Posts Tagged ‘Alberto Moravia

L’oeuvre d’un des plus grands écrivains italiens contemporains, Alberto Moravia, accessible en trois riches ouvrages chez Bouquins, en des traductions et/ou éditions par René de Ceccatty…

27mar

Sur le coup de midi, coup de sonnette :

c’est la factrice qui apporte un gros colis, probablement de livres…

Et en effet, le colis comporte trois livres _ conséquents ! _ de l’éditeur Bouquins,

à paraître en librairie le 6 avril prochain ;

et tous _ un choix de 4 romans parmi les plus importants de l’auteur ; un très riche choix de nouvelles et brefs récits ; les lettres à Elsa Morante, l’épouse (de leur mariage religieux, le 14 avril 1941 au décès d’Elsa, le 25 novembre 1983) _ d’Alberto Moravia (Rome, 28 novembre 1907 – Rome, 26 septembre 1990),

tous édités, présentés et beaucoup d’entre eux traduits par René de Ceccatty

_ qui me les fait adresser par l’éditeur Bouquins _ :

_ « Le Conformiste La Romaine La Désobéissance La Ciociara » 

_ « L’Immortel »

_  « Quand tu viendras je serai presque heureux : Lettres à Elsa Morante » (1947 – 1983)

 

Voici le mot de réception à l’ami René de Ceccatty, à la réception du colis de ces trois livres :

Quelle réception !

 
Je vais commencer par lire tes diverses présentations, préfaces et postfaces…
 
Et en faisant du rangement, j’ai retrouvé _ sur une bibliothèque, à un bras de ma tête de lit, en une pile de livres !.. _ ta « Biographie d’Alberto Moravia »  – 1907-1990 – parue en 2010 chez Flammarion)…
 
De même que le Mille&UnePages « Romans » de Flammarion de 2010, avec 7 romans (dont « Le Mépris » et « L’Ennui »), de Moravia, aussi :
les 4 d’aujourd’hui  – et pas des moindres ! : « La Romaine », « La Désobéissance », « Le Conformiste » et « La Ciociara » –
complétant superbement la série de ces romans
_ en un courriel de réponse (à 19 h 08) à mon courriel de Remerciements (à 13 h 35), René a écrit : « Oui, l’idée était en effet de ne pas faire double emploi avec le Mille & Une pages de Flammarion, mais de le compléter« 
 
À suivre,
 
Francis

Et de fait, j’ai immédiatement entrepris de lire _ par le menu des très riches détails donnés des circonstances (contextes, moments et lieux) d’écriture de Moravia… _ les divers textes de présentation, toujours aussi parfaits tant d’analyse que de synthèse, et passionnants d’éclairage, lucidissime, de René…

À suivre, donc, bien sûr ! Et de près…

Ce lundi 27 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dacia Maraini, superbe et lumineuse médiatrice, par sa littérature vraie, de voix empêchées ou contraintes, pour l’ouverture de la 4e édition du « Printemps italien », au Château de Thouars, à Talence, ce samedi 18 mars 2023

18mar

Ce samedi 18 mars 2023,

de 18h 30 à 20h 30, au Château de Thouars à Talence, pour l’ouverture de la 4e édition du « Printemps italien » dans la métropole bordelaise,

et dans un  français impeccable,

Dacia Maraini _  née le 13 novembre 1936 à Fiesole _ a été lumineusement splendide. 

À propos de son œuvre _ dont « La Vie silencieuse de Marianna Ucria » et « Le Bateau pour Kôbé : journaux japonais de ma mère«  (celui-ci traduit en français par Nathalie Castagné) : deux récits particulièrement emblématiques de son « donner une voix«  à qui est privé, momentanément ou durablement, de la parole (ou de l’écoute) : Marianna, ainsi, était sourde et muette ; quant à la famille de Dacia au Japon, c’était quand celle-ci a été internée au Japon, pour son anti-fascisme, pour avoir refusé allégeance au régime de Salò… ; « Voix«  étant aussi, très significativement, le titre d’une œuvre importante, « Voci« , en 1994, de Dacia Maraini… _,

