Voici le recueil actualisé des articles de mon blog « En cherchant bien » que je viens d’adresser, à sa demande, à Miléna Burlaud, qui travaille à une thèse sur les musiciens internés au camp de Gurs sous l’Occupation ; afin de l’aider si peu que ce soit à obtenir quelques contributions (documentation – témoignages) à un film-documentaire sur les évadés du camp de Gurs qu’a actuellement en chantier le documentariste Dietmar Schulz…
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Ces articles (longs et fouillés) ne sont pas rédigés en vue de leur vulgarisation auprès du grand public _ leur lecture requérant probablement une patience un peu rare, et vraiment motivée, voire carrément passionnée, pour ne pas paraître indigeste… _,
mais ils comportent un maximum d’informations de détails susceptibles d’aider si peu que ce soit les chercheurs désireux d’informations précises et inédites de micro-histoire…
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Et c’est moins aux évadés du camp de Gurs _ déjà, ceux-là furent-ils très nombreux ? Et c’est surtout sur les filières des réseaux de résistance locaux, qui les ont aidés à passer en Espagne, qu’il faudrait aller puiser des renseignements… _ que je me suis personnellement intéressé qu’aux membres des divers GTE retenus en ce camp dit de Gurs, qui en furent alors les prisonniers,
tel mon père, le Dr Benedykt Lippa (Stanislawow, 11 mars 1914 – Bordeaux, 11 janvier 2006), de juillet 1942, à son arrivée, depuis Grenade-sur-Adour, où il avait été interpellé et détenu quelques jours fin juin par des gendarmes du régime de Vichy _ il avait franchi clandestinement la ligne de démarcation à Hagetmau, le 7 juin 1942, à l’heure du repas de midi : ma mère Marie-France Bioy, sa fiancée, et ma tante Marcelle Bioy, l’avaient accompagné jusque là en un transport de fugitifs organisé par une infirmière de la cliique Bagatelle, à Talence… _, à août 1943, où il a pu légalement, contrat de travail en règle en poche, gagner Oloron avec, donc, un contrat dit « agricole » pour travailler, en tant que membre du 526e GTE (Groupe de Travailleurs Etrangers) d’Izeste, puis Oloron, auprès de la famille de Pierre Klingebiel (1896 – 1984), professeur de philosophie au collège d’Oloron.
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Au mois d’août 1943, en effet, et sur l’initiative, en amont, un peu plus tôt, de Marcel Brenot (1893 – 1986), qui a commandé, après le 152e GTE du camp de Gurs, le 526e GTE départemental d’Izeste, puis Oloron,
mon père bénéficie en effet d’un contrat dit « agricole » de pure complaisance, passé avec Pierre Klingebiel (1896 – 1984), protestant très actif, et proche des Résistants d’Oloron, dont son ami Jean Bonnemason (Gère-Bélestein, 20 novembre 1894 – Oloron-Sainte-Marie, 8 décembre 1955), Résistant actif de l’Armée secrète à Oloron, et qui dirigera un temps la municipalité d’Oloron à la Libération de la ville, au départ des Allemands et retrait des Collaborateurs _ une voie d’Oloron porte aujourd’hui le nom de Jean Bonnemason ; et celui-ci a appuyé la demande de mon père d’être reconnu comme « Résistant« … _ ;
Pierre Klingebiel avait déjà aidé plusieurs républicains espagnols, protestants _ dont plusieurs membres de la famille Maso, et le pasteur Arias Salvador Castro, que mon père, à son tour, aidera à échapper au pire, en 1944 à Muret, en Haute-Garonne… _, et d’autres encore, à quitter le camp de Gurs grâce à des contrats de travail, agricoles ou industriels, passés avc Marcel Brenot.
