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La temporalité du penser-chercher (libre) versus la logique comptable-et-compétitive (utilitariste) : la liberté (de la vérité) sous la pression du « réalisme » de la rentabilité

13mar

Un excellent article (et pétition) sur le blog « 24 heures Philo » (le riche et passionnant blog coordonné par François Noudelmann et Eric Aeschimann : Lien permanent) :

« Les revues prises dans le piège de l’évaluation«  par un collectif de « revues de sciences humaines » à la date d’hier, 12 mars, sur le site de Libération,

qui nous donne _ excellemment (et urgemment !) _ à réfléchir sur les enjeux de la temporalité dans ce qui se joue en ce moment sur ce que va devenir notre monde ; de quel côté va-t-il pencher ? :

Voici cette « communication » du collectif de « revues de sciences humaines » que je me permets d’assortir, as usual, de quelques commentaires « miens » :

Un débat très important agite, depuis 2008 au moins, la communauté internationale des chercheurs. Il concerne les revues et les modalités de leur classement, de leur notation et de leur évaluation. L’évaluation des revues n’est pas neuve (pensons par exemple au classement proposé par le CNRS en 2004), et les chercheurs sont familiers de la logique de hiérarchisation, plus ou moins formelle, qui sous-tend les pratiques scientifiques. Il nous semble même normal, sensé et essentiel que soient mises en valeur et distinguées _ car penser, c’est juger, distinguer, évaluer : critiquer, c’est-à-dire trier et choisir (retenir et écarter, et transmettre) _ les revues dont la qualité scientifique est reconnue par les professionnels de la recherche. Mais selon quels critères _ de fait ? de droit ? _ et selon quelles modalités ? Aujourd’hui, il nous paraît urgent de faire connaître notre position sur cette question, d’autant que la signification de la liste française de revues établie par l’AERES (Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) s’est vue confortée par la réforme du statut de l’enseignant-chercheur promue par l’actuel gouvernement.

Pourquoi ce projet de réforme, qui met les chercheurs dans la rue depuis bientôt deux mois, s’inscrit-il dans le prolongement direct de la création de l’AERES et de son classement des revues ? Parce qu’octroyer à l’AERES le monopole de l’évaluation des chercheurs consiste tout simplement à faire des revues les supports privilégiés de la discrimination et de la compétition entre chercheurs. Une fois la réforme adoptée, ces derniers seront jugés uniquement _ !!! _ sur le nombre de leurs publications _ !!! _ et sur la note attribuée _ !!! _, par l’AERES, à la revue dans laquelle ils auront publié. Pour le dire autrement, si un chercheur publie un texte dans une excellente revue spécialisée, mais mal (voire pas du tout) classée par l’AERES ou par son aîné l’ERIH (European Reference Index for the Humanities), il ne sera pas considéré _ labélisé ; officiellement ! _ comme un « bon » chercheur _ et ayant à trainer sur son front ce stigmate ! _, et verra son travail _ de facto lourdement _ confiné aux tâches enseignantes et administratives. Il n’aura donc plus l’occasion de mener à bien ses recherches _ on en mesure les effets ! _ et de les publiciser _ placardisées bel et bien qu’elles seront, par ce dispositif officialisé de censure…

