Lieux communs (ou pas) romains (2) : temps, perception, oeuvre _ le cas exemplaire du « génie » de Goethe se dé-couvrant peu à peu en son (prolongé) séjour romain…
Pour poursuivre ma réflexion d’hier, « Lieux communs (ou pas) romains : entre peinture et photographie au XIXème siècle « ,
entamée à partir 1) de ma lecture du livre-catalogue de l’expo « Voir l’Italie et mourir » ; et 2) de l’article du Monde (sous la double signature de Michel Guerrin et Philippe Dagen) « L’Italie en peintures et en photographies : sujets communs, lieux communs » ;
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et la mener un peu plus loin,
en creusant si peu que ce soit autour des liens se tissant entre temps, perception et œuvre ;
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et à partir de la remarque de cet article (de Michel Guerrin et Philippe Dagen, donc ; experts s’il en est…) autour de ce qui distingue une certaine approche photographique de l’attitude dominante et tentatrice du « cliché« , avec le fait le plus fréquent, sans doute, de succomber au « lieu commun » ;
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attitude _ sinon « posture« à adopter… _ présente souvent (le plus souvent, du moins…) dans un certain « pictorialisme » des peintres d’abord (avant, à leur suite, les photographes) ; quand ils ne « parviennent » pas vraiment, ni tout à fait, à un style _ et leur style ! _, du moins…
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D’où les dégats endémiques de ce « pictorialisme« -là (des « clichés » dans les têtes !..) parmi les photographes aussi…
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Mais je me souviens d’être parvenu à une remarque similaire lors de ma lecture _ patiente : elle prend, forcément, un certain temps ; surtout crayon (du passionné que je suis : de Rome, entre autres, et tout particulièrement !) en main :
le « Journal » de « Voyage en Italie » prenant à Goethe lui-même un certain temps
(soit plusieurs années : d’autant qu’avant de retourner séjourner longuement encore à Rome _ et c’est là, en ce re-tour, seulement, que son regard « devient » vraiment profond ! et perspicace ! après le bousculement pataud, pataugeant, balourd, toujours trop niais, de la première « dé-couverte » ; et la nécessité de l' »acclimatation« … _, Goethe part visiter, un certain temps aussi, Naples) _ ;
lors de ma lecture patiente (et crayon en main) du « Journal » de « Voyage en Italie » de Goethe :
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Arrivé à Rome, Johann Wolgang von Goethe commence, effectivement
_ tout « génie » qu’il est (ou plutôt « est capable d’être » :
mais même le « génie » doit s’apprendre, en « se désembourbant » : des « clichés« , précisément ! : cf la magnifique formulation de Nietzsche en son « Prologue » d' »Ainsi parlait Zarathoustra » : « Il faut encore porter du chaos en soi pour donner naissance à une étoile dansante« !) _,
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Goethe commence par « tomber » _ et « patauger » longtemps, même lui ! _ dans la plupart des « clichés » courant les rues (et les esprits plus encore !!!) sur Rome, en « touriste » (débarquant de la germanique Weimar) qu’il commence par être, lui aussi, à la rencontre
_ pas encore assez « découverte« (c’est-à-dire qui soit enfin assez dé-tachée des « clichés« ), justement… _
des monuments un peu célèbres, déjà , ou depuis presque toujours _ Goethe est un grand lecteur (et des auteurs latins classiques, pour commencer) devant l’Eternel… _ ; et qui « encombrent » encore son regard…
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Mais ce qui va aussi l’aider un peu _ si peu que ce soit : mais c’est le décisif en l’affaire ! _ à se dé-tacher (donc !!!) des « clichés« , et à enfin rencontrer, avec (enfin !) un peu plus de « fraîcheur » (d’artiste « vrai« ), Rome ;
et pas seulement en la forme pré-formatée de ses plus (et trop) célèbres monuments : à « identifier« , tout d’abord (en « bon élève » qui se souvient « bien » de la « leçon » apprise auprès des premiers « maîtres« …) ; et « re-connaître« : « ah ! c’est donc cela, le Panthéon ! » ; et ce que va permettre bientôt à grande échelle l’invention, puis la diffusion généralisée, auprès des « touristes », du « Baedeker » ;
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c’est que Goethe aussi dessine
(et se prépare sans doute même _ il l’écrit en son « Journal » ; avant, plus tard, d’y renoncer… _ à peindre ; en compagnie de plusieurs amis peintres séjournant longtemps, voire s’étant « installés« , à Rome et en la campagne romaine : la tentation d' »installation » à Rome venant faire le siège aussi de Goethe)
à Rome ;
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qu’il va,
à l’instar des glorieux _ et si beaux : quels dessins !!! _ exemples de Poussin, Claude (« Le Lorrain« ) et du Guaspre (Gaspard Dughet, « il Poussinetto » : le neveu même, et romain, lui, de Poussin),
flaner _ et crayonner _ sur le « motif »,
notamment dans la si proche (belle) campagne romaine _ par exemple du côté du Pont Milvius, sur le Tibre, et des prés autour de la fontaine de l’Acqua Acetosa ; ou du côté du vieux Pont, aussi, de la Via Nomentana sur l’Aniene ; ou sur le chemin, ombragé de pins, de Tivoli…
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Bref, la perception « vraie » a besoin,
soit de la contemplation d’un temps réellement calme, pacifié _ pour s’ôter les taies de l’œil obstruant la perspicacité du regard de celui qui passe _ ;
soit de la bousculade de l' »événement » « passant » et ne « repassant » pas _ ou la croisée bousculante de « Kairos » ! _,
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ainsi que le remarquent (excellemment) Michel Guerrin et Philippe Dagen à propos des violences (mortelles : pour les hommes comme pour les bâtiments !) du « Risorgimento« garibaldien :
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à propos des photos _ magnifiques !!! _ des émeutes de Rome (en juillet 1849, par Stefano Lecchi, pages 264-265) ou de Palerme (en juin 1860, par Gustave Le Gray, pages 270 à 273), avec sinon cadavres, du moins ruines toutes fraîches…
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Un livre décidément passionnant à « vraiment » regarder que ce « Voir l’Italie et mourir » !
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Titus Curiosus, ce 23 mai 2009