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Découvrir la très belle (et singulière) Musique de Piano de Jean Roger-Ducasse (1873 – 1954), bordelais, par le pianiste Joel Hastings (1969 – 2016), canadien…

04mai

Mes lectures des lettres de Maurice Ravel dans l' »Intégrale » de la Correspondance de Maurice Ravel (Edition de 2018, par Manuel Cornejo),  à l’occasion de mon suivi de la genèse, puis des édition et publication, ainsi que des représentations, du « Tombeau de Couperin« ,

puis hier et ce matin du sympathique « Ravel » de Sylvain Ledda (Folio Biographies n°136), paru en octobre 2016,

m’ont donné la vive curiosité de découvrir la musique de cet ami et contemporain de Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937) qu’a été compositeur le bordelais Jean Roger-Ducasse (Bordeaux, 18 avril 1873 – Le-Taillan-Médoc, 19 juillet 1954)…

Ainsi ai-je pu dénicher, chez mon disquaire préféré, le CD Grand Piano GP 724 « Roger-Ducasse – Piano Works » du pianiste canadien Joel Hastings (Sault-Ste-Marie, Ontario, 22 juillet 1969 – Saline, Michigan, 26 mai 2016), enregistré à Tallahassee, Floride les 6 et 7 janvier 2016.

Quelle belle musique ! Originale et tout à fait singulière !

Ni du Fauré, ni du Debussy, ni du Ravel, mais bien du Roger-Ducasse…

Et quelle superbe interprétation _ écoutez-ici !! _ de Joel Hastings,

décédé accidentellement à l’âge de 46 ans 5 mois à peine après cet enregistrement…

Ce samedi 4 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et les premières réceptions, à la lecture et au concert, du « Tombeau de Couperin » en 1918-19-20…

28avr

En suite directe à mon article d’hier samedi 27 avril « « ,

voici d’abord _ et comme annoncé hier samedi en mon article _ quelques intéressantes réactions _ fraîches !, voire vachardes… _ de réception, ou bien à la lecture de la partition, ou bien à l’écoute du concert de création de ce « Tombeau de Couperin« ,

telles que Manuel Cornejo les a collectées et citées en son indispensable « Intégrale » de la Correspondance de Maurice Ravel, dont la première édition est parue au mois d’octobre 2018.

La toute première citée, page 594, se trouve en une lettre de Jean Roger-Ducasse (Bordeaux, 18 avril 1873 – Le Taillan-Médoc, 18 juillet 1954) à son ami André Lambinet, datée du 6 mai 1918 :

 

 

« Ravel vient de terminer 6 pièces vides et charmantes, dans la veine du 18e, intitulées Le Tombeau de Couperin. Chacune est dédiée à un ami mort à la guerre. Pourquoi Tombeau de Couperin() Ce qui est un peu outrageant, c’est que cette Forlane, ce Rigaudon, cette Fugue, danses légères mais danses, sont dédiées à des morts !  Et l’on ouira la jeune veuve _ Marguerite Long _ interpréter avec une verve étourdissante le Rigaudon _ en fait la Toccata _ dédié à la mémoire de Joseph de Marliave, mort au champ d’honneur ! Vous ne bondissez pas ? Alors, aurais-je l’esprit mal fait ? Je n’ai rien dit hier soir, parce qu’elle ne sait pas encore… mais le jour où elle sera en pleine possession de ces œuvres,, je sors froidement mon paquet. Il y aura des larmes et des grincements de dents, elle avouera que j’ai raison, qu’elle ne s’était pas rendu compte, qu’elle n’a vu là qu’un hommage harmonieux à son mari, que Ravel est un être bizarre… et elle les jouera. J’amènerai une claque pour faire trisser le Rigaudon, et elle le trissera ! Quelle tristesse… Ces six pièces sont faites avec rien, mais ce rien est subtil, amusant et fin. Pas une mesure d’émotion, et cependant le souvenir de ces soldats l’exigerait. Il aurait pu offrir les dédicaces à des danseuses ou à des filles de joie, et la musique se serait mieux comprise. A-t-il voulu ruser, et établir un paradoxe entre les sons de ses notes et les syllabes glorieuses de ces noms ? Il se peut, mais cela devient cynique. Il n’a peut-être pensé à rien, mais mon bonhomme est un de ces êtres qui pensent toujours quelque chose : que ces mânes saintes lui pardonnent, moi pas ! Vous me direz, si vous souffrez de l’estomac, que moi aussi j’ai fait une Sarabande. C’est juste : mais dans le recueil de Ravel, c’est la seule danse grave et triste qui ne soit point venue à son esprit, je ne dis pas à son cœur, et puis j’ai entouré la mienne d’un cortège douloureux et j’ai éteint le souvenir de la Danse dans un andante qui est le regard donné à une tombe qui se ferme. Et si l’on veut connaître la force de mes regrets et leur émotion, je demande qu’on écoute la Sarabande « .

Et Manuel Cornejo de citer alors en note de bas de page une critique de Pierre Lalo (parue dans Le Temps, le 16 novembre 1920) :

« Le Tombeau de Couperin par M. Ravel, c’est gentil. Mais combien plus gentil serait un Tombeau de Ravel, par Couperin ! « …

Et aussi, aux pages 645-646, cet extrait de lettre, lui aussi significatif, de Francis Poulenc à G. Jean-Aubry, en date du 10 juin 1919  :

«  (…) J’ai entendu aussi cet hiver Le Tombeau de Couperin, vous savez mon admiration pour Ravel, aussi je n’hésite pas à vous parler franchement, hé bien je n’aime pas du tout, mais du tout cette nouvelle œuvre que je trouve froide, pleine de procédés et uniquement admirablement faite. J’aimais tant le Trio que ma déception a été grande. Cette œuvre Surraveliste m’a produit l’effet des dernières œuvres de Fauré où celui-ci surenchérissant sur d’anciens procédés a fait œuvre parfaite mais vide d’émotion. (…) J’ai été aussi navré du peu d’œuvres d’orchestre nouvelles données aux concerts parisiens cet hiver ; mon cher calme plat, à noter simplement la prodigieuse Alborada de Ravel vraiment fantastique comme orchestration quoique rendue un peu Espagne russe de Rimsky par certaines percussions.« 

À suivre…

Ce dimanche 28 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

A découvrir : le piano de Jean Roger-Ducasse (1873 – 1954) par Patrick Hemmerlé

23juil

Parmi les musiciens français

contemporains de Lucien Durosoir (1878 – 1955) :

Jean Roger-Ducasse (1873 – 1954).

Et son œuvre de piano _ entre 1906 et 1921 _

interprétées par Patrick Hemmerlé :

un CD Melism MLS-CD 013.


Une découverte !


Le 18 juin dernier, sur son site Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé

m’avais mis la puce à l’oreille,

avec son article Le Piano de Pan.


LE PIANO DE PAN




Un mystère : la musique de Jean Roger-Ducasse reste le secret le mieux gardé _ en tout cas l’un d’entre ces derniers _ du piano français, connu d’une poignée de mélomanes qui savent ses somptuosités _ oui. Dominique Merlet aura tenté de lui rendre la place qu’il mérite aux côtés de Fauré, Debussy et Ravel, Martin Jones, encyclopédiste comme il sait l’être, l’aura gravée intégralement, mais il fallait probablement ce disque entêtant comme un parfum _ voilà _ pour en révéler enfin toute les splendeurs _ oui.


Le piano de Jean Roger-Ducasse n’est que panthéisme _ voilà _, paysages sonores où l’harmonie se sature et s’envole, les doigts rêvent, les notes sont des impressions de senteurs. Inimaginable poésie des timbres qui produit une musique aussi addictive par son imaginaire sonore que peuvent l’être les œuvres de piano de Georges Enesco._ c’est tout dire ! Si les pianistes les fréquentent peu, c’est parce qu’elles sont difficiles, pour les doigts certes, mais plus encore pour la mémoire : Roger-Ducasse divague, déteste les thèmes et les repères _ tel Debussy _, détruit l’harmonie de l’intérieur comme le faisait l’ultime fauréen, et dans les moments les plus sombres – qui n’abondent pas – fait toujours pénétrer cette lumière de soir d’été.


Il faut un poète pour saisir tout cela, et un sacré pianiste, Patrick Hemmerlé sur un magnifique Bechstein qui chante loin et mordore ses timbres, en éclaire toutes les complexités, élance les myriades de notes en scintillements d’étoiles (écoutez la première Etude !), modèle les rythmes fuyants (l’Etude en sixtes), fait entrer dans ces univers clos tout un jardin dans le vent (les sublimes Rythmes de 1917).


Il a en plus construit un programme parfait, herborisant uniquement dans les chefs-d’œuvre de ce compositeur que je n’en finis pas de découvrir, en m’émerveillant. Impossible de ne pas vous laisser fasciner par ce disque _ probablement _ vampirique.


LE DISQUE DU JOUR


Jean Roger-Ducasse (1873-1954)



Barcarolle No. 1 en ré bémol majeur
Etude No. 1 en sol dièse mineur
Etude No. 2 en la bémol majeur
Etude en sixtes en sol bémol majeur
Arabesque No. 1 en fa dièse majeur
Arabesque No. 2 en ut majeur
Rythmes en sol bémol majeur
Sonorités en la bémol majeur
Barcarolle No. 2 en sol bémol majeur
Barcarolle No. 3 en fa majeur


Patrick Hemmerlé, piano

Un album du label Melism MLS-CD-013



Photo à la une : le pianiste Patrick Hemmerlé – Photo : © Jean-Baptiste Millot


Ce mardi 23 juillet 2019, Titus-Curiosus – Francis Lippa

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