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Et je tiens à citer ici in extenso le paragraphe suivant, de onze lignes, aux pages 269 et 270, de la plume d’André Klingebiel en son infiniment précieuse « Contribution à l’Histoire de la famille de Pierre Klingebiel, de 1919 à 1947« , un document de témoignage exceptionnel sur Oloron ces années-là :
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« Le Commandant de la Compagnie de Travailleurs Etrangers de Pau-Oloron (n° 526) _ Marcel Brenot ! _ connaît bien Pierre Klingebiel qui a déjà accueilli des T.E. espagnols en « contrat agricole » pour les sortir d’un internement d’attente à Gurs. Il _ Marcel Brenot, donc, et c’est à souligner _ recherche un contrat pour un jeune polonais qui a terminé ses études de médecine à Bordeaux en 1942 _ non, c’était au mois de juin 1939 ; ensuite, mon père a été Assistant en Oto-Rhino-Laryngologie du Professeur Georges Portmann à la Faculté de Médecine de Bordeaux, jusqu’à son départ précipité de Bordeauc, le 7 juin 1942, sur les conseils très avisés du Pr Portmann lui-même… _, et qui alors est clandestinement passé en zone libre pour ne pas être incorporé dans l’armée allemande _ ou bien pire... Les compétences de ce jeune médecin étranger seront fort utiles à la Compagnie auprès des travailleurs dispersés _ chez divers employeurs de la région d’Oloron. Mais pour qu’il ne soit plus interné à Gurs, il faut lui trouver un « travail agricole ou industriel ». Le professeur Klingebiel accepte avec complaisance de signer un contrat agricole pour le Dr Lippa qui pourra ainsi exercer ses talents au service de ses compagnons de la Compagnie » _ tel était donc, comme on le voit ici, le souci prioritaire du commandant de GTE Marcel Brenot…
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Le fils de Pierre Klingebiel, André Klingebiel _ né en 1930, et toujours de ce monde : nous nous sommes parlé au téléphone le 14 mars dernier… _, m’a très aimablement remis aussi tous les documents concernant mon père (TE au 526e GTE) que son père avait très minutieusement conservés ;
ainsi qu’un merveilleusement détaillé et passionnant travail d’hommage familial rendu à ses parents : une mine d’informations très précises sur leur vie à Oloron tout particulièrement…
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Mes recherches les années 2013 – 2014 -2015 _ entreprises et effectuées à partir de mon entrée en retraite de l’Enseignement Public, le 12 décembre 2012 _, ainsi que mes fréquentes virées à Pau, à Oloron et puis à Navarrenx, au cours desquelles j’ai patiemment recherché des documents, et surtout recueilli de très précieux témoignages de personnes presque toutes hélas décédées aujourd’hui (en 2024), ont constitué pour ma curiosité passionnée une très féconde aventure, qui vient se réactualiser ce mois d’août 2024 autour de ce projet de conférence l’année prochaine, 2025, à Navarrenx, à l’invitation du Centre Historique de l’Arribére (le CHAr), afin de rendre, en la belle cité de Navarrenx, l’hommage que méritent Henriette Verdalle (1896 – 1988), active militante des Droits de l’Homme et de la lutte contre l’antisémitisme, et son père Paul Verdalle (1860 – 1949 ou 50), maire et conseiller général de Navarrenx, celui-là même qui avait accédé à la demande de Jean Mendiondou (1885 – 1961), député-maire d’Oloron, de bien vouloir aider à « accueillir », en 1938, les républicains espagnols de la Retirada réfugiés en France, sur le territoire de sa circonscription d’Oloron :
ce fut ainsi sur les territoires des communes de Dognen, Préchacq-Josbaig et Gurs, que fut construit, avec des matériaux précaires _ la durée de ce camp (provisoire) était initialement prévue comme devant être brève… _, le camp de rétention dit de Gurs…
Et Paul Verdalle l’avait effectivement accepté, en 1938…
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Et les liens très amicaux qui ont demeuré toute leur vie durant, entre Henriette Verdalle (1896 – 1988) et Marcel Brenot (1893 – 1986) _ Frédéric-François Wachsner (Ohlau, 1893 – Navarrenx, 1958), bénéficiaire d’un semblable « contrat agricole » de complaisance octroyé par Marcel Brenot à Henriette Verdalle afin que cet avocat berlinois donne des cours d’Allemand au fils d’Henriette, André Laclau-Barrère (1925 – 2001) qui préparait alors le bac chez lui, au Vieux-Logis, au faubourg de Navarrenx, s’évada ensuite en Espagne, passa par le camp de Miranda de Ebro, de là réussit à rejoindre Londres, puis revint à Navarrenx en 1945, où il épousa le 8 décembre 1945 Henriette Verdalle, qui devint ainsi pour le reste de sa vie Madame Wachsner-Verdalle… _ ont incontestablement permis, eux aussi, la protection et l’évasion de certains prisonniers des GTE retenus au camp de Gurs ;
cf là-dessus les travaux remarquables de mon ami Bruno Le Marcis, époux de la petite-fille de Marcel Brenot, et découvreur, au décès de sa belle-mère Denise Brenot (1925 – 2014) des archives parfaitement conservées dans une armoire du père de celle-ci, Marcel Brenot (1893 – 1986)…
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Afin de s’éclairer davantage sur la présence et les activités comme commandant du 152e GTE du camp de Gurs de Marcel Brenot, Bruno Le Marcis _ prenant connaissance des archives minutieusement conservées de celui-ci, qu’il venait ainsi de découvrir en leur armoire, et cherchant bien sûr à les déchiffrer et comprendre… _ avait pris contact avec LE spécialiste de ce camp de Gurs, qu’est le palois Claude Laharie ; et celui-ci l’a sur le champ envoyé _ le premier contact entre Bruno et moi-même, par courriel, puis par échange téléphonique, a eu lieu le 2 février 2015 _ à mes propres recherches sur les GTE des Basses-Pyrénées, dont j’étais devenu, sans le vouloir, entre 2013 et 2015, en quelque sorte LE spécialiste, au moins pour Claude Laharie…
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Une amitié est ainsi née et s’est construite par nos fréquents échanges, entre les chercheurs que Bruno Le Marcis et moi-même sommes ainsi devenus, sans être ni l’un ni l’autre des historiens professionnels. Fin de l’incise…
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Henriette Verdalle a aussi aidé, réfugiés qu’ils étaient un peu par hasard, à Navarrenx _ ils avaient franchi la ligne de démarcation à Salies-de-Béarn, et s’étaient immédiatement plu à Navarrenx, après un très bon repas au restaurant Camdeborde, comme s’esn souvient bien Nelly Cassin, alors qu’ils envisageaient auparavant de chercher à rejoindre Nice, le berceau de la famille Cassin… _, Pierre Cassin (1909 – 2000), son épouse Hélène Caroli (1905 – 1985) et leurs deux enfants, Nelly (née à Paris le 8 septembre 1932) et Jacques (1938 – 2020) _ leur fille, la philosophe Barbara Cassin, née plus tard, en 1947, est désormais membre de l’Académie française : elle y a été élue le 3 mai 2018 _ :
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De leur minuscule maison, avec petit jardin, du quartier du Bois de Navarrenx, Pierre Cassin, avocat, et cousin parisien de René Cassin (1887 – 1976), se rendait quotidiennement au Vieux-Logis du faubourg de Navarrenx afin d’aider le jeune André Laclau-Barrère (né en 1925), le fils d’Henriette Verdalle, à préparer le bac ;
et plus tard, après la fin de la guerre, l’avocat Pierre Cassin a reçu chez lui à Paris André Laclau-Barrère qui, envisageant de devenir avocat, avait entamé des études de droit à Paris…
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Et c’est Nelly Cassin (née donc en 1932) qui lors de plusieurs longues conversations au téléphone, et qui m’a invité chez elle à Chaville _ pour une très joyeuse rencontre à laquelle avaient été aussi conviés Didier Laclau-Barrère, petit-fils d’André Laclau-Barrère, et son épouse Sophie Koch, pour évoquer ensemble la vie à Navarrenx au Vieux-Logis, chez Henriette Verdalle, sous l’Occupation : ce fut le vendredi 12 juin 2015, chez Nelly Cassin-Jamet à Chaville, avec les membres de sa famille : ses filles Capucine et Eugénie et leurs époux Eric Naepels et Ivan Augusto, et son fils David Jamet et son épouse Marianne Deseilligny, tous très sympathiques… _, m’a fait partager ses souvenirs précis et très vivaces de la vie de sa famille Cassin à Navarrenx, où Nelly a été alors élève de l’école communale…
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Tout cela est bien sûr passionnant, et très peu connu jusqu’ici.
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À Bordeaux, ce vendredi 30 août 2024, Francis Lippa – Titus Curiosus
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