Découvrir la version restaurée de La Petite Sirène d’Alexander von Zemlinsky dans l’interprétation dirigée par Marc Albrecht

— Ecrit le samedi 25 juillet 2020 dans la rubriqueHistoire, Littératures, Musiques”.

Ce jour,

sous le titre de Sombre Sirène

en sa chronique Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé

nous invite à écouter une nouvelle interprétation au disque

par Marc Albrecht dirigeant le Netherlands Philharmonic Orchestra ;

soit le CD Pentatone PTC 5186740 _,

de la version restaurée par Anthony Beaumont _ en 2013 _

de Die Seejungfraufantaisie pour orchestre d’après Andersen,

_ composée en 1902-1903, la première eut lieu à Vienne en 1905 ; mais Zemlinsky ne l’inscrivit pas dans le catalogue de ses œuvres !  _

d’Alexander von Zemlinsky (Vienne, 14 octobre 1871 – New-York, 15 mars 1942).

Voici donc cet article :

SOMBRE SIRÈNE

Au catalogue discographique des opus d’Alexander von Zemklinsky, Die Seejungfrau serait-elle en passe de supplanter la _ merveilleuseSymphonie lyrique ? Les chefs de la jeune génération _ tiens, tiens ! _ se passionnent pour cette partition où le mystère le dispute à l’éclat _ oui _, où Zemlinsky tord le cou à l’orchestre straussien _ voilà ! qui dominait sur la scène européenne en ces années d’ouverture du XXe siècle… _ en y faisant entrer et l’impressionnisme français _ oui _ et les tentations modernistes _ oui, oui _ de ce qui allait devenir _ en effet _ la nouvelle Ecole de Vienne _ autour de Schoenberg.

Zemlinsky fut d’ailleurs injuste avec son chef-d’œuvre de jeunesse _ Zemlinsky entamait alors sa trentaine _, il le retira de son catalogue, ne le mentionnant même plus _ rien que cela !!! _, donnant le manuscrit du premier mouvement à une amie, Marie Pappenheim, n’emportant dans son exil aux Etats-Unis que les deux autres mouvements pour mieux les oublier _ voilà ! _ au fond d’une valise.

L’œuvre attendra les années 1980 pour voir ses trois parties _ enfin _ réunies par les efforts conjugués de plusieurs musicologues ; ce sera le disque _ oui _ qui fera sa fortune, et plus encore depuis qu’Anthony Beaumont aura publié en 2013 son édition de la version originale : on découvrit alors un chef-d’œuvre à l’exact étiage du Pelleas und Melisande de Schoenberg _ l’œuvre fut écrite à Berlin entre juillet 1902 et février 1903 ; et elle fut créée au concert, à Vienne, conjointement à la Die Seejungfrau de Zemlinsky, en 1905. Thomas Dausgaard s’empara de l’œuvre (il l’enregistrera deux fois _ pour Chandos, en 1998 et pour Da Capo, en 2006 _, sans y revenir pourtant depuis l’édition d’Anthony Beaumont), ouvrant la voix à James Judd _ pour le label Naxos, en 2009 _, John Storgårds (qui signa le premier enregistrement _ en 2015 _ de la version originale _ pour le label Ondine, et avec le Helsinki Philharmonic Orchestra : l’écouter ici ! _), mais ce fut Cornelius Meister (CPO) qui en réalisa la gravure la plus saisissante _ pour le label CPO, en 2010 _ le 28 mai 2010, s’en tenant à l’état de l’œuvre avant le travail de Beaumont.

Marc Albrecht lui offre aujourd’hui _ pour le label Pentatone, spécialement renommé pour l’excellence de ses prises de son ! _ une réponse aussi éloquente avec une captation également en concert de la version Beaumont qui fait entendre toute la touffeur _ voilà ! _ d’un orchestre saturé de couleurs sombres, enchevêtré de motifs mahlériens, aux crescendo tsunami dévastateurs _ oui.

Secret des réussites de ces deux versions _ celle de Marc Albrecht, aujourd’hui, comme celle de Cornelius Meister, en 2010 _ : elles sont avant tout des narrations _ voilà ! _, Zemlinsky avait en effet pensé cette fantaisie orchestrale comme une pantomime virtuelle _ voilà. Marc Albrecht, si versé dans les œuvres de la Seconde Ecole de Vienne fait entendre les audaces d’une partition soudain visionnaire _ oui _ là où Cornelius Meister, encore dépendant de la version non corrigée, celle que l’on joua à compter des années 1980 (Peter Gülke en fut le divulgateur), immergeait son orchestre dans un postromantisme plus univoque. Mais peu importe, Meister ou Albrecht mettent chacun à leur façon en lumière ce conte _ musical d’après le conte d’Andersen : voilà… _ aux abysses aveuglants _ oui _, la prise de son _ parfaite _ des ingénieurs de Pentatone donnant à ce dernier un certain avantage.

LE DISQUE DU JOUR

Alexander von Zemlinsky(1871-1942)


Die Seejungfrau (édition de la version originale dans l’appareil critique d’Anthony Beaumont)

Netherlands Philharmonic Orchestra
Marc Albrecht, direction

Un album du label Pentatone PTC5186740

Photo à la une : © D

 

Ou comment la recherche musicologique

et l’interprétation de grands chefs pour le disque

concourent

à la résurrection de chefs d’œuvre un temps malmenés _ voire démembrés… _ par l’Histoire…

Ma discothèque comporte au moins trois interprétations de cette Die Seejungfrau d’Alexander von Zemlinsky,

un compositeur que j’apprécie tout particulièrement :

celle par James Conlon, avec le Gürzenich-Orchester Kölner Philharmoniker, pour le label EMI, en 1996 ;

celle par James Judd, avec le New-Zealand Symphony Orchestra, pour le label Naxos, en 2009 ;

et celle par Emmanuel Krivine, avec l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, pour le label Alpha, en 2016…

Ce samedi 25 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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