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Découverte de la touchante « Rusalka » d’Antonin Dvorak, par le DVD de la production du Teatro Real de Madrid, sous la direction d’Ivor Bolton, en novembre 2020…

16juin

Ce dimanche de Fête des Pères,

j’ai découvert _ car je l’ignorais jusqu’ici… _ l’opéra « Rusalka » d’Antonin Dvorak (créé à Prague le 31 mars 1901), grâce au DVD Unitel (et Nicolas Bartholomée) de la production du Teatro Real de Madrid, en novembre 2020, sous la direction du chef Ivor Bolton, avec la Rusalka d’Asmik Grigorian et le Prince d’Eric Cutler _ cf ici un article de réception de ce DVD par Pierre Degott, sur le site de ResMusica, en date du 26 février 2022 : « Rusalka transposée dans le monde du théâtre et de la danse«  _,

que m’ont offert ma fille Marianne et mon gendre Sébastien…

Rusalka transposée dans le monde du théâtre et de la danse

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Intéressante relecture du mythe de la Petite Sirène. Dans un spectacle habile et globalement cohérent, la soprano se détache d’une distribution de haute tenue.

Le présent Blu-ray est le reflet des représentations de l’opéra de Dvořák données à Madrid en novembre 2020, au moment où le deuxième confinement avait mis un terme, presque partout en Europe, à la programmation de nombreux spectacles lyriques. La mise en scène de fait partie de ces nombreuses lectures destinées à révéler les sens cachés _ voilà _ qui, selon les spécialistes des contes de fée _ tel Bruno Bettelheim _, se dissimulent dans les multiples plis du texte. Oublions donc les lac, dryades, clair de lune et château princier des mises en scène traditionnelles, remplacés ici par une explicitation des nombreux désirs et substrats psychanalytiques _ voilà : Eros et Thanatos… _ qui parcourent le livret.

Le parti pris proposé par cette production consiste ainsi à situer l’action dans le monde de l’art et du ballet. C’est donc le foyer ou le hall d’entrée d’un théâtre XIXᵉ siècle que représente l’imposant dispositif scénique de Johannes Leiacker, dont l’environnement aquatique original est à peine suggéré par des statues de sirènes ornant quelques colonnes. Il est plus difficile d’interpréter les importantes coulées de lave qui s’échappent de l’extérieur de la salle. Cristallisations des non-dits de l’histoire ? Marques informes des désirs inconscients _ et pulsions érotiques _ des différents personnages ? Quoi qu’il en soit, le théâtre est clairement vu comme la métaphore des difficultés de communication entre deux mondes qui s’opposent tout en coexistant, le monde du réel occupé par les humains « normaux » (le Prince, la Princesse étrangère, le Garde-forestier, le Marmiton …), et le monde du rêve, du fantasme et de l’art, celui qu’habite, tout particulièrement, le personnage éminemment « féérique » de Rusalka _ oui. Cet univers mystérieux est parcouru par des figures énigmatiques liées à l’univers des arts du spectacle (Pagliaccio, Charlot). Dans un tel contexte, le Roi des Eaux Vodník est vu comme un directeur de théâtre tyrannique et presque malfaisant (relation incestueuse avec sa fille ?) tandis que la sorcière Ježibaba, avec qui il est apparemment marié, engrange les recettes du théâtre _ derrière son guichet. Rusalka est montrée comme une jeune femme infirme munie de béquilles laquelle ne songe, pour être distinguée _ et aimée _ du Prince, qu’à danser aussi bien que ses trois sœurs et les autres nymphes qui parcourent la scène. Le concept est plutôt séduisant et l’on ne saurait remettre en cause la cohérence de la proposition, même si certaines outrances scéniques – la chorégraphie _ violemment désinhibée, hard et quasi trash : nous sommes loin de l’état du monde de Dvorak en 1901… _  à la fin du deuxième acte – pourraient parfois compromettre la clarté du discours. En tout cas, le parti pris est globalement convaincant et certainement préférable aux mises en scène « premier degré » qui continuent à être affichées dans certains théâtres.

