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Surpendre, et sans recherche d’effets, ou la force très tranquille de la sobriété du style sans style de Bernard Plossu : un superbe double portrait de Françoise Nuñez et Bernard Plossu par Brigitte Ollier, en un très juste article « Bernard Plossu, best regards », sur le site blind-magazine.com, en date du 17 août 2022

23août

Ce mardi matin 23 août, à 8h 57, l’ami Bernard Plossu m’adresse par courriel un superbe article _ justissime ! _ de Brigitte Ollier

intitulé « Bernard Plossu, best regards« ,

paru le 18 août dernier sur le site blind-magazine.com…

Et par retour rapide de courriel, à 9h 16, je réponds ceci à Bernard :

« Bravo pour ce superbe double portrait, tellement juste.

Et chaleureuses felicitations à Brigitte Ollier, qui comprend si bien la sobriété de ton style sans style

_ une question que bien sûr toujours, à chaque fois surpris et émerveillé, je me suis forcément aussi posée…

Merci !
Francis« 

Voici donc ce justissime article de Brigitte Ollier :

Héritiers d’un temps suspendu, leurs images ne cessent d’enrichir l’histoire mondiale de la photographie et nos regards impatients. Souvenirs de quelques rencontres plus ou moins magiques avec ces virtuoses de l’objectif, solistes du noir & blanc ou de la couleur, artistes fidèles à l’argentique ou totalement envoûtés par le numérique.
Aujourd’hui : Bernard Plossu, la traversée intime du paysage.

Avec ou sans appareil photo, Bernard Plossu est un homme émerveillé _ pour nos perpétuels ravissements. J’écris ces mots qui me paraissent sensés, pourtant, ils sonnent faux. Françoise Nuñez n’est plus là, un cancer irréversible, et depuis le 24 décembre 2021, la vie n’est _ hélas _  plus la vie pour Plossu, et aussi pour nous qui respections le silence dont Françoise aimait à s’entourer les jours où elle se voulait invisible. Extrême pudeur _ oui. Elle ressemblait à l’héroïne de Charulata, regard fervent, presque du feu, le feu intérieur de la passion _ voilà. 

Dans ma mémoire, leurs souvenirs se confondent. Françoise courant sur une plage andalouse avec leurs enfants, et Bernard à La Ciotat, parmi les pins, la mer au loin, le ciel bleu inimitable, le sable comme du sable. C’est l’un des atouts des photographies de Bernard Plossu, le temps s’arrête _ en l’instantanéité pure d’une approche innocentissime d’éternité _, et souffle l’imaginaire, comme dans ces films de la Nouvelle Vague dont il était si friand, ou dans ces classiques découverts à la Cinémathèque du Trocadéro, « dans les beaux quartiers », à Paris. Il aurait pu être cinéaste, nombreux films avec sa caméra super 8. Il est devenu photographe _ mais le saisissement de l’instant, à lui seul, contient le défilé complet de tout le film qui aurait été possible.

Cf l’admirable « Plossu Cinéma«  de Yellow Now, en février 2010, sur une intuition-suggestion de Michèle Cohen. 

Quand je l’ai vu pour la première fois, lors d’un vernissage, il m’a paru hippie new look, cheveux longs, écharpe en coton. Il était entouré d’amis et de compagnons de marche (son dada, il part souvent en « randonnée philosophique »). Il était très beau, il l’est encore. Je ne lui ai pas parlé ce soir-là, et nous nous sommes peu vus pendant longtemps. Et puis, en 1998, Élisabeth Nora, qui le connaissait bien et appréciait ses photographies, a eu envie de lui consacrer un portfolio dans la revue L’Insensé. Idée géniale. Nous sommes parties en train à La Ciotat, la prodigieuse cité des frères Lumière. Trois jours inoubliables.

Françoise était là, présence furtive, comme si elle jouait à cache-cache, et Bernard, le crayon sur l’oreille et sifflotant, fouillait dans ses archives avec une précision déconcertante _ oui, oui ! Il allait droit au but _ j’ai pu le constater, en effet, moi aussi _, et à chaque tirage retrouvé, se tournait vers nous avec un air de victoire. Je n’ai jamais compris comment il était possible de classer des négatifs, mais, visiblement, ça l’était, Bernard, qu’on aurait pu estimer planant, est très ordonné, très méticuleux _ voilà ; et avec une implacable mémoire aussi… Il est un vrai photographe argentique, la technique, les planches-contact, le labo, l’impression, tout ça _ l’artisanat complet de la photo _ l’intéresse de près _ oui. 

Nous bavardions, de tout de rien, tandis que je l’observais. Sa façon de bouger, sa vivacité façon Fanfan la tulipe, sa concentration. Ses onomatopées. Sa gaité _ oui _ en extrayant les tirages des boîtes, comme s’il participait à une chasse au trésor _ avec ses mille découvertes. Et des anecdotes _ circonstancielles ; car le contexte de l’image saisie importe toujours infiniment ! _ à foison, sur lui, ses photographies, ses amis photographes. Sur sa façon de photographier, par exemple : « La seule unité de ce que je fais, c’est le 50 mm. Le grand angle, ça exagère les choses, ça ne me convient pas. Le 50, oui, ça me va bien. Le 50, c’est Corot, c’est sobre _ voilà ! _ et c’est mon seul style. Ce qui me permet de confirmer que mon seul style, c’est de ne pas faire de style _ oui, oui ! Comme disait Gauguin, je le cite de mémoire, ‘Les effets, ça fait bien, ça fait de l’effet. »

Pas d’effet, donc, no tralala, mais quoi, quoi d’autre ? Peut-être Plossu, d’une génération quasi toquée des objectifs (le 50 mm, son préféré) et des appareils-photo avec pellicules (« Je suis de la tradition 24 x 36, absolument prêt tout le temps avec mon troisième œil »), s’est-il d’abord servi du médium comme d’un carnet de notes _ oui ; cf la présente admirable Expo « Plossu/Granet Italia discreta » actuellement au Musée Granet à Aix-en-Provence, et jusqu’au 28 août prochain ; dans laquelle les images de Plossu (1945 -) sont confrontées aux images des carnets de voyage de François-Marius Granet (1775 – 1849) ! Utile lors de ses voyages – il est au Mexique en 1965, il a vingt ans, il enregistre « la route, des amis, la liberté. » Trois mots simples qui font écho à cette phrase qui le résume pleinement : « Je suis possédé par la photographie. »

Un envoûtement précoce (premier clic à onze ans, une dame en manteau rouge dans un parc, à l’automne 56), nourri par les beaux livres achetés par sa mère (Paris des rêves, Izis Bidermanas), et les photos en noir et blanc de son père, Albert Plossu, prises au Sahara en 1937 lors de ses aventures à dos de chameau avec Roger Frison-Roche dans le Grand Erg occidental.

Mais plus que tout, ce qui constituera visuellement Plossu, c’est le paysage _ même les (rares) portraits de Plossu sont en fait fondamentalement des paysages _, son évocation _ oui, avec le flou qui souvent l’accompagne… _ plus que sa représentation. Comme si chaque bout de territoire parcouru, au Mexique, où il naîtra « professionnellement » à la photographie, aux États-Unis, en Inde, au Sénégal, au Maroc, en Espagne, en Italie, en Égypte, etc, engendrait une telle intimité émotionnelle _ oui _ qu’elle s’inscrirait dans l’image et s’y épanouirait, naturellement _ voilà. Pas d’effet miroir, mais un lien si fort, si intense qu’il révèle son enracinement avec chaque paysage traversé _ enracinement, voilà ! l’espace du pur instant de cette image, saisie au vol, à la volée même du geste photographique dansé…  _ et, au-delà, son dialogue constant _ oui, toujours ouvert, toujours curieux _ avec le monde _ en sa profonde vérité ainsi devenue accessible. 

