Posts Tagged ‘Hercule II d’Este

Quelques questions à propos des éditions successives, de 1535 (à Paris, Pierre Attaingnant), février 1539 (à Ferrare, Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher), août 1539 (à Strasbourg, Peter Schöffer-le-Jeune) et 1555 (à Paris, Adrien Le Roy & Robert Ballard) du motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac : la diffusion-circulation des partitions et le carrefour civilisationnel de Ferrare…

07sept

En me penchant d’un peu plus près sur les découvertes présentées hier 5 septembre en mon article «  » _ à écouter ici en une durée de 5′ 09, dans l’interprétation de l’Ensemble Siglo de Oro dirigé par Patrick Allies, dans ce très intéressant CD « The mysterious Book of Motets 1539«  Delphian DCD34284 qui m’a fait et découvrir cette œuvre, et me passionner pour elle depuis… _ concernant quatre éditions successives, en mai 1535 à Paris, en février 1539 à Ferrare, en août 1539, à Strasbourg, et puis en 1555, à Paris, du Motet « Salus populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505 – ca. 1565) :

_ à Paris, au mois de mai 1535, par Pierre Attaingnant (ca. 1494 – ca. 1552) _ au sein (le n° 17) du recueil collectif « Motettorum, Book 13 » de 18 Motets de 14 compositeurs différents (Rogier Pathie, Corneille Joris (2), Jodon, Matthieu Lasson, Jean Lhéritier, Claudin de Sermisy (2), Johannes Lupi (2), Colin Margot, Florentius Vilain, Pierre de Manchicourt, Jacquet de Mantoue, Nicolas Gombert, G. Harsius et Pierre Cadéac (2))  … _

_ à Ferrare, au mois de février 1539, par Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher _ une édition dédiée à Ercole II d’Este, le duc de Ferrare ; sur Jean de Buglhat, actif à Ferrare à partir de 1528 (où il arrivé dans le bagages de Renée de France, l’épouse d’Ercole II, le 28 mai 1528, à Paris), et décédé en 1558, lire la notice détaillée de Camilla Cavicchi, aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance » des Éditions Fayard en novembre 2011 ; ainsi que l’article « the battle of the woodcuts« , à propos de la rivalité des imprimeurs de musique Antonio Gardano, à Venise, et Johannes de Buglhat, à Ferrare… ;

au sein (le n° 4) du recueil collectif « Moteti de la simia » de 20 Motets de 12 compositeurs différents (Nicolas Gombert (3), Jacques Arcadelt (2), Pierre Cadéac, Jaquet de Berchem (3), Nicolle Celliers de Hesdin (2), Claudin de Sermisy, Ivo Barry (2), Jacques du Pont, Jacquet de Mantoue (2), Dominique Pinot, Maistre Jhan et Adrian Willaert) _ ;

_ à Strasbourg, au mois d’août 1539, par Peter Schöffer-le-Jeune _ au sein (le n° 8) du recueil collectif « Cantiones quinque vocum selectissimae » de 28 Motets de 14 compositeurs différents (Maistre Jhan, Nicolas Gombert (9), Jean Conseil, Jacquet de Mantoue (4), Adrian Willaert (3), Pierre Cadéac, Andreas de Silva, Johannes Lupi (2), Dominique Phinot, Simon Ferrariensis, Jehan Sarton, Jhan Billon, Philippe Verdelot et Jacques Arcadelt) _ ;

_ et à Paris, en 1555, par Adrien Le Roy & Robert Ballard _  le n° 14 du recueil de 18 « Moteta quatuor quinque et sex vocum liber primus » de Pierre Cadéac seul, cette fois… _,

vient s’éclairer davantage le lien _ a priori un peu étonnant : Pierre Cadéac n’est ni parisien, ni flamand…_ à Ferrare du Motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac…

La présence effective de compositeurs ou chanteurs ou instrumentistes français ou flamands à Ferrare, à partir de 1528, de même que la présence de partitions _ manuscrites, ou imprimées _ de ces compositeurs à la cour de Ferrare, est en partie liée à _ ou plutôt réactualisée (la fine-fleur des musiciens franco-flamands est en effet très présente à Ferrare dès la fondation de la chapelle musicale des Este par Leonello d’Este, en 1441 ; et même un peu avant, lors du brillant concile tenu à Ferrare en 1438-1439, en présence du pape Eugène IV, sous le règne du père de Leonello, Niccolo III d’Este… ; cf mes articles des 2 et 3 septembre derniers : « «  et « « …) ; ou plutôt réactualisée, donc, par _ la présence à Ferrare, et au cœur même de la vie de cour ducale, de la duchesse Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575) _ fille du roi Louis XII (Blois, 27 juin 1462 – Paris, 1er janvier 1515) et son épouse la reine Anne de Bretagne (Nantes, 25 janvier 1477 – Blois, 9 janvier 1514), et belle-sœur du roi François Ier (Cognac, 12 septembre 1494 – Rambouillet, 31 mars 1547) : la sœur aînée de la duchesse Renée était la reine Claude (Romorantin, 13 octobre 1499 – Blois, 15 juillet 1524)… _, l’épouse du duc Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559) ; dont le mariage venait d’avoir eu lieu, à Paris,  le 28 mai 1528.

Et la duchesse Renée sera _ très (voire un peu trop) _ présente, avec son entourage français _ seront ainsi présents, un moment, à Ferrare, entre autres notables hôtes personnels de la duchesse Renée : le poète Clément Marot (ca. 1496, Cahors – Turin, 12 septembre 1544), d’avril 1535 au carême 1536, et le théologien de la Réforme Jean Calvin (Noyon, 15 juillet 1509 – Genève, 27 mai 1564)… _, à Ferrare jusqu’au décès de son époux, le 3 octobre 1559 ; le nouveau duc, leur fils Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597), s’empressant de renvoyer alors la duchesse douairière, sa mère, en France, où elle décèdera, à Montargis, le 12 juin 1575. Mais la duchesse Renée eut auprès d’elle nombre d’artistes, mais aussi entre les mains nombre de poèmes et de partitions de ses musiques aimées :

ont ainsi composé pour elle, entre autres, Jakob Buus (Gand, ca. 1500 – Vienne, août 1565), qui lui dédie en 1543 son « Primo libro di canzoni francesi«  ; mais aussi Adrian Willaert et Cipriano de Rore, qui ont composé sur la « Méditation de Savonarole » _ Jérôme Savonarole (Ferrare, 21 septembre 1452 – Florence, 23 mai 1498) était en effet ferrarais… _ du compositeur Simon Joly (1524 – 1559)…

Par conséquent, c’est très probablement dans ce contexte culturel ferrarais que l’imprimeur Jean de Buglhat _ en rivalité avec le grand imprimeur vénitien Antonio Gardano (Gardanne, 1509 – Venise, 28 octobre 1569), installé Calle della Simia, non loin du pont du Rialto… _ fait paraître en février 1539, à Ferrare _ où Buglhat demeurera désormais toute sa vie durant : il décède à Ferrare en 1558 ; sur l’éditeur Jean de Buglhat, lire la notice de Camille Cavicchi aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance«  _ le recueil de 20 motets _ intitulé par pure provocation professionnelle ! _ « Moteti de la simia« , dans lequel Buglhat intègre, très probablement emprunté au recueil de 18 Motets « Motettorum, Libro 13 » publié au mois de mai 1535 à Paris par Pierre Attaingnant, en raison de sa beauté singulière, le Motet de Pierre Cadéac « Salus populi ego sum« .

Et c’est probablement par ce biais ferrarais-là des « Moteti de la simia » de Buglhat, de février 1539, et via la diffusion-circulation _ jusqu’à la cour si mélomane de Ferrare ; et en 1535, justement, Clément Marot y séjourne depuis le mois d’avril de cette année-là… _ du recueil de Motets « Motettorum, Libro 13 » de Pierre Attaingnant publié à Paris en mai 1535, qu’a pu en prendre connaissance, à son tour, à Milan, le maître de chapelle de la cathédrale de Milan, le flamand Matthias Werrecore (Warcoing-Pecq, ca. 1500 – après 1574) _  dont l’envoi et la réception strasbourgeoise a permis l’édition de ce motet « Salus populi ego sum«  de Pierre Cadéac au sein des 28 « Cantiones quinque vocum selectissimae » qu’a fait paraître, six mois plus tard, au mois d’août 1539, l’éditeur- imprimeur strasbourgeois Peter Schöffer-le-Jeune ; recueil de Motets sur lequel Daniel Trocmé-Latter a travaillé en son « The Strasbourg Cantiones of 1539« , qui a servi de source au CD Delphian « The mysterious Book of Motets 1539 » de l’Ensemble Siglo de Oro, qui m’a permis, lui, de découvrir et admirer ce superbe motet de Pierre Cadéac…

Lequel milanais Matthias Werrecore, lié lui-même _ d’une manière qu’il serait bien intéressant de préciser… _ au brillant et très mélomane cardinal Ippolito II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 _ en 1519, Ippolito II d’Este (âgé alors de 10 ans) avait hérité de son oncle le cardinal Ippolito I d’Este (Ferrare, 14 mars 1579 – Ferrare, 3 septembre 1520) l’archevêché de Milan ; et il est possible que le jeune Ippolito II ait sinon résidé du moins séjourné un peu, ces années-là à Milan, en particulier entre 1519 et 1527 au moins (je retiens cette année de 1527, parce que le brillant Adriaen Willaert, après avoir été pendant cinq années (1515-1520) au service de l’oncle le cardinal archevêque de Milan Ippolito I d’Este, quitte le service musical du neveu, Ippolito II, lui aussi archevêque de Milan, mais résidant à Ferrare à la cour de son père Alfonso I ; un service musical attesté par des paiements entre décembre 1524 et avril 1525 _ cf Giuliano Danieli : « La musica nel mecenatismo di Ippolito II d’Este« .., aux pages 97 et 199 _, pour aller prendre le prestigieux poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc à Venise ; en 1527, Ippolito II a alors 18 ans ; cf mon article du 11 août dernier : « «  _,

a adressé, de Milan, à l’imprimeur-éditeur alors installé à Strasbourg Peter Schöffer-le Jeune (Mayence, ca. 1475 – Bâle, 1547), qui l’a publié au mois d’août 1539 au sein de son recueil de Motets « Cantiones quinque vocum selectissimae« , dont il faisait partie, en huitième position, le Motet « Salus Populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac…

Et de même que les deux cardinaux d’Este, Ippolito II et son neveu Luigi, n’ont jamais mis les pieds de leur vie dans leur diocèse d’Auch,

de même Pierre Cadéac ne s’est jamais rendu ni à Ferrare, ni à Venise, ni à Milan, ni à Strasbourg, et probablement jamais non plus seulement à Paris _ où très tôt (dès 1534 pour la chanson « Je suis deshéritée« ) Attaingnant publie sa musique, sacrée comme profane : et c’est très vraisemblablement Clément Janequin (Châtellerault, ca. 1485 – Paris, ca. 1558), passé par Auch vers 1531-1532 (cf le remarquable article de Rolf Norsen « Les compositeurs de musique Clément Janequin et Pierre Cadéac à Auch au début du XVIe siècle«  cité en mon article « «  du 16 août dernier) qui lui avait ainsi mis le pied à l’étrier éditorial de l’éditeur-imprimeur de musique si important et décisif pour la plus large diffusion et circulation de la musique à ce moment, qu’a été Pierre Attaingnant _ :

mais son œuvre, elle, a brillamment voyagé pour lui, ainsi jusqu’à Ferrare et Milan en février et août 1539, et aujourd’hui, jusqu’à nous : en partitions à déchiffrer et lire, et maintenant en disques (et concerts) à écouter ici _ et savourer…

Ce mercredi 6 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce qu’apprend le « Guide de la Musique de la Renaissance » sur la musique à la cour des Este de Ferrare, de 1438 à 1598 (suite – II)…

03sept

Dans la continuité de mon article d’hier samedi 2 septembre « « ,

je poursuis ici les précisions concernant la brillantissime musique à la cour des Este à Ferrare, sous les ducs Alfonso I d’Este (Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare, 31 octobre 1534), Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559) et Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597),

d’après l’article signé par Françoise Ferrand intitulé « Este«, aux pages 448 à 454, et l’article signé par Philippe Canguilhem intitulé « Ferrare«, aux pages 454 à 456, de ce splendide « Guide de la Musique de la Renaissance » de 1240 pages, paru aux Éditions Fayard en novembre 2011

Le duc Alfonso I d’Este régna sur Ferrare 29 ans durant : du décès de son père Ercole I d’Este le 25 janvier 1505 à son propre décès le 31 octobre 1534.

Dès 1506, il prit comme maître de la chapelle musicale de la cour de Ferrare le compositeur Antoine Brumel (Chartres, ca. 1460 – Ferrare, ca. 1520), où il succéda à Josquin des Prés et Jacob Obrecht.

Dissoute pour des problèmes financiers en 1510, la chapelle a été reconstituée dès 1513.

Et parmi les musiciens présents à Ferrare ces années-là, on peut noter la présence à Ferrare dès 1505 de Bartolomeo Tromboncino (Vérone, 1470 – Venise, 1535)…

Et, indépendamment de la chapelle musicale ducale, le frère du duc, Ippolito II d’Este, engage Adriaen Willaert, qui, de Rome, arrive à Ferrare en 1515.

Sous le règne, 51 ans durant, du duc Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559),

la musique profane fut dirigée par les frères Alfonso della Viola (Ferrare, 1508 – Ferrare, 1573) et Francesco della Viola (Ferrare – 1568) ;

et la musique sacrée par Maistre Jhan (ca. 1485 – Ferrare, octobre 1538), puis à partir de 1547, par Cipriano de Rore (Ronse-Renaix, 1515 – Parme, 20 septembre 1565)… 

Dès avant le décès et la succession de son père le duc Ercole II d’Este, le 3 octobre 1559, en 558 son fils Alfonso II d’Este, amateur extrêmement éclairéfinança la publication à Venise chez Antonio Gardano du somptueux recueil rétrospectif « Musica Nova » d’Adriaen Willaert, toujours en poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc à Venise.

À la cour ferraraise d’Alfonso II, dont le règne sur Ferrare dura 38 ans, fut créé le « Concerto Grande« , dirigé par Ippolito Fiorino (ca. 1549 – 1621), le maître de chapelle du duc, avec Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, ca. 1545 – Ferrare, 10 septembre 1607) au poste d’organiste de la cour.

Et, en 1579, à l’occasion du troisième mariage d’Alfonso II avec Margherita Gonzaga (Mantoue, 27 mai 1564 – Mantoue, 8 janvier 1618), accompagnèrent à Ferrare la nouvelle duchesse les mantouanes Laura Perperara (ca. 1550 – 4 janvier 1601) et Livia d’Arco (ca. 1665 – 1611), avec lesquelles la ferraraise Anna Guarini (Ferrare, 1563 – Copparo, 3 mai 1598) constitua le célébrissime et très privé « Concerto delle Dame di Ferrara« , accompagné au grand luth par Ippolito Fiorino et au clavecin par Luzzasco Luzzaschi, avec aussi le chanteur basse Giulio Cesare Brancaccio (Naples, 1515 – 1586), ainsi que deux autres chanteurs du duc…

Je dois y ajouter le fameux luthiste-théorbiste et compositeur Alessandro Piccinini (Bologne, 30 décembre 1566 – Bologne, 1638), au service du duc d’Este depuis 1582 et jusqu’au décès de celui-ci, en 1597…

Et il faut bien entendu leur joindre le passage à la cour de Ferrare, de 1594 à 1597, du grandissime Carlo Gesualdo (Venosa, 8 mars 1566 – Gesualdo, 8 septembre 1613), qui avait épousé en secondes noces le 21 février 1594 Éléonore d’Este (Ferrare, 1561 – Modène, 1637), sœur de Cesare d’Este (Ferrare, 1er octobre 1562 – Modène, 11 décembre 1628), l’héritier présomptif et finalement mallheureux du duc Alfonso II

La publication des quatre premiers Livres de madrigaux à cinq voix de Gesualdo eut lieu à Ferrare. Le Premier et le Deuxième sont publiés l’année même de son arrivée à la cour d’Alphonse II en 1594. Le Troisième livre de Madrigaux paraît en 1595, et le Quatrième en 1596. Le compositeur avait confié l’ensemble de sa production présente à l’éditeur ducal Vittorio Baldini. En l’espace de ces trois ans, l’essentiel de l’œuvre établissant la renommée musicale du compositeur fut ainsi publié à Ferrare et diffusé en toute l’Italie.

Un ensemble de musiciens et de musiques proprement éblouissant !

Ce dimanche 3 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ce qui s’est transmis de splendide musique à Ferrare du temps de la très raffinée cour des Este, tout au long du XVIe siècle : Josquin des Prés, Adriaen Willaert, Cipriano de Rore, Luzzasco Luzzaschi, Girolamo Frescobaldi…

01sept

Josquin des Prés (Beaurevoir, ca. 1450 – Condé-sur-l’Escaut, 27 août 1521),

Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 7 décembre 1562),

Cipriano de Rore (Ronse-Renaix, ca. 1515 – Parme, 20 septembre 1565),

Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, ca. 1545 – Ferrare, 10 septembre 1607),

Girolamo Frescobaldi (Ferrare, 13 septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643) : 

4 générations de musiciens-compositeurs d’un extrême raffinement,

qui sont ou bien ferrarais de naissance,

ou bien passés par la cour de Ferrare sous les ducs d’Este

_ ce qui fut en effet la situation de la ville et de son territoire, sous les Este, de 1146 (avec Azzolino d’Este) jusqu’à 1598 (avec César d’Este) ;

1146, quand, à la mort de Guillaume Adelardi, le dernier de la famille ferraraise des Adelardi qui régnait jusqu’alors sur la ville, la seigneurie de Ferrare passa comme dot de sa nièce la Marchesella à Azzolino d’Este, l’époux de celle-ci ;

le 12 avril 1471, Borso d’Este (Ferrare, 24 août 1413 – Ferrare, 20 août 1471) est investi duc de Ferrare par le pape Paul II Barbo dans la basilique Saint-Pierre à Rome. Paul II désirant faire pièce aux ambitions territoriales vénitiennes en Italie et renforcer les États de l’Église, accepte le jour de Pâques 1471 de conférer à Borso d’Este et à ses successeurs le titre de duc de Ferrare. La maison d’Este s’assure ainsi le rang que Borso convoitait depuis des années, mais elle a dû, pour ce faire, confirmer formellement une allégeance au Saint-Siège qui se révèlera fatale, en 1597-98, aux descendants de Borso d’Este, ses arrière-petits-neveux Alphonse II d’Este (1533 – 1597) et le cousin de celui-ci, César d’Este (1562 – 1628)… Le successeur du brillant Borso d’Este (1413 – 1471) au duché de Ferrare étant son frère le brillantissime Ercole I d’Este (Ferrare, 26 octobre 1431 – Ferrare, 25 janvier 1505) ;

et 1598, quand le duc Alphonse II d’Este décédé le 27 octobre 1597 sans descendance mâle, fit que Ferrare fut déclarée par le pape Clément VIII Aldobrandini, fief pontifical vacant, et que la Dévolution déclarée de la cité, fit que César d’Este (Ferrare, 1er octobre 1562 – Modène, 11 décembre 1628), seulement petit-fils bâtard du duc Alphonse Ier d’Este, fut chassé par les armes et banni de Ferrare (César d’Este s’est alors replié sur le fief impérial, lui, de Modène), la ville de Ferrare et son territoire passèrent sous le contrôle politique et administratif direct du Saint-Siège, et cela jusqu’à leur intégration dans le Royaume de Piémont-Sardaigne en 1859 _ :

Ercole I d’Este (Ferrare, 26 octobre 1431 – Ferrare, 25 janvier 1505),

Alfonso I d’Este (Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare, 31 octobre 1534),

Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559),

Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597) ; 

avant qu’en 1598, sous l’action du pape Clément VIII Aldobrandini (Fano, 24 février 1536 – Rome, 3 mars 1605 ; élu pape le 30 janvier 1592), ait lieu la malheureuse Dévolution de Ferrare, échappant désormais à la brillante et très mélomane dynastie des Este

À regarder donc d’un peu plus plus près…

Ce vendredi 1er septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Recherches sur le cardinal Hippolyte II d’Este (Ferrare, 1509 – Rome, 1572) et sa présence-absence en l’archevêché d’Auch (1551 – 1563)…

13août

Afin d’élucider davantage les liens entre la cité d’Auch _ où résida le compositeur Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – 1510 – Auch (ca. 1564 – 1565), dont le Motet « Salus Populi«  fait partie des 28 Motets du recueil « Cantiones quinque uocum selectissimae«  publié au mois d’août 1539, à Strasbourg, par l’éditeur Peter Schöffer le Jeune, en compagnie de Motets ayant des liens assez forts avac la cour de Ferrare, qui lui avaisent été adressé, de Milan, par le compositeur d’origine flamande Hermann Matthias Werrecore qui avait côtoyé de près, à Milan, et Hippolyte II d’Este, et Adriaen Willaert, quand ceux-ci y résidaient, de 1522 à 1525 ; cf mon article d’avant-hier, 11 août 2023 : « «  _

et la présence-absence, en cette cité épiscopale d’Auch, du cardinal (dit de Ferrare) Hippolyte II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572),

très présent pourtant en France, entre son arrivée attestée à Lyon au moins en 1536, et son départ de Paris pour se rendre au concile de Trente, en 1562…

Beau-frère du roi de France François Ier _ Renée de France (Blois, 1510 – Montargis, 1575), l’épouse du frère d’Hippolyte, le duc Hercule II d’Este (Ferrare, 1508 – Ferrare, 1559), était en effet la sœur cadette de la reine Claude de France (Romorantin, 1499 – Blois 1524), l’épouse de François Ier (Cognac, 1494 – Rambouillet, 1547), et la mère du roi Henri II (Saint-Germain-en-Laye, 1519 – Paris 1559)… _,

le ferrarais Hippolyte II d’Este (1509 – 1572) était en effet aussi oncle par alliance du roi de France Henri II (1519 – 1559),

et grand-oncle de ses fils, les successifs rois François II (Fontainebleau, 1544 – Orléans, 1560), Charles IX (Saint-Germain-en-Laye, 1550 – Vincennes, 1574) et Henri III (Fontainebleau, 1551 – Saint-Cloud, 1589) ;

et il a eu ainsi à jouer toute sa riche et fastueuse vie durant un rôle diplomatique non négligeable entre les cours  de France, où il a durablement séjourné, celle des Este de Ferrare _ celle de son frère Hercule II (duc de Ferrare depuis le 31 octobre 1534 jusqu’à son décès, le 3 octobre 1559), puis celle de son neveu, le duc Alphonse II d’Este (Ferrare, 1533 – Ferrare, 1597) _, ainsi que celle des divers papes successifs, à Rome,

où Hippolyte II est décédé, à l’âge de 63 ans, le 2 décembre 1572…

Cependant, mes recherches, ce dimanche, ne sont pas encore parvenues à découvrir quelque attestation bien concrète de la venue et présence effective du cardinal Hippolyte II d’Este en cet archevêché d’Auch, dont il a  été le titulaire à dater du 22 avril 1551 _ et jusqu’au 10 octobre 1563, 12 ans durant… _ : ce 22 avril 1551, quand le très en cour cardinal François de Tournon (Tournon-Sur-Rhône, 1489 – Saint-Germain-en-Laye, 22 avril 1562) obtint d’échanger avec lui l’archevêché d’Auch, dont le-dit Tournon avait été jusqu’alors le titulaire _ le 6 juin 1538, le cardinal de Tournon avait en effet obtenu d’échanger avec le cardinal de Clermont l’archevêché de Bourges qu’il détenait alors contre l’archevêché d’Auch, plus riche… _, contre celui de Lyon, que le cardinal Alphonse II d’Este détenait depuis le 29 octobre 1539…

Peut-être ce nom d’Auch avait-il pourtant quelque vague lien en la mémoire mélomane d’Hippolyte d’Este avec celui du compositeur auscitain Pierre Cadéac, un peu étrangement présent, du moins a priori, dans le recueil des « Cantiones quinque uocum selectissimae » qu’avait collectées à Milan le maître de chapelle de la cathédrale Matthias Werrecore, recueil transmis en 1539 à Strasbourg, à l’éditeur Peter Schöffer le Jeune, assez probablement à des fins d’édition de ces pièces liées d’assez près à l’œuvre d’Adriaen Willaert, ainsi qu’à celles de maîtres très appréciés à la cour ultra-raffinée de Ferrare…

Des liens à essayer de démêler un peu…

À suivre…

Ce dimanche 13 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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