Posts Tagged ‘curiosité

Une nouvelle merveille du Dionysos Now ! de Tore Tom Denys : le CD « Adriano 5 In memoriam Adriaen Willaert »…

29juin

Surprise ce matin chez mon disquaire préféré :

la parution du CD Evil Penguin Classics EPRC 0060 « Adriano 5 In memoriam Adriaen Willaert » (ca. 1490 – 1562) de l’extraordinaire Ensemble Dionysos Now !, dirigé par Tore Tom Denys, comportant des Motets de Cipriano de Rore, Andrea Gabrieli, Lorenzo Benvenuti, Daniele Grisonio, Adriaen Willaert, Alvise Willaert, Giambattista Conforti, Gioseffo Zarlino et Floriano Canale…

Cet « Adriano 5 In memoriam Adriaen Willaert » : une nouvelle stupéfiante merveille musicale,

œuvres de Willaert et suivants,

comme interprétation de Dionysos Now ! et Tore Tom Denys…

Ici je me permets de renvoyer à ma suite d’articles _ émerveillés de telle stupéfiantes découvertes musicales de l’œuvre d’abord d’Adriaen Willaert à partir de la découverte princeps, en date du 3 août 2023, du formidable travail de Tore Tom Denys et son ensemble magnifique Dionysos Now !, en son divin CD Evil Penguin EPRC 0054 « Adriano 4« , consacré à la « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Joannem« , ainsi que trois plus brefs Motets : « Tristia est anima mea« , « Ecce lignum crucis – Crux fidelis » et « Da pacem Domine » d’Adriaen Willaert (cliquer sur ces liens afin de les écouter)… ; une découverte relatée en mon article-source du 3 août 2023 : « «  _ de ce fécond mois d’août 2023, à la suite de cette découverte du merveilleux « Adriano 4 » de Dionysos Now ! et Tore Tom Denys,

et dont voici les liens successifs, à partir de cet article-princeps du 3 août 2023… :

_ 1) le 3 août 2023 : « « 

_ 2) le 4 août 2023 : « « 

_ 3) le 5 août 2023 : « « 

_ 4) le 6 août 2023 : « « 

_ 5) le 7 août 2023 : « « 

_ 6) le 8 août 2023 : « « 

_ 7) le 9 août 2023 : « « 

_ 8) le 10 août 2023 : « « 

_ 9) le 11 août 2023 : « « 

_ 10) le 13 août 2023 : « « 

_ 11) le 14 août 2023 : « « 

_ 12) le 15 août 2023 : « « 

_ 13) le 16 août 2023 : « « 

_ 14) le 18 août 2023 : « « 

_ 15) le 21 août 2023 : « « 

_ 16) le 22 août 2023 : « « 

_ 17) le 23 août 2023 : « « 

_ 18) le 24 août 2023 : « « 

_ 19) le 25 août 2023 : « « 

_ 20) le 26 août 2023 : « « 

_ 21) le 27 août 2023 : « « 

_ 22) le 29 août 2023 : « « 

_ 23) le 30 août 2023 : « « 

_ 24) le 31 août 2023 : « « 

25) le 1er septembre 2023 : « « 

Etc.

Bien sûr, pareille liste de liens ainsi alignés a quelque chose d’indigeste si on en reste à l’aperçu de l’énumération, sans pénétrer le détail des contenus des découvertes successives qui y sont développés, au fur et à mesure, step by step, palier après palier : une découverte-surprise en amenant une autre, ainsi qu’en toute vraie recherche un peu patiente, suivie, et ouverte…

Mais cela offre aussi un aperçu un peu intéressant, me semble-t-il, de mes démarches de curiosité, et leur fécondité…

En tout cas,

le talent musicalissime de Tore Tom Denys et son ensemble Dionysos Now ! est éclatant !

Ce samedi 29 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quand, et avec son intensité stupéfiante, le Quatuor Tana nous fait découvrir aussi, après ceux de Steve Reich et Philip Glass, les 4 Quatuors (de 1983, 1984, 1985 et 2014) du compositeur polonais Krzysztof Baculewski…

22juin

Le 19 mai dernier, au soir d’un magique concert donné par le Quatuor Tana _ constitué de Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun, violons, Takumi Nozawa, alto, et Jeanne Maisonhaute, violoncelle _ au château de Mombet, à Saint-Lon-les-Mines, en Chalosse, dans le cadre de l’édition 2024 du « Mai musical Lucien Durosoir« ,

j’en ai rédigé un compte-rendu enthousiaste, « « ,

tant pour ce qui concerne les œuvres, stupéfiantes, les Quatuors n°3 de Lucien Durosoir (de 1934), et n°1 de György Ligeti (de 1954), que pour leur magistrale interprération par le splendide Quatuor Tana…

Du Quatuor Tana, je possédai à ce jour les 3 _ magnifiques ! _ CDs suivants :

_ le CD Megadisc Classics MDC 7877 « Steve Reich – WTC 9/11 – Different trains » _ enregistré au Studio Passavant au mois de juin 2016

_ le double CD Megadisc Classics MDC 7880 « Philip Glass – Seven String Quartets » enregistré à la Grande des Villarons et paru en 2018

_ le CD Soond SND 22020 « Philip Glass – Tana Quartet – String Quartet n°9 King Lear – String Quartet n°8 » _ enregistré au Théâtre d’Arras au mois de septembre 2021 ; et admirez ici cette vidéo de 11′ 48…

Aussi ai-je aussitôt très vivement aspiré à découvrir d’autres performances de tels interprètes aussi superbement intensément si justement « présents » en un tel concert…

Et ai-je illico presto commandé à mon disquaire préféré le CD « Krzysztof Baculewski – String Quartets« , le CD Dux 1238 _ enregistré à Luslawice, en Pologne, du 7 au 15 février 2017 ; et distribué par Distrart… _,

comportant les Quatuors n°1 (de 1984), n°2 (de 1985), n°3 (de 1986) et n°4 (de 2014) de ce compositeur polonais, né à Varsovie le 26 décembre 1950, toujours pleinement actif…

Et en recherchant dans les coins quelque attention portée par quelque critique mélomane,

j’ai découvert un site intitulé « operacritiques« , sous la signature d’un certain David Le Marrec, comportant, à la date mercredi 22 mars 2023 un long article développé intitulé « Quatuor & répertoire : entretien avec le Quatuor Tana » _ en l’occurrence le premier violon Antoine Maisonhaute _, dont je propose ici la lecture, et qui aborde un peu, au passage, l’œuvre de Krzysztof Baculewski, mais qui est surtout intéressant dans son effort de caractérisation du travail assez original et singulier du Quatuor Tana, dont l’intensité de jeu a frappé aussi David Le Marrec, lors d’un concert, en avril 2019, à Bourron-Marlotte, en Seine-et-Marne :

dont je retiens _ moi, Titus Curiosus _ un très vibrant et ô combien justifié, sinon indispensable !, éloge de la curiosité

de la part de ces splendides interprètes que sont, au disque comme au concert, les Tana…

Voici donc ce riche entretien d’Antoine Maisonhaute avec David Le Marrec :

mercredi 22 mars 2023

Quatuor & répertoire : entretien avec le Quatuor Tana

http://piloris.free.fr/css/images/tana_ http://piloris.free.fr/css/images/tana_

http://piloris.free.fr/css/images/tana_ http://piloris.free.fr/css/images/tana_

Une série spéciale en quatre épisodes autour de la question du répertoire du quatuor à cordes. Pour cela, je m’entretiens avec Antoine Maisonhaute, du Quatuor Tana.
…Vous pouvez l’entendre par ici :
…Le flux RSS (lien à copier dans votre application de podcast)
https://anchor.fm/s/c6ebb4c0/podcast/rssou sur :
Google
Spotify
Deezer
Amazon
¶ etc.

Vous pourrez aussi y trouver quelques podcasts de vulgarisation très généraux sur l’opéra, le début de la reprise de la série Musique ukrainienne, une brève histoire de l’opéra italien à la conquête du monde, ainsi que quelques comptes-rendus de concerts trop bavards pour mes traditionnelles recensions Twitter… J’attends d’être un peu plus aguerri pour me lancer dans la grande adaptation de la série Pelléas……
Et comme d’habitude, la transcription suit. D’une part mon script (ce qui explique le style plus relâché, les répétitions… c’est prévu pour l’oral). D’autre part, pour ceux qui ne souhaitent pas écouter le fichier sonore, un résumé des réponses d’Antoine Maisonhaute { entre accolades }.
…Bonne écoute ou bonne lecture !…


Bienvenue dans cette nouvelle série du podcast de Carnets sur sol  !

Aujourd’hui, j’inaugure des entretiens avec des professionnels de la musique _ voilà. C’est un format que je n’ai jamais pratiqué, parce que je trouve que le format est en général très convenu, on félicite les artistes de bien jouer, on pose quelques questions faussement intimes, et on fait la promotion du disque ou du concert du moment.

Vous verrez que sur tous ces points, cet entretien adopte d’autres perspectives. Tout ce que vous n’avez peut-être même pas pensé à demander sur le quatuor à cordes !

Épisode 1  : Ma vie / La rencontre

Je commence à vous raconter pourquoi ce quatuor est singulier _ excellente perspective ! _, et d’où me vient cette envie d’échange. En vous livrant un peu de ma vie.

1.1. Les nouveautés

Nous sommes en avril 2019. Je tâche depuis peu de me tenir au courant des nouveautés, pas tant pour le dernier récital de la vedette Deutsche Grammophon que pour ne pas manquer les pépites de compositeurs que je ne connais pas _ voilà ! _ chez de petits labels riches en découvertes _ voilà une tout à fait excellente curiosité ! _ : comme je ne connais pas même leurs noms, si je les laisse passer, je ne les rencontrerai jamais ! _ et rencontrer vraiment, et pas superficielement, ni trop vite, est aussi essentiel ! Par ailleurs, il m’est déjà arrivé de croire pendant des années qu’une œuvre n’était pas disponible (ou pas dans une interprétation satisfaisante) et de me rendre compte par hasard que, depuis ma dernière vérification, plusieurs années plus tôt, on disposait d’un disque !

Je me suis donc mis à suivre les parutions de nouveautés discographiques, en particulier chez CPO (le label spécialiste des romantiques et décadents germaniques) et DUX (un label polonais qui ne publie que des œuvres exaltantes) _ et bien distribué en France par Distrart…

Je lance donc, sans rien y connaître, le disque _ des Tana _ de quatuors de Krzysztof Baculewski, un compositeur polonais né en 1950, et dont les quatuors (1984, 1985, 1986, 2014) semblent suivre l’évolution des esthétiques germaniques du premier XXe siècle, avec plus de radicalité au fil des œuvres, mais aussi plus d’épure et de concentration. Corpus absolument admirable _ oui, oui ! _, que j’ai beaucoup réécouté.

Je note mentalement le nom du Quatuor Tana, que je suppose polonais, et dont j’admire le mérite et l’engagement _ voilà : superbe et généreux ! _, pour enregistrer quelque chose d’aussi rare et qui leur sera si peu demandé en concert  !

1.2. Le concert

Un mois plus tard, en mai 2019. Comme chaque année, je parcours l’ensemble de la programmation de musique classique d’Île-de-France, et ce samedi-là, j’avais jeté mon dévolu sur un programme contenant le Quatuor de Debussy, le Premier Quatuor de Hahn, et un quatuor du compositeur (vivant) Jean-Paul Dessy Tuor Qua Tuor, dans une petite église du Gâtinais.

L’association ProQuartet, qui promeut le quatuor à cordes en Île-de-France, a deux bases d’opération  : un siège à Paris, mais aussi une zone d’influence dans le Sud-Ouest de la Seine-et-Marne (le long du Transilien R, qui passe par Fontainebleau, puis Nemours ou Montereau). Le choix du lieu, excentré par rapport à la capitale, mais dans un lieu où un public régulier et cultivé est assez présent, n’était pas totalement dû au hasard  : Reynaldo Hahn a séjourné dans la ville _ tiens, tiens !

Me voilà donc parti un samedi après-midi pour Bourron-Marlotte : une heure de train depuis la Gare de Lyon, avec une fréquence d’un train par heure… transi sous la neige fondue du mois de mai, j’ai même dû, au retour, monter dans un train en sens inverse pour me tenir chaud et ensuite patienter dans un couloir de la gare de Nemours où les dealers de coke opéraient à leur aise. L’église Saint-Sévère, qui conserve encore sa masse du XIe siècle (époque où elle était carrée), quoique largement remaniée au XIXe siècle, a trois particularités  : 1) des collatéraux qui s’arrêtent net au niveau du transept (sans croisillons, sans doute une économie au moment de l’élargissement de la nef) 2) des culs-de-lampe très expressifs aux visages simiesques 3) elle est loin de la gare.

Je me souviens encore d’être saisi par l’humidité glaciale de la neige fondue, traîtrement survenue en ce début de mai.

Du concert, j’avais surtout retenu le quatuor de Dessy, qui avait la particularité rare d’être un quatuor mené par le violoncelle – qui impulse la matière, commence les mouvements, régle le tempo… La matière première pourrait être qualifié d’essentielle, ni tonale (ce n’est pas aussi rudimentaire), ni atonale complexe, ni postmoderne-planante, vraiment une belle exploration de matériaux simples, qui s’achève en un souffle incantatoire – souffle littéral également, les deux violons pour finir soufflent dans leur âme.

Un petit goûter était organisé ensuite, dans la base du clocher-porche. Je n’ai pas osé déranger, et j’ai beaucoup regretté de ne pas avoir vu le bonheur sur leurs visages en annonçant que j’avais adoré leur disque Baculewski _ voilà ! _, sur lequel je me figurais qu’ils ne devaient pas avoir eu beaucoup de retour de la part de leur public de concert. (A fortiori alors qu’il venait de sortir quelques jours plus tôt.)

1.3. Le projet

Aussi, lorsque j’ai reçu la proposition d’entretien, j’ai bondi sur l’occasion  : d’abord de leur crier mon bonheur d’avoir connu Baculewski et Dessy grâce à eux, ensuite de leur poser non pas des questions traditionnelles, mais ce que j’avais réellement envie _ soit la curiosité du mélomane, aussi… _ de savoir. Elles sont peut-être un peu intrusives par certains côtés, mais c’était une occasion particulière d’avoir à ma disposition un ensemble aussi courageux et atypique.

Toutes les virgules de la série sont empruntées à un enregistrement libre de droits : il s’agit de la célèbre intégrale des Quatuors de Beethoven par le Quatuor Végh, sa première, celle de 1952 _ bravo ! Vous y entendez :

¶ en début d’épisode, un extrait du premier mouvement du quatuor n°10 ;
¶ en fin d’épisode, un extrait du deuxième mouvement du quatuor n°8 ;
¶ au début de chaque question, les accords introductifs du même quatuor n°8 ;
¶ à la fin de chaque question, le final du quatuor n°7.

Épisode 2  : Répertoire

QUESTIONS SUR LE REPERTOIRE

À l’occasion de leur concert aux Bouffes du Nord lundi 27 mars prochain, où ils joueront à la fois le Premier Quatuor de Ligeti et le Quintette Annonciation de Philip Glass, j’ai d’abord voulu les interroger sur leur répertoire très particulier _ en effet…

Il est exceptionnellement vaste, et contient surtout des compositeurs vivants _ voilà.

C’est Antoine Maisonhaute, le premier violon du quatuor, qui a pris le temps de me répondre.

1) Votre répertoire contient très peu des quatuors habituels du répertoire _ voilà ! _ : énormément de contemporain, et même pour les choses plus anciennes, beaucoup de raretés : Grétry, Nielsen, Lekeu, Caplet, Villa-Lobos, Durosoir _ nons y voici ! _, Wissmer, Alfvén (qui ne figure même pas dans les catalogues couramment disponibles du compositeur !)…  Pourquoi ce choix d’échapper au répertoire balisé ?  Est-ce le plaisir de la découverte, la volonté de se positionner sur un segment qui était peu occupé ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : En effet, le désir de découverte. }

2) Comment les projets se constituent-ils ?  Faites-vous les choix et cherchez-vous un label, ou des producteurs se proposent-ils ?
Typiquement, pour Baculewski, il y a toute une série chez DUX : est-ce le label qui vous a mandaté, vous qui lui avez proposé ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : DUX est bien venu les chercher en connaissant leur curiosité. J’ajoute que DUX a même publié dans les années précédentes tout un cycle de Baculewski, musique pour flûte, pour orchestre, pour chœur. Dans les autres cas, ce sont plutôt les Tana qui choisissent un éditeur susceptible de soutenir leurs projets originaux. }

Pour préciser, « Volts » est leur album regroupant des pièces au format inhabituel : quatuor à cordes avec bande préenregistrée pour Romitelli, œuvres ouvertes avec parties improvisées (Deejay de Gilbert Nouno), et même des instruments construits par les membres du quatuor (qui incluent, si j’ai bien compris, un système d’amplification électronique interne et non externe comme d’ordinaire) pour les pièces de Canedo, Arroyo et Havel.

C’est aussi leur album que je préfère (avec Baculewski évidemment) : quatuors au langage assez radical (rien de tonal là-dedans), qui porte bien son titre, aussi bien avec les procédés d’amplification que les figuralismes électriques et la tension extrême de l’exécution _ un trait bien caractéristique de l’interprétation des Tana. Très dynamique et impressionnant. Ça peut s’écouter à l’instinct, en se laissant porter par l’énergie qui en émane _ oui, oui _, sans même comprendre la forme ou le langage.

(Je suis aussi impressionné par la façon dont les Tana parviennent à changer totalement leur timbre d’un disque à l’autre, d’une œuvre à l’autre… c’est une question que je leur pose après.)

3) Pour un quatuor qui n’a même pas de Schubert à son répertoire courant, est-il facile de vivre ?  [la liste que j’ai eue n’était pas à jour, il y en avait deux _ de Schubert _ et ils les jouent régulièrement !] J’imagine que vous avez dû en étudier tout de même pour des concours, ou à la demande de programmateurs pour des couplages ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Ils en font donc, appris pendant leurs études ! Davantage de classiques du XXe siècle, qui facilitent les transitions vers les œuvres contemporaines dans les programmes. }

4) D’un point de vue pratique (et économique), est-ce plus difficile parce qu’il faut sensibiliser le public à une musique plus diverse et difficile que les œuvres qu’il connaît par cœur (autrement dit, pas facile de remplir avec du quatuor contemporain), ou bien l’existence d’institutions qui financent et programment régulièrement la création permet-elle au contraire de bénéficier d’un confort matériel suffisant ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Les institutions et les festivals spécialisés financent en partie la musique contemporaine, oui. Les membres du quatuor sont persuadés que le public aime découvrir, s’il est accompagné (ils ont l’habitude de présenter les œuvres _ et c’est en effet  très important _, de « dédramatiser »). Peut-être l’avenir, au moment où les grandes maisons ne remplissent plus avec les œuvres anciennes et célèbres, même avec des stars. Serait-ce le moment du grand retour de la création ?  Les plus difficiles à convaincre sont les programmateurs. }

5) Contrairement à la plupart des ensembles spécialisés, vous disposez d’un répertoire qui couvre un nombre considérable d’esthétiques : depuis les partitions radicales de Lachenmann jusqu’à la simplicité extrême de Glass, en passant par tout le continuum des musiques qui revendiquent l’héritage tonal , ou syncrétiques comme Fedele… Je me demandais la discipline que cela requérait en termes de culture musicale, pour savoir ce qui est attendu dans des univers aussi différents. On l’entend très bien dans vos disques, le timbre de l’ensemble, les phrasés diffèrent totalement, ce doit être un travail colossal pour concevoir et réaliser cela ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Travail très spécifique pour être capable de changer le son, notamment en fonction des lieux. Ne jouent pas de la même façon selon les salles, et peuvent s’adapter au dernier moment. }


Épisode 3  : Les concerts

6) Comment parvenez-vous à toucher le public avec un répertoire qui est si différent de ses habitudes (ils sont peu donnés et entendus, et bon nombre de quatuors qui échappent aux logiques tonales) : avez-vous des astuces ?  Vous reposez-vous d’abord sur la qualité de la musique (et l’ardeur _ oui ! _ de l’exécution) ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Donner des pistes d’écoute au public. Ne servirait à rien de chercher une logique tonale. Le public se sent plus en confiance lorsqu’il repère des éléments. La qualité de la musique de création dépend bien sûr des œuvres, mais le quatuor les sert toutes avec le même dévouement. }

7) Evidemment, une question me brûle les lèvres : que pensez-vous du répertoire actuel de quatuor ?  De mon point de vue de spectateur très régulier des concerts de quatuor, j’ai l’impression que les ensembles les plus célèbres rejouent toujours les quelques mêmes dizaines de titres, et que le jeu est plutôt de présenter une nouvelle version d’oeuvres déjà très bien connues du public _ en effet… J’étais curieux, considérant votre démarche complètement opposée, de la façon dont vous le perceviez.

J’ai été très heureux de la réponse. Antoine Maisonhaute n’a pas retenu ses coups. En écoutant son analyse, je criais « tue ! Tue ! » comme si j’assistais à un match de MMA (oui, on ne crie pas « tue » à un match de MMA, mais j’ai les images mentales que je veux). Avec beaucoup de pondération, il dresse en tout cas un état des lieux que je constate et partage – notamment autour du risque de muséification et d’atrophie _ voilà _ de toute la musique classique.

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Tendance à ronronner avec des œuvres qui ont fait leurs preuves, et toujours réinventer le fil à couper le beurre. Peu de prises de risque. Entretiennent un musée, et participe un peu à l’extinction du genre. Pas en phase avec les préoccupations de notre époque. Alors qu’il y a un siècle, les interprètes vedettes faisaient beaucoup de créations, voire composaient. Dommage de jouer à l’infini les mêmes œuvres, ce qui n’apporte plus rien à la musique ou au répertoire, et d’une certaine façon empêche penser les enjeux du classique aujourd’hui. }

BOUM.


8) Du point de vue l’identité sonore, comment définiriez-vous le Quatuor Tana ?  J’ai l’impression que votre son s’adapte énormément au répertoire, mais vous avez sans doute des tropismes ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Son assez clair et projeté. Dépend du répertoire, mais comme ont travaillé énormément d’esthétiques, jouent différemment aujourd’hui à partir de ce qu’ils ont observé dans le contemporain, en termes de son. Tentative du pianissimo le plus extrême chez Debussy tenté sul ponticello, sur le chevalet, avec du souffle dans le son, expérience vécue auparavant dans la musique contemporaine, expérience qui sert donc ensuite à s’approcher de l’indication de Debussy. }


Épisode 4  : Les corpus

Pour parler de concret, j’avais envie d’avoir votre opinion sur certaines musiques que vous jouez.

9) Je commence par Baculewski bien sûr : qu’est-ce que cette musique apporte au répertoire selon vous ?  Quelles sont les qualités qui vous ont frappé ? (Pour ma part, en tant qu’auditeur, c’est l’intégration des langages passés et l’évolution du style au fil des quatuors, mais du point de vue des interprètes, je ne sais pas.)

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Comme d’autres musiques des pays de l’Est, grand rapport à la tradition et en même temps dans l’air du temps. Pēteris Vasks par exemple. Très virtuose, instrumental, mais aussi beaucoup de finesse dans la recherche d’une nouvelle façon de composer pour le quatuor. Ils n’ont pas hésité à accepter, mais ont dû travailler très longtemps, musique particulièrement virtuose. Musique de réconciliation de la modernité et de l’auditeur, sans être passéiste. Beaucoup d’émotions passent malgré sa nouveauté. }

Ce point de vue de l’intérieur est très intéressant : je n’aurais pas spontanément rapproché Vasks de Baculewski, en tout cas le Vasks pour cordes (je le sens davantage dans sa musique chorale), mais je partage tout à fait l’idée de cette sensibilité particulière des nations « périphériques » à la création d’avant-garde, aussi bien en Scandinavie que chez les Slaves, qui écrivent de la musique nouvelle dans un langage qui a évolué mais conserve des liens évidents avec la tradition, de façon parfois plate, ou bien, dans les œuvres réussies, de façon particulièrement touchante, riche et stimulante.

À l’écoute du disque, j’ai eu l’impression, un peu comme en écoutant Grażyna Bacewicz, qui n’est pas du tout de la même génération, de suivre l’évolution des esthétiques germaniques de la premier moitié du XXe siècle, traversant un nombre d’esthétiques sonores très variées, avec plus de radicalité au fil des œuvres, mais aussi plus d’épure et de concentration.

Je trouve ce corpus particulièrement admirable, et je vous recommande chaleureusement le disque chez DUX, le label à suivre avec CPO si vous aimez les découvertes qui ne déçoivent pas.

10) Pour Philip Glass, que vous donnez en concert bientôt aux Bouffes du Nord, je suis au contraire _ pas moi : j’ai bien lu ce qu’en dit Karol Beffa en son passionnnant « L’Autre XXe sièclee musical«  ; et regardez et écoutez  la vidéo (de 53′) de mon entretien avec lui à la Station Ausone le 25 mars 2022 : nous y abordons le cas Philip Glass _ très rétif (je trouve sa répétition oppressante, en plus des « fautes » d’harmonie qui prennent nos habitudes à rebrousse-poil). Ce qui me rend d’autant plus curieux de ce qui vous intéresse ou vous touche dans cette musique !  D’un point de vue plus pratique, comment faites-vous pour ne pas perdre le fil _ oui, oui… _ du nombre de réitérations des boucles ?  Y a-t-il des techniques spécifiques à ce répertoire minimaliste ?

{ Résumé de la réponse d’A.M. : Touché par sa sincérité, l’absence de prétention, une forme d’authenticité. Particulièrement accessible en tant que personne, remarquable par son humilité, disponible pour aider les artistes à monter les œuvres. Énorme culture de la musique, en particulier de la musique européenne du XXe, et trace son propre sillon personnel, avec ces « fautes » délibérées. Beaucoup d’épigones ne parviennent pas à faire du Philip Glass en voulant l’imiter. Pour les répétitions des boucles, demande simplement de la concentration. }

Ce n’est pas totalement de la provocation si je relève que Philip Glass est gentil – en réalité, pour des compositeurs vivants, il n’est pas absurde que le caractère entre en ligne de compte, il n’est que de voir les musiciens vedettes qui font du mal autour d’eux.

Par ailleurs, il est toujours profondément stimulant d’entendre l’éloge – y compris chez certains de mes amis les plus proches – de musiques qu’on déteste, voire qu’on trouve médiocres. C’est l’occasion d’un décentrement _ toujours crucial et nécessaire ! Là-dessus, cf l’article programmatique (et parfaitement emblématique) de mon blog, paru le 3 juillet 2008 : « « , qui n’a pas vieilli d’un iota : « dans l’ouverture de grand air, ou plein vent, de pas trop vissées serré curiosités _ j’aime qu’il y ait un minimum de jeu, et que ça flotterisquer un œil à côté de la perspective incitée, en se déplaçant un pas plus loin que la place marquée, à peine, un brin, à l’écart, en ce coin-ci, passant la porte entrebâillée, ou derrière la palissade _ dans l’ouverture, donc, d’un peu larges et mobiles (boulimiques ?) curiosités plurielles« , écrivais-je même très précisément alors, en juillet 2008… _, de comprendre d’autres approches de la musique : cette répétition que je trouve à la fois ennuyeuse et oppressante crée chez d’autres au contraire une forme d’ivresse passive, de voyage intérieur… en tout cas Glass produit des effets assez singuliers _ voilà ! _, que je n’attribue pas forcément à la qualité intrinsèque de sa musique, mais qui sont bel et bien là. Et c’est toujours passionnant d’entendre les autres développer des éloges et des exégèses sur ce qui nous échappe _ c’est très juste !

