Se réenchanter à des chefs d’oeuvre interprétés de frais : de Schubert (II), le « Schwanengesang », par Julian Prégardien et Martin Helmchen (double CD Alpha 748)
19jan
Après le second volet _ le Quintette à cordes avec 2 violoncelles D. 956_ du double CD Alpha 748,
et l’appréciation qu’y porte Matthieu Roc, sur ResMusica,
proposée en mon article d’avant-hier (« Se réenchanter à des chefs d’oeuvre réinterprétés de frais : le Quintette à cordes avec 2 violoncelles D. 956 de Schubert, par Christian Tetzlaff, Florian Donderer, Rachel Roberts, Tanja Tetzlaff et Marie-Elisabeth Eckert (CD Alpha 748) _ ou la sublime transparence invisible rendue idéalement sensible…« ),
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voici que ce jeudi 19 janvier 2022,
c’est Jean-Charles Hoffelé qui consacre la chronique de ce jour sur Discophilia, au premier volet de ce double CD Alpha 748 :
le Schwanengesang D. 957, magistralement porté par le ténor Julian Prégardien et le piano de Martin Helmchen…
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Pourquoi si tardivement ces deux articles consacrés à de double CD paru cet automne ?
De même que pourquoi si tard mes deux propres articles ?..
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Parce que ces interprétations, magistrales, nécessitaient, pour être les plus justes possible, le temps de la maturation de l’écoute…
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Voici donc cet article intitulé « La mort ?« …
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LA MORT ?
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D’un tempo filant, son piano comme une guitare, Martin Helmchen emporte à tout crin le ténor d’Evangéliste de Julian Prégardien, Ganymède certain de ne pas mourir dans l’étreinte de l’aigle Zeus, et lui distillant des charmes. Vite, on ne saurait mourir !
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Mais la mort, c’est le Quintette, symphonie à cinq cordes, qui proclame son héros et le précipite au brasier, un Siegfried prêt au sacrifice dès la première rage des archets. Cet album nous cause d’Allemagne, noir, empoisonné, fatal ; au travers de Schubert, il convoque les affres d’un destin, celui d’une civilisation qui s’est exhaussée dans un imaginaire à jamais perdu hors des notes et des mots qu’il aura produits.
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Ces deux disques nous parlent de la conscience historique que de jeunes interprètes, des Allemands d’aujourd’hui _ voilà : a-romantiques, _, ont de leur âme, car outre-Rhin, l’âme est encore affaire de culture, on en rêverait en bord de Seine où la culture n’est plus qu’une _ inconsistante _ « manifestation »…
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Mais ne dévions pas. Julian Prégardien et Martin Helmchen sectionnent leur Schwanengesang après Aufenthalt, qui est un avertissement, « Fliessen die Thränen » _ « Mes larmes coulent »... D’un côté _ Ludwig _ Rellstab et sa poésie du sentiment, jusqu’à la vaine révolte, de l’autre _ Heinrich _ Heine et ses vers déjà d’un autre monde. Entre, Martin Helmchen met la respiration d’une Romance sans parole _ de Felix Mendelssohn _, comme un regret d’un temps _ de vie et heureux _ à jamais révolu.
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Puis le Chant du cygne retentit à nouveau, les brumes, l’abîme, la voix blanchie face au double _ « Der Doppelgänger« … _, le sinistre défi de L’Atlas. Un mot encore, pour Julian Prégardien qui parvient (le sait-il seulement ?) à être à la fois de timbre Ernst Haefliger et de mot Peter Schreier _ probablement : le double compliment est d’importance.
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Et puis, rincés, vidés, furieux peut-être, le noir Quintette vous engloutira dans son abyme _ mais implacablement a-romantique. Terminus.
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LE DISQUE DU JOUR
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Franz Schubert (1797-1828)
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Schwanengesang, D. 957
Schwanengesang, D. 744
Quintette pour cordes en ut majeur, D. 956
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Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
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Adagio non troppo (No. 3, extrait des « Lieder ohne Worte, Op. 30 »)
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Fanny Mendelssohn-Hensel (1809-1847)
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Schwanenlied (No. 1, extrait des « 6 Lieder, Op. 1 »)
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Julian Prégardien, ténor
Martin Helmchen, piano
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CD 2
Franz Schubert
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Quintette pour cordes en ut majeur, D. 956
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Christian Tetzlaff, violon
Florian Donderer, violon
Rachel Roberts, alto
Tanja Tetzlaff , violoncelle
Marie-Elisabeth Hecker, violoncelle
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Un album de 2 CD du label Alpha Classics 748
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Photo à la une : le ténor Julian Prégardien – Photo : © Peter Rigaud
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Ce mercredi 19 janvier 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa