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de quelques symptômes de maux postmodernes : 2) « l’inculture du résultat », selon Michel Feher

28avr

Suite de l’article précédent,

à propos des maux postmodernes (et de quelques uns de leurs symptômes)…

Après Erri De Luca et Naples, et l’Italie :

cet excellent article dans « Le Monde » : « L’Etat français : dernier refuge de la « culture du résultat » ?..« 

par Michel Feher ;

article qui donne bien à penser ; et me paraît mériter une ample diffusion…

me permettais-je d’écrire à un autre ami


Je n’ai pas le temps de le commenter tout de suite aujourd’hui (je pars enseigner…) ;
mais je me permets de vous l’adresser « tel quel » déjà ;
peut-être l’avez-vous déjà vous-même remarqué…



Michel Feher est philosophe, et président de l’association « Cette France-là »

« L’Etat français : dernier refuge de la « culture du résultat » ?..« , par Michel Feher
LE MONDE | 25.04.09 | 14h12


Les mécanismes qui ont précipité la crise financière sont aujourd’hui connus. Quant aux pratiques qui en sont la cause, nul ne se risque plus à les imputer aux errements _ marginaux, contingents _ de quelques banquiers irresponsables. On sait qu’elles relèvent d’une « culture » _ au sens d’un modus operandi pratiqué avec une longue habitude _ dont les marchés financiers constituent l’élément _ véritablement _ moteur et qui a imposé _ volens nolens, avec une très grande brutalité (concurrencielle) _ aux entreprises un mode de gouvernance _ managériale _ davantage axé sur la majoration de leur valeur actionnariale à court terme _ pour attirer massivement à soi les capitaux (cupides) de la spéculation _ que sur l’optimisation pérenne de leur profitabilité _ et pour qui ?..


Au cœur d’une telle « culture » _ toujours avec des guillemets _, figure une conception particulière _ en effet ! _ de « l’obligation _ strictement mercantile ! _ de résultat« , qui astreint les gestionnaires de capitaux à obtenir les plus hauts rendements possibles _ en plus du plus vite possible. Il s’agit pour eux de satisfaire les détenteurs de titres _ susceptible de les « placer« , « investir » : tant que c’est là leur meilleur rendement en « profit » ; non philanthropiquement… _ en leur offrant des dividendes élevés, notamment lorsque ces actionnaires sont des fonds spéculatifs qui investissent sur cette seule base _ certes : ce n’en que plus vite « calculé«  _, et plus généralement d’assurer le « crédit » _ ou crédibilité : une pure affaire (et circonstancielle, conjoncturelle) d’« opinion », d’« image« _ de la compagnie pour laquelle ils travaillent, c’est-à-dire d’entretenir la confiance dans sa faculté de reproduire ou d’améliorer encore ses rendements _ financiers, donc _ dans un futur proche _ en surveillant jour et nuit ces « témoins«  commodes et sans traîtrise que sont les chiffres : ce n’est pas très « sorcier« 

Loin d’apparaître comme des parasites _ marginaux, conjoncturels, contingents : des attributs purement circonstanciels _ de l’appareil de production, les spéculateurs _ calculant sans cesse leurs profits et pertes _ sont dans ce régime les destinataires privilégiés _ et par là véritablement « essentiels«  _ de l’activité entrepreneuriale : celle-ci ne cherche pas tant à se protéger de leurs manœuvres _ extérieures… _ qu’à se conformer _ vitalement pour elle-même ; sa vie et sa survie _ à leurs critères pour influer sur leurs calculs _ d’investissements (vitaux ou mortels).

En résulte un monde où l’entretien d’une « aire de jeu » _ mathématique _ livrée aux appréciations _ subjectives, au « juger«  _ des marchés financiers exige non seulement que le champ des transactions soit dérégulé _ fluctuant ; et sans « gendarme«  _, en sorte de permettre aux agents d’atteindre les objectifs qui accréditent leur efficacité _ au gain _, mais encore que celle-ci soit définie _ d’abord, consubstantiellement _ et mesurée _ en chiffres _ par des agences de notation dont la préoccupation prioritaire _ sinon exclusive (et même méchamment !) de tout autre « souci » ; ou « valeur«  _ est l’évolution _ haussière ou baissière : perceptible sur une courbe _ de la valeur boursière d’une entreprise _ soit son « attractivité » pour de tels « placements » spéculatifs : au vu (ainsi qu’à l' »escompte« ) des « profits«  de l’entreprise…


Pour se maintenir, un pareil régime mise à la fois sur l’allégeance _ = crédit + soumission : vassalière… _ de ses exécutants ; et sur la mise à l’écart des « lanceurs d’alerte » _ qui susciteraient un doute pernicieux ; une méfiance ; là où on a besoin d’élans (voire d’enthousiasmes _ mais bien « comptés«  !) de confiance… La loyauté des premiers _ les « exécutants«  _ procède de leur étroite dépendance _ vitale _ à l’égard des instances dirigeantes _ les placeurs de capitaux flottants _ qui indexent les rémunérations aux résultats _ exclusivement financiers _ à obtenir ;  mais aussi, et à titre de compensation, des libertés _ entendue comme la seule pure et simple absence d’« entraves«  _ dont ils disposent, sur les plans du droit et de l’éthique _ hors chiffrage, eux !!! _, pour atteindre ces mêmes résultats.

Quant à la neutralisation des seconds _ les « inquiéteurs » « lanceurs d’alerte«  _, elle passe par l’homogénéisation _ numérique ou numérisée _ des modes d’évaluation de la performance entrepreneuriale _ attendue, visée (visuellement : sur une courbe se calculant) _, et donc par la marginalisation des points de vue _ toujours une affaire de « visualisation » ; et de « visibilité«  _ susceptibles de mettre _ dangereusement et négativement _ en cause _ en ruinant sa crédibilité _ la pertinence économique, sociale et environnementale des chiffres censés témoigner _ avec la plus grande objectivité et validité incontestable _ de l’efficacité _ pragmatique ; à l’épreuve de la réalité solide des « faits«  _ d’une entreprise _ bien concrète, au moins « quelque part« , ou sous quelque aspect… _ ou du travail _ éminemment effectif, lui _ de ses employés.

Il reste qu’à eux seuls, ni l’esprit de corps de ses agents, ni l’étouffement des questionnements portant sur le bien-fondé de ses objectifs, ne suffisent à préserver la « culture _ idéologique _ du résultat » des soupçons auxquels l’expose la circularité _ logique _ de son fonctionnement. Pour conjurer la méfiance _ = le poison qui tarit l’afflux des « placements » de capitaux _ qui menace la valorisation _ escomptée _ des actifs _ financiers toujours provisoirement placés ; et fugaces… _, encore faut-il s’assurer _ aussi : par une police, surtout, de l’immobilisation et du consentement, sinon de la soumission ; plutôt que de la menace (trop inquiétante) de répression _ de la docilité des exclus de la distribution des dividendes _ le gros de l’enjeu ! _ en leur permettant d’emprunter une _ petite _ part _ tout de même _ des liquidités que la spéculation génère _ qui donne aussi de l’espoir, si peu que ce soit (et plutôt que de la désespérance ; ou de la rancœur) en l’avenir (presque commun…). Or on sait qu’emportés par leur élan, les _ presque « généreux » !.. _ pourvoyeurs de crédit n’ont pas conservé _ en ce jeu flottant, déséquilibré _ les provisions _ pragmatiquement _ requises pour garantir ces emprunts indispensables à la perpétuation _ et expansion _ de leur empire.

Est-ce à dire que la « culture du résultat » est désormais _ et généralement, comme martingale et « système«  _ « discréditée » ? _ soit quelles « leçons » sont, ou pas, « tirées » des « événements » récents de la « crise«  ?.. Il est assurément trop tôt pour le dire ; d’autant que les lieux où elle _ cette dite « culture du résultat«  _ demeure à l’œuvre ne sont pas toujours ceux que l’on imaginerait les plus propices à son implantation _ ah !.. voyons voir…


Tel est en particulier le cas de l’État français, depuis que Nicolas Sarkozy s’est promis de rompre _ c’est l’étendard (électoral !) flamboyant haut-brandi de la « rupture«  _ avec l' »inefficacité » de ses prédécesseurs _ beaucoup trop « rois fainéants » : un simple comparatif ; cf alors la belle « envolée«  actuelle de la « cote » du président Chirac !.. Dès son arrivée au ministère de l’intérieur, en 2002, et davantage encore depuis son élection _ en mai 2007 _, le président de la République n’a eu de cesse de convertir _ volens nolens… _ les agents de l’Etat à une « culture » _ le joli mot ! _ directement importée des branches à hauts rendements _ financiers _ du secteur privé. Or force est de reconnaître que ses efforts ont porté leurs fruits _ en commençant à briser des résistances…

La « politique du chiffre » _ et des quotas _ est en effet la marque de fabrique du pouvoir actuel, et pas seulement en matière d’immigration _ même avec jonglages (Mayotte aidant). Dans l’ensemble des ministères et administrations préfectorales, l’aptitude des agents de l’Etat à réaliser les objectifs chiffrés qui leur sont fixés détermine non seulement l’évolution _ = progrès : comme si c’était tout simplement « naturel« , « biologique«  ; dans l’ordre de la chose même !.. _ de leurs carrières, mais aussi l’efficacité que le gouvernement entend _ publiquement (= médiatiquement) _ s’attribuer ; et surtout la performativité que le président de la République prête _ devant « public » (baba !) _ à sa propre volonté. D’une manière générale, les rendements exigés de l’administration sont bien là pour entretenir _ auprès de l’opinion « publique«  médusée _ le crédit _ d’« autorité« , l’« aura« _ de l’exécutif.

Parce que la signification des chiffres affichés réside exclusivement dans le mérite _ médiatique (télévisuel) _ dont se pare _ tel le paon de son plumage ocelé déployé : qu’on écoute, ici, la sublime mélodie de Ravel sur le texte de Jules Renard (en ses parfaites « Histoires naturelles« ) _ une administration apte _ ouf ! _ à les réaliser, il importe que ce qu’ils désignent ne fasse jamais _ sinon les décourager ! les disqualifier !!! _ l’objet d’évaluations indépendantes : il n’y aura donc aucune étude consacrée à l’effet des « éloignements » programmés de sans-papiers sur l’économie française ; ou sur l’intégration des étrangers en situation régulière ; et pas davantage de rapport officiel destiné à établir si le taux d’élucidation des délits constatés est une bonne mesure de l’efficacité policière. (Pour l’augmenter, les policiers ne sont-ils pas incités à privilégier _ sur les statistiques concoctées ad hoc _ les infractions où constatation et élucidation se confondent _ sans nécessité de travail effectif, lui, d’enquête : coûteux ! _, tels que l’outrage à agent ou la possession de drogue, au détriment des délits _ autrement plus graves et pénibles (pour les victimes bien effectives, elles) _ plus longs à élucider, tels que les vols ou les trafics ?) … Le ministre Potemkine avait inventé ainsi des villages de pur décor aisément démontable à déplacer le long des routes des immenses steppes russes afin que l’impératrice Catherine soit satisfaite des « progrès de peuplement » de son Empire… Le bon peuple peut-il s’en abuser longtemps ?..

De même, nul examen ne viendra éprouver _ au risque de « déplaire«  _ l’efficacité des « réformes » _ Vive la « novlangue«  du « 1984 » de George Orwell ! _ censément conçues pour améliorer les performances de la recherche universitaire, des hôpitaux ou de la justice. Car « cultiver » le résultat, c’est tout à la fois le numériser, l’exhiber et l’abstraire de ces implications concrètes _ trois opérations complémentaires basiques pour assurer le succès (par la grâce de l’efficacité auprès de l’« opinion«  de la « communication« ) d’une « réélection » !..


Enfin, l’autoritarisme distinctif de la présidence de Nicolas Sarkozy participe lui aussi _ complémentairement _ d’un mode de gouvernement dont le souci majeur est la conjuration du discrédit _ éventuel, à l’aune du « réel«  !.. et de son coefficient de « résistance«  à la « poudre aux yeux« , aussi habilement lancée soit-elle !.. par ces « communiquants« -experts… _ de ceux qui le mettent en œuvre. Un président qui compte sur les hauts rendements imposés à ses subordonnés pour accréditer _ vis-à-vis d’une opinion d’autant plus crédule qu’ignorante : cf « Gorgias » de Platon _ le pouvoir de sa volonté, sera en effet enclin à qualifier d' »outrages » _ de lèse-majesté _ les critiques qui, exposant la vacuité _ en effet : que de « mirages«  et « faux-semblants » !.. _ des chiffres affichés _ par les « communiquants«  de tous poils ainsi mis à contribution _, sont susceptibles d’affecter négativement la valeur de son « titre » _ assurant (en « opinion«  : mesurable elle-même par sondages) son « autorité«  et son « rayonnement« 

En dépit du désastre économique et social _ non chiffré, lui ?.. _ auquel elle a conduit _ dans la sphère de l’entreprise privée _, la « culture du résultat » continue donc d’être à la fois exaltée par le locataire de l’Elysée et appliquée par les ministres et les préfets qui travaillent sous ses ordres _ et à bien des échelons subalternes des diverses administrations (du secteur « public« )… Bien plus, Nicolas Sarkozy n’hésite pas à présenter son « renforcement » au sein de la fonction publique comme un remède aux maux qu’elle a provoqués _ dans la « crise » qui a éclaté en 2008 _ dans le secteur privé.

L’État français, dernier bastion des golden boys ? Le paradoxe serait cocasse si la récente adhésion du président de la République au « retour de l’Etat » ne laissait craindre une extension inédite _ bureaucratique ! _ des ravages causés par la « culture du résultat« .

Michel Feher

Article paru dans l’édition du 26.04.09.

Tout cela

donnant pas mal à connaître des graves maux (« civilisationnels« ) de notre post-modernité

qui se croit, pourtant, bien maligne…

Titus Curiosus, ce 28 avril 2009

Post-scriptum :

Pour compléter la réflexion,

on consultera

sur l’édition papier de « Libération » de ce mardi 28 avril,

un très remarquable article, sur trois pages (pages 6-7 et 8) de Marcel Gauchet :

« La Démocratie du privé perturbe le collectif« ,

un entretien de l’auteur de « La Démocratie contre elle-même » avec Eric Aeschimann et Laurent Joffrin ;

cf aussi mon précédent article du 23 avril 2009 : « Le diagnostic d’une impasse _ ou les dégâts de l’idéologie et de la démagogie électoralistes dans la “crise” universitaire _ par Marcel Gauchet« ,

à propos d’un entretien de Marcel Gauchet avec Maryline Baumard et Marc Dupuis, paru dans l’édition du « Monde » du mercredi 22 avril.

Sur le site de Libération,

se trouve seulement cette précision-ci d’Eric Aeschimann (accessible sur le blog « 24 heures philo« ) :

« Marcel Gauchet, invité spécial de Libération ce mardi 28 avril »

Ce mardi, uniquement dans la version papier de Libération (1,30 euro en kiosque),

le philosophe Marcel Gauchet dresse un bilan des deux ans de la présidence Sarkozy à la lumière de ses travaux sur la crise de la démocratie.

Puis il commente l’actualité au fil des pages du journal.

Par  Eric Aeschimann •

C’est avec « La Démocratie contre elle-même« , paru en 2002, que Marcel Gauchet s’est imposé auprès du grand public comme l’un des penseurs politiques susceptibles d’aider sinon à résoudre, du moins à formuler les désarrois de la France du IIIème millénaire. Alors que le choc du 21 avril était dans tous les esprits, le titre de l’essai résonnait comme un diagnostic implacable. Depuis, les médias écrits et audiovisuels ont pris l’habitude de solliciter ses analyses ; un beau jour de 2004, il est même invité à porter la contradiction sur le plateau de télévision à un futur candidat à l’élection présidentielle : un certain Nicolas Sarkozy.

Si la reconnaissance est venue tardivement, cela fait plus de trente ans maintenant que Marcel Gauchet évolue au cœur du monde du débat intellectuel, même si, pour y accéder, il n’a pas emprunté la voie royale de Normale Sup. Né en 1946, dans la Manche, c’est à Caen qu’il étudie la philosophie avec Claude Lefort, en même temps que les futurs sociologues Alain Caillé et Jean-Pierre Le Goff. A Paris, présenté à François Furet et à Pierre Nora, il devient le rédacteur en chef de la revue « Le Débat » _ la démocratie, c’est d’abord le débat loyal ! ; contre le cancer de la démagogie ! _, où se retrouve une nouvelle génération d’intellectuels se réclamant de Tocqueville et d’Aron plutôt que de Marx et de Sartre. « Le Débat » sera un haut lieu de la critique de la gauche d’inspiration marxiste, mais aussi du structuralisme. En 1980, le premier essai de Gauchet est une relecture sévère _ c’est-à-dire « exigeante » : ce qui est toujours nécessaire ! _ de « L’Histoire de la folie » de Michel Foucault.

Mais, avant d’être le commentateur/contempteur de la démocratie française, Marcel Gauchet est avant tout un philosophe politique qui réfléchit à la sécularisation des sociétés occidentales. En 1985, avec « Le Désenchantement du monde« ,  il énonce la thèse centrale qui servira de fil conducteur à ses travaux ultérieurs : le christianisme est la « religion de la sortie de la religion«  ; et c’est à la lumière de cette poussée initiale qu’il faut lire l’apparition progressive, à partir des Lumières, de l’individu autonome et jouissant de droits.  » Les structures de la société (moderne) s’éclairent uniquement par contraste avec l’ancienne structuration religieuse », écrit-il dans la préface de « L’Avènement de la Démocratie«  ; dont il a publié les deux premiers tomes en 2007.

La démocratie, pour Gauchet, est composée de deux éléments : la souveraineté du peuple et les droits de l’individu. « L’Avènement de la Démocratie«  (1) montre comment l’histoire de la démocratie est un perpétuel déséquilibre entre ces deux pôles. Ainsi, au début du XIXe siècle, la balance penche du côté du collectif, qui devient « Etat tout-puissant » et bientôt « totalitaire«  _ cf Hannah Arendt. En ce troisième millénaire, la menace viendrait au contraire de l' »individu total« , qui écrase la dimension collective _ « Les droits de l’homme ne sont pas une politique » est le titre de l’un de ses articles, dès 1980. Pour les tenants d’un libéralisme de gauche, Gauchet apparaît comme l’une des figures de la « pensée anti-68 » (2) _ le « débat » est ouvert ; et il est vital !!!

(1) Pour une synthèse accessible, lire « La Démocratie d’une crise à l’autre« , tirée d’une conférence de Marcel Gauchet, éditions Cécile Dufaut, 2007.

(2) Voir par exemple Serge Audier, « La Pensée anti-68« ,  La Découverte, 2008.

Rédigé le 27/04/2009 à 19:13 dans Actualité | Lien permanent

Barack Obama : le réalisme de la probité (ou l' »audace d’espérer ») : une « refondation » _ et peut-être pas pour l’Amérique seulement…

25jan

Un intéressant _ mais aussi (un peu) ambigü ! _ article (de Christophe De Voogd) sur le riche site de NonFiction, le 20 janvier :

« Cicéron « speechwriter » d’Obama ? : l’éloquence revient à la Maison-Blanche« 
[mardi 20 janvier 2009 – 18:00]


lui-même d’après l’article _ important, pionnier ! _ de Charlotte Higgins « The new Cicero« 
(sous-titré : « Barack Obama’s speeches are much admired and endlessly analysed,
but one of their most interesting aspects is the enormous debt they owe to the oratory of the Romans
« )
dans The Guardian du 26 novembre :


Ou : quand l’art oratoire antique aide à comprendre pourquoi _ à éclaircir, cependant : quelle est la position, in fine, de l’auteur de l’article ? _ le nouveau président américain a été élu : une étude en règle du « style obamien » _ un objet d’analyse plus qu’intéressant !!! Tel est, en effet, le « chapeau » de l’article de Christophe De Voogd, sur la page de NonFiction…

Voici donc, tout d’abord, l’article de Christophe De Voogd

_ surligné et « farci », selon ma coutume sur ce blog, de mes commentaires (parfois critiques)

Même si l’adresse inaugurale _ d' »inauguration » de son mandat présidentiel, plutôt ! _ du nouveau président américain ne constitue pas, à première vue

_ surtout pour qui a eu le tort (comme moi-même, aussi) de le suivre en direct traduit en français sur une des chaînes de la télévision française, plutôt que de l’écouter « directement » sur CNN, par exemple (et maintenant sur You Tube) :

et l’anglais de Barack Obama est admirable de netteté comme de force ! si puissante est l' »actio » d’abord de sa voix… _,

son meilleur discours,

elle confirme qu’avec Barack Obama, l’éloquence fait son grand retour à la Maison-Blanche
après des décennies de « communication » et d’appauvrissement du discours présidentiel américain

_ statistiquement analysé par Elvin Lim dans « The Anti-intellectual Presidency« .

De fait, l’arsenal rhétorique d’Obama
_ servi de plus par des qualités (élégance, voix, gestuelle
_ oui ! _) décisives à l’actio  (certes !) de l’orateur _
a de quoi impressionner.


On retrouve, peu ou prou, les mêmes caractéristiques dans tous ses grands discours,
depuis celui de la convention démocrate de 2004 _ le 27 juillet, à Boston ; cf « L’Audace d’espérer » ; qui investissait John Kerry… _, qui a lancé sa carrière nationale,
jusqu’à son Victory speech du 4 novembre _ 2008 _,
en passant par le plaidoyer d’anthologie pour la réconciliation interraciale à Philadelphie en mars dernier _ le 18 mars _
et le discours de Berlin sur les relations États-Unis/Europe en août _ en fait le 24 juillet 2008…

Et même le discours d’investiture du 20 janvier _ 2009 _, nous le verrons, s’intègre parfaitement dans ce « style obamien »,
dont la richesse _ quand « le style, c’est l’homme même » (dixit Buffon en son « Traité du style« ) !.. _ fait du 44ème président des États-Unis un « nouveau Cicéron«  (Charlotte Higgins dans The Guardian du 26 novembre) _ mais pas seulement « en paroles » ; l’enjeu est profond ! intègrant rien moins qu’une « vision » de civilisation…


L’abondance des figures utilisées est un premier signe de cette richesse _ de la pensée, et pas rien que de la forme : une poiesis (et grande !) y est à l’œuvre ! _ : allitérations, anaphores (répétitions initiales d’une phrase à l’autre), antithèses, rythmes ternaires, questions et précautions oratoires, concessions, dialogisme (échange imaginé avec des interlocuteurs absents), ainsi qu’un goût prononcé pour la métonymie, détail qui frappe l’imaginaire _ ou plutôt la pensée même mise en mouvement ! rien des voies pernicieuses des faux fuyants (à impasses…) romantiques ! ou des manœuvres trompeuses des « communiquants » qui florissent de par le monde depuis trop longtemps ! _ bien plus que le concept générique ou l’idée abstraite : pour parler d’écologie, par exemple, point de chiffres, ni de considérations savantes sur le réchauffement climatique, mais une évocation concrète : « tandis que nous parlons, des voitures à Boston et des usines à Beijing font fondre la calotte glaciaire dans l’Arctique, réduisent le littoral sur l’Atlantique, et amènent la sècheresse dans les fermes, du Kansas au Kenya » (discours de Berlin).

Le jeu subtil sur les trois registres aristotéliciens du discours est une autre force du style obamien :

importance de l’ethos, c’est-à-dire du caractère _ ou de l’identité (personnelle et riche des éléments qui la constituent et « composent »), en son « génie » propre (et singulier) _ de l’orateur lui-même, qui aime _ mais sans narcissisme (mal venu, lui !), ni incitation insidieuse à mêler improprement projections (sur) et identifications (à) un autre (malsainement idolâtré) à l’image de soi _ souligner les différentes facettes _ ou sources abondées _ de sa personnalité (à commencer par sa double origine ethnique) ; et recourt de façon systématique au « storytelling » personnel _ aux usages souvent ambigüs et malsains : quand ils ne recherchent que de trompeuses projections faussement identificatives ! sur le modèle des « stars » ; cf le livre d’Edgar Morin : « Les Stars« … _ :

ainsi dans presque tous ses discours, la saga _ est-ce donc de cela qu’il s’y agit ?.. non ! _ de son père kenyan.

Le pathos, le ressort affectif, est l’autre registre majeur d’Obama,
incarné par un appel systématique _ une recette, donc, pour l’auteur de l’article ?.. _ aux valeurs et aux mythologies _ est-ce vraiment le terme adéquat ? non ! _ identitaires : liberté, bonheur, foi, pères fondateurs, etc… _ s’agit-il donc là de « mythes » ? j’espère bien que non !!! ne pas confondre avec les contrefaçons de bien des politiciens et praticiens de la « com' » ; en France, pour commencer… _ ;

là encore le procédé _ le « geste » rhétorique est-il nécessairement un « procédé » : « truqueur » et mensonger ? _ du « storytelling » à fonction métonymique est roi :

ainsi, le 20 janvier, pour évoquer _ superficiellement ?.. _ l’esprit de sacrifice, il met en avant les soldats « morts à Concord, Gettysburg, en Normandie et à Khe Shan » ;

ou, pour illustrer l’indispensable _ pour qui ? serait-ce là quelque trait d’ironie ?.. surtout quand tant d’autres l’estiment fort « dispensable » !.. _ solidarité citoyenne : « C’est la gentillesse de ceux qui accueillent _ ah ! l’hospitalité ! _ un étranger lorsque les digues sont rompues, c’est l’altruisme _ au temps (thatchérien, reaganien, etc…) de l’utilitarisme réaliste (égoïste ; et haineux : pour le concurrent ; ou l’autre, tout-court ! matiné, il est vrai, d’une « larme » _ mesurée, cependant : dosée au plus juste ! _ de « compassionnel »…) _ des travailleurs qui préfèrent _ par « socialisme » ?.. Obama s’en est vu accuser (par McCain)… _ réduire leurs heures de travail _ et les partager ; cf la « loi » (si aisément vilipendée et brocardée par certains) des « 35 heures » !!! chez nous _ plutôt que de voir son ami perdre son emploi » ; etc…

Quant au logos, l’appel à la raison,

il est également présent,

notamment à travers l’utilisation _ cardinale selon Aristote (in sa « Rhétorique« … : un « basique » !..) _ de l’enthymême (ou syllogisme oratoire) fondé sur  l’analogie : « Si nous avons pu créer l’OTAN pour faire plier l’Union soviétique, nous pouvons nous retrouver dans un partenariat nouveau et global pour démanteler les réseaux qui ont frappé à Madrid et à Amman«  (discours de Berlin).

Mais le plus intéressant _ et le plus ingénieux (oui !..) _ se trouve sans doute dans la façon dont Obama mêle les trois registres :

l’émotion est toujours sollicitée dans l’ethos :

ainsi lorsqu’il souligne l’humilité et l’humanité _ vraies _ de ses grands-parents (des deux côtés !) ;

inversement, les passages les plus affectifs sont soigneusement ponctués de connecteurs logiques (« c’est pourquoi« , « donc« ).

L’on est également frappé par la rigueur de la construction de discours souvent très longs,
dont les différents moments sont savamment _ comment le prendre ? _ reliés par des relations d’analogie et des images récurrentes :

« les ponts » _ à construire _ et les « murs » _ à abattre _ (discours de Berlin),

le long « voyage » de l’Amérique (20 janvier) _ ne sont-ce là que « figures de style » ? ou axes et sources vives d’un (grand) projet politique démocratique ? Qu’en pense Christophe De Voogd, l’auteur de cet article ?

Par ailleurs, jouant _ le mot n’est pas, lui non plus, tout à fait sans ambivalence ; si l’on n’est pas un Donald Winnicott ; ou un Noam Chomsky : et voilà, au passage de mon « commentaire », quelqu’un qui serait passionnant à lire sur ce sujet précis-là de la « rhétorique de Barack Obama » (indépendamment de sa contribution vidéo très intéressante ! dans Le Monde du 16 janvier dernier : « Noam Chomsky : regard critique sur l’Amérique« ) _ sur la structure classique de l’exposition (exorde, narration, thèse, péroraison),

Barack Obama sait prendre les libertés du virtuose _ de l’art oratoire ; avec sa « sprezzatura«  ; lire là-dessus la méditation raffinée de cet art (de s’adresser, avec égard, à l’autre) de Baldassare Castiglione : « Le Livre du courtisan » ; en lieux éminemment policés, en effet… _ :

départs in medias res (dans le vif du sujet), digressions nombreuses, et longues exhortations.

Ce dernier trait est aussi typique d’un style fortement marqué par les prédicateurs noirs américains ;

c’est également le cas de la pratique obamienne _ en public, bien sûr : le discours parlé s’adresse aux autres qui y répondent _ du « call and response« ,

illustrée par le fameux « yes we can« , repris en chœur par le public.

N’est-ce pas encore la référence biblique qui inspire le message central du discours de Berlin :

le passage de l’ »ancienne Alliance » de la guerre froide à la « nouvelle Alliance » contre les périls de notre monde ?

Et n’est-ce pas encore elle que l’on retrouve le 20 janvier, dans le slogan _ mais est-ce bien cela (et rien que cela), un « slogan » (manipulateur = persuasif) ? N’est-ce pas, tout au contraire, et on ne peut davantage fondamentalement, le projet fondateur même ? l’axe porteur (!) de toute la politique de Barack Obama ?.. et qui vient de rencontrer la confiance des électeurs le 4 novembre ?.. Attention aux contresens d’interprétation !.. _ de la « refondation de l’Amérique » (« remaking America« ) _ « refondation » : un concept décisif : s’y méprendre serait terrible !.. _, illustrée par la référence répétée _ mais ce n’est pas là pure incantation langagière : thaumaturgique, magicienne ! _ à la fondation du pays, et l’analogie entre deux « hivers d’épreuves« , celui surmonté en son temps par George Washington et celui que nous connaissons aujourd’hui ?

Cette réactivation constante de l’origine _ comme sol de confiance où prendre l’appui puissant de l’action à accomplir _, ce renouvellement du pacte primordial _ voilà l’important : un pacte politique profondément (et authentiquement, lui _ je veux dire pas mensongèrement ; pas « idéologiquement » _ démocratique !!! _, cette relecture des « actes fondateurs », est une thématique centrale _ la source de l’élan ; et le fond de la légitimité ! _ d’Obama. Dans l’aventure biblique du peuple américain, il ne propose rien moins qu’un « Nouveau Testament _ mais laïque (pas « fondamentaliste religieux ») ! _ de la Liberté » _ avec ses conditions effectives _ « à remettre intact aux générations futures« …

A vrai dire, son deuxième speechwriter, aux côtés de Cicéron, pourrait bien être… Jésus-Christ !

On le voit, l’unité d’inspiration _ et la cohérence (de l’élan, donc) _, d’un discours l’autre, est frappante _ mais cette « inspiration »-là n’est pas purement formelle, ou « rhétorique » : de surface ; c’est une poiesis en acte, venant droit d’un fond fécond et profond… Pareille générosité et élégance ne trompent pas : nous voici aux antipodes des cliquetis et scintillements à paillettes des camelots bonimenteurs de boulevards…


Dès lors, l’on peut mesurer précisément les différences entre les discours du candidat et la première allocution _ « d’inauguration » _ du président. Elles tiennent tout simplement au contexte _ en effet !

Contrairement à l’adage,

tout bon discours est en effet un « discours de circonstances«  _ mais oui… : à l’écoute (authentique) de qui le reçoit ; et peut y répondre (ou pas)… quand il s’agit d’un peu plus que de déclencher des réflexes (d’achat, consommation ou vote) !.. Or celles-ci ont changé radicalement.

Désormais doté de la légitimité morale _ et ce n’est pas rien ! surtout comparé à des exemples (d’absence de générosité) ; certains qui nous sont plus proches… _ et de l’autorité légale (sans parler des sondages de rêve !),

Barack Obama n’a plus besoin de développer le registre de l’ethos : les Américains sont convaincus de ses qualités. Lui, qui avait tant développé dans sa campagne le caractère improbable (« unlikely« ) de sa candidature, pour retourner l’argument en sa faveur (n’était-il pas _ lui, Barack Hussein Obama _ aussi improbable que le « rêve américain«  lui-même ?) a désormais _ au fauteuil de Président dans le salon ovale de la Maison-Blanche _ cause gagnée _ mais l’ambition n’est pas, ici, seulement d' »occuper » le poste et « jouir » de sa fonction ; mais bien d’accomplir ce qui a été très clairement proposé ; et qui est, en cette occurrence-ci, de « construire« , et non de « détruire » _ ainsi qu’il l’a très littéralement énoncé : « sachez que vos peuples vous jugeront sur ce que vous pouvez construire, pas détruire » ! _ ; d' »unir » le peuple, et non pas de le « diviser » (pour régner)…

D’où dans le processus d’énonciation,

après une rapide captation de bienveillance _ acquise, elle aussi (la bienveillance), ce jour-là (le 20 janvier 2009) ; et à ce moment (intense)-là (de midi) _,

la quasi-disparition _ déjà auparavant… _ du « je » et l’omniprésence _ authentique, ici ; pas « de majesté » pseudo, ou plutôt de facto, monarchique ! (versaillaise…, dirions-nous, nous, Français !) _ du « nous » : chef incontesté du « we-group » national, le (nouveau) président peut _ de facto et de juris, en même temps ! _ parler au nom de tous _ « en vérité » (en son cas) !..

D’où également la structure beaucoup plus classique _ « attique » ? « ionienne » ? _ de l’ensemble

qui sied à la dignité présidentielle _ désormais : mais la personne qui parle vient-elle, elle-même, de « changer » ? ne s’agit-il pour elle, comme c’est le cas pour bien d’autres, que d’un « job » (de 4 ou 8 ans, pour lui ; de 7 ou 5 ans, pour ces autres-là…) ?..


Demeure pourtant, constante chez Obama, la grande variété des destinataires _ bien réels, en leur variété en effet ! et pas seulement « ciblés » au plus juste… _ du discours :

le peuple américain dans toutes _ oui _ ses composantes bien sûr, « Union » oblige _ mais en quel sens : « oblige » de fait (électoralement ?) ; ou « oblige » de droit ? ; on peut s’interroger sur les arrières-pensées de l’auteur de l’article… ; en tout cas, Barack Obama est un peu mieux placé (que d’autres à un tel poste), par son parcours personnel, non seulement au sein des États-Unis, mais de par le monde, pour un peu moins oublier certains (que ces autres _ carrément exclueurs ! eux !.. _ à de tels postes…) _ ;

mais aussi de nombreux interlocuteurs _ vraiment ! fin de l’uni-latéralisme !.. _ étrangers :

alliés traditionnels _ Barack Obama est remarquable par sa capacité réellement supérieure d' »écouter » ! _,
mais aussi Musulmans auxquels on tend la main ;
dictateurs
de tout poil et terroristes que l’on met en garde.

Demeurent les très nombreux appels à l’action et au devoir (« must« ), que l’on attend d’un homme qui doit « tracer la route » _ métaphore centrale ; qui est donc parfaitement choisie _ en effet !

Demeure aussi _ trait essentiel du bon orateur _ la grande clarté de la thèse et du message (« le monde a changé et nous devons _ pragmatiquement, ici : Obama est un « réaliste » ; mais avec la probité, lui ! _ changer avec lui« _ même si ce n’est pas là la raison première de ce « devoir »-là de changement… _ ) _ ainsi que de la « vision » !..

Demeure enfin cette conviction impressionnante _ de puissance ! _, cette « probité » _ la base (solide) de toute son action ; son sens porteur ; et qui suscite une vraie profonde confiance ! _, à laquelle, nous rappelle Aristote, « le discours emprunte je dirai presque sa plus grande force de persuasion » _ pas seulement de facto.

Et ce point, capital, aurait assurément mérité d’être (bien davantage) développé dans cet article riche d’enseignements de Christophe De Voogd.

* À lire également sur nonfiction.fr :

– Nicole Bacharan : « Les Noirs américains : Des champs de coton à la Maison Blanche » (Panama), par Benoît Thirion.

– Nicole Bacharan : « Le petit livre des élections américaines » (Panama), par Benoît Thirion.

– Sylvie Laurent : « Homérique Amérique » (Seuil), par Alice Béja.

– L’entretien de Sylvie Laurent, par Alice Béja.

– Barack Obama : « De la race en Amérique » (Grasset), par Henri Verdier.

– Barack Obama : « De la race en Amérique » (Grasset), par Balaji Mani.

– Andrew Gelman : « Red state, blue state, rich state, poor state : Why Americans Vote The Way They Do » (Princeton University Press), par Clémentine Gallot.

– L’entretien d’Andrew Gelman, par Clémentine Gallot.

– Justin Vaïsse : « Histoire du néoconservatisme aux États-Unis » (Odile Jacob), par Adrien Degeorges.

Et voici maintenant l’article de départ (du fort intéressant _ et parfois ambigu, voire carrément contestable ! nous l’avons aperçu…) « papier » de Christophe De Voogd dans NonFiction du 20 janvier, donc) :

le travail perspicace et fouillé de Charlotte Higgins, « The new Cicero« , dans The Guardian du 26 novembre :

The new Cicero

D’abord, le « chapeau » de l’article, du Guardian :

Barack Obama’s speeches are much admired and endlessly analysed, but,

says Charlotte Higgins,

one of their most interesting aspects is the enormous debt _ voilà _ they owe to the oratory of the Romans.

Puis l’article lui-même de Charlotte Higgins :

In the run-up to the US presidential election,

the online magazine Slate ran a series of dictionary definitions of « Obamaisms« .

One ran thus :
« Barocrates. An obscure Greek philosopher who pioneered a method of teaching in which sensitive topics are first posed as questions then evaded« 
_ « Barocrates« , par Chris Wilson, le 23 juin 2008, sur Slate…

There were other digs at Barack Obama that alluded to ancient Greece and Rome. When he accepted the Democratic party nomination _ à Denver, le 28 août 2008 _, he did so before a stagey backdrop of doric columns. Republicans said this betrayed delusions of grandeur : this was a temple out of which Obama would emerge like a self-styled Greek god. (Steve Bell also discerned a Romanness in the image, and drew Obama for this paper as a toga-ed emperor.) In fact, the resonance of those pillars was much more complicated than the Republicans would have it. They recalled the White House, which itself summoned up visual echoes of the Roman republic, on whose constitution that of the US is based. They recalled the Lincoln Memorial, before which Martin Luther King delivered his « I have a dream » speech. They recalled the building on which the Lincoln Memorial is based _ the Parthenon. By drawing us symbolically to Athens, we were located at the very birthplace of democracy.

Here’s the thing : to understand the next four years of American politics, you are going to need to understand something of the politics of ancient Greece and Rome.

There have been many controversial aspects to this presidential election, but one thing is uncontroversial : that Obama’s skill as an orator has been one of the most important factors _ perhaps the most important factor _ in his victory. The sheer numbers of people who have heard him speak live set him apart from his rivals _ and, indeed, recall the politics of ancient Athens, where the public speech given to ordinary voters was the motor of politics, and where the art of rhetoric matured alongside democracy.

Obama has bucked the trend of recent presidents _ not excluding Bill Clinton _ for dumbing down speeches. Elvin T. Lim’s book « The Anti-Intellectual Presidency : The Decline of Presidential Rhetoric from George Washington to George W Bush« , submits presidential oratory to statistical analysis. He concludes that 100 years ago speeches were pitched at college reading level. Now they are at 8th grade. Obama’s speeches, by contrast, flatter their audience.

His best speeches are adroit literary creations, rich,

like those doric _ ou plutôt ioniennes, voire corinthiennes ? la distinction n’est pas superficielle… _ columns with allusion,

his turn of phrase consciously evoking lines by Lincoln and King,

by Woody Guthrie and Sam Cooke.

Though he has speechwriters, he does much of the work himself  : Jon Favreau, the 27-year-old who heads Obama’s speechwriting team, has said that his job is like being « Ted Williams’s batting coach« .

James Wood, professor of the practice of literary criticism at Harvard, has already performed a close-reading exercise on the victory speech _ le 4 (ou plutôt 5 novembre, avant l’aube, à Grant Park), à Chicago _ for the New Yorker _ voici cet article : « Victory Speech« , le 17 novembre. Can you imagine the same being done of a George Bush speech ?

More than once, the adjective that has been deployed to describe Obama’s oratorical skill is « Ciceronian« . Cicero, the outstanding Roman politician of the late republic, was certainly the greatest orator of his time, and one of the greatest in history. A fierce defender of the republican constitution, his criticism of Mark Antony _ cf le sublime « Jules Cesar » de Shakespeare (en 1599) ; et le film, magnifique, avec l’interprétation mémorable de Marc-Antoine par Marlon Brando, de Mankiewicz (en 1953) _ got him murdered in 43 before Jesus-Christ _ sur le meurtre de Cicéron, le 7 décembre 43 avant-Jésus-Christ, peu avant d’atteindre le port de Formies, lire la description terrible qu’en donne l’ »Histoire de Rome » de Tite-Live (« Ab Vrbe Condita« , CXX), qui nous a été transmise par Sénèque le Rhéteur (« Suasoriae« , VI, 17)…

During the Roman republic (and in ancient Athens) politics was oratory. In Athens, questions such as whether or not to declare war on an enemy state, were decided by the entire electorate (or however many bothered to turn up) in open debate. Oratory was the supreme political skill, on whose mastery power depended.

Unsurprisingly, then, oratory was highly organised and rigorously analysed. The Greeks and Romans, in short, knew all the rhetorical tricks, and they put a name to most of them.

It turns out that Obama knows them, too.

One of the best known of Cicero’s techniques is his use of series of three to emphasise points : the tricolon. The most enduring example of a Latin tricolon is not Cicero’s, but Caesar’s « Veni, vidi, vici » _ I came, I saw, I conquered. Obama uses tricola freely. Here’s an example : « Tonight, we gather to affirm the greatness of our nation, not because of the height of our skyscrapers, or the power of our military, or the size of our economy … »

In this passage, from the 2004 Democratic convention speech, Obama is also using the technique of « praeteritio«  _ drawing attention to a subject by not discussing it. He is discounting the height of America’s skyscrapers etc, but in so doing reminds us of their importance.


One of my favourites among Obama’s tricks was his use of the phrase « a young preacher from Georgia« , when accepting the Democratic nomination this August ; he did not name Martin Luther King. The term for the technique is « antonomasia ». One example from Cicero is the way he refers to Phoenix, Achilles’ mentor in the Iliad, as « senior magister » _ « the aged teacher« . In both cases, it sets up an intimacy between speaker and audience, the flattering idea that we all know what we are talking about without need for further exposition. It humanises the character _ King was just an ordinary young man, once. Referring to Georgia by name localises the reference _ Obama likes to use the specifics to American place to ground the winged sweep of his rhetoric _ just as in his November 4 speech : « Our campaign … began in the backyards of Des Moines and the living rooms of Concord and the front porches of Charleston« , which, of course, is also another tricolon.

Obama’s favourite tricks of the trade, it appears, are the related anaphora and epiphora.

Anaphora is the repetition of a phrase at the start of a sentence. Again, from November 4 : « It’s the answer told by lines that stretched around schools … It’s the answer spoken by young and old … It’s the answer … »

Epiphora does the same, but at the end of a sentence. From the same speech (yet another tricolon) : « She lives to see them stand out and speak up and reach for the ballot. Yes we can. » The phrase « Yes we can » completes the next five paragraphs.

That « Yes we can » refrain might more readily summon up the call-and-response preaching of the American church than classical rhetoric. And, of course, Obama has been influenced by his time in the congregations of powerfully effective preachers.

But James Davidson, reader in ancient history at the University of Warwick, points out that preaching itself originates in ancient Greece. « The tradition of classical oratory was central to the early church, when rhetoric was one of the most important parts of education. Through sermons, the church captured the rhetorical tradition of the ancients. America has preserved that, particularly in the black church. »

It is not just in the intricacies of speechifying that Obama recalls Cicero.

Like Cicero, Obama is a lawyer.

Like Cicero, Obama is a writer of enormous accomplishment _ « Dreams From My Father«  _ « Les Rêves de mon père » _, Obama’s first book, will surely _ en effet… _ enter the American literary canon _ c’est un chef d’oeuvre !


Like Cicero, Obama is a « novus homo«  _ the Latin phrase means « new man » in the sense of self-made.

Like Cicero, Obama entered politics without family backing (compare Clinton)

or a military record (compare John McCain).

Roman tradition dictated you had both.

The compensatory talent Obama shares with Cicero, says Catherine Steel, professor of classics at the University of Glasgow, is a skill at « setting up a genealogy of forebears _ not biological forebears, but intellectual forebears. For Cicero, it was Licinius Crassus, Scipio Aemilianus and Cato the Elder. For Obama, it is Lincoln, Roosevelt and King. »

Steel also points out how Obama’s oratory conforms to the tripartite ideal laid down by Aristotle,

who stated that good rhetoric should consist of pathos, logos and ethos _ emotion, argument and character.

It is in the projection of ethos that Obama particularly excels.

Take this resounding passage :

« I am the son of a black man from Kenya and a white woman from Kansas. I was raised with the help of a white grandfather who survived a Depression to serve in Patton’s army during World War II and a white grandmother who worked on a bomber assembly line at Fort Leavenworth while he was overseas. I’ve gone to some of the best schools in America and lived in one of the world’s poorest nations. » He manages to convey the sense that not only can he revive the American dream, but that he personally embodies _ actually, in some sense, is (tout à fait !) _ the American dream.

In English, when we use the word « rhetoric« , it is generally preceded by the word « empty« . Rhetoric has a bad reputation _ issue de la tradition socratico- (cf « Gorgias« ) platonicienne.

McCain warned lest an electorate be « deceived by an eloquent but empty call for change« .

Waspishly, (Hillary) Clinton noted, « You campaign in poetry, you govern in prose.« 

The Athenians, too, knew the dangers of a populace’s being swept along _ cf aussi « la République«  de Platon _ by a persuasive, but unscrupulous demagogue (and they invented the word).

And it was the Roman politician Cato _ though it could have been McCain _ who said « Rem tene, verba sequentur« . If you hold on to the facts, the words will follow.

Cicero was well aware of the problem. In his book « On The Orator » _ « De L’orateur«  _, he argues that real eloquence can be acquired only if the speaker has attained the highest state of knowledge _ « otherwise what he says is just an empty and ridiculous swirl of verbiage« .

The true orator _ et pas manipulateur démagogue _ is one whose practice of citizenship _ authentiquement républicaine et démocratique ! _ embodies _ oui : « incarne » et « porte »… _ a civic ideal _ whose rhetoric, far from empty, is the deliberate, rational, careful organiser of ideas and argument _ oui ! _ that propels the state forward _ avec progrès (authentique ; pas dans la langue-de-bois brillamment mise en relief par George Orwell en son « 1984« , en 1948 ; où sont baptisées « réformes » les « casses » et régressions réactionnaires, en tous genres)… safely and wisely.

This is clearly what Obama, too, is aiming to embody : his project
_ oui ! _ is to unite rhetoric, thought and action in a new politics that eschews _ sans tromperie politicienne de bas étage, ici ! _ narrow bipartisanship.
...
Can Obama’s words translate into deeds ?


The presidency of George Bush provided plenty of evidence that a man who has problems with his prepositions
may also struggle to govern well
_ comme c’est excellemment diagnostiqué…

We can only hope _ avec réalisme et pragmatisme _ that Obama’s presidency proves that opposite.

Charlotte Higgins is the author of « It’s All Greek To Me: From Homer to the Hippocratic Oath, How Ancient Greece Has Shaped Our World » (Short Books).

Un passionnant article ; qui nous donne aussi bien à penser
autour des pratiques de « communication »

en France aussi _ tels les Guaino et le staff de l’Elysée, peut-être… _,

par rapport à l’action politique ; et à l’aune de critères de légitimité (et pas seulement légalité) démocratique…

Avec Barack Obama,
le monde vient de changer
et de « réel »
et de « réalisme »,

pouvons-nous raisonnablement penser…

Puissent les citoyens français, eux aussi,
ne pas trop tarder à en prendre assez clairement conscience !
et à mettre leurs actes et leur pratique _ de citoyens d’une démocratie _ en cohérence avec cela,

en conséquence…

C’est en tout au cas un tel espoir

_ « l’audace d’espérer« , a dit Barack Obama à la convention démocrate de Boston le 27 juillet 2004 ; cf aussi son livre : « L’Audace d’espérer«  _

que j’ose personnellement formuler…

Titus Curiosus, ce 25 janvier 2009


Post-scriptum :

Recevant ce matin un envoi d’articles de Marianne Massin _ l’auteur de l’excellent « La Pensée vive » _,

je remarque, en exergue à son article « Enjeux philosophiques d’une approche stylistique de l’œuvre d’art« , ces bien opportunes citations de Proust :

« Le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de techniques mais de vision » _ dans « Le Temps retrouvé » ; à la page 289 de l’édition GF-Flammarion, en 1986, précise la note…

Et : « Quand j’ai écrit un pastiche _ détestable, d’ailleurs _ de Flaubert, je ne m’étais pas demandé si le chant que j’entendais en moi _ l’expression, autour du mot « chant« , est bien intéressante… _ tenait à la répétition des imparfaits ou des participes présents. sans cela je n’aurais jamais pu le transcrire » _ dans « A propos du style de Flaubert« , in « Chroniques« , aux pages 204-205, dans l’édition Gallimard de 1927 …

