Archives du mois de octobre 2024

Redécouvrir la sublime très intérieure « Messe de Requiem » d’André Campra en une nouvelle interprétation, splendide, au CD, par Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances ; avec l’ajout très précieux d’oeuvres de divers autres « Maîtres de Notre-Dame-de-Paris » : François Cosset, Jean Veillot, Pierre Robert, Jean Mignon…

04oct

Redécouvrir la sublime « Messe de Requiem » d’André Campra (Aix-en-Provence, 4 décembre 1660 – Versailles, 29 juin 1744) en une nouvelle très belle _ et merveilleusement intérieure _ interprétation au CD, par Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances ;

avec le très précieux ajout de 7 œuvres de divers « Maîtres de Notre-Dame-de-Paris » qui ont précédé André Campra :

François Cosset (ca 1610 – ca 1673), Jean Veillot (ca 1600 – 1662), Pierre Robert (Louvres, ca 1622 – Paris, 28 décembre 1699), Jean Mignon (1640 – 1708) _ des maîtres, à l’exception du mieux connu Pierre Robert, et, à un bien moindre degré, François Cosset et Jean Veillot, quasi inédits jusqu’ici au disque ; même si pas mal de leurs compositions, soigneusement conservées, sont parvenues jusqu’à nous… _,

tel est le cadeau superbe que vient nous offrir le tout nouveau magnifique CD Harmonia Mundi HMM 902679 « André Campra – Messe de Requiem – & Les Maîtres de Notre-Dame de Paris » de Sébastien Daucé et son très remarquable Ensemble Correspondances _ enregistré en l’église Notre-Dame-du-Liban à Paris au mois de janvier 2024...

 

Ce vendredi 4 octobre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

La poésie toute de délicatesse de Tanguy de Williencourt brossant de son art du piano les paysages vaporeux de Franz Liszt (2)…

03oct

Comme en réponse à mon article «  » du 30 septembre dernier _ il y a 3 jours… _,

voici ce jeudi 3 octobre l’article « Grand Liszt » de Jean-Charles Hoffelé,

qui permet de comparer nos approches respectives de cette superbe réalisation discographique, le CD Mirare MIR 746 « Muses – Franz Liszt » de l’excellent Tanguy de Williencourt…

GRAND LISZT

Les héroïnes _ égéries, en fait _ de Liszt sont le prétexte _ seulement ?.. Peut-être : j’ai éprouvé moi aussi ce soupçon… _ de ce voyage qui s’attarde longuement _ et très heureusement _ en Suisse. La nature dorée du beau Steinway du Kulturzentrum de Toblach _ oui, et il faut en effet insister sur son apport… _ est un parfait miroir pour l’élégance native _ oui ! _, la fluidité _ oui _, le grand son ouvert _ oui _ que Tanguy de Williencourt dispense au long de l’album.

Au lac de Wallenstadt atmosphérique, jeux d’eau quasi ravéliens d’Au bord d’une source, méditation et orage appassionato pour une ombreuse Vallée d’Obermann dont la donnée romanesque ne s’absente jamais, Cloches de Genève irréelles à force de nuances, quatuor parfait _ oui ! _ qui fait regretter _ c’est très juste _ de ne pas avoir toute la Première Année de pèlerinage sous de tels doigts de poète _ si sensible aux atmosphères des lieux.

L’art de phrasé emplit le Liebestraum, plus encore l’Impromptu en fa dièse majeur qui lui répond en ajoutant un rossignol, il envolera une saisissante Bénédiction de Dieu dans la solitude avant d’anoblir les tourments et les visions de la Sonate _ que j’ai personnellement resssentie comme plus abstraite… _, dont l’arche est mise en lumière avec une rare science de la tension harmonique, qui déjà surprenait dans la Vallée d’Obermann : ce piano si kaléidoscopique ne craint pas l’épique, infuse une poésie et un lyrisme qui empêchent _ très justement _ de tonitruer, vraie leçon de style _ oui… _ d’un musicien dont chaque disque surprend en bien.

