Archives du mois de mai 2022

Ecouter l’hommage, ce lundi 16 mai, de France-Musique et Lionel Esparza, à l’immense Teresa Berganza…

16mai

Ce lundi 16 mai 2022, Lionel Esparza a consacré la majeure partie de son émission cet après-midi, à un hommage _ parfaitement justifié et complet autant que cela peut être en 2 heures… _ à la très grande Teresa Berganza, qui nous a quittés vendredi dernier, 13 mai.

Quel immense plaisir de l’écouter à nouveau _ 118′ durant _ dans les plus grandes performances du répertoire de l’immense chanteuse qu’elle a su être, qu’elle a été, et demeure pour l’éternité, pour nous…

Une personnalité singulière,

tout à fait unique !..

Merci, Madame.

Ce lundi 16 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer diverses interprétations profondément émouvantes de chefs d’oeuvre _ bouleversants _ de Mieczyslaw Weinberg, à partir du tout récent CD de l’Ensemble Les Métamorphoses, sous la direction de Raphaël Feye, avec le violoncelle intensément « tragique et pudique » de Pieter Wispelwey…

15mai

En quelque sorte en complément de mon article du mercredi 4 mai dernier, « « ,

voici que ce  dimanche 15 mai ResMusica publie, sous la plume de Jean-Christophe Le Toquin, un très intéressant article consacré lui aussi au tout récent superbe CD Evil Penguin Classic 2022 EPRC0045

consacré à 3 chefs d’œuvre de ce compositeur tout à fait essentiel du XXe siècle, qu’est le si émouvant Mieczyslaw Weinberg :

le Concertino pour violoncelle Op. 43bis (de 1948),

la Fantaisie pour Violoncelle et Orchestre Op. 52 (de 1951-53),

et la Symphonie de chambre n°4 Op. 153 (de 1992) ;

en un article intitulé, lui, « Pieter Wispelwey et Les Métamorphoses investissent Weinberg« …

Un CD dans lequel _ je suis en train de le ré-écouter avec un très vif plaisir : j’adore ce compositeur et sa musique si déchirante… _, je dois souligner que je remarque, à nouveau, à cette ré-écoute, la splendide clarinette klezmérisante de Jean-Michel Charlier…

Le voici donc _ avec, en forme de dialogue avec, mes farcissures en vert… _, cet article paru ce dimanche :

Pieter Wispelwey et les Métamorphoses investissent Weinberg

Pieter Wispelwey et l’ensemble Les Métamorphoses signent un album Weinberg remarquable de couleurs et d’investissement dans la profondeur du son _ oui, et c’est fort juste de bien le souligner ainsi. 

Les trois œuvres de Mieczysław Weinberg réunies dans cet album ne doivent rien au hasard, puisqu’elles avaient constitué le couronnement d’un grand week-end consacré fin 2019 à Bruxelles par la biennale Chamber Music for Europe à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur _ né à Varsovie le 8 décembre 1919. Si l’interprétation en concert avait reçu tous les éloges de notre collègue, la captation en studio réalisée _ à Gand _ à l’été 2021 _ du 28 juin au 1er juillet _ et proposée dans cet album combine la vitalité et l’unité que donne l’expérience de l’interprétation en public, avec le soin intense apporté à chaque note et inflexion que permet le temps long de l’enregistrement_ en effet.

Le Concertino pour violoncelle op. 43 bis, composé en 1948 (_ soit une toute première approche du futurConcerto pour violoncelle op. 43, qui fut créé par Rostropovitch en 1957) avait été oublié de tous, et ne fut découvert qu’en 2016, 20 ans après la disparition du compositeur. Il fut alors enregistré rapidement _ en 2018 _ par la violoncelliste Marina Tarasova, qui a connu Weinberg, et publié dès 2018 par le courageux label de Saint-Pétersbourg Northern Flowers _ je possède aussi ce CD NF/PMA 99131, enregistré à Moscou en 2018. La comparaison des deux enregistrements est éclairante : là où les musiciens russes – à l’instar d’un Rostropovitch – tiennent l’émotion et les accents klezmer à distance _ mais oui _ pour mieux faire ressortir le classicisme de cette musique et la rattacher à toute la musique russe, Pieter Wispelwey et les musiciens des Métamorphoses vont plus profondément dans l’exploration psychologique _ de l’idiosyncrasie de Weinberg _ et travaillent à restituer – sans sentimentalisme – le substrat tragique _ voilà _ de la vie du compositeur (la fuite du nazisme _ en 1939 _, mais pour subir ensuite l’antisémitisme de l’État soviétique). Le résultat de ce choix interprétatif est un impact émotionnel plus fort, bien que pudique _ oui, sans le moindre pathos parasite. C’est comme si on rendait à la musique de Weinberg une identité plus riche, plus complexe _ oui : la sienne ! _, on oserait dire plus présente dans le double sens de présence et d’actualité. De quelques années plus tardives _ 1951-53 _, la Fantaisie pour violoncelle et orchestre op. 52 est moins lyrique et moins immédiatement prenante que le Concertino _ de 1948 _mais elle garde ses accents polonais et populaires  _ oui, et c’est très important… _ et cette finesse d’écriture _ tout à fait _ qui retiennent _ et marquent _ l’attention.

