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Et retrouver Tore Tom Denys, ténor, dans le superbe CD Hyperion « Ludwig Daser – Missa Pater poster & other works » de l’ensemble Cinquecento…

20juil

Et ce samedi 20 juillet,

retrouver Tore Tom Denys, ténor _ et directeur du merveilleux ensemble Dionysos Now ! Cf notamment mes récents articles des 29 et 30 juin derniers « «  et « «  _, dans le superbe CD Hyperion CDA 68414 « Ludwig Daser – Missa Pater poster & other works«  de l’ensemble Cinquecento est une grande joie musicale…

Ce très beau CD « Ludwig Daser – Missa Pater poster & other works » _ écoutez ici ! _,

c’est le récent article de Christophe Steyne, sur le magazine belge Crescendo, intitulé « Motets, chorals, et l’ultime messe de Ludwig Daser, magnifiés par les chantres de Cinquecento« , en date du 16 juillet dernier, qui m’a appris son existence ; et me l’a fait rechercher et découvri, et me procurer, parmi les bacs de mon disquaire préféré…

Motets, chorals, et l’ultime messe de Ludwig Daser, magnifiés par les chantres de Cinquecento

LE 16 JUILLET 2024 par Christophe Steyne

Ludwig Daser (1526-1589) : Missa Pater Noster. Benedictus Dominus. Ad te levavi oculos meos. Dilexi, quoniam. Danck sagen wir alle. Daran gedenck Jacob und Israel. Salvum me fac. Fracta diuturnis. Fratres, sobrii estote. Christe, qui lux es et dies

/ Cinquecento Renaissance Vokal. Terry Wey, contreténor. Achim Schulz, Tore Tom Denys, ténor. Tim Scott Whiteley, baryton. Ulfried Staber, basse.

Avec Franz Vitzthum, Filip Dámec, contreténor. Tomáš Latjkep, ténor. Colin Mason, baryton. Joel Frederiksen, basse.

Octobre 2022.

Livret en anglais, allemand, français.

Paroles en latin, allemand et traduction en anglais et allemand.

TT 69’46.

Hyperion CDA68414

L’heure de Ludwig Daser est-elle enfin venue ? Les mélomanes amateurs de la Renaissance dans l’aire sud-allemande connaissent peut-être le Benedictus Dominus à double-chœur introduisant cet album, puisqu’il figurait voilà vingt ans dans un programme sous la direction de Martin Zöbeley (Aeolus), et déjà en vinyle au milieu des années 1970 dans un volume de la collection « Bayern’s Schlösser Und Residenzen » consacré à Munich. C’est à la cour catholique de cette cité _ Munich, donc _ que Daser exerça comme maître de chapelle dès 1552 et pour une décennie, avant que ses convictions protestantes, peu en phase avec l’élan de la Contre-Réforme, l’amenassent en 1572 à Stuttgart détachée de l’influence vaticane. Dans ce nouveau cadre, deux pôles marquent alors son style _ et c’est bien sûr à relever _ : la manière polychorale italienne, et la compréhensibilité du texte asservie à la liturgie (conformément aux exigences de l’Église congrégationniste) et favorisée par la culture religieuse de ce compositeur qui avait étudié la théologie à Ingolstadt. Écrit en 1568 pour les noces du futur duc Guillaume V, un motet d’apparat prouve toutefois que Daser, même après son éviction, ne demeurait pas en mauvais terme avec la cour bavaroise.

Après une récente monographie du Huelgas Ensemble enregistrée en 2021 à l’église Saint-Augustin d’Anvers (DHM) où Paul Van Nevel se concentrait sur la Missa Preter rerum seriem et la Missa Fors seulement, le présent CD dresse un portrait élargi. On y trouve une autre des vingt-deux messes, la toute dernière _ la Missa Pater poster _, en plain-chant, reposant sur plusieurs sources grégoriennes, dont l’Ave Maria et le Pater Noster qui lui donne son titre. Procédés en cantus firmus, en imitation, en canon, en paraphrase : un riche arsenal technique signe la virtuosité conceptuelle de l’auteur à son apogée _ voilà _ dans ce genre.

Le programme inclut aussi deux chorals en langue allemande qui relèvent bien sûr _ en effet _ de l’office luthérien, tel qu’il se pratiquait auprès du nouvel employeur de Daser à Württemberg. En revanche, la sélection de sept motets en latin reflète un œcuménisme _ oui _ qui sied aux rites tant protestants que catholiques, et qui datent des deux périodes du compositeur, même si les modèles stylistiques ne sont pas étanches. Ainsi, le Benedictus Dominus à la manière polychorale vénitienne, et le motet Ad te levavi oculos meos et sa claire texture en accords, tous deux de la première époque munichoise, préfigurent-ils _ voilà _ deux aspects de la future esthétique développée à Stuttgart.

Pour le Fracta diuturnis, l’interprétation a opté pour une approche en alternatim, mixant plain-chant et polyphonie, ainsi que nous l’explique une notice détaillée et érudite. Un des nombreux gages de l’intelligente approche menée par les chantres de Cinquecento, doublant ici son effectif par cinq invités _ oui, selon une pratique assez fréquente pour cet ensemble _, pour ces pages de quatre à huit voix. Formée à Vienne en 2004 _ voilà ! _ et fidèle dès son origine aux micros d’Hyperion, l’experte équipe livre ici des lectures bien pensées et sensibles, aussi transparentes que somptueuses _ oui, oui ! _, baignées d’une lumineuse et charismatique ferveur _ voilà ! _, –et captées dans une avenante acoustique. Saluons un collectif d’une rare cohésion, méritant mention spéciale pour les contreténors, qui scintillent dans des tessitures pourtant très périlleuses. Les sévères architectures, certes plus touchantes dans les motets, trouvent ici un parfait avocat pour la réhabilitation de cet attachant compositeur, coincé par la chronologie et la géographie entre deux pairs mieux connus : son mentor Ludwig Senfl puis le célèbre Lassus, qui respectivement le précédèrent et lui succédèrent sous le règne d’Albrecht V. Sans conteste : une parution majeure, et prioritaire pour découvrir Daser ! _ c’est fort bien affirmé !

Son : 9,5 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9,5 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

Une musique _ et un compositeur Ludwig Daser (Munich, c. 1526 – Stuttgart, 25 mars 1589) _  servis par une interprétation _ de Cinquecento _ absolument splendides !!!

À découvrir !

Ce samedi 20 juillet 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le délicieux moment de charme pur d’Erich Wolfgang Korngold, dans le CD « Love Music » des magnifiques Yeol Eum Son et Svetlin Roussev…

20juin

C’est le double vif intérêt que je porte et au compositeur Erich-Wolgang Korngold (Brünn, 29 mai 1897 – Hollywood, 29 novembre 1957)  _ ma discothèque personnelle compte à ce jout 27 CDs Korngold ; et cf mes articles « « , «  « , « « , « « , des 23 février 2020, 8 juin 2020, 13 août 2022, 14 août 2022, par exemple _ et au violoniste Svetlin Roussev ( Ruse-Bulgarie, 5 avril 1976) _ je l’ai découvert (et beaucoup apprécié !) récemment, à l’écoute du passionnant CD « Ravel à Gaveau«  ; cf mon article du 7 juin dernier « «  _, ajouté à la publication hier mercredi 19 juin sur son site Discophilia de l’article de Jean-Charles Hoffelé intitulé « Wien nur du allein« , qui m’a fait d’abord découvrir, ensuite chercher à me procurer, le CD Naïve v 8122 « Love Music » de la pianiste Yeol Eum Son et du violoniste Svetlin Roussev _ un CD enregistré à Hanovre du 13 au 15 avril 2022…

Écoutez par exemple ceci (d’une durée de 7′ 01).

Ou cela (d’une durée de 5′ 14).

WIEN NUR DU ALLEIN

Bonne pioche : Svetlin Roussev dégotta un jour une copie manuscrite d’une œuvre inédite de Franz Waxman. Cette fois, le compositeur d’Hollywood n’avait pas jeté son dévolu sur Carmen, mais sur Tristan et Isolde. Si Jascha Heifetz avait vu la partition, il l’aurait faite sienne comme la Fantaisie sur « Carmen ». Le charme fou _ oui ! _ qu’infuse Waxman à l’érotisme de Wagner _ oui ! _ est l’amorce d’un _ bien _ beau programme où l’archet savoureux de Svetlin Roussev fait une halte à Vienne _ voilà ! _, dans l’accompagnement si musical, si inventif de Yeol Eum Son dont j’avais tant goûté les Sonates de Mozart (voir ici).

C’est merveille pour les trois Alt-Wiener Tanzweisen de Kreisler, où il infuse plus de nostalgie que d’autres, préférant chanter (et même murmurer) plutôt que briller _ oui _, merveille toujours _ et surtout, pour ma part… _ pour les Korngold, Lied de Marietta _ de « Die Tote Stadt » _ tenu, gourmé, si senti, pièces tirées de Beaucoup de bruit pour rien délicieusement descriptives, assaisonnées d’une pincée d’ironie _ en effet _, si bien vues (et quel mariage archet-clavier !).

……

Puis soudain le feu, l’élan, l’appassionato absolu avec une lecture transcendante de la Sonate de Strauss, son grand opus de jeunesse, pas entendu aussi détaillé et aussi emporté à la fois, si chanté, depuis la gravure de Wolfgang Schneiderhahn. Coda à la limite du silence où l’archet semble dire les mots de Träume _ de Wagner _, finement transcrits par Leopold Auer.

Disque précieux _ absolument délicieux ! _ d’un violoniste trop rare _ mais oui ! _ qui a trouvé sa partenaire.

LE DISQUE DU JOUR

Love Music

Franz Waxman (1906-1967)


Tristan and Isolde: Love Music


Erich Wolfgang Korngold(1897-1957)


Mariettas Lied zur Laute (extrait de « Die tote Stadt »)
4 Pièces pour « Much Ado About Nothing » de Shakespeare


Fritz Kreisler (1875-1962)


Alt-Wiener Tanzweisen (No. 1. Liebesfreud – No. 2. Liebesleid –
No. 3. Schön Rosmarin)


Richard Strauss (1864-1949)


Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 18, TrV 151


Richard Wagner (1813-1883)


Träume (No. 5, extrait des « Wesendonck-Lieder » ; version pour violon et piano : Leopold Auer)

Svetlin Roussev, violon
Yeol Eum Son, piano

Un album du label naïve V8122

Photo à la une : la pianiste Yeol Eum Son et le violoniste Svetlin Roussev – Photo : © Young Hun O 

On pourra comparer l’interprétation des 4 pièces de « Much Ado About Nothing« , Suite Op. 11 (de 1918-19), d’Erich-Wolfgang Kornold par Svetlin Roussev et Yeol Eum Son, enregistrées en avril 2022 à Hanovre, aux plages 3 à 6 de ce CD « Love Music » Naïve V 8122, avec celle de Gil Shaham et André Previn, en leur CD Deutsche Grammophon 439886-2 « Barber – Korngold« , enregistrées en juin 1993 à Londres _ écoutez-ici (d’une durée de 5′ 35)… 

Ce CD « Love Music » de Yeol Eum Son et Svetlin Roussev :

un programme de charme pur et une interprétation absolument délicieux…

Ce jeudi 20 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un piano, et même mieux, deux pianos, qui crépitent et chantent : Sergei Babayan et Daniil Trifonov dans un éblouissant transcendant « Rachmaninoff for two » !

15juin

Quand la performance virtuose des interprètes galvanise jusqu’aux auditeurs…

Et c’est exactement cela qui vient nous subjuguer-transporter-incendier avec le transcendant flamboyant double album Deutsche Grammophon 486 4805 « Rachmaninoff for two » de Sergei Babayan (Gyumri – Arménie, 1er janvier 1961) et Daniil Trifonov (Nijni-Novgorod – URSS, 5 mars 1991) _ le premier ayant été professeur du second, en 2009, au Cleveland Institute of Music, un lieu et une institution importants… _ enregistré à Vienne en mai et août 2023…

Voici ce que sur son constamment excellent site Discophilia, en un article sobrement intitulé « Fantaisies et danses« , nous en communique la décidément parfaite oreille (et plume) de Jean-Charles Hoffelé :

FANTAISIES ET DANSES

L’oiseau sirine qui encorbelle de ses trilles mystiques la Barcarolle _ d’après des vers de Lermontov _ de la Suite « Fantaisie-tableaux » semble répondre sous les doigts de Sergei Babayan et de Daniil Trifonov _ écoutez ici le podcast de la sublimissime interprétation (!!!) de cette « Barcarolle«  (en 8′ 29) en ce « fabuleux CD« – ci de Babayan et Trifonov _ à celui qu’inventèrent _ écoutez-le donc aussi ici (en un podcast de 7′ 27) par Ginzburg et Goldenweiser, en un enregistrement de 1948, disponible sous le label RDC (Russian Compact Disc)Grigory Ginzburg _ Nijni-Novgorod, 29 mai 1904 – Moscou, 5 décembre 1961 _ et Alexandre Goldenweiser _ Chisinau-Bessarabie, 10 mars 1875 – Moscou, 26 novembre 1961 : ce dernier professeur du précédent au conservatoire Tchaïkovsky de Moscou, et un des fondateurs de l’école moderne russe de piano : « At age six, his talent (celui de Grigory Ginzburg) was recognized and in 1917, when he was 13, he became a student of Alexander Goldenweiser at the Moscow Conservatory. He remained close to Goldenweiser his whole life _ voilà ! _, becoming his assistant after graduation« , a signalé le 1er mai 2017 Maureen Buja en un article intitulé « Forgotten pianists : Grigory Ginzburg« 

Leur conte sélène _ en ce merveilleux CD-ci _ est simplement plus sombre, comme sera plus terrible _ oui, et sublimement véhément... _ de noirceur _ exaltée jusqu’au sublime, voilà ! _ jusque dans l’exaltation centrale La nuit… L’amour _ d’après des vers de Byron _ commencé par un rossignol éperdu _ écoutez-le aussi en ce podcast (d’une durée de 5′ 59) de ce génial CD de Babayan et Trifovov, et subissez-en vous aussi le charme absolu ! Quel génie _ assurément ! _ aura déployé le jeune Rachmaninoff _ l’été 1893, Rachmaninov (Semionovo, 1er avril 1873 – Beverly Hills, 28 mars 1943) a tout juste vingt ans… _ dans cet Opus 5, et comme les deux amis _ Babayan et Trifonov, si magnifiquement complices _ l’entendent _ et l’incarnent aussi splendidement ! _, y infusant des rêves et des contes, rappelant souvent l’univers _ de profonde poésie musicale _ de Nikolai Medtner _ Moscou, 5 janvier 1880 – Londres, 13 novembre 1951.

Ce sera le sommet poétique _ oui ! et je le pense aussi… _ de ces deux disques fabuleux _ absolument ! je partage pleinement cet avis… _ où ils se feront _ ensuite _ athlètes pour la Deuxième Suite, prenant des tempos fous _ sublimement tenus _ pour la Valse (même Vronsky et Babin _ Vitya Vronsky (Eupatoria-Crimée, 22 août 1909 – Cleveland, 28 juin 1992) et Victor Babin (Moscou, 13 décembre 1908 – Cleveland, 1er mars 1972  _ ne filent pas à ce point _ écoutez ici Vronsky et Babin en cette Deuxième Suite Op. 17  en un enregistrement du 22 janvier 1934, pour RCA : d’une durée de 19′ 24 _, ça tricote du diable _ oui _, sans oublier de chanter _ en effet et surtout, bien entendu ! quelle merveille sous ces doigts si inspirés de Babayan et Trifonov ! _, savourant la Romance en sonorités dorées (on croirait une scène d’un film hollywoodien), se déchaînant dans la Tarentelle à nouveau dans ce sombre menaçant qui empoisonnera _ aussi _ leur lecture paroxystique _ géniale… _ des Danses symphoniques.

Sous leurs doigts, l’orchestre ne manque _ en effet _ pas, tout comme pour la transcription inspirée _ oui _ de l’Adagio de la 2e Symphonie réalisée si proche de l’original par Daniil Trifonov, décidément chez lui ici _ oui, oui, oui _ : ses Concertos l’attestaient _ cf mon article « «  du 23 octobre 2019 à propos des deux merveilleux CDs « Departure » (DG 00289 483 5335) et « Arrival«  (DG OO289 483 6617), comportant les 4 Concertos pour piano op. 1, op. 18, op. 30 et op. 40 du compositeur (1873 – 1943) _, ce nouvel album le confirme _ somptueusement…

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninoff
(1873-1943)


Symphonie No. 2, Op. 27 –
III. Adagio (version pour deux
pianos : Trifonov)


Suite pour deux pianos No. 2, Op. 17


Suite pour deux pianos No. 1, Op. 5 « Fantaisie-tableaux »


Danses symphoniques, Op. 45 (version pour deux pianos)

Daniil Trifonov, piano
Sergei Babayan, piano

Un album de 2 CD du label Deutsche Grammophon 4864805

Photo à la une : les pianistes Daniil Trifonov (à gauche) et Sergei Babayan – Photo : © Julia Wesel 

Une musique _ quasi gratuite : de l’art pour l’art… _ et une interprétation _ phénoménale de virtuosité, mais bienheureusement dénuée du moindre narcissisme ; admirez (et écoutez !) aussi cette vidéo de 47′ 16 de ces Suites n°1 et n°2 pour deux pianos, lors d’un concert donné par Sergei Babayan et Daniil Trifonov à l’Auditorium de Radio-France, à Paris, le 21 mars 2023 : précédant donc de peu leurs enregistrements, à Vienne, de ce double album, aux mois de mai et août suivants… _ qui nous extirpent en toute beauté d’un présent morose, inquiétant, voire nauséabond…

Et sur la virtuosité en musique,

relire les lumineux chapitres « Pour et contre la virtuosité » de Vladimir Jankélévitch, notamment aux pages 109 à 159 de son « Liszt et la rhapsodie _ Essai sur la virtuosité » ; qui comporte aussi cette phrase, à la page 151 : « Que sa marque propre soit le pathétique ou le brio, la virtuosité, chez Rachmaninov, est toujours somptueuse« …

Il est vrai, aussi, que contrairement à ma propre endémique absence de tropisme envers la musique russe _ en général : il y a aussi quelques heureuses exceptions… Mais c’est probablement d’abord par ignorance… _j’aime beaucoup Rachmaninov.

Cf le significatif aveu conclusif de mon article du 13 octobre 2018 «  » : « J’aime Rachmaninov, mais oui…« …

Ce samedi 15 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le très dynamique délicieux régal de valse sur le volcan du « Vienna – Joyful Apocalypse » d’Aurélien Pontet au piano…

04juin

C’est d’une merveille de récital de pièces magnifiquement choisies sur le thème de « Vienne : l’apocalypse joyeuse » que le parfait pianiste qu’est Aurélien Pontier vient présentement nous régaler avec son jubilatoire CD « Vienna – Joyful Apocalypse« , le CD Warner Classics 5054197633492 _ enregistré Salle Colonne à Paris du 5 au 7 juillet 2021…

Ce mardi 4 juin 2014,

l’excellent écouteur de musique (et de disques) qu’est Jean-Charles Hoffelé a consacré un bel et très juste article, intitulé « Vertiges« , à ce superbe magistral CD « viennois » d’Aurélien Pontier,

qui comporte en son final _ écoutez et regardez cette vidéo… _ une très belle incarnation, vertigineuse _ et juste comme il faut : sans pathos ni surcharge de graisse ; y compris en son final, un tout simple arrêt vital, le raptus implacable d’une rupture absolument muette d’anévrisme, sifflet coupé net, à l’échelle de la valsante civilisation viennoise ainsi interrompue d’un coup sec sans réplique, ni possible moment de répit (à l’« encore un instant, Monsieur le bourreau » de la viennoise, elle aussi, Marie-Antoinette sur l’échafaud)… _, de « La Valse » de Ravel _ et cela faisait un moment que cette « Wien« -là lui trottait dans la tête… Et, pour Ravel, c’est seulement l’œuvre qui fait le tombeau qui durera (et survivra ainsi jouée) un peu… Et il me faut ajouter aussi que c’est à Vienne, en 1938, qu’est décèdée ma grand-mère Fryderika, la mère de mon père…

VERTIGES

L’Apocalypse joyeuse, celle que célébra en son temps l’exposition _ de l’ami Jean ClairVienne à Beaubourg, exista aussi en musique, Aurélien Pontier se délecte _ absolument : c’est un régal de délices… _ à en composer un portait imaginaire où son brio naturel se pimente d’une pointe de génie _ oui… _, transformant la paraphasse d’Alfred Grünfeld en une folie fantasque, occasion de fabuleux raptus de clavier. Quelle ivresse dans le contrôle, quel mordant et quel délié, comme cela piaffe et vole sans jamais taper _ c’est cela… _, rappelant l’âge d’or des pétrisseurs d’ivoire, leur art de timbrer, leurs clavier alertes !

