Archives du mois de avril 2023

Une autre intéressante lecture du « Cerveau de Ravel », de Bernard Lechevalier, Bernard Mercier et Fausto Viader

20avr

Comme en complément à mon article «  » du 20 février dernier,

aujourd’hui sur le site de ResMusica, et sous la plume de Jean-Luc Caron, musicologue et médecin,

cet intéressant article-ci :

« La neurologie au chevet de Maurice Ravel, l’homme et sa musique« ,

tel une suite à son précédent article sur ce même sujet, en date, lui, du 14 décembre 2017, « Maurice Ravel, victime d’une démence dégénérative » :

La neurologie au chevet de Maurice Ravel, l’homme et sa musique

L’état de santé de Maurice Ravel, l’individu autant que le génial créateur, a préoccupé nombre d’observateurs, médecins, musicologues ou musiciens. C’est une étude réalisée par des neurologues français qui tentent d’y voir plus clair par le biais d’un travail sérieux, informé et passionné.

……

L’ouvrage s’ouvre sur la dernière photographie du compositeur prise à Paris le 19 mars 1937, neuf mois avant sa mort. La première partie est consacrée à « la vie d’un génie ». La santé de Ravel y est abordée au travers de sa correspondance et de celle de ses proches _ cf l’indispensable « L’Intégrale : correspondance (1895 – 1937), écrits et entretiens » de Manuel Cornejo… _, avec de très nombreux extraits depuis sa jeunesse jusqu’à la maladie en 1936. Le profil psychologique du compositeur est décrit de façon précise et détaillée avec là aussi de nombreux exemples et extraits de lettres et documents. La place de sa mère _ oui _ (il vécut 42 ans avec elle), son goût pour les mathématiques hérité de son père, ses amies, son côté dandy, le monde imaginaire de l’enfance qu’il affectionne, sont décrits documentation à l’appui.

S’ouvre ensuite la seconde partie « Ravel entre les mains de ses médecins ». Les comptes-rendus médicaux, les courriers échangés entre les praticiens, l’analyse de l’évolution de l’écriture du compositeur, les liens entre ses pathologies et la nature de ses partitions _ et c’est passionnant ! _ sont passés en revue avec beaucoup de soins et répondent à une démarche quasi scientifique. Des assertions étayées côtoient des suppositions et hypothèses présentées avec une rigueur critique qui honore la démarche et le sérieux des auteurs, les médecins Bernard Lechevalier, Bernard Mercier et Fausto Viader.

On s’est penché sur les conséquences de son accident de taxi survenu à Paris le 8 octobre 1932 provoquant un traumatisme crânien et une commotion cérébrale qui accentuèrent des signes plus discrètement présents antérieurement. Des troubles sérieux de l’écriture, des perturbations gestuelles, des mouvements incontrôlés comme ce caillou envoyé en plein visage d’une amie _ Marie Gaudin. Soudain il ne sait plus nager, ne parvient plus à jouer du piano, ne distingue plus les fourchettes des couteaux, parvient à peine à écrire correctement, perd le sens de l’organisation logique des gestes à effectuer… autant de symptômes troublants sans perturbation de l’intelligence majeure ni déficit moteur franc. Cette situation conduit au diagnostic « d’apraxie progressive et d’aphasie de Wernicke modérée et à une insomnie rebelle ». Pour autant on ne décèle ni démence ni amusie (perte de la capacité de chanter, de jouer ou de reconnaître une musique, selon Le Robert). Les neurologues diagnostiquent « une atrophie cérébrale circonscrite et progressive s’inscrivant dans le cadre d’une maladie de Pick » dont des examens paracliniques confirmèrent l’atrophie de certaines régions du cerveau. La définition de la maladie de Pick évoque néanmoins la mise en place d’une démence sénile précoce touchant en priorité les lobes frontaux et temporaux du cerveau. Ravel nous apprend-on était parfaitement conscient de sa situation médicale depuis 1932.

Malheureusement, progressivement le compositeur se mure peu à peu dans un mutisme sévère, des angoisses le hantent, sa mémoire s’altèrent, son jeu pianistique se détériore. Des séances d’électrothérapie ne sont d’aucun secours et une intervention neuro-chirurgicale pratiquée à Paris le 17 décembre 1937, conduit au décès de Maurice Ravel une dizaine de jours plus tard, le 23 décembre 1937.

En annexes le livre présente une frise chronologique _ très _ intéressante mettant en rapport les œuvres de Ravel avec la progression de sa maladie, ainsi qu’un portrait des différents médecins qui l’ont eu pour patient.

Une très précieuse lecture, donc.