dont elle a dit _ et c’est là le fondement ferme et constant de la conception que Dacia Maraini assigne à sa littérature… _ que chacun de ses romans est comme une réponse un peu développée _ et c’est là un euphémisme : en bien plus qu’une année d’écriture… _ à un personnage _ ou « caractère« , a-t-elle dit : historique ou bien contemporain… _ qui frappe un instant à sa porte, toc-toc, se présente à elle, et finit par demander, d’abord à passer la nuit en quelque chambre, puis, au matin, prendre un bon petit-déjeuner, et finalement séjourner le temps qu’il faudra en sa compagnie _ d’écriture (pour elle, réceptrice de cette voix qui demande à être un peu et enfin écoutée) de l’histoire à narrer de son récit, qui appelait ainsi, très instamment, à être donné et transmis, par elle, Dacia, à être raconté, et partagé, et reçu vraiment, par le menu infiniment sensible, et ainsi enfin « parlant« , par le passage à l’écriture (et après la lecture) d’une vraie littérature (l’unique qui vaille ! le reste, de divertissement, n’étant rien que misérable et très vaine imposture…), de ses plus significatifs très humbles, mais vrais détails, par les lecteurs les découvrant au fil de ce récit ;

en une forme de « mission civique » pour la médiatrice-réceptrice de cette voix qui demandait à être enfin entendue, que se fait alors, en quelque sorte, l’écrivaine-médiatrice, elle-même humble porte-parole de cette humilité profonde de victimes sollicitant d’être un peu écoutées et enfin un peu entendues, et reçues, via cette littérature… _ ;

à propos des femmes _ surtout celles qui, telle sa mère, Topazia, dans l’épreuve, sont fortes ;

et, en réponse à une question mienne sur les écrivaines italiennes qui comptaient le plus pour elle, Dacia, celles qu’elle a qualifiées (telle fut en effet sa très forte expression) d’ « écrivaines-mères«   pour elle : Elsa Morante, Natalia Ginzburg, Lalla Romano, Goliarda Sapienza _,

et à propos de l’infiniment tendre douceur de son ami Pier-Paolo Pasolini _ dont elle a détaillé le récit de leurs voyages (sous la tente), avec aussi Alberto Moravia, dans les contrées les plus misérables d’Iran, Inde, Yemen, ou Afrique ; en marquant bien l’importance des détails les plus quotidiens, humbles, et même triviaux, à relever et figurer, en l’écriture, comme de très maigre et pauvre nourriture vitale partagée, telle une poignée de riz mêlée de cadavres de mouches, par exemple…

Le 3 mars 2022, a paru, aux Edizioni Neri Pozza, « Caro Pier Paolo« , de Dacia Maraini, à propos duquel voici la vidéo (d’une durée de 48′ 41) d’un entretien, le 16 novembre 2022, entre l’auteur, s’exprimant en un français magnifique, et Stefania Graziano-Glockner, la présidente du Festival « Le Printemps italien« … 

Une bien belle soirée.

Ce samedi 18 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Alberto Moravia : 30 ans déjà, le 26 septembre 1990 ; un homme et un auteur d’une magnifique exigence de lucidité et liberté

30sept

Un article du Corriere della Sera _ du samedi 26 septembre dernier _ intitulé Moravia alla 30 anni dalla morte : « Scrittore indispensabile »

vient me rappeler la disparition, il y a 30 ans déjà, le 26 septembre 1990, du grand Alberto Moravia

(Rome, 28 novembre 1907 – Rome 26 septembre 1990).

et vient rafraîchir mes souvenirs tout frais

_ cf mes articles des 21 août, 22 août , 23 août, 24 août, et 19 septembre derniers :

 

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et _

de ma lecture, le mois dernier, du passionnant Piccola de Rosita Steenbeek,

que vient de traduire René de Ceccatty, aux Éditions Vendémiaire ;

et dans lequel Alberto Moravia (Alberto Pincherle) est très présent dans le récit de souvenirs de la narratrice

sous le nom d’Edoardo Pincrini.

Sans oublier, bien sûr, l’indispensable biographie d’Alberto Moravia, par René de Ceccatty,

parue aux Éditions Flammarion en 1990.

