Posts Tagged ‘Isis

Ce que l’Air du Froid du « King Arthur » (en 1691) de Henry Purcell (et John Dryden) doit à l’Air des Trembleurs de l' »Isis » (en 1677) de Jean-Baptiste Lully (et Philippe Quinault)…

10mai

Un échange de courriel avec une amie m’a permis, ce mercredi 10 mai, de faire un point sur ce que le célèbre Air du Froid du « King Arthur » (en 1691) _ air popularisé il y a quelques années par une interprétation-adaptation de Klaus Nomi (1944 – 1983), et disponible dans le magnifique enregistrement de John-Eliot Gardiner, avec Stephen Varcoe, en 1985 _ de Henry Purcell (1659 – 1695), sur un livret de John Dryden (1631 – 1700),

doit à l’Air des Trembleurs de l' »Isis » (en 1677) de Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687), sur un livret de Philippe Quinault (1635 – 1688).

En 1995, alors que j’étais « conseiller artisitique de Hugo Reyne et La Simphonie du Marais », 
j’ai été l’auteur à 90% du programme du CD « Un Portrait musical de Jean de La Fontaine » (CD EMI – Virgin, de La Simphonie du Marais) préparé pour les commémorations _ plusieurs concerts et un disque _ du tricentenaire du décès de La Fontaine en 1695.
Et il se trouve que j’avais personnellement tenu à inclure en ce programme autour de la carri§re poétique et musicale de La Fontaine, l’air des Trembleurs de l’ » Isis » de Lully et Quinault, en 1677,
pour illustrer d’une part les péripéties des querelles musico-poétiques entre La Fontaine et Lully,
et surtout afin situer, dans le temps, le « petit opéra », donné à Paris, en 1678 _ et quasi inconnu, non seulement des mélomanes, mais aussi de la plupart des chercheurs _, « Les Amours d’Acis et de Galatée » de Marc-Antoine Charpentier et Jean de La Fontaine,
que j’avais retrouvé et pu reconstituer en partie lors de mes recherches de toute une année pour constituer ce programme de concert et de CD en l’honneur de La Fontaine…
En effet, c’est de cet air des Trembleurs de l’ « Isis » de Lully, en 1677, que le merveilleux Henry Purcell s’est inspiré pour l’air célèbre du Froid de son « King Arthur » en 1691
Purcell, en effet, formé auprès des compositeurs  Pelham Humphrey et John Blow, était très connnaisseur de la musique française de son époque, à la cour des rois Charles II et Jacques II Stuart, qui avaient longtemps longtemps présents à Saint-Germain-en-Laye, au moment du règne de Cromwell…
Et leur sœur étant l’épouse de «  Monsieur », Philippe d’Orléans, le frère du roi, Louis XIV…

Voici donc ici un podcast (de 1’ 48) de cet air extrait de notre CD, enregistré pour EMI en 1995, par La Simphonie du Marais dirigée par Hugo Reyne, intitulé « Un Portrait musical de Jean de La Fontaine »
– les chanteurs en sont Isabelle Desrochers et Bernard Deletré. 
J’étais présent (et vigilant !) aux séances d’enregistrement (par l’excellent Hugues Deschaux), supervisées par l’excellent Nicolas Bartholomée, à l’abbaye Saint-Michel-en-Thiérache, au mois d’août 1995,
dont je garde un souvenir enchanté…
Et le CD est paru, brillamment récompensé, en mars 1996 sous le label Virgin : 7243 5 45229 2 5. 
De ce bel air des Trembleurs d’ » Isis », de Quinault et Lully,
voici les podcasts de deux autres interprétations,
l’une tirée de l’ » Isis » de Lully dirigée par Christophe Rousset à la tête de ses Talens lyriques, en 2019 ;
et l’autre du CD « Lully – Les Divertissements de Versailles », par les Arts Florissants dirigée par William Christie, en 2002.
La confrontation de ces trois interprétations est plus qu’intéressante.
dans lequel j’évoque les circonstances des recherches (et découvertes) liées à ce CD de 1995-96…
Voilà.
Ce mercredi 10 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La « Psyché » retrouvée de Lully (la tragédie lyrique de 1678), sur un livret de Thomas Corneille et son neveu Fontenelle, par Christophe Rousset et ses Talens lyriques…

20fév

Dans l’entreprise en progrès, année après année, d’enregistrement discographique de ce que l’on peut nommer aujourd’hui l’ensemble des « opéras » de Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687),

Christophe Rousset, à la tête de ses Talens lyriques, vient de donner, cette fois au label Château de Versailles Spectacles, pour le n° 16 de la collection « Opéra français » de ce label,

la tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, sur un livret de Thomas Corneille (1625 – 1709) et son neveu Bernard Le Bovier de Fontenelle (1657 – 1757), « Psyché« , de Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687), créée le 19 avril 1678 à l’Académie royale de musique, à Paris,

soit le double CD CVS 086, d’une durée de 144′ 49.

Voici ce que, sous le titre de « Psyché retrouvée« , sur son site Discophilia, et en date du 17 février dernier, nous en rapporte l’excellent Jean-Charles Hoffelé.

PSYCHÉ RETROUVÉE

Privé de Quinault (1635 – 1688)) tombé en disgrâce auprès de la Montespan qui avait cru se reconnaître sous les traits de Junon trompée dans l’intrigue d’Isis, le précédent opéra _ et un précédent enregistrement de Christophe Rousset pour le label Aparté, en 2016 (AP 216) _ du Florentin, Lully dut trouver au débotté un librettiste et un sujet pour son nouvel ouvrage. Impossible de rompre le rythme annuel qui lui était vital, où son inspiration se ressourçait.

Pourquoi ne pas revenir à Psyché, lui souffla Thomas Corneille. Lullyavait écrit quelques musiques pour cette tragédie-ballet _ de même titre _, occasion de son ultime collaboration avec Molière (1622 – 1673) avant la brouille des deux Baptiste, où parut le jeune Quinault, mettant sa plume aux airs (et Lully très probablement lui-même aux arias italiennes), alors que l’illustre Pierre Corneille, frère aîné (1606 – 1684) de Thomas, suppléait Molière, pris de court, pour les vers des quatre derniers Actes.

Lully dût éprouver un certain plaisir au demi-caractère _ qui semble en partie annoncer Rameau (1683 – 1764) _ que Thomas Corneille infusa avec Fontenelle à un livret aussi brillant que vite troussé, comédie entre des Dieux et une mortelle, pleine de doubles sens, de sous-entendus, d’enlèvement spectaculaire et de palais enchanté, d’un ton léger qui conservait un peu du divertissement initial, jusqu’aux figures de la comédie italienne qui paraîtront lors du divertissement final.

Cette tragédie lyrique très peu tragique jusque dans son acte infernal est aussi singulière que merveilleuse _ un aspect non négligeable de l’opéra baroque... Christophe Rousset, rompu à Lully, en trouve l’élégance poétique, le ton badin, la haute fantaisie, animant un orchestre virtuose et sensible qui restitue avec brio autant la forge des cyclopes dont l’effet fit grand bruit à la création au château de Saint-Germain-en-Laye le 19 avril 1678, que le tableau des enfers, plus mélancolique que sinistre.

Touchante Psyché, Ambroisine Bré l’est absolument (écoutez seulement « Par quels noirs et fâcheux passages » de l’Acte IV), alliant la récitation noble et le chant diseur (elle assure également l’air de La Femme affligée à l’Acte I), face à un Amour en jeune homme un peu benêt subtilement _ comme toujours _ campé par Cyril Auvity et la Vénus jalouse, vénéneuse, de Bénédicte Tauran.

Une troupe inspirée les entoure, faisant briller ce bijou secret du théâtre lullyste enfin fêté _ oui ! _ à sa juste valeur.

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Baptiste Lully
(1632-1687)


Psyché, LWV 56

Ambroisine Bré, mezzo-soprano (Psyché, Une femme affligée)
Cyril Auvity, ténor (Vertumne, Amour en jeune homme, Mercure)
Bénédicte Tauran, soprano (Vénus, Une muse)
Robert Getchell, ténor (Vulcain, Un homme affligé, Une furie)
Deborah Cachet, soprano (Amour, Aglaure, Une nymphe)
Eugénie Lefebvre, soprano (Flore, Cidippe, Une seconde nymphe,
Une seconde muse)

Philippe Esthéphe, baryton (Jupiter, Un homme affligé, Un premier satyre)
Anas Séguin, baryton (Lycas, Le Roi, Momus, Le Fleuve, Une troisième furie)
Matthieu Heim, baryton-basse (Mars)
Fabien Hyon, ténor (Palémon, Silène, Zéphire, Une seconde furie, Bacchus)
Zachary Wilder, ténor (Apollon, Zéphire, Un second satyre)
Dominique Bonnetain, ténor
Benoît Porcherot, ténor

Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album de 2 CD du label Château de Versailles Spectacles CVS086

Photo à la une : le claveciniste et chef Christophe Rousset – Photo : © DR

Une très belle réussite !

Ce lundi 20 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur l’Isis de Lully, par Christophe Rousset et ses Talens lyriques

21nov

Pour continuer mon article d’hier

,

voici le commentaire,

sur son blog Discophilia, et en date du 15 novembre dernier,

de Jean-Charles Hoffelé,

intitulé Isis,

à propos du double CD Aparté AP 216

consacré par Christophe Rousset et ses Talens lyriques

à la tragédie en musique Isis, de Lully et Quinault,

donnée pour la première fois à Saint-Germain-en-Laye, devant la Cour, le 5 janvier 1677 :

ISIS

J’espérais qu’au long de son cycle Lully, Christophe Rousset et ses Talens Lyriques ne tarderaient plus trop à nous révéler Isis, perle de l’ensemble dont la présentation le 5 janvier 1677 provoqua l’admiration du Roi comme des mélomanes, sans pourtant lui assurer les faveurs durables de la Cour : on le nomma l’opéra des musiciens _ oui _ tant Lully y avait raffiné sa langue en variant encore les canons de la Tragédie Lyrique, préférant nommer la nouvelle venue « Tragédie en musique ».


Sur quoi s’ensuivirent l’été suivant, peu avant la reprise à l’Opéra de Paris _ c’est-à-dire à l’Académie Royale de Musique _, les gloses des courtisans qui virent dans Io/Isis Marie-Elisabeth de Ludres, nouvelle passion _ éphémère _ du Roi et Madame de Montespan en Junon, comme le rapporte Madame de Sévigné dans une lettre célèbre _ plusieurs, durant tout l’été 1677… Ces rumeurs aboutirent à la disgrâce de Quinault, privant Lully de son poète et le livrant à la plume si différente de Thomas Corneille _ pour Psyché, en 1678 (le 19 avril, à Saint-Germain-en-Laye) et Bellérophon, en 1679 (le 31 janvier, à l’Académie Royale de musique). Quinault revint en grâce pour Proserpine (le 3 février 1680, à Saint-Germain-en-Laye) .


Isis est de bout en bout une merveille _ oui _, d’une inspiration égale _ peut-être _ à celle d’Atys et culmine dans un cinquième acte magique _ oui _ où paraît le fameux chœur des trembleurs _ oui _ qui aura inspiré _ en effetPurcell pour le « Cold Song » du King Arthur _ en 1691.


Avec quel aplomb Bénédicte Tauran campe les humeurs de Junon, avec quelle grâce Eve-Maud Hubeaux incarne Io/Isis parant son chant de couleurs si variées ; et comment ne pas admirer le grand caractère qu’Edwin Crossley-Mercer met à son Apollon ? Mais tous sont parfaits, Cyril Auvity jusque dans sa Furie, Aimery Lefèvre en Hierax, Ambroisine Bré en IrisChristophe Rousset les entraîne dans le théâtre subtil – où l’humour n’est pas rare – de cette Isis tant espérée _ au disque _, enfin incarnée _ oui…

LE DISQUE DU JOUR


Jean-Baptiste Lully
(1632-1687)
Isis, LWV 54

Bénédicte Tauran, soprano (La Renommée, Melpomène, Mycène, Junon)
Ève-Maud Hubeaux, mezzo-soprano (Thalie, Isis, Io)
Ambroisine Bré, mezzo-soprano (Calliope, Iris, Syrinx, Hébé, Premier Parque)
Cyril Auvity, ténor (Apollon, Premier Triton, Pirante, La Furie (Erinnis), La Famine, L’Inondation, Deuxième Parque, Premier berger)
Fabien Hyon, ténor (Second Triton, Mercure, Second berger, Premier Conducteur de Chalybes, Les Maladies languissantes)
Philippe Estèphe, baryton (Neptune, Argus, Troisième Parque, La Guerre, L’Incendie, Les Maladies violentes)
Edwin Crossley-Mercer, baryton (Jupiter, Pan)
Aimery Lefèvre, baryton (Hiérax, Deuxième Conducteur de Chalybes)
Julie Calbète, soprano (Première Nymphe)
Julie Vercauteren, soprano (Seconde Nymphe)

Chœur de Chambre de Namur
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album de 2 CD du label Aparté AP216

Photo à la une : le chef d’orchestre et claveciniste Christophe Rousset – Photo : © DR

 

Ce jeudi 21 novembre 2019, Titus Curiosus

Chanter Lully (et les lullystes) : Katherine Watson et Les Ambassadeurs d’Alexis Kossenko, dans « L’opera du Roi Soleil »

18nov

Comme une suite au CD Dumesny haute-contre de Lully, de Reinoud van Mechelen et A Nocte Temporis

_ le CD Alpha 554 ; cf mon article d’hier même : _,

Katherine Watson

et Alexis Kossenko dirigeant son Ensemble Les Ambassadeurs,

nous proposent un récital d’airs de Lully (1632 – 1687) et de ses suiveurs lullystes :

Louis de Lully (1664 – 1734),

Marin Marais (1656 – 1728),

André Campra (1660 – 1744),

Henry Desmarest (1661 – 1741),

Michel Pignolet de Montéclair (1667 – 1737)

et Jean-Baptiste Stuck (1680 – 1755)

en un CD intitulé L’Opera du Roi Soleil

_ le CD Aparté AP 209.

Si nous comparons les deux listes de compositeurs présents dans ces deux CDs,

nous constatons que

sont communs aux deux listes

_ outre bien sûr Jean-Baptiste Lully lui-même : le grand inspirateur _

Louis de Lully, Marin Marais, André Campra et Henry Desmarest,

alors que sont présents sur un seul des deux CDs

des airs de

Pascal Collasse, Marc-Antoine Charpentier, Elisabeth Jacquet de La Guerre et André Cardinal Destouches,

pour le premier des deux ;

et des airs de

Michel Pignolet de Montéclair et Jean-Baptiste Stuck,

pour le second des deux.

Le choix _ original et historiquement passionnant _ de Reinoud van Mechelen

était de s’attacher à la carrière _ lullyste _ d’un seul et même chanteur,

le ténor Louis Gaulard Dumesny (dit Dumesnil) ;

alors que le choix de Katherine Watson et Alexis Kossenko

consiste en un florilège _ musical _ de beaux airs pour sopranos

de ce très intéressant _ et pas assez courru, ni connu _ répertoire lullyste et post-lullyste.

Une seconde différence

est la très grande qualité de l’accompagnement

j’allais dire déjà orchestral _ mais nous ne sommes pas encore chez Rameau _

des Ambassadeurs,

dans le CD L’Opéra du Roi Soleil

Que de magnifiques instrumentistes en cette formation

réunie par Alexis Kossenko !

Et une remarque un peu plus personnelle, pour finir :

c’est moi qui _ en 1995, à l’occasion du tricentenaire de la mort de La Fontaine _ avais conseillé à Hugo Reyne

d’intégrer le fameux Air des Trembleurs d’Isis de Lully

à notre CD Un portrait musical de Jean de La Fontaine ;

lequel comporte le sublime air de la tentation du suicide d’Astrée

interprété par Isabelle Des Rochers avec une merveilleuse émotion

en ce CD La Fontaine de La Simphonie du Marais… _,

dans l’opéra de Collasse, sur un livret de La Fontaine.

Pascal Collasse est un magnifique compositeur !

À redécouvrir ! 

Ce lundi 18 novembre 2019, Titus – Curiosus

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur