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Sur l’enthousiasmant CD « Johan Helmich Roman – A Violino solo » de Sue-Ying Koang : une unanimité critique…

31oct

Dans la continuité de mon article «  » du 18 septembre dernier,

qui relayait déjà l’article « Diapason d’or pour Sue-Ying Koang ! » de Loïc Chahine dans le numéro de Diapason du 9 septembre précédent,

voici maintant un nouvel article enthousiaste intitulé « Sue-Ying Koang transcende Johan Helmich Roman, le Vivaldi du Nord« , sous la plume cette fois de Jean-Marc Petit dans la livraison du 27 octobre dernier, il y a 4 jours, sur le site de ResMusica :

une interprétation de la violoniste et une œuvre du compositeur décidément à retenir par les mélomanes…

Sue-Ying Koang transcende Johan Helmich Roman, le Vivaldi du Nord

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La violoniste consacre un disque splendide aux œuvres en solo du méconnu compositeur suédois baroque (1694-1758), musicien voyageur et violoniste virtuose.

Des œuvres pour violon seul de l’époque baroque nous connaissions la Passacaille de Biber (extraite des Sonates du Rosaire), les _ diverses, pour divers instrumentsSonates de Telemann, les Caprices de Locatelli, et bien sûr _ forcément ! _ les inégalables Sonates et Partitas de Jean-Sébastien Bach. Mais nous n’avions jamais entendu parler _ à nuancer… _ de (1694-1758), considéré pourtant comme le père de la musique suédoise, et comme virtuose du violon, un peu l’équivalent d’un Vivaldi du Nord. Le grand _ enfin…Fabio Biondi a été l’un des premiers à enregistrer l’œuvre encore largement inédite de ce compositeur. Saluons donc l’initiative de la violoniste qui nous révèle un nouveau pan de cette œuvre réellement fascinante _ en effet ! Et avec quelle interprétation !

Grand voyageur _ de par l’Europe entière _, s’est perfectionné à Londres, mais également Paris, Naples, Rome, Bologne, Venise et Dresde. Autant de lieux où il s’est nourri des musiques de Georg Friedrich Haendel, Francesco Geminiani, Pergolèse, Vivaldi, Pisendel _ voilà.

Ce sont toutes ces influences que l’on retrouve dans ses Övning (« exercice » ou « étude ») et Assagi (« essai » ou « suite de mouvements ») que ressuscitent . La ligne est claire, l’archet souple et chantant _ oui _, les ornementations discrètes, le jeu toujours d’une fluidité parfaite, malgré la multiplicité des accords (jusqu’à neuf notes pour un violon seul !) _ voilà ! _, les arpèges rapides, les battements, etc. Bref, toute la palette du violoniste virtuose _ mais sans maniérisme de l’interprète ; au seul service vraie de la musique.

L’exploit est renouvelé dans les transcriptions pour violon seul par Johan Helmich Roman de deux mouvements du célèbre Stabat Mater de Pergolèse. Rendre au violon seul la complexité contrapuntique de deux voix principales et d’un orchestre tient un peu du prodige. Sue-Ying Koan maintient la ligne avec toujours la même clarté _ voilà.

Bien sûr, ce disque s’apprécie à dose relativement homéopathique. La succession de ces exercices, études et suites pouvant s’avérer quelque peu répétitive en une écoute continue.

Il faut savourer au cas par cas la densité rythmique de l’Övning en ut mineur BeRI 339, la grâce de l’Assagio en mi mineur BeRI 312, ou encore la nostalgie de l’Övning en mi mienur BeRI 347. Quelles que soient ces pages Sue-Ying Koang y est rayonnante _ absolument.

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Johan Helmich Roman (1694-1758) « A violino Solo » : Övning BeRI 339, 332, 348, 337, 347, 336 ; Assagio BeRI 312, 313, 317.

Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736): Stabat Mater, Amen, Fac ut ardeat cor meum (arr. J.H. Roman).

Sue-Ying Koang, violon solo.

1 CD Indésens Calliope Records.

Enregistré en mai 2023 en l’église protestante de Pampigny (Suisse).

Notice de présentation en français et en anglais.

Durée : 67:29

Une réalisation discographique qui fait date, pour un maître compositeur à redécouvrir et vraiment mieux explorer…

Ce jeudi 31 octobre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’erreur de parcours du « Douce France – Mélodies et Chansons – Berlioz – Chausson – Duparc – Kosma – Trenet – Brel » de Benjamin Bernheim : et pour la voix, et pour le style. Et c’est le charme qui fait défaut…

07sept

Le CD Deutsche Grammophon 486 6155 de 12 mélodies (et 3 chansons) françaises « Douce France – Mélodies et Chansons – Berlioz – Chausson – Duparc – Kosma – Trenet – Brel«  _ enregistré à Paris, salle Colonne, au mois de février 2024 _ de Benjamin Bernheim, avec le piano de Carrie-Ann Matheson, est pour moi, amateur passionné de mélodies françaises _ et qui avais aussi beaucoup apprécié jusqu’ici la discographie de Benjamin Bernheim… _, une douloureuse déception :

_ trop maniéré et sans assez d’allant, de sprezzatura, pour le style, inadapté à l’art subtil et sans la moindre pesanteur, de la mélodie pour ne rien dire de l’ajout incongru et très artificiel des trois chansons finales (de Kosma, Trenet et Brel) _ ;

_ et une voix parfois hélas engorgée, et avec des aigus bien trop métalliques, mal maîtrisés…

Je ne partage donc hélas pas, mais pas du tout, les avis bien trop généreux des articles « Vie antérieure » de Jean-Charles Hoffelé, en date d’hier 6 septembre, sur son site Discophilia ;

et « Mélodies et chansons françaises avec Benjamin Bernheim et Carrie-Ann Matheson » de Pierre Degott, lui aussi en date d’hier, sur le site de ResMusica…

LA VIE ANTÉRIEURE

Un étonnement d’abord : l’orchestre manque pour Les Nuits d’été, réduit en squelette par la transcription de Carrie-Ann Matheson, pas pour le Poème de l’amour et de la mer où la pianiste a saisi _ à son seul piano : bravo à elle ! _ toute la palette de l’original. On ne sait pas assez qu’Ernest Chausson aura écrit son triptyque pour ténor : Désiré Desmet en assura la création _ le 21 février 1893, à Bruxelles _, le compositeur au piano.

Benjamin Bernheim y est idéal, conteur d’abord, et ajoute une version majeure dans une discographie peu fréquentée côté homme : hier Ivan Kozlovski (et en russe), plus récemment _ dans le CD « Turbulent heart – Music of Vierne & Chausson« , avec le Queensland Orchestra, dirigé par Guillaume Tourniaire, un CD Melba paru en octobre 2009 : à écouter en podcast ici (27 ‘ 38) ; et c’est bien beau…Steve Davislim qui vient de nous quitter _ le 11 août 2024, à Vienne _, les deux avec l’orchestre que Chausson réserva pour les sopranos : l’original est donc seulement ici _ mais un tel scoop discographique constitué-t-il un motif bien suffisant ?..

Les Nuits d’été appelle une grande voix, Gérard Souzay y trouvait Eleanor Steber géniale, il aurait applaudi au vaste instrument qu’y déploie Benjamin Bernheim _ écouter ici le podcast, d’une durée de 27′ 06 pour ces 6 (sublimissimes) mélodies des Nuits d’été _, capable d’allégement sidérant : Sur les lagunes sur un fil, Le spectre de la rose fuligineux, que de poésie dans l’élégance, que de vertige dans l’émotion _ non ! ; et je partage bien plutôt l’avis de cet auditeur, jefgong : « Décevant. Trop appliqué. Pas de parfums, pas de sensualité. Que de raideurs, que de duretés ! »

Pourtant, le plus beau du disque reste à venir : les Duparc _ et là, je suis d’accord : les Duparc sont le plus satisfaisant de ce récital, à mon avis aussi… _ sont impérissables _ ce superlatif-ci est-il bien nécessaire ? _, L’Invitation au voyage trouble _ écoutez-en ici le podcast (d’une durée de 4′ 17)… _, La Vie antérieure opiacée _ écoutez-ici (d’une durée de 4′ 17)… _, Extase tristanesque _ écoutez-ici (d’une durée de 3′ 22)… _, Phidylé entre murmure et éclat _ ici le podcast (d’une durée de 4′ 55)… _, le disque se referme sur trois chansons qui ne me consolent pas _ moi non plus… _ des autres Duparc qui manquent. Il les faut au complet, Benjamin Bernheim y poserait tout son art _ qui gagnerait cependant à beaucoup plus de simplicité, et moins de pose : le partage au public de la mélodie est en effet de l’ordre de l’intimité, et pas du grand-guignol de la scène... _ face au modèle _ voilà !!! _ laissé jadis par Leopold Simoneau _ écoutez par exemple ici la perfection de l’art du chant « naturel » de Léopold Simoneau (Saint-Flavien, 3 mai 1916 – Victoria, 24 août 2006), enregistré en 1956, dans « Phidylé » (d’une durée de 6′ 31) ;

de « Phidylé« , j’apprécie bien aussi l’interprétation (l’écouter ici) de Véronique Gens, en son CD Alpha 215 « Néère« 

LE DISQUE DU JOUR

Douce France

Hector Berlioz (1803-1869)
Les nuits d’été, H. 81 (version pour ténor et piano : Matheson)


Ernest Chausson (1855-1899)
Poème de l’amour et de la mer, Op. 19 (version pour ténor et piano : Matheson)


Henri Duparc (1848-1933)
L’invitation au voyage
Extase
Phidylé
La vie antérieure


Joseph Kosma (1905-1969)
Les feuilles mortes (version pour ténor et piano : Leuenberger)


Charles Trenet (1913-2001) / Léon Chauliac (1913-1977)
Douce France (version pour ténor et piano : Leuenberger)


Jacques Brel (1929-1978)
Quand on n’a que l’amour (version pour ténor et piano : Leuenberger)


Benjamin Bernheim, ténor
Carrie-Ann Matheson, piano

Un album du label Deutsche Grammophon 4886155

Photo à la une : le ténor Benjamin Bernheim – Photo : © Edouard Brane

Mélodies et chansons françaises avec Benjamin Bernheim et Carrie-Ann Matheson

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Dans un répertoire peu fréquenté par les grands ténors lyriques,  enchante par l’élégance et la délicatesse _ un poil trop affectée, pour moi... _ de son chant. Accompagnement suprême de la pianiste .

De Georges Thill à Roberto Alagna, en passant par Cesare Vezzani, Albert Lance, Gilbert Py ou Alain Vanzo, les grands ténors lyriques de notre pays n’ont pas beaucoup pratiqué la mélodie française _ probablement par prudence : c’est si fragile et délicat, en son sublime qui est très éloigné du gueuloir de la scène…… Cette dernière, en revanche, a été plutôt bien servie _ mais oui ! _ par nos ténors de caractère ou de demi-caractère. Hugues Cuénod, Michel Sénéchal, Yann Beuron, Cyrille Dubois _ parfaits, eux, en effet : et je les aime tous beaucoup, beaucoup !.. _ et bien d’autres s’en sont fait une spécialité. Grâces soient donc rendues aujourd’hui à pour proposer un programme original _ vraiment ? En tout cas guère équilibré… _, permettant de faire entendre des pages tirées du grand répertoire aux côtés de quelques chansons dites populaires, marquant ainsi une forme de continuité _ mais artificielle et forcée, hélas… _ entre musiques dites savantes et musiques supposées populaires. On se réjouit au passage _ mais est-ce vraiment important ? Non ! Seul compte l’art du chant… _ d’entendre, aussi bien interprétés par une voix de ténor, des cycles que la tradition, pour des raisons assez inexplicables, a fini par associer à une voix de femme. Le texte des Nuits d’été de Berlioz et du Poème de l’amour et la mer de Chausson est pourtant sans ambiguïté, il est explicitement adressé à une femme aimée. L’un des deux cycles fut également créé par une voix d’homme, la première audition de l’œuvre de Chausson en 1893 ayant eu lieu _ à Bruxelles _ avec le ténor Désiré Demest, accompagné du compositeur au piano. Berlioz, de son côté, eut l’occasion en 1843 de diriger dans « Absence » le grand Gilbert Duprez, le fameux inventeur du contre-ut de poitrine. On notera également pour les deux cycles le choix d’une nouvelle version pour piano, apparemment transcrite par la pianiste-accompagnatrice , qui nous livre de la partie pianistique des deux cycles une lecture symphoniste de toute beauté _ réussie, oui. On s’étonne cependant _ oui _ que la brochure de l’enregistrement n’ait pas donné la raison de ces deux nouvelles transcriptions, qui vont donc coexister avec la version originale des deux compositeurs. Les adaptations des chansons de Kosma, Trénet et Brel sont quant à elles dues à Guy-François Leuenberger.

Ce sont incontestablement _ non !les Nuits d’été qui nous valent la plus belle réussite de l’album, succès _ non _ sans doute dû à une longue fréquentation du cycle de Berlioz par . On ne sait ce qu’il faut le plus admirer, de la clarté presque précieuse _ bien trop, hélas : ampoulée, maniérée… _ de la diction à la maîtrise parfaite du rythme et du phrasé _ trop lent, trop ampoulé, je le répète _, ou bien s’il faut s’émerveiller davantage sur la conduite exemplaire _ que non !!! _ des registres, qui permet au ténor d’être tout aussi convaincant _ hélas pas du tout ! c’est tout le contraire… _dans la tessiture sombre de « Sur les lagunes », dans le « quart de voix » de « Au cimetière » et dans le subtil dosage _ absolument raté, ici _ de voix de tête et de voix mixte pour « Le Spectre de la rose ». L’expression est soignée _ trop ampoulée, pas assez naturelle, il me faut le redire… _ de la première note à la dernière, avec un travail particulier sur les segments de phrase répétés qui à chaque reprise trouvent une autre couleur _ et c’est l’élan qui fait défaut. Ces qualités, on les trouve également dans les mélodies bien connues de Chausson et de Duparc, même si l’osmose entre la voix et le texte paraît légèrement moins aboutie _ non ; en tout cas pas dans les Duparc… Dans les trois chansons retenues pour son programme, Benjamin Bernheim assume franchement _ hélas ! c’est carrément hors-sujet ici ! _ son identité de ténor lyrique, tout en évitant de surchanter des pages forcément toutes connues du grand public et dont on apprécie, grâce notamment au raffinement des nuances et à la qualité exceptionnelle de la diction, les corrélations _ qui ne sont que forcées _ avec les extraits du grand répertoire dont elles semblent, ici, être le prolongement naturel _ que non, que non, que non ! : c’est hélas tout le contraire ! Un disque qui enchantera les fans de Bernheim _ pas vraiment ! Et pourtant, je renvoie ici à mes articles enthousiastes « «  et « «  des 24 novembre 2019 et 1er mai 2022… _, et qui pourra être entendu comme un prolongement de sa très belle prestation _ hélas pas assez audible ; cf cette fois mon article « «  du 12 août dernier… _… _ lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024.

