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Un inattendu coup de fil riche de promesses de féconds apports aux recherches ravéliennes : quand les bouteilles lancées à la mer rencontrent quelques uns de leurs éventuels destinataires…

17avr

Jeudi 14 avril dernier,

réception tout à fait inattendue de ma part d’un passionnant et très fécond coup de fil, _ et d’une bonne durée : l’échange, très riche, fut, de plus, tout à fait sympathique ! _ d’un membre important de la famille des amis (et parents) Gaudin de Maurice Ravel _ parents du moins via le cousinage (au 3e degré) longtemps dénié mais pourtant tout ce qu’il y a de plus effectif (!) de Magdeleine Hiriart-Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 11 mars 1875 – Saint-Jean-de-Luz, 19 juin 1968), l’épouse et veuve de Charles Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo, 13 septembre 1910), avec Maurice Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937), comptant Gratien Delouart (Ciboure, 1er janvier 1742 – Ciboure, 21 août 1798) comme premier ancêtre commun ; cf l’arbre généalogique publié par les Amis de Maurice Ravel, notablement enrichi par mes propres découvertes… _ à Saint-Jean-de-Luz ;

lecteur très attentif de quelques articles de mon blog auxquels il souhaitait apporter des précisions, ainsi que soucieux d’en découvrir et apprendre davantage… :

un coup de fil concernant d’abord, les liens _ amicaux ? ou plutôt professionnels ? à mieux élucider !.. Et c’est certainement très important pour mieux comprendre l’étrangeté de l’effacement plus ou moins volontaire d’une connaissance assumée de la réalité de la parenté effective existant entre Magdeleine Hiriart-Gaudin (et sa descendance) avec Marie Delouart et Maurice Ravel, au sein de la famille Gaudin (cf les lettres échangées entre les cousins Maurice Ravel  et Magdeleine Hiriart-Gaudin les 8 octobre 1910 et 24 novembre 1914 (avec les formulations « Ma chère cousine« , « Mon cher Maurice, votre cousine« , consultables aux pages 246 et 403 de la Correspondance publiée par Manuel Cornejo aux Éditions Le Passeur, le 30 octobre 2018)… Cette famille Gaudin chez laquelle Gachucha _ dite Gratieuse, sur son acte de naissance, à Ciboure en 1824 Engrâce, sur son acte de décès, à Saint-Jean-de-Luz, en 1902) ; et Gachucha, pour son petit-neveu et filleul Maurice Ravel… _ Billac (Ciboure, 15 mai 1824 – Saint-Jean-de-Luz, 17 décembre 1902) _ soit la propre tante de Marie Delouart (Ciboure, 24 mars 1840 – Paris, 5 janvier 1917), et grand-tante ainsi que marraine (le 13 mars 1875, en l’église Saint-Vincent de Ciboure) de Maurice Ravel ; et le 8 mars 1875, à midi, c’était la même Gracieuse Billac, qui était allée déclarer à la mairie de Ciboure la naissance, la veille, dimanche 7 mars, à dix heures du soir, rue du Quai n°12, du petit Joseph-Maurice Ravel… ; cf la transcription de ces deux actes, de naissance et de baptème de Maurice Ravel, à la page 1646 de la Correspondance  publiée par Manuel Cornejo _, était « domestique« , comme l’ont spécifié, et c’est le terme qu’ils ont employé, lors de leur déclaration de décès d’Engrâce (Gachucha) Billac _ celle-ci est décédée au domicile des Gaudin, 41 rue Gambetta, à Saint-Jean-de-Luz, à quatre heures du matin ce 17 décembre 1902 _, à la mairie de Saint-Jean-de-Luz, ce 17 décembre 1902, à onze heures du matin, les frères Charles (né le 19 décembre 1875) et Pierre (né le 7 février 1878) Gaudin, que, « gouvernante«  des 7 enfants Gaudin, Gachucha avait élevés, et qui étaient, ainsi que le déclarèrent Charles et Pierre Gaudin à l’officier d’état-civil qui reçut leur déposition, ses « voisins« , en ce 41 de la rue Gambetta ; Gachucha Billac étant en effet décédée en leur domicile du 41 rue Gambetta : j’ai sous les yeux la photocopie de cet acte de décès… _ entre Marie Delouart (Ciboure, 24 mars 1840 – Paris, 5 janvier 1917), la mère de Maurice Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937) _ et Annette Bibal _ (Saint-Jean-de-Luz, 28 avril 1875 – Saint-Jean-de-Luz, 21 novembre 1936), l’arrière-grand-mère, via son fils Charles Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo, 12 septembre 1910) et son petit-fils Edmond Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 3 mai 1903 – Saint-Jean-de-Luz, 28 décembre 1988), de Madame Maylen Gaudin-Lenoir ; et l’arrière-grand-mère, via sa fille Jane Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 16 octobre 1880 – Saint-Jean-de-Luz, 28 mars 1979) et son petit-fils Pierre Courteault (Paris, 21 avril 1910 – Ascain, 15 décembre 2006), de Monsieur Pascal Courteault… _, au moment du départ, probablement en 1871 _ plutôt qu’en 1872… ; et pour accompagner, à Madrid, pour son exposition annuelle de chapeaux, la modiste parisienne Madame Félix, amie de la mère d’Annette Bibal, Victoire Dupous Victoire Dupous (Saint-Jean-de-Luz, 9 juin 1822 – Saint-Jean-de-Luz, 16 juin 1903) était l’épouse de Pierre Bibal (Saint-Jean-de-Luz, 5 septembre 1806 – Saint-Jean-de-Luz, 12 septembre 1855), et donc la mère d’Annette Bibal ; et cette maison du 41 rue Gambetta (ex Grand Rue), Victoire Dupous l’avait héritée de ses parents Pierre-Jean-Baptiste Dupous (Saint-Jean-de-Luz, 26 juin 1800 – Saint-Jean-de-Luz, 11 avril 1865) et Françoise Benoît (Saint-Jean-de-Luz, 2 octobre 1786 – Saint-Jeade-Luz, 13 septembre 1855), qui étaient boulangers ; jusquà son décès le 16 juin 1903, Victoire Dupous demeurait donc la maîtresse de la maison familiale du 41 rue Gambetta . Fin de l’incise.

Laquelle Annette Bibal, encore jeune fille en cette année 1871, n’avait pas pu, cette année-là, comme elle l’avait fait plusieurs années consécutives, accompagner à Madrid la très renommée modiste parisienne Madame Félix _ qui faisait toujours halte chez les Gaudin à Saint-Jean-de-Luz, sur son chemin entre Paris et Madrid _, Annette ayant préféré cette fois-là demeurer à Saint-Jean-de-Luz auprès de son fiancé Edmond Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 17 novembre 1844 – Saint-Jean-de-Luz, 28 décembre 1920), qui était alors convalescent, se remettant de blessures reçues à la guerre de 1870 (et c’est le 27 janvier 1875 qu’Annette Bibal et Edmond Gaudin se sont mariés à Saint-Jean-de-Luz) ; cf là-dessus mon précoce et crucial article du 27 mars 2019 : _ de Marie Delouart pour l’Espagne et Madrid, où elle allait faire la connaissance _ peut-être lors d’une promenade dans les allées du jardin du palais royal d’Aranjuez, comme il a été raconté… _, de l’ingénieur Joseph Ravel, lequel deviendra bientôt son mari, à Paris _ à la mairie de Montmartre, Georges Clémenceau officiant… _, le 3 avril 1873, puis le père de Maurice Ravel, qui naîtra à Ciboure le 7 mars 1875…

Mais concernant aussi le détail des signatures, sur leurs tableaux respectifs, de Pascal Bibal (Saint-Jean-de-Luz, 12 juin 1847 – Bilbao, 2 avril 1898 _ je le découvre seulement ce mardi 19 avril 2022… _), le père _ qui était un des frères cadets d’Annette Bibal : entre le 7 février 1844 et le 22 août 1855, Pierre Bibal et Victoire Dupous ont eu 9 enfants… _, d’une part,

et, d’autre part, de François-Ignace (dit Paquito) Bibal-Iburuzqueta (Saint-Jean-de-Luz, 17 septembre 1878 – Saint-Jean-de-Luz, 26 mai 1944), le fils aîné de Pascal Bibal,

tous deux peintres luziens de renom _ cf mes articles du 15 novembre 2019 : , et lundi 9 décembre 2019 :

Et cette intéressante question de l’attribution des tableaux à Pascal Bibal, le père, et à Paquito Bibal, le fils, me semble devoir pouvoir assez aisément se résoudre d’après _ outre leurs styles forcément différents, même si celui de Paquito Bibal a dû pas mal évoluer depuis ses toutes premières œuvres, en particulier lors de sa formation de peintre dans les années 90 du XIXe siècle : à Ciboure, auprès du maître Grégoire Colin, puis à Bilbao, où en 1897, à peine âgé de 19 ans, il participe, avec le catalan Santiago Rusiñol, avec Zuloaga, Dario de Regoyos, Manuel Losada, Alberto Arrué et quelques autres basques, à l’exposition « d’Art moderne«  ; et c’est à la suite de la mort de son père, survenue à Bilbao le 2 avril 1898 _ à 8h du soir, en son domicile du n°6 de la Calle Arbolancha, des suites d’une pneumonie grippale, à l’âge de 51 ans; laissanst sa veuve, née Dorotea Iburuzqueta Zabala, en charge de 5 enfants encore mineurs : François, Marie, Grégoire, Elise et Joseph, tous nés, comme leur père, à Saint-Jean-de-Luz : respectivement les 17 septembre 1878, 27 novembre 1880, 3 mai 1882, 5 mai 1884 et 29 décembre 1888… _, que Paquito, avec sa mère Dorotea, ses frères Grégoire et Joseph, et sœurs, partiront à Cuba ; François-Ignace (Paquito) ne regagnant la France qu’en 1914, afin de répondre à la mobilisation générale… _ les signatures respectives de leurs tableaux, en possession toujours de quelques uns des membres de la famille Gaudin…

Mais aussi concernant les entreprises _ d’une part, de vente et conservation de poissons ; mais aussi, d’autre part, de chantiers navals _, à Ciboure, en l’île des Récollets, de membres de la famille Bibal, en association avec, d’une part, un Letamendia _ j’ignore à ce jour lequel… _ ;  et, d’autre part, Pascal Elissalt _ (Saint-Jean-de-Luz, 19 juillet 1878 – Ciboure, 14 janvier 1941) dont la très notable association industrielle avec Pascal Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 31 août 1883 – Oulches-Hurtebise, 12 novembre 1914) était à peine évoquée, et donc trop peu précisée hélas, en mon article du 18 août 2019 :

Il me faudra donc creuser ces deux questions…

Et encore concernant le devenir des frères Grégoire _ Gregorio _ et Joseph _ Pepe _ Bibal-Iburuzqueta, après leur départ définitif de La Havane et Cuba, à la suite de la révolution castriste, vers la Floride… _ cf mes articles des 8 novembre 2019 : , et 9 novembre 2019 :

Il devrait être possible de découvrir la localisation, en Floride, de la propriété _ qu’ils possédaient déjà auparavant, quand ils étaient domiciliés à La Havane, architecte, banquier et entrepreneurs très fortunés qu’ils étaient tous les deux… _ où ils se réfugièrent à la suite de leur départ précipité de Cuba ; ainsi que les lieux et dates de leur décès respectifs, puis de leur probable inhumation, vraisemblablement aussi en Floride…

Les Gaudin et les Courteault recevant à plusieurs reprises chez eux à Saint-Jean-de-Luz la visite de ces assez fastueux cousins et cousines Bibal-Iburuzqueta d’Amérique…

Voilà donc bien des pistes de recherche à revenir continuer d’explorer et préciser grâce à de tels très précieux apports,

pour parfaire de manière plus satisfaisante ces recherches des cousinages _ ici, en l’occurrence, avec les Hiriart-Gaudin _, mais aussi amitiés _ ici, en l’occurence, avec les Gaudin-Courteault _, cibouro-luziens, de Maurice Ravel et sa mère Marie Delouart,

via ce qui nous demeure accessible des correspondances conservées de Maurice Ravel _ telles celles patiemment réunies et publiées par Manuel Cornejo en son indispensable Correspondance de Maurice Ravel, aux Éditions Le Passeur _,

mais aussi de quelques très précieux témoignages de ceux que Maurice Ravel a bien connus et aimés _ telle sa grande amie luzienne Marie Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 2 mars 1879 – Saint-Jean-de-Luz, 8 décembre 1976) _et qui nous sont conservés et transmis dans la mémoire vive de leurs proches…

À suivre…

Quand les bouteilles lancées à la mer finissent par rencontrer quelques uns de leurs éventuels destinataires…

Ce dimanche 17 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques précieuses précisions de René de Ceccatty, en réponse à mon article d’hier sur son chapitre « Une ordalie », complément-supplément à la ré-édition de son « Pasolini » de 2005, à paraître le 17 février prochain : un salutaire point d’enquête…

13fév

Hier, j’ai été interviewé par un journaliste de la radio suisse italienne (Pierre Lepori) à ce propos.
Dans le chapitre supplémentaire, comme dans les différents articles que j’ai publiés sur la mort de Pasolini et que j’ai repris dans Avec Pier Paolo Pasolini (au Rocher, nouvelle version de Sur Pier Paolo Pasolini) que tu vas recevoir,
j’ai tenté de faire le point sur mes lectures d’enquêtes journalistiques ou juridiques ou cinématographiques.
Je ne prends pas position, sauf sur un point, désormais reconnu par tous : Pelosi n’est pas l’assassin, et il y a eu un groupe de malfrats commandités par une cascade d’instances politiques et mafieuses. 

Le crime était presque parfait, dans la mesure où les tribunaux et la presse ont suivi aveuglément les déclarations de Pelosi qui s’est autoaccusé, sous la menace d’un chantage, et qui a fini par croire à ses propres mensonges, avant de les renier en deux étapes successives.
Les convictions de Pasolini sur l’attentat du 12 décembre 1969 (piazza Fontana à Milan), sur la tentative du coup d’état Borghese, sur la mort d’Enrico Mattei, clairement exprimées dans ses articles des Écrits corsaires ou dans Pétrole (certes encore inédit, mais dont la préparation et le contenu étaient connus de certains), sont à l’origine de l’hostilité qu’il avait suscitée chez ses adversaires politiques : pourquoi cette hostilité est-elle allée jusqu’au meurtre ? Le meurtre est-il délibéré ou accidentel ?
A ces questions, je n’ai pas la réponse.
Pasolini, ce qui complique considérablement l’intrication des événements, était par ailleurs malheureusement en relation avec Giovanni Ventura, un fasciste emprisonné qui avait participé à l’attentat de Milan.
Enfin, je raconte tout cela.
(…)
Avec mon amitié
René »

S’employer à chercher à démêler le détail des intrications de cette complexité « historique » crapuleuse et assassine, à partir du dossier des témoignages et commentaires divers,

est tout à fait passionnant…

Ce dimanche 13 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’esprit des Jeux Olympiques vraiment vivant aux Jeux Paralympiques…

05sept

La cérémonie de clôture, ce dimanche 5 septembre, à Tokyo,

et probablement plus _ et mieux encore _ le très joyeux plateau de France-Télévision, qui a suivi, cet après-midi, sur France 3, cette conclusion des Jeux Paralympiques,

ont superbement mis en valeur et servi ces deux semaines de retransmission des magnifiques _ humainement et sportivement _ Jeux Paralympiques de Tokyo 2020, cette fin août et début septembre 2021 ;

au service de l’idéal olympique de Pierre de Coubertin…

Car, à la fois par leur dépassement d’eux-mêmes, et par ce qu’ils en témoignent,

ces athlètes font merveilleusement partager leur fulminante joie de vivre, qui est d’abord une joie de surmonter leur « situation de handicap » ;

une « situation » qui affecte rien moins que 15% de la population humaine _ voilà ;

et il nous faut en prendre bien conscience…

Car c’est moins avec des concurrents adversaires que, à ces Jeux, ces athlètes « luttent« , « se battent« ,

qu’avec, en eux, chevillée au corps et l’âme la plus profonde,

la ferme et constante _ tenace _ volonté _ en acte, et ô combien !, jour après jour, mois après mois, année après année _ de dépasser et vaincre, par leurs performances sportives, le défi que leur proposent les lourdes difficultés physiques ou mentales qu’ils subissent, à leur corps défendant, ou bien depuis quelque accident,  ou bien depuis une malformation congénitale…

Leur amour quasi inconditionnel de la vie fait vraiment un immense plaisir à ressentir…

Ainsi, ai-je admiré,

tout au long de ces deux semaines de retransmission télévisée,

le très remarquable travail de présentation _ formidablement compétent d’abord, et plus encore enthousiasmant, avec une très profonde et constante justesse… _ de Sami El Gueddari,

qui fut lui-même présent _ atteint d’une agénésie congénitale à la jambe gauche, celle-ci s’arrêtant au niveau du tibia _ en compétition de natation aux Jeux Paralympiques de Pékin, en 2008, et Londres, en 2012 ;

et qui est aussi, actuellement dirigeant du pôle performance de la Fédération française handisport _ voilà ! _,

ainsi que _ parfait _ consultant sportif pour France Télévision depuis les Jeux Paralympiques de Rio, en 2016.

Ainsi, ai-je été particulièrement touché par les bouleversants témoignages, en interviews _ et parmi bien d’autres athlètes magnifiques… _,

de Dimitri Pavadé, sauteur en longueur, âgé de 32 ans,

et Rémy Boullé, paracanoëtiste, âgé de 33 ans…

Merci !!!

L’esprit de Pierre de Coubertin est bien vivant ici…

Et la télévision a su excellemment nous le faire ressentir et partager, ici.

Ce dimanche 5 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Retour obstiné au noeud de l’enquête autour de la branche « algérienne » des Ducos du Hauron : les liens entre les Rey, Gentet, Wachter, Confex et Bonopéra, à Orléansville

18avr

J’ai beau rechercher en diverses directions,

je continue de buter sur le nœud, à Orléansville, au tout début du XXème siècle, des liens _ d’apparentements matrimoniaux et de filiations _ entre les familles Rey _ et Ducos du Hauron, Gadel, puis Ducros et Bure _, Gentet, Wachter, Confex et Bonopéra,

assez bien cerné déjà _ me semble-t-il _ en mon article _ assez lucide _ du mercredi 3 février 2021 :

Au-delà de ma collecte patiente et quasi acharnée de documents,

je place mon espoir de progrès de cette enquête

dans l’inespéré contact de descendants de ces familles, qui seraient enfin aptes à me révéler _ ne serait-ce que par témoignage mémoriel _ quelques pièces obstinément manquantes de ce puzzle familial algérien, à Orléansville…

Comme qui était « Madame Veuve Louis Gentet, née Wachter » ?

Et « Madame Veuve Paul Bonopéra – mère, née Confex » ?

Puisque telles sont les deux principales énigmes sur lesquelles je continue de buter…

Ce dimanche 18 avril 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’honneur et le « sacré » de la démarche d’enquête du Père Desbois en Ukraine _ la légitimité du concept de « Shoah par balles » : l’apport de Serge Klarsfeld

09juil

Il y a quelque temps _ trois semaines : c’était le 18 juin dernier _, j’ai été,

pour connaître personnellement (et estimer immensément) le Père Patrick Desbois

_ c’était très précisément la journée du jeudi 31 janvier 2008, passée toute à ses côtés : j’étais allé l’accueillir à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac pour l’acheminer en voiture en ville : un des temps-forts, je puis dire, de toute mon existence même, que cette conversation de vingt minutes dans l’habitacle de ma voiture ; et le soir, au dîner clôturant le colloque « Enfants de la guerre _ réparer l’irréparable » (qu’avait pour l’essentiel construit mon ami Nathan Holchaker), dialoguant amicalement avec lui et Georges Bensoussan _,

assez « peiné » de l’émergence d’une plutôt vilaine polémique _ « Querelle autour du Père Desbois« , l’article étant signé Thomas Wieder _ soulevée dans ces mêmes pages du journal « Le Monde«  (daté du 19 juin) par une historienne, Alexandra Laignel-Lavastine, ayant participé à ces enquêtes de terrain (et recueils de témoignages des derniers survivants de ces opérations de massacres de la dite « Shoah par balles« , entre 1941 et 1944) de l’équipe du Père Desbois en Ukraine ;

pour ressentir une certaine joie de voir, aujourd’hui, Serge Klarsfeld soutenir l’honorabilité et la légitimité du travail d’enquête-« recueillement de _ si précieux ! _ témoignages » sur le terrain, du Père Patrick Desbois :

en son « Point de vue » intitulé « En défense du Père Desbois« 

LE MONDE | 08.07.09 | 13h54

Que voici,

farci, selon mon habitude sur ce blog, de quelques commentaires de ma part :

« Les critiques dont le Révérend Père Desbois a fait l’objet ne méritent de sa part _ l’expression est à bien relever _ que de poursuivre sereinement l’œuvre qu’il a initiée, qu’il a conduite jusqu’à aujourd’hui et qui exige que lui et son équipe la mènent à son terme dans les meilleures conditions _ tant de faisabilité et d’efficacité que de légitimité pour le service de la vérité de la connaissance des faits advenus !

Si je me permets d’intervenir pour le soutenir _ on relèvera aussi le choix exprès de ce terme, sous la plume et par la voix de Serge Klarsfeld _, c’est parce qu’il y a plus de trente ans, j’ai entrevu en ce qui concerne la Shoah l’importance _ tant quantitative que qualitative, si j’ose le préciser ainsi… _ des massacres de juifs qui se sont déroulés en Union soviétique. A l’époque, dans un polycopié, j’ai réuni chronologiquement tous les rapports des Einsatzgruppen (unités mobiles d’extermination) qui m’étaient accessibles. En 1978, dans un ouvrage que Beate (son épouse) et moi avons publié aux Etats-Unis et intitulé « The Holocaust and the Neo-Nazi Mythomania« , nous avons inclus deux études approfondies du professeur George Wellers, directeur du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), l’une sur l’existence des chambres à gaz, l’autre sur le nombre des morts.

C’était un des premiers ouvrages à répondre aux allégations des négationnistes à une époque où la précision historique n’était pas le fort des porte-parole des organisations juives et où l’histoire de la Shoah se trouvait, sauf exceptions (le CDJC, Yad Vashem, Raul Hilberg, Leon Poliakov…), plus entre les mains d’amateurs passionnés que d’universitaires habilités à consacrer à ce sujet des thèses nécessitant des années de recherche _ pas encore mobilisés ! ces universitaires : peut-être, en partie, faute d’assez de « motivation » de leur part, alors : et de quels ordres, ces « motivations«  à accomplir ces « recherches de thèses«  ?.. _ afin que chaque page _ toutes comptent !!! _ du livre tragique de la Shoah _ écrit ces années de nazisme : cf la grande synthèse magnifique de Saul Friedländer : « L’Allemagne nazie et les Juifs » : tome 1 : « Les Années de persécution : 1933-1939 » ; tome 2 : « Les Années d’extermination : 1939-1945 » _ ne reste ni ignorée ni négligée.

Dans son étude, le professeur Georges Wellers avait travaillé sur les recensements en URSS en 1926, 1939 et 1959 et était parvenu à établir qu’environ 1,8 million de juifs soviétiques avaient été victimes de la Shoah. Ces statistiques ont été confirmées par les rapports des Einsatzgruppen, par le rapport du statisticien Richard Korherr choisi par Himmler (et que nous avons retrouvé en 1977), mais aussi par les rapports des commissions d’enquête soviétiques sur les crimes commis par les nazis sur le territoire de l’URSS (rapports que j’ai pu voir à Moscou dès 1984 sans avoir la possibilité de les exploiter).

Les historiens étaient au courant, mais cette tuerie systématique restait ignorée du grand public, alors qu’il est capital que le grand public _ lui aussi _ partage l’opinion _ informée _ de la communauté historienne _ savante.

L’expression « Shoah par le gaz » est juste puisque tant de juifs sont morts gazés. L’expression « Shoah par malnutrition et misère physiologique » est juste puisque tant de juifs sont morts de faim et de maladies provoquées et non soignées. L’expression « Shoah par balles » est juste _ elle aussi ! _ puisque tant de juifs ont été tués par des tirs. L’expression « Shoah par pogroms » serait juste aussi puisque tant de juifs ont été tués à coups de bâtons ou de matraques. La Shoah est une opération unique _ oui _ mais les modalités de mise à mort ont été multiples _ aussi _ et chacune d’elles nécessite des recherches _ historiennes _ particulières _ eu égard à la spécificité de ce qui peut en demeurer comme « traces« , « restes« , « vestiges« , « monuments« , « documents« , « archives« , « témoignages« , etc… permettant d’établir et avérer ces « faits » historiques… Ce qui revient à ne pas « délégitimer«  du tout l’expression « Shoah par balles« , de la part de Serge Klarsfeld…

L’équipe du Père Desbois a enquêté _ jusqu’ici _ dans plus de 260 localités d’Ukraine, dans une trentaine en Biélorussie. Elle a recueilli des centaines de témoignages _ de « témoins » encore vivants, bien sûr, l’âge avançant : c’est une lutte contre la montre ; il y a urgence !.. _ qui corroborent les investigations des commissions d’enquête soviétiques et qui expliquent très précisément _ voilà ! _ le déroulement de ces massacres, comment et par qui les fosses communes ont été _ alors _ creusées, tout en extrayant _ aussi, en creusant de facto le sol _ les preuves matérielles _ l’emplacement exact des fosses, ce qui demeure des cadavres, les douilles utilisées _ de ces crimes ; et qui en étaient les auteurs ; et en bétonnant sous surveillance religieuse _ de rabbins _ les lieux d’extermination afin qu’ils ne puissent plus être saccagés. Sans la personnalité _ probablement unique _ du Père Desbois et son état d’ecclésiastique _ avec ce qu’apporte un tel statut auprès des « témoins«  (de religion orthodoxe, pour la plupart) encore vivants _, aucune équipe n’aurait pu s’engager efficacement _ voilà le premier enjeu !!! il faut bien le mesurer et le prendre en compte ! _ dans une pareille entreprise _ d’enquête effective sur le terrain _ et obtenir l’indispensable coopération _ toujours assez délicate !!! et pour laquelle le Père Desbois a peu à peu affiné tout un protocole : cf le détail de cet « affinage«  progressif en son livre : Porteur de mémoires » ; l’édition en collection de poche (« Champs-Flammarion« , le 18 mars 2009) ne comporte hélas pas les photos, si parlantes, elles aussi, de Guillaume Ribot… ; pour elles, si précieuses, pourtant, se reporter à l’édition précédente, le 25 octobre 2007, de « Porteur de mémoires« , aux Éditions Michel Lafon _ aussi bien de la population que des autorités.

Il en est allé de même pour les noms des victimes de la Shoah _ identifiés enfin, si possible, un à un _ que pour les fosses communes _ repérées, ré-ouvertes et explorées, une dernière fois _ de ses victimes. Pour retrouver les noms, il fallait _ avec quelles difficultés ! _ réussir à pénétrer dans les archives d’États qui avaient participé à la « solution finale » et qui étaient réticents _ c’est une des données de fait, aussi, et d’importance, auxquelles se heurte la recherche historique _ à faire la lumière sur leur passé ; il fallait creuser _ un travail de fourmi _ comme des archéologues dans des archives nationales, ministérielles, départementales, municipales pour y découvrir _ une à une, un à un, infiniment patiemment ou obstinément : qui donc a cette force ?.. _ des listes, des dossiers, des fiches, des papiers d’identité, des photographies. Aujourd’hui, de tous les pays, les noms, les états civils, les destins _ singuliers des personnes assassinées _ dans les ordinateurs de Yad Vashem s’additionnent _ in fine _ par millions ; tandis que chaque victime dont l’existence est établie et documentée redevient un sujet _ singulier et, brisant le silence massif méthodiquement voulu et organisé par les assassins,  se mettant à « parler«  enfin, au-delà de sa « liquidation« , des circonstances mêmes de sa propre disparition, puis « liquéfaction« , au fil du temps qui passait ; et des puissances d’oubli œuvrant sans bruit… _ ;

redevient _ donc _ un sujet de l’histoire _ voilà l’apport immensément précieux (et probablement irremplaçable _ par quiconque d’autre…) du travail de l’équipe du Père Patrick Desbois.

Les travaux de l’équipe du Père Desbois suivent une méthode originale et rigoureuse : enquête archivistique _ de ciblage, une à une, des « actions«  des Einsatzgruppen _ dans les documents soviétiques et allemands ; et dans les études historiques antérieures ; enregistrement de l’histoire orale sur le terrain grâce à une enquête de proximité ; recherche balistique et archéologique. Toutes ces données sont _ systématiquement _ traitées et rassemblées afin que les chercheurs _ universitaires, à leur tour _ puissent y accéder dans le cadre de recherches universitaires ; et, si besoin est, les soumettre à leur esprit critique _ bienvenu… Il faut souligner qu’il ne s’agit pas pour le Père Desbois de mener une enquête pour rechercher qui parmi les témoins ou leurs parents aurait participé _ peu ou prou… _ aux crimes, ou en aurait pu en tirer profit. Pareille démarche menée par lui ou par tout autre aurait aussitôt mis fin _ en effet ! _ à l’initiative _ qui ne cherche pas à régler aucun compte in extremis parmi les survivants (plus ou moins complices, éventuellement) des actes accomplis lors de ces événements d’entre 1941 et 1945 ; seulement connaître la vérité des circonstances des meurtres effectifs de ces personnes-victimes de l’entreprise d’extermination.

Les détracteurs du Père Desbois acceptent difficilement _ pour des raisons de « concurrence » de financement de « recherches » ?.. Là-dessus, lire toujours le témoignage décapant, sur les camarillas universitaires, de Paul Feyerabend (1924-1994), en sa passionnante, très instructive et assez édifiante, autobiographie : « Tuer le temps« , parue aux Éditions du Seuil en octobre 1996 _ qu’en quelques années seulement il ait acquis une véritable renommée internationale _ faisant, bien malgré elle, de l’ombre à quelques égos… Il la mérite _ pourtant, cette « renommée internationale«  _ pour avoir surmonté _ en effet _ dans cette aventure historienne _ oui, aussi, et peut-être même d’abord : c’est à « évaluer« … ; même si lui-même, Patrick Desbois, n’est pas, en effet, « historien de formation«  : universitaire… _ de très grandes difficultés matérielles, intellectuelles, diplomatiques, financières et même physiques _ oui ! _ ; et pour avoir rendu visible et compréhensible pour le plus grand nombre _ aussi _ un gigantesque crime qui n’était que comptabilisé et sommairement décrit _ et pas existentiellement mesuré ! _ dans des ouvrages à diffusion restreinte _ dans les cercles d’universités et universitaires. La foi qui le guide a peut-être plus d’exigence historique que le professionnalisme _ seulement technique _ de beaucoup d’historiens _ formule à méditer sur le statut même (= philosophique et existentiel, pour tout un chacun en tant que personne « non-in-humaine« ) de la vérité et de ses enjeux fondamentaux…


Serge Klarsfeld est président de l’Association des fils et filles des juifs déportés de France. Article paru dans l’édition du 09.07.09.

Je complèterai ce « dossier » par un échange de courrier avec une amie professeur d’histoire : Historiana…

Ainsi, voici l’intitulé du message par lequel cette amie me communiquait tout simplement, et sans autre commentaire de sa part, l’article « Querelle autour du Père Desbois » de Thomas Wieder (du Monde du 18 juin dernier) ;

cet « intitulé » faisait allusion à la difficulté (abordée antérieurement entre nous, à l’automne 2007) de « porter foi » aux « témoignages » en une enquête historienne rigoureuse ;

remarques qu’elle avait formulées cet automne 2007, quand je lui avais fait part de la « force » de ma découverte du livre du Père Desbois, « Porteur de mémoires » :

 De :   Historiana

Objet : Peut-être n’est-ce qu’une querelle de personnes, mais cela conforte mes fortes réticences de départ… et mes doutes à la suite de la lecture du livre.
Date : 18 juin 2009 15:41:35 HAEC
À :   Titus Curiosus

Ma réaction, immédiate, à cet aveu de « réticences » :

 De :   Titus Curiosus

Objet : Rép : Peut-être n’est-ce qu’une querelle de personnes, mais cela conforte mes fortes réticences de départ… et mes doutes à la suite de la lecture du livre.
Date : 18 juin 2009 17:35:31 HAEC
À :  Historiana

 Ces « mauvaises » querelles (portant sur la bonne ou mauvaise foi du Père Desbois) me paraissent assez misérables…

Bien sûr, on peut toujours discuter de la légitimité _ historiographique, préciserais-je _ des méthodes ;

mais ne mélangeons pas tout…

Quelles sont au juste, pour commencer, les positions de Georges Bensoussan
ou de Guillaume Ribot
et de Claude Lanzmann
(avec lesquels je peux communiquer ; de même qu’avec Patrick Desbois)
invoqués ici, apparemment, comme « témoins à charge » ?.. A examiner d’un peu (= beaucoup !!!) plus près…

Tout cela (cette « mauvaise querelle« ) me paraît assez « idéologique« , voire « boutiquière« ,
et ne pas trop sentir elle-même la « bonne foi« …

A creuser…

Le Père Desbois ne s’est jamais prétendu « historien« , que je sache ;
et je ne suis pas du tout sûr que l’expression « Shoah par balles » soit la sienne _ elle me paraît plutôt être celle de l’éditeur, Michel Lafon, sur le bandeau du livre « Porteur de mémoires« …


Le travail du Père Desbois porte sur le recueil des témoignages et l’identification des fosses…
Je trouve certains « historiens » un peu chatouilleux a priori


Maintenant,
rien n’est a priori tabou en fait de « questionnement méthodologique » historiographique…
Si scandale il y a, les choses ne manqueront pas de s’éclairer…


Titus

Voici, il me paraît assez significatif pour le verser aujourd’hui à ce « dossier« , le détail de notre échange de courriels en novembre 2007 :


De :   Historiana

Objet : Rép : Dossier de presse sur le Père Desbois et « la shoah par balles » sur le territoire de l’actuelle Ukraine
Date : 17 novembre 2007 09:37:50 HNEC
À :   Titus Curiosus

Oui, sans doute intéressant ce travail.
Cela fait plus d’un an que des articles en parlent et reparlent.
Comme d’une sorte de révélation, comme si tout d’un coup on découvrait qu’il n’y avait pas eu que les camps… étonnant. Ce que l’on appelait « les autres moyens d’extermination » et que l’on appelle maintenant « Shoah par balles« , n’est quand même pas une découverte ! De l’Allemagne à la Russie, c’était le moyen le plus rapide, le plus expéditif. C’était pratiqué aussi dans les camps d’extermination, puisque la capacité des chambres à gaz était beaucoup trop faible. Et les actions des Einsaztgruppen sont connues. D’ailleurs _ ce qui n’apparaît guère dans les articles, mais sans doute dans le travail du père Desbois, je pense (et la réponse est : oui !) _ les Juifs n’étaient pas les seuls. Les communistes, les Tziganes (et d’autres minorités)… et comme il fallait faire du chiffre (concours entre ces groupes et récompenses), on éliminait souvent toute la population sans discrimination. Ce n’est pas uniquement la « Shoah« , c’est l’extermination aussi des « sous-hommes » slaves.

Alors quand on lit sous la plume d’un journaliste _ mais est-ce vraiment là le principal ? _ « au grand étonnement des historiens et de la communauté juive« , ça me laisse perplexe.
Même si bien entendu, ce genre d’enquête est sans doute précieuse.  Mais cela n’a que la valeur du témoignage, c’est de la mémoire.  Et elle est aussi la quête des corps pour que le deuil soit définitivement possible sans doute… Ce travail me semble plus intéressant sur le plan psychologique qu’historique…

Ma réponse alors :

 De :   Titus Curiosus

Objet : Aktionen et « Shoah par balles »
Date : 17 novembre 2007 10:37:07 HNEC
À :  Historiana

Certes, on savait beaucoup de choses de cet ordre (aktionen, Einsatzgruppen, etc…).

Mais l’enquête du Père Desbois est systématique, et va interroger les témoins, notamment les « réquisitionnés« .

Ta réponse (« ce travail« ) porte-t-elle sur l’enquête ukrainienne du Père Desbois ?
Sur le dossier de presse ?
Ou sur ma « lecture » (d’une dizaine de pages), extraite de mon petit essai « Cinéma de la rencontre« , du livre du Père Desbois _ « sur la pire des mauvaises rencontres » ?

En tout cas, le Père Desbois fait avancer la connaissance et sur les témoignages qu’il recueille, et sur les fosses re-trouvées…
Et son livre _ la construction progressive, « sur le terrain« , de ses méthodes _ est passionnant.

Titus

J’ajoute aussi à ce »dossier« , ce message-ci, très remarquable, du photographe de l’équipe du Père Desbois, Guillaume Ribot, contacté alors :

De :   Guillaume Ribot

Objet : Rép : Patrick Desbois à Aix le 3 décembre
Date : 17 novembre 2007 22:28:05 HNEC
À :  Titus Curiosus

Titus Curiosus,

je vous remercie de l’intérêt que vous portez à notre travail en Ukraine et à l’action du Père Patrick Desbois.

J’ai encore eu peu de temps pour réfléchir sereinement à votre texte _ celui que je lui avais alors adressé à propos de « la pire des mauvaises rencontres« , extrait de mon essai « Cinéma de la rencontre » _ et vous en livrer un retour.
Pourtant, j’aimerais réagir à ce que vous m’avez écrit dans votre dernier message :

« Et certains, philosophes pourtant, m’ont avoué ne pas pouvoir seulement affronter pareil sujet de lecture« …

Oui, ce sujet creuse un abîme. Une marche glissante vers ce que nous avons de plus noir. Lire ou en parler en s’imaginant faire partie de la même humanité (m’)effraie.

Il est également si difficile d’en parler.

Dernièrement au cours d’un repas avec des amis (tous « intelligents » et « cultivés« ), après que l’un d’eux m’ait demandé de leur expliquer ce que je « faisais » en ce moment, je me suis rendu compte que je livrais quelque chose de trop lourd _ dans l’immédiat, à « recevoir«  frontalement… Comment parler de ces centaines de milliers d’innocents sans donner des précisions? Sans digressions ? Sans préciser quelques faits historiques ?

_ ce « détaillement« -là, aussi difficile, certes, (à réaliser) que nécessaire (à donner), est bien une question de fond pour une époque pressée (et surtout « intéressée » ; en plus d’égocentrique…) qui n’a de temps à « prêter«  qu’à de tout maigres résumés !!!

Je me rendais compte que mon propos monopolisait la discussion. Mais comment faire ? Personne ne pouvait (alors qu’ils le voulaient) changer de sujet. L’un d’eux a quand même osé le formuler. Je me suis alors empressé de leur montrer que ce sujet n’était pas si « simple« .  Tout le monde convient qu’il faut en parler et faire œuvre de mémoire

_ collective ? à défaut de personnelle ! « Mémoire«  est-il, cependant, tout à fait le terme adéquat ? Lire sur ce sujet ce qu’a commencé à fouiller Paul Ricœur : « La Mémoire, l’histoire et l’oubli«  _ ;

mais quand on livre une vérité, comme celle révélée par Patrick Desbois, l’auditoire ne semble plus si disposé…

_ remarquable terme : une « indisposition » provoquant vite une « indisponibilité« 

Ce sujet est « sparadrap« . Comment s’en défaire ? On en connaît la douleur. La noirceur. L’insondable. On veut en parler. On veut savoir. On veut lire. Pourtant, on finit par dire, comme vous l’écriviez : « ne pas pouvoir seulement affronter pareil sujet de lecture…« …
Le sujet a donc gagné. Que suis-je par rapport à lui ?
Je sens que mon propos manque de rigueur _ au contraire : il aborde de « l’essentiel« 

La meilleure manière de donner une suite à l’image de Marfa Lichnitski :  une autre prise _ jointe alors par Guillaume Ribot en « pièce jointe » _ quelques minutes après celle que vous avez décrite _ dans mon texte « la pire des mauvaises rencontres« Il s’agit du mari nous servant une soupe dans leur pauvre intérieur. Il faut savoir qu’avant notre arrivée inopinée, ils cuisinaient pour la semaine. Après l’interview, ils nous ont demandé de revenir dans 30 minutes pour qu’ils puissent nous préparer ce repas.
Je revois encore _ voilà la puissance de l’enquête du Père Desbois _ Marfa secouer la tête en entendant le témoignage de son mari. Pendant près de 60 ans ans, ils n’avaient jamais parlé de cette histoire.
Nous arrivons et nous recueillons leur parole.
Ceci est un privilège _ oui ! rare ; et de « haute humanité«  (face au poids si terriblement lourd, et depuis si longtemps, de l’atroce « in-humanité » vécue alors ; et comme indissolublement « souillante« , contagieuse, depuis…

Sans ces gens _ et le souvenir, depuis, de leur si forte « humanité«  _, je ne sais comment je pourrais moi aussi « affronter pareil sujet« .
Je pense souvent à Dora fusillée à Simféropol, à Ossip, à Olena, à tous les autres qui nous ont donné une part d’histoire… de leur histoire….. de notre histoire ! cf, sur ces personnes, le livre du Père Desbois avec les photos des « témoins » témoignant… de Guillaume Ribot : « Porteur de mémoires« 

Bien cordialement
Guillaume Ribot

PS : je suis ravi d’apprendre que vous êtes ami avec Bernard Plossu, car son travail m’a toujours plu. Je me souviens même avoir répondu au questionnaire d’entrée à l’école photo que j’ai suivie : « Quel photographe vous influence t-il ? » J’avais répondu, presque inconsciemment : « Bernard Plossu« , car j’avais en tête une image granuleuse et floue d’un palmier……….

Quel bouleversant témoignage de Guillaume Ribot, que voilà !

Le 25 novembre 2007, mon amie professeur d’histoire, avait encore répondu ceci, à propos des « témoignages« , à mon envoi d’un courriel évoquant ma « lecture-commentaire« , pour mon essai « Cinéma de la rencontre« , des « Exécuteurs _ des hommes normaux aux meurtriers de masse » de Harald Welzer :

De :   Historiana

Objet : Rép : A propos des « Exécuteurs »
Date : 25 novembre 2007 20:56:52 HNEC
À :  Titus Curiosus

Ai lu ton texte _ rapidement, parce que le moment n’est pas très bien choisi… eu égard à sa charge de travail _ et ai trouvé très intéressant l’analyse du livre de Welzer _ « Les Exécuteurs « , donc _ et du discours d’Himmler _ le discours de Poznan le 4 octobre 1943. Ce dernier me semble dans la droite ligne de ce qui était dit dans « Mein Kampf« … et qui justifie tout.

« Mein Kampf » : « Si l’on avait, au début et au cours de la guerre, tenu une seule fois douze ou quinze mille de ces Hébreux corrupteurs du peuple sous les gaz empoisonnés que des centaines de milliers de nos meilleurs travailleurs allemands de toute origine et de toutes professions ont dû endurer sur le front, le sacrifice de millions d’hommes n’eût pas été vain. Au contraire, si l’on s’était débarrassé à temps de ces quelques douze mille coquins, on aurait peut être sauvé l’existence d’un million de bons et braves Allemands pleins d’avenir »

Je n’ai pas le temps d’aller chercher dans mes notes maintenant, mais je me rappelle un stage sur les « Mémoires » de la Seconde Guerrre Mondiale où un philosophe nous avait dit des trucs intéressants sur le nazisme ; et notamment le fait que le nazisme, c’est l’absence de référence, c’est le refus de toute transcendance, de toute tradition (en contradiction totale donc avec le judaïsme). Il présentait le nazisme comme un système politique auto-référent, dans lequel l’homme est son propre Dieu, son propre référent ; donc totalement livré à sa subjectivité, sans lien avec le passé… Pas de Loi, pas de référence à la tradition. L’homme est alors _ se croit-il, plutôt ! _ totalement maître de l’histoire. Il vit dans l’immédiateté.
Et si je me souviens bien, c’est à peu près ce que dit Primo Lévi, quand il dit que la différence entre le SS et lui _ ce SS qui lui dit notamment : « Ici il n’y a pas de pourquoi » _, c’est que le SS est totalement libre, il n’a plus de référence, il n’ a plus de morale. C’est un barbare.

J’avais aussi trouvé très intéressantes les analyses de Pierre Legendre _ tout au moins ce que j’avais pu comprendre ! parce qu’il me manque bien sûr toutes les références juridiques et philosophiques pour « entendre » ce qui ne pose pas pour toi de problèmes! _ sur la société totémique et le fait qu’avec le nazisme, il n’y avait plus de référence totémique

LEGENDRE (dans un entretien) :
« C’est fatal, dans la mesure où le droit, fondé sur le principe généalogique, laisse la place à une logique hédoniste héritière du nazisme. En effet, Hitler, en s’emparant du pouvoir, du lieu totémique, des emblèmes, de la logique du garant, a produit des assassins innocents. Après Primo Levi et Robert Antelme, je dirai qu’il n’y a aucune différence entre le SS et moi, si ce n’est que pour le SS le fantasme est roi. Le fantasme, comme le rêve qui n’appartient à personne d’autre qu’au sujet (personne ne peut rêver à la place d’un autre), ne demande qu’à déborder. La logique hitlérienne a installé la logique hédoniste, qui refuse la dimension sacrificielle de la vie. »

Bon voilà, mais je n’y connais rien  !

En tout cas, le travail de Welzer me semble passionnant… Beaucoup plus que celui de Desbois _ qui n’a rien à voir avec lui, bien sûr _ mais pour lequel j’ai une grande réticence… ; et dont la lecture du livre, et particulièrement ses pages de justification.., m’ont agacée.

Le témoignage est parfois nécessaire, mais quand on sait ce qu’il en est d’un témoignage 60 ans après les événements, forcément totalement réécrit par la mémoire…

[J.-M. _ une autre amie professeur d’histoire _ a fait travailler ses élèves l’an passé pour le concours de la Résistance ; et elle avait décidé de travailler sur le maquis de Z… (un village landais). Et elle a fait parler les vieux du village. Et là elle s’est rendue compte de ce qu’était un témoignage ! Ils ont dit n’importe quoi, racontant comme y ayant participé des faits auxquels pour une raison ou une autre ils n’avaient pas pu assister, mais qui sans doute les valorisaient, mélangeant les dates, les hommes, fustigeant tel ou tel en fonction de quelque idéologie… Bref intéressant pour un travail sur la mémoire, mais pas pour l’histoire ! ]

Je veux bien que les médias se gargarisent _ mais est-ce donc là le plus important ? _ en prétendant qu’il _ le père Desbois _ fait le travail que n’ont pas fait les historiens, mais ce n’est pas un travail d’historien… Et le comble a été pour moi de voir sur Internet la vidéo du JT de Poivre d’Arvor _ même remarque de commentaire de ma part ! _ où on a présenté son travail… Les équipes de télévision entrant chez les Ukrainiens comme dans l’ancienne émission de J.P. Foucault « Ce soir chez vous« , ou un truc pareil !
Maintenant, au nom de la mémoire de la Shoah, tout est bon !

Sur ce, je retourne à mon travail.

Historiana

Ma réponse à cet avis :

De :  Titus Curiosus

Objet : Merci
Date : 25 novembre 2007 21:14:59 HNEC
À :  Historiana

Pour le travail du Père Desbois,

je comprends tes « réticences » sur les « témoignages« , mais suis moins pessimiste que toi.
D’abord, ils ont retrouvé beaucoup de fosses, grâce à ces « témoignages » ;
et ensuite dés-anonymer certaines des victimes n’est pas rien, ni peu…

J’y reviens dans ce que j’ai écrit…

Les témoins de Z., dans les Landes, et ceux des fosses d’Ukraine, n’ont pas tout à fait eu à faire, non plus, aux mêmes choses…
Les rumeurs et les silences n’y pesaient peut-être pas tout à fait le même poids.
Reste qu’on doit maintenir toujours la rigueur critique en ces matières de témoignage-là…

Merci, et à suivre,

Titus

Voilà pour ce dossier somme toute « important » ;

et qui demeure « à suivre« …

 Titus Curiosus, ce 9 juillet 2009

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