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Christian Gerhaher, Franz Schubert et Othmar Schoeck, à Zermatt avec Gerold Huber : Christian Gerhaher, un artiste intelligent !

15sept

Dans la continuation de mon article «  » du 2 septembre dernier,

voici 2 articles que ResMusica, sous la plume de Vincent Guillemin, et en date d’hier 14 septembre, consacre à ce remarquable et très intelligent baryton qu’est Christian Gerhaher :

« Elegie et Winterreise dans la pureté des Alpes par Gerold Huber et Christian Gerhaher » à l’occasion de 2 concerts à Zematt, face au Cervin,

et « Christian Gerhaher ou l’art absolu de la déclamation« , un très riche entretien avec le merveilleux chanteur…

À 2222 mètres d’altitude, dans la petite Kapelle Riffelalp des Alpes suisses, Christian Gerhaher met en regard Elegie, op.36 d’Otmar Schoeck avec le Winterreise, D.911 de Franz Schubert, tous deux magnifiés par la qualité de déclamation du baryton, sous le piano toujours accordé de Gerold Huber.


Considéré comme le Winterreise d’Otmar Schoeck, Elegie est remis à l’honneur par Christian Gerhaher, qui a enregistré le cycle en 2020 dans sa version pour orchestre de chambre, avec le Kammerorchester Basel et Heinz Holliger _ cf mon article du 2 septembre dernier : « «  Il le reprend dans le cadre du Festival de Musique de Zermatt dans sa version piano-voix. Écrit pour le baryton-basse Felix Löffel, le cycle très sombre, à l’image de la majeure partie des pièces du compositeur suisse, débute par Wehmut (Nostalgie), texte de Joseph von Eichendorf, poète dont cinq autres poèmes seront utilisés pour ce cycle de vingt-quatre lieder, tous les autres étant de Nikolaus Lenau.

Encore plus que dans l’enregistrement pour Sony Classical, Gerhaher développe dans l’œuvre créée il y a bientôt un siècle toute sa qualité de déclamation. La précision du texte marque ainsi chaque instant et plonge au fur et à mesure du voyage dans les mots obscurs de Lenau, Stille Sicherheit (Sécurité silencieuse) ou Herbstklage (Plainte d’Automne), pour finir par les mélancoliques Dichterlos (Sans poète) et Der Einsame (Le Solitaire) d’Eichendorf. Porté par le piano de Gerold Huber et par l’acoustique idéale de la petite chapelle, en matinée à moitié remplie tandis qu’elle le sera totalement le soir pour Winterreise, le baryton décuple sa partie par des grandes variations de dynamique, toujours en accord avec la puissance des mots.

La pureté de la ligne et les fines modulations de couleurs dans le grave touchent pour le monochrome Frage Nicht (n°4), tandis que la nervosité du Waldlied (n°7) profite ici d’une voix puissante qui emplit toute l’église alpine placée face au sublime Mont-Cervin. Déjà développé par le piano dans la version pour orchestre, ce lied comme d’autres gagne à être joué dans cette version seulement pour piano et voix. Gerold Huber y traite la partition à sa pure justesse, sans jamais trop l’appuyer, pour toujours laisser son développement et les amplitudes émotives à celui qu’il accompagne depuis plus de trente ans.


Six heures plus tard, le temps de voyager par les chemins escarpés de cette magnifique partie des Alpes, les deux mêmes artistes reprennent leurs places sur la scène de la Kapelle Riffelalp, cette fois pour un cycle beaucoup plus célèbre _ et attireur de foules. Déjà enregistré par les deux chez RCA et Arte Nova, Winterreise de Schubert retrouve les qualités de conteur de Christian Gerhaher, ainsi que sa façon d’aborder l’œuvre sans la dénaturer, mais au plus proche de la lettre, comme il nous l’expliquera en interview juste après. De façon assez surprenante, il se défend d’un court discours, avant d’aborder le Voyage d’Hiver, pour se justifier de quelques changements de place de lieder, parce que ceux-ci, toujours joués dans le même ordre, ont en réalité été écrit avec plus de liberté par Schubert.

Alors les cinq premiers ne bougent pas, trop habituellement retenus dans cet ordre par l’auditeur. En revanche Die Post s’insère en sixième position plutôt qu’en treizième. Finalement, et mis à part le fait d’enlever à Die Nebensonnen l’avant-dernière position pour la laisser à Mut ! (habituellement vingt-deuxième et sans doute trop contrasté pour s’accoler à Die Leiermann, forcément ultime), l’idée fonctionne et crée une écoute moins confortable, qui force à plus d’attention pour se concentrer sur le texte. À l’opposé de beaucoup de chanteurs aujourd’hui, Gerhaher développe les vingt-quatre poèmes de Wilhelm Müller avec là encore de grands écarts de dynamique, qui profite toujours de l’acoustique de la petite chapelle, ainsi que d’un public très attentif et très silencieux, sauf pour tourner et retourner les pages du programme de salle imprimé dans l’ordre habituel.

Sous le piano fin de Gerold Huber, particulièrement naturel pour Rast (placé ici en n°19 plutôt qu’en 10) puis seulement touché par la fatigue du doigté à Die Nebensonnen (n°20 ici) et légèrement pour la fin du cycle, Christian Gerhaher porte avec un niveau d’exception un cycle qu’il ne caricature jamais dans l’émotion facile. Il est peut-être tout juste moins profond par cette approche pour l’écriture de Schubert qu’il n’était parvenu à l’être dans sa prestation d’exception le matin pour l’Elegie de Schoeck. Malheureusement, ces splendides concerts ne seront gravés que dans l’esprit des auditeurs du Festival de Zermatt présents, car aucun micro ne se trouvait dans la salle.

……

Crédits Photographiques : © ResMusica

Zermatt. Kapelle Riffelalp.

11-IX-2022.

11h : Otmar Schoeck (1886-1957) : Elegie, op. 36.

18h : Franz Schubert (1797-1828) : Winterreise, D.911.

Gerold Huber, piano ; Christian Gerhaher, baryton

Christian Gerhaher ou l’art absolu de la déclamation

Invité du Festival de Zermatt pour le concert d’ouverture et deux récitals, Christian Gerhaher développe pour nous son intérêt pour la musique du compositeur suisse Otmar Schoeck, en plus de revenir sur son répertoire et sur l’importance de la musique classique dans le monde actuel.


ResMusica :
Vous chantiez en matinée au Festival de Zermatt Elegie après l’avoir enregistré récemment, comment avez-vous découvert la musique d’Otmar Schoeck ?

Christian Gerhaher : J’ai découvert le compositeur lors d’un festival de musique moderne il y a vingt ans, lorsqu’on m’a proposé de chanter le cycle avec quatuor à cordes Notturno, pour lequel mon sentiment a été le même que pour Elegie : ces pièces fascinantes m’ont rendu addict. Je ne pouvais plus arrêter de les écouter et d’y penser pendant que je les travaillais, car le style de déclamation y est très spécial. Après les deux marqueurs vocaux du répertoire germanique au XIXᵉ siècle que sont pour moi Schumann d’abord et Wagner ensuite, je pense qu’une troisième voie _ voilà _ est apparue au XXᵉ avec Otmar Schoeck, avec une technique musicale particulièrement portée par les mots, plus principalement ceux de Nikolaus Lenau, poète qu’il adorait. De plus, Schoeck choisissait avant tout les poèmes dans lesquels l’artiste se montrait dévasté par la mort.

Dans ces poèmes, Lenau ne peut assumer que cela va arriver et utilise des sujets lyriques qui se posent sur d’autres angles comme la nature, les feuilles mortes ou les oiseaux, pour toujours revenir à cette question sans réponse, fondamentale, quant à la fin de l’existence. Dans Notturno, au centre de la pièce, il établit particulièrement cette idée avec une façon de déclamer à bout de souffle, qui implique que cela ne doit pas véritablement s’arrêter, pas tout-à-fait, pas définitivement… L’écriture est alors toujours non-mélismatique, purement syllabique, une syllabe étant égale à un ton, un peu à la manière de celle de Claude Debussy en France, autre maître de la déclamation dans ce siècle.

RM : Elegie est parfois comparé au Winterreise de Schubert, mis en regard le même jour en Suisse lors d’un second concert ?

CG : C’est la troisième fois que je chante Elegie dans cette version avec piano, et la deuxième que je le combine à Winterreise. Cela est peut-être risqué, mais j’aime l’idée, qui permet de donner un nouvel horizon au cycle de Schubert. Après que Fischer-Dieskau eut arrêté sa carrière en 1992, la façon de chanter le Voyage d’Hiver a changé et a pris beaucoup de liberté, ce qui m’attriste quelque peu, car cette œuvre géniale ne doit pas être trop heurtée, afin qu’elle garde toute son atmosphère sans être dénaturée. J’essaye pour ma part d’y délivrer toute sa sentimentalité en restant au plus près du texte, et même si l’on m’a déjà dit que cela était très bien chanté mais pas toujours très touchant, je cherche à l’inverse à porter cette œuvre sans lui ajouter ce qui pour moi ne sont que des effets superfétatoires.


RM : Vous avez enregistré Elegie pour Sony Classical dans sa version pour orchestre de chambre et voix et la chantiez à Zermatt seulement avec piano, dans une approche clairement différente, sans doute aussi exaltée par l’acoustique de la petite Chapelle de Riffelalp ?

CG : Nous avons enregistré l’œuvre avec Heinz Holliger et le Basel Orchestra en mars 2020 au début du confinement, puisqu’il n’était plus possible de faire une tournée, comme cela était d’abord prévu. Nous l’avions répétée longuement, alors nous avons décidé de la graver, tant nous y trouvions de beauté. L’orchestration y est sublime, mais la pièce écrite comme presque tous les lieder de Schoeck pour Felix Löffel est faite pour un baryton à la voix très basse, ce qui n’est pas problématique pour un baryton placé plus haut dans la tessiture, tel que je le suis, mais oblige à trouver des variations de couleurs dans un registre réduit, souvent porté vers le grave.

Ce chant resserré crée des pressions sur la voix, où il est très intéressant de réussir à développer de nouvelles couleurs, ce pour quoi le piano devient idéal en comparaison de l’orchestre, car c’est alors un instrument monochrome qui vous accompagne et vous laisse la possibilité d’étaler toute l’identité polychromatique de votre voix _ voilà. Avec un orchestre, qui apporte par lui-même une polychromie musicale, vous avez à réduire votre propre approche et à altérer les dynamiques. C’est d’ailleurs pour cela que cette pièce est particulièrement difficile à chanter dans sa version avec orchestre, notamment dans ses parties très douces. À Riffelalp, le piano associé à l’acoustique idéale de la chapelle de montagne m’ont permis d’exprimer toutes ces idées merveilleusement.

RM : On connait donc de vous Notturno et Elegie, vous intéressez-vous à d’autres cycles de Schoeck ?

CG : Je n’ai pas encore pu en apprendre d’autres, mais cela fait maintenant partie de mes priorités pour la fin de ma carrière, avec notamment Lebendig Begraben (Enterré vivant). Comme évoqué précédemment, Schoeck composait presque toujours ses lieder pour son ami Felix Löffel, qui possédait une véritable technique, mais pas une très belle voix _ hélas. Alors, lorsqu’il a entendu Dietrich Fischer-Dieskau dans l’œuvre, il a découvert à quel point on pouvait chanter superbement sa partition, avec une fantastique qualité de déclamation. Je souhaite donc m’atteler à ce cycle prochainement pour tenter d’y apporter la même pureté _ oui _, en plus de découvrir aussi mieux les opéras, car je connais surtout Penthesilea et malheureusement, il ne s’y a pas vraiment de rôle pour moi.

RM : Pour le lied, vous êtes très majoritairement accompagné par Gerold Huber, avec lequel on ressent une cohésion parfaite. Est-ce important pour vous d’avoir ce partenaire si proche et comment travaillez-vous en répétition ?

CG : Nous ne parlons presque pas. Gerold Huber a été l’une des plus belles rencontres de ma vie, et j’ai immédiatement ressenti avec lui la possibilité de ne pas être concentré sur le fait de répéter pour se coordonner, mais plutôt pour aborder tout de suite la forme, le son et les couleurs. Il était malade cette année et je suis très heureux qu’il soit revenu à son meilleur, pour m’accompagner ainsi que d’autres chanteurs, bien que je doive admettre avoir une relation très particulière avec lui, qui dure depuis bientôt trente-cinq ans. Il s’agît ici de beaucoup plus qu’une collaboration artistique, et je ne sais pas comment je ferais pour chanter du lied sans lui, ni si je continuerais à en chanter autant. Lorsqu’il joue, j’aime sa densité et sa tranquillité à maintenir une ligne _ voilà _, qui me permet de développer le chant et la dynamique comme je le souhaite, sans être surexposé par le piano.


RM : Nous avons parlé principalement de Schoeck et sommes donc restés concentrés sur le répertoire germanique, évidemment celui que vous chantez le plus, mais que vous dépassez aussi parfois. Pensez-vous l’ouvrir encore, notamment par des œuvres moins sombres ?

 

CG : J’ai un peu chanté de l’opéra italien, Mozart ou Simon Boccanegra de Verdi, que je reprends prochainement, et j’aime aussi beaucoup la mélodie française. Malheureusement, la langue française est très complexe et m’impose un travail d’apprentissage très long, mais j’adore Debussy, Fauré et Berlioz et veut développer leurs œuvres. Et puis j’ai déjà porté Pelléas, mais il faut maintenant que j’approche véritablement Golaud.

On reste donc dans de l’art sombre, mais comment le définir exactement ? Si l’on prend Kafka par exemple, si célèbre pour la noirceur de ses œuvres ; il était connu qu’avec son ami Max Brod, pendant les lectures publiques, il utilisait un véritable humour et riait souvent _ énormément, même. Le sérieux et la noirceur ne sont donc pas opposé au rire et à la joie, ce qui est aussi le cas avec Cosi fan Tutte ! C’est également grâce à cela qu’on crée de la distance sur les choses, ce qui est primordial _ en effet…

RM : Pour rester dans les idées noires, la musique classique souffre toujours de la pandémie avec un public plus difficile à capter qu’auparavant, quelle est votre vision pour son avenir ?

CG : La pandémie a été très dure pour tous mais plus encore pour les artistes qui vivent de concerts. Les restrictions ont touché la vie musicale pour longtemps et vont peut-être réduire à jamais le nombre de spectacles de musique classique. J’ai eu une discussion publique récemment avec des hommes et femmes politiques allemands, où le ministre de la culture m’a fait remarquer que « nous restions avec notre ancien monde, tandis qu’eux avançaient« . Cela m’a profondément heurté _ oui !!! L’incurie de la plupart des politiques est une catastrophe, dont on ne récolte que trop les effets… _ et j’ai rétorqué que des milliers de concerts devant des centaines de milliers de gens vivants n’étaient pas l’ancien monde, mais bien le présent.

Je sais que les lieder intéressent une part très réduite et sans doute de plus en plus réduite de la population, mais il faut continuer à les porter et à les promouvoir, car l’art n’est pas juste un hobby _ certes ! _, comme certains politiciens le croient aujourd’hui : c’est une nécessité _ cruciale ! _ pour le bien-être de l’humanité _ et contre la barbarie qui gagne… Cela n’apporte pas juste des émotions, mais aussi de la réflexion _ oui ! _, alors il faut se battre _ oui _ pour continuer à rendre attractive la musique classique par ses aspects les plus grands, et moins celle-ci cherchera à être seulement un divertissement _ hélas, hélas, hélas _, plus elle survivra _ cf mon propre texte « Oasis versus désert » pour le « Dictionnaire amoureux de la Librairie Mollat », paru notammenr en mon article du 17 juin 2022 : « «  Être sérieux ne veut pas dire ne pas être drôle ou ne pas intégrer toutes les émotions, mais cela veut dire rester à un niveau d’intelligence élevé, très important pour notre société _ ô combien !

Crédits Photographiques : © Credit: David Parry/PA Wire (recital) & © Olivier Maire (récital Zermatt)

Christian Gerhaher, un artiste important et intelligent.

Ce jeudi 15 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le poids de l’interprète (et son timbre de voix) dans la qualité de l’interprétation du chant : Christian Gerhaher dans l' »Elegie » (1923) d’Othmar Schoeck (1886 – 1957)…

02sept

Pour le chant, non seulement l’art,

mais déjà la simple qualité du timbre de la voix du chanteur,

a une importance certaine,

sinon même rédhibitoire.

Bien des interprétations sont ainsi irrémédiablement plombées par la qualité par trop ingrate d’un timbre de voix,

en plus, parfois, de l’art lui-même, peu assuré ou mal réglé, du chanteur ;

même si l’on peut certes trouver quelques heureux contre-exemples, du moins quant au timbre de voix

_ tel celui, singulier, de l’admirable Julius Patzak (Vienne, 9 avril 1898 – Rottach-Egen, 26 janvier 1974), ténor au timbre peu séduisant, mais à l’art terriblement expressif et formidablement juste, par exemple en ses Lieder de Schubert, ou en son mémorable Das Lied von der Erde de Malher, avec Kathleen Ferrier et Bruno Walter, à Vienne, en 1952…

A contrario,

je viens d’écouter la très belle prestation _ en un CD Sony Classics 19439963302, avec le Kammerorchester Basel dirigé par le toujours actif Heinz Holliger _ de l’excellent Christian Gerhaher, baryton, à la voix bien timbrée, et à l’art parfaitement posé,

dans le très beau cycle de lieder « Elegie« , Op. 36 _ de 1923 _ d’Othmar Schoeck (Brunnen, 1er septembre 1886 – Zurich, 8 mars 1957)compositeur suisse encore bien trop méconnu en France, même pour ses Lieder

En cherchant un peu dans ma discothèque personnelle,

j’ai réussi à mettre la main sur

_ le CD « Das stille Leuchten« , Op. 60 (de 1946), par Dietrich Fischer-Diskau accompagné par Hartmut Höll au pianole CD Claves CD 50-8910, paru en 1989 _,

_ le CD du Concerto pour violoncelle et orchestre, Op. 61, et la Sonate pour violoncelle et piano, par Christian Poltéra, Julius Drake, et le Malmö Symphony Orchestra, sous la direction de Tuomas Ollila-Hannikainen _ le CD BIS 1597, paru en 2007 _,

_ et le CD « Chorwerke« , par Martin Homrich, ténor, Ralf Lukas, baryton-basse, le MDR-Rundfunkchoer et le MDE-SinfonieOrchester, sous les directions de Mario Venzago et Howard Arman _ le CD Claves 50-2702, paru en 2007 aussi.

Et il me semble disposer aussi, quelque part, du double CD de l’opéra « Penthesilea« , Op. 39 (de 1927), avec le Czech Philharmonic Choir de Brno, sous la direction de ce même Mario Venzago _ un album paru chez le label Musiques suisses, en 2000.

À suivre…

Ce vendredi 2 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Julien Prégardien chante le « Schuberts Winterreise » de Hans Zender ; et c’est superbe !

29nov

Dernièrement _ c’était le 21 novembre dernier _

j’ai fait ici même l’éloge de Christian Gerhaher 

comme « le liedersänger absolu » :

le « liedersänger absolu » : Christian Gerhaher _ son merveilleux récital Schumann intitulé Frage

et il y a naguère _ le 1er novembre, et le 18 août 2018 _ j’ai fait l’éloge du merveilleux Ian Bostridge :

Le charme hyper-puissant de la voix du merveilleux Ian Bostridge : le CD « Requiem _ the Pity of War », en commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918 ; 

Passionnant Ian Bostridge : son « Le Voyage d’Hiver de Schubert » ;

et aujourd’hui, je veux dire tout le bien que je pense

du charme si prenant de la voix

et de l’art

du superbe Julien Prégardien ;

ici dans cette œuvre assurément un peu étrange

qu’est le Schuberts Winterreise

de Hans Zender (en 1936) ;

c’est-à-dire une orchestration originale du si beau cycle de lieder schubertien…

Ne passez surtout pas à côté

de ce CD Alpha 425 !

Ce jeudi 29 novembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

 

 

 

le « liedersänger absolu » : Christian Gerhaher _ son merveilleux récital Schumann intitulé Frage

21nov

Christian Gerhaher, depuis longtemps, fait l’unanimité

de ceux qu’il enchante,

au concert, sur la scène, comme au disque.

Celui que hier un article de ResMusica,

sous la plume de Vincent Guillemin,

et à l’occasion d’un concert-représentation au Staatoper de Hambourg des Szenen aus Goethes Faust de Robert Schumann 

GERHAHER FASCINE DANS LES SCÈNES DU FAUST DE GOETHE _

qualifie _ et à fort juste titre !!! _ de « liedersänger absolu« ,

vient de nous gratifier d’un sublimissime récital de 29 Lieder

de _ justement _ ce même Robert Schumann,

en l’occurrence le CD Sony classical 19075889192

intitulé Frage ;

composé

des 6 Gesänge op. 107,

3 Romanzen und Balladen op. 49,

Warnung, op. 119/2,

3 Gesänge op. 83,

12 Gedichte op. 35 _ dont le lied Frage _

et 4 Gesänge op. 142.

Le timbre, somptueux,

l’art du chant,

comble de naturel et de justesse dans la diction

comme dans la richesse de la musicalité dépourvue du moindre maniérisme ou ombre d’affectation,

et l’élan,

tout nous comble chez cet admirable chanteur baryton.

Voici, aussi, l’article de ResMusica et Vincent Guillemin

qui vient parfaitement consoner

avec ma perception de ce sublime récital Frage… :

Hambourg. Staatsoper. 17-XI-2018.

Robert Schumann (1810-1856) : Szenen aus Goethes Faust.

Mise en scène, décors & Costumes : Achim Freyer.

Assistant mise en scène : Eike Mann.

Assistant décors : Moritz Nitsche.

Costumes : Petra Weikert.

Lumières : Sebastian Alphons.

Vidéos : Jakob Klaffs & Hugo Reis.

Dramaturgie : Klaus-Peter Kehr.

Avec : Narea Son, Marthe, Sorge, Seliger Knabe, Magna Peccatrix ;

Christina Gansch, Gretchen, Not, Seliger Knabe, Una Poenitentium ;

Katja Pieweck, Mangel, Jüngerer Engel, Seliger Knabe, Mulier Samaritana ;

Renate Spingler, Schuld, Seliger Knabe, Maria Aegyptiaca, Mater Gloriosa ;

Norbert Ernst ; Ariel, Pater Ecstaticus, Vollendeterer Engel, Jüngerer Engel ;

Christian Gerhaher, Faust, Pater Seraphicus, Dr. Marianus ;

Alexander Roslavets, Vollendeterer Engel, Jüngerer Engel ;

Franz-Josef Selig, Mephisto, Pater profundo, Böser Geist, Bass-Soli;

Angelka Gajtanovska, Ines Krebs, Tahirah Zossou, Marina Ber, Veselina Teneva, Voix solistes.

Hamburger Alsterspatzen.

Chor der Hamburgischen Staatsoper (Chef de Chœur : Eberhard Friedrich).

Philharmonisches Staatsorchester Hamburg,

direction musicale : Kent Nagano

Mis en espace par Achim Freyer avec des éléments d’humanité, Les Scènes de Faust de Goethe de Robert Schumann retrouve à Hambourg deux artistes entendus à Berlin, Munich puis Paris ces dernières années, Franz-Josef Selig et le fascinant Christian Gerhaher, cette fois sous la direction toute en finesse de Kent Nagano.

Après avoir remplacé Nikolaus Harnoncourt à Berlin puis enregistré l’œuvre à Munich,  Daniel Harding a récemment présenté à Paris Les Scènes de Faust de Goethe, remis en valeur vingt ans plus tôt grâce à Claudio Abbado. Elles sont reprises à Hambourg dans une mise en scène cohérente mais anecdotique _ dommage ! _ d’Achim Freyer, à faire regretter de ne pas avoir profité de la même équipe musicale dans l’acoustique de l’Elbphilharmonie, plutôt qu’avec l’orchestre et le chœur en fond de plateau au Staatsoper. Proposer une version scénique permet toutefois de rejouer l’ouvrage sept fois au cours de la saison plutôt que trois lors d’un groupe de concerts.

Robert Schumann s’est lui-même perdu en s’attaquant à l’un des plus grands textes de l’humanité ; la figure si fascinante de Goethe devenant un blocage à la liberté du compositeur, de toute façon peu à l’aise _ voilà _ tout au long de sa vie avec l’opéra. Il commence les esquisses par le finale à la mort du poète, passage le plus étincelant de l’ouvrage, peut-être le moins bien porté par Kent Nagano à Hambourg, où le chef, trop fin, semble vouloir fuir la luminosité trop facile de la dernière partie chorale et ne parvient à un moment extatique _ oui _ que dans les dernières mesures.

Il faudra dix années au compositeur pour achever ce qui deviendra finalement un oratorio profane, dans lequel l’écriture du chant laisse souvent plus la place au lied qu’à un style opératique. Difficile alors d’y trouver aujourd’hui, et même depuis plusieurs décennies, un chanteur supérieur au liedersänger absolu Christian Gerhaher. Plus encore qu’à la Philharmonie de Paris et qu’à Munich, le baryton prouve un art de la prosodie d’un génie pur _ c’est dit ! _, fascinant dans la mort juste avant l’entracte, mystique ensuite en Pater Seraphicus, puis bouleversant dans la noirceur d’un Dr Marianus porté avec la même voix glabre que le dernier lied du Notturno de Schoeck enregistré il a quelques année par l’artiste. Franz-Josef Selig n’a pas à pâtir de l’art de la diction du baryton pour conduire Mephisto dans les graves infernaux, contré par le haut-médium coloré de la Marguerite de Christina Gansch, ou l’aigu éclatant de Narea Son, d’abord Marthe, puis Souci, puis Magna Pecatrix au Paradis. Katja Pieweck, superbe Walkyrie la veille, convainc moins ici, tout comme le ténor Norbert Ernst, trop nasal et instable dans le haut du spectre pour magnifier Ariel puis le Pater Ecstaticus.

Le Chor der Hamburgischen Staatsoper comme le chœur d’enfants, l’Hamburger Alsterspatzen, tous deux préparés par Eberhard Friedrich, parviennent à hisser leurs parties dans une mystique développée du fond de la scène, avec un rendu  légèrement voilé par un rideau placé entre l’orchestre et le devant du plateau. Le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg offre dès l’Ouverture une sonorité légère, parfaitement maintenue tout au long de l’ouvrage par le directeur musical Kent Nagano, avec une superbe attention lors des moments les plus dramatiques.

Faust_Szenen_260_0 - Gerhaher Selig Gansch Ernst Hamburg


Achim Freyer, dont on vient d’apprendre qu’il mettait en scène Œdipe l’été prochain à Salzbourg, doit comme Jürgen Flimm pour le Staatsoper Berlin ces dernières années s’atteler à occuper l’espace pendant que l’oratorio de Schumann se développe. La modeste dramaturgie du livret ne permet pas d’interactions fortes entre les personnages, alors Freyer occupe l’espace avec des assembleurs en noir, qui posent au fur et à mesure des éléments référents à l’humanité. Successivement apparaissent une robe de mariée sur un mannequin, une brouette, un métronome, un arc en ciel, une trompette, tous ces objets sur lesquels sont ensuite apposés des voiles noirs pour annoncer la mort. Au centre, le tableau du Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich, visible à la Kunsthalle de Hambourg, est coupé en haut du buste pour laisser s’insérer le haut du corps de Gerhaher. Son image, d’un homme d’abord magicien avec un bandeau sur les yeux, devient par la suite celle d’un véritable aveugle ayant besoin d’une canne, pour finir clown blanc en dernière partie. Le tableau se colore par lumières projetées, d’abord en fluo rose et jaune, évidente référence au tableau de Goethe retouché par Andy Warhol. Puis la brume devient arc-en-ciel avant de n’être plus qu’un noir faisant ressortir le corps blanc accompagné d’une lumière blanche pour montrer le centre, et donc Gerhaher, comme l’entrée au Paradis.

Crédits Photographiques : © Monika Ritterhaus

 


Christian Gerhaher : un liedersänger absolu : absolument !

Son art est sublimissime d’évidence

et perfection de justesse !!!


Ce mercredi 21 novembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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