A fortiori lorsqu’ils sont eux-mêmes engagés dans la production de cette musique : on ne peut pas soupçonner, vu leur répertoire totalement interlope, que les Tana jouent Glass pour faire comme tout le monde ou brosser les programmateurs dans le sens du poil !

11) J’accueillerais avec plaisir vos suggestions, parmi votre répertoire ou vos disques : par exemple un quatuor qui vous tient à cœur, que vous voudriez faire plus largement découvrir, ou encore qui pourrait recevoir un large succès auprès du public.

{ Résumé de la réponse d’A.M. : La musique de chambre de Jacques Lenot. Musique de grande qualité. Évolution musicale qui retrace des trajectoires de vie. }

Sélection surprise !  J’ai vraiment eu de la peine à venir à bout du disque lorsque je l’ai écouté il y a quelque temps, j’avais trouvé tout cela vraiment atonal-radical-ascétique, sans rien pour me raccrocher dans les textures ou les effets.

Cet éloge met à nouveau en évidence une chose très importante : plus on dispose de musiques différentes, plus on est susceptible de trouver un langage qui parle à notre sensibilité propre _ voilà. Tout cela est d’excellent bon sens, et au service de la culture.

C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle je rouspète devant le conservatisme _ et l’étroitesse coutumière, dominante _ de la programmation, en particulier en concert. En Île-de-France, j’ai largement de quoi m’occuper au concert 465 jours par an, mais je pense à tous ceux qui n’ont pas d’appétence pour Mozart, Schumann ou Debussy, et qui ne trouvent pas leur place.

Exemple évident, le répertoire des concerts de piano seul. Moi, ce qui me touche au piano, ce sont surtout les cycles poétiques français du début du XXe siècle et la musique futuriste russe. J’ai longtemps cru que les récitals de piano n’étaient pas pour moi, parce qu’on ne jouait qu’une portion étroite du répertoire (classicisme et romantisme germanique, Debussy-Ravel, saupoudré d’un peu de Chostakovitch et de Prokofiev).

Et c’est vraiment le risque aussi avec le quatuor.


Je tiens à remercier vivement Antoine Maisonhaute, premier violon du quatuor Tana, d’avoir répondu aussi franchement à mes questions, peut-être insolites ou un peu intrusives. Et aussi, plus largement, de faire vivre le répertoire le plus varié au disque et au concert. C’est très précieux. En quelques années, le Quatuor Tana a ouvert plus de portes que des dizaines de quatuors vedettes (qui jouent certes très bien Beethoven et Schubert) pendant toutes leurs carrières combinées. Ils font une différence _ très salutaire et bienvenue _ dans le monde de la musique.

Vous pourrez les entendre aux Bouffes du Nord à Paris lundi 27 mars prochain, si vous supportez mieux que moi Philip Glass – mais les entendre dans le Premier Quatuor de Ligeti, justement une œuvre extraordinairement virtuose et zébrée de part en part de références sérieuses ou facétieuses au patrimoine, ce doit être une expérience remarquable _ absolument ! cf précisément là-dessus mon article du 19 mai dernier : « «  le soir du concert des Tana à Saint-Lon-les-Mines, auprès de mes amis Luc et Georgie Durosoir. J’avais été très marqué par ce qu’ils proposaient dans Debussy : beaucoup de respiration entre les accords, une belle netteté des volutes, des poussées inattendues de lyrisme, un goût évident pour ce tourbillon qui découle des empilements et mutations du motif-clef… J’imagine quelque chose de similaire, une réinvention des possibilités sonores _ voilà ! _ comme l’évoquait Antoine Maisonhaute précédemment.

Au disque, ils ont laissé une vaste palette de leur talent : monographies Baculewski, Lenot, Glass, Achenberg, mais aussi des anthologies très stimulantes comme Shadows (œuvres de Yann Robin, Raphaël Cendo, Franck Bedrossian) ou Volts dont j’ai parlé plus tôt.

S’il faut en recommander deux, Baculewski (chez DUX) pour le versant qui fait référence au patrimoine – ça peut quasiment s’écouter comme du quatuor romantique, on y trouve des progressions harmoniques enrichies très lisibles – et l’anthologie thématique Volts (chez Paraty), pour l’énergie hors du commun et l’originalité des profils sonores.

Je vous souhaite une belle exploration. À bientôt sur ce support ou un autre !

Les très intenses Tana sont absolument à suivre…

Et vive la curiosité !

Ce samedi 22 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Epatantissime « Tansman cosmopolite », par le très dynamique Novi Piano Duo, formé d’Anna Wielgus-Nowak et Grzegorz Nowak…

17mai

Dans la série de mes articles enchantés consacrés à des CDs comportant, pour tout ou partie, des œuvres d’Alexandre Tansman (Lodz, 11 juin 1897 – Paris, 15 novembre 1986),

soient en priorité les articles des 8, 9, 10 et 11 mai derniers

_ « « ,

« « ,

«  »

et « «  _,

..

et plus particulièrement dans la très jouissive continuité musicale de l’enthousiasmant CD « Tansman – Piano Music » de Maria Argenterio,

dont je donnais dès vendredi 10 mai un lien de podcast à l’intégralité (de 61′ 02) de ce CD Piano Classics  PCL 10260 :

« proprement jubilatoire« , m’étais-je alors exprimé ! Et c’est absolument le cas !!!,

voici que, ce vendredi 17 mai, me parvient _ commandé tout juste vendredi dernier 10 mai _, le CD « Tansman Cosmopolite » _ le CD Dux 1969, enregistré à Kielce les 5 et 6 avril, puis le 1er novembre 2023 _, du Novi Piano Duo, formé d’Anna Wielgus-Nowak et Grzegorz Nowak :

à nouveau un CD absolument jubilatoire !!!

au service de la brillante et très variée musique dynamique et généreuse d’Alexandre Tansman…

Déjà, lundi dernier 13 mai, venait de paraître _ en quelque sorte parallèlement à ma propre curiosité _ sur l’excellent site Discophilia, et sous la plume de la décidément parfaite oreille de Jean-Charles Hoffelé,

et sous le titre de « L’enfant terrible » _ pour qualifier Tansman… _,

ce très juste commentaire d’écoute suivant du CD :

L’ENFANT TERRIBLE

La suractivité rythmique _ expression idéalement adéquate ! _ de la syntaxe Tansman appelait naturellement la danse, mais la danse moderne, foxtrots épicés de jazz, tangos pervertis, valses instables. Les ballets, cette part décisive _ en effet _ de son _ déjà très riche _ catalogue des années trente, sont le vrai sujet de ce disque _ oui _ qui en offre les brillantes réductions pour piano à quatre mains réalisées par le compositeur _ lui-même.

C’est peu d’écrire qu’Anna Wielgus-Nowak et Grzegorz Nowak emportent avec brio _ oui _, et surtout avec le grain de folie nécessaire _ voilà ! _ les micros-épisodes qui forment le trame du Train de nuit, partition géniale  _ de 1951 _ où, à l’orée des années cinquante, Tansman regarde en arrière, résumant la parenthèse enchantée _ pour lui et pas mal d’autres, avant la catasrophe hitlérienne _ de l’entre-deux-guerres par un fabuleux pied de nez.

Cette vitalité irrépressible _ oui, oui _, ce motorisme impertinent _ encore oui ! _ qui fascinent tant dans Le Train de nuit emplissaient déjà, avec des espaces de songes éveillés en plus, La Grande ville _ de 1935 _, dont le compositeur tire trois épisodes simplement irrésistibles : La rue a un petit air Gershwin. _ absolument !

Autre regard en arrière, la Fantaisie _ sur les Valses de Johann Strauss, de 1961 _ très libre où il promène son piano dans quelques souvenirs de Valses de Johann Strauss avec le sentiment que ce monde là est vraiment perdu _ à la Stephan Zweig… _, partition troublante au possible, l’envers des deux cahiers de Fugues, celui de 1942 si moderniste, des fugues au carré, celui de 1938, paraphrase surprenante où le piano semble inviter le souvenir des orgues de Bach.

Interprétations superlatives _ voilà ! _ pour un disque plus qu’utile _ nécessaire, par conséquent : pour parfaire sa culture et son plaisir….

LE DISQUE DU JOUR

Tansman cosmopolite

Alexandre Tansman
(1897-1986)


Le Train de nuit
La Grande ville
Fantaisie sur les Valses de Johann Strauss
3 Fugues
Introduction et Fugue

Novi Piano Duo
Anna Wielgus-Nowak, piano
Grzegorz Nowak, piano

Un album du label DUX Records 1969

Photo à la une : les deux membres du – Photo : © Piotr Markowski

Épatantissime musique, comme interprétation, vous-dis-je…

Ce vendredi 17 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques précisions sur la genèse des « Chansons madécasses » de Maurice Ravel, d’après Roland-Manuel ; ainsi que sur quelques cousinages cibouro-luziens faisant de Maurice Ravel, cibourien, un cousin apparenté à ses amis Gaudin, luziens : ce qui est tu et ce qui est dit…

15mai

 

À toutes fins utiles,
et qui confortent les intuitions si justement exprimées par Thomas Dolié lors de son passionnant travail de « mise en place » samedi dernier…
Samedi prochain 18 mai, à Saint-Jean-de-Luz, je rencontrerai de nouveau Maylen Lenoir-Gaudin, 
petite-fille de la cousine au 3e degré de Maurice Ravel, Magdeleine Gaudin-Hiriart, née à Saint-Jean-de-Luz le 11 mars 1875,
soit 4 jours après la naissance de son cousin Maurice Ravel, né lui le 7 mars 1875 à Ciboure, la cité jumelle de Saint-Jean-de-Luz…
Maylen Lenoir, née Gaudin, en 1942, a très bien connu sa grand-mère Magdeleine, décédée à Saint-Jean-de-Luz le 19 juin 1968,
personne très affable, volubile et joyeuse…
Mais celle-ci, non plus que son fils Edmond Gaudin, n’a jamais parlé à ses petits-enfants de son cousinage avec Maurice Ravel ;
un cousinage que ceux-ci ignoraient donc !!!
Maylen Lenoir m’a raconté en détails divers souvenirs de sa famille du petit Maurice Ravel, venant, enfant puis adolescent, passer quelques vacances à Ciboure et Saint-Jean-de-Luz,
et venant rendre visite à sa chère grand-tante (et marraine) Gachucha Billac (Ciboure, 15 mai 1824 – Saint-Jean-de-Luz, 17 décembre 1902),
qui était depuis 1875 la domestique-gouvernante des 7 enfants Gaudin, nés entre le 19 novembre 1875, l’aîné Charles, et le 23 février 1886, le benjamin Louis.
Hélas n’existe à notre connaissance nul document, nulle lettre, qui ait été conservé concernant les moments d’enfance et d’adolescence de Maurice Ravel, lors de séjours de vacances à Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, avant 1897 ;
existent seulement de très vivaces _ et fiables ! _,souvenirs familiaux des Gaudin concernant la présence chez eux du petit Maurice, en particulier avant le décès de sa grand-tante (et marraine), et gouvernante des enfants Gaudin, au 41 de la rue Gambetta, Gachucha Billac, le 17 décembre 1902…
Et ce sont Charles (né le 19 novembre 1875) et Pierre Gaudin (né le 7 février 1878) qui sont allés déclarer à la mairie de Saint-Jean-de-Luz le décès de leur chère nounou, Engrâce (dite Gachucha) Billac, décédée en leur domicile familial, au 41 rue Gambetta
_ et c’est à ce même Pierre Gaudin ainsi qu’à son frère Pascal, tués ensemble au Chemin des Dames le 12 novembre 1914, que Maurice Ravel a dédié le sublime « Rigaudon » du sublime « Tombeau de Couperin ».
C’est par le mariage de sa cousine Magdeleine Hiriart, le 28 septembre 1901, que Maurice Ravel est devenu un peu plus, ou un peu mieux, que le petit-neveu et filleul de la domestique des Gaudin, sa chère Gachucha Billac ;
mais sans pourtant jamais être considéré dès lors comme un « cousin », ne serait-ce que par alliance, des Gaudin, pourtant ses grands amis de toute leur vie, à Saint-Jean-de-Luz,
qui l’ont très souvent hébergé en leurs successifs domiciles luziens.
Et surtout la très aimable Marie Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 3 mars 1879 – Saint-Jean-de-Luz, 8 décembre 1876) était l’amie la plus proche de Maurice Ravel…
Maurice Ravel était donc d’abord, et est demeuré quelque part, ensuite, pour les Gaudin, le petit Maurice, petit-neveu et filleul de leur domestique Gachucha Billac,
auquel on réservait à table, quand il était enfant, les assiettes ébréchées…
Et même une fois devenu le musicien reconnu et même universellement célébré, et surtout l’ami très cher, volontiers hébergé par Marie Gaudin et sa famille,
Maurice Ravel ne fut pas considéré par les Gaudin comme le « cousin » qu’il était pourtant, par apparentement, bel et bien ! Même si c’était seulement par alliance pour les Gaudin, à l’exception de sa cousine effective, elle, Magdeleine née Hiriart, ainsi que son fils Edmond Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 30 mai 1903 –  Saint-Jean-de-Luz, 28 décembre 1988), le père de Maylen Gaudin-Lenoir et de son frère aîné Charles-Paul Gaudin (Saint-Jean-de-Luz 15 janvier 1938 – Saint-Jean-de-Luz, 25 mai 2006).
Mais peut-être que d’autres faits très ultérieurs par rapport à l’enfance et l’adolescence, mais bien tenus secrets, ont aussi en partie joué sur l’image un peu étrange de Maurice Ravel dans l’esprit d’au moins quelques uns des membres de la famille Gaudin-Courteault ; et il me semble qu’il y a probablement là de quoi encore creuser, par-delà les patines du temps, et la succession des générations, en cette famille, la plus proche pourtant, en amitié, de Maurice Ravel, à Saint-Jean-de-Luz…
Sur cela, cf notamment, et plus spécialement, mes 2 articles explicatifs des 17 et 18 août 2022 :
Bien sûr, cette généalogie issue des Delouart, Etcheverry-Hiriart, et des Bibal-Gaudin, et ces menues anecdotes familiales des Gaudin à propos de Maurice Ravel, ne concernent apparemment pas directement le travail musical sur les « Chansons madécasses« , mais cela peut tout de même au moins intéresser la curiosité quant au contexte d’arrière-fond de création d’un compositeur assez introverti, dont la voie privilégiée d’expression de lui-même fut, et quasi exclusivement, sa musique.
Et à cet égard, ces étranges, dérangeantes, puissantes « Chansons madécasses » en disent déjà beaucoup : il faut les écouter égrener leurs secrets…
Ce mercredi 15 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

La curiosité fervente, fine et élégante de Florian Noack au profond du meilleur de l’âme russe : le CD « Lyapunov – 12 Etudes d’exécution transcendante » La Dolce Volta LDV 90 et le CD « Florian Noack – Brahms & Medtner » Artalinna ART A014 ; ou une irrépressible douceur et puissance mêlées, en des oeuvres singulières…

26avr

C’est une très impressionnante émotion de terrible douceur, oui, qui nous prend d’abord à l’écoute du CD de Florian Noack « Lyapunov – 12 Etudes d’exécution transcendante« , soit le CD La Dolce Volta LDV 90 _ écoutez donc ici cette sublime « Berceuse » (3′ 38) qui ouvre le CD _,

qui vient magnifiquement compléter _ cf mon très admiratif article «  » du 15 avril dernier… _ le profond et intense plaisir pris à ses deux précédents CDs Lyapunov (Iaroslav, 18 novembre 1859 – Paris, 8 novembre 1924) :

les CDs Ars Produktion « Lyapunov – Works for piano – vol. 1 » ARS 38 132 _ admirable ! _ et « Lyapunov – Works for piano – vol. 2«  ARS 38 209…

Mais le CD « Florian Noack – Brahms & Medtner » Artalinna ART A014, révèle un tout autre et tout aussi impressionnant trait du très grand talent d’interprète de Florian Noack :

sa puissance de jeu dans Medtner (Moscou, 24 décembre 1879 – Londres, 13 novembre 1951)

_ mais écoutez aussi ici cette effrénée et pourtant délicate « Lesghinka«  (de 6′ 37) de ce même CD Ljapunov des « 12 Etudes d’exécution transcendante » Op. 11

Voilà des pans méconnus de moi jusqu’ici de cette riche musique russe,

par ce formidable passeur de musiques singulières qu’est Florian Noack…

Ce vendredi 26 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur