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Le bonheur d’un magistral Francesco Corti en un resplendissant magique CD Arcana « Domenico Scarlatti – A Man of Genius » : un éblouissement du plaisir d’imageance folâtre du compositeur !

01oct

Domenico Scarlatti (Naples, 26 octobre 1685 – Madrid, 23 juillet 1757) est un compositeur au génie musical unique ; et Francesco Corti (Arezzo, 1984) est un claveciniste magistral !

Nulle surprise, par conséquent, et paradoxalement !, en l’éblouissement confondant _ waou !!! _ de ce resplendissant absolument magique CD Arcana A 568 « Domenico Scarlatti – A Man of Genius – Sonatas 1752-1753 » _ regardez cette toute récente brève vidéo de présentation du CD (de 3′ 47) par le flamboyant Francesco Corti lui-même, à Royaumont ; ainsi que cette autre d’un bref extrait (de 1’11, seulement…) de son interprétation, toujours à Royaumont, de la Sonate K. 242, Vivo… _,

enregistré du 4 au 6 décembre 2023 à l’Abbaye de Royaumont, sur un clavecin du cher Philippe Humeau de 2002 _ à Barbaste _, d’après des modèles italiens, prété pour cette occasion par l’ami Bertrand Cuiller,

et pour un choix-florilège de 16 Sonates totes conservées sur des manuscrits _ de quelle(s) main(s) ?… _ datés de 1752 et 1753 conservés à la Bibliothèque Marciana de Venise et à la Bibliothèque Palatine de Parme.

Et qui semblent, ainsi intentionnellement transcrites couplées deux par deux, faire partie d’une période de somptueuse maturité (1742 – 1752) de l’œuvre pour clavier _ de possiblement 555 Sonates… _ du compositeur, Domenico Scarlatti,

dont l’historique de la publication de l’œuvre continue de faire question pour les musicologues, ainsi que le rapporte en son très détaillé article de présentation de ce choix de 16 Sonates couplées deux par deux _ K. 208 et K. 209, K. 213 et K. 214, K. 215 et K. 216, K. 217 et K.218, K.219 et K. 220, K. 242 et K. 243, K.244 et K. 245, K. 248 et K. 249, dans le catalogue Kirkpatrick… _, « Scarlatti, l’accord des contrastes », Marco Moraighi, aux pages 10 à 14 du très intéressant livret de ce splendide CD Arcana A 568…

Le second article du livret de ce CD, intitulé « Un homme de génie » _ à partir d’un qualificatif, en 1773, de Charles Burney _, aux pages 15 à 17, est tout aussi passionnant sur l’idiosyncrasie très remarquable et tellement évidente du mode d’invention débridé, hors normes, de la composition de ses Sonates par Domenico Scarlatti ; et il est de la plume de Francesco Corti lui-même :

« Excellent maître des jeux, Scarlatti, la plupart du temps, nous étonne et nous amuse _ et même nous enchante et  passionne ! _ avec une inventivité _ absolument libre et radieusement joyeuse… _ qui semble infinie « ,

car « rompant les schémas classiques  des attentes galantes _ un peu trop formelles et convenues, elles _ du baroque mûr, Scarlatti joue magistralement avec le matériel musical _ dont il s’amuse à plaisir : royalement… On le voit construire des architectures éphémères et instables, établir chez l’auditeur des attentes qui seront immanquablement (et délicieusement _ voilà ! avec tellement d’humour… _) déçues. Dans ce petit jeu de subtiles évocations, de surprises et d’expectatives, se trouve le genius _ dont a qualifié Scarlatti, à Londres en 1773, en son célèbre « Voyage musical dans l’Europe des Lumières« , le fameux Charles Burney... Scarlatti est parmi les premiers à inaugurer la saison de l’exploration systématique _ mais déconstruite, ouverte, ludique _ des possibilités formelles : le classicisme. Son choix de mettre en pratique cette recherche personnelle en se concentrant de manière obsessionnelle _ en totale liberté d’invention _ sur une unique forme musicale durant toutes les années de sa maturité, rend l’expérience véritablement unique » _ voilà ; et géniale….

Francesco Corti qui poursuit sa présentation ainsi :

« Pour cet enregistrement, j’ai décidé de me limiter à un groupe de sonates copiées (parfois décomposées) dans un laps de temps bref : la pleine maturité de Scarlatti _ celle des années 1742-1752… _, mais loin de ses expériences tardives _ plus étranges encore en l’exploration aventureuse et inépuisable de ce que je me permets de nommer l’admirable « imageance » scarlatienne ; et sur ce Scarlatti tardif, écouter le grand et génial lui aussi Pierre Hantaï… Dans sa très vaste production, il m’a paru intéressant de réduire le spectre de ma recherche à une unique période, plutôt que de concevoir un programme « à la carte » _ aux variables et combinatoires effectivement infinies. J’ai aussi décidé de respecter de manière rigide leur regroupement par paires. Cette organisation est systématique dans les volumes conservés à Parme et à Venise, et elle est à mon avis significative musicalement » _ ce qui constitue un point tout à fait décisif, en effet !

Et il conclut :

« En fouillant dans la mémoire de ses auditeurs comme de ses interprètes, Scarlatti ne peut que stimuler des réponses _ ouvertes _ personnelles. Les approches possibles de sa musique seront donc aussi nombreuses _ oui _ que le seront les musiciens _ interprètes, au disque comme au concert, ou même chez eux et pour eux... _ qui décideront de redonner vie _ bondissante et toujours surprenante, pour le pur plaisir de folâtrer ! _ à ces merveilleux chefs d’œuvre » _ c’est là parfaitement vu et dit.

Voici donc, en cette performance-ci du décidément chaque fois magnifique Francesco Corti, des interprétations magistrales de pur plaisir, à nulle autre pareilles _ et pourtant… _, vraiment !

En un CD enthousiasmant et à la joie irradiante, qui fait date !

Un bonheur donc à partager !

Ce mardi 1er octobre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir en DVD un excellent Woody Allen mélancolique et tragique (à la Tchékhov) : « Wonder Wheel », de décembre 2017

19avr

Aimant beaucoup le cinéma de Woody Allen, de lui peu de films m’ont échappé jusqu’ici…

 

C’était cependant le cas jusqu’ici de « Wonder Wheel« , sorti en décembre 2017,

sur le DVD duquel je viens de tomber par hasard…

Et c’est un superbe film,

assez mélancoliquement tchékhovien _ et terriblement humain, et compatissant, face à l’implacable tragique de la malencontreuse conjonction, parfois, du jeu (cf aussi le délicieux « Match Point« , en 2005 , mais sans mélancolie cette fois-là : ou encore le brillant et merveilleux dostoïevskien « Crimes et délits« , en 1989…) de divers déterminismes… _ à mes yeux…

Et qui m’a aussi donné l’occasion de remettre de l’ordre dans la pile de mes DVDs de films de Woody Allen…

Ce mercredi 19 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La paradoxale et surprenante proximité, au moins à l’écoute, du plus récent CD « Galerie des Glaces » de Karol Beffa pianiste interprétant Karol Beffa compositeur-improvisateur, avec le CD « Musica callada » de Stephen Hough pianiste interprétant Federico Mompou, sublimissime compositeur…

15fév

C’est bien sûr une proximité en grande partie subjective _ à mon oreille d’auditeur du moins _ qui m’amène à comparer le CD d' »Improvisations » « Galerie des Glaces » Klarthe KLA 146 de Karol Beffa pianiste interprétant 23 brèves pièces de Karol  Beffa compositeur-improvisateur, que je viens, dès son apparition sur la table de mon disquaire préféré, d’acheter,

avec le CD qui m’a immédiatement impressionné à l’écoute d’un extrait, présenté très peu de jours auparavant par le représentant du distributeur Distrart à mon disquaire préféré, de l’interprétation par Stephen Hough, pianiste, de l’extraordinaire « Musica callada » de Federico Mompou, soit le CD Hyperion CDA 68362 _ cf mon article du 11 février dernier « « 

Très objectivement,

les 28 pièces brèves _ elles aussi, ainsi que tendrement expérimentales : quelle surprenante merveilleuse beauté !.. _ de Federico Mompou (1893 – 1987), composées en 1959, 1962, 1965 et 1967, et constituant sa stupéfiante « Musica callada« ,

sont au départ tout à fait étrangères au libre et très ouvert jeu de variations à partir de thèmes proposés par le public auquel aime tant se livrer, par défi à lui-même, Karol Beffa (1973),

et dans ce cas spécifique _ pour ici un quatrième CD de telles « improvisations » sur un thème donné par d’autres que le compositeur lui-même, le public, dans sa très large variété… _, en un enregistrement au studio Sextan le 7 septembre 2020 ;  et cela à partir de ce que pouvaient lui suggérer les propositions de ce public auxquelles Karol se faisait le défi immédiat de répondre…

Ainsi, écoutez ici le merveilleux « Songe du Cantor » (de 3′ 48) de l’ami Karol Beffa…

Et pourtant, à l’arrivée de ces deux écoutes discographiques apparemment très éloignées d’esprit, j’éprouve une étrange parenté de plaisir musical…

Et il me faut ajouter encore que ma surprise a été assez grande de constater, ce soir même, en consultant, comme chaque jour, le site de Karol Beffa,

que celui-ci vient de remettre en ligne la vidéo de 52′ 31 de notre entretien à la Station Ausone à Bordeaux, du 18 février 2022, publiée sur le site de la Librairie Mollat le 3 avril suivant, à propos du superbe et passionnant travail de Karol « L’autre XXe siècle musical« , paru un peu auparavant, le 27 janvier 2022, aux Éditions Buchet-Chastel _ cf là-dessus mon article du 7 avril 2022 : « « …

Que de réjouissantes merveilleuses surprises !

Ce mercredi 15 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En puisant encore et encore dans le trésor Vivaldi : la belle réussite du CD « Il Mondo al rovescio » d’Amandine Beyer et Gli Incogniti…

17déc

Mon article d’avant-hier 15 décembre « « 

_ ainsi que celui, abondamment cité, de Jean-Charles Hoffelé intitulé « Ordre de désordre« … _,

me conduit à porter attention au CD Harmonia Mundi HMM 902688 « Il Mondo al rovescio » d’Amandine Beyer et ses Incogniti :

et alors que je craignais une pente un peu trop « symphonique » de ces divers « Concerti con molti istromenti » d’Antonio Vivaldi, voici que la découverte attentive de ce CD non seulement me rassure pleinement, mais surtout m’enchante et me ravit…

Et me permet d’abonder dans le commentaire qu’en a donné, sur le site de Crescendo, le 12  octobre dernier, Jean Lacroix,

sous le titre « Amandine Beyer et les Gli Incogniti : un tourbillon vivaldien« …

Le voici donc :

Amandine Beyer et les Gli Incogniti : un tourbillon vivaldien

LE 12 OCTOBRE 2022 par Jean Lacroix

 

Antonio Vivaldi (1678-1741). Il Mondo al rovescio. Concerti con molti istromenti.

Concerto en ré majeur RV 562 ; Concerto pour flûte en mi mineur RV 432 ; Concerto en do majeur RV 556 ; Concerto en fa majeur RV 571 ; Concerto pour violon et hautbois en sol mineur RV 576 ; Concerto pour violon en la majeur RV 344 ; Concerto pour deux hautbois en la mineur RV 536 ; Concerto en fa majeur « Il Proteo ò sia il Mondo al rovescio » RV 572.

Gli Incogniti, violon et direction Amandine Beyer. 2021. Notice en français, en anglais et en allemand. 76.34. Harmonia Mundi HMM 902688.

Amandine Beyer et ses Gli Incogniti nous entraînent dans une nouvelle aventure vivaldienne, avec un Mondo al rovescio (un « Monde à l’envers ») plein de vitalité, d’imagination et de sonorités audacieuses. On ne va pas se priver du plaisir de savourer plusieurs « concerti con molti istromenti » du Prêtre Roux que la virtuose française décrit, dans un texte de présentation, comme un mage, qui se transforme, et qui nous transforme. Amandine Beyer le considère comme un compositeur contemporain, de tous les instants, il nous accompagne au fil des siècles, il est là pour nous soutenir, nous faire rêver, pour nous encourager, nous proposer de nouveaux défis ou des essais impromptus […]. 

On ne se privera pas non plus, avant audition, d’une lecture attentive de la notice éclairante rédigée par le violoniste et musicologue Olivier Fourés, auteur d’une thèse à Lyon en 2007 sur l’œuvre pour violon du maître italien, et collaborateur de l’Institut Vivaldi de Venise. Le signataire détaille des options choisies ici au niveau de l’interprétation, qu’il est bon d’assimiler pour apprécier la qualité de la recherche et de la réalisation. Fourés précise que ces « concerti con molti istromenti » sont des précurseurs de la symphonie _ un peu, mais pas tout à fait encore… _, et qu’ils avaient pour but principal d’exhiber les instruments qu’on avait à sa disposition _ oui. Il n’en manquait _ certes _ pas à l’Ospedale della Pietà de la cité des Doges : l’une des plus célèbres pupilles de l’orphelinat, Anna Maria (c. 1696-1782) jouait aussi bien du clavecin, du luth ou du théorbe que de la mandoline, de la viole d’amour et du violoncelle.

Le programme propose un éventail de huit concertos, aux timbres brillamment diversifiés _ en effet. Dès le RV 562 « per la Solennità di S. Lorenzo » qui ouvre la série, on est accueilli par de joyeuses timbales, deux cors, deux hautbois se joignant au violon dans cette page de jeunesse pour en souligner la vie trépidante _ oui. Fourés a raison de souligner que ce concerto a été conçu par Vivaldi pour montrer son « inimitable » façon de jouer du violon. On en trouve un autre exemple dans le virevoltant RV 571, aux acrobaties parfois échevelées. Lui aussi s’ouvre par des timbales démonstratives. On écoute tout cela avec jubilation _ parfaitement ! Amandine Beyer, comme à son habitude, déploie sa facilité d’archet, à la fois précise, acérée et suprêmement racée ; les Gli Incogniti font valoir la qualité de leurs pupitres chaque fois que l’opportunité leur en est donnée _ oui, oui, oui.

Les occasions ne manquent pas, par exemple dans le RV 576 où deux solistes principaux, violon et hautbois, rivalisent d’effets et d’inventivité. Ou encore dans le RV 536, avec deux hautbois, dont on salue la souplesse teintée de sensualité, ou dans le très bref RV 432, qui laisse la part belle à l’improvisation. Quant au RV 572 qui clôture le tout avec verve et donne son titre l’album, Il Mondo al revescio, il fait participer à la fête le violon et le violoncelle qui, dans le cas présent, peuvent intervertir leur partie. C’est bluffant à tous égards, dans une atmosphère débridée, Vivaldi ayant fait lui-même un arrangement du RV 544, auquel il a ajouté flûtes, hautbois et clavecin. L’allusion à Protée, fils de Poséidon, qui vient s’ajouter au titre initial, définit bien les capacités d’un dieu marin fluctuant pour de multiples et ludiques changements et modifications.

Voilà un disque à goûter avec délices _ oui. On le placera, comme d’autres dont Amandine Beyer et ses Gli Incogniti nous ont déjà gratifiés, parmi les _ infinies _ merveilles vivaldiennes auxquelles on revient sans jamais se lasser _ parfaitement ! On y ajoutera le choix judicieux, pour la couverture de l’album, de la reproduction de la superbe huile sur bois La Gomera de la jeune artiste Cinta Vidal, née à Barcelone en 1982. Elle est tout à fait dans l’esprit de ce « monde à l’envers » qui nous fait tourner la tête.

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Jean Lacroix

Avec ou après le CD « Vivaldi Concerti per violino X ‘Intorno a Pisendel’« 

de Julien Chauvin et son Concert de la Loge,

..

un nouveau somptueux CD vivaldien que ce CD « Il Mondo al rovescio« 

d’Amandine Beyer et ses Incogniti.

Ce samedi 17 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

En revenant méditer, avec un peu de recul, sur le passionnant, très riche et très fluide, entretien que j’ai eu la chance de mener le 25 mars dernier avec un interlocuteur de la qualité d’intelligence, de sensibilité et de culture tel que Karol Beffa…

10avr

Le visionnage attentif, à diverses reprises, du passionnant très riche et très fluide entretien que j’ai eu, sans public présent le 25 mars dernier, entre 13 et 14h sur la scène éclairée de la très vaste salle de la Station Ausone, obscure et très calme pour l’occasion, avec Karol Beffa, à propos de son déjà lui-même très riche et très clair livre de réflexion-méditation _ et commentaires extrêmement judicieux… _ « L’Autre XXe siècle musical » (aux Éditions Buchet-Chastel),

m’apporte, par divers _ et chaque fois plus nombreux _ infra-détails, qui, peu à peu, et uns à uns, adviennent ainsi, par surprise advenant _ par la grâce de l’incisif, généreux et tranchant, Kairos _ au regardeur-écouteur à chaque attentive nouvelle vision de la vidéo, à une prise de conscience, de nouveaux éléments de paroles _ mais aussi expressions du visage _ de Karol Beffa, qui viennent enrichir chaque fois un peu davantage ma propre réflexion _ in progress _ de regardeur, après avoir été un interlocuteur _ comme ce que vient offrir, aussi, au lecteur attentif la lecture attentionnée et méditative de la succession des lignes et pages d’un livre… _ ;

et c’est bien sûr là un des multiples avantages et ressources  _ et pas les moindres _ d’une telle archive vidéo ou podcastée, à consulter, en sa disponibilité présente, là, et conservée, afin de pouvoir, tout à loisir, y revenir méditer et approfondir, au calme fécond du silence propice à la méditation du chez soi, peu, ou un peu plus longtemps, après le feu d’artifice exaltant de l’échange improvisé sur le champ et à vif des paroles de l’exaltant entretien-conversation que nous avons eu ce 25 mars là en cette Station Ausone bordelaise…

Depuis cet entretien du 25 mars dernier

_ et auparavant, déjà, au fil de mes lectures et relectures successives de ce petit trésor judicieux que constitue ce si riche et très clair « L’Autre XXe siècle musical« ,

le 6 mars, à propos de l’admirable mélodie « Hôtel«  de Francis Poulenc, telle que la commente Karol Beffa, cet article-ci :  ;

puis le 22 mars, à propos de tout l’œuvre de Reynaldo Hahn abordée par le regard affuté, tant analytique que synthétique, de Karol Beffa, cet article-la : _,

j’ai déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises déjà, de livrer, sur ce blog quotidien « En cherchant bien » dont en toute liberté je dispose, diverses infra-réflexions, dont voici les liens d’accès :

_ le 26 mars : 

_ le 27 mars : 

_ le 28 mars : 

_ le 30 mars : 

_ le 1er avril : 

_ et le 7 avril, afin de donner le lien à la vidéo de l’Entretien publiée et désormais accessible : 

Il me semble donc que la présente réflexion à mener sur ce que viennent m’apporter, sur le fond, les successifs visionnages de cette riche vidéo de notre Entretien du 25 mars dernier, doivent démarrer sur ce qui me semble constituer le projet de base de ce livre, « L’Autre XXe siècle musical« , de Karol Beffa, soit sa signification même, qui  me paraît être de lever urgemment quelques obstacles fâcheusement inhibiteurs d’une création musicale contemporaine bien plus ouverte et joyeuse, et heureuse ;

ainsi que le public auquel ce livre me semble destiné d’abord en priorité : celui de nouvelles générations de compositeurs jeunes, à encourager, stimuler dans (et à) la joie, et ouvrir à des créations bien plus ouvertes et décomplexées ; le public des mélomanes curieux et ouverts (et hédonistes), lui, venant immédiatement en second…

Il s’agissait donc pour Karol Beffa, et c’est parfaitement explicite, de corriger la partialité, le sectarisme et les terribles injustices de la doxa dominante en matière d’histoire de la musique du XXe siècle _ cf le « La Musique du XXe siècle » publié en 1992, et constamment republié depuis, dont Karol Beffa a eu entre les mains un exemplaire en 1997, à l’âge de 24 ans… _, caractérisée par une conception adornienne de l’Histoire même _ héritée par Adorno de Hegel _et de la discipline qui en rend compte _ ici pour la musique _, l’histoire d’un irréversible et nécessaire uniforme progrès _ ici en l’occurrence musical… _, qui, par ses accents péremptoires _ pire qu’intimidants : carrément castrateurs ! _, rejette impitoyablement aux poubelle de l’Histoire tout ce qui ose s’écarter de la voie magistrale impériale _  et voie unique de l’Avenir _ vers toujours davantage de la radicalité idéale affirmée triomphante par ces idéologues sectateurs, coupant sans pitié les moindres rejets s’écartant du tronc unique, comme constituant de vaines pièces stériles, hors de la voie unique de la glorieuse postérité à venir…

Et c’est donc aussi en tant que lui-même compositeur en voie d’oser créer sa propre musique, œuvre après œuvre, comme improvisation après improvisation, à la recherche de sa propre singularité musicale, qui apprend à oser aussi faire son miel _ par naturelle hybridation joyeuse _, via un formidable appétit de curiosité et ouverture à toutes les musiques disponibles, de très multiples et très divers riches éléments de compositeurs très variés, dans le passé comme dans le présent de la musique, et ici et là, de par le monde, par tranfiguration de tout cela, ludiquement et joyeusement _ à la façon de l’évidence la plus naturelle et bondissante d’un Mozart… _, que s’adresse aussi à lui-même ici Karol Beffa, de tels encouragements à oser créer avec toujours plus d’ouverture et plus de confiance et de joie…

 

Et il me semble que, à cet égard, le chapitre consacré à Nadia Boulanger _ aux pages 93 à 123 _ fonctionne dans le livre comme l’avertissement d’un écueil _ démesurément et à tort intimidant et carrément castrateur, au final, dans le cas malheureux de Nadia Boulanger, qui cessa de composer en 1920, elle n’avait pas 32 ans…  _ à éviter et surmonter pour ne pas se laisser abattre par un Idéal du Moi – Sur-Moi par trop inhibiteur d’œuvre propre et singulière _ vaillance et courage (versus paresse et lâcheté) étant les conditions nécessaires de la sortie, même une fois devenu adulte par l’âge, de l’état de minorité réductrice, ainsi que l’affirmait splendidement Kant en ouverture de son indispensable « Qu’est-ce que les Lumières ?« 

Tout créateur _ y compris de (et en) sa propre existence d’humain, au quotidien des jours _ doit, outre la vaillance au travail et son patient artisanat _ à la Ravel _ apprendre le courage d’oser !

De même, inversement, le chapitre consacré aux Minimalistes américains, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass, John Adams _ aux pages 161 à 180 _, ainsi que, plus spécifiquement encore, celui, très détaillé _ aux pages 181 à 200 _, consacré à ce chef d’œuvre qu’est l' »El Dorado » de John Adams (en 1991), présentent des exemples pleinement positifs de créations _ américaines, donc, d’abord _ parfaitement et très heureusement décomplexées, et donc tout à fait encourageants, d’ouverture et d’hédonisme heureusement débridé et joyeux, pour sa propre œuvre à venir oser laisser naître, enfanter et former, et donner à partager, pour Karol Beffa lui-même en tant que compositeur, comme, aussi et surtout, pour les jeunes futurs compositeurs de l’assistance auxquels ses « Leçons » à l’École Normale Supérieure s’adressaient au départ _ et c’est sur la pirouette rieuse de cette note heureuse de joie musicale de création osée réaliser, qu’a été conclue, au montage, la vidéo de notre Entretien…

Et à plusieurs reprises j’ai pu percevoir ainsi, à divers re-visionnages de la vidéo, certains sourires rieurs de Karol Beffa…

À suivre…

Ce dimanche 10 avril 2022, Titus Curiosus, Francis Lippa

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