Posts Tagged ‘chefs d’œuvre

D’autres commentaires très précieux et éclairants à propos de quelques chefs d’oeuvre de la discographie encore trop méconnue d’Alexander Tansman (1897 – 1986)…

09mai

En complément de mon article d’hier 8 mai « « ,

on peut trouver d’autres articles tout à fait éclairants à propos de divers CDs d’œuvres d’Alexander Tansman,

en commençant par celui-ci, récent, « Plaisir et plus« , en date du 6 mai dernier, sous la plume du toujours très avisé Jean-Charles Hoffelé :

PLAISIR ET PLUS

Le programme du disque doit être pris à revers _ du moins de la chronologie des compositions des œuvres interprétées ici. Commencez par la Suite-Divertissement (1929) _ aux plages 9 à 14. Alexandre Tansman s’y régale de son art des fusions : éléments baroques, rythmes de danses (de cabaret et de village), une polka mutine qui lutine les timbres pour le Scherzino (on croit voir l’ami Charlie Chaplin), un Modéré un peu Poulenc, la partition parle cet esperanto de l’entre-deux-guerres typique de la syntaxe Tansman, dont il s’évade d’un coup de génie : écoutez le _ davantage idiosyncrasiqueNocturne.

La Deuxième Sérénade (1937) n’est pas si éloignée des fantaisies de la Suite, mais une inquiétude perce derrière ses mètres assez jazzy, impossible de ne pas l’entendre au long de l’Introduction et du Nocturne. Le motorisme du Scherzo, fiévreux avec ses ostinatos typiques, n’y échappe pas, parenthèse qui ne laisse pas croire possible le poème en triptyque du Final, cette Danse polonaise qui est l’un des bijoux de la musique de chambre de Tansman.

En 1946, les trois mouvements vifs _ Toccata, Scherzo et Finale _ du Deuxième Trio pour cordes montrent à la fois une constante dans les procédés d’écriture et une radicalisation dans le propos : Tansman s’engage sur la voie de son ultime manière, cette abstraction lyrique _ voilà _ dont l’Élégie _ le second mouvement de ce Trio _ délivre le premier poème.

Les demoiselles du Tansman Trio n’osent peut-être pas assez lorsqu’elles sont entre elles _ comparez donc avec les cordes du Notos Quartett dans la même « Suite-Divertissement » dans le CD Sony 19439986682 « Paris Bar » ; ou avec celles du Messages Quartett dans le CD Dux 1792 « Bacewicz – Tansman – Piano Quintets« … _, mais que Tomasz Ritter paraisse pour la Suite, et les voilà emportées _ ce qui confirme encore l’importance du piano percussif dans l’œuvre de musique de chambre de Tansman, que j’ai soulignée en mon article d’hier… Je réitère : commencez par la fin, qui chronologiquement est le début.

LE DISQUE DU JOUR

Alexandre Tansman
(1897-1986)


Trio à cordes No. 2
Sérénade No. 2 pour violon, alto et violoncelle
Suite-Divertissement, pour violon, alto, violoncelle et piano

Tomasz Ritter, piano
Tansman Trio

Un album du label DUX Records 2014

Photo à la une : le compositeur Alexandre Tansman –
Photo : © DR

Tansman (Lodz, 1897 – Paris, 1986), ou un post-ravelien…

Mais aussi cet autre article de Jean-Charles Hoffelé, « Divertissements et chef d’œuvre« , en date du 22 août 2022 :

DIVERTISSEMENTS ET CHEF-D’ŒUVRE

Paris, jonction des années vingt-trente, un parfum de folle époque règne encore _ en 1929 _, quelques musiciens étrangers, installés au bord de la Seine _ Paris est alors très attractif en cet entre-deux-guerres… _, s’en emparent : rythmes vifs, écriture faisant la part belle aux danses du temps, harmonies pimentées, cela se retrouve, avec quelques touches éclatantes toute polonaises _ oui _, dans la brillante _ voilà ! _ Suite-Divertissement qu’Alexandre Tansman écrit en 1929 pour le Quatuor Belge, formation regroupée autour du piano de Marcel Maas.