Voici cet article d’anniversaire-hommage, sous la plume d’Ida Bozzi :

Moravia a 30 anni dalla morte: «Scrittore indispensabile»

Nuovi titoli e un’eredità attuale dell’autore che visse l’Italia e la seppe interpretare _ voilà qui est magnifiquement bien vu. Antonio Debenedetti : era la cultura. Giorgio Montefoschi : giovani, leggete «La ciociara»

Moravia a 30 anni dalla morte: «Scrittore indispensabile»
Alberto Moravia (1907-1990) nella spiaggia di Sabaudia

Sono passati trent’anni, oggi _ samedi 26 septembre _, dalla morte di Alberto Moravia, testimone due volte del cambiamento dell’Italia novecentesca : una volta per averlo attraversato tutto — gli umori e le inquietudini del Paese prebellico, la fuga dopo l’8 settembre 1943 vicino a Fondi con Elsa Morante, le trasformazioni del Dopoguerra, le stagioni luminose o buie della società italiana, fino al 26 settembre 1990, quando Moravia morì — e un’altra volta per avergli dato nuovo corpo _ voilà , en son imageance singulière d’artiste extrêmement lucide ! _ in romanzi e racconti.

 Nelle immagini: i titoli di Alberto Moravia, editi da Bompiani per il trentennale: «Racconti 1927-1951» (pp. 520, euro 18)
Nelle immagini : i titoli di Alberto Moravia, editi da Bompiani per il trentennale : «Racconti 1927-1951» (pp. 520, euro 18)

In questi anni, anche per l’avvicinarsi del trentennale, sono tornate in libreria per Bompiani molte opere dello scrittore : quest’anno I racconti (1927-1954), il quinto volume delle Opere e la raccolta di scritti L’America degli estremi, che offre lo sguardo del Moravia «inviato» e poi scrittore sulla società d’Oltreoceano. Ma qual è oggi l’attualità e la forza dell’autore di Agostino, de Gli indifferenti, de Il conformista, in un Paese che non è più lo stesso del secolo scorso e in un momento storico in cui ogni equilibrio geopolitico (ma anche ogni equilibrio interiore, e Moravia fu pure un grande indagatore dell’interiorità) è mutato rispetto al Novecento ? Che cosa può incontrare, oggi, un giovane che legga le opere di Moravia (e quali) ?

«L’America degli estremi» (in libreria dal 7 ottobre, pp. 528, euro 22)
«L’America degli estremi» (in libreria dal 7 ottobre, pp. 528, euro 22)

«Se Roma è stata negli anni dopo la Seconda guerra mondiale — inizia lo scrittore Antonio Debenedetti — una capitale culturale mondiale come Londra e Parigi, si deve a Moravia e al suo modo anche fisico di esserci, di essere presente. Era presente quando si parlava di cinema, di arte, anche di musica». Debenedetti ricorda quella presenza, lo rivede nelle case romane, in cui «si entrava — racconta — e c’era Gadda vicino alla porta, Ungaretti in una stanzina più in là, e poi Moravia : ci si sentiva in mezzo agli dèi»; e rammenta l’edizione del premio Strega del 1952, «che aveva due grandi concorrenti quell’anno : Moravia e Gadda. Hanno votato Moravia, perché per tutti loro lui era, in quel momento, la cultura italiana».

 «Opere/5» (pp. 1650, euro 50). Bompiani sta preparando una serie di iniziative sull’autore in collaborazione con il Fondo Moravia
«Opere/5» (pp. 1650, euro 50). Bompiani sta preparando una serie di iniziative sull’autore in collaborazione con il Fondo Moravia

«Moravia è indispensabile — continua Debenedetti — per capire la Roma del Dopoguerra : lui è riuscito a scrivere nei suoi racconti il mutamento dei volti, delle facce delle ragazze romane, dalla Liberazione a quando, pochi anni dopo, le vedevi passare sul sedile della Vespa con i capelli al vento».
Proprio i Racconti romani (1954) restano secondo Debenedetti un testo insostituibile anche per i giovani del post-pandemia, e ne spiega il motivo : «I ragazzi di oggi, che sono impegnati ad esempio nella battaglia di questi giorni per andare a scuola, stanno comprendendo tutto quello che hanno fatto le generazioni precedenti. Si sentono impegnati contro il virus, che è come un esercito d’occupazione, che avanza con il passo dei soldati : questa generazione vuol sentirsi degna di questa battaglia, dicono : “Noi combattiamo il virus”. Questo è importantissimo : e Moravia, il Moravia dei Racconti romani, ha dato il senso di una società che muta e che deve lottare per mutare».

Sull’attualità dell’opera moraviana, lo scrittore Giorgio Montefoschi risponde, sulle prime, con una battuta : «Siamo quasi tutti non attuali, in questo momento, quindi anche Moravia…». Poi continua : «Guardandomi intorno, vedo che la letteratura di oggi è molto “commissariata”. Cioè, è attuale se nel tuo romanzo hai un commissario di pubblica sicurezza. Quindi dico : Moravia è un grande scrittore. Punto».

E per quanto riguarda il romanzo che i giovani di oggi dovrebbero leggere, Montefoschi non ha dubbi, indica in primo luogo un’intera stagione della produzione moraviana (dall’esordio nel 1929 fino al 1960) e poi si ferma con sicurezza su un titolo : «Oltre a Gli indifferenti, e a tutte le altre opere di Moravia fino a La noia, io consiglio in particolar modo la lettura de La ciociara, romanzo bellissimo cui deve molto La Storia di Elsa Morante. Perché devono leggerlo ? Perché qui i giovani possono trovare un grande racconto della guerra, la storia di questa madre e di sua figlia, trovano un’epoca che non è tanto lontana dalla nostra, e soprattutto trovano un bel romanzo. Non trovano, invece, il commissario…».

Un riche et très intéressant article,

qui marque bien l’importance, aujourd’hui, pour les Italiens et en Italie,

de l’œuvre _ tant d’essais (et d’articles) que de romans _ qu’a laissée Alberto Pincherle,

ou plutôt l’auteur qu’est devenu, par son travail inlassable d’imageance lucide, Alberto Moravia.

On aimerait bien que les médias français de 2020

offrent aux Français d’aujourd’hui, et en France,

des articles de cette lucidité-là ;

à destination, aussi, des lecteurs de journaux aujourd’hui,

et tout particulièrement ceux des jeunes générations : apprendre à vraiment mieux comprendre le présent, comme le passé _ pour mieux construire l’avenir _, est tellement capital

pour notre liberté !

Ce mercredi 30 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un juste regard (de 2020) sur le lumineux « Piccola » (de 1994) de Rosita Steebeek, sur le blog vocal Paludes…

19sept

Sur le blog vocal Paludes _ sur les ondes de Radio-Campus Lille _, et en date d’hier vendredi 18 septembre,

voici une synthèse très juste _ et très justement enthousiaste _ de Piccola, le roman-témoignage de Rosita Steenbeek, paru _ en néerlandais _ en 1994, et que vient de traduire _ de l’italien, sur une traduction de Rosita Steenbeek elle-même, qui vivait à Rome, Via del Sudario… _ en français René de Ceccatty, pour sa collection « Compagnons de voyage« , qu’il inaugure aux Éditions Vendémiaire,
qui met excellemment le focus sur l’interconnexion subtile des personnalités des quatre principaux protagonistes,
et tout particulièrement _ sans narcissime aucun, ni la moindre lourdeur : légèreté et gaîté règnent lumineusement, à la romaine… _ sur celle de Rosita.
Cf mes 4 articles des 21, 22, 23 et 24 août derniers :
L’auteur _ Nikola _ de ce blog vocal semble jeune,
et on comprend que le contexte présent du politiquement correct contraste pas mal, pour lui, avec les mœurs bien plus ouvertes (post 68) du siècle passé…
Car il s’agit aussi d’une éducation sentimentale pour une jeune femme étrangère, venant, d’ailleurs, d’un pays un peu plus puritain (calviniste) que l’Italie d’alors (d’un catholicisme disons de façade)…
Ne perdons pas de vue que Rosita Steenbeek est aussi une jeune femme très cultivée,
qui a même fait aussi quelques études de théologie _ même si cela n’est guère évoqué (ni a fortiori souligné !) dans son texte
L’émancipation _ méditerranéenne, surtout à Rome et un peu en Sicile _ loin du père a importé aussi, en effet, dans le parcours de Rosita Steenbeek, qui « s’est trouvée » elle-même à Rome, au point d’y demeurer très longtemps : on la comprend…
L’auteur de ce blog vocal a donc tout a fait raison de mettre l’accent sur ce que s’apportent réciproquement, en effet, Rosita et ses 3 partenaires masculins, dont deux créateurs d’exception (Federico Fellini et Alberto Moravia) :
l’éducation sentimentale n’est donc pas _ pas complètement _ à sens unique.
Rosita leur apporte elle aussi, à chacun d’eux, quelque chose de précieux, en leurs jours de vieux mâles déclinants.
Cela me fait penser à l’image de je ne sais plus quelle sainte qui nourrissait au sein son vieux père, enfermé en prison… Mais là je pousse un peu loin le bouchon…
Et en cela, ce témoignage (très peu romancé : il s’agissait, semble-t-il, de maintenir une légère distance avec le témoignage brut !) de Rosita, republié ici (ainsi que traduit de l’italien) par les soins de René de Ceccatty à 26 ans de distance de son édition originale, en 1994, et en néerlandais,
éclaire aussi ce qui a passé entre les époques…
Charme et vivacité éclairent donc de la belle lumière méditerranéenne ce bien riche Piccola
Une ultime remarque concernant ce blog vocal :
un autre trait d’époque (de 2020) : cette manie d’angliciser les prononciations de tous les noms étrangers (Stinbik, pour Steenbeek)… Lille n’est pourtant pas très éloignée d’Utrecht…
Ce samedi 19 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les approches du réel (et de soi) de « Piccola » : « une vie ambiguë », entre trois hommes (plus âgés qu’elle), afin de parvenir à « trouver sa voie », à Rome, en 1990…

24août

L’écriture cursive, éminemment fluide _ dépourvue de la moindre lourdeur _, de Piccola,

de Rosita Steenbeek _ aux Éditions Vendémiaire, en ouverture de la collection « Compagnons de voyage« , que crée René de Ceccatty _,

enchante,

en plus de son si attachant et lumineux ancrage romain…

C’est un récit de formation

_ paru en version originale en 1994 _,

celui d’une jeune femme indépendante _ et très cultivée : son père, Jan Wieger Steenbeek (1927 – 2002), qu’elle admirait énormément, enseignait les Lettres à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas _, née en Hollande, à Utrecht, en 1957,

et venue en Italie et à Rome vers 1984, à la recherche de rôles au cinéma _ à Cineccita _, ou d’interviews d’écrivains et artistes,

afin, d’abord, bien sûr, de gagner sa vie ;

mais aussi, plus profondément, et surtout, se découvrir,

et mieux devenir soi…


Sa vie s’est trouvée peu à peu marquée par trois rencontres d’hommes _ Roberto Chiaramonte, Edoardo Pincrini, Marcello Leoni : un riche amant psychiatre, sicilien ; un très grand écrivain, romain ; un très grand cinéaste, romain lui aussi, d’origine romagnole _, tous les trois bien plus âgés qu’elle,

avec lesquels elle va entretenir des rapports affectifs _ d’amour et d’amitié plus ou moins sexués ; et assez diversement, pour le moins… _ complexes…



Au point qu’au mois de juin 1990, page 303 du récit, 

elle en vient à se demander « combien de temps je pourrais mener cette vie ambiguë _ voilà !

Je courrais _ très effectivement _ d’un vieux à l’autre ; et pour le reste je ne faisais plus rien« 

_ soit une absence d’œuvre tant soit peu effective, qui finit par la déranger… Page 287, Edoardo (Alberto Moravia) s’était écrié, à propos de Rome et des Romains : « J’en ai marre de ce peuple, de cette ville et de cette vie. Ici personne ne travaille. Tout le monde en prend trop à son aise. Même les pigeons sont trop gros pour bouger« …

Alors que parvenir à « tracer sa voie« 

(l’expression se trouve page 305, dans la bouche de Roberto _ qui s’est ouvert peu à peu, lui aussi _),

est probablement l’objectif de fond _ affleurant peu à peu à la conscience de la narratrice _ de cette quête,

à distance de sa Hollande native et familiale…

Et aussi, en découvrant et prenant possession d’une vraie « chambre à soi« , pour reprendre l’expression de Virginia Woolf.

Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si ce lieu, ô combien tranquille, inspirateur, et donc apte à l’écriture personnelle,

la narratrice le découvre, et s’y installe, dans le courant du mois de juin 1990,

au retour d’un séjour, au mois de mai, de « cinq jours en Hollande » (l’expression se trouve à la page 290) en compagnie d’Edoardo Pincrini – Alberto Moravia

_ leur séjour, ensemble, en Hollande est narré de la page 290 à la page 297 _,

après avoir bien pris conscience de ce qu’elle nommait, page 307, « mon problème de logement : la pension _ où elle résidait alors, située dans le quartier du Ghetto, à Rome _ était de plus en plus bruyante et agitée, et il me fallait trouver une autre solution« .

« Un soir _ de début juin 1990, le passage se trouve page 310 _, où j’étais allée à l’Institut néerlandais pour assister à une conférence, j’échangeais deux mots avec un prêtre flamand qui m’annonça qu’un petit appartement s’était libéré dans un vieil immeuble médiéval qui appartenait au clergé belge, non loin de ma pension _ située, elle, dans le Ghetto ; en fait, il s’agit là d’une dépendance de l’église San Giuliano dei Fiamminghi, Via del Sudario, non loin de Sant’Andrea della Valle. Il pouvait me la faire visiter. »

« C’était un endroit idéal : église _ San Giuliano dei Fiamminghi _, théâtre _ Teatro Argentina _, bibliothèque _ la Casa Burckart _, m’entouraient, silencieux. Au cœur _ historique _ de Rome, mais protégé de ses rumeurs par des murs épais de plus d’un mètre« , page 312.

« J’allais m’y installer, sans la moindre hésitation. (…) C’était un lieu dôté d’une âme » _ voilà ! _, page 313.

« Le lendemain matin, je tournai la vieille clé dans la serrure, et un nouveau chapitre _ rien moins ! C’est un tournant majeur pour la narratrice ! _ commença dans ma vie« , page 316.

Quelques pages plus loin, pages 320 à 324,

la narratrice raconte une soirée passée avec Marcello Leoni – Federico Fellini et Guido Anselmi – Marcello Mastroianni _ Guido Anselmi est le nom même du personnage du réalisateur dans Huit-et-demi, de Fellini, en 1963, qu’incarnait Marcello Mastroianni… _, le soir du match de Coupe du Monde de football entre l’Italie et l’Uruguay ; c’était le 25 juin 1990.

Ce qui nous permet de dater avec un peu de précision cette installation de Rosita Steenbeek dans sa splendide cellule monacale de la Via del Sudario, si importante pour sa vie enfin féconde d’écrivain, entre la fin mai de son voyage de cinq jours en Hollande, avec Pincrini – Moravia, et le 25  juin de son dîner avec Mori – Fellini et Anselmi – Mastroianni, le soir même de ce match Italie-Uruguay de foot-ball, en 1990.

Les entretiens suivis et impromptus, informels pour la plupart, que l’auteur (Rosita Steenbeek) – narratrice (Suzanne), aura, entre février et septembre 1990,

avec Alberto Moravia (Edoardo Pincrini) et Federico Fellini (Marcello Leoni), 

vont lui faire accomplir des pas de géants dans cette connaissance de soi et des autres,

en la richesse, en partie (et d’abord) inconsciente, que ces deux créateurs majeurs vont lui faire, au jour le jour de leurs échanges formidablement ouverts, approcher et ressentir,

par le partage de leurs propres démarches éminemment singulières (et puissantes, via, tout spécialement, leurs propres parcours de création _ ce que je nomme, avec mon amie Marie-José Mondzain, « imageance« … : un concept qui s’applique particulièrement bien au mode de création débridé et formidablement ouvert d’images mouvantes de Federico Fellini…)

d’approches _ le terme décidément revient… _ très pointues de la richesse de perception du réel (et de « soi« , en ses rapports extrêmement complexes et riches d’ambivalences aux autres)…

Piccola,

en sa légèreté fluide et lumineuse _ romaine ? _ d’écriture,

nous fait approcher aussi, de biais _ et en rien doctoralement ! _,

l’idiosyncrasie de ces créateurs majeurs ultra-lucides que sont Alberto Moravia et Federico Fellini,

tout différents qu’ils soient l’un de l’autre…

La collection « Compagnons de voyage« 

que vient de créer René de Ceccatty aux Éditions Vendémiaire

commence magnifiquement !!!

Ce lundi 24 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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