LE DISQUE DU JOUR

Muses

Franz Liszt (1811-1886)


Liebestraum en la bémol majeur, S. 541/3 (Oh Lieb, so lang du lieben kannst)
Années de pèlerinage I, S. 160 – Suisse (4 extraits : II. Au lac de Wallenstadt, IV. Au bord d’une source, VI. Vallée d’ObermannIX. Les cloches de Genève)
Impromptu en fa dièse majeur, S. 191 (Nocturne)
Bénédiction de Dieu dans la solitude, S. 173/3
Sonate pour piano en si mineur, S. 178

Tanguy de Williencourt, piano

Un album du label Mirare MIR746

Photo à la une : le pianiste Tanguy de Williencourt –
Photo : © Jean-Baptiste Millot

 

Une nouvelle fois merci !

Ce jeudi 3 octobre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comment passer de l’écoute d’un CD enchanteur à un CD qui ne souffre pas trop de la comparaison ? D’interprétations de Domenico Scarlatti (1685 – 1757) à des interprétations d’Hélène de Montgeroult (1764 – 1836), compositrice toute de fraîcheur et vitalité, entre Mozart et Mendelssohn…

02oct

C’est toujours une difficulté pour le mélomane discophile de passer d’une écoute enthousiaste d’un CD _ tel le CD Arcana A 568 « Domenico Scarlatti – A Man of Genius – Sonatas 1752-1753 » du merveilleux claviériste qu’est Francesco Corti (cf mon article d’hier 1er octobre « « )…à l’écoute d’un CD suivant,

et consacré à l’œuvre d’un compositeur qui supportera de passer immédiatement, en l’occurrence, après un génie aussi exceptionnel que le merveilleux Domenico Scarlatti (Naples, 1685 – Madrid, 1757)…

Eh bien ! la surprise toute récente d’une écoute au vol, sur mon autoradio, en allant faire mes courses un matin de cette semaine, sur l’antenne de France-Musique, d’extraits d’un CD d’Elisabeth Pion _ j’ai retenu le nom de l’interprète _ interprétant sur un très beau piano-forte des œuvres de la compositrice Hélène de Montgeroult (Lyon, 2 mars 1764 – Florence, 20 mai 1836), m’a convaincu de me mettre à la recherche d’exemplaires de CDs de cette compositrice jusqu’ici inconnue de moi…

Ainsi,

si je n’ai pas encore réussi à dénicher ce CD Atma Classique ATM 2885 « Amadeus et l’Impératrice » d’Elisabeth Pion,

au moins, ai-je pu mettre la main, d’une part, sur le CD Seulétoile 09 « Hélène de Montgeroult – Portrait d’une compositrice visionnaire« , de Marcia Hadjimarkos, piano-forte, Beth Taylor, mezzo-soprano, et Nicolas Mazzoleni, violon _ enregistré à Pressy-sous-Dondin, en Bourgogne, du 12 au 16 septembre 2022 _,  et d’autre part, le triple album Brilliant Classics 96247 « Hélène de Montgeroult – Complete Piano Sonatas« , de Simone Pierini, sur un très beau piano-forte J. Haselmann (ca première décennie du 19e siècle) _ enregistré du 15 au 17 juin 2021, à Monte Compatri, en Italie.

Une musique séduisante et toute de fraîcheur, et les deux fois interprétée avec grâce et jubilation sur de superbes instruments tout à fait idiosyncrasiques pour servir cette musique peu courrue,

et dont l’écoute, via ces CDs, ne pâtit absolument pas, toutes proportions bien sûr gardées, de suivre l’écoute _ enchanteresse pour moi _ du CD de Domenico Scarlatti servi si merveilleusement par ce magicien qu’est Francesco Corti…

Et sur ces deux très réussies réalisations discographiques, 

j’ai pu trouver, en cherchant un peu sur le Net, ces deux articles suivants,

du 6 octobre 2023, sous la plume de Christophe Huss : « Hélène de Montgeroult. Sonates pour piano, Simone Pierini« , pour Le Devoir, de Montréal ;

et du 10 décembre 2023, sous la plume de Jean Lacroix : « Hélène de Montgeroult, sur un pianoforte carré d’Antoine Neuhaus« , pour le magazine belge Crescendo…

Hélène de Montgeroult. Sonates pour piano, Simone Pierini

Alors que cette fin de semaine Arion, Mathieu Lussier et la pianiste Élisabeth Pion présenteront _ en concert _ un Concerto pour piano d’Hélène de Montgeroult (1764-1836), les enregistrements de la musique pour piano de cette dernière se multiplient. Cette compositrice, assurément parmi les plus intéressantes _ voilà… _ révélées ces dernières années, nous avait été dévoilée par Edna Stern. La pianiste avait opéré des choix pour montrer comment Montgeroult, à partir du classicisme, pouvait évoquer parfois Scarlatti _ nous y voici !!! _ et annoncer Schubert. Une nouvelle façon d’explorer est de tout prendre et de faire son choix soi-même. La possibilité est offerte par deux intégrales des 9 Sonates pour piano de Montgeroult désormais disponibles : l’une de Nicolas Horvath parue en novembre 2021 chez Grand Piano ; et l’autre de Simone Pierini. Différence majeure et notable : l’instrument, un Steinway capté de manière assez dure pour Horvath, et un superbe pianoforte, conçu entre 1800 et 1810 par Haselmann, pour Pierini. Deux pianistes compétents, mais une bonne dose de charme _ oui, oui, oui ; et c’est incontestable ! _ supplémentaire ici _ écoutez ici les podcasts de ces 3 CDs.

Hélène de Montgeroult, sur un pianoforte carré d’Antoine Neuhaus

LE 10 DÉCEMBRE 2023 par Jean Lacroix

Hélène de Montgeroult (1764-1836) : Onze Études pour la main droite, pour la main gauche ou pour les deux mains, pour pianoforte ; Six Nocturnes à voix seule avec accompagnement de pianoforte ; Sonate en la mineur pour forte piano avec accompagnement de violon op. 2 n° 3.

Marcia Hadjimarkos, pianoforte ; Beth Taylor, mezzo-soprano ; Nicolas Mazzoleni, violon.

2022.

Notice en français.

61.50.

Seulétoile SE09.

L’intérêt pour Hélène de Montgeroult s’est développé depuis 2006, lorsque le musicologue français Jérôme Dorival a publié à Lyon, chez Symétrie, une biographie consacrée à cette compositrice d’origine aristocratique qui échappa à la guillotine lors de la Terreur, en improvisant sur La Marseillaise devant le tribunal révolutionnaire, avant d’être la première femme à devenir professeur de piano au Conservatoire de Paris. Ces deux dernières décennies, plusieurs pianistes se sont intéressés à ses nombreuses Études, écrites entre 1788 et 1812 et publiées en 1816 dans son Cours complet pour l’enseignement du fortepiano. Bruno Robillard (2006), Nicolas Stavy (2009), tous deux pour Hortus, Edna Stern (2017, Orchid Classics) ou Clare Hammond (2021, BIS) en ont proposé une sélection.

Le présent enregistrement, sous-titré « Portrait d’une compositrice visionnaire », consiste en une approche différente. Dans une esquisse biographique insérée, Jérôme Dorival précise : Aucun enregistrement de la musique de Montgeroult sur un piano de son temps n’ayant encore été réalisé, il était donc urgent de le faire, et le choix d’un pianoforte carré français du début du XIXe siècle se révèle très judicieux, parce qu’il est vraiment contemporain de sa musique _ voilà _ et parce que les destinataires de ses œuvres jouaient ce genre de pianos. C’est à cette tentative d’authenticité que s’est attelée la Française d’origine américaine Marcia Hadjimarkos, qui a été l’élève de Jos van Immerseel au milieu des années 1990, et s’est spécialisée dans les instruments anciens. Son programme d’Études de Montgeroult recoupe un peu celui de Clare Hammond (quatre morceaux), mais, parmi les onze pièces qu’elle propose, trois sont enregistrées pour la première fois.


C’est un pianoforte carré de 1817 d’Antoine Neuhaus, natif de Vienne, installé à Paris en 1809, où il exerça jusqu’en 1827, qui a été choisi. Comme l’explique Matthieu Vion, son restaurateur en 2021, il n’existe que deux instruments de la production de Neuhaus qui soient connus. On lira la description par Vion de celui qui a été retenu ici (photographie en couleurs), les détails concernant le meuble, la mécanique et les registres. On découvrira, grâce aux détails fournis dans une longue note par Marcia Hadjimarkos, qu’il dispose de quatre pédales activant quatre registres, à savoir la pédale forte, le jeu de luth, le jeu céleste et le jeu de basson, et les considérations que l’artiste en déduit quant à son propre choix, notamment pour l’utilisation de la pédale. La variété d’effets et de couleurs que l’on peut obtenir en associant un toucher sensible aux différents registres du piano carré permettent de produire une riche palette sonore et d’évoquer une multitude d’atmosphères et d’émotions _ voilà qui est intéressant.

Le mélomane est ainsi transporté _ oui _ dans un univers expressif, débordant de noble vitalité _ oui, oui _, que Marcia Hadjimarkos sert avec une souplesse de chaque instant _ absolument ; écoutez-ici les podcasts de ce CD. Les études choisies montrent l’éventail de ces « leçons », à destination des deux mains, de la main droite ou de la main gauche, Montgeroult, selon son habitude pédagogique, ajoutant une précision quant à chaque contenu : « pour bien accorder le chant avec l’accompagnement » ; « pour les notes pointées » ; « pour la difficulté du ton », etc. L’interprète signale encore que les études sont souvent écrites dans un style plus romantique que classique, préfigurant ainsi les pages de compositeurs comme Schubert, Mendelssohn, Schumann ou Chopin. Les propositions de Clare Hammond, pour BIS, sur un Steinway qui soulignait les audaces harmoniques, et celles de Marcia Hadjimarkos, dans sa recherche d’authenticité, feront bon ménage côte à côte dans une discothèque.

L’intérêt de cet album consiste aussi dans les compléments aux études. Montgeroult a souvent évoqué l’art du chant dans son Cours complet et était attirée par l’art vocal italien. Pourtant, sa production dans ce domaine est des plus minimes : les six Nocturnes à voix seule avec accompagnement de piano, la plupart sur des textes de Métastase autour de l’amour, sont gravés ici pour la première fois. Si l’on y ajoute la Sonate en fa mineur pour fortepiano avec accompagnement de violon qui figure en fin d’album, on aura fait le tour de sa musique de chambre, autre pan, limité mais non négligeable, qui rappelle notamment que cette aristocrate, qui tenait salon parisien, joua souvent avec des violonistes, comme Giovanni Battista Viotti. La mezzo-soprano Beth Taylor et le violoniste Nicolas Mazzoleni sont de dignes partenaires _ oui _ de Marcia Hadjimarkos.

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 9  Interprétation : 10

Jean Lacroix

De bien belles découvertes, tout à fait jouissives, et un peu hors des sentiers battus et rebattus :

entre Scarlatti (1685 – 1757) et Mozart (1756 – 1791), et Mendelssohn (1809 – 1847) et Chopin (1810 – 1849) _ je veux parler bien sûr de leurs styles… _, si l’on veut grosso modo situer Hélène de Montgeroult (1764 – 1836) et son œuvre singulière _ et son piano-forte… _ dans l’histoire de la musique.

Ce mercredi 2 octobre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le bonheur d’un magistral Francesco Corti en un resplendissant magique CD Arcana « Domenico Scarlatti – A Man of Genius » : un éblouissement du plaisir d’imageance folâtre du compositeur !

01oct

Domenico Scarlatti (Naples, 26 octobre 1685 – Madrid, 23 juillet 1757) est un compositeur au génie musical unique ; et Francesco Corti (Arezzo, 1984) est un claveciniste magistral !

Nulle surprise, par conséquent, et paradoxalement !, en l’éblouissement confondant _ waou !!! _ de ce resplendissant absolument magique CD Arcana A 568 « Domenico Scarlatti – A Man of Genius – Sonatas 1752-1753 » _ regardez cette toute récente brève vidéo de présentation du CD (de 3′ 47) par le flamboyant Francesco Corti lui-même, à Royaumont ; ainsi que cette autre d’un bref extrait (de 1’11, seulement…) de son interprétation, toujours à Royaumont, de la Sonate K. 242, Vivo… _,

enregistré du 4 au 6 décembre 2023 à l’Abbaye de Royaumont, sur un clavecin du cher Philippe Humeau de 2002 _ à Barbaste _, d’après des modèles italiens, prété pour cette occasion par l’ami Bertrand Cuiller,

et pour un choix-florilège de 16 Sonates totes conservées sur des manuscrits _ de quelle(s) main(s) ?… _ datés de 1752 et 1753 conservés à la Bibliothèque Marciana de Venise et à la Bibliothèque Palatine de Parme.

Et qui semblent, ainsi intentionnellement transcrites couplées deux par deux, faire partie d’une période de somptueuse maturité (1742 – 1752) de l’œuvre pour clavier _ de possiblement 555 Sonates… _ du compositeur, Domenico Scarlatti,

dont l’historique de la publication de l’œuvre continue de faire question pour les musicologues, ainsi que le rapporte en son très détaillé article de présentation de ce choix de 16 Sonates couplées deux par deux _ K. 208 et K. 209, K. 213 et K. 214, K. 215 et K. 216, K. 217 et K.218, K.219 et K. 220, K. 242 et K. 243, K.244 et K. 245, K. 248 et K. 249, dans le catalogue Kirkpatrick… _, « Scarlatti, l’accord des contrastes », Marco Moraighi, aux pages 10 à 14 du très intéressant livret de ce splendide CD Arcana A 568…

Le second article du livret de ce CD, intitulé « Un homme de génie » _ à partir d’un qualificatif, en 1773, de Charles Burney _, aux pages 15 à 17, est tout aussi passionnant sur l’idiosyncrasie très remarquable et tellement évidente du mode d’invention débridé, hors normes, de la composition de ses Sonates par Domenico Scarlatti ; et il est de la plume de Francesco Corti lui-même :

« Excellent maître des jeux, Scarlatti, la plupart du temps, nous étonne et nous amuse _ et même nous enchante et  passionne ! _ avec une inventivité _ absolument libre et radieusement joyeuse… _ qui semble infinie « ,

car « rompant les schémas classiques  des attentes galantes _ un peu trop formelles et convenues, elles _ du baroque mûr, Scarlatti joue magistralement avec le matériel musical _ dont il s’amuse à plaisir : royalement… On le voit construire des architectures éphémères et instables, établir chez l’auditeur des attentes qui seront immanquablement (et délicieusement _ voilà ! avec tellement d’humour… _) déçues. Dans ce petit jeu de subtiles évocations, de surprises et d’expectatives, se trouve le genius _ dont a qualifié Scarlatti, à Londres en 1773, en son célèbre « Voyage musical dans l’Europe des Lumières« , le fameux Charles Burney... Scarlatti est parmi les premiers à inaugurer la saison de l’exploration systématique _ mais déconstruite, ouverte, ludique _ des possibilités formelles : le classicisme. Son choix de mettre en pratique cette recherche personnelle en se concentrant de manière obsessionnelle _ en totale liberté d’invention _ sur une unique forme musicale durant toutes les années de sa maturité, rend l’expérience véritablement unique » _ voilà ; et géniale….

Francesco Corti qui poursuit sa présentation ainsi :

« Pour cet enregistrement, j’ai décidé de me limiter à un groupe de sonates copiées (parfois décomposées) dans un laps de temps bref : la pleine maturité de Scarlatti _ celle des années 1742-1752… _, mais loin de ses expériences tardives _ plus étranges encore en l’exploration aventureuse et inépuisable de ce que je me permets de nommer l’admirable « imageance » scarlatienne ; et sur ce Scarlatti tardif, écouter le grand et génial lui aussi Pierre Hantaï… Dans sa très vaste production, il m’a paru intéressant de réduire le spectre de ma recherche à une unique période, plutôt que de concevoir un programme « à la carte » _ aux variables et combinatoires effectivement infinies. J’ai aussi décidé de respecter de manière rigide leur regroupement par paires. Cette organisation est systématique dans les volumes conservés à Parme et à Venise, et elle est à mon avis significative musicalement » _ ce qui constitue un point tout à fait décisif, en effet !

Et il conclut :

« En fouillant dans la mémoire de ses auditeurs comme de ses interprètes, Scarlatti ne peut que stimuler des réponses _ ouvertes _ personnelles. Les approches possibles de sa musique seront donc aussi nombreuses _ oui _ que le seront les musiciens _ interprètes, au disque comme au concert, ou même chez eux et pour eux... _ qui décideront de redonner vie _ bondissante et toujours surprenante, pour le pur plaisir de folâtrer ! _ à ces merveilleux chefs d’œuvre » _ c’est là parfaitement vu et dit.

Voici donc, en cette performance-ci du décidément chaque fois magnifique Francesco Corti, des interprétations magistrales de pur plaisir, à nulle autre pareilles _ et pourtant… _, vraiment !

En un CD enthousiasmant et à la joie irradiante, qui fait date !

Un bonheur donc à partager !

Ce mardi 1er octobre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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