Les harmoniques chaudes, belles comme celles des fauves, l’écriture dansante, toujours sur les pointes, les motifs savoureux et évidemment cette suractivité _ voilà, c’est très bien vu ! _ qui est la marque de fabrique du Polonais, éclatent au long des six mouvements, mais courrez d’abord aux étrangetés mystérieuses du Nocturne, un peu Bartók _ oui !!! Les Notos y sont prodigieux de vivacité, de précision, d’humour et de lyrisme lorsqu’il faut _ oui ! _, tout comme pour le Divertissement de Jean Françaix _ de 1933 _, partition délicieusement piquante, un peu mozartienne aussi par l’allégement de l’écriture.


Puis vient le chef-d’œuvre _ oui ! _, le vaste nocturne inquiet qu’est le Quatuor avec piano de László Lajtha _ de 1925 _, pièce manquante du génial trio de Budapest qui ne devrait plus tarder à rejoindre Béla Bartók et Zoltán Kodály dans leur empirée.


L’œuvre est d’une beauté aussi suffocante qu’amère, ces splendeurs sombres sont si émouvantes dans la lecture intense des Notos qu’on a peine à croire qu’il s’agit du premier enregistrement _ voilà ! _ de cet opus majeur des années vingt où ce génie trop oublié _ il faut y remédier vite, vite ! _ affirmait d’emblée son inextinguible singularité _ oui.

LE DISQUE DU JOUR

Paris Bar

Jean Françaix (1912-1997)
Divertissement


Alexandre Tansman (1897-1986)
Suite-divertissement


László Lajtha (1892-1963)
Quatuor avec piano, Op. 6


Notos Quartett


Un album du label Sony Classical 19439986682

Photo à la une : les membres du Notos Quartett – Photo : © DR

Et encore cet autre article « Polognes » de Jean-Charles Hoffelé, en date, lui, du 15 novembre 2021 :

POLOGNES

Treize années séparent les deux Quintettes avec piano que Grażyna Bacewicz composa entre 1952 et 1966, littéralement deux mondes entre lesquels son langage se sera radicalisé. La nuance sombre qui ouvre le Premier est alors, dans son catalogue, inédite par son expressionnisme affiché, mais le brillant Presto qui lui succède, vrai danse des Tatras, à l’écriture follement virtuose, rappelle le brio naturel de ses premiers opus. Las !, le Grave replonge dans les ténèbres, plainte sinistre plombée par les accords graves du piano. Finale bouillonnant, tendu, suractif, qui achève de faire de cet opus l’une des œuvres majeures de la « Jeune Pologne » de l’après-guerre. Et comme l’équipe féminine, pianiste et quartettistes, fait flamboyer _ oui ! _ le génie de Bacewicz ! Admirable, tout autant que la prise de son _ oui, oui, oui.

Sinistre, dissonant, empli d’étrangetés, le Second Quintette est lui aussi un chef-d’œuvre _ oui _, écrit à l’intention des virtuoses du Quintette de Varsovie, mais un chef-d’œuvre radical, où Bacewicz explore de nouvelles pistes : diffraction des sons, polyrythmie, polymélodie, bariolages des cordes, échappées belles du piano, rythmes de danses mêlés (et parfois dans l’usage des cordes des effets que l’on retrouvera chez Piazzolla).

Partition fascinante et dangereuse, à laquelle répond le divertissement épicé _ et chef d’œuvre ! _ qu’Alexandre Tansman écrivit lors d’un séjour siennois durant l’été 1955 à l’intention du Quintette Chigiano. *

Preludio inquiet, Toccata enivrée par son propre mouvement, Élégie mystérieuse, Divertimento un peu chinois, Finale commencé dans la mélancolie, avant d’entonner un canon très Art de la fugue, cinq esquisses _ à écouter en mon article d’hier « « … _ qui prouvent l’invention toujours renouvelée _ oui, oui _ d’une des plus belles plumes _ oh que oui !!! _ du XXe siècle, servie ici par des interprètes inspirés _ absolument !

