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Ce qu’apprend le « Guide de la Musique de la Renaissance » sur la musique à la cour des Este de Ferrare, de 1438 à 1598 (suite – II)…

03sept

Dans la continuité de mon article d’hier samedi 2 septembre « « ,

je poursuis ici les précisions concernant la brillantissime musique à la cour des Este à Ferrare, sous les ducs Alfonso I d’Este (Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare, 31 octobre 1534), Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559) et Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597),

d’après l’article signé par Françoise Ferrand intitulé « Este«, aux pages 448 à 454, et l’article signé par Philippe Canguilhem intitulé « Ferrare«, aux pages 454 à 456, de ce splendide « Guide de la Musique de la Renaissance » de 1240 pages, paru aux Éditions Fayard en novembre 2011

Le duc Alfonso I d’Este régna sur Ferrare 29 ans durant : du décès de son père Ercole I d’Este le 25 janvier 1505 à son propre décès le 31 octobre 1534.

Dès 1506, il prit comme maître de la chapelle musicale de la cour de Ferrare le compositeur Antoine Brumel (Chartres, ca. 1460 – Ferrare, ca. 1520), où il succéda à Josquin des Prés et Jacob Obrecht.

Dissoute pour des problèmes financiers en 1510, la chapelle a été reconstituée dès 1513.

Et parmi les musiciens présents à Ferrare ces années-là, on peut noter la présence à Ferrare dès 1505 de Bartolomeo Tromboncino (Vérone, 1470 – Venise, 1535)…

Et, indépendamment de la chapelle musicale ducale, le frère du duc, Ippolito II d’Este, engage Adriaen Willaert, qui, de Rome, arrive à Ferrare en 1515.

Sous le règne, 51 ans durant, du duc Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559),

la musique profane fut dirigée par les frères Alfonso della Viola (Ferrare, 1508 – Ferrare, 1573) et Francesco della Viola (Ferrare – 1568) ;

et la musique sacrée par Maistre Jhan (ca. 1485 – Ferrare, octobre 1538), puis à partir de 1547, par Cipriano de Rore (Ronse-Renaix, 1515 – Parme, 20 septembre 1565)… 

Dès avant le décès et la succession de son père le duc Ercole II d’Este, le 3 octobre 1559, en 558 son fils Alfonso II d’Este, amateur extrêmement éclairéfinança la publication à Venise chez Antonio Gardano du somptueux recueil rétrospectif « Musica Nova » d’Adriaen Willaert, toujours en poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc à Venise.

À la cour ferraraise d’Alfonso II, dont le règne sur Ferrare dura 38 ans, fut créé le « Concerto Grande« , dirigé par Ippolito Fiorino (ca. 1549 – 1621), le maître de chapelle du duc, avec Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, ca. 1545 – Ferrare, 10 septembre 1607) au poste d’organiste de la cour.

Et, en 1579, à l’occasion du troisième mariage d’Alfonso II avec Margherita Gonzaga (Mantoue, 27 mai 1564 – Mantoue, 8 janvier 1618), accompagnèrent à Ferrare la nouvelle duchesse les mantouanes Laura Perperara (ca. 1550 – 4 janvier 1601) et Livia d’Arco (ca. 1665 – 1611), avec lesquelles la ferraraise Anna Guarini (Ferrare, 1563 – Copparo, 3 mai 1598) constitua le célébrissime et très privé « Concerto delle Dame di Ferrara« , accompagné au grand luth par Ippolito Fiorino et au clavecin par Luzzasco Luzzaschi, avec aussi le chanteur basse Giulio Cesare Brancaccio (Naples, 1515 – 1586), ainsi que deux autres chanteurs du duc…

Je dois y ajouter le fameux luthiste-théorbiste et compositeur Alessandro Piccinini (Bologne, 30 décembre 1566 – Bologne, 1638), au service du duc d’Este depuis 1582 et jusqu’au décès de celui-ci, en 1597…

Et il faut bien entendu leur joindre le passage à la cour de Ferrare, de 1594 à 1597, du grandissime Carlo Gesualdo (Venosa, 8 mars 1566 – Gesualdo, 8 septembre 1613), qui avait épousé en secondes noces le 21 février 1594 Éléonore d’Este (Ferrare, 1561 – Modène, 1637), sœur de Cesare d’Este (Ferrare, 1er octobre 1562 – Modène, 11 décembre 1628), l’héritier présomptif et finalement mallheureux du duc Alfonso II

La publication des quatre premiers Livres de madrigaux à cinq voix de Gesualdo eut lieu à Ferrare. Le Premier et le Deuxième sont publiés l’année même de son arrivée à la cour d’Alphonse II en 1594. Le Troisième livre de Madrigaux paraît en 1595, et le Quatrième en 1596. Le compositeur avait confié l’ensemble de sa production présente à l’éditeur ducal Vittorio Baldini. En l’espace de ces trois ans, l’essentiel de l’œuvre établissant la renommée musicale du compositeur fut ainsi publié à Ferrare et diffusé en toute l’Italie.

Un ensemble de musiciens et de musiques proprement éblouissant !

Ce dimanche 3 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter Adriaen Willaert (ca. 1490 – 1562) grâce à une sublime « Passion selon Saint-Jean » du CD « Adriano 4″ de l’ensemble vocal Dionysos Now ! de Tore Tom Denys, découvert presque par hasard…

03août

C’est en parcourant des boîtes de nouveautés de CDs de mon disquaire préféré,

que je suis tombé, quasiment par hasard, sur le nom _ en petits caractères ! _ d’Adriaen Willaert sur un CD « Adriano 4« ,  le CD Evil Penguin EPRC 0054, consacré principalement à sa « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Joannem« , ainsi que trois plus brefs Motets : « Tristia est anima mea« , « Ecce lignum crucis – Crux fidelis » et « Da pacem Domine » _ écouter ces 4 pièces par un simple clic ! _,

par un ensemble vocal jusqu’ci inconnu de moi, Dionysos Now !, dirigé par le ténor flamand, mais domicilié à Vienne _ depuis 1998 _, Tore Tom Denys…

Bien sûr,

le nom _ et l’immense carrière d’Adriaen Willaert (1490 – 1562) : à Paris (où, à la cour de France, il est l’élève de Jean Mouton), à Rome (vers 1515), à Ferrare (où, dès juillet 1515, il est chantre à la cour du cardinal Hippolyte Ier d’Este, puis,  à partir de 1520, au décès de ce cardinal, au service du duc Alphonse Ier d’Este, dont il est maître de chapelle de 1522 à 1525), en Hongrie (entre 1517 et 1519, où il avait accompagné le cardinal Hippolyte Ier), à Milan (où il suit en 1525 le fastueux cardinal Hippolyte II d’Este : le futur bâtisseur, en 1550, de la magnifique Villa d’Este, à Tivoli), et surtout, bien sûr, à Venise, où, succédant à Pietro de Fossis, il devint le très brillant maître de chapelle de la basilique Saint-Marc, de 1527 à son décès, en 1562 ; il y aura pour successeur Cyprien de Rore _ de ce compositeur, Adriaen Willaert (Bruges, ou Rusbeke – Roeselare, vers 1490 – Venise, 7 décembre 1562) _ celui qui a posé les bases du style polychoral vénitien ; celui qui est, sinon l’inventeur même du madrigal, du moins celui dont le recueil de 4 à 7 voix Musica nova (publié en 1559) peut être considéré comme une sorte de manifeste du madrigal (!!!) ; et qui est le créateur de l’école musicale vénitienne (1550 – 1610)… _,

ne m’a pas laissé indifférent, et m’a incité à désirer écouter illico ce CD : magnifique !!! Que je me suis immédiatement procuré…

Quelle sublime musique, profonde…

Un peu plus tard,

rentré chez moi, et en cherchant un peu sur le web, j’ai bientôt découvert que cet ensemble et ce chef avaient déjà réalisé trois précédents enregistrements vinyls _ mais pas CDs !!! _ consacrés eux aussi à l’œuvre d’Adriaen Willaert, 

et plus que sobrement intitulés « Adriano 1 » _ EPRC 0041 _, « Adriano 2 » _ EPRC 0043 _, et « Adriano 3«  _ EPRC  0047.

Et en fouillant dans le désordre des piles diversement classées de ma discothèque,

je suis parvenu à retrouver pour le moment 2 CDs consacrés à l’œuvre passionnant et fondateur d’Adriaen Willaert,

deux CDS parus en juin et octobre 2012, pour le label Ricercar

_ auxquels je joints ici, extrait du CD Ramée 1808 : « Ossesso« , par l’ensemble Ratas del viejo mundo, sous la direction de Floris de Ryckert, paru en janvier 2019, la toute première pièce, en ouverture : le « I vidi in terra angelici costumi » d’Adriaen Willaert _ :

_ le CD Ricercar 325 : « Vespri della Beata Vergine« , par la Capilla Flamenca, dirigée par Dirk Snellings ;

_ le CD Ricercar 331 : « Chansons – Madrigali – Villanelle« , par l’ensemble Romanesque, dirigé par Philippe Malfeyt.

Comme on comprend aussi, à l’écoute de cette sublime musique aussi superbement interprétée qu’elle est ici par Dionysos Now ! sous la direction de Tore Tom Denys _ cf aussi ces vidéos qui nous permettent de regarder chanter Adriaen Willaert, et en italien maintenant, ce très remarquable ensemble vocal Dionysos Now ! : « A quand’a quand’haveva » (2′ 42) et « O Dolce vita mia » (5′ 35), extraits de leur programme du CD « Adriano 2« , ainsi que « Quando di rose d’oro » (3′ 14), extrait de leur programme du CD « Adriano 3« ... _,

l’admirable fécondissime postérité musicale, d’abord à Ferrare, à Venise et à Rome, mais bien plus loin, aussi, dans toute l’Europe, d’Adriaen Willaert (1490 – 1562),

dont, notamment, Cyprien de Rore, Claudio Merulo, Costanzo Porta, Francesco dalla Viola, Gioseffo ZarlinoAndrea GabrieliRoland de Lassus,

ainsi que les divers somptueux madrigalistes, parmi lesquels, bien sûr, Claudio Monteverdi (1567 – 1643), qui, à peine un demi-siècle après la disparition d’Adriaen Willaert _ décédé à Venise le 7 décembre 1562 _, deviendra, à son tour _ au mois d’août 1613 _, le titulaire du très prestigieux poste de maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise…

À suivre…

Ce jeudi 3 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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