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de la critique musicale (et autres) : de l’ego à l’objet _ vers un « dialogue »

17juil

« De la critique musicale (et autres…) : de l’ego à l’objet » _ vers un « dialogue »

On pourra comparer

_ sans la gonfler plus que cela ne mérite : ce sont les œuvres qui importent ;
pas les doigts
(d' »intermédiaires » seulement
: les gens « de la cul-cul-ture« , si on bégayait…)
qui montrent
(cf « Homo spectator » de Marie-José Mondzain, aux Editions Bayard, en octobre 2007)
ce qui serait « à voir« , ou « pas« ,
pour les autres !
dont ils sollicitent,
et plus encore écartent
l’attention

(cf ici « Prendre soin » de Bernard Stiegler, aux Editions Flammarion, en février 2008)  _ ;

on pourra comparer, donc, en un second degré de ré-flexion,
l’affaire (du « dossier critique« )
photographique
de « Littoral des lacs« 

(édité par Images En Manœuvres Editions / Conservatoire du littoral, en mars 2008),
à certaines des réactions (la plupart excellentes :
mais qui recueille l’unanimité ?)
de la critique
musicale
et discographique
face aux « Quatuors à cordes » (CD Alpha 125) de Lucien Durosoir
par le Quatuor Diotima…

Ainsi, un correspondant
_ Marquis _
m’a-t-il gentiment adressé un courriel amusé,
que je me permets,
de publier in extenso ici,
pour
_ outre ce qui concerne directement la musique,

durosoir_alpha.JPG

les « Quatuors à cordes » de Lucien Durosoir,
et la « critique discographique », aussi _ ;
pour, donc, aussi
ce qui touche la « vie » d’un blog,
les désirs de lecture
des lecteurs de ce blog-ci
(sur le site d’une grande librairie),
conformément à l’annonce de son « programme »
dans l’article (d’ouverture) : « le carnet d’un curieux« …

Merci d’avoir déjà des lecteurs

_ ou « spectateur » (cf « Homo spectator« ) « acteur » de son « acte » de « per-ception » (cf « L’Acte esthétique« )

_ aussi intensément attentifs

De : Marquis
Objet :
Date : 6 juillet 2008 17:13:09 HAEC
À : Titus Curiosus

« Cher Titus Curiosus,

J’ai souri, pour plusieurs raisons, en lisant votre blog
(merci de me l’avoir indiqué).

Mon premier sourire était quelque peu perfide.

À vous qui écrivez : « J’espère que les oreilles de la critique vont se “désembourber” de leurs bouchons de cerumen,
et de leurs petits maniérismes de cliques, de cercles, d’initiés qui méprisent tous les autres !!! »,

voici l’écho que renvoie la plume d’un critique :
« Le contrapuntisme forcené des trois quatuors de Lucien Durosoir est de fait aussi savant que daté ; en deçà des audaces de Caplet, le fidèle mentor, et plus proche d’un dernier Fauré laborieux, voire d’un Franck brouillon que de Roussel. Encore que le fait de répéter à l’envi des formules thématiques d’un mouvement à l’autre ne suffise pas à construire une partition cyclique. Le tout requiert une parfaite discipline d’exécution et des effets de ponticello, de sourdine, de g!issandos et de pizzicatos que les Diotima, salués pour leur premier disque d’un Diapason découverte (cf. notre n° 515), maîtrisent sans faillir. Se succèdent mouvements vifs assez toniques tranchant sur une berceuse ou un adagio languissants, en dépit des frottements harmoniques censés les pimenter. Le Quatuor n° 3 marie atmosphères oniriques volontiers modales et velléités fauves rehaussées d’ostinatos vigoureux. Trop moderne pour de l’ancien, trop ancien pour du moderne en 1932 ? Réservé en tout cas aux amateurs de curiosités, dans la lignée des sonates pour violon parues chez le même éditeur (cf. notre n° 543).»

Ce texte-ci me semble relever davantage de l’allergologie que de la critique musicale ; et d’autres critiques, vous le savez sans doute, ont accompagné leurs éloges d’arguments révélateurs de ce que je pourrais qualifier de davantage de compétence et de moindre partialité.

J’ai souri également de plaisir et d’émotion en comprenant, par vos phrases, combien la musique de Lucien Durosoir peut aller au fond des êtres qui la reçoivent sans prévention, sans malignité, avec un cœur et un esprit libres et ouverts. Vous en parlez magnifiquement et vous instaurez, avec les fragments de mes propres textes, un dialogue fort et personnel. »

Et c’est ici que la réflexion de Marquis déborde le seul exemple de la musique (et du disque) :

« Je suis à la fois effrayé et ravi par toute la bibliographie que j’engrange grâce à vous. Quand aurai-je le temps de lire tout cela ? Une chose est certaine : mes deux premiers titres seront « Mendiants et orgueilleux » de Albert Cossery (il y a longtemps que je voulais le lire) et « Prendre soin de la jeunesse et des générations« , de Bernard Stiegler.

Je regrette parfois que ma vie –au demeurant passionnante – soit une course folle dans laquelle les temps de lecture sont arrachés aux temps de sommeil, les seuls disponibles par moment… Mais je comprends chaque jour davantage la chance que j’ai d’être dans un monde mental qui me permet d’échapper (à mon tour de vous citer) à l’influence des « impostures tenant le haut-du-pavé des opinions inconsistantes (mais pouvant aller jusqu’à “décourager”, par leur massivité, de jeunes ou timides encore curiosités, des préjugés et du commerce veule _ dont d’abord celui de la “grande distribution” _ ; de l’audimat, si l’on veut : aux dégâts d’ampleur catastrophique ».

Je vous adresse des salutations que je crois pouvoir dire amicales,

Marquis »

Quelle lettre magnifique, et qui va directement au coeur du rapport aux œuvres, et à ses difficiles conditions (conjoncturelles) de « temps » (à soi : pour accueillir l’altérité de l’autre, de la personne, du réel ; et principalement par le biais de ces concentrés d’essences _ de ce qui est _ que sont de vraies œuvres, mais que peut être aussi, déjà, le réel lui-même _ la « nature« , comme cela se dit _ en l’espèce de « lieux«  particuliers, spécifiques, singuliers, tels des « paysages »

_ comme si « rendez-vous« , en quelque façon « promis » ou « réservé » (de quelque « ailleurs« , « autre part« , de toute éternité), vous était, à ce moment précis-ci, donné, offert, octroyé par quelque divinité _ muse, nymphe _ locale souriante, heureuse de vous saluer : bonjour ! quelle bonne rencontre voilà !… _ ;

en l’espèce de « lieux« , donc, dont on ressent un peu étrangement _ par un léger bougé délicat dans l’air qui se respire _, le « génie« , le « génie du lieu« , qui vous effleure, à peine, très doucement, et vient ici et maintenant délicatement, en un murmure audible peut-être seulement de vous, s’adresser à votre écoute, à son accueil (de lui) ; et vous donne alors quelque accès à son secret :

il faut disposer d’une « disponibilité » (= le « loisir » vrai : l’otium, la skholè ; en fait, un simple, mais très précieux _ et d’abord un peu rare _ moment « pris » et « mis de côté » : sur « le reste » ; mais, peu à peu on s' »en » aménage, tel Montaigne ce qu’il qualifiait de son « ménage« , en la librairie de sa tour ; ou Virginia Woolf, en sa « chambre à soi« , si j’ose dire _ ; un simple, donc, moment de liberté, c’est-à-dire d’attention _ intensive _ aux choses, à autre chose que soi, son ego, ses soucis, ou que toute la propagande massive, à commencer par la télé, qui finit par « faire » le seul quotidien, et tout le quotidien, de tant et tant (qui n’en ont pas d’autre) ; qui livrent aux marchands-prédateurs « leur temps de cerveau disponible » _ merci Bernard Stiegler de revenir souvent nous le rappeler dans presque chacun de vos livres _, sans même, eux, le (leur) vendre, ils le (leur) cèdent _ en pure perte (de tout ; à partir de la perte de « leur » temps : irréversiblement sans consistance…) _ sans même s’en apercevoir !) ;

il faut disposer de la « disponibilité », donc, qui vous permet d’entrer dans un tel dialogue, à base d’écoute, toute de « probité« , en effet, et de « vraie » « liberté » _ cf l’ami Plossu (et l’article de ce blog : « Probité et liberté de l’artiste »  _ ; soit un vrai « temps libre« , auquel beaucoup n’accèdent pas, parce qu’ils sont « sous influences » aliénantes, et que, bien sûr, d’abord, ils ne le savent pas _ la prise de conscience pouvant constituer le premier déclic de la « libération » : telle était, ce déclic en forme de décharge de poisson-torpille (ou de raie), telle était la « stratégie » modeste et probe _ honnête _, d’un Socrate, que de produire cette « décharge électrique » de se rendre compte (= ré-flexivement) que ce qu’on croyait « penser » n’était qu’un « croire » mal fondé, ne donnant lieu qu’à « opinions » inadéquates…

C’est tout le drame de ce qui se présente sous les parures (aux derniers « standards » de la mode) de la « civilisation des loisirs« .

Alors, oui, nous sommes quelques uns à avoir cette chance « d’être dans un monde mental qui (…) permet d’échapper à l’influence d’impostures«  ;

mais nous désirons _ et profondément _ la donner à partager, cette « chance » ;

car la richesse de ce rapport aux œuvres et au monde (quand les « génies des lieux » viennent à vous, « vous parler« ) est à portée de main, de sens

_ des cinq sens, et en liaison avec l’intelligence, la mémoire, l’expérience (et la culture : et personnelle et commune, qui en émane) : c’est là le sens de « æsthesis » _,

de tout un chacun

_ ce que Mikel Duffrenne (1910-1995) nommait « le poétique » (cf le livre éponyme, « Le Poétique« , aux Puf, en 1963) _ ;

et sans forcément grande culture ; rien qu’en se détournant si peu que ce soit des clichés, et en prêtant nos sens à la beauté du monde, du réel (de la « nature« , disait-on autrefois), à la « vérité » (désencombrée, un peu plus dénudée) des choses et des personnes.

C’est un « dialogue« , en effet _ vous le dites _ ; c’est une écoute réciproque (entre les choses _ et les autres _ et nous) : voilà ce qu’est l' »acte esthétique » dont parlent si bien et Baldine Saint-Girons en son si beau « L’Acte esthétique » (aux Editions Klincksieck) et Marie-Josée Mondzain en son si essentiel « Homo spectator » (aux Editions Bayard) ; elles-mêmes étant des personnes « vraies » : je puis vous l’assurer : je les ai « rencontrées »…

La vie d’un blog doit être, en mon idée, une vraie vie « culturelle« 
_ au-delà de ce qui,
en ce mot (de « culturel« ) et en la chose qu’il peut désigner,
mérite, et à très juste titre, la sévérité d’un Michel Deguy (passim, ou, par exemple _ et c’est un livre lui aussi très important _, « Le sens de la visite » (aux Editions Stock, en août 2006) _ ;
et doit, cette « vie » d’un blog, « étendre » au-delà des frontières (d’un pays, et même, peut-être d’une langue _ ici le français, qu’il s’agit de « servir »),
et au-delà des mers (et océans : n’est-ce pas l’ami Denis Grenier à Québec ?)
_ grâce à ce que Bernard Stiegler appelle l' »Ars Industrialis » _,
ce qualitatif _ distinct du quantitatif, qui avec l’argent et la numérisation, aujourd’hui règne _ de l’être-au-monde

_ ce « je ne sais quoi » et « presque rien« , disait si bien Vladimir Jankélévitch  (1903-1985) en son « Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien » aux PUF, en 1957, puis, en une version révisée, aux Editions du Seuil en 1980 _

qui jadis pouvait « se confier » avec liberté et audace _ « esprit », « wit » _ dans l’espace (« non in-humain »
_ pour continuer avec le vocabulaire de Bernard Stiegler)
d’un salon, « à la Ville »
(par rapport, alors, « à la Cour » :
soit à Paris,
par rapport à Versailles, à ce moment-là de notre Histoire),
quand « la Ville » se donnait une jubilatoire et consistante
_ enfin parfois ! pas toujours… _ « liberté de juger«  _ au sens de Kant,
ou de Nietzsche,
ou de Vladimir Jankélévitch _,
je veux dire une « liberté de juger effective« , et pas (trop) illusoire,
pas rhétorique (« bon mot« , ou « dernier mot » qui méritent _ « bête » et « méchant » qu’ils signifient alors : « la bêtise, c’est de conclure« , dit Flaubert (à compléter par le travail d’Alain Roger « Bréviaire de la bêtise« , aux Editions Gallimard en février 2008) _ ; qui méritent si mal leur adjectif !) :
ce qui (« liberté de juger effective » et vraie !) n’était pas nécessairement le cas de toutes les bouches,
ni de toutes les têtes, bien sûr
(le film de Patrice Leconte « Ridicule »
_ sorti en mai 1996 ; le DVD est édité par Universal, en avril 2005 _
en donne peut-être une idée,
quand les choses dégénèrent, vers la décennie 1780…
et que certaines de ces têtes vont tomber
dans la sciure des paniers au-dessous du couteau de la guillotine) ;
mais quand même !…

La « république » des personnes
a besoin d’un minimum d' »esprits »  (et « âmes ») authentiquement libres,
ouverts, curieux, et « échangeant » leur « juger »

_ « penserions-nous bien, et penserions-nous beaucoup, si nous ne pensions pas _ au sens de ce qu’est véritablement « penser » : juger avec justesse _ pour ainsi dire en commun avec d’autres, qui nous font part de leurs pensées, et auxquels nous communiquons les nôtres ?« , proclame hardiment Kant en un article dénonçant la censure (« La Religion dans les limites de la simple raison« , disponible aux Editions Vrin), en 1793 _

hors côteries et propagandes,
plus ou moins, mais pas nécessairement, non plus, stipendiés ;
avec d’autres qui les « aident« , tant par le savoir que par le débat :
disputer à vide
et incompétemment
n’est que vaine opinionite ! maladie endémique en cette post-modernité _ ;
en « ajustant » mutuellement,
et les uns avec les autres, en s’écoutant _ avec exigence de vérité _ « goûter »,
les « essais » de leur goût (« sapere« )

_ ce « goût » se trouvant
sempiternellement « en formation », et en métamorphoses (= « plastique » : à la Montaigne) _ ;
par là fondamentalement humbles et modestes, ces « essais« ,
rien qu’avec le souci de la vérité de ce que ce goût se formant
apprend à toujours mieux
_ si possible _ accueillir et recueillir de l’objet visé même,
sans conformisme
(ou suivisme _ ni sectarisme),
de quelque nature qu’il soit, en conséquence
_ à l’encontre des « meneurs d’opinion »
et autres « tendanceurs »
travaillant pour des « marques » (ayant pignon sur rue, et affichage mondial) du « marché »
(cf ici le très perspicace Dany-Robert Dufour : « Le Divin marché _ la révolution culturelle libérale »
(aux Editions Denoël, en septembre 2007 ;
après « L’Art de réduire les têtes« , en 2003,
et « On achève bien les hommes« , en 2005, aux mêmes Editions Denoël) ;

avec d’autres qui les « aident« , tant par le savoir que par le débat, donc
à toujours un peu plus de justesse
dans la délicatesse (qualitative ; hors algorithme) de ce « juger »
avec ouverture (de culture) et allégresse et humour, si possible, d’esprit
et d’âme ;

tirant _ ce débat donc, je ne le quitte pas _ ceux qui « suivent », et cela à l’opposé des tendanceurs,
vers ce « haut »
du respect impératif et prioritaire de l’objet
visé
_ nature, lieux,
œuvres
,
au lieu de la mousse vaine et asphyxiante
de bouches seulement _ vides _ de pauvres ego ;

pauvres ego vendus souvent aussi aux propagandes
et autres fausses « modes »
se « démodant » tout aussi artificiellement qu’on les a fait apparaître…
Loin de l’idée (et promesse « tenue ») de fidélité…
Là-dessus, lire « Résister au bougisme _ démocratie forte contre mondialisation technophobe« ,
de Pierre-André Taguieff (aux Editions Mille et une nuits, en juin 2001)…


