Le très enthousiasmant CD « Amazone » de Léa Désandré et l’Ensemble Jupiter chroniqué par ResMusica
28oct
Excellente surprise ce matin, 28 octobre,
de découvrir sur le site de ResMusica, et sous la plume de Pierre Degott,
une chronique du splendide CD « Amazone » (Erato 0190295065843), de Léa Désandré avec l’Ensemble Jupiter sous la direction de Thomas Dunford,
intitulée « Enthousiasmant récital de Lea Desandre et de l’ensemble Jupiter«
_ cf mon article du 17 octobre dernier : L’éclatant CD « Amazone » de Léa Désandré, Thomas Dunford, et Jupiter : la plénitude d’une splendide voix (de mezzo-soprano) et la révélation d’un répertoire français (et italien) magnifique, à redécouvrir vraiment ; ou la magie d’un CD…… _
que je m’empresse de donner ici _ avec mes farcissures, en vert...
…
…
Enthousiasmant récital de Lea Desandre et de l’ensemble Jupiter
Dans un programme varié, innovant et _ très _ original _ à partir de la thématique de la mythologie des Amazones : qui en a eu l’idée ? Léa Désandré ? Cf aussi ceci, à la page 279 du livre d’Alain Bertrand, L’Archémythe des Amazones, paru aux Presses universitaires du Septentrion… Je remarque au passage que si cet ouvrage d’Alain Bertrand cite bien l’opéra « Mitilene, regina delle Amazzoni« , de Viviani, donné à Parme en 1681, il ne cite pas l’opéra « Mitiliena, regina dell’Amazzoni » (sic), de Giuseppe De Bottis, donné à Naples en 1707 _, la jeune cantatrice nous fait découvrir le passionnant univers des amazones. Un récital comme on aimerait en entendre plus souvent _ absolument !
…
…
Quinze numéros enregistrés en première mondiale _ mais oui ! _, voilà qui n’est _ certes _ pas banal _ ce serait bien intéressant de dégager les raisons d’une pareille anesthésie de curiosité musicale (et musicologique), ces dernières décennies… _ même pour un récital d’airs d’opéras baroques. Et cela est d’autant plus vrai quand le programme se détache par sa cohérence et son unité thématique _ c’est tout à fait juste ! Belle idée, donc _ à qui donc en revient le mérite ?.. à l’artiste Léa Désandré ? _, que celle de rassembler sur un CD différents extraits d’ouvrages français et italiens consacrés aux grandes amazones _ de la mythologie gréco-romaine… Si l’on connaissait depuis peu l’opéra de Vivaldi Ercole sul Termodonte, qui permet de croiser les figures d’Hippolyte et d’Antiope, on espère _ ardemment ! _ découvrir bientôt les intégrales de Mitilene, regina delle amazzoni de Giuseppe de Bottis, Marthésie, première reine des amazones de Destouches, ou encore les opéras de Pallavicino, Provenzale, Schürmann ou Viviani, dont de précieux extraits nous sont proposés ici. Les dernières décennies du XVIIᵉ restent décidément encore mal connues _ à qui la faute ?… Aux producteurs de spectacles d’opéras et concerts ? Aux éditeurs de CDs et DVDs ?.. _ des amateurs d’art lyrique, et il est _ vraiment _ temps de combler ce _ déplorable _ vide _ culturel…
La qualité des textes de présentation de Yannis François et Marion Bet, contribue au bonheur général _ avec, tout de même, une fâcheuse erreur d’attribution, avec la confusion des compositeurs Danican Philidor, père et fils : l’auteur de la Mascarade des Amazones, donné à Marly, en 1700, et dont trois extraits (à écouter et regarder ici) constituent la plage 9 de ce magnifique CD, n’est pas André Danican Philidor (1652 _ 1730), le père, mais bien son fils Anne Danican Philidor (1681 – 1728), le fondateur de la très remarquable institution de concerts, à Paris, du Concert spirituel (1725 – 1790)… ; cf mon article du 17 octobre dernier : L’éclatant CD « Amazone » de Léa Désandré, Thomas Dunford, et Jupiter : la plénitude d’une splendide voix (de mezzo-soprano) et la révélation d’un répertoire français (et italien) magnifique, à redécouvrir vraiment ; ou la magie d’un CD…… ;
ainsi que l’incertitude, mais c’est à vérifier, du titre même de l’opéra du napolitain Giuseppe De Bottis (1678 – 1753), donné à Naples, au Teatro San Giovanni de’ Fiorentini, le 26 février 1707 : peut-être pas Mitilene, regina delle Amazzoni, comme pour l’opéra du florentin Giovanni Buonaventura Viviani (1638 – 1692), donné à Parme en 1681, puis au palais royal de Naples, le jeudi 13 novembre 1681 (ainsi en sont conservées à Naples, les partitions manuscrites : « la partitura è conservata in I-NC. ms. 32.2.38« ), mais Mitiliena, regina dell’Amazzoni… ;
le rapport de « reprise avec modifications » qui existe entre les deux livrets d’opéra, celui de 1681 (œuvre du cavalier milanais Teodor, ou Giulio, Barbò) pour le compositeur florentin Viviani, et celui de 1707 (attribué par la notice du CD au père jésuite Andrea Perrucci, décédé à Naples le 6 mai 1704…), utilisé par le compositeur napolitain Giuseppe De Bottis, est précisé de manière très détaillée au chapitre VI (« Talestri, Alessandro Magno e la « valorosa » discendenza« ) de l’ouvrage d’Andrea Garaviglia « Il Mito delle Amazzoni nell’opera barocca italiana« , publié à Milan en 2015, dans une partie précisément intitulée « Mitilene (1681 et 1707) : virago »spagnole » a Napoli« (aux pages 172 à 183), et plus particulièrement de la page 180 à la page 183 :
« Al inizio del Settecento, dopo quasi un trentennio, l’opera viene riproposta sulle scene napolitane, nell febbraio 1707 _ le 26 _ con revisione musicale di Giuseppe De Bottis, e con una serie di modifiche drammaturgiche necessarie ad aggiornarla ai nuovi gusti teatrali » (…) « Nella Mitilene revisionata, le caratterizzazione delle Amazzoni è piu eroica : esse, infatti, rispetto ai personnagi maschili, subiscono la maggior parte delle modifiche, sia nei versi che nella musica « (…) « L’accentuazzione del carattere bellicoso delle Amazzoni e coerente con la dedica del libretto settecentesco a una donna, alla duchessa Carlotta Colonna, nipote di Lorenzo Onofrio Colonna, nel cui teatro si representò « La Caduta del regno delle Amazoni » (1690)« …
Fin de l’incise.
…
…
Rien à redire _ ou presque _ au niveau de l’interprétation, et l’on se délectera des grâces vocales _ magnifiques ! _ de Lea Desandre, capables de suggérer les émotions les plus diverses, des éclats de rire de Lucillo dans l’opéra de Provenzale Lo schiavo di sua moglie aux langueurs amoureuses de Thalestris _ dans la Mascarade des Amazones, d’Anne Danican Philidor, donnée à Marly en 1700… _ ou aux fureurs guerrières de Mitilène _ dans les opéras Mitilene, regina delle Amazzoni, donné à Parme, en 1681, de Giovanni Buonaventura Viviani (Florence, 15 juillet 1638 – Pistoia, décembre 1692) et Mitilena, regina dell’Amazzoni, donné à Naples, le 6 février 1707, de Giuseppe De Bottis (1678 – 1753). La virtuosité ébouriffante _ mais jamais gratuite : toujours parfaitement en situation dramatique, en sa splendide réalisation musicale… _ de la jeune cantatrice n’a d’égal que la noblesse de sa diction _ oui ! et c’est très important ! _ et de ses phrasés _ parfaits. Entourée pour l’occasion de Cecilia Bartoli et de Véronique Gens, partenaires qui font figure ici de bonnes marraines _ mais le talent propre de Léa n’en a désormais plus besoin… _ mais aussi d’inspiratrices, Lea Desandre a en effet de qui tenir _ certes… Avec des instrumentistes _ excellents _ comme Jean Rondeau au clavecin, ou Thomas Dunford au luth – sans compter la présence tutélaire _ est-elle bien nécessaire ? _ de William Christie pour une pièce de clavecin de Louis Couperin, certes un peu perdue _ étrangement, en effet ; bizarrement exécutée ici avec mollesse !.. _ dans un tel entourage –, l’ensemble Jupiter s’affirme comme une des plus belles phalanges de musique ancienne qu’il nous soit donné d’entendre aujourd’hui. On l’aura compris, on attend de nombreuses suites _ absolument !!! _ de ce disque enthousiasmant _ oui ! Les territoires à découvrir semblent _ mais oui : avis aux chercheurs vraiment curieux… _ véritablement infinis.
Francesco Provenzale (1624-1704) : « Non posso far » et « Lasciatemi morir, stelle crudeli » extraits de Lo schiavo di sua moglie.
Francesco Cavalli (1602-1676) : Sinfonia extraite de Ercole amante.
Giovanni Buonaventura Viviani (1638-c.1693) : « Muove il piè, furia d’Averno » extrait de Mitilene, regina delle amazzoni.
Giuseppe de Bottis (1678-1753) : « Io piango… Io peno », « Che farai misero core », « Lieti fiori, erbe odorose » et « Sdegno all’armi, alle vendette » extraits de Mitiliena, regina dell’ amazzoni.
Georg Caspar Schürmann (1672/3-1751) : Sinfonia et « Non ha fortuna il pianto mio » extraits de Die getreue Alceste.
Carlo Pallavicino (c.1630-1688) : « Vieni, corri, volami in braccio » et « Sdegni, furori barbari » extraits de L’Antiope.
Anne Danican Philidor (1681-1728) : Marche, « Venez, troupe guerrière », « Puisque tout est tranquille » et « Combattons, courrons à la gloire » extraits des Amazones.
Louis Couperin (c.1626-1661) : Passacaille en ut.
André Cardinal Destouches (1672-1749) : « Faible fierté, gloire impuissante », « Ô Mort ! Ô triste Mort » et « Quel coup me réservait la colère céleste ? » extraits de Marthésie, première reine des amazones.
Marin Marais (1656-1728) : « L’Amériquaine », extrait de Suitte d’un goût étranger.
François Couperin (1668-1733) : L’Amazone, 10ème Ordre en ré, extrait du Second livre de pièces pour clavecin.
Antonio Vivaldi (1678-1741) : Sinfonie, « Onde chiare che sussurrate » et « Scenderò, volerò, griderò » extraits de Ercole sul Termodonte RV 710.
…
Léa Désandré, mezzo-soprano ; Cecilia Bartoli, mezzo-soprano ; Véronique Gens, soprano ; William Christie, clavecin ;
Ensemble Jupiter, direction : Thomas Dunford.
…
1 CD Erato.
Enregistré du 24 au 30 septembre 2020 à la Chapelle Corneille, Rouen
et le 14 février 2021 à La Diacosmie – Opéra Nice Côte d’Azur _ pour le duo avec Cecilia Bartoli, à la plage 5 du CD.
Textes de présentation et traduction des textes chantés en français, anglais et allemand.
Durée : 75:15
…
…
Assurément cette splendide réalisation-ci de Léa Désandré et Jonathan Dunford,
avec l’Ensemble Jupiter,
ainsi que la re-découverte de pans magnifiques si étrangement délaissés jusqu’ici, des véritablement magiques répertoires d’opéras italiens, mais aussi français, du Baroque des XVIIe et XVIIe siècles,
nous fait désirer et attendre avec beaucoup d’impatience, leurs réalisations à venir !!!
…
…
Ce jeudi 28 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa