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La remarquable singularité du programme, et la parfaite réalisation musicale, du passionnant CD « Forbidden Fruit » de Benjamin Appl et James Baillieu

30juil

Dans la suite annoncée de mon article d’hier 29 juillet 2023 « « 

que j’avais consacré à la formidable interprétation de la mélodie « À Chloris » de Reynaldo Hahn sur les 10 premiers vers des Stances de Théophile de Viau _ qui en comportent 100 _,

je porte mon attention ce jour, dimanche 30 juillet, sur la magnifique unité dans la diversité du programme de 28 pièces musicales de ce « Forbidden Fruit«  _ le CD Alpha 912 _,

tel qu’il a été très finement composé par Benjamin Appl.

Et qui se comprend fort bien,

à considérer et prendre en compte comment l’image et symbole de la Pomme (Apple), comme séduisant très tentant fruit défendu et proscrit du jardin d’Éden, a pu solliciter l’imageance fertile de celui, Benjamin Appl, qui s’est avec délices laissé aller à composer le beau, sensuel, jouissif, mais parfois aussi amer ou carrément vénéneux et mortifère, et ainsi terriblement _ subtilement _ ambivalent _ Freud est donc ici présent, sous-jacent… _, programme de ce passionnant musical CD « Forbidden Fruit« , autour des variations toujours complexes et à jamais incertaines du désir,

à partir de tels jeux de tourbillons entés à la lettre même de son nom de famille, Appl…

Et que Benjamin Appl vient excellemment expliciter en son très beau texte de présentation, aux pages 20 à 23 du livret du CD,

avec l’exergue suivant, extrait des « Amours » d’Ovide (III, 4, v.17) : « Nous convoitons toujours ce qui nous est défendu et désirons ce qu’on nous refuse« . 

Des 28 pièces musicales de ce programme _ toutes ici accessibles à l’écoute par un clic _,

6 d’entre elles _ d’un compositeur anonyme anglais : « I will Give my Love an Apple » ; d’Ivor Gurney (1890 – 1937) : « The Apple Orchard«  ; de Roger Quilter (1877 – 1953) : « Now Sleeps the Crimson petal » ; de Leonello Casucci (1885 – 1975) : « Just a gigolo«  ; d’Edvard Grieg (1843 – 1907) : « To a Devil«  ; et de Jake Heggie (1961) : « Snake«  _ sont chantées en anglais 

6 d’entre elles _ de Kurt Weil (1900 – 1950) : « Youkali«  ; de Francis Poulenc (1899 – 1963) : « L’Offrande« , « Couplet bachique«  et « Le Serpent«  ; de Reynaldo Hahn (1874 – 1947) : « À Chloris«  ; et de Claude Debussy (1862 – 1918) : « La Chevelure«  _ sont chantées en français (+ 2 fois l’instrumental « In paradisium« , tiré du Requiem de Gabriel Fauré (1845 – 1924), en un arrangement pour le piano de James Baillieu : d’abord à la plage 2 ; puis à la plage 40 du CD)

et 14 d’entre elles _ de Hugo Wolf (1860 – 1903) : « Ganymed« , « An die Geliebte«  et « Und willst du deinen Liebsten sterben sehen«  ; de Richard Strauss (1864 – 1949) : « Das Rosenband«  ; d’Arnold Schönberg (1874 – 1951) : « Arie aus dem Spiegel von Arcadien : Seit ich so viele Weiber sah«  ; de Robert Schumann (1810 – 1856) : « Lorelei« , « Frühlingsfahrt«  et « Wer nie  sein Brot mit Tränen ass«  ; de Fanny Mendelssohn-Hensel (1805 – 1847) : « Die Nonne«  ; de Lothar Brühne (1900 – 1958) : « Kann den Liebe Sünde sein«  ; de Franz Schubert (1797 – 1828) : « Heidenröslein«  et « Gretchen am Spinnrade«  ; de Hanns Eisler (1898 – 1962) : « Die Ballade vom Paragraphen 218«  ; et de Gustav Mahler (1860 – 1911) : « Urlicht«  _ sont chantées en allemand.

Et cela, en une diction et une intelligence des textes superlatives : stupéfiantes !

Voilà.

Je remarque aussi l’article _ une fois encore très juste en son appréciation… _ de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Arcadie multiple« , paru sur le site Discophilia, avant-hier 28 juillet 2023…

ARCADIE MULTIPLE

Un simple song _ I will Give my Love an Apple, d’un compositeur anonyme _ sans accompagnement _ de piano _ ouvre l’album _ à la plage 1. Lui répond _ à la plage 4 _ une pièce pour piano seul _ ici Jean-Charles Hoffelé fait erreur : cette pièce, délicieuse, est bel et bien chantée ! _ d’Ivor Gurney, The Apple Orchard où s’évoque illico _ à la plage 2 _ l’In paradisum hypnotique du Requiem de Fauré que James Baillieu fera résonner dans la scripture de l’auteur _ Gabriel Fauré _ des Barcarolles à la coda _ à la plage 40 de l’album. La boucle se referme _ à la plage 41 et dernière, il y sura encore le « Urlicht » de Gustav Malher… _ sur un disque d’esthète _ oui _ qui ne m’étonne pas de Benjamin Appl. Il glisse son baryton caméléon de l’Arcadie érotique du Ganymed d’Hugo Wolf _ à la plage 6, sur des vers de Goethe… _ aux pamoisons exotiques sur fond de rumba rêveuse du Youkali de Kurt Weill _ à la plage 7.

Se prendrait-il pour Lotte Lenya ? Il a le talent, les audaces, le charme juste dosé d’un peu d’amer _ oui _, et n’hésite pas à prendre chez les dames Gretchen am Spinnrade _ à la plage 35 _ mais aussi _ l’hyper-sensuelle, sur un texte archi-brûlant de Pierre Louÿs, extrait des « Chansons de Bilitis« La Chevelure de Debussy, cultivant non l’ambigüité mais l’ambivalence _ oui ! _ : cette voix peut tout dans le champ clos et pourtant infini des « chansons », y compris À ChlorisReynaldo Hahn célèbre son antiquité digne de Poussin. Sublime simplement _ voilà ! _ et jusque dans Just a Gigolo, clin d’œil à la périphérie qu’autorise le charme nostalgique _ assez fréquenté, en effet, ici… Benjamin Appl dit aussi _ lui-même, en forme d’énoncés de titres de chapitres _ de brèves phrases, didascalies volées aux partitions ou simples appréciations qui font le voyage fluide.

Ecoutez les couplets bachiques de Poulenc, avec leur goût d’anis, et comparez son Serpent au Snake de Jack Heggie. Des ponts imaginaires se tendent _ voilà ! _ au-dessus de l’Atlantique, mais le disque s’ancre _ surtout, en effet _ dans le romantisme de Schubert, et de Schumann, dans le rare Die Nonne de Fanny Hensel, dans les crépuscules de Strauss ou du premier Schönberg que couronne l’Urlicht de Gustav Mahler.

LE DISQUE DU JOUR

Forbidden Fruit

Œuvres de Ivor Gurney, Hugo Wolf, Kurt Weill, Francis Poulenc, Reynaldo Hahn, Richard Strauss, Roger Quilter, Claude Debussy, Arnold Schönberg, Leonello Casucci, Edvard Grieg, Robert Schumann, Fanny Hensel, Lothar Brühne, Jack Heggie, Franz Schubert, Hanns Eisler, Gustav Mahler, Gabriel Fauré

Benjamin Appl, baryton
James Baillieu, piano

Un album du label Alpha Classics 912

Photo à la une : le baryton Benjamin Appl – Photo : © Manuel Outumuro

J’ajoute ici cette très intéressante chronique aussi,

publiée sur le site Operaramblings en date du 12 mai 2023 :

Forbidden Fruit

ALPHA COVERITUNES.inddForbidden Fruit is a CD by baritone Benjamin Appl and Pianist James Baillieu due for release on June 23rd.  It’s a sort of themed recital dealing with the Garden of Eden and the Fall _ telle en est donc la thématique qui en fait l’unité. It starts with the English traditional song “I Will Give My Love an Apple” and finishes with “Urlicht” from Mahler’s setting of text from Das Knaben Wunderhorn.  In between there are about 25 songs _ yes indeed _, some solo piano and quotes from the Bible which take us on a journey from all kinds of temptation, through consequences, to (maybe) some kind of redemption.  In all there’s 69 minutes of music.It’s musically varied with songs in English, French and German ranging from well known Lieder and Chansons to cabaret and other genres _ oui.  Appl is excellent _ absolument !!! _ in all three languages with exceptional diction _ oui ! Quelle aisance ! _ and sense of text _ magnifique d’intelligence.  He’s also stylistically versatile _ en effet : voilà pour sa diversité…  Those who have seen him live will not be surprised that his Schubert, Debussy and Quilter songs sound like a most excellent Liederabend but he can also find something darker and edgier for Eisler, Weill, Brühne and Heggie _ oui.  I particularly liked the his grim take on the Eisler setting of Brecht’s “Die Ballade vom Paragraphen 218”.  It’s a very fine performance by Appl with sensitive contributions _ il faut aussi le souligner ! _ from Baillieu.

The sound quality is excellent and very natural _ oui.  It was recorded in high resolution (96kHz/24bit)  in the Auditorio Stelo Molo RSI in Lugano in July 2020 and is being released as a standard resolution CD or as Hi-res and standard res FLAC and MP3.  I listened to the hi-res version.  There’s a digital booklet with lots of useful information and full texts in it too.

Highly recommended.

Catalogue number: Alpha Classics ALPHA912

Ainsi que ceci, de très pertinent encore,

placé en commentaire d’une vidéo consacrée à ce CD :

« Temptation, prohibition, good, evil… ‘how relevant are these in today’s world?’ asks Benjamin Appl. With the complicity of pianist James Baillieu, we are taken on a musical arc from simple folk songs through to the great song composers such as Schubert, Schumann and Wolf, along the way visiting the French masters Debussy and Poulenc, exploring ‘new objectivity’ with Weill and Eisler and enjoying compositions by Casucci, Heggie and others. The metaphor of forbidden fruit gives Benjamin and James a wide range of possible interpretations. Whilst some of the song settings centre on sensuality, others focus on socially immoral topics such as incest or sensitive subjects such as abortion. The German baritone embodies each of these stories with a passion and dramatic sense that makes this album a kaleidoscopic and astonishing journey through time and space« .

Une rareté discographique, donc, que ce très singulier CD « Forbidden Fruit« ,

qui vaut mille fois le détour d’un minimum de curiosité de la part des mélomanes !!!

Bravissimo !

tant pour la composition très originale, fine et variée, du programme,

que pour la rare performance musicale idéalement expressive,

tant du chanteur, Benjamin Appl, que de son compère pianiste, James Baillieuplus que parfaits tous les deux dans la justesse et pertinente beauté des émotions qu’ils nous offrent ainsi à partager !!!

Ce dimanche 30 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un bref rappel rétrospectif : les tous premiers encouragements de Joël Petitjean à mon travail de recherche, absolument original, à propos de la descendance des trois neveux (Amédée, Gaston et Raymond) de Louis Ducos du Hauron, en date des 24 et 25 septembre 2021…

22juil

En matière de bref recul rétrospectif sur mon patient et suivi travail de recherche _ débuté très précisément le dimanche 6 décembre 2020, avec mon article « «  ; cf mon tout premier article consacré à ma découverte de Louis Ducos du Hauron (dont j’ignorais jusque là jusquà l’existence !!!), en date du jeudi 2 décembre 2020 : « «  _ sur la descendance des trois neveux, Amédée et Gaston Ducos du Hauron et Raymond de Bercegol, de Louis Ducos du Hauron,

voici,

en forme de témoignage de l’amorce de notre amicale et féconde correspondance,

ces deux courriels reçus de Joël Petitjean en date des 24 et 25 septembre 2021 :

_ d’abord, celui-ci, en date du 24 septembre 2021, à 19h 58 :

« Cher Monsieur,

 
Il y a quelques mois _ décembre 2020… _, Claude Lamarque, avec qui je suis en relation très amicale, m’avait demandé s’il pouvait vous donner mon adresse courriel afin que nous puissions échanger sur notre passion commune, ce que j’ai accepté bien volontiers !
 
J’ai donc attendu votre message, et je le reçois aujourd’hui avec joie.
 
Passionné et travaillant sur Ducos du Hauron depuis de longues années, j’ai fait l’effort de suivre au jour le jour, lire (et imprimer) votre formidable travail _ et je retiens, bien sûr, cette extraordinaire expression ! _ (qui mériterait grandement d’être organisé pour une publication) _ Wow !!! et c’est bien sûr moi qui mets cela en rouge _ ; je suis donc un de vos lecteurs assidus _ re-wow !
 
Vous m’avez beaucoup appris _ voilà qui grandement m’honore !
 
Pour ma part, j’ai réuni une importante documentation et j’aurais quelques précisions à vous apporter.
 
Je suis donc à votre disposition pour convenir, si vous le souhaitiez, d’un rendez vous téléphonique ces prochaines semaines. (Nous nous rencontrerons peut-être en marge du colloque du 27 novembre, mais il n’est pas sûr que nous puissions échanger longuement.)
 
Je vous adresse en pièce jointe, pour information, un de mes articles ainsi que mon CV (c’est le plus simple…) où sont décrits tous mes travaux et réalisations sur Ducos du Hauron.
 
Au plaisir de vous lire, bien cordialement.
 
Joël Petitjean« …

Avec ma réponse du lendemain, le 25 septembre, à 11h  02 :

« Cher Monsieur,

 
Quelle magnifique et heureuse surprise que votre courriel !
 
Vous sachant très occupé, et m’étant petit à petit écarté du propos initial de ma recherche concernant les 3 neveux de Louis Ducos du Hauron, 
pour porter mon attention sur leurs descendances, et bientôt les affiliations de ces descendants ;
et plus encore, très vite, sur les parcours en Algérie _ Alger, Orléansville, etc. _ d’Amédée Ducos du Hauron et des personnes qui lui étaient de près, puis de plus loin, apparentées,
je n’ai pas voulu vous ennuyer avec ces recherches qui s’éloignaient des activités de recherche et inventions de Louis Ducos du Hauron 
(ainsi que de ses 3 neveux, qui ont plus ou moins, et à divers moments, collaboré _ Amédée lui aussi ! pas seulement Gaston et Raymond ; et il faudra assurément revenir le creuser !.. _ à ses travaux)…
 
J’étais donc un peu loin de penser que le chercheur très sérieux que vous êtes, pouvait s’intéresser aux interrogations et étapes de ma curiosité à propos de la famille de Louis Ducos du Hauron…
 
C’est que j’ignorais que vous êtes aussi, et peut-être d’abord, un passionné de la curiosité…
 
Les articles de mon blog constituent, en effet, une sorte de journal, quasi au quotidien, de ma recherche tâtonnante, et avançant par « sauts »,
au gré des indices que je parvenais, peu à peu, à glaner, et à connecter un peu entre eux, afin de répondre aux diverses strates de mes interrogations…
 
Même si, de temps, j’éprouvais le besoin d’en tirer quelques maladroites synthèses _ me corrigeant au fur et à mesure.
 
J’ai pu entrer en contact avec divers membres de familles directement issues des 3 neveux de Louis Ducos du Hauron, ou apparentées, via des mariages _ tout particulièrement en Algérie, et notamment à Orléansville et sa région…
Je me suis pas mal appuyé sur des faire-part de mariage et de décès, voire des annonces de naissance _ glanées via le web… _, qu’il m’a fallu éclaircir, au fur et à mesure.
 
Mais j’en ai pris l’habitude, ayant travaillé d’abord sur le parcours _ en zone dite libre, sous l’Occupation _ de mon père (1914 – 2006) durant la guerre (entre mai 1942 et septembre 1944),
pour découvrir, à partir de menus indices, ce qu’il avait vécu : au camp de Gurs, où il a fait partie de Groupes de Travailleurs Étrangers (G. T. E.) ; puis à Toulouse et à Oloron, où il a eu quelques activités de Résistance…
 
J’ai travaillé aussi sur la généalogie (béarnaise) de la famille Bioy, d’Oloron
dont le plus célèbre membre est l’écrivain argentin Adolfo Bioy Casares (1914 – 1999) _ ma mère (1918 – 2008) est née Marie-France Bioy : elle était LA mémoire de la famille… 

Puis, sur la généalogie basquaise de la mère _ Marie Delouart (1840 – 1917) _ de Maurice Ravel (1875 – 1937) : 
j’ai ainsi appris à une luzienne _ Maylen Lenoir, née Gaudin _ le cousinage effectif _ ignoré et même nié jusque là !!! _ de sa grand-mère, née Magdeleine Hiriart (1875 – 1968), avec Maurice Ravel ;
Maurice Ravel dont la grand-tante, Gachucha Billac (1824 – 1902), sœur de sa grand-mère maternelle Sabine Delouart (1809 – 1874),
était la gouvernante des enfants Gaudin, à Saint-Jean-de-Luz, dont l’aîné, Charles Gaudin (1875 – 1910), était le mari de Magdeleine Hiriart…
Dans 2 lettres de 1910  et 1914, à l’occasion des décès de Charles Gaudin, puis de ses frères Pierre (1878 – 1914) et Pascal (1883 – 1914) Gaudin,
Maurice Ravel et Magdeleine Hiriart s’appellent « Mon cher cousin », « Ma chère cousine » : j’ai simplement cherché à comprendre pourquoi…
 
Je suis bien sûr en lien constant avec le Président des Amis de Maurice Ravel, Manuel Cornejo, l’éditeur de la Correspondance de Maurice Ravel,
de laquelle je suis parti pour mes recherches…
J’ai ainsi pu corriger de grossières erreurs de certains biographes prétendument sérieux, qui se contentent de reprendre tels quels, sans critique _ni recherche originale de leur part ! _, les travaux de chercheurs antérieurs…
Manuel Cornejo en tiendra compte lors de la réédition à venir de cette très précieuse Correspondance
Lui aussi est un chercheur passionné (et sérieux !).
 
Dernièrement, je me suis intéressé aussi à la famille d’un ancien collègue de travail, au tournant des années 80,
dont deux neveux, fils de sa sœur Bertille de Swarte, sont d’intéressants musiciens baroques : Sylvain Sartre et Théotime Langlois de Swarte…
Je me souvenais, en effet, que mon collègue, originaire de Dordogne, avait des liens de parenté avec la famille Sartre ;
et il se trouve que le père de Jean-Paul Sartre était originaire de Thiviers, en Dordogne.
Il suffisait d’opérer les connexions nécessaires…
 
Le monde n’est pas si grand que des chemins ne finissent pas par se croiser…
 
Et ma belle-mère est d’une vieille famille d’Agen, les Boué…
 
Voici mon numéro de téléphone : …
Et mon adresse : Francis Lippa …
 
Je suis aussi Vice-Président de la Société de Philosophie de Bordeaux…
 
Encore merci de ce merveilleux contact !
 
Francis« …

Suivi de la réponse immédiate de Joël Petitjean, en date de ce même 25 septembre 2021, à 12h 48,

qui a constitué pour moi un encouragement magnifique, ainsi que le début d’une amitié de chercheurs curieux, honnêtes et généreux dans le partage de leurs découvertes… :

« Cher Monsieur,

Je suis si heureux de recevoir votre réponse !
 
Votre message est passionnant et votre parcours tout à fait remarquable.
 
Il me semble que personne, avant vous-même, n’avait tenté une étude et une synthèse aussi complètes sur la généalogie de Louis Ducos du Hauron _ Wow !!!
 
J’ai lu et entendu bien des choses sur sa vie et son œuvre, mais je suis en effet très curieux d’en savoir davantage sur sa personnalité, ses relations avec ses proches, la manière dont il fut aimé et admiré par les siens, les souvenirs qu’il a laissés à sa famille… Tout cela est de nature à mieux faire comprendre son magnifique et étonnant parcours _ telle était en effet l’intuition originaire qui m’a animé dès le départ….
 
C’est pourquoi mes longues conversations téléphoniques avec Claude Lamarque, dans un climat d’extrême gentillesse et de passion partagée, m’ont comblé de bonheur… (Je n’ai pas de nouvelle récente de Claude ; en avez-vous ?) _ Claude Lamarque va bien, m’a répondu à Lectoure samedi dernier 15 juillet son neveu Louis Allard, auprès duquel je m’enquérais de nouvelles de son oncle Claude…
 
Je me réjouis de notre future conversation. Je vous proposerai une date dans quelque temps (je prépare en ce moment ma communication pour le colloque).
 
Avec mes sincères remerciements, bien à vous.
 
Joël
 
N.B. 1. Après m’être senti bien seul durant de longues années (depuis 1998, sinon depuis 1984…), presque personne n’étant venu au musée voir les archives que j’ai retrouvées, je suis ravi de voir, depuis 2015, toute une synergie se mettre en place _ voilà ce qui est nécessaire à de telles entreprises ! _ à Chalon-sur-Saône, Paris, Agen, Lectoure, Langon, afin d’étudier et faire connaître Ducos du Hauron. Le colloque d’Agen _ du 27 novembre 2021 _ en sera un vibrant témoignage.
 
N.B. 2. Grâce à Charles _ Sarion _ et aux Amis de Ducos du Hauron, j’ai rendu un long article à la Société académique d’Agen. Celui-ci sera bientôt publié, avec d’autres contributions, dans un numéro de la Revue de l’Agenais consacré à l’inventeur« …

Voilà.

Le fait d’une pareille reconnaissance, précoce, de mon travail de recherche absolument original, et publié sur mon blog « En cherchant bien » dès le 6 décembre 2020, à propos des trois neveux de Louis Ducos du Hauron, Amédée et Gaston Ducos du Hauron et leur cousin Raymond de Bercegol, ainsi que de la descendance de chacun d’eux trois, est on ne peut plus précieux pour moi, tout particulièrement de la part d’un chercheur aussi compétent et admirable que Joël Petitjean…

D’autant que Joël Petitjean m’a confirmé, samedi dernier, à Lectoure, qu’il continuait de suivre régulièrement la publication de mes articles sur mon blog…

À suivre…

Ce samedi 22 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La compositrice Graciane Finzi à l’honneur à l’Atelier du Théâtre National de Bordeaux-Aquitaine, pour un passionnant concert de sa musique par de brillants élèves du Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud…

30juin

C’est pour aller écouter ma petite-fille Alma-Flore (âgée 11 ans) jouer « On frappe à la porte«  _ une œuvre pour harpe solo composée en 2000 par Graciane Finzi (née à Casablanca, 10 juillet 1945) pour sa petite-fille (née le 7 septembre 1995, et devenue, depuis, une excellente harpiste…), et interprétée sur cette vidéo, à Lorient, le 9 mai 2022, pour de précédentes master-classes... _, que je me suis rendu, hier soir, vendredi 29 juin, à un concert donné par des élèves du Conservatoire qui avaient très soigneusement travaillé _ avec leurs différents professeurs d’instruments (ou de voix), et, à l’occasion, sur la supervision de la compositrice elle-même, venue pour de telles master-classes à Bordeaux… _ les œuvres de Graciane Finzi, à l’Atelier du TnBA de Bordeaux,

et y ai découvert le superbe univers musical de cette compositrice contemporaine, Graciane Finzi, dont j’ignorais tout jusqu’ici…

Outre ce « On frappe à la porte » pour harpe solo, de 2000, d’une durée d’environ 3′ _ splendidement interprété hier soir par Alma-Flore Lepetit, donc ; et très loin d’un simple déchiffrage a-musical ici… _,

le programme de ce passionnant et très émouvant concert, très vivant, en conclusion très réussie des Master-classes avec la compositrice Graciane Finzi en personne,

était constitué des œuvres suivantes, très variées, de Graciane Finzi :

_ « On frappe à la porte« , de 2000, pour harpe seule, (d’une durée d’environ 3′)

par Alma-Flore Lepetit, harpe 

_ « La Confusion des sentiments et des idées« , de 2022, pour flûte et harpe (d’une durée d’environ 5′),

par Cécile Bernard, flûte, et Sirine Amarouche, harpe

_ « Nikkai« , de 2021, pour soprano et harpe (d’une durée d’environ 7′)

par Marie-France Koua, voix, et Elisa Balsamo, harpe

_ « Going up and down« , de 2020, pour violon et saxophone soprano (d’une durée d’environ 6′)

par Julie Boissel-Trunde, violon, et Margaux Lefebvre, saxophone soprano

_ « Winternacht« , de 2018, pour violon et piano, d’après la 3e Sonate de Johannes Brahms (d’une durée d’environ 19′) _ probablement l’acmé musical de ce très beau concert ; et une œuvre disponible, interprétée par Laurent Wagschal, piano, et Agnès Pyka, violon, sur le CD « Brahms aujourd’hui« , avec aussi des œuvres de Nicolas Bacri et Philippe Hersant, un CD Klarthe paru en février 2021 : Allegro ; Adagio ; Cantabile ; Presto (cliquer pour écouter les 4 podcasts, respectivement de 5′ 27 ; 4′ 15 ; 5′ 36 ; et 5′ 35) ; cf aussi le commentaire qu’en a donné Jean Jordy, sur le site utmisol. fr :

« L’œuvre de Graciane Finzi Winternacht s’inspire de la Troisième Sonate (1888) _ de Brahms _ par sa structure même en quatre mouvements et sa longueur. Elle s’ouvre Allegro par quelques mesures exacerbées précédant une ample plage mélodique que se partagent les deux instruments : tout ici se meut, avec intensité, voire gravité. L’Adagio et l’admirable Cantabile déploient une texture fluide, fine, quasi immatérielle où vibrent des sons étranges, des reflets irisés, des frissons en allés. Le Presto final confirme que la compositrice a relevé le défi, non en déjouant Brahms, mais en se confrontant à lui » _

par Gwenaëlle Burel et Kilian Mondot, piano, Julie Boissel-Trunde, Anggraini Tumino et Marie Morelle, violon 

_ »Les Jardins du possible« , de 2022, des mélodies pour voix moyennes et piano, sur des poèmes de Dominique Sampiero

par Annie Suck Gao, Lauriane Mathet, Margaux Vannicatte et Samuel Rouveure, voix, et Nicolas Contamine, Daiki Abe et Maximilien Wang, piano

_ et « Siguiriya« , de 2022, pour un ensemble de cordes _ au nombre ici de 24 : je les ai comptés, et en très grande majorité des violons… _ (d’une durée d’environ 11′), en guise de feu d’artifices final, très réussi, de ce magnifique concert,

par le Labo Violons du Conservatoire…

Un grand bravo aux interprètes, très engagés en leur interprétation, et à leurs professeurs, qui les ont fait travailler _ et très bien préparés _, avec tant de justesse et efficacité musicales : ce qui est bien l’essentiel d’une vraie formation musicienne…

Graciane Finzi,

une compositrice qui assurément retiendra désormais ma curiosité et mon oreille…

Ce vendredi 30 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En ajout un peu philosophique à mon regard sur les regards d’Emmanuel Mouret, en sa « Mademoiselle de Joncquières », et Diderot, en son « Histoire de Mme de La Pommeraye », extraite de son « Jacques le fataliste et son maître » : sur la capacité de transcender ou pas le poids des normes sociales et du regard d’autrui, ou le qu’en dira-t-on…

24jan

En ajout un peu philosophique à mon regard sur les regards d’Emmanuel Mouret, en sa «  Mademoiselle de Joncquières« , et Diderot, en son « Histoire de Mme de La Pommeraye et du marquis des Arcis« , extraite de son « Jacques le fataliste et son maître« ,

qu’exprimait mon article du lundi 16 janvier dernier «  » _ auquel je tiens beaucoup, et ai enrichi déjà à plusieurs reprises _,

voici, tout spécialement repris ici, cette précision que je viens ce matin du mardi 24 janvier, de lui donner, à propos du sens final même qu’ont donné, et Diderot à l’entreprise de son récit, et Emmanuel Mouret à l’entreprise de son film :

Les réputations des personnes étant assurément puissantes dans le monde – et c’est là aussi un cadre social et moral tout à fait décisif de la situation que nous présente ici en son merveilleux film Emmanuel Mouret :

même éloignés de tout (et de presque tous : sauf, pour ce qui concerne Madame de La Pommeraye, de ce bien précieux personnage inventé ici par Emmanuel Mouret par rapport au récit de Diderot, qu’est cette amie-confidente go-between, qui vient de temps en temps lui rapporter, alors qu’elle-même prend bien soin de se tenir retirée en la thébaïde de sa belle campagne, ce qui se bruisse dans Paris, où l’on voit tout… et rapporte tout !) ;

en conséquence de quoi les regards du « monde » (mondain !) des autres pèsent de leur non négligeable poids sur la conscience et le choix des actes de la plupart des personnes (qui y cèdent ;

y compris donc Madame de La Pommeraye qui fait de ce qu’en dira-t-on l’arme tranchante de sa vengeance) ;

à part quelques très rares un peu plus indifférents (et surtout finalement résistants au poids pressant de ces normes mondaines-là), tels qu’ici, justement, et le marquis des Arcis, et Mademoiselle de Joncquières, qui se laissent, au final du moins (et là est le retournement décisif de l’intrigue !), moins impressionner, pour le choix de leur conduite à tenir, par les normes qui ont principalement cours dans le monde, ainsi qu’Emmanuel Mouret le fait très explicitement déclarer, voilà, au marquis des Arcis à sa récente épouse, pour, en un très rapide mot, lui justifier son pardon (pour s’être laissée instrumentaliser en l’infamie ourdie par Madame de La Pommeraye : « Je me suis laissée conduire par faiblesse, par séduction, par autorité, par menaces, à une action infâme ; mais ne croyez pas, monsieur que je sois méchante : je ne le suis pas« , venait-elle de lui signifier…

Emmanuel Mouret faisant alors explicitement dire au marquis, à 95′ 47 du déroulé du film, ce que ne lui faisait pas prononcer Diderot, mais qu’impliquait cependant, bien sûr, l’acte même, fondamental, du pardon de celui-ci envers son épouse :

« _ Je ne crois pas que vous soyez méchante. Vous vous êtes laissée entraîner par faiblesse et autorité à un acte infâme. N’est-ce pas par la contrainte que vous m’avez menti et avez consent à cette union ?

_ Oui monsieur

_ Eh bien, apprenez que ma raison et mes principes ne sont pas ceux de tous mes contemporains : ils répugnent à une union sans inclination » ;

c’est-à-dire que lui, marquis des Arcis, savait oser ne pas se plier aux normes courantes des autres, et se mettre au-dessus de ces normes communes, en acceptant et assumant pleinement, en conscience lucide et entière liberté, d’avoir fait, en aveugle piégé qu’il était au départ, d’une ancienne catin son épouse :

« Levez-vous, lui dit doucement le marquis ; je vous ai pardonné : au moment même de l’injure j’ai respecté ma femme en vous ; il n’est pas sorti de ma bouche une parole qui l’ait humiliée, ou du moins je m’en repens, et je proteste qu’elle n’en entendra plus aucune qui l’humilie, si elle se souvient qu’on ne peut rendre son époux malheureux sans le devenir. Soyez honnête, soyez heureuse, et faites que je le sois. Levez-vous, je vous en prie, ma femme; levez-vous et embrassez-moi ; madame la marquise, levez-vous, vous n’êtes pas à votre place ; madame des Arcis, levez-vous…« …

Oui, le marquis des Arcis, ainsi que sa désormais épouse, tous deux, savent, à ce sublime héroïque moment-ci, s’extraire non seulement, bien sûr, de toute la gangue de leur passé, mais du bien lourd poids, aussi, des normes dominantes et des regards d’enfermement des autres  même si, un lecteur un peu retord, pourrait ici me rétorquer, me vient-il à l’idée ce matin du 25 janvier, que Diderot, avec au moins son personnage-pivot de fin lettré qu’est le marquis des Arcis, mais peut-être pas avec l’autre de ses personnages-pivots qu’est l’un peu moins cultivée jeune épouse de celui-ci, cède, en ce presque final de son récit de l’ « Histoire de Mme de La Pommeraye et du marquis des Arcis« , à la mode très vive à ce moment-là, du « sublime » de la vague « Sturm und Drang« , qui déferle, après l’Allemagne, aussi en France : un mouvement auquel Diderot (1713 – 1784) et son cher ami le baron Grimm (1723 – 1807) n’ont pas manqué d’être éminemment sensibles… Et c’est même assez probablement là une des raisons du très précoce succès, via traductions et publications en 1785 et 1792, par Schiller (1759 – 1805) et Mylius (1754 – 1827), de ce « Jacques le fataliste et son maître«  de Diderot, précisément d’abord en Allemagne : « Comme le Neveu de Rameau, Jacques le Fataliste fut connu en Allemagne avant de l’être en France. Schiller en avait traduit, en 1785, l’épisode de Mme de la Pommeraye, sous ce titre : Exemple singulier de la vengeance d’une femme _ conte moral _ voilà ! _, pour le journal Thalie. Il en tenait la copie de M. de Dalberg. Il parut, en 1792, une traduction du roman sous ce titre : Jacob und sein Herr (Jacques et son Maître), par Mylius. Le traducteur disait : « Jacques le Fataliste est une des pièces les plus précieuses de la succession littéraire non imprimée de Diderot. Ce petit roman sera difficilement _ tiens, tiens… _ publié dans la langue de l’auteur. Il en existe bien une vingtaine de copies en Allemagne, mais comme en dépôt. Elles doivent être conservées secrètement et n’être jamais mises au jour. Une de ces copies a été communiquée au traducteur, sous la promesse solennelle de ne pas confier le texte français à la presse »… » Et en 1794, « l’institut de France s’organisait. Un de ses premiers soins fut de s’occuper de dresser une sorte de bilan des richesses perdues de la littérature français _ du fait de la Révolution. On s’inquiéta, entre autres choses, d’un chant de Ver-Vert intitulé l’Ouvroir, qu’on crut être entre les mains du prince Henri de Prusse. Ce prince, qui, après avoir montré qu’il était bon capitaine, dut se réfugier dans une demi-obscurité pour ne pas risquer de trop déplaire à Frédéric II, son frère _ voilà  ! _, occupait noblement ses loisirs en cultivant les lettres, les arts et les sciences. Il était un des souscripteurs à la Correspondance de Grimm. Il s’intéressait particulièrement à Diderot _ voilà ; et nous savons qu’on parlait en permanence français à la cour de Berlin du roi Frédéric II. La lectrice de sa femme, Mme de Prémontval, dont il sera question dans le roman, avait pu lui en parler de visu. Ce n’est pas cependant par elle, comme l’a cru l’éditeur Brière, qu’il eut communication de Jacques le Fataliste, puisqu’elle était morte plusieurs années avant que ce livre fût écrit. Il _ le prince Henri de Prusse, donc (1726 – 1802) _ en possédait une copie au même titre que la vingtaine d’autres personnes dont parle Mylius. Seulement, il ne se crut pas obligé à la tenir secrète, et, en réponse à la demande du chant de Ver-Vert _ de Jean-Baptiste Gresset (1709 – 1777) _ qu’il n’avait pas, il offrit Jacques le Fataliste, qu’il avait _ voilà ! Il reçut des remercîments, et on le pria de mettre à exécution cette louable intention. Il répondit par cette nouvelle lettre : « J’ai reçu la lettre que vous m’avez adressée. L’Institut national ne me doit aucune reconnaissance pour le désir sincère que j’ai eu de lui prouver mon estime : l’empressement que j’aurais eu de lui envoyer le manuscrit qu’il désirait, s’il eût été en ma puissance, en est le garant. On ne peut pas rendre plus de justice aux grandes vues qui l’animent pour mieux diriger les connaissances de l’humanité. » Je regrette la perte que fait la littérature de ne pouvoir jouir des œuvres complètes de Gresset, cet auteur ayant une réputation si justement méritée. J’ai fait remettre au citoyen Gaillard, ministre plénipotentiaire de la République française, le manuscrit _ nous y voilà ! _ de Jacques le Fataliste. J’espère que l’Institut national en sera bientôt en possession. Je suis, avec les sentiments qui vous sont dus, votre affectionné, Henri ». Voici donc comment le texte original de Denis Diderot d’après lequel a été enfin diffusé en France ce très précieux « Jacques le fataliste et son maître« … Et fin ici de cette bien trop longue incise, simplement documentaire, rajoutée le 25 janvier.

Ce mouvement d’exhaussement sublime au-dessus des normes communes qui est aussi, au final, ce que Diderot lui-même a voulu lestement et subtilement mettre en valeur en son magnifique récit à rebondissements qu’est ce « Jacques le fataliste et son maître«  _ prudemment non publié par Diderot lui-même de son vivant (Diderot est décédé le 31 juillet 1784) en France, mais laissé au jugement plus distancié de la postérité…

C’est donc cette formidable capacité de gestes impromptus de liberté qu’Emmanuel Mouret vient nous laisser appréhender sur l’écran via la très vive mobilité en alerte et à certains moments décisifs jouissivement surprenante pour notre curiosité, des personnages virevoltants et, à ces moments-là au moins, imprévisibles, de ses films :

Emmanuel Mouret, ou les jubilatoires délicieuses surprises du pouvoir même de la liberté ainsi délicatement, avec douceur, finesse et subtilité, pour notre plaisir, si brillamment filmé.

Ce mardi 24 janvier 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce que vient nous apprendre (ou pas) le livret militaire de Lucien Durosoir, classe 1898, matricule n° 322 ; et la confrontation de ses données avec ce que révèlent les lettres de Lucien Durosoir adressées à sa mère…

25déc

L’accès au livret militaire de Lucien-Jules-Henri Durosoir,

né à Boulogne-sur-Seine le  5 décembre 1878, fils de feu Léon-Octave Durosoir et Louise-Marguerite Marie, violoniste de profession, et résidant 5 rue de Laborde à Paris 8e, au moment de l’ouverture de ce livret,

vient nous livrer quelques intéressantes informations, en particulier, bien sûr, sur le parcours et la carrière militaires de Lucien Durosoir.

Et d’abord, sur la raison pour laquelle celui-ci, en dépit de son niveau culturel, est demeuré simple soldat (de deuxième classe) durant toute la durée de la guerre _ alors que, par exemple, un André Caplet, lui, né lui aussi en 1878 (le 23 novembre 1878), était sergent… _ : Lucien était « Dispensé – art. 21 – fils unique de veuve » par le conseil de révision…

D’autre part,

je remarque aussi, que le détail donné dans ce document-là des « Services et mutations diverses » de Lucien Durosoir dans « l’armée territoriale _ du 1er novembre 1912 au 1er novembre 1918 _ et dans la réserve « , n’apparaît pas nécessairement mentionné dans la correspondance échangée entre Lucien et sa mère, Louise ; et cela du fait que certaines des  mutations sont, et à plusieurs reprises, intervenues à des moments durant lesquels Lucien ne se trouvait pas au front, mais en permission au domicile familial du 45 rue du Moulin, à Vincennes ; et que le fils n’avait donc pas besoin d’en avertir par courrier écrit sa mère, pour l’informer, et en priorité, du changement d’adresse postale où lui adresser désormais le courrier : les transmissions de ces informations sur ces transferts d’affectation (et d’adresse où le joindre), s’étant faites à la maison, et n’ayant donc pas été mentionnées dans les lettres échangées _ et conservées _ entre le fils et sa mère.

Des lettres qui ont été précieusement _ pour nous qui y avons maintenant ce très précieux accès historiographique ! _ très soigneusement réunies et conservées chez elle, à Vincennes, puis à Bélus, par Louise Durosoir _ décédée à Bélus le 16 décembre 1934 _ ; puis, à Bélus, par son fils Lucien _ décédé à Bélus le 4 décembre 1955 _ ; et maintenant son petit-fils Luc…

Lucien Durosoir (classe 1898, matricule 322), apprenons-nous, en ce livret militaire ouvert en 1898, dispensé de service actif par le conseil de révision en tant que fils unique de veuve, a d’abord été versé dans la réserve de l’armée active le 1er novembre 1902 ; puis dans l’armée territoriale, le 1er novembre 1912. Rappelé à l’activité par décret présidentiel du 2 août 1914, Lucien Durosoir a rejoint le 23e Régiment Territorial d’Infanterie le 30 août 1914, à Cherbourg. Et il a été en activité aux armées du 13 novembre 1914 au 18 février 1919 :

après avoir été affecté au 23e Régiment Territorial d’Infanterie _ à Cherbourg, donc _, le 30 août 1914, il a été ensuite versé au 24e Régiment Territorial d’Infanterie _ au Hâvre, cette fois _, à une date hélas peu lisible sur le document _ ce fut en fait le 7 octobre 1914, apprenons-nous à la page 22 de « The Letters of Lucien and Louise Durosoir«  Et c‘est le 23 juin 1917 qu’il est ensuite passé au 274e Régiment d’Infanteriepuis le 10 octobre 1917, au 74e Régiment d’Infanterie, indique le livret militaire . Et c’est le 18 février 1919, que Lucien Durosoir a été mis en congé illimité de démobilisation ; et a pu rejoindre alors sa mère Louise à leur domicile du 45 rue du Moulin à Vincennes.

Voilà donc ce que nous apprend des services de Lucien Durosoir aux armées durant la « Campagne contre l’Allemagne » ce livret militaire.

Cependant une bien intéressante lettre de Lucien à sa mère datée du 1er mai 1918 (à la page 463), vient apporter un éclairage précieux sur quelques ambiguités _ au moins… _ de ce que recèlent, à la lecture, les rédactions de complément successives, sur son livret militaire, au fur et à mesure des mutations de Lucien, en divers régiments, au regard de ce qu’a écrit Lucien _ et qui nous a été conservé _ dans ses lettres de guerre à sa mère depuis le 4 août 1914. 

Ainsi m’étonnais-je de l’absence d’inscription de la mention sur ce livret militaire de Lucien de son affectation _ pourtant durable : de l’automne 1914 au 23 janvier 2017… _ au 129e régiment d’infanterie !

À la place de la mention de ce 129e régiment d’infanterie, est écrit ceci : « Affecté au 24e Régiment Territorial d’Infanterie« , à une date hélas peu lisible

Alors que, ainsi que l’indique la note de bas de page, page 31, d’Elizabeth Schoonmaker Auld, « Lucien left Le Havre on the 13 » (du mois d’octobre 1914), he was in Villemonble (« in front of Cunault’s home« ) when he wrote this letter (du 14 novembre 1914), and the next day they were near Reims. It was an immediate baptism of fire« …

Et de fait, le surlendemain, le 16 novembre 1914, Lucien _ « Since last night, I’m in the trenches. (…) We’ve been in the  trenches since yesterday« , écrit-il… _ prend soin de bien indiquer à sa mère l’adresse où lui adresser désormais le courrier : « 3rd company, 3rd section, 129th infantry regiment » (à la page 31). 

La question que je me pose est donc celle de la date _ et du lieu : Le Hâvre, au mois d’octobre 1914  ? La région de Reims, dans le département de la Marne, au mois de novembre 1914 ? _ de début de l’affectation de Lucien au 129e régiment d’infanterie

Est-ce le 6 octobre 1914, à son arrivée au Hâvre, en provenance de Cherbourg (et du 23e Régiment Territorial d’Infanterie) ? Mais au Hâvre, Lucien n’est-ce pas au 24e Régiment Territorial d’Infanterie que Lucien a été intégré ?..

Ou bien est-ce plutôt le 14 novembre 1914, à son arrivée, au front et dans les tranchées, dans les environs de Reims ?..

Ou pour le dire autrement, l’affectation de Lucien au 129e Régiment d’Infanterie a-t-elle eu lieu à son arrivée au Hâvre au mois d’octobre 1914 ? Ou bien lors de son transfert dans la Marne, près de Reims, au mois de novembre suivant ?..

En tout cas, voici ce que révèle la lettre du 1er mai 1918 de Lucien à sa mère, qui s’inquiétait d’anomalies dans les mentions d’affectations officielles de son fils à divers régiments (page 463) :

« Here is what must have happened. When the 129th had all those adventures, which you know about _ c’est-à-dire de graves mutineries _, at the beginning of June last year, I was sent to the division. In order to keep me _ en tant que violoniste très prisé des officiers mélomanes ! _, as the 129th was leaving the division, they transferred me to the 274th _ le 23 janvier 1917. Probably the modification of that transfer was not sent to the 129th, so I am still on their list. Recently they must have been reviewing the list and realized that I was not there ans asked the gendarmerie for more information. You gave them the wrong information : since the end of October _ en fait le 10 octobre 1917 _ I am no longer assigned to the 274th. That is when I was again transferred. The 274th was dissolved and the division wanted to keep me _ en tant que violoniste toujours très précieux auprès des officiers mélomanes… _, so I was transferred again, this time to the 74th. (…) You just need to tell them that I belong to the 74th Infantry (CHR), 5th Division, SP93. This little incident is proof of the state of the paperwork here« .

Avec cette conséquence qu’il me semble que la formidable lectrice-éditrice-traductrice qu’est Elizabeth Schoonmaker Auld pourra, lors d’une réédition à venir, par Blackwater Press, de ce monumental travail qu’est ce « Ma Chère Maman, Mon Cher Enfant _ The letters of Lucien and Louise Durosoir 1914 – 1919« , demander que soit repris et corrigé, à la page 22, entre les lettres de Lucien Durosoir des 5 (pages 21-22) et 6 octobre (page 22) 1914, son inter-titre en gros titre :

« On October 6, Lucien and his régiment left the Cherbourg area for Le Havre, a distance about 220 kilometers, where they were attached to the garrison of the 129th Infantry Regiment » ;

car il me semble que c’est bien au 24e Régiment Territorial d’Infanterie, alors stationné dans la région du Hâvre, que Lucien, qui faisait alors « part of 159 from our regiment going to Le Havre » (page 22), « our regiment, the 23rd territorial » (page 5), qui stationnait jusqu’alors dans la région de Cherbourg, a bien alors été transféré ;

et que ce ne sera que le 15 novembre suivant, « at 6:30 p.m. » (lettre du 15 novembre 1914, à la page 31), qu’il rejoindra, au front, dans les tranchées, et sous le feu des « Boches » (« the first trench is barely 400 meters from the German lines« , écrit-il dans sa lettre du 16 novembre 1914, à la page 32), le 129e régiment d’infanterie, positionné alors dans la région de Reims, auquel il avait compris, l’avant-veille, le 13 novembre, sa prochaine affectation : « Just this minute, I was told that I have tonight or tomorrow morning to join, I believe, the 129th near Reims« , en son courrier du 13  novembre (à la page 31)…

C’est à ce genre d’avancée que m’amène le souci méthodique du lecteur curieux et scrupuleux, quasi maniaque de la plus grande justesse possible de vérité, que je suis, de rechercher systématiquement cette plus grande précision possible _ et c’est parfois très difficile, voire impossible ; et je dois alors, au moins provisoirement, renoncer… _, des identités des personnes (qui ?), des lieux (où ?) ainsi que des dates (quand ?) lorsque ceux-ci, identités, lieux et dates, sont seulement évoqués ou floutés dans les récits, les Journaux, et les Correspondances, qui me passionnent…

Car rechercher est effectivement passionnant.

Voilà.

Ce dimanche 25 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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