..;

La distribution réunie sur le plateau du Teatro Real est très nettement dominée par la formidable présence _ très émouvante, en effet, en sa sobriété et son partiel mutisme… _de la soprano . Sans être intrinsèquement belle ou soyeuse, sa voix est puissante et expressive et se joue des difficultés vocales du rôle. Scéniquement, elle incarne à la perfection toutes les aspirations et frustrations _ voilà _ de ce personnage simple qui, finalement, ne demande qu’à être aimé. Scéniquement, elle parvient également à faire illusion en tant que danseuse, notamment par son aisance avec les pointes. N’allez pas chercher un énième degré dans les béquilles arborées par le ténor . Elles ont été nécessaires à l’artiste, victime d’un accident lors des répétitions _ ah ! bon... On n’en appréciera pas moins le chant franc et direct du jeune chanteur, peu nuancé certes, mais toujours ardent et vaillant. Beau chant également du côté du Vodník de la basse , artiste plus jeune que les figures paternelles que l’on voit d’habitude dans ce rôle. Faut-il voir un lien _ je me le suis aussi demandé… _ dans la blondeur de Ježibaba et celle de la Princesse étrangère ? Ainsi que dans le choix de sopranos dramatiques pour incarner ces deux personnages, qui seraient chacune la rivale de Rusalka dans ses deux mondes parallèles ? Contentons-nous de saluer l’extraordinaire performance vocale et scénique de et de , la fulgurance de la deuxième, en vamp sur-vitaminée, comptant parmi les grands moments _ théâtraux, au moins… _ de ce spectacle. Tous les autres interprètes parviennent à proposer un portrait convaincant de leur personnage, parfaitement inséré dans la conception globale du spectacle. On aura presque gardé pour la bonne bouche l’excellence de la réalisation musicale _ oui _ proposée par le chef d’orchestre , qui sait rendre justice à la fois à la composante folklorique de la partition de Dvořák et aux déferlements quasi wagnériens _ parfois, en effet _ de l’écriture orchestrale. L’enivrement musical issu de la fosse est en tout cas parfaitement en phase avec la fébrilité scénique affichée sur le plateau, même si l’on ne peut s’empêcher de trouver encore davantage de maîtrise du côté musical.

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Antonín Dvořák (1841-1904) : Rusalka, conte lyrique en trois actes sur un livret de Jaroslav Kvapil.

Mise en scène : Christof Loy. Décors : Johannes Leiacker. Costumes : Ursula Renzenbrink. Lumières : Bernd Purkrabek. Chorégraphie : Klevis Elmazaj.

Avec : Asmik Grigorian, soprano (Rusalka) ; Eric Cutler, ténor (le Prince) ; Maxim Kuzmin-Karavaev, basse (Vodník) ; Katarina Dalayman, mezzo-soprano (Ježibaba) ; Karita Mattila, soprano (la Princesse étrangère) ; Manuel Esteve, baryton (le Garde-forestier) ; Juliette Mars, mezzo-soprano (le Marmiton) ; Julietta Aleksanyan, soprano (le premier Esprit de la forêt) ; Rachel Kelly, mezzo-soprano (le deuxième Esprit de la forêt) ; Alyana Abramova, mezzo-soprano (le troisième Esprit de la forêt) ; Sebastià Peris, baryton (le Chasseur) ; Chœurs du Teatro Real (chef de chœur : Andrés Máspero) ; Orchestre du Teatro Real, direction : Ivor Bolton.

Réalisation : Xavi Bové. 1 Blu-Ray Unitel.

Enregistré sur le vif en novembre 2020 au Teatro Real de Madrid.

Sous-titres : anglais, allemand, français, espagnol italien, japonais, coréen et japonais.

Notice de présentation en anglais, allemand et français.

Durée : 180:00

Une œuvre qui m’avait donc jusqu’ici échappé, et qui, dans sa singularité (de Bohème) _ au moins pour moi _, m’a touché musicalement _ déjà j’apprécie beaucoup Dvorak (Nelahozeves, 28 septembre 1843 – Prague, 1er mai 1904) _,

et que j’ai reliée à l’œuvre si importante d’un autre natif majeur (!) de Bohème-Moravie, et, à une génération près, le contemporain de Dvorak : Sigmund Freud _ Freiberg, 6 mai 1856 – Londres, 23 septembre 1939…

Une musique très touchante, et excellemment interprétée et incarnée avec finesse ici…

Ce dimanche 16 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un tout à fait délectable Woody Allen « français », « Coup de chance » : à ne donc pas laisser passer…

25mar

Sur une thématique voisine du délicieux Woody Allen « britannique » « Matchpoint« ,

voici un absolument délectable Woody Allen « français » : « Coup de chance« ,

qui m’avait échappé à sa sortie sur les écrans,

mais que sa parution présente en DVD m’a permis de déguster-savourer tranquillement chez moi…

Comme bien trop souvent en matière de cinéma _ art assez populaire _,

tant pas mal de critiques professionnels que pas mal de spectateurs en salles,

beaucoup de spectateurs font la fine bouche, et crachent leur déception dans les commentaires qu’ils publient…

Pas moi !

Tout ici est parfaitement délectable,

à commencer par le jeu très fin des _ excellents ! _ acteurs français,

les réparties fusantes des dialogues,

l’allégresse mordante du montage, etc.

Très hautement recommandable, par conséquent !


Ce lundi 25 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Apprécier le DVD du « Platée » de Jean-Philippe Rameau par Marc Minkovski et dans la mise en scène de Laurent Pelly dans la distribution superbement renouvelée de 2022…

23mar

« Platée » est un chef d’œuvre tout à fait singulier _ comique ! _ dans l’œuvre de Jean-Philippe Rameau.

J’avais assisté au Grand-Théâtre de Bordeaux à un déjà désopilant et très réussi « Platée«  sous la direction de Marc Minkovski ;

et, de plus, je porte l’œuvre entier de Rameau au pinacle…


Cette fois,

c’est le très laudatif article « Une nouvelle distribution vocale pour une irrésistible Platée de Rameau au Palais Garnier » de Jean Lacroix dans le magazine Crescendo d’avant-hier 21 mars,

qui m’a fait me procurer cet extrêmement réjouissant, et à tous égards, DVD Bel Air classiques BAC 224, qui vient de paraître :

pour mon entière satisfaction !..

Une nouvelle distribution vocale pour une irrésistible Platée de Rameau au Palais Garnier

LE 21 MARS 2024 par Jean Lacroix

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Platée, comédie lyrique (ballet bouffon) en un prologue et trois actes.

Lawrence Brownlee (Platée), Mathias Vidal (Thespis), Julie Fuchs (Thalie, La Folie), Jean Teitgen (Jupiter), Reinoud Van Mechelen (Mercure), Marc Mauillon (Momus), Nahuel Di Pierro (Un Satyre, Cithéron), Tamara Bounazou (L’Amour, Clarine), Adriana Bignani Lesca (Junon) ; Chœurs de l’Opéra national de Paris ; Les Musiciens du Louvre, direction Marc Minkowski.

2022.

Notice et synopsis en français et en anglais. Sous-titres en français, en anglais, en allemand et en espagnol.

153’ 00’’.

Un DVD BelAir BAC224. Aussi disponible en Blu Ray.

Voici un spectacle jubilatoire _ parfaitement ! _ qui méritait hautement d’être proposé sur un support visuel, même si une version de la mise en scène de Laurent Pelly à l’Opéra Garnier en 2002 (trois ans après la création qui avait fait date dans le lieu), déjà dirigée par Marc Minkowski, était disponible chez Arthaus. Il y a une vingtaine d’années, la distribution vocale, qui était de qualité, réunissait notamment Paul Agnew dans le rôle-titre, Mireille Delunsch, Vincent Le Texier et Laurent Naouri. Mais la reprise, filmée en juin 2022, la surpasse par son plateau vocal éblouissant _ en effet _ et par la direction des plus rodées de Minkowski, qui avait gravé sur disque, dès 1988, cette comédie lyrique pour Erato _ et je possède cet album CD.

C’est le 31 mars 1745, à l’occasion du mariage _ la circonstance justifiant le choix du thème de cette comédie lyrique _ du fils de Louis XV, le dauphin Louis Ferdinand, avec l’infante espagnole Marie-Thérèse (qui décèdera dès l’année suivante, à peine âgée de vingt ans, après avoir enfanté), que la création de Platée a lieu au Grand Manège du Château de Versailles. Au cours de ces festivités, Louis XV va prendre pour maîtresse la future Madame de Pompadour. Mais ceci est une autre histoire. Le très amusant livret est signé par Adrien-Joseph Le Valois d’Orville (1715-1780), d’après un ouvrage du poète, dramaturge et peintre Jacques Autreau (1657-1745), auquel Rameau avait racheté les droits. L’œuvre ne connaîtra que cette seule séance, avant d’être reprise quatre ans plus tard au Théâtre du Palais-Royal pour quelques représentations ; elle sera jouée pour la dernière fois en 1759 avec un succès que l’on qualifiera de moyen. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que Platée connaisse un regain d’intérêt, d’abord en Allemagne, avant son inscription au Festival d’Aix-en-Provence en 1956, sous la direction de Hans Rosbaud. La vraie reconnaissance ne remonte donc qu’à moins de quarante ans, avec l’enregistrement de Minkowski en fin de décennie 1980 _ oui. Le chef s’en est fait depuis une véritable et incontestable spécialité _ oui.

La nymphe batracienne Platée est aussi laide que bête, mais aussi crédule et quelque peu nymphomane. Sur le conseil du satyre Cithéron, Jupiter va s’en servir pour attiser la colère de Junon, jalouse jusqu’à l’excès, à laquelle il veut donner une leçon. Après des péripéties burlesques, un faux mariage entre Platée et Jupiter est mis en scène. Junon l’interrompt avec violence, avant de se rendre compte de l’identité grotesque de l’épouse potentielle et d’éclater de rire, alors que, humiliée et raillée de tous, Platée rejoint son marécage. Sur cette trame des plus réjouissantes, qui n’est pas exempte d’un côté cruel et émouvant, car on se prend parfois à plaindre la nymphe manipulée, Laurent Pelly a bâti une mise en scène d’une vitalité et d’un dynamisme absolus _ voilà ! _, malgré la curieuse idée, au prologue et à l’Acte I, de reconstituer, pour le décor, un grand amphithéâtre avec gradins qui ne caresse pas l’œil. Ce décor va se démembrer et se morceler pour les deux derniers actes, laissant ainsi un vaste espace disponible, où les danses et les voix vont se mouvoir de façon moins étriquée que dans la première configuration. Le fond du décor est assez sombre, mais on a vite compris qu’il est en relation avec l’endroit peu reluisant et peu attrayant _ la mare _ d’où vient la « digne » représentante de l’univers batracien.

Le spectateur est gâté sur le plan vocal : il a droit à un plateau éblouissant _ oui _, auquel s’ajoute une direction d’acteurs parfaite _ tout à fait. Le ténor américain Lawrence Bronwlee (°1972), réputé dans le domaine du bel canto, endosse le rôle de la vaniteuse Platée avec une aisance confondante _ c’est très juste. On aurait pu craindre que la langue française, où l’importance des mots est primordiale, ne lui pose quelques problèmes. C’est tout à fait le contraire : la diction est claire, la prononciation impeccable, la prosodie respectée _ oui, oui, oui. Les évocations batraciennes avec émission de « oi » ne seront pas _ bien sûr ! _ oubliées pour autant. Une énorme réussite _ voilà ! _, augmentée par une capacité comique qu’une sorte de robe aux couleurs délavées que personne ne voudrait porter, vient accentuer. Dans l’impeccable distribution multiple, on découvre le Jupiter de circonstance de Jean Teitgen, le vaillant Thespis de Mathias Vidal (qui a endossé le rôle de Platée à Zurich en décembre dernier, sous la direction d’Emmanuelle Haïm), le Cithéron malicieux de Nahuel Di Pierro, originaire de Buenos Aires _ et quel français il a ! _, le Momus railleur de Marc Mauillon, le Mercure au timbre solaire de Reinoud Van Mechelen, la Junon en furie, puis en joie, d’Adriana Bignani Lesca, originaire du Gabon, et l’Amour délicat de Tamara Bounazou. On baigne dans le bonheur vocal à chaque intervention.

Il y a aussi la prestation virtuose, avec vocalises subtilement aériennes, de Julie Fuchs _ oui _ dans le personnage allégorique de La Folie (Scène 5 de l’Acte II). SI le choix des costumes, signés Laurent Pelly, est globalement inscrit dans la modernité, en dehors de Platée, fagotée, Julie Fuchs, familière du rôle depuis 2015, est revêtue d’une robe longue extravagante, qui symbolise les pages d’une partition, dont elle va par moments détacher et jeter l’un ou l’autre morceau. Cette robe est une trouvaille esthétique de premier ordre. La cantatrice, au cours de sa prestation, interfère de façon primesautière avec le chef d’orchestre et les musiciens, qui jouent le jeu. On savoure ce moment avec délices. Mais ce n’est pas tout : un personnage revêtu en grenouille adulte va venir s’immiscer dans la suite de l’action. Après avoir interpellé Minkowski, du haut d’une loge, la créature vient titiller les instrumentistes, faire la nique à un public ravi et se mêler aux péripéties qui vont s’enchaîner. L’imagination est au pouvoir, et cet élan participatif, aussi bien de Julie Fuchs que de la grenouille, apporte un surplus de complicité pour le déroulement d’une action qui porte bien son nom de bouffonnerie _ certes. On est gâté aussi _ mais oui ! _ par la qualité _ superbe ! _ des multiples séquences de danse, enlevées et jouissives _ voilà _, par un orchestre millimétré, conduit de main de maître et par le geste de Minkowski, qui s’est vraiment approprié _ parfaitement ! _ l’œuvre jubilatoire de Rameau.

Il y a dans ce spectacle une évidence _ oui _ scénique, dramatique, vocale et chorégraphique que le public, conquis, accueille avec des manifestations de joie intense. Nous nous joignons à eux pour applaudir vivement _ oui ! _ ce spectacle bien filmé, qui fait désormais figure de référence dans la vidéographie de Platée.

Note globale : 10

Jean Lacroix

 

Un délectable régal : jubilatoire !!!

Ce samedi 23 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Situer les lieux de tournage (dans Rome et aux alentours) du film « Tre Piani » de Nanni Moretti, de mars à mai 2019 ; sorti l’été 2021…

12nov

Amoureux éperdu de Rome (et sa géographie : à ardemment arpenter…),

et recherchant les lieux où a été tourné le magnifique « Tre Piani » de Nanni Moretti, de mars à mai 2019 _ achevé, le film a pu être présenté (et brillament accueilli par le public à sa séance de présentation) au Festival de Cannes, le 11 juillet 2021 ; et est sorti en salles peu après, le 3 septembre 2021 _,

j’ai découvert ce très judicieux site-ci, agrémenté de photos des divers lieux de tournage,

qui a pu satisfaire ma curiosité géographique, ainsi que d’éventuels désirs de futur arpentage… :

Davinotti Location

Mais les lieux (de tournage) sont un matériau d’art _ lire ici l’indispensable « Les Matériaux de l’art » de l’ami Bernard Sève (paru aux Éditions du Seuil, le 6 octobre dernier ; et lire aussi, bien sûr, le roman « Trois étages » d’Eshkol Nevo (dont l’action se situe, elle, dans la banlieue de Tel-Aviv), qui a servi de matériau de départ à ce désir filmique-ci de Nanni Moretti… _ d’assez peu de choses, confrontés à l’intensité des émotions recueillies sur les visages des personnages ainsi subtilement incarnés par les acteurs _ Margherita Buy, Riccardo Scarmucci, Alba Rohrwacher, Adriano Giannini, Elena Lietti, Alessandro Sperdutti, Denise Tantucci, Nanni Moretti lui-même, etc. _ tels que saisis, au tournage, par la direction du merveilleux Nanni Moretti…

Le film comporte trois saisons (d’hiver, printemps et été) séparées de cinq années chacune, marquant notamment les œuvres diverses du temps sur l’évolution (et parfois disparition-décès) des divers personnages ainsi suivis, et leurs relations affectives : assez difficiles…  

Le DVD de ce bouleversant « Tre Piani » de Nanni Moretti, paru en 2022, comporte aussi un très intéressant complément de 45′, « Les coulisses de Tre Piani« …

Ah! Le principal site de tournage, là où se situe physiquement, à Rome, cet immeuble de trois étages qui rassemble les quatre familles (celle de Lucio et Sara et leur fille Francesca, et celle de leurs voisins du rez-de-chaussée les vieux Renato et Giovanna ; celle de Monica et sa petite Beatrice, au premier étage ; et celle de Dora Simoncini et Vittorio Bardi, ainsi que leur fils Andrea, au second étage) des protagonistes de cette histoire se déroulant _ un hiver, puis un printemps, et enfin un été _, sur quinze ans,

se trouve dans le quartier de Prati, et tout proche du Tibre _ sur sa rive droite _, au 5 de la Via Giuseppe Montanelli (cette avenue large « tra viale Mazzini e il Lungotevere delle Armi« ), au carrefour du Lungotevere…   

Et les autre lieux du tournage romain,

par exemple celui choisi pour la séquence du Parc où se sont rendus la petite Francesca, la fille de Lucio et Sara, et son voisin le vieux Renato atteint de la maladie d’Alzheimer ; et celui de la séquence de l’école primaire de la petite Francesca, quand l’enfant a 7 ans ; et celui de la séquence du théâtre où se déroule le ballet dans lequel danse la petite Francesca alors âgée de 12 ans,

ne sont pas physiquement situés dans la proximité _ géographiquement vraisemblable… _ de l’immeuble de « Tre Piani » de ce quartier de Prati,

mais ont été choisis pour des raisons de photogénie et disponibilité cinématographiques :

_ le Parc filmé est ainsi le Parco della Vittoria, situé sur le versant occidental du Monte Mario, bien trop septentrional par rapport à Prati pour que le vieux Renato et la petite Francesca aient pu dans leur petite promenade à pied le rejoindre… ;

_ l’école filmée est la Scuola Primaria Principe di Piemonte, Via Ostense, jouxtant la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, bien plus au sud de Rome par rapport au quartier de Prati pour pouvoir être l’école que fréquentait quotidiennement l’enfant ;

_ le théâtre filmé est le Teatro Anfitrione, Via di San Saba, 24, situé au sud de l’Aventin, et donc lui aussi bien trop loin de Prati… ;

_ etc.

L’important se trouve sur les expressions tellement puissantes des visages et les inflexions des voix et des silences, d’abord, des protagonistes, ainsi que leurs gestes, et parfois même vêtements :

ainsi la jolie robe à fleurs rouge et verte _ « Un peu trop chère« , n’aurait pas manqué de dire Vittorio, son désormais défunt mari… _ qu’ose s’acheter Dora _ sublime Margherita Buy… _, devenue veuve du sévère _ et rigide _ Vittorio _ interprété, à contre-emploi, cette fois, par Nanni Moretti lui-même : mais les temps ont plutôt mal tourné, en Italie comme ailleurs aussi en Europe… ; et nous avons besoin d’un minimum d’espoir… _ ;

AlloCiné
Photo du film Tre Piani - Photo 2 sur 11 - AlloCiné

et qui est la clé du début de sourire enfin esquissé, c’est la toute dernière _ et on ne peut plus discrète… _ image _ d’une in extremis amorce de réconciliation… _ du film, sur le visage de son fils retrouvé, Andrea, désormais lui aussi père d’un fils…

Nous sommes au cinéma.

Ce dimanche 12 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Admirer le portrait tout en finesse, lumineux et bouleversant, d’une humanité dramatiquement troublée par quelques accidents de la vie, par Nanni Moretti dans son film « Tre Piani », de 2021…

11nov

C’est par le DVD que ce samedi 11 novembre j’ai admiré autant que jamais dans l’œuvre de Nanni Moretti le portrait en coupe sur trois étages (« Tre Piani« ) d’un immeuble romain du quartier de Prati, Via Giuseppe Montanelli, de l’humanité fine et lumineuse, bouleversante sans pathos, en sa complexité, de Nanni Moretti en ce « Tre Piani » de 2 heures _ dont voici la bande-annonce _, sorti en salles le 10 novembre 2021, il y a tout juste deux ans et un jour.

Et je suis une fois encore choqué de la virulence déchaînée des critiques qui ont accompagné la sortie de ce film, de la part de personnes qui discutent moins du film qu’ils viennent de regarder, que du film idéal qu’ils s’attendaient à voir, sans capacité de se décentrer suffisamment d’eux-mêmes _ et c’est horripilant…

Une œuvre magnifique…

Avec de merveilleux acteurs : Margherita Buy, Riccardo Scarmaccio, Alba Rohrwacher, au premier chef…

Ce samedi 11 novembre 2923, Titus Curiosus – Francis Lippa

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