Soit le cadeau d’une merveilleuse conclusion à l’interrogation et l’analyse de ce que peut bien être le « style obamien«  _ et pas seulement celui de ses discours…

Voici donc la réponse quant à ce qu’est le fond du « style » :

Vision (d’artiste) et élan, à la source (= l’inspiration active) ;

avec, à l’arrivée (après l’œuvre qui les exprime, cette vision et cet élan conjoints),

ce qu' »en fruits », cette vision-élan donne, prodigue : c’est l’affaire, alors, de l' »acte æsthétique«  _ comme le dégage si attentivement, subtilement et justement Baldine Saint-Girons, en son « Acte esthétique« , précisément _ de la « réception » tout active de tous ceux qui vont bien vouloir « s’y exposer » ; et qui doit être éminemment « inspirée », à son tour ; mais l’œuvre y aide, pousse, encourage, en donnant pas mal de son « enthousiasme » (en son éclat, à elle) à qui veut bien jouer si peu que ce soit son jeu (à elle, l’œuvre, donc _ jeu dont l’artiste lui-même n’est qu’un maillon, bienveillant, lui aussi…


Soit une articulation-connexion (ou « rencontre ») si peu probable en sa beauté (de « connexions » tellement aléatoires, donc),

qu’elle peut ressortir aussi du registre _ j’ose le prononcer _ de la grâce

_ mais pas seulement : elle a aussi et d’abord, cette « articulation-connexion »(ou « rencontre ») de choses, de dispositifs (de lieu et de temps), d’actes, de regards de personnes, peu probable ;

elle a aussi et d’abord des conditions éminemment concrètes, éducatives, économiques, culturelles

(celles que dégage l’acuité d’analyse du « Partage du sensible » de Jacques Rancière) _

qui sont bien de l’ordre et de la responsabilité éminentes aussi, quelque part et à quelque moment, du Politique.

Barack Obama semble tout particulièrement sensible à la positivité de ces « connexions sensibles »-là…

C’est une chance _ à ne pas manquer ; mais savoir saisir : tout passe si vite _ et pour l’Amérique ; et pour le monde…

Une dernière (autre) chose encore :

ce matin, toujours,

sur l’excellent site « 24 heures Philo« ,

cet article-ci : « Obama et le réveil d’un peuple«  par Patrice Nganang…

« Philosophie » en rayon et kiosque : pour comprendre que « le réel » d’un coup vient de changer ; et que doit changer vite le « réalisme »

17nov

Sur l’article « Néolibéralisme versus libéralisme ?« , par Michaël Foessel,

dans le numéro (11) de novembre de la Revue Esprit : »Dans la tourmente (1). Aux sources de la crise financière« .

Avec, à suivre, le numéro (12) de décembre d’Esprit,

qui s’intitulera, lui : « Dans la tourmente (2) : Que fait l’Etat ? Que peut l’Etat ?« …


Comprendre « le réel » exige un minimum de recul, et la focalisation (du regard et de l’analyse)

que peut apporter l’éclairage

d’un peu plus loin que le bout du nez

(et que les vessies qui se font prendre pour des lanternes : les idéologies qui occupent massivement en permanence les écrans

des lucarnes médiatiques dans tant de « foyers »)

l’éclairage (avec un minimum de « génie » d’un auteur pertinent) philosophique :

soit le lumineux travail de Michaël Foessel sur ce qui distingue _ et sépare _ le néolibéralisme, triomphant des années Thatcher et Reagan, appuyées, ces années-là (Thatcher, au pouvoir depuis 1979 ; Reagan, depuis 1982) sur la vulgate de Milton Freedman

_ “prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel” en 1976, lui ;

cf mon article sur ce blog du 2 novembre dernier : « Sur le réel et le sérieux : le point de Paul Krugman sur l’élection du 4 novembre aux Etat-Unis«  _ ;

sur ce qui distingue _ et sépare _ le néolibéralisme

du libéralisme

_ classique, depuis Locke et Adam Smith…


Michaël Foessel appuie son (affuté) regard analytique sur le travail de 1978-1979

_ on mesure ici l’avance en lucidité du « génie » philosophique (!), pas si fréquent, toutefois ; mais assez mal reconnu, compris, déjà, sur le moment ; puis mal diffusé, alors et depuis, forcément : il secoue tant de cocotiers et de « places occupées », et autres « rentes de situation »… _,

sur le travail de 1978-1979 de Michel Foucault en ses « Cours (ou « séminaire » : semences à planter…) au Collège de France« 

_ une institution exceptionnelle remarquable depuis François Ier !… _

intitulés « Naissance de la biopolitique« ,

publiés conjointement par les Éditions Gallimard et du Seuil, en la collection « Hautes Etudes » en octobre 2004 :

une lecture diablement d’actualité en ce moment de déchaînement de la « tourmente » ; ou de « dedans l’œil » du cyclone ;

en plus d’être puissamment pertinente…

Je liste simplement ici les références que réunit et « lit » pour notre intelligence du présent (et de la tourmente qui nous assaille, en cet unique bateau du « monde mondialisé », désormais) ce remarquablement utile article de Michaël Foessel :

Friedrich A. Hayek (1899-1992) : « La Route de la servitude« , paru en traduction française aux PUF en 1985 ; « Droit, législation, liberté« , aux PUF en décembre 2007 ;

Ludwig von Mises (1881-1973) : « L’Action humaine, traité d’économie (abrégé)« , publié en traduction française aux Belles Lettres en 2004 ; « Le Socialisme« , de 1922, en français à la Librairie de Médicis en 1938… ;

Serge Audier : « Aux origines du libéralisme : le colloque Lippmann« , aux Éditions Le bord de l’eau, en avril 2008 ;

Wendy Brown : « Les habits neufs de la politique mondiale _ Néolibéralisme et néoconservatisme« , paru en traduction français aux Éditions Les Prairies ordinaires en 2008 ;

Christian Laval : « L’Homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme« , aux Éditions Gallimard en avril 2007

Pierre Dardot et Christian Laval : « La Nature du néolibéralisme : un enjeu théorique et politique pour la gauche« , un article dans le numéro 50 _ « Où est passée la gauche française ? » de la Revue « Mouvements« , de juin-août 2007 ;

François Denord : « Néolibéralisme, version française. Histoire d’une idéologie« , aux Éditions Démopolis en novembre 2007 ;

Jean-Pierre Dupuy : « Libéralisme et justice sociale« , aux Éditions Hachette Littératures en 1997 ;

Frédéric Lordon : « L’Intérêt souverain. Essai d’anthropologie politique spinoziste« , aux Éditions de La Découverte en avril 2006 ;

Céline Spector : « Le Spinozisme politique aujourd’hui« , un article de la revue « Esprit », en mai 2007 ;

Christian Lazzeri : « Reconnaissans spinoziste et sociologie critique, Spinoza et Bourdieu« , un article dans le recueil dirigé par Yves Citton et Frédéric Lordon « Spinoza et les sciences sociales« , aux Éditions Amsterdam en février 2008 ;

Carl Schmitt : « La notion de politique« , paru en traduction française aux Éditions Flammarion (collection « Champs »), en 1999.

A lire pour sa gouverne,

en cet « œil du cyclone » de la « tourmente« …

Titus Curiosus, ce 17 novembre 2008

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