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Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été op. 7.

Ernest Chausson (1855-1899) : Poème de l’amour et de la mer op. 19.

Henri Duparc (1848-1933) : L’Invitation au voyage ; Extase ; Phidylé ; La Vie antérieure.

Joseph Kozma (1905-1969) : Les Feuilles mortes.

Charles Trenet (1913-2001) : Douce France.

Jacques Brel (1929-1978) : Quand on n’a que l’amour.

Benjamin Bernheim, ténor. Carrie-Ann Matheson, piano.

1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré salle Colonne à Paris en février 2024.

Notice de présentation bilingue (anglais et français).

Durée : 79:01

Un CD étrangement mal maîtrisé, hélas, par conséquent :

le charme, absolument essentiel en ces matières, faisant ici très cruellement défaut…

Un douloureux ratage pour le parcours discographique de Benjamin Bernheim,

mal conseillé ici…

Ce samedi 7 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

In memoriam Howard Crook (1947 – 2024), ténor baroque…

04sept

L’article « Décès du ténor Howard Crook » paru  ce mercredi 4 septembre 2024 dans ResMusica, m’apprend ce jour le décès, à l’age de 77 ans du ténor baroque américain Howard Crook, le 27 août dernier ; il était né le 15 juin 1947 à Rutherford, dans le New-Jersey…

Je me souviens de lui, et de ses interprétations au disque…

Et sur mon blog « En cherchant bien« , je retrouve son nom en un _ unique (et tardif) _ article, intitulé « « , en date du 16 février 2022,

pour sa participation au CD Virgin Veritas 7243 5 45531 2 7 « Michel-Richard de Lalande – Grands Motets » _ « Beati quorum remissæ sunt« , « Quam dilecta » et « Audite cœli » _,

un CD enregistré à Versailles les 11 et 12 octobre 2001, par Les Pages & Les Chantres de Versailles et les chanteurs solistes Salomé Haller, Damien Guillon, Howard Crook, Hervé Lamy et Alain Buet, tous placés sous la direction d’Olivier Schneebeli,

en un répertoire que j’apprécie beaucoup.

Les CDs restent, et nous restituent le présent devenu immortel de la voix des chanteurs…

Ce mercredi 4 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Redécouverte ce jour au CD de « L’art de la Fugue » de Johann-Sebastian Bach dans la très belle interprétation, un pur enchantement !, de l’Ensemble Les Récréations, en 2022…

23août

C’est la lecture de l’article « Les Récréations dans une version fervente et prospective de l’Art de la Fugue de Bach » de Bénédict Hévry, sur le site de ResMusica, à la date d’hier 22 août,

qui m’a renvoyé à l’écoute, qui m’avait déjà très favorablement marqué, de « L’Art de la Fugue » BWV 1080 de Johann-Sebastian Bach par l’Ensemble Les Récréations _ constitué de Matthieu Camilleri, violon, violon piccolo et alto ; Sandrine Dupé, violon et alto ; Clara Mühlethaler, alto et violon ; Julien Hainswort, violoncelle piccolo ; et Keiko Gomi, violoncelle _, dans le CD Ricercar RIC 453 _ enregistré à Basse-Bodeux, en Belgique du 12 au 15 septembre 2022 _ ;

« L’Art de la Fugue« , cette œuvre-phare de Bach, dont les nombreuses précédentes interprétations au disque m’avaient jusqu’ici paru la plupart bien austéres…

Et ma ré-écoute ce jour de ce CD Ricercar RIC 453 « Die Kunst der Fuge » de l’Ensemble Les Récréations _ écouter ici : cest superbe ! _, vient confirmer et mon admiration totale pour ce CD Ricercar RIC _ d’une durée de 73′ 43 de pur enchantement… _, et l’appréciation très laudative et excellemment argumentée de Bénédict Hévry en son article de ResMusica…

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proposent, avec une disposition en quatuor à cordes «augmenté»,  leur interprétation de l’Art de la Fugue, l’œuvre testamentaire  de . L’ensemble entend ainsi respecter à la lettre la partition et révèle avec son interprétation très fluide mais toujours habitée et expressive, la dimension de l’œuvre.

L’ensemble est constitué de jeunes musiciens bien connus dans les sphères de la musique ancienne et baroque notamment française _ et pour ma part je connais Sandrine Dupé depuis les années 1990, à Bordeaux… Si le groupe a cherché à ses débuts une certaine stabilité d’effectif, toujours placé sous la houlette de Mathieu Camilleri et Clara Mühlethaler, il affiche aujourd’hui une belle maturité et prestance avec le concours de – ici essentiellement au second violon mais aussi à l’alto – et de au violoncelle. Forts de leur démarche historiquement informée (notamment au sein de quelques uns des meilleurs ensembles baroques hexagonaux), les quatre amis adoptent la coupe du traditionnel quatuor à cordes classique, mais entendent par une étude philologique et contextuelle explorer les fondements même de la formule depuis les derniers feux de l’âge baroque jusqu’à l’avènement du premier classicisme.

s’attaquent donc aujourd’hui à un monument célébré mais énigmatique _ et semble-t-il  inachevé _ de l’Histoire de la musique occidentale, Die kunst der fuge, l’Art de la Fugue de . Outre le texte de présentation fort documenté de Gilles Cantagrel, nos interprètes nous signifient par un long avertissement  les tenants et aboutissants de leur réalisation. Nous aurons droit ici à une distribution instrumentale suivant à la lettre le texte tel qu’il nous est parvenu, selon le fameux manuscrit de Berlin complété par la première édition posthume et assez désordonnée de l’œuvre _ voilà. L’ensemble s’en tient aux quatorze contrepoints essentiels présentés dans l’ordre, éclatés en quatre groupes de fugues (quatre simples, trois strettes, huit fugues doubles ou miroirs , et enfin la fameuse triple fugue finale) séparés par un des quatre canons classés par ordre croissant de complexité de pensée.

Il s’agit donc de distribuer la polyphonie – souvent mais pas toujours « à quatre » – de la partition « théorique » et sans destination instrumentale précise, aux cordes des quatre instrumentistes de l’ensemble (dans une démarche à l’exact opposé des claviéristes, tel récemment Christophe Rousset, voyant dans le sillage de la thèse de Gustav Leonhardt l’Art de la Fugue comme une œuvre destinée au clavecin – ou à ses déclinaisons, l’orgue ou le piano).

La formule du quatuor à cordes moderne (deux violons, un alto et un violoncelle) demeure très incommodante pour adapter textuellement l’ensemble de l’œuvre au plus près des deux version princeps du texte – tous les quatuors l’ayant gravée (citons entre autres Juilliard, Emerson, Casals) doivent « bricoler » le texte quelque peu pour « coller » à la tessiture « obligée » de chaque instrument. Par exemple, pour le contrapunctus XI la seconde voix s’impose au violon-alto (malgré le déploiement dans l’aigu de la partie considérée….) car il manquerait une note grave au violon II au risque d’inverser et de défigurer certains motifs essentiels !). Mais ailleurs précisément l’instrument de la seconde voix (altus) est souvent mieux sonnante… au violon-alto qu’au violon II – souvent ailleurs replié dans le grave de la tessiture. La tierce voix de « ténor » est souvent idéalement rendue par le violoncelle piccolo cet instrument à cinq cordes aujourd’hui disparu, réhabilité par la pratique historiquement informée, et auquel Bach recourut plus d’une fois superbement au fil de ses cantates d’église ! De sorte qu’a émergé l’idée d’établir un quatuor élargi _ voilà _ avec le concours de au violoncelle piccolo, et de distribuer variablement les rôles  pour chaque « formant » du cycle.

Cette formule à « quatre plus un », hypervariable au fil des pages, à la distribution bien précisée dans la notice, permet de restituer le texte intégral sans aucune retouche _ dont acte. Avec aussi des contraintes parfois inattendues : le renversement inversus en miroir du contrepoint XIII – à trois –  fait que la partie du violon devient suraiguë, et recourt là pour son interprétation à un violino piccolo, plus petit et accordé une tierce plus haut que l’ instrument standard – celui que Bach utilisa par exemple en soliste dans le premier concerto brandebourgeois.

Certes le « vieux » Cantor de Leipzig  fait anachroniquement ici œuvre de synthèse, résumant deux ou trois siècles d’évolution de la pensée polyphonique avant lui.  Mais là où la version d’Hesperion XXI et de Jordi Savall – quatre violes doublées par un sévère  quatuor de vents – tirait l’œuvre vers l’ archaïsme, là où Musica Antiqua Köln jadis soulignait parfois le caractère presque dansant de certains contrepoints par des tempi plus échevelés, là où le très british Brecon Baroque de Rachel Podger, dans le projet de réalisation parfois assez proche du présent enregistrement, ne réussissait qu’à moitié son pari de restitution plus bariolée aux cordes et au clavecin, Les Récréations proposent une version techniquement irréprochable, textuellement convaincante, et musicalement extrêmement vivante _ voilà ! _ (dès les premiers contrepoints très allants malgré leur sévérité _ oui, oui _) voire virtuose, avec une conception pulpeuse et lustrale du son _ c’est cela. Si incontestablement l’œuvre se veut rétrospective, elle ouvre aussi, placée sous cet angle, de nouveaux enjeux à la fois scripturaux et esthétiques : on pense à la discipline imposée par le classicisme d’un Joseph Haydn qui reprend  le modèle fugué pour trois des finals de ses quatuors « du Soleil », sans parler de certaines incidences mozartiennes (adagio et fugue KV 546) ou de l’emploi obsessionnel de la fugue à des fins expressives du dernier Beethoven ou de Bartók en son premier quatuor ! Cette vision place donc aussi l’œuvre comme ouverte sur l’avenir d’une formule scripturale en pleine (re)définition  dans les années 1740 _ c’est là très vu…

La présente cursivité _ alerte, oui _ de l’interprétation (comme par exemple un fulgurant contrapucntus IX à la douzième) magnifie aussi l’extraordinaire tension harmonique « verticale » d’un discours pourtant a priori conçu comme la superposition de « lignes » horizontales :  il en va ainsi dans leur écriture serrée, pour les fugues strettes et surtout les contrepoints VIII et XI rarement entendus aussi aventureux _ oui _ par la mise en valeur de leurs dissonances passagères. Mais cette approche très vivante _ oui ! _, magnifiquement captée en l’église de basse-Bodeux en Belgique, n’empêche nullement le pathétisme presque éploré des canons « énigmatiques » à la douzième (plage 14), ou en augmentation et mouvement contraire (plage 19), joués comme il se doit en duo strict !

Pour la fameuse fuga a tre soggetti, tente le pari audacieux de « reconstituer » une possible coda à l’ensemble du cycle. Là où le discours se suspend, pour des raisons contingentes sans doute étrangères à la mort du Cantor _ mais inconnues de nous _, les interprètes respectent un court silence, puis entreprennent une des réalisations possibles d’une hypothétique strette finale pour parachever tout le cycle ; avec outre la superposition des trois sujets le retour « dans la gloire » du thème séminal et augural de tout l’ouvrage jusque là figuré en « ombres » au fil de cet ultime contrepoint…comme si, avec le sourire d’un sphynx, Johann Sebastian tendait la main à ses interprètes élus pour leur confier la clé ultime de son œuvre.

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Johann Sebastian Bach (1968-1750) : Die Kunst der Fuge BWV 1080.

Les Récréations : Matthieu Camilleri, Sandrine Dupé, Clara Mühlethaler, Julien Hainsworth, Keiko Gomi.

1 CD Ricercar RIC 453.

Enregistré en l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption de Basse-Bodeux du 12 au 15 septembre 2022.

Notice de présentation en anglais, français et allemand.

Durée : 73:43

Quelle superbe et mémorable interprétation !!!

Ce vendredi 23 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, au Stade de France…

14août

Et en complément à mon article d’avant-hier 12 août « « ,

cet article-ci « La cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024 : Liberté, Egalité, Universalité« 

d’hier 13 août 2024,

de la plume de Jean-Luc Clairet, sur le site de ResMusica :

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Quinze jours après une cérémonie d’ouverture _ très réussie ! _ qui n’a toujours pas fini de faire couler encre et salive, la cérémonie de clôture, en dépit de quelques aléas, et de quelques longueurs inhérentes au genre, brandit haut rien moins qu’une devise de bientôt deux cents ans d’âge : celle de la France.

Quoique l’unisson des commentateurs s’acharne à faire accroire, il y aura bien eu deux types de spectateurs des Jeux Olympiques : ceux qui en auront suivi l’intégralité, friands de performances sportives, et ceux qui se seront contentés de leurs cérémonies d’ouverture et de clôture, curieux de voir ce que , metteur en scène qu’ils avaient apprécié au théâtre, à l’opéra, allait faire de deux soirées destinées à être scrutées dans le monde entier. La première, très voyageuse et d’une audace folle, a fait frissonner jusqu’en France, ce qui ne manque pas d’étonner dans le pays qui a fait du concept de laïcité le maître-mot élémentaire du « Vivre ensemble ». La seconde, quasi-cantonnée dans un seul lieu, sera apparue plus sage même si tout aussi rassembleuse, des 70 000 spectateurs présents dans le Stade de France aux millions d’autres rivés sur leurs écrans trois bonnes heures durant.

Depuis le 26 juillet, la barre était de toutes façons placée très haut, ainsi que le rappelle, sur une musique qui n’est pas sans rappeler l’Adagio de Samuel Barber, un prologue alignant les moments hauts en couleur de la cérémonie d’ouverture, dont l’émotion immédiate qu’ils suscitent en dit long sur la place déjà mythique que celle-ci occupe dans la mémoire collective, de cette cavalière nocturne chevauchant la Seine sans dévier de sa route jusqu’à cet embrasement de la vasque olympique qui ne déparerait pas le finale de La Walkyrie !

Le Prologue, d’emblée dédié à la jeunesse, séduit avec deux noms encore inconnus du grand public un an plus tôt. La virevoltante Zaho de Sagazan, concentré de grâce _ tristounette, pour ne pas dire funèbre, à mon goût, et manquant singulièrement de voix… _ incarnée en noir et blanc, accompagnée par le Chœur adolescent de l’Académie Hendriks-Haendel dirigé par Jean-Christophe Spinozi, relit _ bien piteusement _ le Sous les ponts de Paris d’Edith Piaf. La nouvelle future « personnalité préférée des Français », le poisson humain Léon Marchand (quadruple médaille d’or) refait faire le parcours inverse à la flamme olympique, du Jardin des Tuileries au Stade de France où il l’éteindra de son souffle.

Entre-temps musique et sport se seront épaulés sans relâche. Face à la tribune présidentielle, Zahia Ziouani dirige son Orchestre symphonique Divertimento, né à quelques encablures du stade. La diversité musicale, surtout festive, aura quant à elle été toute relative, avec un répertoire classique clairement à l’arrière-plan _ en effet ! _ : un Fauré inconnu, une pincée des Sirènes de Debussy, une Marseillaise dont l’idéale flamme berliozienne n’a pas été préférée à celle, aux angles plus arrondis, de Victor Le Masne, compositeur de la bande-son de ces JO, notamment de Parade, refrain repris comme un mantra, en signature musicale de ces jeux 2024.

Sur le sol du Stade de France, on découvre la pièce maîtresse de la soirée : le planisphère dessiné au sol par la scénographe Emmanuelle Favre, sorte de microcosme du monde, avec ses cinq continents stylisés et reliés par des passerelles. La levée des couleurs du drapeau français donne le la de l’invasion du planisphère par les étendards de tous pays, portés par les athlètes : un moment dont le confraternel coloré réalise le temps d’un soir le rêve d’une seule nation, mais dont le versant micro-trottoir s’avère sur la durée un brin lassant _ ouais _ avec sa pléthore de saluts, de sourires, de cocoricos et de biceps brandis face caméra. On avait entendu France Gall et Philippe Katherine le 26 juillet : le 11 août, on entendra Johnny Hallyday (dont le Que je t’aime semble faire aujourd’hui fonction d’hymne national bis), Michel Polnareff, on s’époumonera avec Charles Aznavour, Joe Dassin, Freddie Mercury au moment du karaoké géant souhaité par un Jolly qui aura même réussi à faire du public une seule nation chantante. On remercie longuement les 45 000 volontaires qui ont joué les bénévoles et sans lesquels l’événement n’aurait tout simplement pas pu avoir vu le jour. Avant que la soirée soit interrompue par un clip (il y en aura d’autres, comme celui consacré au voyage incroyable de la flamme dans les plus beaux sites de France) consacré au Marathon pour tous où chacun aura pu s’élancer dans Paris sur les traces des athlètes, on remet ensuite longuement, très longuement, trop longuement, les dernières médailles de ces JO 2004, celles du marathon féminin. Même la quadruple ceinture de projecteurs implantés aux différents étages du lieu semble frétiller d’impatience…

Ce n’est qu’au bout d’une heure quinze, à la tombée de la nuit, que le Stade de France peut enfin entamer sa mue. Le corps cultivé n’est rien si le cerveau ne l’est pas : ce sera la mission des quarante minutes de Records, la partition cosmique de Clément Mirguet, que de parvenir à faire vibrer la fibre culturelle des aficionados.  Doublement bien nommé, Records évoque le record sportif mais aussi, en anglais, Golden Voyager Record, le disque, celui que le monde a envoyé en 1977, via la navette Voyager, aux confins de l’univers, afin de faire connaître le génie humain à d’éventuels extraterrestres. C’est l’un d’eux (très différent de celui dont le réalisateur John Carpenter avait fait en 1984, le héros de son très touchant Starman) que, dans un futur lointain, et dans un foisonnement de lasers qui avait déjà transcendé son récent Starmania, Thomas Jolly fait atterrir du toit du Stade de France sur le planisphère déserté, abandonné aux caprices des seuls quatre éléments : ce Golden Voyager, incarné par le danseur-contorsionniste Arthur Cadre, fascinant insecte d’or immatériel magnifié par la patte du costumier Kévin Germanier, découvre, épars sur les cinq continents, les cinq anneaux olympiques, qu’une armée d’hommes de Vitruve surgis du sol, tombés du ciel (des performeurs du parkour, du street show, du break dance, du cirque et les gymnastes de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris), et chorégraphiés par Kévin Vivès, va réunir à nouveau, dans l’esprit qui anima Pierre de Coubertin en 1894 quand il décida de réanimer la flamme allumée dès les premiers jeux à Olympie 28 siècles plus tôt. Les JO, alors synonymes de trêve dans le quotidien _ au moins, voilà _ déjà houleux des hommes et des femmes de la planète, ambitionnaient rien moins que d’ouvrir les âmes au sentiment du respect mutuel, base de l’entente entre les hommes. Le passage obligé de l’Hymne grec fait se lever des sables du Temps la Victoire de Samothrace. met aussi les spectateurs en scène, faisant de ces derniers la toile de fond en mouvement des fresques qui ornent les vases antiques au moyen de bracelets led. Malgré de superbes plans télévisuels vus du ciel, la caméra semble quelque peu débordée par la sombre beauté du moment, ignorant quasiment les volutes des toiles en folie s’agitant à la surface des continents.

Cette performance esthétique gravit un cran à l’apparition d’un piano s’élevant à la verticale sous les doigts d’Alain Roche, vêtu pour le second instant classique de la soirée d’une longue houppelande noire tissée avec des bandes de cassettes VHS ! Le pianiste suisse accompagne Benjamin Bernheim, accouru de Salzbourg, deux jours avant la première des Contes d’Hoffmann mis en scène par Mariame Clément, pour faire découvrir à la planète entière lHymne d’Apollon, le plus ancien de la Grèce Antique, daté du IIème siècle avant notre ère, et harmonisé au XIXème par . Dès les premiers mots (Ô Muse de l’Hélicon), on fond à l’écoute _ mais pas assz sonore ! _ du style ardent et gracieux du ténor français que Jolly a mis en scène dans Roméo et Juliette :  ce très prenant oasis intemporel, véritable instant suspendu, apporte au sidéral Records de l’émotion qui fait défaut au caractère mystico-tribal de sa partition.

Une fois les anneaux olympiques réunis, la touche française de jadis, Debussy et Fauré, fait place à la French Touch d’aujourd’hui : (la BO de The Virgin Suicides), (le Nightcall de Drive avec une entrée remarquée d’Angèle), le rappeur cambodgien VannDa et le groupe , quelque peu débordé par la ferveur envahissante des athlètes qui franchissent spontanément les limites du plateau avant d’être plusieurs fois rappelés à l’ordre.

Parade poursuit son siège au forceps des cerveaux pour annoncer les allocutions vibrantes de Tony Estanguet « On voulait des images fortes… Paris est redevenu une fête… On s’est réveillé dans un pays de supporters déchaînés qui ne veulent plus s’arrêter de chanter… » et fortes de Thomas Bach : « Vous avez vécu ensemble en paix sous un même toit… vous vous êtes embrassés… vous vous êtes respectés malgré les guerres et les conflits qui déchirent vos pays… Vous avez créé une culture de la Paix… Les JO ne peuvent instaurer la Paix mais ils sont une œuvre de paix… Les premiers JO placés sous le signe d’une parfaite parité hommes/femmes… Ce furent des JO d’une nouvelle ère.»

Entonné par la Maîtrise de Fontainebleau, l’Hymne Olympique composé par sert de transition vers la dernière partie de la cérémonie : la maire de Paris, Anne Hidalgo, visiblement comblée, passe symboliquement le drapeau olympique à Karen Bass, maire de Los Angeles, où la flamme olympique se rallumera en 2028. Tandis que Her, étoile montante en son pays, fait retentir le Star Sprangled Banner, les projecteurs pivotent vers le sommet du Stade, où les attendait, en chair et en os, prophétisé par de dommageables divulgâchages, Tom Cruise soi-même, se lançant en rappel dans le vide ! Ironie du sort : tandis que le présentateur-télé évoque les missions impossibles qui ont fait la gloire de l’acteur-cascadeur américain, on assiste aux vaines manœuvres de ce dernier pour libérer le drapeau aux 51 étoiles prévu pour rendre plus flamboyante encore sa vertigineuse descente. Un aléa qui ne l’empêche pas de courir à travers la foule des athlètes dont il serre les mains, qu’il embrasse, d’investir la scène, de s’y emparer du drapeau olympique, de s’enfuir avec lui à moto à travers Paris, de monter avec son engin dans la soute d’un avion qui le conduit à Hollywood, de rouler à tombeau ouvert au sommet de la mythique colline où il peut enfin rajouter trois anneaux aux deux O qui dominaient déjà la célèbre cité du cinéma ! Une bande-annonce digne d’un blockbuster pour signifier que c’est bien sur la Côte Ouest des États-Unis que la flamme que Léon Marchand va éteindre se rallumera. Une Côte Ouest où, en attendant, dos au Pacifique, sur une scène beaucoup plus spartiate _ cheap… _ que le planisphère de Thomas Jolly, défilent quelques gloires de la scène musicale du moment : Red Hot Chili Peppers, Billie Eilish, Snopp Dog, Dr Dre.

Retour au Stade de France pour un dernier mot français, et non des moindres. Après que l’on a annoncé que la fête allait continuer avec les tout prochains Jeux Paralympiques, voici que, partie du continent australien, s’avance en direction du continent américain, une dernière interprète, , aussi classieusement sanglée de noir que Céline Dion l’était de blanc au finale de la cérémonie d’ouverture. Avant d’être couronnée par le point final d’un feu d’artifice qui n’est pas sans donner au Stade de France des allures de gâteau d’anniversaire, avant un dernier Parade de pour la route, la chanteuse déroule sobrement la chanson que Jacques Revaux composa en 1967 pour Claude François, My Way. Un ultime, très parlant, et très émouvant symbole que de faire chanter cette chanson, par , chanteuse française qui, bien qu’adoubée aux Victoires de la Musique 2021, puis intronisée en Marraine de la Francophonie par Emmanuel Macron soi-même, avait préféré s’exiler en Belgique en raison du passé colonial français, avant de revenir à Paris. De l’ouverture à la clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, Thomas Jolly, décidément l’homme de la situation _ oui _, aura jusqu’au bout fait en sorte que son pays, la France, remporte la plus belle des médailles d’or : celle de l’universalisme.

Crédits photographiques :  photos 1 et 3 © Paris Olympics ; photo 2 @ Paris Olympics 2024 PA Media – Alamy

Modifié le 14/08/2024 à 10h41

Dont acte.

Ce mercredi 14 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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