara Abou et Pauline Dangleterre, violons, Loïc Douroux, alto, et Émile Bernard, violoncelle),
et le dimanche 7 avril, le Trio Rilke
(constitué de Clara Abou, violon, Claire-Lise Démettre, violoncelle, et Antoine de Grolée, piano),
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présentaient
en « Hommage à Lucien Durosoir« _ et pour « Chemin de mémoire » qui entend instituer de tels concerts à Hendaye, lieu où vécut (et qu’a aimé) Lucien Durosoir, du 26 novembre 1925 au 29 avril 1926 ; et où il a composé deux œuvres importantes : les second et troisième mouvements de sa sonate Aube pour piano (achevés le 18 décembre 1925 et le 2 février 1926) et le premier mouvement de son Trio pour piano, violon et violoncelle (achevé le 18 avril 1926) ; c’est lors de ce séjour à Hendaye qu’a été décidé, le 14 avril 1926, l’achat de la Villa Les Chênes à Bélus, à l’extrémité sud-ouest de la Chalosse, où allaient s’installer définitivement (à la recherche du climat le meilleur !) Lucien Durosoir et sa mère : ce fut le 4 septembre 1926 _
deux œuvres de Lucien Durosoir :
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d’une part,
deux mouvements, l’Adagio et le Scherzo, de son premier Quatuor à cordes (de 1920) _ cf sur les quatuors de Lucien Durosoir mon article du 4 juillet 2008 : Musique d’après la guerre _ ;
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et d’autre part ses Cinq Aquarelles pour violon et piano (de 1920 aussi _ sa toute première œuvre _) : Bretagne, Vision, Ronde, Berceuse et Intermède…
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La très grande qualité de ces deux concerts _ et cela dans l’excellente acoustique de l’église Saint-Vincent, un lieu empreint d’une spiritualité qui convient parfaitement à la musique intense de Lucien Durosoir _
a très vivement marqué le public,
du fait de l’engagement puissant de ces deux (jeunes) ensembles, produisant une très forte « présence » _ poétique et musicale ! _ des œuvres interprétées…
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Alors, comment composer un programme de concert, faisant une place à quelque pièce de Lucien Durosoir _ ce compositeur si singulier _,
quand on est une jeune formation de musique de chambre, avec tout le travail de fond (et de longue haleine _ avec tant et tant d’heures de travail ensemble… _) qu’impliquent et nécessitent les formations si exigeantes de Quatuor comme de Trio ?..
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Un concert impliquant la mise au point et donc la possession _ dans les doigts, dans les têtes, dans les cœurs : la musique se vit… _ de tout un répertoire,
cela ne peut certes pas s’effectuer du jour au lendemain ;
ce n’est qu’au fur et à mesure des répétitions et de la succession et maturation des concerts que les musiciens pourront peu à peu le constituer, l’établir, le faire resplendir dans leur jeu…
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On est donc d’autant plus admiratif
du brillant de la réussite de la performance
des jeunes interprètes
du Quatuor Équinoxe
et du Trio Rilke
à l’église Saint-Vincent d’Hendaye, ces 6 et 7 avril derniers…
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Et j’ai particulièrement à cœur de souligner que
les choix du Quatuor à cordes opus 18 n° 1
et du Trio opus 97 n° 7, avec piano, « À l’Archiduc » de Beethoven
se sont révélés particulièrement opportuns et ô combien excellents ! pour chacun des deux concerts,
la puissance poétique musicale de Lucien Durosoir ayant, en effet, quelque chose d’apparenté _ qu’on y médite ! _ à la puissance poétique musicale de Ludwig van Beethoven.
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Dans mes essais de présentation-approche _ et d’approche de la singularité, tellement impressionnante ! _ de l’œuvre de Lucien Durosoir _ dans la rédaction de mes contributions au colloque Un Compositeur moderne né romantique : Lucien Durosoir (1878-1955), à Venise, au Palazzetto Bru-Zane, les 19 et 20 févier 2011 : Une Poétique musicale au tamis de la guerre : le sas de 1919 _ la singularité-Durosoir et La Poésie inspiratrice de l’œuvre musical de Lucien Durosoir : Romantiques, Parnassiens, Symbolistes, Modernes : les Actes de ce colloque sont en instance de parution… _,
et en procédant, pour cela, à quelques tentatives de comparaison,
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si ce sont les noms de Michel-Ange _ sculpteur _,
Agrippa d’Aubigné ou Walt Whitman _ poètes _
qui me sont venus à l’esprit,
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en musique,
c’est à la puissance beethovenienne que me fait penser d’abord et en amont du XXe siècle, le génie musical de Lucien Durosoir en sa très forte singularité,…
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Que l’on pourra associer, aussi, à celui de contemporains tels que
Schoenberg, Janacek, Szymanovski, Bartok, ou Chostakovich,
en son siècle, cette fois…
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Voilà, ainsi, quelques propositions de pistes pour de futurs programmes de concert _ et notamment pour ce nouveau festival de musique (autour de Lucien Durosoir : « Chemin de mémoire« ) qui vient de voir le jour à Hendaye…
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Cela dit,
des pièces telles que le Quartettsatz de Schubert,
ou la Sonata per violoncello e basso de Boccherini _ une personnalité rayonnante : au génie comparable à celui d’un Joseph Haydn, par exemple ; ce qui est loin de se savoir (et ressentir) assez !.. _,
ne déparaient en rien _ et ainsi superbement interprétées : avec une magnifique « présence » !!! _ le paysage musical de ces deux très beaux concerts
proposant de commencer à découvrir à Hendaye
l’idiosyncrasie puissante et profonde de Lucien Durosoir…
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Titus Curiosus, ce 12 avril 2013