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Au clavecin comme à l’orgue, à Cortone, en 2022, le magicien Francesco Corti en un double CD « Music in Golden-Age Florence 1250-1750) », avec La Morra et Teatro dei Cervelli, en un superbe double CD Ramée…

03avr

Au clavecin comme à l’orgue, enregistré à Cortone en 2022,

une nouvelle fois le magicien Francesco Corti illumine de son jeu transcendant (!!!) un superbe double CD « Music in Golden-Age Florence 1250-1750« , avec les ensembles La Morra et Teatro dei Cervelli, Ramée 2206, consacré à un très réussi panorama de cinq siècles de musique à Florence…

Et à la page 94 du n°732 du magazine Diapason de ce mois d’avril 2024,  le critique Frédéric Degroote commente très justement ce passionnant double CD Ramée, assurément marquant ;

et bien sûr, pas seulement _ et loin de là, même ! _ par les plages de clavecin et d’orgue que joue Francesco Corti sur ce double CD :

quel très grand plaisir de retrouver en effet ainsi ici des compositeurs marquants tels que

Luca Marenzio (1553/54 – 1599), dans « Se nelle voci nostre » (2′ 35),

Philippe Verdelot (c. 1480/85 – 1530/32), dans « Si bona suscepimus » (5′ 29,

Emilio de’ Cavaleri (c.1550 – 1602), dans « Godi turba mortal » (1′ 55),

Marco da Gagliano (1582 – 1643), dans « Sull’affricane arene » (2′ 40),

ou encore Domenico Zipoli (1688 – 1726), dans, par exemple, « Canzona » (3′ 49),

tous ayant bien sûr quelque lien à la musique à (et pour) Florence entre 1250 et 1750,

tels qu’ils sont étudiés dans le livre important d’Anthony M. Cummings « Music in Golden-Age Florence 1250-1750 – From the Priorate of the Guilda to the End of the Medici Grand Duchy« , publié à the University of Chicago Press, Chicago & London, en 2023…

Ècoutez-ici l’Aria di Fiorenza, de Girolamo Frescobaldi (d’une durée de 2’57),

ou encore l’Aria di Fiorenza de Giovanni-Battista Ferrini (de 4′ 02), au clavecin ;

ou bien plutôt le Ricercar del Primo Tuono del Zazzerino, de Jacopo Peri (de 4′ 01), à l’orgue de Cortone,

par ce prodigieux musicien-magicien qu’est Francesco Corti…

….

Mais c’est, et j’y insiste, tout ce double CD « Music in Golden-Age Florence 1250-1750 » de 162′ qui est absolument passionnant…

Ce mercredi 3 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer deux interprétations de la Suite pour orchestre n° 2 en si mineur BWV 1067 de Johann-Sebastian Bach : par d’une part The Orchestra of the Eighteenth Century, en 2021, et d’autre part Les Muffatti, en 2023…

30mar

Le vif plaisir éprouvé à l’écoute toute récente du CD Glossa GCD 921134 « Carl-Philipp-Emanuel Bach – The Hamburger Symphonies Wq 182 » par le décidément toujours épatant Orchestra of the Eighteenth Century _ cf mon article «  » du 17 mars dernier _, m’a conduit à commander très vite les dernières réalisations de cet orchestre, dont le CD Glossa GCD 921130 « The Hidden Reunion« …

Or ce CD comporte notamment la « Suite pour orchestre en si mineur n° 2 BWV 1067 » de Johann-Sebastian Bach.

Et il se trouve que mes disquaires préférés m’ont chaudement recommandé le CD Ramée RAM 2301 « Bach Triple » réalisé par Les Muffatti ; lequel CD se trouve comporter cette même « Suite pour orchestre en si mineur n° 2 BWV 1067 » de Johann-Sebastian Bach…

De fait, la comparaison de ces deux interprétations, la première enregistrée au mois d’août 2021, et la seconde au mois de mai 2023, se proposait donc à moi.

Eh bien ! la première, par un ensemble de 25 musiciens _ avec Marc Destrubé, au violon concertmaster _, s’impose d’elle-même, par sa vie, sa fluidité, son élégance et sa joie pure _ la toute simple évidence du bonheur de se retrouver afin de jouer ensemble ; écoutez-en ici la Badinerie finale… _, sur la seconde, plus lourde et même triste, par un ensemble pourtant de 15 musiciens seulement…

Et dans le n° 732 de ce mois d’avril 2024 du magazine Diapason, chroniquant ce CD Ramée « Bach Triple » des Muffatti, à la page 73, Loïc Chahine déclare ceci, à propos spécialement de leur interprétation _ regardez-ici cette vidéo de la Polonaise _ de cette Suite en si mineur :

« Tout augurait du meilleur. Il faut pourtant passer sur une Suite en si mineur décevante – lecture assez scolaire, en mal d’imagination : écoutez le Rondeau, systématique, la Badinerie plus vainement agitée que badine. La flûte, curieusement paraît plus d’une fois à la peine.« 

Et c’est là exactement ce que j’ai moi aussi éprouvé.

Dans ce CD Ramée RAM 2301 « Bach Triple » des Muffatti, comme l’estime lui aussi en son article de Diapason Loïc Chahine, c’est bien le triple Concerto pour Traverso, Violon, Clavecin, Cordes  et Basse Continue en la mineur BWV 1044, qui fait l’intérêt majeur de cet enregistrement de l’Ensemble des Muffatti, avec Frank Theuns, au Traverso, Sophie Gent, au violon et Bertrand Cuiller au clavecin ; 

et c’est fort justement que Loïc Chahine parle à propos de cette œuvre-ci de Bach « d’un impérieux sens du tragique« , et à propos de son interprétation en ce CD des Muffatti, de « sommet de l’album » :

« À son meilleur, l’orchestre déploie des teintes sombres, inquiétantes dans le redoutable BWV 1044, et alimente un dialogue soutenu. Carl-Philipp-Emanuel Bach n’est pas loin, comme en témoigne l’allure empfindsam de l’Adagio ma non tanto e dolce auquel le violon de Gent , presque « altisant », confère une couleur automnale très en rapport avec les cieux tourmentés des deux autres mouvements. Sommet de l’album, distillant mystères et angoisses, cette version offre une alternative de choix à celle, plus vive, du Café Zimmermann (Alpha)« . C’est fort bien vu.

Et pour ma part,

à ce programme choisi par Les Muffatti comportant cette « Suite pour orchestre en si mineur n°2 BWV 1067 » de Johann-Sebastian Bach,  je préfère l’esprit bien plus ludique, fluide et heureux de naturel animant le choix du programme, comme de l’interprétation, du CD « The Hidden Reunion » de l’Orchestra of the Eighteenth Century _ heureux tout simplement de se retrouver pour jouer de nouveau ensemble après les confinements de l’épidémie de Covid… _,

associant, lui, à cette belle « Suite n°2 BWV 1067« , ainsi qu’au « Concerto brandebourgeois n° 6 BWV 1051« , de Johann-Sebastian Bach, la lumineuse et tendre « Suite pour viole de gambe et cordes en ré majeur TWV 55:D6  » de _ l’heureux de tempérament ! _ Georg-Philipp Telemann _ le parrain de Carl-Philip-Emanuel Bach, dont Georg-Philipp fera l’héritier de son poste à Hambourg… _,

un Telemann jamais aussi épanoui et splendide que dans ses inventives et généreuses Suites pour orchestre, d’esprit de civilisation ludique et accompli, en douceur et naturel, si français…

Dont acte.

Ce samedi 30 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelle musique donc écouter pour supporter de succéder, avec tant soit peu de succès, à l’enchantement jouissif d’un pur chef d’oeuvre ?..

03nov

Il est bien difficile, pour une œuvre à choisir d’écouter, de succéder, avec suffisamment de succès, au degré d’enchantement qui vient d’être éprouvé à la jouissance extatique voire orgasmique… _ d’un pur chef d’œuvre

_ et d’interprétation aussi…

Ou encore :

comment réussir à composer _ pour un concert ou pour un disque _ un programme d’œuvres dans lequel ne soit pas éprouvée une trop forte dépressurisation _ vraiment trop déceptive… _ de l’auditeur ?..

Telle est la question que je me suis posée à la suite de mes écoutes successives de l’enchanteur Mozart de Francesco Piemontesi,

d’une part _ cf mon article «  » du 31 octobre dernier… _ ;

et, d’autre part, du superlatif Vivaldi en 3 CDs de Giuliano Carmignola _ cf mes deux articles «  » et «   » des 1er et 2 novembre, avant-hier et hier 31 octobre derniers… _ qui ne cesse de me combler…

Quelle solution ai-je donc pu trouver à pareille nécessité de niveau de programme, ce jour ?..

Quel CD me suis-je proposé à écouter, face à tel danger/risque de dépressurisation de plaisir musical ?..

J’ai donc choisi d’une interprète violoniste elle aussi brillantissime, Isabelle Faust (), le CD « Solo » (Harmonia Mundi HMM 902678, enregistré à Berlin au mois d’avril 2020),

recommandé à la fois par ce très fin mélomane qu’est mon gendre Sébastien,

ainsi que par un Diapason d’Or du magazine Diapason n°727 de ce mois de novembre 2023, avec un article assez élogieux, à la page 98 de Jean-Christophe Pucek, qui a pris soin de comparer 5 des 6 morceaux choisis par Isabelle Faust avec des interprétations _ parues en des CDs de 1991, 2004, 2009, 2013 et 2023 _ d’autres violonistes :

 

_ de la « Fantasia » en la mineur (vers 1719) de Nicola Matteis le fils (ca. 1670 – 1737), une interprétation de Leila Schayegh, pour Glossa en 2023 _ Faust s’y montre « moins extravertie« , juge Pucek… _ ;

_ d’un choix d »Ayres for the violin » (de 1676) de Nicola Matteis le père (ca. 1650 – après 1713), une interprétation d’Hélène  Schmitt, pour Alpha en 2009 _ Faust s’y montre « moins contemplative« , juge Pucek... _ ;

_ de la « Sonate » en la mineur (vers 1725) de Johann-Georg Pisendel (1687 – 1755), une interprétation de Rachel Podger, pour Channel Classics en 2013 _ Faust s’y montre cette fois « plus solaire« , selon Pucek… _ ;

_ de la « Partita » n°5 en sol mineur (en 1715) de Johann-Joseph Vilsmayr (1663 – 1722), une interprétation de Gunar Letzbor, pour Arcana en 2004 _ et Faust s’y montre « plus flamboyante et relevée« , indique Pucek… _ ;

_ de la « Passacaille« en sol mineur dite « l’ange gardien« , extraite des fameuses « Sonates du Rosaire » (en 1684-1685) de Heinrich-Ignaz-Franz Biber (1644 – 1704), une interprétation de Reinhard Goebel, pour Archiv en 1991 _ Faust la joue « alla Goebel« , et y montre « un souffle et une ardeur invincibles« , pour Jean-Christophe Pucek, dans cet article de Diapason.

En revanche,

Jean-Christophe Pucek ne dit rien des « Amusements pour violon seul« , Op. 18 (de 1762)  de Louis-Gabriel Guillemain (Paris, 15 novembre 1705 – Chaville, 1er octobre 1770), telles qu’elles ont été interprétées et enregistrées _ « en première mondiale«  _ en 2002 par Gilles Colliard, en un CD EMEC E-054 _ un CD que je possède :  en effet, c’est depuis bien longtemps que je m’intéresse aux violonistes français contemporains de Jean-Marie Leclair (Lyon, 1697 – Paris, 1764), dont fait partie Louis-Gabriel Guillemain, éléve comme Leclair, à Turin, de Giambattista Somis (Turin, 1686 –  Turin, 1763) ; et si Guillemain a peut-être été aussi des élèves de Jean-Marie Leclair, il en a été en tout cas un rival ; de même que fut aussi un rival de Leclar le turinois de naissance Jean-Pierre Guignon (Turin, 1702 – Versailles, 1774)… ; et ne perdons jamais de vue que le violon est bien une invention italienne !.. _, un CD que Pucek semble ignorer…

Alors, pour ce qu’il en est du passage du CD Mozart-Piemontesi de mon article du 31 octobre et des trois CDs Vivaldi-Carmignola de mes articles des 1er et 2 novembre derniers, à ce récital-ci « Solo » d’Isabelle Faust,

disons que la redescente musicale se fait en très satisfaisant confort…

Quelle surprise discographique va donc bien pouvoir suivre ?…

Ce vendredi 3 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur la réception par la critique de « Vêpres de la Vierge » de Monteverdi en Cinémascope, technicolor et relief, par Pygmalion : quelques écoutes un peu diverses…

18oct

Le double CD Harmonia Mindi HMM 902710.11 des « Vespro della Beate Vergine » de Claudio Monteverdi _ ce chef d’œuvre magistral et renversant de 1610, composé à Mantoue, mais destiné à Venise… _ par l’Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon, a reçu des appréciations un peu contrastées de la critique ;

par exemple, sous la plume de Frédéric Degroote à page 84 du Diapason n° 726 de ce mois d’octobre-ci (3 étoiles),

et sous celle de Philippe Venturini à la page 84 du Classica n° 256 de ce même mois d’octobre (5 étoiles).

Frédéric Degroote, dans Diapason :

« Dès le martèlement de l’invitatoire Deus in adjutorium, le ton est donné : celui d’un Vespro vocalement et orchestralement opulent, alignant plus de 35 choristes et 25 instrumentistes, sans compter les solistes.

(…)

Tout dans sa relecture millimétrée est surligné en jaune fluo, à coups de vifs contrastes ou de superpositions d’instruments.

L’Ave maris stella accuse une lenteur à faire suffoquer les chanteurs ; l’Amen final, pourtant noté sans changement de tempo, s’étire davantage encore, dans un crescendo à l’extase superlative. Dans le Gloria Patri du Magnificat, Pichon passe outre les chiavette _ ces clefs indiquant qu’il faut transposer une quarte plus bas, et non jouer dans le ton écrit _ et se targue de faire chanter des sol aigus aux deux ténors pour « décupler l’impact émotionnel ». La fin prévue par Monteverdi semblant ne pas lui suffire, il calque sur le Fidelium animæ la toccata d’ouverture sous prétexte d’arguments doxologiques.

Si l’on s’étonne de ces libertés philologiques, on ne peut que louer la réactivité des forces en place pour défendre cette vision à la loupe, ce Monteverdi en réalité augmentée. Au moins cette expérience sonore, où règne un mysticisme de pacotille, reflète-t-elle fidèlement l’une des définitions que le chef donne des Vêpres de Monteverdi : « la première œuvre cinématographique de l’histoire de la musique« . Au point que l’on croit aisément être revenu d’un péplum« .

Et puis Philippe Venturini, dans Classica :

« Depuis le concert de février 2019 à la chapelle royale du château de Versailles, capté puis publié en DVD par Château de Versailles Spectacles (…)Raphaël Pichon conserve une conception foisonnante et recueillie à la fois, nourrie du faste de l’église comme de la vitalité du théâtre, du tumulte du Tintoret comme de la richesse chromatique de Véronèse. L’effectif fourni du chœur (une trentaine de chanteurs) et la variété de l’orchestre, permettent de souligner _ et non pas surligner, ici _ les styles ancien et moderne, de distinguer les pièces polyphoniques chorales (les 5 psaumes) des motets solistes (les 4 concerti sacri annoncés sur la partition), d’éclairer cette « première œuvre cinématographique de l’histoire de la musique« .

Contrairement à René Jacobs (Harmonia Mundi, 1995), Gabriel Garrido (K617, 1999) ou Jordi Savall (Alia Vox, 1988), Raphaël Pichon ne recourt pas aux interpolations en grégorien, sauf pour la conclusion (Domine, exaudi orationem meam), qui récite la toccata d’ouverture, et insère le motet Sancta Maria, succurre miseris SV 328.

La prise de son généreuse d’Hugues Deschaux, permet de disposer d’une matière sonore onctueuse qui, heureusement, ne brouille pas la polyphonie et maintient les solistes dans un espace global.

Comme à son habitude, Raphaël Pichon prête attention au texte, que ce soit dans la torrentielle réponse à l’appel initial, les différents épisodes du Dixit Dominus (les temps forts bien marqués sur « conquassabit« , la fluidité du « De torrente« ), ou du Magnificat qui investit un vaste espace.  La grâce surnaturelle du Nigra sum d’Emiliano Gonzales Toro, la sensualité du Pulchra es de Céline Scheen et Perrine Devillers, l’énergie du Fecit potentiam de Lucile Richardot, participent à cette « expérience de l’extase » _ orgasmique ? _ que cherche le chef« .

Cf aussi l’article, uniment laudatif, lui, intitulé « Ode mariale » de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia, en date du 15 setembre dernier.

ODE MARIALE

En février 2019, la Chapelle Royale résonnait de fulgurantes Vêpres à la Vierge, Monteverdi investissait le temple du Grand Siècle sous la conduite ardente _ voilà _ de Raphaël Pichon. Ceux qui étaient présents ont gardé de cette aventure des souvenirs pour la vie, heureusement le label du Château de Versailles a publié la captation filmée de ces soirées historiques.



Mais Raphaël Pichon est en constant « work in progress ». Adieu l’image, ces nouvelles Vêpres seront toute entières sonores, et gardent des solistes prestigieux des concerts de Versailles les seuls Lucile Richardot – son Fecit potentiam est historique -, Nicolas Brooymans et le saisissant doublé des ténors, Emiliano Gonzalez Toro et Zachary Wilder, le premier atteignant au sublime ici plus qu’encore qu’à Versailles pour Nigra sum.

Adieux les mises en espaces, au Temple du Saint-Esprit à Paris, dans la roideur post-pandémique de janvier 2022, Raphaël Pichon réinvente « ses » Vêpres, assumant leur caractère disparate, les espaçant de plain-chant, dorant à force cornets et saqueboutes les icônes, et célébrant, dans une spatialisation savante qui songe toutes oreilles ouvertes aux espaces oniriques de San Marco _ forcément… _, les polyphonies gabrielliennes _ oui. La nudité des a capella adossés aux fastes des célébrations, tout rend compte des multiples visages de ces Vêpres qu’on sait composites.

Miracle, elles coulent enfin d’une seule ligne, tour à tour ténue ou spectaculaire, comme elles ne l’avaient plus fait depuis la version princeps _ celle de 1964, celle de 1989 ? _ de John Eliot Gardiner, ce n’est pas sous ma plume un mince hommage à l’art de ce jeune homme qui n’aime se confronter qu’aux chefs-d’œuvre, l’année passée une Saint Matthieu bouleversante, aujourd’hui ces Vêpres éloquentes, à quoi pense-t-il pour demain ?

LE DISQUE DU JOUR

Claudio Monteverdi
(1567-1643)

Vespro della Beata Vergine,
SV 206

Pygmalion
Raphaël Pichon, direction

Céline Scheen, soprano
Perrine Devillers, soprano
Lucile Richardot, mezzo-soprano
Emiliano Gonzalez Toro, ténor
Zachary Wilder, ténor
Antonin Rondepierre, ténor
Étienne Bazola, basse
Nicolas Brooymans, basse
Renaud Brès, basse

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902710.11

Photo à la une : le chef Raphaël Pichon – Photo : © DR

Des regards tous trois intéressants,

en harmonie aussi avec ma propre écoute, impressionnée… 

Ce mercredi 18 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dans l’actualité discographique Ravel, une interprétation du Trio pour piano, violon et violoncelle, en la mineur (de l’été 1914), de Maurice Ravel, par le Trio Metral, à La Dolce Volta…

13oct

Au sein d’une assez riche actualité discographique _ et c’est déjà un phénomène tout à fait notable… _ Ravel,

une nouvelle interprétation du Trio pour piano, violon et violoncelle, en la mineur, de Maurice Ravel _ composé en 1914 à Ciboure et Saint-Jean-de-Luz _,

par le Trio Metral (à La Dolce Volta) _ soit le CD LDV 122 _, a retenu mon attention…

Deux CDs surtout m’ont convaincu de cette brillante et justissime actualité discographique Ravel cette saison :

_ d’abord le merveilleux et totalement convaincant CD Avi-Music 855 3526 _ enregistré à Baden-Baden au mois de septembre 2022 _ « Maurice Ravel in Search of Lost Dance« , du formidable Linos Piano Trio

_ cf mes 3 articles des

13 juillet « « ,

14 juillet «  »

et 19 août 2023 «  »

dont les titres, déjà, parlent on ne peut plus clairement… _ :

je découvrais vraiment pour la toute première fois la vérité de ce chef d’œuvre ravélien jusque là pas assez clairement servi par les autres interprètes qu’est ce sublime « Trio pour piano, violon et violoncelle » de 1914… ;

puis l’excellentissime merveilleux double album La Dolce Volta LDV 109.0 _ enregistré à Metz au mois d’avril 2022 _ « Maurice Ravel L’Œuvre pour piano » de Philippe Bianconi…

_ cf mes 2 articles des

27 septembre « « ,

et 29 septembre 2023 «  »

dont, à nouveau, les titres disent déjà presque tout… _ :

rarement le piano de Ravel avait sonné aussi clairement et aussi justement…

Un tel élan d’enthousiasme ravelien _ justesse, clarté, force même et incisivité tranchante de la musique (à la Janacek ou à la Bartok, mais oui !), par-delà la timidité et pudeur de l’homme Ravel en son quotidien des jours un peu trop souvent gris, quand il ne se trouvait pas à ses Ciboure et Saint-Jean-de-Luz… _ était là donné

que je me suis demandé s’il ne me fallait pas devenir bien plus attentif aux présentes réalisations discographiques raveliennes…

Il me faut dire d’abord que la déception que j’ai éprouvée à la première écoute de ce CD « Chausson – Ravel – Piano Trios » du Trio Metral a été probablement due à l’ordre d’écoute de ces deux œuvres en ce CD : d’abord le « Trio » Op. 3 de Chausson (Paris, 20 janvier 1855 – Limay, 10 juin 1899), composé _ en Suisse _ durant l’été 1881 , avant le « Trio pour piano, violon et violoncelle » de Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décempbre 1937), composé, lui, à Saint-Jean-de-Luz _ cf les précisions de mon article «  » du 14 juillet 2023 : « l’œuvre fut conçue à Saint-Jean-de-Luz, de fin juin à fin août 1914, à la maison Ongi Ethori, 23 rue Sopite, où réside alors Ravel (ainsi que sa Corrrespondance, de la page 374 à la page 388 de la somme magnifique publiée par Manuel Cornejo, en fait parfaitement foi)…« … _ ; or cette œuvre de relative jeunesse d’Ernest Chausson _ l’été 1881, le compositeur, d’abord autodidacte en musique, avant de recevoir, en 1878, les leçons de Jules Massenet et,  peu après, celles de César Franck, avait 26 ans _ ne possède pas tout à fait la maturité ni la perfection achevée du chef d’œuvre de Maurice Ravel de l’été 1914 _ Ravel, lui, était alors âgé de 39 ans…

Et ensuite que mon écoute de ce « Trio » de Ravel par le Trio Metral, ce mois d’octobre, a souffert de mon ravissement de l’interprétation éblouissante du Linos Piano Trio, au mois de juillet dernier :

jamais ce chef d’œuvre de Ravel _ il y tenait beaucoup ! _ n’avait été ainsi révélé en toute sa splendeur et richesses avant cette interprétation somptueuse de vie et de justesse du Linos Piano Trio !!!

Mais après comparaisons attentives avec 8 autres interprétations du « Trio » de Ravel,

par l’Altenberg Trio Wien (CD Challenge Classics, enregistré en janvier 1997), le Trio Wanderer (CD Harmonia Mundi, en janvier 1999), Pascal Rogé, Mie Kobayashi et Yoko Hasewaga (CD Onyx, en juin 2002), le Trio Chausson (CD Mirare, en mai 2007), le Trio Cérès (CD Œhms Classics, en juin 2008), le Trio Dali (CD Fuga Libera, en juillet 2008) et le Linos Piano Trio (CD Avi-Music, en septembre 2022),

il me faut ré-évaluer cette interprétation du Trio Metral : juste en dessous de celle du Linos Piano Trio…

De même,

j’ai procédé à une comparaison attentive de l’interprétation du « Trio » Op. 3 de Chausson par le Trio Metral en ce CD La Dolce Volta LDV 122,

avec 3 autres interprétations en des CDs de ma discothèque personnelle, celles du Trio Wanderer, de janvier 1999 ; celle de Pascal Rogé, Mie Kobayashi et Yoko Hasewaga, de juin 2002 ; et celle du Trio Chausson, de mai 2007 : elle me paraît tout à fait honorable, en cette comparaison…

Il me faut aussi mentionner aussi les avis diamétralement opposés des critiques Gérard Condé, plutôt assassin pour ce CD du Trio Metral _ en particulier pour sa prise de son et le mixage de Ken Yoshida (« les questions d’équilibre devraient être du seul ressort des instrumentistes« ) ; mais aussi : « Il y aurait quelques réserves à formuler sur l’attention portée au phrasé. Certes, ça avance… mais on se sent davantage poussé qu’entraîné vers un but«  _, aux pages 71-72 du n° 726 (octobre 2023) de Diapason,

et Gérard Belvire, élogieux, lui _ « Le trio fondé par le pianiste Victor Metral signe un troisième disque attestant que ce jeune ensemble reste l’une des meilleures formations hexagonales. (…) Le couplage Ravel/Chausson ne fait plus figure de rareté (…) mais, à l’ombre du Trio (1914) du premier, la partition juvénile (1881) du second paraît quelque fois laborieuse. Très marqué par l’influence de César Franck, ce Trio en sol mineur recèle pourtant une générosité d’inspiration qui ne requiert qu’une interprétation attentive et engagée pout toucher l’auditeur. Or le souffle, la vitalité des Metral transformeraient le plomb en or !«  _, à la page 86 du n° 256 de Classica (octobre 2023).

Oui, la qualité de l’interprétation est un medium tout à fait décisif pour l’accès du mélomane discophile _ en dehors du concert _ à la singularité même, en son idiosyncrasie, de l’œuvre laissée notée sur le papier, et à partager à part (ainsi qu’après…) lui, par le compositeur.

Et la qualité de la comparaison, par nous qui y accédons ainsi, de ces interprétations, est elle aussi très importante et décisive : il ne faut certes pas se contenter de la seule première écoute, partielle et par trop subjective, pour que notre accès à l’œuvre même, gagne, écoute après écoute de diverses de ses interprétations, en justesse et justice, tant à l’égard de la qualité de ces interprétations ainsi expérimentées, qu’à l’égard aussi et surtout, de la reconnaissance, voire connaissance, de l’œuvre elle-même du compositeur, en son unicité…

Ce magistral « Trio » de Ravel, de l’été 1914, est un immense chef d’œuvre, qui assurément se mérite, tant pour ce qui concerne les interprètes qui se confrontent à lui, avec leurs instruments, que pour les auditeurs qui y accèdent par leur écoute, au concert comme au disque…

À suivre…

Ce vendredi 13 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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