Et pour terminer sur la « formation » (infinie) du goût en musique, plus particulièrement,
j’évoquerai la mémoire et le souvenir de deux personnes de radio _ exemplaires _ auprès desquelles
j’ai, personnellement, régulièrement beaucoup appris

à « écouter » (et aimer : est-ce éloigné ?) :
Jacques Merlet, bordelais natif de Sainte-Foy-la-Grande,
formidablement généreux, et de passion formidablement communicative des « Arts Baroques » sur France-Musique : salut Jacques !
et la regrettée Claude Maupomé _ talençaise il me semble _, dont l’immense talent
était d’inviter à son « Comment l’entendez-vous ? » de deux heures qui passaient à des galaxies de l' »ennui« 
_ je retourne ici (à l’envoyeur, en quelque sorte) le mot du blogueur du site du Monde qui s’est ennuyé, le malheureux (par difficulté à sortir de son quant-à-lui, peut-être), aux si belles photos _ « virgiliennes« , dit-il : je crains que ce soit de piètre augure, eu égard au critère-« canon » de « modernisme » qui fait son credo… _ de
« Littoral des lacs » de Savoie de Plossu ;
Claude Maupomé dont l’immense talent était
d’inviter des « amateurs » (mélomanes) passionnés qui ouvraient (aux « écouteurs » de leur passion, par cette émission), à leur tour, de vastes territoires guère fréquentés (voire des « continents entiers« …) de musique _ tels, par exemple, en mon cas, les incomparables Josquin Des Près et Carlo Gesualdo, Prince de Venosa ;
le contraste étant, d’ailleurs, assez cruel pour les quelques (rares) invités « qui n’aimaient pas vraiment »
_ à la forme intransitive, le verbe « aimer vraiment« , ici ! _ ,
et donc n’avaient _ les malheureux... _ rien de vrai à vraiment partager (dire) : cela pouvait aussi arriver… ;

avec, encore,
cette note-ci, en surfant à l’instant (à la pêche aux renseignements) sur le net :

« vendredi 07 avril 2006
Comment l’entendez vous ?

En attendant de trouver le temps de rédiger une note plus conséquente,
je veux rendre hommage ici à Claude Maupomé,
décédée vendredi dernier
_ 31 mars 2006 _,
et dont les cendres ont été dispersées hier.
Claude Maupomé fut la délicieuse,
spirituelle, cultivée, pertinente et distinguée
productrice de « 
Comment l’entendez vous ? » sur France Musique,
émission qui a contribué de manière décisive
à mon éducation musicale,
et émission emblématique d’une qualité,
d’une exigence et d’une ambition
qui me semblent révolues
« ,
selon l’auteur de cette note (en ce blog « l’esprit de l’escalier ») que je m’empresse de co-signer,
si son auteur m’y autorise ; et
accessible ici :
http://l-esprit-de-l-escalier.hautetfort.com/archive/2006/04/07/comment-l-entendez-vous.html
Fin de la note.

Je termine ma remarque sur Claude Maupomé
et son indispensable « Comment l’entendez-vous ? » :

tant le désir passionné de découvrir, aimer, et partager _ serait-ce donc distinct ? _ (l’amour) des œuvres,
donne, et généreusement _ cher Jacques Merlet, chère Claude Maupomé _, une joie
qui emplit en se répandant :

au-delà de l' »Ethique » de Spinoza,
on se réjouira au (et du) magnifique travail de Jean-Louis Chrétien : « La Joie spacieuse _ essai sur la dilatation » :
des saints Augustin, Grégoire le Grand et Thérèse (d’Avila),
à Walt Whitman, Paul Claudel et Henri Michaux,
par, par exemple, un étonnant Thomas Traherne,
et un Bossuet (cf ici le CD du « Sermon sur la mort« ,
clamé, plutôt que dit, par Eugène Green _ salut à toi ! _, en ouverture de sa collection Voce Umana,
collection de littérature orale, aux Editions Alpha : CD Alpha 920, en 2002) :
aux Editions de Minuit, en décembre 2006,
cette « Joie spacieuse » ;
à cultiver « sans modération » comme ils disent…

Se reporter encore une fois à Montaigne :
« Pour moi donc, j’aime la vie
et la cultive telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer
« …
_ « Essai«  De l’expérience« , livre III, chapitre 13 ;
le mot crucial étant celui de « cultiver« , à la forme active et expérimentée…
Car, pour « la vie« ,
« nous l’a Nature mise en main, garnie de telles circonstances et si favorables,
que nous n’avons à nous plaindre qu’à nous si elle nous presse
et si elle nous échappe inutilement
« ,
vient-il de dire deux pages avant,
en commentant
« cette phrase ordinaire de passe-temps
et de passer le temps« …
Avec cette conclusion provisoire du paragraphe :
« A mesure que la possession du vivre est plus courte,
il me la faut rendre plus profonde
et plus pleine.
« 

Et il enchaîne :
« Les autres sentent la douceur d’un contentement et de la prospérité ;
je la sens ainsi qu’eux,
mais ce n’est pas en passant
et glissant.

Si
la faut-il étudier,
savourer
et ruminer,
pour en rendre grâces condignes
à celui qui nous l’octroie
«  :
tout un art ;
mais à portée humaine,
« non-in-humaine«  _ cher Bernard Stiegler _, du moins…
Titus Curiosus, ce 17 Juillet

Probité et liberté de l’artiste

15juil

A propos de « Littoral des lacs » de Bernard Plossu (édité par Images En Manoeuvres Editions / Conservatoire du littoral, en mars 2008)

Exposition de Bernard Plossu, Littoral des lacs, Annecy

J’avais l’intention,
pour poursuivre mes articles de photographie,
de publier mes échanges de mails en mai avec Bernard Plossu :
après celui à propos de l’invito alla mostra milanese « Attraverso Milano »
(et ma remarque  « Kafka » pour ce Milan-là ) ;

celui à propos de l’album
(édité par Images En Manoeuvres Editions / Conservatoire du littoral, en mars 2008)
« Littoral des lacs »
(et ma remarque « Rousseau » pour cette Savoie-là,
reprise par Bernard Plossu :
« oui rousseau et kafka
c’est formidable tes commentaires !
necessaire .
plo
 » )

d’autant plus vite que
le mot de « Rousseau » dans ce mail de Bernard Plossu du 22 mai à 7h48
« oui rousseau et kafka »
est, « rapporté » en cet état (en l’article du blog du 4 juillet)
hors de compréhension du lecteur…
Ce qui est un comble (d’incongruité)
pour un blog !…

Mais l’énigme (« oui rousseau et kafka » ?),
pour qui s’en serait avisé (!!!),
va immédiatement se résoudre ;
et au-delà de ce que je pouvais en imaginer
,
attendre, espérer, on va le constater : vive le blog !!!

Car voici que Bernard Plossu,
de retour de ses campagnes photographiques
et bretonne (trois îles : Houat, Molène et Bréhat)
et espagnole,

prenant connaissance de mes courriels (certains anciens de trois semaines)
_ au milieu de la ribambelle de ceux qui ont pu s’accumuler ce long temps-là _,

réagit à mon article « Attraverso Milano : le carton d’invitation alla mostra » du 4 juillet,
et m’adresse
_ cette nuit : 1h07, 1h09 et 1h10 _
3 courriels passionnants
qui y ont indirectement ou directement « trait »
: qu’on en juge !

En deux temps, si on le veut bien :
d’abord nos échanges de courriels de mai.
Puis, les tout récents, de juillet.

D’abord, en un premier moment, l’échange
(sur une durée de quinze jours, déjà : le « photographe » était en « expédition »)
des courriels des 6, 21 et 22 mai :

De : Titus Curiosus
Objet :  « Littoral des lacs » : un sublime de poésie de la simplicité
Date :     6 mai 2008 06:52:36 HAEC
À : Bernard Plossu

face à l’album « Littoral des lacs »
entre mes doigts tournant les pages, et sous mon regard

et juste après le courriel expédié 6 secondes auparavant
Objet :  Courir après son ombre en quel couloir ? En minuscules géantes : Milano !…
Date :     6 mai 2008 06:52:31 HAEC

à propos, lui, de l’image « fabuleuse »
du carton d’invitation à « Attraverso Milano » à la galerie Bel Vedere
(et accessible sur « En cherchant bien » depuis le 5 juillet)…

Voici pour « Littoral des lacs » :

Quelle merveille de poésie que « Littoral des lacs » !

Quelle connaissance tranquille, sublimement paisible,
à la distance qu’il faut des lieux,
tout à la fois connus (aimés) et respectés,

dans une familiarité d’ il y a longtemps, d’il y a toujours,
d’enfance même
sans doute _ ce serait le « secret » _,
car pas même « retrouvée »,
mais simplement fidèle : toujours là, en quelque sorte _ mais il a aussi fallu y arriver _
et elle, et toi ;
vous donc ensemble ;
de compagnie,
mais sans confusion aucune,
sans effusion bruyante de fusion : on peut y goûter la qualité et les couleurs du silence,
à la distance « naturelle » d’un respect où l’on perçoit, si l’on s’y focalise si peu que ce soit,  l’effleurement du vent, de la brise, dans les feuillages qui chantonnent.

Compagnie vrai amour,
comme la ritournelle, en accompagnement, donc, à peine fredonnée, d’une chanson de ce pays même,
gambadant juste sur la pulpe des lèvres
_ et pas à plein gosier.

N’est-ce pas aussi,
simplement,
le résultat honnête du cahier des charges,
et ordre de mission
d’un « Conservatoire, en effet,  du littoral »
?
Un « Conservatoire » qui n’en est plus à faire ses gammes (avec ses couacs),
mais qui s’enchante de la petite sereine musique (de jour) du fruit de son discret travail…

Une merveille de simplicité de l’expérience, tout simplement,
oui.

Titus

Ensuite, ceci, en deux temps, l’espace de la nuit :
d’abord, le 21 mai au soir :

De : Bernard Plossu
Objet :  Rép : « Littoral des lacs » : un sublime de poésie de la simplicité
Date :     21 mai 2008 22:37:48 HAEC
À : Titus Curiosus

wow , merci de ce que tu dis des lacs en photos !
romantique à souhait , hein ?
plo

Puis, le 22 mai au matin,
et en « réponse » aux deux courriels à la fois (sur « Milano » et « les Lacs » de Savoie) du 6 mai (6h52, les deux…) :

De :  Bernard Plossu

Objet :     Rép : « Courir après son ombre en quel coul…
Date :     22 mai 2008 07:48:12 HAEC
À :  Titus Curiosus

oui rousseau et kafka
c’est formidable tes commentaires !
necessaire .
plo

Voilà pour le premier moment de l’échange.

Et voici maintenant ce que donne la seconde « étape » :

Au départ, mon envoi de l’article « Attraverso Milano : le carton d’invitation alla mostra » du 4 juillet,
au sein de ce courriel du 10 juillet :

Cher Bernard,

Le blog a démarré sur mollat.com
avec 3 articles :
le premier (« le carnet d’un curieux« ) de présentation de ce blog
le second (« Musique d’après la guerre« ) sur un CD de quatuors à cordes d’un musicien (1878-1955) ayant survécu à 14-18 et s’étant mis à composer en 1919 : Lucien Durosoir
le troisième (« Attraverso Milano« ) sur la carton d’invitation (« invito« ) de ton expo milanaise.

Déjà, je suis curieux d’avoir tes impressions de chacun des trois, un peu « détaillées ».
On peut aussi se parler au téléphone, si tu préfères parler qu’écrire un peu en détails… Enfin, comme ça te chante, bien sûr !..

Je n’ai pas mis en ligne les 2 articles (« Ombres dans le paysage _ pays, histoire (et filiation) » ; et « Lacunes dans l’Histoire« ) à propos du récit d’enquête historique « Jeudi saint » de Jean-Marie Borzeix
pour plusieurs raisons :
d’abord ils sont très longs (J-M Borzeix qualifie le premier d' »étude critique consacrée à (s)on livre« ) ;
ensuite, j’aimerais que ces deux articles (que je trouve « importants »…) disposent de photos (!) ;
et enfin, je vais les faire précéder d’un « avertissement » quant à leur « longueur » : peu banale sur un blog.

Et même j’ai rédigé un article de réflexion sur la longueur (et le style) de mes articles.
Et ce que j’appelle ma « méthode » : « attentive intensive« …

Je vais te l’adresser aussi :
d’abord, pour que tu y mettes à ton inspiration une ou deux photos…
Faire dialoguer texte et photo provoque un formidable gain d’espace pour la pensée-réflexion du lecteur…
Et aussi pour savoir si j’y laisse ou pas une remarque concernant l’histoire de la photo du carton d’invitation d' »Attraverso Milano« ,
cette photo « fabuleuse »
_ je ne l’ai pas laissée.

J’ai en préparation plusieurs articles :
outre celui de réflexion sur la longueur et le style des articles…

_ d’abord, sur le livre « Littoral des lacs« ,
sur le principe de l’article « Attraverso Milano » :
c’est-à-dire me contenter de reprendre notre échange de mails en mai dernier
(ou une sélection : il y a parfois des coupures à faire),
à propos, donc, du livre cette fois, « Littoral des lacs« .
A ce propos, ce serait bien de disposer d’une image de bonne qualité
de la photo de couverture du livre : « Marais de l’Enfer _ lac d’Annecy »
j’ai bien, déjà, celle du carton d’invitation au vernissage,
mais la qualité de l’image importe aussi…
Je viens de re-regarder le livre en recherchant la légende de la photo
(je me souvenais qu’elle était prise au lac d’Annecy) : quelle beauté paisible en émane…
Oui, le « Rousseau » de l' »état _ fictif _ de nature« ,
enfin presque : parce de tels paysages demeurent « travaillés » !..

_ ensuite, sur le DVD du film de David Cronenberg _ cinéaste qui m’intéresse _ « Les promesses de l’ombre » _ :
l’article (avec la thématique des « ombres » de mon article _ non encore en ligne _ sur « Jeudi saint« ) est pas mal avancé ; mais je suis maniaque : j’allonge, je coupe, je peaufine… jusqu’à ce que ça « aille » à peu près…

_ puis, j’en ai 3 en projets assez simples :
un petit article sur « Prendre soin _ de la jeunesse et des générations » de Bernard Stiegler (chez Flammarion), que je viens de terminer de lire.
Le sujet est crucial : former l’attention ; et protéger contre les politiques audiovisuelles de destruction de l’attention.
J’essaierai d’être bref et percutant : il y a le feu au lac !!!

Et  deux autres petits articles de photo sur des livres forts tous les deux :
sur « Prague 1968 » de Joseph Koudelka (aux Editions Tana) : magnifique de vérité (et à pleurer, comme on les voit pleurer de rage !!!
et « The Americans » de Robert Frank (aux Editions Steidl) : un reportage d’est en ouest et du nord au sud aussi perspicace que riche…

_ puis, il va me falloir me mettre à l’article sur « Les années d’extermination » de Saul Friedländer, une très grande chose pour le XXième siècle ; et pas seulement (hélas !)…

J’espère que tes moissons bretonne et espagnole ont été opulentes : je ne me fais pas trop de soucis là-dessus…

A très bientôt, et de diverses façons,

Titus,
toujours trop abondant, comme tu le constates !

Et ce matin, je trouve une brassée de messages de la nuit,
dont des trois-ci qui font passer le « dossier » « Littoral des lacs » à un cran (de « passionnant ») supplémentaire :

dans l’ordre :

De : Bernard Plossu
Objet :     Trans. : BERNARD EN RESIDENCE EN BRETAGNE par le TELEGRAMME DE BREST !
Date :     13 juillet 2008 01:06:58 HAEC
À : Titus Curiosus

infos

b

De :  Ami
Date : 5 juillet 2008 15:29:57 HAEC
À : Bernard Plossu
Objet : BERNARD EN RESIDENCE EN BRETAGNE par le TELEGRAMME DE BREST !

http://www.letelegramme.com/gratuit/generales/regions/morbihan/bernard-plossu-en-residence-en-bretagne-20080630-3356338_1378695.php#

Bernard Plossu. En résidence en Bretagne
C’est l’une des figures de la photographie, souvent en voyages, presque toujours en noir et blanc, un grain épais qui l’a rendu célèbre. Bernard Plossu est en résidence en Bretagne. Rencontre à Lorient.
Bernard Plossu est en résidence sur trois îles bretonnes : Houat, Molène et Bréhat.

Trois galeries, trois départements, trois îles et un photographe.
Le Lieu, à Lorient, L’Imagerie, à Lannion (22) et Le Centre Atlantique de la Photographie, à Brest (29) invitent Bernard Plossu à une résidence sur les îles d’Houat, Molène et Bréhat, le projet Archipel, et trois expositions en novembre.
C’est un regard nouveau qui se pose sur la Bretagne, celui d’un grand reporter photo, homme du lointain : Nevada, Californie, Sahara ou Mexique…
Toujours avec le même objectif de 50 mm, celui de son Nikkormat, Bernard Plossu est un grand monsieur de la photographie :
« Ma photo a la rigueur de l’École française, un mélange de Corot et de Malevitch, une sobriété qui paraît facile », explique-t-il.
C’est cette sobriété et son grain qui le font choisir pour réaliser une photo d’Isabelle Huppert pour un livre et une exposition sur la comédienne, aux côtés d’illustres photographes, Boubat, Doisneau, Gassian, Lartigue ou encore Lindbergh…
« Je redécouvre la France. »

Il voit la Bretagne comme les falaises de Californie, la même rudesse, le même côté sauvage.

« J’ai toujours habité très loin, je redécouvre la France : le magnifique Aubrac, l’Aveyron, le Jura, la Bretagne… J’y trouve ce que j’allais chercher ailleurs… Des coins sauvages. En Bretagne, ce sont les belles lumières, les beaux gris. »

Très vite, dès ses premiers pas sur l’île d’Houat, Plossu a beaucoup photographié, dès le premier jour, paysages et collines. « Après, j’en ai moins fait. Je vais peut-être aller refaire une photo avec une lumière différente, mais j’ai un ressenti immédiat. » Une bonne sœur qui passe devant une vitrine : photo. Une femme dans la rue : photo. « La photo vient à moi. »

Nourri de peinture, de Constable à Courbet, mais surtout très influencé par le cinéma, et particulièrement la Nouvelle Vague. Il a aussi travaillé sur quelques films de Robert Altman. « Je suis beaucoup allé à la Cinémathèque, et petit, j’étais dans la même classe que Frédéric Mitterrand : il était premier de la classe, et moi dernier ! »

Puis celui-ci :

De : Bernard Plossu
Objet : Trans. : Une critique acerbe de « Littoral des Lacs » !
Date : 13 juillet 2008 01:09:26 HAEC
À : Titus Curiosus

t avais je envoyé ça ?
plo

_ réponse, au passage : pas encore !!!
maintenant, oui !

De : Ami
Date : 26 juin 2008 15:55:08 HAEC
À : Bernard Plossu
Objet : Une critique acerbe de « Littoral des Lacs » !

Saluti  Mister Plo !
Je crois bien, que tu étais à Thonon, hier soir, pour le vernissage de Littoral des Lacs, enfin, je suppose !
J’ai pour ma part bien aimé l’extrait du texte de François Carassan déniché , je ne sais trop où , sur le WEB !

Désolé, de voir cette critique à l’égard de ton ouvrage !

On s’en fout , on ira se faire des photos dans un paradis perdu, loin des critiques !
ça pourrait faire une chanson,comme celle de Bénabar !
Bien à toi
Ami

http://deslivresetdesphotos.blog.lemonde.fr/

14 mai 2008

Littoral des lacs

®© Bernard Plossu, « Littoral des lacs« , Images en Manoeuvres Editions, 98 pages.

Bernard Plossu LITTORAL DES LACS

« J’ai pu être un ardent admirateur de Bernard Plossu. Notamment du « Jardin de poussière » que je tiens, aujourd’hui encore, comme l’une des plus magiques séries de photo minimaliste. Ce mince ouvrage publié en 1989 par Marval me semble toujours l’expression d’une photographie “point, ligne, plan” à rebours de toutes les représentations exaltées de l’Ouest américain. De Plossu, j’aime également quelques images isolées : cette branche de palmier dans le vent, cette vision d’un enfant sur un pont de bateau… Son « Voyage Mexicain » (Contrejour, 1979) tenu par certains comme fondateur d’une modernité “on the road” de la photographie européenne me laisse plus dubitatif. De nombreuses images sont faibles même si elles vibrent d’une tension toute adolescente. D’être bien plus tard, embringué au côtés de Max Pam ou de Paolo Nozolino dans la défense de la “photographie créative” chère à Jean-Claude Lemagny, a offert à Plossu une reconnaissance institutionnelle, en France du moins. Problème, me semble-t’il, cette doctrine a fossilisé ses adeptes dans une démarche poétisante refusant la déferlante documentaire qui a marqué la photographie contemporaine depuis vingt ans.

Conséquence de l’alignement de Plossu sur l’institution, les commandes publiques pleuvent sur lui depuis des années, donnant la plupart du temps lieu à parution. Voici, à titre d’aperçu, un petit florilège de publications de commande : « Paris, Londres, Paris » (1989), « L’Archipel de Riou » (1993) « Marseille en autobus » (1996), « Porquerolles, Port-Cros : Bernard Plossu, les îles » (1999), « Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, Mémoires » (2002), « Au Nord » (2006), « Des mots de lumière dans les musées de Strasbourg » (2007), « L’étrange beauté de la ville d’Hyères » (2007)… Si l’on ne peut que se réjouir qu’un auteur trouve des commanditaires, on ne peut que déplorer l’esprit moutonnier des institutionnels à la recherche de “valeurs sures” et surtout non conflictuelles.

Le Conservatoire du Littoral, institution précieuse qui soustrait des milliers de kilomètres de côtes et de bords de lacs à la spéculation, a donc à nouveau passé commande à Bernard Plossu pour « Littoral des lacs » . Le résultat en est navrant. Sentiers herbeux sinuants vers la rive, paysages lacustres masqués par les feuillages… Le photographe fait de son mieux pour illustrer la beauté virgilienne de ces paysages protégés. Pourtant, le lecteur s’ennuie à la vue de ces images bucoliques que nulle modernité ne vient troubler, ni dans le cadre, ni dans la prise de vue. Le talent de Plossu s’épuise dans ces exercices de style et on en vient à se demander si Conservatoire a forcément partie liée avec conservatisme. »

Voilà la « critique acerbe« , donc.

Et enfin, au moins provisoirement, du moins,
mais l’aventure (des courriels ; et du blog) déjà me paraît, cette fois encore, prodigieuse
_ vivent les artistes ! ils font déjà parler, même s’ils n’enchantent pas
tout le monde
tout le temps !..
et amitiés comme déplaisirs y ont leur place _

ceci :

De : Bernard Plossu
Objet : Trans. : Une critique acerbe de « Littoral des Lacs » !
Date :     13 juillet 2008 01:10:06 HAEC
À : Titus Curiosus

et ma reponse
plo

De : Bernard Plossu
Date : 30 juin 2008 18:12:20 HAEC
À : Ami
Objet : Rép : Une critique acerbe de « Littoral des Lacs » !

salut Ami

de retour …. d’une commande justement, dans les iles bretonnes !

je trouve ton mail,
et ce qui est interessant , c’est que cette commande pour les Lacs Alpins du conservatoire du Littoral,
je l’avais faite justement exprès dans cet esprit romantique XIX° siecle  avec résolument rien de moderne   ,
car c’est l’ambiance que les lieux m’avaient  très explicitement dictée !
( pensé à Balzac ) .

la critique du coup devient  tres interessante
car ces photos sont bien faites ainsi exprès ,
et non  pas par facilité ou nullité banale … !
il ne s ‘agit en aucun cas  » d’une commande de plus » ,
mais de quelque chose au ton bien réfléchi :   et de tout façon je ne bacle jamais une commande , c’est trop important !

et c’est publique , pas le droit de prendre ça à la légère .

ton amigo
el plo

ps : si tu repondais a ce blog ,  ce que je te dis compte , hein  !

Alors ma toute première réaction (« Rousseau« ) à l’album s’éclaire aussi encore
Qu’on relise un peu et « Les Confessions » _ savoyardes pour beaucoup, auprès de Madame de Warens ;
et « Les rêveries d’un promeneur solitaire« , même si ce n’est pas tout à fait la Savoie, et un peu plus tard qu’en la jeunesse,
à l’île Saint-Pierre du lac de Bienne…
Pas assez « moderne » ni « minimal« , forcément (c’est-à-dire « moderniste« ), pour le critique doctrinaire, arc-bouté sur sa vulgate de l’histoire de la photographie (ses « dogmes », « chapelles », « hérésies »).
Quand Plossu, lui (« c’est l’ambiance que les lieux m’avaient très explicitement dictée !«  : on ne saurait mieux dire l’exigence ; et la maîtrise artistique _ « poétique » pouvant vous faire carrément fusiller du regard… _ de la visée toute d’humilité et de grâce du regardeur vrai de ces lieux) ;

quand Plossu, lui, est tout à la fois probe et libre : face à
_ et avec _
l’objet :
en son altérité foncière singulière
: d’objet,
abordée avec respect (réciproque) et énigmatique :

soit, le fin mot de l’énigme des choses _ pas de l’ego !
et de son importune obscénité bouffie de vanité _
en leur altérité…

Titus Curiosus, ce 13 juillet 2008

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