Les opus de fantaisie seront tous irrésistibles _ voilà ! _, et pour l’Alt-Wien de Godowsky, transcendant _ oui. Au centre du disque une parenthèse Schubert nous invite soudain à une dimension élégiaque, avant que ne résonne le grand apparat déployé par Schulz-Evler autour du Beau Danube bleu, joué avec un goût qu’on y aura rarement mis _ oui… Aurélien Pontier y est funambule en diable, s’amusant avec élégance du clavier si preste à répondre de son splendide Steinway capté à la perfection par Jiri Heger _ tout cela est excellemment perçu.

Une transcription minimaliste, mais si poétique, de l’Adagietto de la 5e Symphonie invite dans cette guirlande d’opus pianistiques les cordes en songe de Gustav Mahler, avant de saisir tout l’orchestre que Ravel fait tenir dans le piano : cette version _ pour piano seul _ de La Valse, vertigineuse, prodigieuse de détails et d’élan _ oui, oui _, file vers son apocalypse dans un clavier fuligineux _ c’est-à-dire de suie... Sidérant _ rien moins ! _ après la proposition tout aussi saisissante _ voir aussi par exemple mon propre article «  » du 16 février 2024… _ offerte chez le même éditeur _ Warner Classics _ par Martin James Bartlett voici peu (voir ici).

LE DISQUE DU JOUR

Vienna : Joyful Apocalypse

Alfred Grünfeld (1852-1924)


Soirée de Vienne, Op. 56. Paraphrase sur des motifs en forme de valse extraits de « La Chauve-souris » et autres ouvrages de Johann Strauss fils


Leopold Godowsky (1870-1938)


Triakontameron (extrait : No. 11. Alt-Wien)


Otto Schulhoff (1889-1958)


3 Bearbeitungen nach Motiven von Johann Strauss, Op. 9 (extrait : No. 2. Pizzicato-Polka)


Sergei Rachmaninov (1873-1943)


Polka de W. R.. Allegretto


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


6 Pièces, Op. 51, TH 143 (extrait : No. 6. Valse sentimentale en fa mineur. Tempo di Valse)
Valse-Scherzo en la majeur, Op. 7, TH 129. Tempo di Valse


Fritz Kreisler (1875-1962)


3 Alt-Wiener Tanzweisen (extrait : No. 2. Liebesleid ; version pour piano seul : Rachmaninov)


Franz Schubert (1797-1828)


An die Musik, D. 547 (version pour piano seul : Pontier)
38 Walzer, Ländler und Ecossaises, D. 145 (extrait : Valse No. 6 en si mineur)
Valse en sol bémol majeur, D. Anh.I/14 « Kupelwieser-Walzer ». Ruhiges Walzertempo (version élaborée par Richard Strauss)


Adolf Schulz-Evler (1852-1905)


Arabesques sur des motifs de « An der schönen blauen Donau » de Johann Strauss fils


Franz Liszt (1811-1886)


4 Valses oubliées, S. 215 (extrait : No. 2 en la bémol majeur)


Gustav Mahler (1860-1911)


Symphony No. 5 (extrait : IV. Adagietto ; version pour piano seul : Aurélien Pontier)


Arnold Schönberg (1874-1951)


6 kleine Klavierstücke, Op. 19 (extrait : No. 6. Sehr langsam)


Maurice Ravel (1875-1937)


La Valse, M. 72b (version pour piano seul)

Aurélien Pontier, piano

Un album du label Warner Classics 5054197633492

Photo à la une : le piano Aurélien Pontier – Photo : © Paul Montag

Un régal !!!

Ce mardi 4 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un magnifique double CD « Antonio Vivaldi – Concerti per una vita », du violon jubilatoire et sensible de Théotime Langlois de Swarte et son véloce et fruité Ensemble Le Consort…

24fév

Ainsi qu’il l’avait récemment annoncé,

Théotime Langlois de Swarte _ avec son excellent ensemble fruité, véloce et sensible, Le Consort _, nous propose un magnifique double CD (de 148′) de « Violin Concertos » dAntonio Vivaldi _ le double album Harmonia Mundi HMM 902373.74 _,

comportant un très significatif _ et très réussi _ choix de 12 Concerti complets _ les Concertos RV 37a, 171, 237, 250, 252, 256, 267a, 278, 315, 356, 569, 813 _ accompagné d’un riche choix d’autres mouvements empruntés à d’autres Concerti pour violon _ et même d’autres instruments _, d’autres œuvres de Vivaldi _  principalement et surtout lui… _,

afin de nous faire bien ressentir, en un très judicieux programme, la très intéressante évolution des styles infiniment variés, toujours renouvelés, issus de l’invention jaillissante si merveilleusement féconde de ce compositeur génial tout au long de sa vie (Venise, 4 mars 1678 – Vienne, 28 juillet 1741)…

Le génie musical d’Antonio Vivaldi (Venise, 4 mars 1678 – Vienne, 28 juillet 1741) est à entendre entre, en amont, celui de Claudio Monteverdi (Crémone, 15 janvier 1567 – Venise, 19 novembre 1643) _ et le chainon proprement vénitien que constitue Giovanni Legrenzi (Clusone, près de Bergame, 12 août 1626 – Venise, 27 mai 1690)et, en aval, celui de Joseph Haydn (Rohrau, 31 mars 1732 – Vienne, 31 mai 1802) _ ainsi, si l’on veut, que celui de Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791).

Avec entretemps le génie musical de ses exacts contemporains, eux, Johann-Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750) et Jan-Dismas Zelenka (Lomovice, 16 octobre 1679 – Dresde, 23 décembre 1745) _ lesquels, s’ils n’ont physiquement pas fait le voyage de Venise, non plus que celui de Vienne, étaient parfaitement informés, et même imbibés, de ce qui s’y faisait de musicalement génial…

Auxquels j’ajouterai, un peu en amont, le génie musical _ violonistique _ d’Heinrich-Ignaz-Franz Biber (Wartemberg, 12 août 1644 – Salzbourg, 3 mai 1704), et, plus tard, un peu en aval, celui _ zelenkien, si l’on veut… _ de Frantisek Tuma (Kostelec, 2 octobre 1704 – Vienne, 3 février 1774)…

Quant au travail de Théotime ici, et avec Le Consort,

il s’agissait pour lui, après ses précédents abords discographiques de l’œuvre (de concertos pour violon) vivaldien _ le Concerto « Madrilesco«  RV 129  dans le CD « 7 Particules » du label B Records LBM 014, enregistré live à Deauville le 21 avril 2018 à Deauville avec, déjà, Le Consort ; et puis les Concerti RV 179a et RV 384, cette fois avec Les Ombres de son frère Sylvain Sartre et Margaux Blanchard, dans le CD « Vivaldi – Leclair – Locatelli – Violin Concertos » du label Harmonia Mundi HMM 902 649, enrefistré à l’Arsenal de Metz en avril-mai 2021 _, d’apporter au public mélomane un panorama consistant et profond qui soit le sien ;

avec, aussi, les enregistrements des ultimes Concertos pour violon de Vivaldi qui étaient encore jusqu’ici demeurés inédits au disque (!) :

soient les RV 37a (tout juste redécouvert en 2022), 250, 252, 267a et 315 (pour la version de Gênes), ainsi que le Recitativo du RV 212, la Ciaconna du RV 370, et l’Adagio du RV 768 _ et j’ignore pour quelles raisons précises ces 3 Concertos-là ne sont pas donnés ici en leur intégralité : n’en demeure-t-il donc que ces seuls fragments ? Ou bien s’agit-il d’un choix esthétique de la part de nos interprètes ? Ou bien encore d’une question de durée de disponibilité  de ce double album Harmonia Mundi ? Je ne le sais pas…

Ensuite,

pour les Concerti pour violon seul non inédits au disque, que sont les RV 171, 237, 256, 278, 356, 569 et 813,

il reste à éventuellement confronter à l’oreille cette interprétation-ci de Théotime Langlois de Swarte et Le Consort avec de précédentes interprétations, et notamment et surtout celle du magnifique Giuliano Carmignola, avec divers orchestres.

Il va me falloir m’y atteler, en recherchant ces CDs en ma discothèque vivaldienne personnelle…

Et nous verrons bien alors ce qui en résultera.

Mais ce que je peux déjà avancer, c’est que l’approche jubilatoirement vivaldienne jusqu’en la bouleversante tendresse, mâtinée d’une ombre douce, voilée, de tragique, des sublimes Adagios de Vivaldi _ un des traits capitaux des souffles idiosyncrasiques de sa géniale musique _, de Théotime et du Consort, m’emballe ! Dès la première écoute. Et c’est déjà beaucoup…

Ce samedi 24 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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