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Merveilleux concert « Duphly » samedi à 18 heures à l’Hôtel de Soubise, Chambre du Prince, par Elisabeth Joyé

09sept

En un lieu parfaitement idoine,

la superbe « Chambre du Prince » de l’Hôtel de Soubise _ 60 rue des Francs-Bourgeois, au cœur du Marais à Paris _,

dont la décoration, par Germain Boffrand (et peintures de François Boucher, Carle Van Loo, Jean Restout et Charles Trémolières), fut entreprise à partir de 1732 _ Louis XV avait 22 ans _,

à l’occasion du remariage, le 2 septembre 1732, du second prince de Soubise, Hercule-Mériadec de Rohan-Soubise (1669-1749 _ le prince avait 63 ans),

avec une jeune veuve de 19 ans, Marie-Sophie de Courcillon (1713-1756, petite-fille du bien connu mémorialiste Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau (l’auteur de cette « mine de renseignements » _ sur le règne de Louis XIV _ qu’est son « Journal d’un courtisan à la cour du Roi-Soleil« ) ; et épouse éphémère _ d’entre l’âge de 15 ans et celui de 17  : mariée le 20 janvier 1729, jeune veuve le 14 juillet 1731 _ du duc de Picquigny _ 1701-1731 _ ) ;

cet Hôtel, autrefois « de Clisson« , puis « de Guise« , était devenu propriété des Rohan-Soubise en 1700, par achat aux héritiers de Mademoiselle de Guise, décédée en 1686 ;

et il avait hébergé en ses murs, de 1660 à 1686, Marc-Antoine Charpentier, dont cantates et pastorales constituèrent l’essentiel de la production pour la duchesse de Guise, cousine de Louis XIV et dernière descendante de la célèbre famille…

Élisabeth Joyé, parmi une assistance extrêmement attentive et chaleureuse, a donné en concert le programme de son si réussi CD « Duphly » Alpha 150 que j’avais chroniqué le 20 juillet dernier : « Comment bien jouer la musique : sur le “Duphly” d’Elisabeth Joyé…« …

Mes impressions si heureuses du CD

se sont splendidement confirmées en ce concert de la « Chambre du Prince » de l’Hôtel Soubise,

un des plus beaux hôtels particuliers, au Marais, du Paris du XVIIIème siècle :

c’est une gravité légère qui émane tout à la fois sereinement et motoriquement des doigts véloces sans précipitation aucune, jamais, d’Elisabeth Joyé dans les longues phrases tenues que déroule, notamment en sa chaconne, ou en ses rondeaux, et ses courantes, et ses allemandes, de Duphly, notre magique musicienne…

Au retour à la maison,

j’ai comparé sa « Forqueray » de Duphly _ la première pièce du disque, en « ouverture » ! ;

et qui en effet m’avait d’abord comme surpris par sa gravité, sa noblesse, à la toute première audition ! _

à celle de Skip Sempé

dans un récent brillant récital de « Pièces de clavecin » françaises (« A French collection » _ CD Paradizo PA0007),

plein de verve et de brio ;

voici un extrait du message que j’adressai dès le dimanche, à mon retour à Bordeaux ;

par retour de courrier à un message d’Élisabeth,

me remerciant d’être venu de Bordeaux l’écouter à l’Hôtel de Soubise :

De :   Titus Curiosus

Objet : Rép : duphly 5 septembre
Date : 6 septembre 2009 14:43:06 HAEC
À :   Élisabeth Joyé

C’est moi qui te remercie
pour la grâce de ce concert

et cette réunion amicale chaleureuse !..

Je viens de récouter et ta « Forqueray » de Duphly
et celle de Skip Sempé
_ j’ai vite retrouvé ce CD assez récent parmi mes disques !

Eh bien, je préfère, et de loin, la tienne, même si tu trouves à « redire » (un peu peut-être…) à cette pièce au CD ;
la sienne est « énervée » ; et certains passages sont « savonnés » !
J’aime la note de « gravité (légère)« , toute de profondeur développée, que tu lui donnes
ainsi qu’à (presque) tout le reste des pièces, d’ailleurs ; elle me ravit absolument !
C’est toi qui es dans le juste ;

nonobstant ce scrogneugneu de X. (un critique), pas assez « emballé » (pour aller jusqu’à vouloir y consacrer un « papier« ) !..

Pour moi,

à ce concert,

comme à ce disque,

c’est à la quintessence de l’esprit et du charme musical français

que nous avons, magiquement, grâce à Elisabeth Joyé,

accès : rien moins !


Et je suis sûr que de par le monde,

à Prague, à Istanbul, à Buenos Aires,

sans parler de Tokyo,

partout où on a encore un grand vivant désir

et le culte du plaisir

du charme de l’esprit artistique du goût français,

un pareil CD et un pareil récital de concert

seront accueillis avec un tapis de roses !


Titus Curiosus, ce 9 septembre 2009

Post-scriptum :

en avant-concert, j’ai passé le début de l’après-midi de ce samedi parisien

dans l’enfilade des salles du Louvre, au second étage,

consacrées à la peinture française :

Corot, Michallon, Granet,

Pierre-Henri de Valenciennes,

Fragonard, Chardin, Watteau,

Poussin, Vouet, Champaigne,

Georges de la Tour, Valentin de Boulogne…

Etonné (et presque écrasé, même :

je n’ai pas pu m’empêcher de le confier à une famille de visiteurs (américains : il m’a fallu le leur traduire !) assis sur un banc dans une salle consacrée au XVIIème)

de rencontrer une telle profusion de toiles plus saisissantes de charme tranquille les unes que les autres

qu’il me semblait, pour certaines (et même bon nombre) d’entre elles, du moins,

ne pas avoir encore vues ainsi exposées (en ce lieu, lui-même tellement idoine !)…

Ensuite,

ayant regagné le Marais, après un tour aux Tuileries (trop de monde faisant la queue au Musée du Jeu de Paume ; et puis je n’apprécie pas du tout l’artificialité vulgaire et people d’un Martin Parr ! c’était l’expo Agustí Centelles que je désirais découvrir !..)

je me suis posé, attablé à une terrasse d’un café tout proche de l’Hôtel de Soubise,

au coin très agréablement passant de la rue des Archives et de la rue des Francs-Bourgeois,

dans la douce attente joyeuse et ensoleillée du concert d’Élisabeth,

à percevoir, sans rien guetter, surtout, quelques bribes de conversations étayées, de loin en loin, de salves d’esprit de jeunes parisiens (un peu « branchés« ), se narrant, peut-être, à la Éric Rohmer (cf par exemple « Le Goût de la beauté« ), de quasi anodines rencontres de vacances…

Comment bien jouer la musique : sur le « Duphly » d’Elisabeth Joyé…

20juil

Pour prolonger un peu la réflexion sur le « jeu » d’interprétation « réussi » de la musique (d’un « compositeur« -auteur d’une œuvre…),

ce petit échange amical _ « sur le vif » ; et sans rien de « personnel«  _ de correspondance avec Elisabeth Joyé,

dont le _ merveilleux ! _ CD « Pièces de clavecin » de Jacques Duphly (CD Alpha 150) vient de paraître le 3 juillet, en début de « vacances d’été » :

à titre de (modestes) « témoignages » (vivants) sur ce que peut être « interpréter«  pour l’artiste-interprète musicien

et « écouter«  pour l’« amateur« – mélomane…

D’abord, un petit simple message d’envoi de l’article « L’enchantement du CD “Duphly” d’Elisabeth Joyé : une entrée “de rêve” dans le classicisisme musical français du XVIIIème siècle ! » :

De :   Titus Curiosus

Objet : Bravo !
Date : 15 juillet 2009 17:34:19 HAEC
À :   Elisabeth Joyé

Voici mon article sur ton « bijou » :
l’entrée parfaite (!) pour « découvrir » la musique française du XVIIIème…

« L’enchantement du CD “Duphly” d’Elisabeth Joyé : une entrée “de rêve” dans le classicisisme musical français du XVIIIème siècle ! »

Titus
qui en redemande des comme celui-là !!!

La réponse de l’artiste :

De :   Elisabeth Joyé

Date : 19 juillet 2009 11:49:58 HAEC
À :   Titus Curiosus

cher Titus,

Je suis vraiment touchée que tu aies aimé mon Duphly. Moi, je n’arrive plus à
l’écouter !..


Je joue Duphly le 5 Septembre à Paris pour créer un peu un événement autour de
cette sortie. Ça me ferait plaisir si tu pouvais être là.

A bientôt, je t’embrasse Elisabeth

Ma réponse,

sur le « mécontentement » (voire les « doutes« …)  a posteriori de l’artiste envers ce que « conserve » le CD :

De :   Titus Curiosus

Objet : Ne plus arriver à l’écouter !
Date : 19 juillet 2009 12:37:52 HAEC
À :   Elisabeth Joyé

Bien sûr : tu es la mieux placée pour en juger…

Cependant, comme déjà tout cela,

dans la délicatesse de ses infinies inflexions,
coule de source, je veux dire sans à-coups autres que ceux que semble suggérer la musique même (en son jaillissement « de source » !..) de Duphly !..

Mais nous savons tous qu’un enregistrement n’est qu’une « saisie«  (= une « prise« ) à un instant « T« 
de ce qui jaillit de l’écriture notée (pour toujours : sauf quand l’écriture, elle-même, est « reprise » : ce qui advient aussi !) du créateur ; d’autant
que l’interprétation (à donner ; à « créer« , elle aussi…) déborde aussi très largement la notation elle-même,
à une époque où celle-ci se précise de plus en plus
_ la musique tant, alors, diffusée pour se vendre (de plus en plus) en partitions : pour des « amateurs » qui vont l’interpréter « à la maison »  _ ou aux concerts publics : qui débutent ; le « Concert Spirituel« , aux Tuileries, est créé en 1725, il me semble me souvenir _,
même si en France je suppose
qu’on (le compositeur) fait davantage qu’ailleurs confiance au goût (de l’interprète _ pas un vulgaire exécutant mécanique, ni simplement un « déchiffreur » !.. cf cependant les « inquiétudes » à ce sujet, déjà, d’un François Couperin, à propos des « ornements«  (nécessaires !) laissés (un peu trop ?) au goût de l’interprète… _)

Duphly doit être, il faudrait le vérifier, le contemporain de Carl-Philipp-Emanuel Bach :
1715-1789, pour Duphly ;
1714- 1788, pour CPE Bach : je n’ai pas fait exprès !
Je veux dire l’auteur de l' »Essai sur l’art de jouer les instruments à clavier« , en 1753  _ en français, aux Éditions Jean-Claude Lattès en 1979 _ : je viens de le rechercher en ma bibliothèque _ qui commence donc à traiter, sur le papier, des « inquiétudes«  de l’« interprétation«  (de « connaisseurs«  et d’« amateurs« ) !!!… : « probablement le plus important traité pratique sur la musique écrit au 18e siècle ». C’est, à un moment d’essor considérable de la diffusion (commerciale) de la musique auprès d’un « public«  d’« interprètes«  de plus en plus large, une sorte de « guide » un peu détaillé et affiné, concernant « le doigté, l’ornementation, l’æsthétique, l’accompagnement et l’improvisation« . Et déjà en 1780, ce « guide » sur « l’art _ et non une simple « technique«   _ de jouer«  avait atteint sa troisième édition…

D’où l’importance de la transmission (professorale…) de tout cela : c’est aussi l’œuvre d’une vie…
Et j’en sais aussi un peu quelque chose en mon propre enseignement,

même si ce n’est pas « de musique« …
Ce n’est jamais pareil ; et on s’améliore (même si c’est toujours périlleux) : du moins jusqu’ici !.. Il faut aussi transmettre, à la fois, et la palette des nuances, et l’élan _ en se jetant à l’eau : et c’est aussi comme ça qu’on apprend à nager et faire du vélo !..

Donc, ne pas trop s’inquiéter du caractère « figé« _ dans la cire, la gravure, le sillon du CD, le marbre _ de l’enregistrement en sa « prise« , en quelques heures d’avril 2008 (en ce beau lieu _ inspirant ! sans nul doute _ d’Assas)…
Cette « prise« -là (discographique) est déjà « pas mal » du tout !!!
Elle coule fort bien de source,
dans le feu d’artifice du jeu de toutes ses inflexions…


Le son du clavecin me paraît y être aussi pour un peu quelque chose :
même s’il revient à l’interprète de le faire « sonner » au mieux…


En tout cas, j’aime infiniment la « gravité » ludique sans lourdeur aucune (de la musique de ce CD « Duphly« ),
c’est du moins ainsi que je la ressens et qu’elle me touche…


Bravo…

Pour le 5 septembre, pourquoi pas ?
Cela peut se faire…

J’ai dit de vive voix (au téléphone) toute ma joie de ce CD à Jean-Paul _ Combet : le patron d’Alpha _ ;
puis je lui ai adressé mon article.
Mais je ne l’ai pas eu au bout du fil depuis…


Voilà.
Et je le réécoute beaucoup, ce CD : il me réjouit chaque fois sans m’en lasser du tout ! et même chaque fois davantage ! en découvrant encore des nuances moins repérées à l’oreille et l’esprit jusqu’alors…

Une très belle sérénité dans l’élan…

Voilà, voilà !

Je t’embrasse,

Titus

Et la réponse un peu rassérénée de l’interprète toujours inquiète (cf sa belle photo à un volet de porte du château d’Assas !) :

De :   Elisabeth Joyé

Date : 20 juillet 2009 16:49:43 HAEC
À :   Titus Curiosus

Merci encore cher Francis pour ta réponse si rapide.
Tout ce que tu dis correspond très bien à ce que je sens de cette musique et de
beaucoup d’autres musiques.

C’est vrai que je cherche toujours quelque chose qui
parle, qui soit clair et simple avec un bon rythme. Et je crois que ça s’entend.

A part le tien, je n’ai pour l’instant aucun autre article écrit _ en juillet, les journalistes sont « aux champs«  : il faudra vraisemblablement attendre la « rentrée« 

J’espère qu’ils
seront aussi gentils que toi !

Je t’embrasse Elisabeth

Voilà un des secrets de la musique française : de Louis Couperin (ca 1626-1661) à Jacques Duphly (1715-1789), Armand-Louis Couperin (1727-1789 : aussi…) et Claude-Bénigne Balbastre (1724-1799) ;

mais aussi pour Fauré et Debussy et Ravel et Poulenc…

Un CD « Pièces de clavecin » de Jacques Duphly (CD Alpha 150)

aux sources des jaillissants beaux secrets tranquilles, sans effets déclarés, de cette merveilleuse musique

_ qui fait aussi, en plus (et tout à fait comme son exact contemporain Chardin en peinture !), beaucoup de bien (à l’âme !)…

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Sim%C3%A9on_Chardinhttp://www.musees.angers.fr/accueil/oeuvres-choisies/musee-des-beaux-arts/chardin-peches-et-prunes/http://himmelweg.blog.lemonde.fr/category/linvisible/

Titus Curiosus, ce 20 juillet 2009

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