À cet égard, son Jardin de Poussière (Marval, 1989) dédié à son grand héros Cochise (c.1870-1874), le chef des Apaches Chiricahuas, en est l’illustration parfaite. Il marche dans l’Ouest américain, il pense aux Apaches (il photographiera plus tard Nino, le petit-fils de Cochise). Comme avec tous ses livres – peut-être 150, dit-il, « tous faits pour surprendre » -, il s’agit d’inscrire ses pas dans l’histoire, mais sans revendiquer une quelconque place _ non, Plossu, toujours, n’est qu’un simple et humble passant qui passe... Plossu ne cherche pas à être en haut de l’affiche _ jamais : il est bien trop sensible au ridicule des postures et impostures… _, il avance step by step _ oui : un simple pas après l’autre, sur la route _, vers ses rêves. Il faut de « la sagesse et du délire », et noter, principe de base, que « c’est un casse-tête terrible de vivre de la photo. »

À Nice, en 2007, grâce à l’invitation de Jean-Pierre Giusto, nous avons préparé une _ sublimissime !!! _ exposition autour de son travail en couleur au Théâtre de la Photographie et de l’Image, aujourd’hui musée de la Photographie Charles Nègre. Son titre : Plossu, couleur Fresson. Fut édité un petit catalogue utile _ je l’idolatre !!! _ à qui veut comprendre comment Plossu est tombé dans le bain de la couleur. Je me souviens de nos balades autour du Théâtre, Bernard passait son temps à disparaître et à apparaître, et je ne cessais de le chercher. Ce qu’il faisait ? Il photographiait.

Plossu est à l’âge des rétrospectives (naissance le 26 février 1945 au Vietnam), il en a eu très tôt, il peut imaginer des projets apaisants. Ainsi Françoise – aussi photographe, aussi amoureuse des voyages – est au cœur de son futur : « Nous étions tellement ensemble dans la vie comme dans la photographie. »

Pour en savoir plus

Dernières parutions :

Deux portfolios exceptionnels proposés par Anatole Desachy, jeune libraire audacieux et consciencieux.

36 vues, éditions Poetry Wanted, directeur de collection Rémi Noël. Trente-six images racontées par Plossu.

Musée de la photographie Charles Nègre, à Nice.

https://museephotographie.nice.fr/expositions/

Deux de ses galeries, en France :

Galerie Réverbère & Galerie Camera Obscura

https://www.galeriecameraobscura.fr/

Prochaine exposition, à Hyères, à La Banque, Musée des Cultures et du Paysage, fin octobre.

L’un des livres préférés de Françoise Nuñez :

Avant l’âge de raison, éditions Filigranes. Texte de William Lord Coleman.

Mon livre préféré de Françoise, également paru chez Filigranes, L’Inde jour et nuit, texte de Jean-Christophe Bailly.
Mon livre préféré de Bernard, paru chez Marval, nuage/soleil, texte de Serge Tisseron.
Et, bien sûr, Le voyage mexicain, Contrejour, texte de Denis Roche).

Bernard Plossu, Arizona, 1980 © Dave Ronan
Bernard Plossu, Arizona, 1980 © Dave Ronan

Voilà donc ce magnifique justissime regard de Brigitte Ollier sur Bernard Plossu (et Françoise Nuñez).

Et je me permets de renvoyer ici _ en plus des très nombreux articles que sur ce blog « En cherchant bien » j’ai consacrés à l’œuvre toujours nouvelle et toujours surprenante de l’ami Bernard Plossu _ à mon très précieux entretien (de 60′) avec Bernard Plossu, dans les salons Albert-Mollat, à Bordeaux, le 21 janvier 2014,

à partir de la publication de son récent alors _ 18 septembre 2013, aux Éditions Textuel _ « L’Abstraction invisible« …

Ce mardi 23 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Musique de joie : Michele Mascitti (1664 – 1760), ou la gaîté heureuse d’un angélique violoniste napolitain installé à Paris en 1704, et protégé par le duc d’Orléans…

19avr

C’est en 1997 que j’ai rencontré

_ par hasard, sinon le fait de l’ouverture extra-large de ma curiosité _

le charme de la gaîté communicative

de la musique de Michele Mascitti (Villa Santa Maria (Chieti), 1664 – Paris, 24 avril 1760)

un musicien napolitain installé à Paris à partir de 1704

_ protégé tout d’abord par le duc d’Orléans (et Régent en 1715), homme de très grand goût (1674 – 1723) ;

puis, plus tard, par le richissime banquier Antoine Crozat (1655 – 1738) _

via un merveilleusement séduisant CD

_ espagnol, Cantus _,

le CD Cantus C 9610 de 6 Sonate da camera, op. II

par Fabrizio Cipriani, violon et Antonio Fantinuoli, violoncelle.

Je n’ai jamais oublié le nom de Michele Mascitti,

en dépit du silence de la plupart des médias

non plus que du manque d’empressement et de l’inertie _ incompréhensible au mélomane passionné que je suis _ des éditeurs de CDs

_ mais ce n’est pas cela qui m’arrête : je suis fidèle à ce que j’aime !

Aussi n’ai-je certes pas manqué, à leur parution en 2008, onze ans plus tard,

les 2 CDS

édités en Pologne (par l’éditeur Acte Préalable)

_ les CDS Acte Préalable APO 156 et 157 _

comportant les 6 Sonate a violino solo col violone o cimbalo et les 6 Sonate a due violini, violoncello e basso continuo de l’Opera Prima

de Michele Mascitti,

interprétées par l’Ensemble _ polonais _ Baroques-Graffiti

constitué des violons de Jaroslaw Adamus et Sharman Plesner,

violoncelle de Frédéric Audibert,

viole de gambe d’Agustina Meroño,

violone de Jean-Christophe Deleforge

et clavecin de Jean-Paul Serra.

Cette fois, à nouveau, une musique merveilleuse

de délicatesse, élégance …et simple et évidente joie !!!

une musique alliant merveilleusement les délicatesses du grand goût romain d’Arcangelo Corelli

et les délicatesses subtilissimes du goût français…

_ soit ce que François Couperin baptise alors « les goûts réunis« 

D’où un durable très grand succès avéré de la musique de Mascitti en France,

sous les règnes de Louis XIV, du Régent et de Louis XV…

On comprend d’autant mal, j’y insiste, le peu d’empressement des éditeurs de CDs

à donner à partager au grand public des mélomanes

une aussi séduisante et heureuse musique !

En 2018, Arcana nous a gratifié d’un magnifique, à nouveau, CD Mascitti

_ le CD Arcana A  111 _

comportant 6 des 12 Sonate a violino solo e basso de l’Opera Ottava de Michele Mascitti,

publiées à Paris en 1734,

par le Quartetto Vanvitelli,

constitué du violon de Gian Andrea Guerra,

du violoncelle de Nicola Brovelli,

du violone de Matteo Cicchitti

et du clavecin de Luigi Accardo.

Et voici que vient de paraître ce mois d’avril 2020 (de confinement !)

un nouveau CD _ Arcana A 473 _ de la musique de Michele Mascitti,

à nouveau par le Quartetto Vanvitelli,

et à nouveau chez Arcana :

l’Opera Nona, publié à Paris en 1738 :

VIDÉO

Ce que je découvre ce matin même en rédigeant cet article…

Une musique de profonde gaîté !

à partager _ au moins grâce à mes liens ci-dessus aux podcasts et vidéos de youtube…

Ce dimanche 19 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le charme intense de la musique de style français (suite) : avec des oeuvres de Marc-Antoine Charpentier et Georg-Philip Telemann

28jan

Après les CDs François Couperin

(« Pièces de clavecin des livres I & II » de François Couperin, par Frédérick Haas : CD Alpha 136)

& Rameau

(« Pièces de clavecin » de Rameau, par Céline Frisch : CD Alpha 134)

_ cf mon article du 7 novembre 2008 « Retour aux fondamentaux en musique : percevoir l’oeuvre du temps aussi dans l’oeuvrer de l’artiste« ;

les CDs Ravel

( » Ravel : Trio _ Sonate pour violon & violoncelle _ Sonate pour violon & piano » par le Trio Dali / CD Fuga Libera FUG 547)

& Dall’Abaco

(« Concerti à piu Istrumenti _ Opera Sesta » d’Evaristo Felice Dall’Abaco, par « Il Tempio Armonico« , Orchestra Barocca di Verona, dirigé par Alberto Rasi : double CD Stradivarius STR 33791)

_ cf mon article du 26 décembre 2008 « Un bouquet festif de musiques : de Ravel, Dall’Abaco, etc… » ;

le CD Rameau

(« Rameau _ La Pantomime » : œuvres de Jean-Philippe Rameau, par Skip Sempé (et avec Olivier Fortin pour les pièces interprétées à deux clavecins) : CD Paradizo PA005

_ cf mon article du 2 janvier 2009 « Interpréter _ magnifiquement _ la musique : Rameau (par Skip Sempé), Bach (par Bernard Foccroule) » ;

le CD Leclair

(« Sonatas » : extraites du « Troisième Livre » de Jean-Marie Leclair, par John Holloway, Jaap ter Linden et Lars Ulrik Mortensen) : CD ECM 2009 n° 476 6280

_ cf mon article du 12 janvier 2009 « une merveilleuse “entrée” à la musique de goût français : un CD de “Sonates” de Jean-Marie Leclair, avec le violon de John Holloway » ;

et le CD Debussy

(« Debussy/Nelson Freire« , par Nelson Freire) : CD Decca 478 1111

_ cf mon article du 16 janvier « de la dimension de profondeur _ et avec intensité ! _ dans la musique française ; et son interprétation : le magnifique exemple Claude Debussy / Nelson Freire » ;

voici deux nouvelles merveilles d’interprétation de musique française

_ pour le cas du CD consacré à des « Motets » de Marc-Antoine Charpentier _ ;

et de « style français »

_ pour le cas du CD consacré à des « Ouvertures » et des « Concerti » de Georg-Philip Telemann _ :

les CDs

« Motets pour le Grand Dauphin » de Marc-Antoine Charpentier, par l’Ensemble Pierre-Robert et Frédéric Desenclos : CD Alpha 138 ;


et « Les Trésors cachés » de Georg-Philip Telemann, par l’Ensemble Arion, orchestre baroque, placé sous la direction du chef invité Jaap ter Linden : CD EMCCD-7766…

Le programme de (six) « Motets pour le Grand Dauphin« 

_ le fils unique (seul légitime : Fontainebleau, 1er novembre 1661 – Meudon, 14 avril 1711) du roi Louis XIV (Saint-Germain-en-Laye, 5 septembre 1638 – Versailles, 1er septembre 1715) et de la reine Marie-Thérèse (Madrid, 10 septembre 1638 – Versailles, 30 juillet 1683) _

de Marc-Antoine Charpentier (Paris, 1643 – Paris, 24 février 1704) : « Precation pro filio Regis » _ Hitchcock 166 _ ; « Solo vivebat in antris » _ H. 373 _ ; « Supplication pro defunctis » _ H. 328 _ ; « Quemadmodum desiderat cervus » _ H. 174 _ ; « O Salutaris hostia » _ H. 248 _ ; et « Gratiarum actiones pro restitua delphini salute » _ H. 326 _ ;

entrecoupés de quatre pièces d’orgue : « Fugue sur les anches » ; « Fond d’orgue » ; « Tierce en taille » ; et « Fugue » de Louis Marchand (Lyon, 2 février 1669 – Paris 17 février 1732), interprétées sur l’orgue Le Picard / Thomas de la basilique de Tongres par Frédéric Desenclos ;

et, pour les « Motets » : Thomas Leconte & Ruth Unger, flûtes ; Michelle Tellier, basse de flûte ; Stephan Dudermel & Yannis Roger, violons ; Florence Bolton, basse de viole ; Alexandre Salles, basson ; Benjamin Perrot, théorbe ; et Frédéric Désenclos, à l’orgue Le Picard / Thomas de la basilique de Tongres (Belgique) ; & à la direction de l’Ensemble Pierre-Robert…

est,

ainsi que son interprétation d’une extrême délicatesse,

d’une tendresse à fondre…

Le ton de Marc-Antoine Charpentier est reconnaissable entre tous…

Pour s’en faire une (petite) idée,

je recommande aussi l’écoute d’un précédent _ proprement sublime ! _ CD de l’Ensemble Pierre-Robert et Frédéric Désenclos : le CD « Méditations pour le carême » (CD Alpha 091) :

on comparera notamment les voix des chanteurs : Marcel Beekman, haute contre , Robert Getchell, taille & Robbert Muuse, basse taille, pour les « Méditations » (CD 091) ; et Anne Magouët, dessus, Sarah Breton, bas-dessus & Edwin Crossley-Mercer, basse, pour les « Motets » (CD 138) ; dont je n’ai pas encore parlé…

Ainsi que, dans un tout autre genre (non religieux, cette fois), la réédition de divers airs, d’une grande variété de registres,

_ « Airs sérieux » :

« Rendez-moi mes plaisirs » _ H. 463 _ ; les trois premières « Stances du Cid » _ H. 457, 458 & 459 _ ; « Tristes déserts » _ H. 469 _ ; « Ah qu’on est malheureux » _ H. 443 _ ; « Amour, vous avez beau redoubler mes alarmes » _ H. 445 _ ; « Auprès du feu on fait l’amour » _ H. 446 _ et « Le bavolet » _ H. 499a _ ;

ainsi que la « cantate française »  » Orphée descendant aux enfers«  _ H. 471 _ ; enregistrés en 1987

par l’unique Henri Ledroit (1946 – 1988) :

en un irremplaçable (!!) CD « Marc-Antoine Charpentier Rendez-moi mes plaisirs » (CD Ricercar 278)

comportant aussi des pièces chantées de Franz Tunder ( 1614-1667), Leopold I (1640-1705), Claudio Monteverdi (1567-1643) & Alessandro Grandi (?-1630) ; enregistrées, elles, en 1981 et 1985…

Sur la vie et l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier,

on lira avec grand profit, le très beau (et passionnant) travail _ en une seconde édition (révisée, d’août 2004 ; la première était en 1988) _ de Catherine Cessac : « Marc-Antoine Charpentier« , aux Éditions Fayard…

En un autre siècle,

et en un autre volet témoignant du rayonnement du style français (louis-quatorzien) par toute l’Europe des Lumières _ quand « L’Europe parlait français » (cf le merveilleux livre de Marc Fumaroli, aux Éditions de Fallois, en octobre 2001 ; et Le Livre de Poche, en 2003)… _,

la rare réussite, formidablement jubilatoire (!),

d' »Ouvertures«  _ TWV 55 : D4 (dont, outre la diversité des danses coutumières de telles « suites » françaises : « menuets, passepieds, loure, canaries, chacconne, bourrée« , on peut relever, pour les pièces « à titre » : un « Furies. très viste« ) ; TWV 55 : e8 (dont une « Pastorelle. Modéré » ; « Les Jeux. Vite » ; « Les Magiciens. Gravement-Fort vite » ) ; & TWV 55 : Es 1 (dont un « La Douceur » ; « Les Coureurs » ; « Les Gladiateurs » ; « Les Querelleurs » : ces indications nous révélant le génie télemannien de la singularité dans le détail raffiné de son extrême variété… _

& « Concerti«  _ TWV 53 : C1 (« alla francese » ! « cette œuvre hybride a un fort accent français : son recours aux solos pour bois est redevable à Lully et à ses disciples, tandis qu’on perçoit nettement l’influence de la musique de danse française ; témoignent également de cette influence les indications de mode. Les parties provenant de Darmstadt (copiées vers 1726-1730, un peu après la date de leur composition) ont pour titre « Concerto alla francese » ; elles appartiennent au sous-genre de ces concertos « au parfum français », commez l’affirme fièrement Telemann dans son autobiographie de 1718« ) ; & TWV 53 : G2 (avec « la partie solo de Telemann originellement pour hautbois » _ instrument éminemment français !..)  _ ;

comme on les entend rarement sonner ainsi, de Georg-Philip Telemann (Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767) ;

dans la diversité, chatoyante et subtile, de la palette raffinée et « simple », tout à la fois, du goût français…

du CD « Telemann Les trésors cachés » d’Arion _ sous la direction de Jaap ter Linden _ : CD EMCCD-7766…


Bref, un régal rare ; et d’une joie jubilatoire, je ne saurais mieux dire !


Un grand disque ; dont il serait bien dommage (et tristounet) qu’il passe inaperçu ;

quand il peut rendre le si grand service d’illuminer _ comme royalement… _ vos journées…

Sur la vie et l’œuvre de ce musicien généreux qu’est Georg-Philip Telemann,

lire « Georg Philipp Telemann ou le célèbre inconnu » de Gilles Cantagrel (paru aux Éditions Papillon, en mars 2003)…

Titus Curiosus, ce 27 janvier 2009

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