Pourquoi cette réforme est-elle en totale inadéquation avec la manière dont fonctionnent _ actuellement _ nos revues ? Même si elles reposent sur le principe de la sélection et de la critique _ librement _ constructives _ la signature des articles n’engageant que l’autorité intellectuelle de leurs auteurs : mais c’est énorme ! _, les revues en sciences humaines et sociales n’ont absolument pas vocation à noter _ !!! : le nombre (= le quantitatif) évitant d’aller regarder un peu plus (et mieux) dans les coins ; c’est-à-dire de lire ! (= le qualitatif) _ les chercheurs ! Elles produisent _ créent _ et transmettent un savoir. Qu’elles soient spécialisées, généralistes, ou interdisciplinaires, leur objectif est d’informer la communauté scientifique _ curieuse _, de transmettre _ dans une perspective dynamique ouverte et libre !!! _ de nouveaux programmes de recherche _ à mener _, de poser des problèmes _ ils ne vont pas (ni jamais ! cf Bachelard, sur le « sens du problème » comme marque de l' »esprit scientifique » !) de soi ; et les « créer » est la première et essentielle mission, fondamentale et féconde, de « la recherche » ; qui deviendra, plus tard, un peu mieux « établie », « le savoir » : reconnu ; et même « la science » : admirée… _, de discuter _ toujours et indéfiniment !.. _ des méthodes _ indéfiniment en chantier _, de stimuler _ avec fécondité ouverte _ les interprétations, et non de récompenser ou sanctionner les individus _ réduits aux compétitions sans merci du (misérable) carriérisme…

La logique comptable et compétitive _ et c’est bien de son expansion impériale qu’il s’agit, hic et nunc !!! _ de l’actuelle réforme met à mal, tout particulièrement, le rôle des « comités de rédaction », qui travaillent en effet collectivement _ c’est important : il s’agit toujours d’un travail d’équipe ; et non de camarillas à la solde d’ambitions individuelles _ à l’élaboration d’une ligne éditoriale, en fonction de laquelle les articles sont sélectionnés ou non pour la publication. Les placer en position de faire le tri entre « bons » et « mauvais » chercheurs, c’est introduire, dans leur travail, d’autres considérations _ certes ! mortifères pour l’autorité de la recherche _ que celles qui président _ actuellement, pour l’essentiel _ à la ligne éditoriale de la revue. Or les membres d’un comité de rédaction ne sauraient être réduits à la fonction de froids _ lire Imre Kertész sur la logique de l’édition en régime totalitaire, in « Le Refus » : admirable !!! On peut lire aussi, du même, l’encore plus effrayant de réalisme « Liquidation » !!! _ administrateurs, fidèles _ l’adjectif est admirable ! _ aux critères de sélection _ on connait aussi ceux (« critères de sélection« ) d’Auschwitz : toujours de Kertész, lire, cette fois, « Etre sans destin« , à propos de l »instant décisif » (qui n’est pas celui de Henri Cartier-Bresson !.. _ dictés par la mode du moment _ on ne connaît que trop l’admirable constance et l’héroïque souci d' »autorité » et de « fondement » de telles pratiques !!! _ ou par une conception homogène et stagnante _ transie et cadavérisante ! _ des définitions de la scientificité. Une revue n’existe pas non plus sans le travail d’un comité de lecture _ ouvert et honnête, en ses exigences puissantes de « valeur » scientifique … _ dont l’avis consultatif ou le pouvoir décisionnel sont absolument cruciaux. Il revient en effet au comité de lecture de juger _ en toute liberté de l’esprit ; et, le plus possible, rien qu’elle !!! _ les articles répondant à l’appel à contributions lancé par une revue. Les choix de publication qu’effectue un tel comité n’ont rien de neutre _ chacun ses options, ses paris ; mais en toute honnêteté ! _, et il n’y a donc aucune raison pour qu’il en existe une forme unique _ officielle ! _ et supérieure _ ou totalitaire ! Là encore, se joue l’identité _ libre ! _ d’une revue.

La course à la publication, le risque de discriminations injustifiées _ sinon par de sordides intérêts carriéristes de quelques uns, cherchant à se faire un tout petit peu plus « malins » que les autres : le mot ne porte que trop bien le poids de son étymologie… _ et de renforcement des dissymétries, l’accumulation de critères de sélection mal ajustés aux situations spécifiques _ du « réel » en sa complexité : auxquels se confronte toute vraie honnête « recherche » _ : voilà ce que propose aujourd’hui le Ministère de la Recherche aux revues dont certaines sont pourtant mondialement réputées _ en effet : mais pour combien de temps ? si tels devenaient les nouveaux « handicaps » de la « compétition » ainsi organisée (ou truquée)… _ pour leurs qualités scientifiques et l’originalité _ essentielle ! _ de leur ligne éditoriale _ on sait ce que deviennent les « normalisations« … Voulons-nous d’une classification arbitraire des revues ? Voulons-nous que les revues soient instrumentalisées _ c’est de cela qu’il s’agit, avec cette machiavélisation tous azimuts galopante cf mon article du 11 novembre « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie » à propos de l’instrumentalisation de l’intimité, aussi, in « La privation de l’intime«  de Michaël Foessel…  _, pour ne plus devenir, en fin de compte, que les « chambres d’enregistrement » des ambitions individuelles des chercheurs ? Non, car cette logique compétitive et quantitative correspond mal _ le mot est faible ; et l’enjeu est capital !!! _ aux temporalités de la recherche en sciences humaines et sociales _ ainsi qu’ailleurs aussi ; en d’autres activités « à normaliser »… Faire du terrain, aller aux archives _ pour commencer _, formuler _ = créer en réfléchissant quasiment en permanence !.. _ de nouvelles hypothèses _ voilà le matériau « à créer » de base ! _, proposer _ aux pairs (en recherche) _ des interprétations, écrire _ oui ! _, et penser _ à tout moment du processus ! _, tout cela prend du temps ! A l’inverse, être condamné à publier à tout prix, n’importe où, n’importe quand, afin d’éviter la relégation _ normalisée (et totalitaire) _ dans la catégorie « mauvais chercheur », est tout simplement incompatible avec les exigences d’un travail de recherche honnête _ « honnête » : voilà le terme capital ; et ici, je me permets de renvoyer à l’essai décisif de Montaigne en ouverture de son dernier « livre » d’« Essais » : « De l’utile et de l’honnête » (livre III, chapitre premier) ; Montaigne, les « Essais » ; Machiavel, « Le Prince » : les classiques (ô combien critiques !) de la modernité.

Les mutations actuelles de l’Université font peser un grand nombre d’incertitudes sur l’avenir financier et matériel de la plupart des revues. Beaucoup d’entre elles étant liées à des institutions, des laboratoires, des centres de recherche, amenés à être restructurés si l’AERES et l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) en décident ainsi, elles risquent _ l’époque (des « réformes » et des « ruptures » affichées) est particulièrement dangereuse : que de « mises à mort » ! que de « casse » !.. _ clairement leur survie ! Il faudrait donc _ idéalement, d’abord _ mener une réflexion digne de ce nom _ avec un vrai débat : ouvert et « honnête » : mais c’est peut-être beaucoup demander là à certains de nos présents « élus » (munis, qu’ils sont, de l’onction de l’élection « démocratique » !)… _ sur les modes de subvention _ vitales _ des revues. D’autant que dans le contexte d’un tarissement évident des abonnements de bibliothèques et d’une baisse non moins évidente des ventes de « sciences humaines et sociales » en librairie, les revues se retrouvent confrontées aux questions de la numérisation et de l’édition électronique

En dépit de l’existence de portails comme Cairn et Revues.org pour la mise en ligne des revues « vivantes », ou Persée pour les anciens numéros de revues, la France accuse encore un certain retard dans le débat sur ces questions, faute de prise de conscience politique _ suffisante (et suffisamment opérante) _ sur le sujet. Et pour cause : le ministère de la Recherche nous dit que la revue va devenir le moyen central de l’évaluation des chercheurs, mais ne songe _ le terme est assez savoureux _ même pas à ce qu’est réellement une revue de sciences humaines et sociales ! Il en ignore farouchement _ dogme de la priorité commerciale « aidant »… _ les modes de fonctionnement, les usages, l’originalité éditoriale, les soutiens et modes de financement. Ceci, finalement, n’étonnera guère, puisque force est de constater que le gouvernement actuel veut engager à toute vitesse _ prendre de court toute velléité de résistance à la modernité de la part des corporatismes conservateurs, cela va de soi !.. ; c’est là le B-A BA des stratégies auxquelles forment les écoles commerciales _ la réforme de la recherche, sans même avoir pris le temps d’en connaître _ mais un ministère est-il un organe de « connaissance » ? ou d' »action » ?.. _ ni les acteurs ni les supports.


Nous exigeons que les revues ne soient pas transformées en instruments de contrôle des chercheurs, et appelons donc à une suppression des listes de revues AERES, dans le prolongement de la demande de moratoire du 9 février 2009 par les instances scientifiques du CNRS. Nous demandons que soient préservées la pluralité, la diversité et les spécificités des revues de recherche en sciences humaines et de sciences sociales.

Revues signataires : Actes de la recherche en sciences sociales, Annales du Midi, Champ Pénal, Clio. Histoire, Femmes et Sociétés, Communications, Etudes Roussillonnaises. Revue d’Histoire et d’Archéologie Méditerranéennes, Genèses. Sciences sociales et histoire, Gérer et comprendre, Hérodote, Interrogations, Journal des anthropologues, L’Homme, La Recherche en éducation. Revue électronique internationale francophone, Le Temps des médias, Politix, Revue d’histoire du XIXe siècle, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Revue du MAUSS, Revue Française de Socio-Economie, Ruralia, Tracés. Revue de Sciences Humaines, Travail, genre et société, Vingtième Siècle. Revue d’histoire.

Voilà

un problème éminemment concret et d’actualité toute pressante,

quand, aussi, tourne (un peu, semble-t-il…) le vent du « réalisme » _ outre Atlantique, d’abord : « Yes, we can« …

Intérêt (de l' »utile« ) versus vérité (de l' »honnête« ),

à l’aune de la curiosité (libre !) de la recherche.

Une tension de valeurs éminemment cruciale, chacun peut (et doit ! il y va du « destin » de la démocratie : rien moins !!!) en juger…


Je me suis référé en mon petit commentaire, outre Montaigne et Machiavel

(et Michaël Foessel : il faut aussi lire le très remarquable « La privation de l’intime » sur les dangers de l’impérialisme de l’instrumentalisation, rampant, « du plus quotidien » de nos vies !.. _ = l’intime : en danger de disparition, ou « pulvérisation » ! cf mon article du 11 novembre : « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie« …) ;

je me suis référé à l’œuvre _ si important ! _ d’Imre Kertész…

De lui, Imre Kertész, j’attends _ et « Dossier K.« , paru en français le 4 janvier 2008 ne m’a pas (encore) satisfait sur ce point : il est vrai que la traduction en français de ses oeuvres a toujours un peu de retard (par rapport à l’original, en hongrois, et à la traduction en allemand _ Imre Kertész résidant désormais surtout à Berlin…) ; un livre passionnant et nécessaire !!! _ ;

de lui, j’attends un avis d’expert : en menaces de liberté !!

cf et « Etre sans destin » et « Le Refus » ;

tout comme « Liquidation » et, admirable, « Le Drapeau anglais » _ recueil comportant le bouleversant parce que fondamental « Le Chercheur de traces » (qu’on trouve aussi, en cas d’indisponibilité du recueil, en édition séparée)…

j’attends un avis d’expert (de vérité libre !)

sur la cité démocratique capitaliste,

en ses derniers (récents et présents) « tournants », tout particulièrement…

Car le « réalisme » me paraît venir _ rien moins ! _ changer de sens…


Titus Curiosus, ce 13 mars 2009

Conversation _ de fond _ avec un philosophe : sans cesse (se) demander « Qu’est ce donc, vraiment, que l’homme ? » Pas un « moyen », mais un sujet ; un (se) construire _ avec d’autres _, pas un utiliser, jeter, détruire

18nov

Petites _ ou élémentaires, basiques (et vraies) _ conversations

avec un (vrai) philosophe,

Michaël Foessel,

l’auteur de « La Privation de l’intime_ mises en scène politiques des sentiments« , paru ce mois d’octobre aux Éditions du Seuil,

et de l’article « Néolibéralisme versus libéralisme ? » dans le numéro (11) de novembre de la Revue Esprit :”Dans la tourmente (1). Aux sources de la crise financière« .

A l’envoi de mon article (du 11 novembre) sur ce blog-ci, « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie« ,

Michaël Foessel a l’amabilité de me répondre, très sobrement, ceci :

De :   Michaël Foessel

Objet : re: Article sur « La Privation de l’intime »
Date : 14 novembre 2008 14:37:08 HNEC
À :   Titus Curiosus

« Merci beaucoup d’avoir rédigé cet article. Il est à la fois juste et original, mettant parfaitement en lumière les points saillants du livre.

Très cordialement
 »

Michaël Foessel

Je lui réponds alors _ moins sobrement _ ceci :

De :   Titus Curiosus

Objet : Article

Date : 14 novembre 2008 17:31:18 HNEC
À :   Michaël Foessel

« Je suis ravi que ma « proposition de lecture » de « La Privation de l’intime«  ne vous choque pas trop :
c’est un « essai » de lecture et de « compte-rendu » à la fois se voulant assez objectif,
et exprimant aussi un regard, un point de vue _ le mien _ sur votre travail…


Hier soir, au repas qui a suivi la conférence de Bernard Sève sur Montaigne,
pour la Société de philosophie de Bordeaux,
et que Céline Spector et moi-même avons « introduite », « présentée » à la librairie La Machine à Lire,
la conversation (en petit comité) fut très agréable et stimulante (la crise, Obama, le PS, etc…)…
Et nous avons aussi un peu parlé de votre travail…

Je me réjouis de l »actualité » particulière des questions que vous soulevez ;
même si ce sont des questions de fond et de longue haleine…


J’aimerais tant croire que le 4 novembre
« l’espoir vient de changer de camp depuis 30 ans« 
,
ainsi que commençait Laurent Joffrin son éditorial de Libé le 6 novembre…

Pour curiosité, si vous avez du temps _ je suis prolixe, hélas _,
voici l’article sur la conférence de Bernard Sève que j’ai « mitonné » de bon matin,
avant de partir pour 9h 30 à un colloque (sur « la Grande Guerre« ) à Agen, dont je suis de retour à l’instant…
« Jubilatoire conférence hier soir de Bernard Sève sur le tissage de l’écriture et de la pensée de Montaigne »
Titus Curiosus

Puis :

De :   Titus Curiosus

Objet : Penser le moment pour mieux fonder l’agir
Date : 15 novembre 2008 17:33:49 HNEC
À :   Michaël Foessel

Cher Michaël,

La librairie Mollat m’a prévenu immédiatement de leur réception du numéro de novembre d’Esprit.

Et je viens de lire vos 2 articles.
Je me permets d’y réagir immédiatement :

au fond, il me semble qu’une priorité pourrait être de faire le point sur les diverses anthropologies possibles
_ y compris, la prise en compte de l’hypothèse de sa radicale absurdité (dans un total artificialisme), d’une part _ il faudrait ici relire « L’Anti-nature » de Clément Rosset, toujours assez fin… ;

et y compris, d’autre part, envisager la position kantienne (et le caractère en partie subordonné de tout « état de fait » vis-à-vis des « impératifs » de l' »exigence rationnelle de droit »…

En tout cas,
réfléchir à une sorte de statut de l’anthropologie…

Nous ne sommes guère loin de la 4ème _ et LA fondamentale ! _ question kantienne : « Qu’est-ce que l’homme ?« 

En tout cas,

la connaissance « historique » des théories empiristes, ainsi que des théories du pragmatisme,

paraît bien utile
pour s’éclairer face,

sinon aux impasses (version pessimiste),

du moins aux (relatifs) changement de mains, de donnes, de jeu,
des divers pouvoirs (et forces) sur le terrain aujourd’hui : version plus optimiste, qui me séduit de prime abord…
Mais je n’y ai pas assez réfléchi.


Voilà quelques pistes que mes ignorances et mon questionnement, par rapport à ma propre culture (avec ses trous) philosophique, me permettent d’esquisser.
Vous semblez beaucoup plus avancé, ne serait-ce que par le terreau des échanges philosophiques que vous pouvez avoir à Paris (ou ailleurs, comme aux Etats-Unis, par exemple ; ou en Allemagne…)…

Merci pour votre grande clarté d’explication.

Comprendre notre présent, l’aménager autant que, à notre échelle, et au milieu d’autres, nous le pouvons,
me paraît une proposition d’action dynamisante…
Et c’est ce dont nous avons maintenant besoin.


Yes, we can ; en France et en Europe aussi…

Bien à vous,

Titus Curiosus

Sa réponse, magnifique de sobriété :

De :   Michaël Foessel

Objet : re: Penser le moment pour mieux fonder l’agir
Date : 17 novembre 2008 17:12:45 HNEC
À :   Titus Curiosus

« Vous avez raison, c’est bien le statut de l’anthropologie qui est en jeu, et la question de son rapport aux normes.

Ce que j’ai essayé de montrer dans l’article d’Esprit est qu’il faut s’abstenir autant que possible de toute anthropologie normative dès lors que l’on s’occupe de politique.

Une leçon qui est celle de Kant,

mais aussi finalement celle de Montaigne dont vous a parlé Bernard Sève pour qui j’ai beaucoup d’admiration.
J’espère que nous aurons l’occasion d’en parler à Bordeaux.

Très cordialement »
Michaël Foessel

Soit l’incessant tranquille et inquiet souci philosophique :


« en _ perpétuel _ éveil« , dirait Bernard Sève

après, et d’après, notre cher Montaigne, en son indispensable « Montaigne. Des règles pour l’esprit » ;

mais aussi la leçon cent fois remise sur le tapis (pédagogique de ses « Propos« )

d’Alain ;

ainsi que de la cohorte défilante, un par un, de tous les philosophes, au fond :

à quoi (nous) « appellent »-ils donc, ceux-ci, les philosophes authentiques,

sinon à « enfin penser »

« de frais »,

et « à nouveaux frais »

_ d’un esprit sans cesse à « r-éveiller » de sa torpeur,

si dangereusement assoupissante ?.. _ ;

« enfin penser » « de frais » le réel

en vérité ?!..


Soit,

je reprends mot à mot les termes mêmes de mon titre pour cet article-ci :

conversation de fond :

sans cesse se demander : « Qu’est-ce donc, vraiment, que l’homme ?« 

Pas rien qu’un moyen, qu’un objet,

pas seulement rien qu’un outil (dans les échanges de services) ;


et jamais, en tout cas, une marchandise

_ ni, a fortiori, de la « chair à canons » _ ;


mais toujours aussi un sujet,

avec un visage ;

un sujet à (se) construire, lui, avec toute l’amplitude d’une riche palette de rapports et liens

_ affectifs (ou « intimes ») _

avec d’autres sujets (et non pas « objets ») ;

en sa liberté, à « se forger » : même si elle n’est certes pas « de fer » !!! _ ;

en _ et par _ tout un art

(et pas une technique ! a fortiori mécanique !)

de ce (se) construire ;

à rebours d’un réducteur _ purement instrumental ! _ « utiliser » ;

et « jeter » et « détruire », comme un rebut et une ordure, après « usage » _ bien « propret » ! _ strictement utilitaire (de l’utilitarisme…)… 

Titus Curiosus, ce 18 novembre 2008

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