Posts Tagged ‘Tobias Koch

Chanter Schubert (suite) : Markus Schäfer, dans le Schwanengesänge, avec Tobias Koch _ une révélation…

22jan

Un nouveau superbe CD de Lieder de Schubert,

après les deux marquantes réussites récentes des Winterreise

de Ian Bostridge (avec Thomas Adès)

_ cf mon article  du 8 janvier dernier, pour le CD Pentatone PTC 5186 764 _

et Pavol Breslik (avec Amir Katz)

_ cf mon article  du 19 janvier dernier, pour le CD Orfeo C 934 191 _ :

le CD Schwanengesänge du ténor Markus Schäfer,

accompagné _ superbement _ par l’excellent pianiste qu’est Tobias Koch…

_ soit le CD CAvi-music 8553206.

Certes le timbre de la voix de ce ténor qu’est Markus Schäfer

n’a pas le miel tendre _ mozartien _ de celle de Pavol Breslik,

mais plutôt celle _ plus âpre _ du regretté Peter Schreier,

mais son art de dire (et chanter) les Lieder de Schubert

a aussi quelque chose de l’art si magnifiquement expressif _ et poétique _ de Ian Bostridge.

Sur ce très beau CD de Markus Schäfer et Tobias Koch,

lire aussi cet article de Jean-Charles Hoffelé sur son blog Discophilia,

le 17 janvier dernier,

intitulé Chant du cygne :

CHANT DU CYGNE

Quel joli _ ce n’est pas l’adjectif que j’aurais personnellement choisi… _ disque ! Tobias Koch _ un parfait magicien du clavier ! _ touche un beau pianoforte de Friedrich Hippe, subtil, feutré _ oui ! _, sur lequel Markus Schäfer distille avec subtilité sa singulière voix de ténor de caractère _ voilà ! et non de charme… _ : je n’imaginais pas forcément son timbre, assez proche _ mais oui ! _ de celui de Peter Schreier, idéalement apparié à la lyrique schubertienne qui appelle plus naturellement des ténors Mozart _ voilà ! _, Haefliger, Dermota, Wunderlich, Breslik aujourd’hui.

Mais Schäfer, formé au répertoire baroque _ il chante Johann Christian Bach… _ qui a remis en prééminence les mots dans la musique, chante son Schubert intime, distille les poèmes _ oui : à la Bostridge _, refuse les effets _ et c’est tant mieux ! Pour la lyrique effusive de tout ce qui dans l’assemblage du Schwanengesang vient des poèmes de Rellstab, cela sonne d’évidence, mais lorsque l’on passe chez Heine, Schäfern’hésite pas un instant à corser son timbre _ oui _, et pour le trio Die Stadt/ Am Meer/ Der Döppelgänger où les fantômes paraissent _ oui _, le timbre soudain évoque Julius Patzak. _ parfaitement !

En plus de nous faire un Schwanengesang si singulier _ mais oui ! _, dont il assombrit le propos en choisissant les ossias _ passages alternatifs _ graves, il ajoute quelques lieder _ en effet _ subtilement appariés aux opus ultimes, le Schwanengesang de Senn, Winterabend, le saisissant Die Sterne, Herbst et cette merveille qu’est Auf dem Strom où les rejoint le cor naturel de Stephan Katte : soudain le paysage s’ouvre, moment magique _ oui. Ils devraient bien _ en effet ! _ nous tenter Winterreise.


LE DISQUE DU JOUR


Franz Schubert
(1797-1828)

Schwanengesang, D. 744
Winterabend, D. 938
Die Sterne, D. 939
Auf dem Strom, pour ténor, cor et piano, D. 943
Herbst, D. 945
Schwanengesang, D. 957
Die Taubenpost, D. 956A

Markus Schäfer, ténor
Tobias Koch, piano
Stephan Katte, cor

Un album du label AVI 8553206

Photo à la une : le ténor Markus Schäfer – Photo : © DR

Ce mercredi 22 janvier 2010, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour découvrir des compositeurs très discrets, 3 merveilles discographiques de derrière les fagots

31mai

Parmi les CDs qui ne quittent pas mes platines,

3 CDs absolument merveilleux,

tant par les œuvres si magnifiques qu’ils donnent à découvrir,

que par des interprétations si parfaites

que ce serait une faute de ne pas donner à en partager si peu que ce soit de l’enthousiasme de leur écoute…

Dans l’ordre chronologique des siècles de composition des œuvres ainsi mises à notre portée aujourd’hui,

voici d’abord le CD Minoritenkonvent _ Manuscript XIV 726 / Vienna Praha Kromeriz, 1700 (CD MUSO mu-008),

par Aliquando, constitué ici de la violoniste Stéphanie Paulet et de l’organiste Elisabeth Geiger,

pour des Sonatas anonymes (elles sont au nombre de 5)

et de Heinrich Ignaz Franz Biber (2), Giovanni Buonaventura Viviani (1), Jan Ignac Frantisek Volta (1), Nikolaus Faber (1) et Johann Caspar Teubner (1),

toutes issues d’un même manuscrit (important) du Couvent des Minorites de Vienne ;

recueil que commente ainsi Stéphanie Paulet au début de sa présentation à la page 4 du livret, « du choix de l’Orgue Silberman des Sœurs grises de Haguenau comme unique instrument de continuo » dans cette réalisation pour ce superbe, et même sublime, disque :

« Le manuscrit du Couvent des Minorites de Vienne (Autriche), connu depuis de nombreuses années par les musicologues, se révèle aujourd’hui encore peu exploré par les instrumentistes ; à le lire tout entier, il surprend, par sa beauté, et atteste d’une activité florissante autour du violon dans la période de Biber (1644-1704).

Rien n’est précisé sur le caractère religieux de ces sonates, et bien que certaines le suggèrent, le libre choix de l’instrumentation pour la ligne du continuo était laissé ouvert.

Nées dans un contexte fortement religieux, encourageant les Arts, les sonates de ce recueil témoignent de multiples influences, et la musique apparaît tour à tour méditative, illustrative, ou de danse, appelant un continuo varié en timbres et en nuances. (…)

Ainsi, l’orgue riche de toutes ces possibilités (soient, par exemple, la capacité d’expression du caractère de l’intime, comme une prière, comme du caractère majestueux d’une passacaille ; la capacité de tenir un bourdon invitant à l’improvisation de longs mélismes méditatifs pour le violon ; la capacité d’évoquer par le jeu d’anches typé du Cromorne les danses de la Renaissance ; etc.), pouvait s’imposer comme un partenaire à part entière du violon, le faisant même apparaître parfois comme un registre supplémentaire du jeu de cordes.

Alliant la richesse d’un instrument de tribune et la douceur d’un instrument de continuo, l’orgue baroque d’André Silbermann  de l’église Sainte-Madeleine à Strasbourg (où se trouve maintenant déposé l’Orgue Silberman des Sœurs grises de Haguenau), par la beauté de ses timbres du passé, s’est imposé comme une évidence pour le choix de notre continuo, et a nourri en retour l’univers suggestif de ces sonates« .

Et quant à la nature de cet important « Manuscrit XIV 726 du Couvent des Minorites« ,

voici ce qu’en indique le Dr Greta Haenen aux pages 8 à 10 du livret de ce CD :

« Le Manuscrit XIV 726 du Couvent des Minorites à Vienne, dont sont extraites les sonates du disque, est considéré comme le recueil le plus important de la musique pour violon soliste du Saint Empire Romain Germanique. Pour l’essentiel, il s’agit de pièces de la fin du 17e siècle. (…) La copie du Manuscrit qui nous intéresse dans cet enregistrement n’est pas datée, mais tout laisse à penser qu’elle a été réalisée dans la dernière décennie du 17e siècle. (…) Les pièces qui y sont recopiées sont toutes parues avant 1690. (…) Ce Manuscrit fut en son temps une source d’une importance considérable pour l’œuvre instrumentale soliste de Biber. (…) Hormis ces récollections rassemblées, le recueil présente aussi des œuvres soit anonymes, ou de compositeurs ayant tous un lien direct avec l’environnement esthétique de la cour de Vienne _ ainsi Schmelzer, Teubner, Viviani ou Bertali _, de Prague _ avec le médecin et violoniste Ian Ignac Frantisek Vojta (ca.1660 -ca.1725) _, ou de Kromeriz : Heinrich Ignaz Franz Biber y travailla plus longtemps qu’à Vienne, où l’on ne peut attester qu’un court « concert-invité » en 1677 ; Faber, lui, était probablement en lien avec un des musiciens de cette cour de Kromeriz. (…) Les œuvres anonymes, comme c’est le cas pour d’autres recueils, sont très probablement nées dans ce large environnement habsbourgeois (Vienne, Kromeriz ou Prague) de compositeurs de l’entourage amical des copistes. (…) Quelques sonates restées anonymes figurent exclusivement dans ce Manuscrit, sans concordance avec d’autres _ ce sont donc des hapax _, comme les sonates n°4 (piste 3), n°77 (piste 1), et n°87 (piste 2). Elles affichent clairement un contexte viennois : éléments de style italien, technique de violon locale, évocation certaine de musique de « violoneux » qui subsiste dans le répertoire du sud-est de l’Empire plus longtemps qu’en Italie ou en Allemagne du nord, et ceci sûrement pour des raisons socio-culturelles. En effet, la culture dans le nord est urbaine, la musique n’y a pas les mêmes fonctions qu’à la cour » ;

puis le CD « Farewell to the homeland » Polish Romantic Music (CD NIF CCD 104),

par le pianofortiste Tobias Koch,

pour des Polonaises (6), Nocturnes (2), Valses (1), Etudes (1), Rondos (1) et Mazurkas (9) de Frédéric Chopin (2), Michal Kleophas Oginski (1), Karol Kurpinski (5), Maria Szymanovska (6), Jozef Elsner (1), Ignacy Feliks Dobrzynski (1), Jozef Krogulski (1), Karol Mikuli (1), Karol Zaluski (1) et Ignacy Friedman (1).

Ces pièces, toutes brèves, sont en majorité antérieures _ c’est le cas des treize premières (n° 1 à 11 et n° 13-14) _ à la période de composition de Frédéric Chopin _ dont sont présentes ici 2 Mazurkas (la pièce n° 12, d’avant 1832, et la pièce n° 20, de 1849) _.

Seules deux Mazurkas (la pièce n° 15, de 1840, d’Ignacy Feliks Dobrzynski, et la pièce n° 16, de 1836, de Jozef Krogulski) sont contemporaines de la période de création de Frédéric Chopin.

Et trois dernières Mazurkas (la n° 17, de 1860, de Karol Mikuli, la n° 18, après 1849, de Karol Zaluski et la n°19, de 1912, d’Ignacy Friedman) sont postérieures à l’œuvre de Frédéric Chopin.

Merveilleusement interprétées par le pianofortiste Tobias Koch _ dont j’ignorais bien à tort l’existence jusqu’à ce jour : il faut vite réparer cette injustice ! _,

sur quatre magnifiques instruments anciens (un Erard de 1838, un Pleyel de 1848, un Erard de 1849 et un Pleyel de 1854) si judicieusement mis à profit par la formidable collection de CDs du Narodowy Institut Fryderyka Chopina _ cf mon article du 30-6-2012 Le sublime Chopin « en vérité » de Tatiana Shebanova _ in memoriamde Titus Curiosus _,

cette succession de pièces spécifiquement polonaises nous donne à très finement percevoir le très riche terreau polonais de l’œuvre si singulière de Frédéric Chopin…

Et c’est à l’infini que l’écoute de ce CD nous offre son enchantement…

;

et le CD « Complete piano works » de Gustave Samazeuilh (Grand Piano GP 669),

par le pianiste Olivier Chauzu.

 

Titus Curiosus, ce dimanche 31 mai 2015

 

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