LE DISQUE DU JOUR

Grażyna Bacewicz (1909-1969)


Quintette avec piano No. 1
Quintette avec piano No. 2


Alexandre Tansman (1897-1986)
Musica a cinque pour piano et cordes

Julia Kociuban, piano
Messages Quartet

Un album du label DUX Records 1792

Photo à la une : la pianiste Julia Kociuban et les membres du Quatuor Messages – Photo : © Anita Wąsik-Płocińska/

Alexandre Tansman (1897 – 1986), un compositeur à re-découvrir et savourer d’urgence !

Ce jeudi 9 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une découverte musicale (et discographique) majeure, le CD « Karel Husa – Music for Prague » du Prague Symphony Orchestra dirigé par Tomas Brauner : le CD Supraphon SU 4294-2…

13fév

Je sors bouleversé de plaisir de l’écoute du CD « Karel Huss – Music for Prague » du Prague Symphony Orchestra dirigé par Tomas Brauner,

le CD Supraphon SU 4294-2, enregistré à Prague, en la salle Smetana de la Maison municipale, en novembre et décembre 2020 et janvier 2021,

un CD que j’avais dare-dare commandé à mon disquaire préféré aussitôt après avoir lu l’article « Le Pragois de New-York » _ en l’occurrence le magnifique, et bien trop méconnu (en France du moins), compositeur tchèque Karel Husa (Prague, 7 août 1921 – Apex, Caroline du Nord, 14 décembre 2016) _ du toujours _ ou presque _ aussi fin et lucide _ à l’oreille musicale si avisée _ Jean-Charles Hoffelé, en date du 15 janvier dernier, sur son excellent site Discophilia…

J’aime tellement Prague,

sa musique,

et l’art profond et juste de ses musiciens _ allez donc écouter un des concerts quotidiens du Rudolfinum ; et ne manquez pas de passez, aussi, devant la Villa Amerika de Dvorak ; et la Villa Bertramka des amis Dussek de Mozart, au cours de vos promenades enchantées en cette vaste cité magique où souffle l’Esprit vrai…

LE PRAGOIS DE NEW YORK

Karel Husa vivait depuis 1954 aux États-Unis lorsque les chars soviétiques mirent fin au Printemps de Prague _ l’année précédente, au moment de ce qui avait été nommé « le printemps de Prague« , j’avais décovert avec mes prents et mon frère la partie tchèque de la Tchécoslovaquie… Dans son exil américain où il était un compositeur fêté, honoré par le prix Pulitzer, devenu une figure majeure _ rien moins ! _ de la scène musicale contemporaine outre-Atlantique, la blessure n’en fut que plus vive. Il avait commencé à répondre à une commande de l’Orchestre d’Harmonie du Collège Ithaca en composant un concerto pour instruments à vent, où il recherchait de nouveaux alliages sonores. L’œuvre se métamorphosa en une vaste protestation dictée par les événements tragiques qui ensanglantaient la capitale de la Tchécoslovaquie. _ qui a pu l’oublier de ceux qui en ont été les contemporains ?..

Husa étendit l’année suivante la Music for Prague au grand orchestre symphonique, couleurs plus diffractées, élargissement de la palette expressive, creusement de l’espace sonore, la virulence de l’original pour ensemble d’instruments à vents s’était muée en un requiem sans mots _ un bouleversant chef d’œuvre majeur de la musique du XXe siècle ! Cette œuvre qui devint l’emblème de son art _ celui de l’oeuvre musical du compositeur Karel Husa, s’entend _ marquait aussi un point de non-retour : le compositeur s’y engageait sur la voie d’une abstraction lyrique _ voilà _ qu’illustre la 2e Symphonie _ de 1983, elle _ par laquelle Tomáš Brauner ouvre _ très brillamment _ son disque.

Partition énigmatique qui ne craint pas l’assèchement : la maîtrise des formes et des canons hérités du Baroque – Husa édita quelques maîtres du Grand Siècle français – conduit à des paysages sonores lunaires _ voilà _  que l’Interlude de Music for Prague annonçait déjà.

Les Trois Fresques (1947) remontent à l’époque du séjour parisien _ important _, lorsque Karel Husa prenait des cours de composition avec Arthur Honegger et Nadia Boulanger, étudiant la direction d’orchestre avec André Cluytens.

Leurs orchestrations raffinées mais sombres souvent, leur motorisme, une certaine inquiétude fébrile montrent en germe cet art singulier _ voilà ! _ qu’il est temps de redécouvrir _ par ce merveilleux CD-ci _ : interprétations parfaites – les Fresques sont enregistrées en première mondiale – qui laisse espérer que Tomáš Brauner et son orchestre continueront d’explorer le catalogue symphonique d’un compositeur en passe _ bien à tort ! _ d’être oublié.

LE DISQUE DU JOUR

Karel Husa (1921-2016)


Symphonie No. 2
« Réflections »

Trois fresques
Music for Prague 1968

Orchestre Symphonique de Prague
Tomáš Brauner, direction

Un album du label Supraphon SU4294-2

Photo à la une : le chef d’orchestre Tomáš Brauner –
Photo : © Ondřej Melecký

Quel plaisir de musique !!!

Ce mardi 13 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’expérience d’une revigorante récréation Steve Reich : le CD « The String Quartets » du Mivos Quartet, paru le 3 février 2023

17jan

En forme de récréation, et débouchage d’oreilles,

j’ai désiré me plonger dans la découverte (revigorante !) d’une relative récente nouveauté discographique d’un compositeur de modernité radicale et océanique, Steve Reich _ né à New-York le 8 octobre 1936, et toujours très fécond _,

et ai choisi pour cela de découvrir un assez récent _ il est paru le 3 février 2023, il n’y a pas encore un an… _ et très beau CD d’œuvres de ce compositeur _ qu’a vivement recommandé, en notre très marquant entretien de la Station Ausone, le 25 mars 2022, et à propos de son indispensable « L’Autre XXe siècle musical« , l’ami Karol Beffa (cf la vidéo de ce magnifique entretien) _,

soit le CD Deutsche Grammophon 486 385 « Steve Reich – The String Quartets » du Mivos Quartet,

comportant les 3 Quatuors de Steve Reich _ écoutez ceci _ :

« Different trains« , de 1988 _ enregistré à New-York du 24 au 28 janvier 2022 _ ;

« Triple Quartet« , de 1998 ;

et « WTC 9/11« , de 2011 _ enregistrés à New-York du 2 au 6 mars 2020, et du 10 au 14 février 2020.

Chef d’œuvre !!!

Ce mercredi 17 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter les sublimes Quatuors de Leos Janacek par le Pavel Haas Quartet…

06jan

C’est par les merveilleux CDs « Dvorak- Quintets Op. 81 & 97« , « Brahms – Quintet in F minor Op. 34, String Quintet in G minor Op. 111 » et « Dvorak – The Complete Piano Trios« 

_ les CDs Supraphon SU 4195-2, SU 4306-2 et SU 4319-2, enregistrés à Prague les 18-19 mai et 26-27 juin 2017 ; à Prague les 6-7 novembre et 13-14 novembre 2021 ; et à Monmouth les 12-14 décembre 2022 et 5-7 mai 2023 _

que j’ai découvert le spendide le Pavel Haas Quartet, dont la violoniste Veronika Jaruskova et le violoncelliste Peter Jarusek _ tous deux slovaques ; la création du Pavel Haas Quartet étant de l’initiative de Veronika Jaruskova, en 2002… _,

qui m’a très vivement incité à aller découvrir aussi leurs deux premiers CDs « Pavel Haas Quartet – Leos Janacek – « Intimate Letters » -Pavel Haas – String Quartet N° 2 » et « Pavel Haas Quartet – Leos Janacek – String Quartet N° 1 – Pavel Haas – String Quartets N°S 1 & 3« 

_ les CDs Supraphon SU 3877-2 et SU 3922-2, enregistrés à Prague les 28-30 avril et 13-15 et 24 mai 2006 ; et à Prague les 1-2 et 29-30 juin et 30 juillet 2007 _des 2 chefs d’œuvre de Leos Janacek, que je porte au pinacle, et comportant aussi les 3 Quatuors de Pavel Haas, qui me sont beaucoup moins familiers.

J’ai commencé mon écoute, ce samedi, par les sublimes 2 Quatuors de Janacek (1854 – 1928), me réservant demain dimanche pour les 3 Quatuors de Pavel Haas (1899 – 1944)

_ regarder ici une vidéo du Quatuor n°1 « after Tolstoy’s Kreutzer Sonata«  (de 18′ 56)…

Quelle interprétation par cet extraordinaire Pavel Haas Quartet de cette sublime musique !!!

Superlative !

Quel choc !!!

C’est puissant !

Ce samedi 6 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une interprétation magistrale et bouleversante de tendresse de 4 chefs d’oeuvre de Schubert par l’immense Lars Vogt et Tanja et Christian Tetzlaff : un trésor pour l’île déserte…

29avr

C’est un double CD absolument exceptionnel _ Ondine ODE 1394 _ qu’Ondine aujourd’hui nous donne _ qu’on écoute pour commencer déjà rien que ces fabuleux courts extraits-ci Qui y résisterait ??? _

avec l’interprétation magistrale bouleversante de tendresse vraie, irremplaçable, et surtout qui nous donne, quasi miraculeusement, à recevoir, à l’écoute, comme absolue, enfin, les œuvres ainsi interprétées en leur essence schubertienne même,

que viennent ainsi nous offrir avec une intensité et une justesse de sens jamais atteinte jusqu’ici à un tel degré de vérité aussi pure _ écoutez jusqu’aux silences de leurs respirations musicales !.. _,

l’immense _ et infiniment regretté et pleuré de tous ; cf mon article du 6 septembre 2022 : « « , qui comporte aussi un commode récapitulatif des articles que je lui avais consacrés (depuis le 17 octobre 2009) à la date de son décès le 5 septembre 2022 _ Lars Vogt (Düren, 8 septembre 1970 – Erlangen, 5 septembre 2022), au piano,

et ses amis, si proches, les magnifiques, eux aussi, Tanja Tetzlaff (Hambourg, 1973), au violoncelle, et son frère Christian Tetzlaff (Hambourg, 29 avril 1966), au violon,

dans, surtout, quatre des chefs d’œuvre absolus, miraculeux, de Franz Schubert (Lichtental, 31 juillet 1797 – Vienne, 19 novembre 1828),

que sont les deux Trios avec piano,

le premier, en si bémol majeur, Op. 99 (D. 898) _ créé chez Joseph von Spaun le 28 janvier 1828 _

et le second, en mi bémol majeur, Op. 100 (D. 929) _ créé au Musikverein de Vienne le 28 décembre 1827 _,

le fragment de Trio dit Notturno, en mi bémol majeur, Op. 148 (D. 897) _ de 1827 : probablement un mouvement non retenu du Trio Op. 100, et sublime lui aussi… _,

et la Sonate Arpeggione (D. 821) _ composée à Vienne en novembre 1824 pour son ami Vincenz Schuster.

Et c’est absolument exceptionnel !!!

Nos larmes coulent en abondance et de peine et de joie…

Sur ce double CD miraculeux,

cf aussi le bien bel article de Patrice Imbaud intitulé « Lars Vogt, Tanja et Christian Tetzlaff, bouleversants dans le dernier Schubert« , paru le 25 avril dernier, sur le site de ResMusica :

Lars Vogt, Tanja et Christian Tetzlaff bouleversants dans le dernier Schubert

Véritable chant du cygne, ce dernier enregistrement de Lars Vogt accompagné de Tanja et Christian Tetzlaff, constitue une nouvelle poignante et douloureuse référence dans les Trios avec piano de Schubert. In memoriam.

Cet album prend bien évidemment une dimension particulière lorsque l’on sait que le pianiste , décédé le 5 septembre 2022, a débuté cet enregistrement des deux Trios avec piano op. 99 et op. 100, du Nocturne op. 148, du Rondo pour violon et piano et de la Sonate « Arpeggione », contre avis médical, alors qu’il était déjà sous traitement _ voilà _ et se savait probablement condamné… Il n’est pas hasardeux non plus de penser que c’est délibérément _ oui _ que le pianiste allemand a choisi ces dernières œuvres de Schubert où la mort rôde… Composés fin 1827-1828, juste avant la mort du compositeur _ le 19 novembre 1828 _ et probablement _ oui _ l’un à la suite de l’autre, les deux grands _ tout simplement merveilleux, l’un et l’autre _  Trios avec piano opus 99 et opus 100, sont tout à la fois le même, par ce mélange typiquement schubertien de joie et de tristesse, et l’autre, par leur climat dissemblable, plus lumineux et lyrique pour l’opus 99, plus sombre pour l’opus 100.

Lars Vogt et ses amis nous en livrent une interprétation mémorable _ et comment !!! _ comme suspendue _ écoutez la ferveur des respirations et silences musicaux… _ entre ciel et terre, faite d’équilibre _ oui, avec une parfaite et justissime humilité _ , de subtilité _ oui _, de couleurs et de superbes nuances, portée par une écoute complice _ de toujours _ et une expressivité dont l’éloquence donne forme à l’indicible _ voilà ! _ et force _ absolument ! _  l’admiration. On admire sans réserve l’allegro lyrique et contrasté du Trio n° 1, son andante mélancolique et rêveur, son scherzo malicieux et bondissant, autant que son rondo final jubilatoire et résolu. Et on souscrit aussi totalement à l’ambiguïté palpable du Trio n°2 hésitant entre révolte et plainte déchirante dans l’allegro, bientôt suivi de la mélodie hypnotique et élégiaque de l’andante, précédant elle-même un scherzo dansant d’où sourd une fragrance de résignation, avant un final aux parfums de fête forcée, hanté par la résurgence du lugubre thème de l’andante, chanté par le violoncelle, comme une menace _ de bien belles analyses…

Contemporain des deux trios, le Nocturne op. 148 (1827) conclut cette progression dramatique dans une interprétation à vous tirer les larmes _ oui ! _ où la désolation acceptée cède progressivement le pas, après quelques sursauts, à une apaisante quiétude.

Deux œuvres en duo complètent _ généreusement _ ce copieux double album : le Rondo D 895 (1826) pour violon et piano _ avec Christian Tetzlaff _ et la _ si belleSonate « Arpeggione » (1824) pour violoncelle et piano _ avec Tanya Tetzlaff : tous deux amis très proches, et vieux complices musicaux (cf les merveilleux concerts et CDs du Festival Spannungen de Heimach, qu’avait créé et dirigeait Lars Vogt) de Lars Vogt… De sublimes CDs à thésauriser !!! Le premier donne libre cours à la virtuosité et à la complicité de et de Lars Vogt. La seconde, plus consistante _ quel chef d’œuvre, elle aussi !.. _, permet de gouter l’impressionnante digitalité de et à la belle sonorité de son violoncelle Giovanni Baptista Guadagnini de 1776 dans une lecture à la fois lyrique et tendue d’un charme envoûtant _ oui, oui : absolument !

Rien d’hagiographique, ni de pathétique _ surtout pas, en effet… _ dans cette élogieuse chronique, mais simplement _ oui _  un _ tout simple _ constat _ de fait, oui ! _ fait par Lars Vogt lui-même à la fin de l’enregistrement : « J’ai un peu l’impression que tout dans ma vie s’est développé vers cet opus 100… s’il ne reste pas beaucoup de temps, alors c’est un adieu digne » et sans doute beaucoup plus que ça… un legs _ absolument _ magistral !

Franz Schubert (1797-1828) :

Trio pour piano et cordes n° 1 en si bémol majeur D 898 op. 99 ;

Trio pour piano et cordes n° 2 en mi bémol majeur D 929 op. 100 ;

Nocturne pour trio avec piano D 897 op. 148 ;

Rondo pour violon et piano D 895 op. 70 ;

Sonate « Arpeggione » en la mineur D 821.

Lars Vogt, piano ; Tanja Tetzlaff, violoncelle ; Christian Tetzlaff, violon.

2 CD Ondine.

Enregistrés du 21 au 25 février et du 10 au 11 juin 2021 _ pour le Trio Op. 99 _ à la Sendesaal de Brême.

Notice bilingue : anglais-allemand. Durée totale : 136:45

 

 

Un double CD pour l’île déserte.

Ce samedi 29 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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