L’album se conclut par la dernière œuvre _ voilà ! en quelque sorte testamentaire _ de Weinberg, la Symphonie de chambre n°4 op. 153 _ composée, elle, en 1992. Comme toutes les pièces de maturité, l’heure n’est plus – et depuis longtemps – à l’immédiateté et à la facilité _ de l’expressivité du compositeur. Mais placée ainsi _ sur ce CD _ après le Concertino et la Fantaisie, il n’y a pas de rupture, simplement une évolution _ oui. Cette continuité s’explique aussi par le fait que ces quatre symphonies de chambre sont elles-mêmes _ oui _ des retours en arrière, reprenant _ et enrichissant, un peu testamentairement : pour l’éternité de sa singularité de créateur _ des compositions de jeunesse. Elles ont fait l’objet d’un enregistrement intégral _ des Concertos de chambre n°1 à 4 _ par Gidon Kremer et la Kremerata Baltica (ECM, 2017) _ soit le double CD ECM 2538/39  4814604, paru en 2017 ; un double album que je possède et admire _, et par Rostislav Krimer et l’East-West Chamber Orchestra (_ soit le CD Naxos 8.574063, paru en 2019, pour les Concertos de chambre n° 1 et 3 ; je le possède aussi _, et _ le CD Naxos 8.574210, paru, lui, en 2021 _ pour les n° 2 et 4) ; le second _ Rostislav Krimer _ défendant une approche plus raffinée et poétique. Face à ces concurrents letton _ Gidon Kremer _ et biélorusse _ Rostislav Krimer _ qui ont pour eux l’avantage de l’ancrage culturel originel _ en effet, de Weinberg _, les musiciens des Métamorphoses _ dirigés ici par Raphaël Feye _ investissent la musique de Weinberg avec une approche d’Europe de l’Ouest qui se nourrit d’un travail _ de fond _ sur la mémoire et sur l’histoire _ voilà. Là où les versions occidentales de la musique de Chostakovitch dans les années 1950 à 80 pouvaient paraitre moins habitées que celles de l’autre côté du rideau de fer, cette caractéristique ne se retrouve pas avec Weinberg, pourtant si proche. Weinberg est un musicien polonais, slave, juif, et d’Europe centrale _ oui ! et c’est là un trait tout à fait essentiel et fondamental pour l’idiosyncrasie de sa musique… _, et s’il a passé sa vie d’adulte _ depuis 1939, et ses vingt ans… _ en URSS _ à Moscou, puis Tachkent, Moscou, etc. _, il n’a jamais oublié ses origines _ juives, d’Europe centrale et orientale ; et c’est probablement aussi pour cela que sa musique me touche, personnellement, si profondément autant ! Dès lors, un violoncelliste néerlandais, un chef et un ensemble belges développant une approche sensible (l’orchestre _ les Métamorphoses _ avait enregistré le beau disque Destins juifs dirigé par Amaury de Closel en 2018, KMI) peuvent apporter une vision différente et au moins aussi pertinente _ oui ! _ de ce répertoire _ de Weinberg.

Espérons que cette réussite – doublée d’une édition luxueuse _ oui _ façon livre, avec couverture rigide et épais livret richement illustré – donnera à ces interprètes l’envie de continuer à s’approprier la musique de Weinberg, car ils lui apportent un relief et une attraction particulières _ en effet, particulièrement idoines…

Mieczysław Weinberg (1919-1996) :

Concertino pour violoncelle op. 43bis ;

Fantaisie pour violoncelle et orchestre op. 52 ;

Symphonie de chambre n° 4 op. 153.

Pieter Wispelwey, violoncelle ;

Jean-Michel Charlier, clarinette ;

Les Métamorphoses, direction : Raphaël Feye.

1 CD Evil Penguin Classic.

Album couverture cartonnée rigide, livret quadrilingue richement illustré de photographies des séances d’enregistrement et d’illustration poétique de Peter de Bruyne.

Contenu numérique supplémentaire (vidéo d’enregistrement) accessible par QR code.

Enregistré du 28 juin au 1er juillet 2021 au MC De Bijloke, Gand (Belgique).

Durée : 68:27

Un CD tout à fait remarquable, donc,

pour des chefs d’œuvre déchirants et pudiques de cet immense compositeur qu’est Mieczyslaw Weinberg…

Ce dimanche 15 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Deux nouveaux absolument merveilleux petits livres de presque rien de l’ami Plossu : « Pneus » et « A day with the Creeleys », qui viennent de paraître aux Editions Filigranes

14mai

Un excellent article de Fabien Ribery,

intitulé « Métaphysique du pneu, grâces de l’amitié, par Bernard Plossu, photographe« , paru sur son blog L’Intervalle le 12 mai 2022,

vient très opportunément, et à nouveau, souligner l’inestimable intérêt _ absolument désintéressé ! gratuitissime !!! _ des merveilleux petits livres pas chers de l’ami Bernard Plossu,

en l’occurrence « Pneus » et « A day with the Creeleys« ,

qui viennent tout juste de paraître presque confidentiellement aux Éditions Filigranes de Patrick Le Bescont.

Métaphysique du pneu, grâces de l’amitié, par Bernard Plossu, photographe

le 12 MAI 2022

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©BERNARD PLOSSU

« LA NATURE SAUVAGE, L’INATTENDU À QUELQUES CENTIMÈTRES DE NOUS. DES MOMENTS IDYLLIQUES, NOTRE SUBSISTANCE, NOS PRÉPARATIFS, NOTRE MOTIVATION. NOUS ÉTIONS AMIS. NOUS LE SOMMES TOUJOURS. L’ATTRAIT DE L’AVENTURE, DES DÉFIS, DE L’EXOTISME ENCORE ET TOUJOURS LÀ. » (PENELOPE CREELEY)

IL FAUDRAIT UN TERME POUR DÉSIGNER CES PETITS LIVRES DE BERNARD PLOSSU D’UNE VINGTAINE DE PHOTOGRAPHIES NE SE MONTANT PAS DU COL, MAIS ADORANT LA VIE DANS SES MOINDRES CAILLOUX.

DEUX PÉPITES TOMBENT CES TEMPS-CI DE L’ESCARCELLE DE PATRICK LE BESCONT (FILIGRANES EDITIONS), PNEUS ET A DAY WITH THE CREELEYS.

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©BERNARD PLOSSU

QUOI DE PLUS BANAL QU’UN PNEU, ET POURTANT QUOI DE PLUS MERVEILLEUX EN SA ROTONDITÉ À LA FOIS MOLLE ET RÉSISTANTE ?

ELLES SAUVENT DES VIES (LES BOUÉES), ÉVITENT AUX NAVIRES QUELQUES CHOCS MAJEURS AU MOMENT DE L’APPONTEMENT, AMUSENT LES ENFANTS SANS LE SOU.

ELLES SYMBOLISENT LA BEAT GENERATION, LE MACADAM BRÛLANT, LES FILLES AUX LARGES SOURIRES PORTANT DES ROBES À FLEURS DANS DES DÉCAPOTABLES RUTILANTES, OU MORDUES PAR LA POUSSIÈRE DU DÉSERT MEXICAIN.

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©BERNARD PLOSSU

« LES PNEUS EN PHOTO, DÉCLARE BERNARD PLOSSU, ÇA N’A PAS VRAIMENT D’INTÉRÊT, C’EST POUR CELA QUE ÇA M’INTÉRESSE ! C’EST PEUT-ÊTRE ÇA LA PHOTOGRAPHIE, CES PETITES NÉVROSES D’EXPÉRIENCE UTILE, CETTE PULSION NARRATIVE D’ENVIE UTOPIQUE… COMME UNE PRATIQUE NATURELLE D’EXPRESSION UBUESQUE. »

OUI, ILS SONT DRÔLES CES BOUTS DE CAOUTCHOUC PENDUS SUR DES MURS EN PISÉ, COMME DES TOTEMS MALADROITS, OU DES PIÈGES MÉTAPHYSIQUES.

ILS ATTIRENT TOUT L’ESPACE DANS LEUR CERCLE VIDE, CE SONT DES BOUDDHAS DE COMPASSION FLOTTANT SUR LE FLEUVE DU TEMPS.

ON LES JETTE, ON LES MÉPRISE UNE FOIS USÉS, ON LES ENTASSE NÉGLIGEMMENT, EN OUBLIANT TOUTE LA NOBLESSE DE CES ÊTRES DE PEU POUVANT BEAUCOUP.

QUOI DE PLUS POIGNANT QU’UN PNEU ABANDONNÉ CONTRE DES BRIQUES BLANCHES UN JOUR DE PLEIN SOLEIL ?

BERNARD PLOSSU CRÉE DES ENSEMBLES, ASSOCIE, ET SAUVE DE L’OUBLI LES FRAGMENTS D’UN CONTINENT À LA DÉRIVE APPELÉ RÉALITÉ.

NOUS SOMMES AVEC LUI, À BREST, À COIMBRA, À LISBONNE, À TAOS, À MARSEILLE, À ALMERIA OU À CHARLEROI, ENTRE 1978 ET 2009.

LA VIE EST BELLE, TOUT ROULE, IL FAUT LAISSER LA BILE NOIRE AUX ACRIMONIEUX, EN CHANTANT AVEC TOUS CEUX QUI CRISSENT ET VROMBISSENT À PLEIN TUBE (BONJOUR HERBERT LIST).

SAVOIR VIVRE, C’EST SAVOIR REMERCIER, PARVENIR À TRANSMETTRE, CÉLÉBRER SES AMIS.

Oui ! ! Cf, retrouvé le 26 avril 2016, ce texte auquel je tiens beaucoup, intitulé « Pour célébrer la rencontre« ,

écrit en 2007, inspiré par ma rencontre _ dans les rayons de livres de la Librairie Mollat, en décembre 2006 _ avec Bernard Plossu : 

«  « …

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©BERNARD PLOSSU

A DAY WITH THE CREELEYS, DEUXIÈME CARNET PLOSSU, EST À CETTE AUNE, ET C’EST UNE NOUVELLE FOIS TRÈS BEAU, TRÈS TOUCHANT, DANS LA MODESTIE MÊME DE LA FORME NE CILLANT PAS.

« IL FAISAIT AGRÉABLEMENT BEAU, CE JOUR OÙ NOUS SOMMES DESCENDUS DE SANTA FE À ALBUQUERQUE POUR VOIR NOS AMIS LES CREELEYS, PENELOPE ET BOB, CONFIE LE PHOTOGRAPHE. LE SOLEIL EN HIVER EST PLUS DOUX QU’EN ÉTÉ, DANS CET IMMENSE OUEST AMÉRICAIN. WILL, LEUR FILS, AVAIT TROIS ANS, ET SHANE, LE NÔTRE, EN AVAIT CINQ. DANS LA MAISON, LE FEU DU POÊLE RONRONNAIT. ON EST RESTÉS SURTOUT DEHORS, SUR LE PATIO, À BAVARDER, À ÊTRE SIMPLEMENT BIEN ENSEMBLE ! ON A SÛREMENT PARLÉ DE NOTRE AMI COMMUN DENIS ROCHE, LOIN LÀ-BAS À PARIS. C’ÉTAIT LE GENRE DE JOURNÉE OÙ LE TEMPS GLISSE DÉLICIEUSEMENT, D’OÙ ON SORT HEUREUX DE PARTAGER DES INSTANTS DE LA VIE… »

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©BERNARD PLOSSU

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CES INSTANTS DE VIE DÉLICIEUX, LES VOICI MAINTENANT REVENUS PAR LA GRÂCE DU BOÎTIER MÉDIUMNIQUE.

