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Une bien intéressante hypothèse sur l’origine du recueil, à Paris, des 12 « Concerti di Parigi » d’Antonio Vivaldi, dans le livret du CD (de l’Orchestre de l’Opéra Royal, dirigé du violon par Stefan Plawniak) du label Château de Versailles

12mai

Le manuscrit, conservé à la Bibliothèque Nationale, à Paris, des 12 « Concerti di Parigi » d’Antonio Vivaldi, continue de poser bien des questions sur son arrivée à Paris, quand on sait qu’Antonio Vivaldi n’a jamais fait lui-même le voyage de France…

Cette question de l’origine et du parcours de ce manuscrit vivaldien, n’apparaissait en tout cas pas, en 1999, dans la notice _ rédigée par le violoniste et chef de Modo Antiquo, Federico-Maria Sardelli _ du livret du CD, déjà très bon, du label Tactus TC 672213 donnant une interprétation de ces 12 « Concerti di Parigi« .

Outre une excellente prise de son,

l’Orchestre de l’Opéra Royal, sous la direction vive et souple du violoniste Stefan Plewniak, nous offre à son tour une excellente interprétation de cette collection de 12 Concerti ripieno _ et non avec un solo de violon _ d’Antonio Vivaldi, dans le CD CVS065 du label Château de Versailles.

Mais se distingue par une très intéressante notice du livret, rédigée par Olivier Fourès, qui se livre à une assez judicieuse hypothèse sur l’origine de ce recueil très divers, et même un peu composite, parvenu à Paris au cours de la décennie des années 30 du XVIIIe siècle.

Or Antonio Vivaldi, né à Venise le 4 mars 1678, et qui décèdera à Vienne le 28 juillet 1741, n’a, semble-t-il, jamais fait lui-même le voyage de France, ni, a fortiori, de Paris.

Pour qui donc Vivaldi aura-t-il procédé à la réunion de ces 12 Concerti ripieni désormais conservés, en manuscrits, à Paris ?

Et comment le manuscrit de cette collection de Concerti, dix, au moins, d’entre ces douze n’étant pas alors inédits, a-t-il pu parvenir, puis être conservé depuis, à Paris ?..

C’est là que les hypothèses d’Olivier Fourès se montrent, et ingénieuses, et tout à fait plausibles…

En effet, « une récente découverte du musicologue Jóhannes Ágústsson (une lettre de Vivaldi dans les archives de Vienne _ à préciser… _) ouvre un tout nouvel horizon. En 1728 _ au mois de septembre plus précisément _, l’Empereur d’Autriche Charles VI se rend à Trieste, ville où il souhaite développer le port, au grand dam _ en effet _ de Venise. Aussi, La Sérénissime envoie-t-elle une délégation à Trieste en l’occurrence les ambassadeurs Pietro Capello et Andrea Corner, qui sont reçus par l’empereur le 11 septembre _, et sachant Charles VI grand mélomane, elle y infiltre Vivaldi. Le prêtre roux joue pendant les repas impériaux, et offre à Charles VI un recueil manuscrit de concertos pour violon (La Cetra), se gagnant les faveurs de ce dernier : « L’Empereur a donné beaucoup d’argent à Vivaldi avec une chaîne et une médaille d’or et il l’a fait chevalier. […] Il a entretenu longtemps Vivaldi sur la musique, on dit qu’il lui a plus parlé à lui seul en 15 jours qu’il ne parle à ses ministres en deux ans. » Un triomphe. (Qui ne servit à rien à Venise.)

Dans la suite de Charles VI, se trouvait le jeune François-Étienne (19 ans), héritier des duchés de Lorraine et de Bar, alors en relation _ complexes _ avec le Saint-Empire Germanique et la France _ cf la très riche généalogie de François-Etienne, le futur empereur (en 1745) François Ier de Habsbourg-Lorraine. Charles VI avait pris François- Étienne sous sa tutelle dès 1723 _ François-Etienne a alors 14 ans ; et dès ce moment, l’empereur Charles VI élève François-Etienne comme son propre fils et prévoit de le marier à l’archiduchesse Marie-Thérèse, sa fille aînée et héritière. _ à Vienne _ en une histoire géopolitique complexe et passionnante des liens matrimoniaux et dynastiques très enchevétrés entre les familles princières de Lorraine, de France et d’Autriche ! François-Etienne est à la fois cousin, par  sa mère, Elisabeth-Charlotte d’Orléans (fille de Monsieur, le frère de Louis XIV), avec le roi de France Louis XV (leur ancêtre commun étant le roi Louis XIII), et, par sa grand-mère paternelle Eléonore-Marie-Josèphe de Habsbourg (épouse de son grand-père paternel Charles V de Lorraine) avec l’Empereur Charles VI (leur ancêtre commun est l’empereur Ferdinand III de Habsbourg). Ce dernier jouait du clavecin. On sait _ et ce seraient là de fort utiles précisions à donner ! _ qu’après avoir vu Vivaldi jouer à Trieste _ en septembre 1728, donc _, François-Étienne commence à prendre d’intenses classes de violon à Vienne. Le 27 Mars 1729, son père Léopold I meurt, il devient François-Étienne III (avant de devenir Duc de Toscane en 1736, puis Empereur du Saint-Empire germanique en 1745) _ et c’est le 12 février 1736 que François-Etienne épouse Marie-Thérèse d’Autriche. Le 28 Mai _ 1729 ; François-Etienne est âgé de 20 ans _, Vivaldi lui écrit : «Je rougis de me présenter devant vous avec ces très humbles cahiers de ma faible plume. La parfaite connaissance que V.A.S. peut s’enorgueillir d’avoir pour la musique, et en particulier pour les compositions instrumentales, m’a donné le courage de me mettre aux pieds de V.A.S., et de lui offrir avec ces cahiers ma profonde reconnaissance. Je vous supplie […] que vous me permettiez à l’avenir pouvoir vivre sous l’ombre heureuse de votre très Glorieux Nom.» Vivaldi lui envoie donc de la musique instrumentale en parties séparées (des concertos) espérant pouvoir bénéficier de sa protection (qu’il obtiendra, puisque dès 1731 il se présentera comme « maestro di cappella di S.A.R. il serenissimo Sig. duca di Lorena »).

Le 9 Novembre 1729 François-Étienne III quitte Vienne pour retourner à Lunéville (via Prague), avec, dans sa suite, les musiciens de son ensemble. Il y avait déjà envoyé, en amont, son plus fidèle servant, Karl von Pfütschner, qui lui écrivait : «Je ne puis m’exercer au violon, puisqu’on m’a deffendu pour une année entière tous les jeux d’instruments, mais à mon arrivée, tout le monde m’a parlé du goust que V.A.R. avoit pour la musique. Cela fera que bien des gens l’apprendront dans l’espérance de gagner par là ses bonnes grâces. » François- Étienne III arrive à Nancy le 3 Janvier 1730, et après avoir rendu ses hommages à Louis XV _ qui est lui aussi son cousin ! _ à Paris, s’installe à Lunéville où « toute son occupation est de s’amuser avec ses valets de chambre, ou à jouer du violon et à faire des concerts avec ses musiciens, sans y admettre personne, et seulement quelques princesses ses sœurs ». Toutefois, la menace d’une invasion de la Lorraine par la France l’oblige à quitter la Lorraine en toute hâte _ voilà ! _ (et pour toujours) le 25 Avril 1731 (juste après avoir donné son soutien à la récente Académie de musique de Nancy).

Tout concorde _ donc _ ici avec les concertos « de Paris » : la date de composition, la description que Vivaldi fait sur sa lettre, le fait qu’il s’agisse de concertos « ripieni » et non pour soliste (le Duc n’ayant pas encore assez de niveau au violon, Vivaldi préférait éviter une offense), le détail français, le fait que les partitions ne soient pas dédicacées (comme le suggère le musicologue Michael Talbot, Vivaldi ne pouvait alors imposer au Duc un statut de mécène), le fait aussi que François-Étienne prenne sa collection musicale en Lorraine _ où elle lui aurait été adressée _, et qu’il ait certainement dû l’y laisser _ voilà _ en raison de son départ soudain ; collection qui peut être _ assez probablement, en effet ! _ tombée dans des mains françaises, ramenée à Paris, avant d’aller rejoindre la bibliothèque du conservatoire (comme l’indique la cote actuelle sur le manuscrit « de Paris »).

Quoi qu’il en soit, il est curieux de voir combien la musique de Vivaldi se mit alors _ mais oui : les dates concordent… _ à la mode en France. Si ses concertos sont régulièrement joués au Concert Spirituel, le 25 novembre 1730, à Versailles, Louis XV demande à l’improviste qu’on lui interprète Le Printemps. En 1731 _ au retour d’un voyage en Flandres et dans les Provinces-Unies _, La Pouplinière, décrit son arrivée à Calais : « On nous reçut _ chez M. Panthon, comme La Pouplinière le note en son Journal… _ comme des Dieux d’Opéra, avec une symphonie à grand chœur ; c’était du Vivaldi; j’en louai le Ciel ! » et les poètes s’embrasent : «Vivaldi, Marini, par de brillants ouvrages/ De nos sçavans en foule obtiennent les suffrages.» On peut être sûr que la collection « de Paris » ne fut pas étrangère à cette consécration« …

C’est en effet tout à fait plausible.

Et bien intéressant quant au contexte du succès alors des œuvres de Vivaldi à Paris.

Ce jeudi 12 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Retrouver un très beau CD Vivaldi (enregistré en 2009) de Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico, « Il Pianto di Maria »…

29avr

En tâchant, à nouveau, et encore, et toujours, de mettre un peu plus d’ordre dans mes piles de CDs,

et plus particulèrement ceux, cette fois, concernant la musique d’Antonio Vivaldi,

j’ai pu mettre la main sur une magnifique réalisation discographique, enregistrée à Valladolid du 10 au 14 septembre 2008, de l’Ensemble Il Giardino Armonico, sous la direction du flûtiste virtuose, mais aussi poète, Giovanni Antonini _ et avec l’excellente Bernarda Fink _ :


le CD _ splendide ! _ intitulé « Il Pianto di Maria« ,

et publié pour le label L’Oiseau-Lyre-Decca en 2009.

 

Ce vendredi 29 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Encore et toujours la prodigieuse fécondité créative d’Antonio Vivaldi de mieux en mieux accessible en CDs : par exemple avec Giovanni Antonini, à diverses flûtes, et même Martin Fröst, à la clarinette

28avr

Du vivant d’Antonio Vivaldi (Venise, 4 mars 1678 -Vienne, 28 juillet 1741),

la clarinette _ du moins celle que nous connaissons comme telle de nos jours _, n’avait pas tout à fait encore, semble–il, complètement vu le jour, en s’émancipant des divers chalumeaux

qui la précédaient dans l’instrumentarium disponible…

Cependant, créé vers 1690 à Nuremberg par le facteur Johann-Christoph Denner,

l’instrument nouveau que nous appellons désormais la clarinette, apparaît déjà _ apprenons-nous, et si l’on cherche bien… _ dans l’Ouverture HWV 424 de Haendel,

ainsi que, et surtout  _ et c’est forcément à relever ! _, dans les Concerti Grossi RV 559 et RV 560 d’Antonio Vivaldi, déjà en 1716 _ j’en possède au moins une interprétation discographique : dans le CD de l’excellent Ensemble Zefiro que dirige l’excellentissime Alfredo Bernardini, le CD Naïve Edition Vivaldi (Tesori del Piemonte, volume 25) intitulé « Concerti per vari strumenti« , enregistré en novembre 2004, avec aux clarinettes Lorenzo Coppola et Daniele Latini… _ ; et aussi, encore cette même année 1716, dans la Juditha triumphans, de ce même Antonio Vivaldi !.. Ainsi que dans le Concerto « per la solennita di San Lorenzo«  RV 556, dont j’ignore la date de composition.

Et aussi dans la tragédie en musique Zoroastre de Jean-Philippe Rameau en 1749.

Et ce n’est qu’à partir des années 1750 que la clarinette aura conquis, d’abord les instrumentistes, et bien vite le public des concerts qui commençaient alors à gagner en aura et diffusion par les diverses capitales européennes…

À commencer par le salon des La Pouplinière, à Paris _ fréquenté par Rameau ; et pépinière de remarquables talents….

C’est donc avec une curiosité certaine que j’ai réussi à me procurer, tout de suite, et écouter le CD « Vivaldi«  _ Sony 19073929912 _ de Martin Fröst, avec Concerto Köln, enregistré en 2019 :

le programme comportant 3 Concertos reconstitués, à partir d’Arias chantés extraits de diverses œuvres vocales d’Antonio Vivaldi _ et respectivement baptisés ici « Sant’Angelo« , « La Fenice«  et « Il Mezzetino«  _, a été spécialement constitué et adapté pour la clarinette de Martin Fröst par le Professeur Andreas N. Tarkmann…

Mais, à mon goût du moins, cette réalisation « re-imagining Vivaldi » manque par trop d’évidence dans le raboutement de ces divers morceaux, et n’atteint hélas pas la fluidité bien plus convainquante du programme, pourtant bien plus composite, du CD suivant de Martin Fröst, « Night Passages« … 

En revanche _ et sur les conseils de toute confiance du toujours très avisé Vincent Dourthe _, je me suis aussi procuré le CD Vivaldi Alpha 364, paru en 2020, intitulé « Concerti per flauto« , avec diverses fûtes, de Giovanni Antonini, avec Il Giardino Armonico :

et c’est là une réalisation tout à fait somptueuse

et de _ sans rien forcer _ la plus parfaite évidence, elle, en le naturel lumineux de sa fluidité pourtant la plus virtuose, en l’aisance élégante et si poétique de sa sprezzatura

Le trésor des œuvres, toujours nouvelles, laissées par l’inventivité inépuisable du génial Antonio Vivaldi, nous semble en quelque sorte, et merveilleusement, toujours à découvrir …

Ce jeudi 28 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Retour sur le CD « Specchio veneziano (Vivaldi – Reali) » de l’Ensemble Le Consort

23mar

Le 8 décembre dernier, mon article «  » s’intéressait à une parution récente de l’Ensemble Le Consort consacrée à des Sonate per violino d’Antonio Vivaldi (1678 – 1741) comparées à des Sinfonie d’un autre compositeur vénitien, moins connu, Giovanni-Battista Reali (1681 – 1751), deux quasi contemporains à Venise.

….

Et voici qu’avant-hier, 21 mars, le site ResMusica, sous la signature de , consacre un article, intitulé « Vivaldi et Reali en un miroir révélateur avec l’ensemble Le Consort« … 

Voici ce que cela donne :

Vivaldi et Reali en un miroir révélateur avec l’ensemble Le Consort

Confronter Giovanni Reali à Antonio Vivaldi permet de mieux situer ce dernier dans son univers musical, sujet aux influences et aux inspirations de la cité vénitienne. Le flamboyant ensemble Le Consort nous y invite agréablement.

Si la figure musicale d’Antonio Vivaldi demeure célébrissime, il n’en est pas tout à fait de même _ en effet _ pour son contemporain vénitien Giovanni Battista Reali. On sait en fait assez peu de choses sur ce compositeur né en 1681, violoniste lui-même et qui laisse à la postérité douze Sonates en trio en 1709 constituées de Caprices et Sonates pour deux violons et basse continue. Ces œuvres sont dédiées à Arcangelo Corelli qui lui rend entre autres un hommage avec le fameux thème de La Folia. Par la suite il publie douze Sonates de chambre qui connaissent un certain succès puisque peu de temps après Estienne Roger les publie à nouveau à Amsterdam.

Que renferme sa musique ? Tout d’abord l’expression d’un langage personnel qui se traduit par un traitement des instruments en trio. Le violoncelle assurant la partie de basse se trouve particulièrement concertant, notamment dans ses variations sur le thème des Folies d’Espagne. On parle pour son discours de la « grâce corellienne » qui s’empare dans des mouvements Grave. Il n’hésite pas à bousculer certaines valeurs rythmiques en passant d’une battue ternaire à une battue binaire révélant une nouvelle Folia. Les tessitures des violons utilisent des notes aiguës jusqu’ici peu rencontrées et des formules de notes répétées qui abondent tout au long de ses œuvres. Reali se situe à la croisée des chemins entre Corelli pour la profondeur et Vivaldi pour sa légendaire spontanéité.

Antonio Vivaldi se trouve lui aussi présent dans cette Venise baroque avec, à l’instar de son collègue Reali, un premier opus consacré à douze Sonates en trio paru en 1705. Vivaldi s’affranchit du concept corellien de la sonate en trio dont il est le père, en bousculant l’équilibre des mouvements (lent-vif-lent-vif). Il introduit des titres de danse à certains moments, comme dans une Suite (Prélude, Allemande, Capriccio, Gavotta…). Lui aussi disserte _ oui ! _ sur La Folia par une série éblouissante de variations des plus intimes aux plus explosives. La comparaison du traitement de ce thème par les deux compositeurs reste des plus passionnantes _ voilà. L’auditeur est subjugué par autant d’invention avec seulement une écriture à trois voix. La virtuosité si chère à l’auteur voisine avec des passages de grande émotion _ comme si souvent chez Vivaldi _ dans tel andante planant ou telle sonate dédiée au violoncelle où apparait, comme invitée la voix de Victor Julien-Laferrière, deuxième violoncelle.

Le travail autour de ces œuvres vénitiennes est de la part de l’ensemble Le Consort des plus aboutis _ certes. Portés par une prise de son à la fois percutante et caressante, les musiciens nous livrent au travers des textes une joie de vivre sans faille _ mais oui. Les deux dessus, portés par Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche, désormais grand spécialistes du violon baroque, dialoguent en harmonie avec la basse solide du cello d’Hanna Salzenstein. Conduisant l’ensemble, Justin Taylor depuis ses claviers (clavecin et orgue positif) tisse un subtil continuo donnant au groupe une cohésion et une unité à toute épreuve. Chaque nouvel enregistrement confirme _ en effet ! _ ces qualités que l’auditeur savoure : la fougue de la jeunesse, un art du discours tout à fait magistral et une émotion permanente _ oui ! _ qui sert de fil conducteur à ces chefs-d’œuvre du passé.

Giovanni Battista Reali (1681-1751) :

Sinfonia XII (Folia) ; Sinfonia II (Capricio) ; Sinfonia IV (Capricio) ; Sinfonia I (Sonata) ; Sinfonia X (Capricio).

Antonio Vivaldi (1678-1741) :

Sonata prima en sol mineur op. I, RV 73 ; Sonata a violoncello solo en mi mineur, RV 402 (Largo).

Le Consort, avec la participation de Victor Julien-Laferrière, violoncelle.

1 CD Alpha.

Enregistré dans la galerie dorée de la Banque de France à Paris en mars 2021.

Livret en français, anglais et allemand.

Durée : 68:02

À comparer avec mes appréciations…

Ce mercredi 23 mars 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un autre compositeur baroque vénitien, et assez original en son genre : Benedetto Marcello…

28fév

À la suite de mon article précédent, ,

c’est sur un autre compositeur baroque vénitien _ certes assez différent ! mais quasi contemporain : Antonio Vivaldi, Venise, 4 mars 1678 – Vienne, 28 juillet 1741) _ que je désire me pencher : Benedetto Marcello (Venise, 24 juillet 1686 – Brescia, 25 juillet 1739) _ sur l’œuvre deBenedetto Marcello, un site bien intéressant à consulter.

Pour préciser un peu cette situation de Benedetto Marcello au sein du panorama des compositeurs vénitiens du XVIIIe siècle

_ et outre le fait que le Conservatoire de musique de Venise porte significativement ce nom de « Conservatorio di Musica Benedetto Marcello«  _,

je citerai ce parlant bref passage, à la page 8 de la notice du livret du CD Arcana A 441 de « L’Estro poetico-armonico« , sous la plume de Marco Bizzarini, en juin 2017 :

« Jusqu’au seuil du XXe siècle, le prestige de « L’Estro poetico-armonico«  fut immense. Avant la découverte sensationnelle de Vivaldi, qui eut lieu au milieu du XXe siècle, Marcello était considéré come le musicien le plus représentatif du XVIIIe siècle vénitien, à tel point que certains de ses « Psaumes«  étaient souvent interprétés dans les divers pays d’Europe. Les plus grands compositeurs d’opéra italien du XIXe siècle et du début du XXe siècle, de Rossini à Verdi, de Boito à Puccini, l’admiraient comme un auteur classique, dont les idées musicales _ dans le traitement de la voix, dans la relation texte-musique, dans les solutions harmoniques parfois imprévisibles _ pouvaient être également utilisées come un modèle par les nouvelles générations« … 

Un rapide parcours de ma discothèque _ toujours très incomplètement rangée ! et réservant probablement encore, en ses recoins, quelques découvertes-surprises !.. _ m’a permis de repérer au moins 14 CDs  _ parus entre 1982 et 2021 _ intégralement consacrés à des œuvres du seul Benedetto Marcello :

Outre 5 CDs consacrés à un choix parmi les 50 _ sur les 150 Psaumes existants dans la Bible… _ Psaumes mis en musique par Benedetto Marcello, les années 1724 à 1726,

à partir de paraphrases en langue italienne réalisées par son compatriote noble vénitien Girolamo Ascanio Giustiniani (Venise, 10 novembre 1697 – Venise, 22 septembre 1741),

soient les CDs :

_ « Psaumes XIV & XVII » _ les n° 14 et 17, donc _ par la Capella Saveria, de Pal Nemeth, pour Harmonia Mundi, en 1992 ;

_ « Psaumes de David » _ les n° 10, 14, à nouveau, et 21 _ par l’Ensemble XVIII-21 Musique des Lumières, de Jean-Christophe Frisch, pour K617, en 1999 ;

_ « Estro poetico-armonico _ Psaumes 3, 10, 40, 44 et 47 » par Cantus Köln et Konrad Junghänel, pour Harmonia Mundi, en 1999 ; 

_ « Psaumes » _ les n° 10, 14, 31 et 35 _ par l’Ensemble Gli Erranti, d’Alessandro Casari, pour Stradivarius, en 2003 ;

_ « L’Estro poetico-armonico _ Salmi 14, 21, 27, 38 » par l’Ensemble L’Amoroso, de Guido Balestracci, pour Arcana, en 2016-2017 ;

4 CDs consacrés à des choix de Sonates (pour flûte traversière ainsi que pour violoncelle),

soient les CDs :

_ « Sonates pour flûte » _ les n° 1, 2, 3, 4, 6 et 8 _ par René Clemencic, pour Harmoni Mundi, en 1977-1991 ;

_ « Sonatas for recorder and b.c. (1712) & Sonatas for cello and b.c. (1712 – 1717) » _ les n° 2, 3, 9, 10 et 12 ; et les n° 1, 3, 4, 5 et 6 _ par le Collegium pro Musica, pour Dynamic, en 1995-1996 ;

_ « Le Sonate per flauto diritto _ vol 1 : opus 2, 1712 » _ n° 1, 2, 3, 4, 5 et 6 _ par Sergio Balestracci, pour Stradivarius, en 1995-1996

_ « Sonate op. II (1 – 6) » par le Trio Legrenzi, pour Rivo Alto, en 1991-1996 ;

3 CDs consacrés à diverses Cantates,

soient les CDs :

_ « Canzone et Cantates« , un choix de 8 pièces, par Henri Ledroit, pour Solstice, en 1982 ;

_ « Cassandra« , par Kai Wessel et David Blunden, pour Æon, en 2009-2010 ;

_ « Amanti _ Cantatas for bass », un choix de 5 cantates, par Sergio Foresti et l’Ensemble Due Venti, pour Challenge Classics, en 2020-2021 ;

et 2 CDs d’oratorios,

soient les CDs :

_ « Il Pianto et il Riso delle Quattro Stagioni dell’Anno« , un oratorio de 1731, dirigé par Fabrizio Ghiglione, pour Bongiovanni, en 1982 ; 

_ « Joaz« , un oratorio de 1726, dirigé par Christopher Hammer, pour ORF Edition Alte Musik, en 2007-2008.

À cette liste de 14 CDs, je dois adjoindre 5 disques 33 tours :

_ un disque « Salmi« , comportant les Psaumes II, III, VIII et X, par le Coro Polifonico di Milano, sous la direction de Giulio Bertola, pour le label « Ars Nova« , à Milan ;

_ un disque « Der 50. Psaulm, aus Estro Poetico-Armonico« , avec notamment René Jacobs, par la Schola Cantorum Basiliensis, distribué par Harmonia Mundi, en 1980 ;

_ un disque « Six Cello Sonatas« , par Anthony Pleeth, avec Richard Webb et Christopher Hogwood, pour le label L’Oiseau-Lyre, en 1978-1979 ;

_ un double album des 12 « Concerti a cinque con violino solo e violoncello obbligato  » de 1708, par Angelo Ephrikian et I Solisti di Milano, pour le label Harmonia Mundi, en 1966

_ dont voici, pour commencer à se faire ici une première idée du style du Benedetto Marcello concertiste (face au Vivaldi concertiste !), quelques podcasts d’interprétations plus récentes que celle d’Ephrikian, en 1966 : d’une part, par l’Orchestre de Chambre de Kaunas, dirigé par Silvano Frontalini, avec en violon solo Luca Aretini (un enregistrement d’août 2000, du label Bongiovanni) ; et d’autre part par le Concerto Italiano sous la direction de Rinaldo Alessandrini, avec en violon solo Riccardo Minassi, en un CD « Bach-Vivaldi-Marcello«  Opus 111-Naïve (que je possède), enregistré en septembre 2000 :

_ l’adagio et l’allegro du Concerto n°1 de cet opus 1 ; et même l’intégralité (en 110′ 08) de ces 12 Concerti opus 1, de 1708, par l’Orchestre de Chambre de Kaunas, dirigé par Silvano Frontalini, avec en violon solo Luca Aretini ;

l’intégralité du Concerto n° 2 (en 10’11), cette fois par le Concerto Italiano, sous la direction de Rinaldo Alessandrini, avec en violon solo Riccardo Minassi ; Rinaldo Alessandrini précisant à la page 7 de la très intéressante notice de ce remarquable et passionnant CD que « pour le Concerto de Marcello, il a été nécessaire de reconstituer la partie de violon solo désormais perdue« . Ajoutant aussitôt : « à cet égard, la transcription pour clavecin _ de ce Concerto de Marcello _ par Bach _ BWV 981 _ nous a été d’un très grand secours pour définir les lignes mélodiques et mettre en lumière les différentes possibilités de reconstitution de la partie soliste »...

Et je relève aussi, au passage, cet assez significatif commentaire, en anglais, à propos de la différence « Benedetto Marcello vs Antonio Vivaldi » :

« Benedetto, a Venetian polymath, was a direct contemporary of Antonio Vivaldi. The difference between them could not have been greater. Benedetto descended from a noble family that had made numerous contributions to the civic and governmental life of the Venetian Republic, while Vivaldi descended from a family of small merchants. Benedetto was educated in the manner of most noble Venetian males : at the Colleggio dei Nobili and at the University of Padua. Vivaldi was a day student at a district seminary. Benedetto was a cellist, Vivaldi a violinist. Benedetto was also an accomplished keyboard player. Benedetto served in a long series of government posts in Pula, and Brescia, where he died. Vivaldi accrued one accolade after another as a virtuoso but increasingly involved himself in the world of opera. He too suffered various career setbacks in the final decade of his life and died a pauper in Vienna« …

À suivre…

Ce lundi 28 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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