 

 Ce jeudi 20 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Découvrir en DVD un excellent Woody Allen mélancolique et tragique (à la Tchékhov) : « Wonder Wheel », de décembre 2017

19avr

Aimant beaucoup le cinéma de Woody Allen, de lui peu de films m’ont échappé jusqu’ici…

 

C’était cependant le cas jusqu’ici de « Wonder Wheel« , sorti en décembre 2017,

sur le DVD duquel je viens de tomber par hasard…

Et c’est un superbe film,

assez mélancoliquement tchékhovien _ et terriblement humain, et compatissant, face à l’implacable tragique de la malencontreuse conjonction, parfois, du jeu (cf aussi le délicieux « Match Point« , en 2005 , mais sans mélancolie cette fois-là : ou encore le brillant et merveilleux dostoïevskien « Crimes et délits« , en 1989…) de divers déterminismes… _ à mes yeux…

Et qui m’a aussi donné l’occasion de remettre de l’ordre dans la pile de mes DVDs de films de Woody Allen…

Ce mercredi 19 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dans le chantier discographique de révélation de l’opéra français entre Lully (1632-1687) et Rameau (1683-1764) : l' »Ariane et Bacchus » (en 1696) de Marin Marais (1656 – 1728), par Hervé Niquet…

18avr

Dans l’important chantier discographique de révélation au grand-public mélomane de l’opéra français entre Lully (1632 – 1687) et Rameau (1683 – 1764),

voici aujourd’hui l' »Ariane et Bacchus » (en 1696) de Marin Marais (1656 – 1728),

dans la réalisation d’Hervé Niquet avec son Concert Spirituel _ ainsi que les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles _ ; soit le double CD Alpha 926.

Sur cette réalisation, voici l’article de ce jour du site ResMusica,

sous la plume de Pierre Degott :

Ariane et Bacchus de Marin Marais pour la première fois au disque

Interprétée par le Concert Spirituel et des spécialistes du genre dirigés par Hervé Niquet, voilà une intéressante réalisation qui permettra à l’auditeur de se familiariser davantage avec la tragédie lyrique française entre Lully et Rameau. 

Créée en 1696 _ à l’Académie Royale de Musique le 8 mars 1696 _, soit près de dix ans après la mort de Lully _ décédé le 22 mars 1687 _, la tragédie lyrique Ariane et Bacchus fait partie de cette série d’ouvrages intermédiaires entre le monopole du compositeur d’origine italienne _ et les héritiers de son privilège royal qu’ont été ses fils, dont Louis Lully (1664 – 1734) : Louis Lully et Marin Marais collaborèrent pour Alcide, en 1693… _ et le règne de celui qui allait lui succéder à partir des années 1730, Jean-Philippe Rameau _ né le 25 septembre 1683. Grâce à l’action de nos grands chefs spécialistes du baroque, nous connaissons _ un peu _ mieux aujourd’hui les opéras de Desmarets, Destouches, Rebel et autres, et c’est une très bonne chose _ en effet ! Le présent enregistrement, reflet d’un concert donné au Théâtre des Champs-Élysées en avril 2022, porte ainsi, après Alcione et Sémélé _ dont je possède les CDs des interprétations de Marc Minkowki, Erato 2292-45522-2, de 3 CDs, en 1990, et Hervé Niquet Glossa GES 921014,  de 2 CDs, en 2007  _, au nombre de trois les opéras de Marin Marai à avoir eu les honneurs du disque. L’ouvrage, avec sa mécanique théâtrale nourrie de péripéties mythologiques, avec son hommage appuyé à Louis XIV, respecte à la lettre les codes de l’époque et il pourra parfois donner l’impression de déjà vu, ou plutôt de déjà entendu _ certes… Il n’en contient pas moins de belles scènes tragiques, notamment celles confiées à l’héroïne _ Ariane _ qui, abandonnée de Thésée, se croit à deux reprises délaissée par Bacchus. Sans doute est-ce l’existence de deux sources littéraires clairement identifiées qui explique la complexité d’une intrigue confiée à une multitude de personnages dont la caractérisation théâtrale et musicale reste peut-être _ et même probablement _ un maillon faible. Si l’on flaire ce qui pourrait s’apparenter à un soupçon de mélange des genres, ce serait peut-être aller un peu loin que d’adhérer aux propos d’Hervé Niquet lorsqu’il parle à propos d’Ariane et Bacchus de « comédie musicale à la française ». Nous ne sommes tout de même pas dans l’univers d’Ariadne auf Naxos… Sur le plan musical, l’œuvre brille de multiples beautés, portées par des audaces harmoniques inattendues ainsi que par une orchestration qui met en valeur un certain nombre d’instruments, notamment dans les récitatifs accompagnés et les grandes scènes d’Ariane.

Porté par un Hervé Niquet qui visiblement croit à la solidité du projet, le Concert Spirituel se montre parfaitement à la hauteur de la situation, autant pour les parties chorales qu’instrumentales. La distribution, composée de vétérans et de jeunes chanteurs tous spécialistes de ce répertoire, propose un équilibre tout à fait idéal et offre une belle homogénéité _ on aurait souhaité cependant un peu plus d’investissement de leur part… On regrettera presque que ait eu à se contenter du rôle bref de Junon, tant on se délecte _ une fois encore _ de l’élégance et de la noblesse de ses phrasés. À ses côtés, en Ariane ne démérite pas, mais la tessiture relativement basse de son rôle ne la met pas à son avantage _ en effet… On lui préfère en tout cas , dont le timbre frais et charnu donne quelque vie aux rôles plutôt anecdotiques de Corcine et de La Gloire. Chez les messieurs, on retrouve avec plaisir en Bacchus , habitué désormais de ces rôles le haute-contre à la française, et l’on se réjouit de découvrir à côté de lui , lui aussi possesseur de l’instrument idéal pour ce type d’emploi. Chez les clés de fa, est un Géralde véhément et autoritaire, plus théâtral que David Witzcak en Adraste ou dans la série de petits rôles qui lui sont confiés. Belle présence vocale également de la part du baryton , qui parvient à donner corps et substance aux deux rôles du Roi Lycas et du Sacrificateur.

Belle initiative, donc, qui aura permis de découvrir _ voilà, au disque… _ un opéra qui n’est sans doute pas _ en effet… _ un grand chef-d’œuvre oublié, mais qui n’en constitue pas moins un jalon intéressant _ c’est cela… _ de l’histoire de la tragédie lyrique française.

Marin Marais (1656-1728) : Ariane et Bacchus, tragédie lyrique en un prologue et cinq actes sur un livret de Saint-Jean inspiré de la tragédie Ariane de Thomas Corneille et de la comédie héroïque Les Amours ou le mariage de Bacchus et d’Ariane de Jean Donneau de Visé.

Judith van Wanroij, soprano (Ariane) ; Véronique Gens, soprano (La Nymphe de la Seine / Junon) ; Mathias Vidal, haute-contre (Bacchus / Un Songe) ; Hélène Carpentier, soprano (Terpsichore / Dircée / Un Songe) ; Marie Perbost, soprano (La Gloire / Corcine) ; Mathieu Lécroart, baryton-basse (Géralde / Jupiter) ; David Witczak, baryton (Adraste) ; Tomislav Lavoie, basse (Le Roi / Un Sacrificateur) ; Philippe Estèphe, baryton (Pan / Le Deuxième matelot / Lycas / Phobétor / Phantase / Alecton) ; Marine Lafdal-Franc, soprano (L’Amour / Elise / La Naxienne) ; David Tricou, haute-contre (Un Plaisir / Un Suivant du Roi / Le Premier matelot / Mercure) ;

Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel, direction : Hervé Niquet.

2 CD Alpha.

Enregistrés en avril 2022 à l’auditorium du Conservatoire Jean-Baptiste Lully de Puteaux.

Notice de présentation en français, anglais et allemand.

Durée totale : 2:06:25

Un atout principalement documentaire, donc.

Ce mardi 18 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le plaisir de revoir sur Arte le film de William Wyler, en 1953, « Vacances romaines »…

17avr

Cet après-midi,

et tout à fait par hasard,

j’ai revu avec très grand plaisir à la télévision sur Arte le « Vacances romaines« , de William Wyler (Mulhouse, 1er juillet 1902 – Los Angeles, 27 juillet 1981),

un film plein de charme de 116′, en  1953, 

avec de toujours parlantes séduisantes vues de Rome…

Avec le charme évanescent _ et glamour un peu désuet… _ aussi

des minois d’Audrey Hepburn (Ixelles, 4 mai 1929 – Tolochenaz, 20 janvier 1993)

et Gregory Peck (San Diego, 5 avril 1916 – Los Angeles, 12 juin 2003)...

Ce lundi 17 avril 2023, Tiyus Curiosus – Francis Lippa

Un plutôt doux dimanche de printemps avec le Chopin splendide et si juste de Rafal Blechacz…

16avr

Ce mois d’avril 2023,

le magnifique Rafal Blechacz nous offre un merveilleux CD Chopin _ le CD Deutsche Grammophon 486 3438, enregistré à Berlin en septembre et octobre 2021 _ intitulé tout simplement « Chopin« ,

comportant les Sonates pour piano n°2, Op. 35 (de 1839) et n°3, Op. 58 (de 1844) de Frédéric Chopin (Żelazowa Wola, 1er mars 1810 – Paris, 17 octobre 1849), splendidement agrémentées du Nocturne Op. 48/2 et de la Barcarolle Op. 60,

 se révèle le plus fondamental du génie de Chopin, en toute la variété de sa palette...

De ce premier prix du xve concours international de piano Frédéric-Chopin de Varsovie en 2005 qu’est Rafal Blechacz, 

je possède d’abord le précieux coffret _ DUX 0066 _ de 3 CDs que le label polonais Dux a produit des interprétations du lauréat _ alors âgé de 20 ans (il est né le 30 juin 1985)… _ de ce concours des 2 au 24 octobre 2005, à Varsovie, et qui a fait connaître universellement ce splendide musicien et pianiste.

Mais je profite de la circonstance de la publication de ce tout récent splendide CD « Chopin » par Rafal Blechacz

pour mettre aussi ici en lien, pour le plus pur plaisir musical, deux vidéos d’interprétations chopiniennes marquantes _ et d’il y a au moins dix ans… _ de lui, en concert :

_ les 3 Mazurkas Op. 50 (de 10′ 58)

_ les Valses 1 à 3 Op. 64 (de 8′ 49)

Ce dimanche 16 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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