ROBERT CREELEY (1926-2005), POÈTE AMÉRICAIN MAJEUR AYANT CONNU SON HEURE DE GLOIRE DANS LES ANNÉES 1950, EST SANS NUL DOUTE, EN NUANCE DE GRIS, EN APPROCHE SENSUALISTE ET SANS AFFECTATION DE LA VIE BRUTE, UN FRÈRE EN INSPIRATION DE BERNARD PLOSSU.

PENELOPE CREELEY TENANT SON ENFANT DANS LES BRAS, C’EST FRANÇOISE TENANT JOAQUIM SUR UNE ÎLE GRECQUE, C’EST LA FIGURE ARCHÉTYPIQUE DE LA JOIE ET DE LA FIERTÉ D’ÊTRE MÈRE JUSQU’AU BOUT DU MONDE.

A DAY WITH CREELEYS EST UN OPUSCULE, MAIS C’EST UN MOMENT DE BONHEUR ENTRE AMIS OFFERT À TOUS ALORS QUE LA SIXIÈME EXTINCTION DES ESPÈCES S’INTENSIFIE.

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©BERNARD PLOSSU

UN HOMME ÉCRIT, UN ENFANT JOUE, UNE FEMME SOURIT.

UNE FEMME ÉCRIT, UN ENFANT JOUE, UN HOMME SOURIT.

DANS LA RONDE KARMIQUE DE NOS EXISTENCES, DANS L’ÉTERNEL RETOUR DU MÊME, IL Y A LA TENDRESSE ET L’AMOUR, COMME DES POINTS IRRÉDUCTIBLES.

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BERNARD PLOSSU, PNEUS, CONCEPTION GRAPHIQUE PATRICK LE BESCONT, TIRAGES FRANÇOISE NUNEZ, FILIGRANES EDITIONS, 2022 – 600 EXEMPLAIRES

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BERNARD PLOSSU, A DAY WITH THE CREELEYS, CONCEPTION GRAPHIQUE PATRICK LE BESCONT ASSISTÉ DE CÉLESTE ROUGET, TIRAGES FRANÇOISE NUNEZ, TEXTE DE PENELOPE CREELEY, POÈME DE ROBERT CREELEY, JOCELYNE BOURBONNIÈRE ET GARY SUTHERLAND, FILIGRANES EDITIONS, 2022 – 500 EXEMPLAIRES

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Se procurer ces deux ouvrages – Filigranes Editions

Ce samedi 14 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Adieu ce vendredi 13 mai à Teresa Berganza…

13mai

A l’heure où j’apprends _ dans El Pais : « Muere la cantate de opera Teresa Berganza a los 87 anos« … _ le décès à Madrid ce vendredi 13 mai 2022,

je me souviens avec émotion, aussi, de l’avoir écouté en concert, un été, dans le cloître de la cathédrale de Santander.

Un privilège pour la vie.

ÓPERA

Muere la cantante de ópera Teresa Berganza a los 89 años

La mezzosoprano ha fallecido en Madrid este viernes

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Teresa Berganza en tres interpretaciones

La mezzosoprano Teresa Berganza fotografiada en Madrid, en 2007. Vídeo: BERNARDO PÉREZ

Jesús Ruiz Mantilla
JESÚS RUIZ MANTILLA
Madrid – 13 MAY 2022 – 10:57 CEST
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La cantante de ópera Teresa Berganza ha muerto este viernes en Madrid a los 89 años, según ha confirmado su hijo a EL PAÍS. Por deseo de la artista no habrá velatorio ni entierro público. La familia ha emitido el siguiente comunicado: “Addio de Teresa : ‘Quiero irme sin hacer ruido… No quiero anuncios públicos, ni velatorios, ni nada. Vine al mundo y no se enteró nadie, así que deseo lo mismo cuando me vaya’. Toda la familia respetamos su voluntad. Nuestro homenaje será recordarla en toda su plenitud y seguir disfrutando de ella a través de sus interpretaciones para recordarla siempre”.

Teresa Berganza deja un inmenso vacío que llena la historia de la ópera. De pocas personas se podía aprender tanto lo que es saber mantener alta la dignidad de su arte. Tan graciosa e impredecible como rigurosa y seria para lo suyo. Gran testigo de su tiempo, poseía un radar realista hacia el pasado y buen ojo para el futuro. Se mostró siempre castiza y modernísima. Fue una joven que supo defenderse y desenvolverse por la Europa de posguerra y pronto asimiló con una gran carrera internacional el cosmopolitismo sin renunciar a un punto de vista estrictamente madrileño de la vida. Ella, que nació en la calle San Isidro, muy pronto se comió el mundo.

La mezzosoprano Teresa Berganza, en un momento de su actuación, en la plaza de la Virgen (Valencia) durante la celebración de la Ronda a la Verge 2003.
La mezzosoprano Teresa Berganza, en un momento de su actuación, en la plaza de la Virgen (Valencia) durante la celebración de la Ronda a la Verge 2003.JORDI VICENT
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Se armó para ello. Formándose a fondo. Estudió piano, armonía, música de cámara, composición, órgano y violoncelo. Pero se dedicó al canto después de pasar por el aula de Lola Rodríguez Aragón. Despuntó ya en su primer recital en Madrid. Este tuvo lugar en el Ateneo, un 16 de febrero de 1957, algo que le dio alas para entrar por primera vez con un papel en escena : un Trujamán de El retablo de maese Pedro (Falla) en el Auditorio de la RAI, aquel mismo año en que también tuvo la oportunidad de debutar con el papel de Dorabella en Così fan tutte dentro del festival de Aix-en-Provence (Francia).

Después llegaron más éxitos en el Reino Unido dentro del Festival de Glyndebourne o su debut junto a Maria Callas en una Medea un año después en Dallas (Estados Unidos). De ahí, a Viena, en 1959, junto a Karajan con Las bodas de Figaro, también con Giulini y un viaje a los siglos XVII y XVIII de la mano de Purcell, Haendel, Monteverdi, que le ocupó el principio de los años sesenta. De Mozart y aquellos retos barrocos pasó al bel canto junto a Alfredo Kraus, con El barbero de Sevilla, luego el Metropolitan y la Scala la recibían con Las bodas de Fígaro mozartianas y la mencionada ópera de Rossini junto a Claudio Abbado. Esa que la consagró como icono y experta en el repertorio endiablado del creador de Pesaro, lo que no le apartaba de riesgos como meterse en un montaje de Don Giovanni, dirigido por el cineasta Joseph Losey y con Lorin Maazel en el foso. A ese nivel discurrió la carrera de Berganza, que continuó en los setenta con diversos hitos en Salzburgo, Edimburgo, el Liceo, junto a Karajan, Abbado, Kubelik… Los de una auténtica figura que ha sabido nadar entre lo más pegado a la tradición sin miedo a una radical modernidad. Ese instinto para saberse puente lo fue construyendo con una mentalidad fascinante, una manera de ver la carrera y su vida fuera de la norma.

Berganza es hoy un referente para todo el mundo que desee desentrañar la complejidad presente y pasada de la ópera, donde ella ha sabido brillar y mantenerse con los pies en el suelo sin renunciar a altos vuelos. Un caso insólito y ejemplar de carrera duradera en la cumbre, sin que aquello le hiciera sentirse presa de una grandeza o una gloria pasada.

Desde que la conocí jamás tuvo miedo a decir la verdad, a sentar cátedra de manera espontánea y desenfadada o reírse de todo lo que la rodeaba, empezando por sí misma. Demostró siempre una salud mental y una inteligencia asombrosas para analizar su oficio y el entorno en el que se desarrollaba. Tiraba de ironía para asegurar que le confundían cosas que tenía clarísimas. “No sé si es bueno o malo que haya tanta confusión por todas partes, y también en el mundo del canto. En eso entramos los artistas. Todo el mundo quiere cantar, hay voces muy buenas, pero, ¿qué objetivos tienen? Ahí empieza el lío. ¿Qué tipo de voz define a este o a aquel? Sigue la confusión. A las sopranos les dan papeles de mezzos y viceversa. Las sopranos ligeras se meten en repertorios dramáticos… ¿Qué pasa? Pues que a los ocho años se les acaban las carreras”.

Berganza es hoy un referente para todo el mundo que desee desentrañar la complejidad presente y pasada de la ópera

La melé, el lío, lo encontraba ella por todas partes y se agobiaba: “El problema es que solo pensamos en la cantidad. El poder y el dinero. Ya nadie te dice: ‘Qué voz tan bella’. Ahora todo es : ‘¡Qué voz más grande tiene!’. La cantidad. Cogen un cantante y es de usar y tirar. Aquí nadie se aclara”.

Cuando veía una boda de postín en El Escorial, donde vivía, le entraba una carcajada: “Vivo enfrente del monasterio y me las veo todas. Menudos despliegues. Llegan con unos modelos, unos coches, unos tacones. Total… ¿Para qué? ¿Para qué se tienen que casar? ¿Por qué quiere la gente casarse si hoy puedes irte con quien quieras? Yo, que he tenido dos maridos y me ha durado cada uno 20 años, jamás pensé en lo bien que me lo iba a pasar sola, como ahora, que soy libre y disfruto de mi libertad, como mi Carmencita”.

Se refería a la criatura de Bizet. Pocas veces alguien se identificó tanto con un papel. Berganza es referencia mundial en la ópera del francés y ella sigue siendo su mujer preferida. “Me marcó Carmen, le debo muchísimo, más que esos papeles tan ñoños que hay por ahí. Ahora no se hace bien. Las que he visto no se empeñan más que en dar gritos. ¿Qué forma de seducir a un hombre es esa? Los pobres don josés no sé cómo no se asustan. A un hombre hay que conquistarlo al oído”, aseguraba la cantante.

La seducción es algo que ella aplicaba siempre. “Una cantante lo es de la punta del pie a los pelos de la cabeza. Para vestir a diario, ya ves, me vale cualquier cosa”, aseguraba señalando su conjunto de camisas, pantalones y zapatillas deportivas de color butano, ocre y marrón, a juego con un tono de pelo y su peinado punki : “Pero para salir a escena me voy con los mejores modistas”.

Los directores de orquesta siempre han tenido una predilección por ella, aunque con algunos terminó a tortas. Conservaba algunas batutas eminentes : “A mí me respetan. ¿Por qué? Porque soy músico. He estudiado dirección, composición, piano, y no me engañan. A alguno le he cogido la batuta y se la he tirao a la cara, pero no puedo decir a quién. De otros, las colecciono. Sí, de Solti, de Karajan, de Karl Böhn, de Abbado. No está mal. A veces las cojo y dirijo lo que sale por la radio. En mi próxima vida seré directora de orquesta”, confesaba.

La mezzosoprano Teresa Berganza, en su casa de San Lorenzo de El Escorial en 2007.
La mezzosoprano Teresa Berganza, en su casa de San Lorenzo de El Escorial en 2007. ULY MARTÍN

La muerte no le asustaba. Antes de morir dijo a su familia que no quería velatorios ni tanatorios. “Cuando me muera, me gustaría que me envolvieran en una sábana, me quemen y me tiren al río. No temo a la muerte, pienso en ella con amor, me gustaría morirme de repente para no sufrir yo ni ninguno de los que me quieren. Pero que no me enseñen muerta, que nadie vea mi cara de muerta, y que no canten, a eso sí que le tengo miedo, porque como desafinen soy capaz de levantarme…”.

Vida es lo que ansiaba. Y vida tuvo, vida repartió, tanto como arte. Se mostraba muchas veces pletórica, invencible, inquieta, contagiosa y toda una personalidad andante. “He sido muy reinona, sí, pero humilde. Soy buena hasta que me tocan, y pacífica si no me atacan. Ahora, cuando me hacen algo, ¡bueno! Me vuelvo una víbora”.

Por morder, podía morder hasta al acudir a un teatro de espectadora. Sin inmutarse aprovechaba a confirmar que fue protagonista de una leyenda urbana que circuló por ahí : “Hay gente muy maleducada y que no tiene ni idea. Una vez me dio por aplaudir un aria en mitad de una representación y el que estaba a mi lado me chistó para que me callara. Yo le respondí : Aplaudo porque me ha gustado, porque me da la gana y porque soy Teresa Berganza…”.

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Aun así, a veces se quejaba de no haber sido suficientemente reconocida en su tierra. “Cuando empezaron a fijarse en mí, yo ya llevaba 25 años de carrera”. ¿Fue Berganza un lujo que España no supo digerir? “Esa es una muy buena reflexión”, dijo una vez ante aquella pregunta. Ella llevaba a gala haber hecho lo que le tocaba en cada época. “Cantaba todo y con todos. Hasta con Juanito Valderrama, del que se aprendía muchísimo. Y hasta hacía películas con Carmen Sevilla para ganar dinero. Luego empecé a cantar y desde entonces no he parado. Me fui a Italia, hice 13 o 14 conciertos y me dijeron : ‘¿Le apetece cantar en la Scala?’ Yo respondí : ‘Bueno, ¿por qué no?’. Y he sido de las que entró en la Scala sin acostarse con el director, que no me gustaba entonces. Él sí quería, pero yo no”.

Tal vez por esas cosas se definía pobre pero honrada y entregada radicalmente a su voz : “Sí, ahora soy pobre porque me llamaban para cantar en el Metropolitan de Nueva York, pero me llevaba a mi marido, a mis tres hijos, a mis padres, a una niñera y a una señora para limpiar. Así que al final me quedaban 100 dólares, pero he sido muy feliz. Tengo unos hijos maravillosos y unos padres que no me daban dinero porque en casa no había un duro, con un padre en la cárcel y una madre trabajadora, pero me inculcaron cultura y mucho cariño. Me enseñaron a amar. Por eso he tenido una infancia maravillosa en la que iba al colegio, cantaba en un coro y entre medias me comía un bocadillo de calamares”, aseguraba.

Se definía como pobre pero honrada y entregada radicalmente a su voz

¿Y el marido? Entonces estaba casada con el pianista Félix Lavilla : “Pues el marido, cuando vas a los sitios en Rolls-Royce y te reciben con alfombra roja, al principio le gusta, pero después no lo aguanta y van surgiendo los celos. Llega un momento en que tienes que elegir : dejar al marido o dejar el canto, y mi voz no la habría abandonado por nada del mundo”.

Jamás dejó de estudiar y llegó a dar clases en la Escuela Reina Sofía. Sabía lo que era aprender de los grandes y quiso aportar. En ese sentido, siempre se mostró agradecida de lo que su relación con Maria Callas le dio. “Era la más grande. Yo creo que en mí, lo que vio, es que no era mala. Me quiso tanto… Me llevaba a todas las fiestas y me sentaba en sus rodillas. Me adoptó”. ¿Tanto como para copiar algo de ella?Copiar, nada. Aprender, lo aprendí todo. Sobre todo que los más grandes son los más humildes. Después, a mí me han querido copiar mucho, pero no han salido como yo. No hay artista igual”, decía.

Lo que nadie era capaz de predecir eran sus salidas. Berganza fue siempre pura espontaneidad en cada respuesta. Como esta, a los 75 años : “Tengo tres cuartos de siglo. Te vistes de otra forma. Me falta el moño. El moño tenía mucho éxito”. De ahí pasamos a la audacia y al tiento. Ambas cualidades, necesarias para sostener carreras. “Si me hubiese dejado llevar por lo que querían en las discográficas, no hubiese durado ni dos años. A mí, los discos no me emocionan… Aunque he grabado casi 200. El disco puede ser la perfección, pero el teatro es la emoción. A mí, lo que me gusta es hacer el amor con el público. Conmigo no se han equivocado nunca…”.

Eso no suponía que ella misma estuviera segura de lo que le gustaba. Una vez, en una entrevista que mantuvimos, se lo preguntó ella misma. “A veces me pregunto : ‘¿Me gustará la ópera? ¿Me gustaba?’. Porque se ve cada cosa… Coñazo, la hacen coñazo”, decía. Aun así, seguía jugando a ser diva sin perder los papeles. “Puedes jugar a eso. Vacilando. Cuando te ponen alfombras rojas y rolls-royces con bar, te gusta. Cuando te aplauden media hora, claro que te sientes especial. Pero luego llegas a tu casa y eres la que ha nacido en la calle de San Isidro, número 13, de Madrid”.

SOBRE LA FIRMA

Jesús Ruiz Mantilla
Jesús Ruiz Mantilla

Entró en EL PAÍS en 1992. Ha pasado por la Edición Internacional, El Espectador, Cultura y El País Semanal. Publica periódicamente entrevistas, reportajes, perfiles y análisis en las dos últimas secciones y en otras como Babelia, Televisión, Gente y Madrid. En su carrera literaria ha publicado ocho novelas, aparte de ensayos, teatro y poesía.

 

Ce vendredi 13 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une bien intéressante hypothèse sur l’origine du recueil, à Paris, des 12 « Concerti di Parigi » d’Antonio Vivaldi, dans le livret du CD (de l’Orchestre de l’Opéra Royal, dirigé du violon par Stefan Plawniak) du label Château de Versailles

12mai

Le manuscrit, conservé à la Bibliothèque Nationale, à Paris, des 12 « Concerti di Parigi » d’Antonio Vivaldi, continue de poser bien des questions sur son arrivée à Paris, quand on sait qu’Antonio Vivaldi n’a jamais fait lui-même le voyage de France…

Cette question de l’origine et du parcours de ce manuscrit vivaldien, n’apparaissait en tout cas pas, en 1999, dans la notice _ rédigée par le violoniste et chef de Modo Antiquo, Federico-Maria Sardelli _ du livret du CD, déjà très bon, du label Tactus TC 672213 donnant une interprétation de ces 12 « Concerti di Parigi« .

Outre une excellente prise de son,

l’Orchestre de l’Opéra Royal, sous la direction vive et souple du violoniste Stefan Plewniak, nous offre à son tour une excellente interprétation de cette collection de 12 Concerti ripieno _ et non avec un solo de violon _ d’Antonio Vivaldi, dans le CD CVS065 du label Château de Versailles.

Mais se distingue par une très intéressante notice du livret, rédigée par Olivier Fourès, qui se livre à une assez judicieuse hypothèse sur l’origine de ce recueil très divers, et même un peu composite, parvenu à Paris au cours de la décennie des années 30 du XVIIIe siècle.

Or Antonio Vivaldi, né à Venise le 4 mars 1678, et qui décèdera à Vienne le 28 juillet 1741, n’a, semble-t-il, jamais fait lui-même le voyage de France, ni, a fortiori, de Paris.

Pour qui donc Vivaldi aura-t-il procédé à la réunion de ces 12 Concerti ripieni désormais conservés, en manuscrits, à Paris ?

Et comment le manuscrit de cette collection de Concerti, dix, au moins, d’entre ces douze n’étant pas alors inédits, a-t-il pu parvenir, puis être conservé depuis, à Paris ?..

C’est là que les hypothèses d’Olivier Fourès se montrent, et ingénieuses, et tout à fait plausibles…

En effet, « une récente découverte du musicologue Jóhannes Ágústsson (une lettre de Vivaldi dans les archives de Vienne _ à préciser… _) ouvre un tout nouvel horizon. En 1728 _ au mois de septembre plus précisément _, l’Empereur d’Autriche Charles VI se rend à Trieste, ville où il souhaite développer le port, au grand dam _ en effet _ de Venise. Aussi, La Sérénissime envoie-t-elle une délégation à Trieste en l’occurrence les ambassadeurs Pietro Capello et Andrea Corner, qui sont reçus par l’empereur le 11 septembre _, et sachant Charles VI grand mélomane, elle y infiltre Vivaldi. Le prêtre roux joue pendant les repas impériaux, et offre à Charles VI un recueil manuscrit de concertos pour violon (La Cetra), se gagnant les faveurs de ce dernier : « L’Empereur a donné beaucoup d’argent à Vivaldi avec une chaîne et une médaille d’or et il l’a fait chevalier. […] Il a entretenu longtemps Vivaldi sur la musique, on dit qu’il lui a plus parlé à lui seul en 15 jours qu’il ne parle à ses ministres en deux ans. » Un triomphe. (Qui ne servit à rien à Venise.)

Dans la suite de Charles VI, se trouvait le jeune François-Étienne (19 ans), héritier des duchés de Lorraine et de Bar, alors en relation _ complexes _ avec le Saint-Empire Germanique et la France _ cf la très riche généalogie de François-Etienne, le futur empereur (en 1745) François Ier de Habsbourg-Lorraine. Charles VI avait pris François- Étienne sous sa tutelle dès 1723 _ François-Etienne a alors 14 ans ; et dès ce moment, l’empereur Charles VI élève François-Etienne comme son propre fils et prévoit de le marier à l’archiduchesse Marie-Thérèse, sa fille aînée et héritière. _ à Vienne _ en une histoire géopolitique complexe et passionnante des liens matrimoniaux et dynastiques très enchevétrés entre les familles princières de Lorraine, de France et d’Autriche ! François-Etienne est à la fois cousin, par  sa mère, Elisabeth-Charlotte d’Orléans (fille de Monsieur, le frère de Louis XIV), avec le roi de France Louis XV (leur ancêtre commun étant le roi Louis XIII), et, par sa grand-mère paternelle Eléonore-Marie-Josèphe de Habsbourg (épouse de son grand-père paternel Charles V de Lorraine) avec l’Empereur Charles VI (leur ancêtre commun est l’empereur Ferdinand III de Habsbourg). Ce dernier jouait du clavecin. On sait _ et ce seraient là de fort utiles précisions à donner ! _ qu’après avoir vu Vivaldi jouer à Trieste _ en septembre 1728, donc _, François-Étienne commence à prendre d’intenses classes de violon à Vienne. Le 27 Mars 1729, son père Léopold I meurt, il devient François-Étienne III (avant de devenir Duc de Toscane en 1736, puis Empereur du Saint-Empire germanique en 1745) _ et c’est le 12 février 1736 que François-Etienne épouse Marie-Thérèse d’Autriche. Le 28 Mai _ 1729 ; François-Etienne est âgé de 20 ans _, Vivaldi lui écrit : «Je rougis de me présenter devant vous avec ces très humbles cahiers de ma faible plume. La parfaite connaissance que V.A.S. peut s’enorgueillir d’avoir pour la musique, et en particulier pour les compositions instrumentales, m’a donné le courage de me mettre aux pieds de V.A.S., et de lui offrir avec ces cahiers ma profonde reconnaissance. Je vous supplie […] que vous me permettiez à l’avenir pouvoir vivre sous l’ombre heureuse de votre très Glorieux Nom.» Vivaldi lui envoie donc de la musique instrumentale en parties séparées (des concertos) espérant pouvoir bénéficier de sa protection (qu’il obtiendra, puisque dès 1731 il se présentera comme « maestro di cappella di S.A.R. il serenissimo Sig. duca di Lorena »).

Le 9 Novembre 1729 François-Étienne III quitte Vienne pour retourner à Lunéville (via Prague), avec, dans sa suite, les musiciens de son ensemble. Il y avait déjà envoyé, en amont, son plus fidèle servant, Karl von Pfütschner, qui lui écrivait : «Je ne puis m’exercer au violon, puisqu’on m’a deffendu pour une année entière tous les jeux d’instruments, mais à mon arrivée, tout le monde m’a parlé du goust que V.A.R. avoit pour la musique. Cela fera que bien des gens l’apprendront dans l’espérance de gagner par là ses bonnes grâces. » François- Étienne III arrive à Nancy le 3 Janvier 1730, et après avoir rendu ses hommages à Louis XV _ qui est lui aussi son cousin ! _ à Paris, s’installe à Lunéville où « toute son occupation est de s’amuser avec ses valets de chambre, ou à jouer du violon et à faire des concerts avec ses musiciens, sans y admettre personne, et seulement quelques princesses ses sœurs ». Toutefois, la menace d’une invasion de la Lorraine par la France l’oblige à quitter la Lorraine en toute hâte _ voilà ! _ (et pour toujours) le 25 Avril 1731 (juste après avoir donné son soutien à la récente Académie de musique de Nancy).

Tout concorde _ donc _ ici avec les concertos « de Paris » : la date de composition, la description que Vivaldi fait sur sa lettre, le fait qu’il s’agisse de concertos « ripieni » et non pour soliste (le Duc n’ayant pas encore assez de niveau au violon, Vivaldi préférait éviter une offense), le détail français, le fait que les partitions ne soient pas dédicacées (comme le suggère le musicologue Michael Talbot, Vivaldi ne pouvait alors imposer au Duc un statut de mécène), le fait aussi que François-Étienne prenne sa collection musicale en Lorraine _ où elle lui aurait été adressée _, et qu’il ait certainement dû l’y laisser _ voilà _ en raison de son départ soudain ; collection qui peut être _ assez probablement, en effet ! _ tombée dans des mains françaises, ramenée à Paris, avant d’aller rejoindre la bibliothèque du conservatoire (comme l’indique la cote actuelle sur le manuscrit « de Paris »).

Quoi qu’il en soit, il est curieux de voir combien la musique de Vivaldi se mit alors _ mais oui : les dates concordent… _ à la mode en France. Si ses concertos sont régulièrement joués au Concert Spirituel, le 25 novembre 1730, à Versailles, Louis XV demande à l’improviste qu’on lui interprète Le Printemps. En 1731 _ au retour d’un voyage en Flandres et dans les Provinces-Unies _, La Pouplinière, décrit son arrivée à Calais : « On nous reçut _ chez M. Panthon, comme La Pouplinière le note en son Journal… _ comme des Dieux d’Opéra, avec une symphonie à grand chœur ; c’était du Vivaldi; j’en louai le Ciel ! » et les poètes s’embrasent : «Vivaldi, Marini, par de brillants ouvrages/ De nos sçavans en foule obtiennent les suffrages.» On peut être sûr que la collection « de Paris » ne fut pas étrangère à cette consécration« …

C’est en effet tout à fait plausible.

Et bien intéressant quant au contexte du succès alors des œuvres de Vivaldi à Paris.

Ce jeudi 12 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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