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Un tout premier regard, inaugural, sur « Un Soldat indien », troisième volet (aux Editions du Canoë) des essais de récits presque autobiographiques de René de Ceccatty ; au final de ma première lecture de cet opus…

24jan

Après l’admirable « Enfance _ dernier chapitre » _ aux Éditions Gallimard en 2017 ; cf mon article du 12 décembre 2017 : « « _,

puis le passionnant « Mes Années japonaises«  _ au Mercure de France en 2019 ; cf mon article du 22 avril 2019 : « «  _,

paraîtra le vendredi 4 février prochain, aux Éditions du Canoë, le troisième volet de ce que je me permets de qualifier d’ « essais de récits presque autobiographiques de René de Ceccatty« ,

intitulé « Le Soldat indien« ,

que très aimablement m’a adressé l’éditrice, Colette Lambrichs…

La cohérence du projet d’écriture

_ mais il faudrait remonter beaucoup plus haut que 2017 : dès les tous premiers livres publiés par René de Ceccaty, aux Éditions de La Différence (dont Colette Lambrichs a été la directrice depuis 1976) : l’encore expérimental « Personnes et personnages« , en 1979 ; et l’extraordinaire chef d’œuvre qu’est « Jardins et rues des capitales« , en 1980, tous deux très justement qualifiés de « récits«  (et au pluriel, les deux fois : ce n’est pas anodin) _

de René de Ceccatty est absolument patente,

ainsi que l’indique ce passage de l’Avant-Propos à ce « Soldat indien« , à la page 12,

concernant la forme à donner, par l’auteur, à sa volonté claire et forte de « résurrection d’une figure _ certes tout à fait _ mineure du passé » _ tant historique que familial, c’est aussi à relever _ telle que celle de son lointain ancêtre (Quingey, 15 février 1724 – Salins-les-Bains, 3 février 1784), Léopold Pavans de Ceccaty _ accompagné des figures non moins négligeables de son épouse Marie-Jeanne Lenoir (Pondichéry, 2 décembre 1741 – Salins-les-Bains, 1835), et leurs enfants survivants : Jeanne, Marie-Anne (nées, toutes les deux, en Inde, en 1759 et 1764) et Julie-Dorothée et Alexandre-Louis (nés, eux à Salins-les Bains, Jura, en 1773 et 1778) Pavans de Ceccatty _ :

« Cette figure, je n’ai pas voulu, comme on aurait été en droit de s’y attendre de la part d’un écrivain, lui donner une forme biographique, ni une forme romanesque. J’ai voulu l’aridité _ voilà ; mais pas si aride que cela ; que l’on se rassure ! tant est riche de mille nuances de sensibilité comme d’intelligence l’écriture si vivante, en sa sobriété (et culture éclairante), de l’auteur… _ d’un récit qui ne cache ni ses manques ni ses difficultés à faire renaître un homme obscur« , lit-on page 12.

Et l’auteur de préciser à la page suivante :

« Faute d’archives plus directes, je me suis reporté sur l’Histoire de la Compagnie des Indes _ le soldat Léopold a en effet séjourné quatorze ans en Inde, du 8 septembre 1757, quand il débarque à Pondichéry, jusqu’en 1771, quand « Léopold et sa famille retournent en France«  _ et celle de Pondichéry, sur celle des guerres _ en Europe comme aux Indes _, sur celle du procès de Lally-Tollendal, et sur différentes œuvres littéraires (de Voltaire, de William Thacckeray _ « Mémoires de Barry Lyndon« , en 1843 _, de Bernardin de Saint-Pierre _ »Voyage à l’Île de France, à l’île Bourbon et au cap de Bonne-Espérance« , en 1773  _, de Judith Gautier _ « La Conquête du Paradis« , en 1887 -1890 _, que je cite çà et là dans une bibliographie finale).« 

Et René de Ceccaty d’ajouter aussitôt :

« Comme cela m’est arrivé plusieurs fois dans d’autres livres, j’ai eu surtout recours à des œuvres picturales. Ici pour imaginer les derniers jours _ en France, et dans le Jura _ de Marie-Jeanne Lenoir, la veuve de Léopold, et de ses deux filles _ toutes les trois nées en Inde. Trois tableaux m’ont servi de fils conducteurs.

Une œuvre de Johann Zoffany, Colonel Blair with his Family and an Indian Ayah. Johann Zoffany est célèbre pour ses conversation pieces, tableaux de famille dans un intérieur _ cf déjà la présence de Johann Zoffany dans le très beau roman « L’Hôte invisible« , en 2007. IL a vécu en Inde à la même époque que mon ancêtre et a donc représenté un militaire qui était le double parfait de Léopold, avec sa femme, ses deux filles et la petite servante indienne.

La deuxième œuvre est celle de Nicolas-Bernard Lépicié, autre contemporain vivant dans le Jura, lui aussi auteur de conversation pieces _ cf le superbe film de Visconti, « Conversation piece« , en 1974 _, comme le Portrait de la famille Leroy.

Enfin, la troisième est de Gustave Courbet qui vivait dans la même région que Léopold. Il s’agit du Ruisseau du Puits Noir dans la Vallée de la Loue.

(…)

La rêverie finale _ fictive _ sur le tableau qu’auraient fait ensemble Nicolas-Bernard Lépicié et Johann Zoffany, et sur la mort de Marie-Jeanne, et plus tard d’Anjali, l’ayah ramenée des Indes, est la seule partie imaginaire _ voilà _  de ce livre, qui ne se veut pas romanesque _ surtout pas _, car son sujet, loin d’être l’incarnation _ réalisée _ d’un passé qui a laissé peu de traces, est au contraire l’effacement _ rendu, avec une sobre piété filiale, manifeste _ de figures vouées à l’échec et à l’oubli.

(…)

Je n’ai _ ainsi _ pas voulu romancer une histoire à partir de traces si rares, tant dans des papiers familiaux que dans des registres d’état-civil conservés aux Archives d’Outremer, à Aix-en-Provence. L’hôtel familial acquis par Léopold à Salins-les-Bains à son retour, a été transformé en gîte de luxe, l’Aristoloche, nom dérisoire qui dit _ ironiquement _ tout.

Ni éclat, ni silence, tel a été mon choix _ parfaitement assumé par le récit. Beaucoup de dates, beaucoup de noms, qui jalonnent cette promenade dans le passé et lui donnent une allure, sinon une garantie, d’objectivité.

Les êtres qui vivent dans mon imagination _ au fil de ces pages _ sont ceux dont je ne sais rien d’autre que ce que ces artistes m’ont permis _ en figurant de fidèles analogues _ de connaître _ en leur fugace et tremblante vérité. Anjâli est le seul nom inventé, les autres désignant des personnages de l’Histoire et de la mienne« .

Le reste de mon aperçu de lecture-relecture est donc à suivre…

Ce lundi 24 janvier 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La lumineuse expo « Roma » de Bernard Plossu à la Galerie L’Arrêt sur l’image de Nathalie Lamire-Fabre

23fév

Le 11 janvier dernier,

j’avais consacré un article

à la parution du superbe Roma 1979 – 2009,

qui venait de paraître aux Éditions Filigranes.

Un livre très riche.


Hier après-midi, à 17 h 30,

vernissage de l’exposition Roma,

à la galerie L’Arrêt sur l’Image, de Nathalie Lamire-Fabre, Cours du Médoc à Bordeaux,

avec la présence _ chaleureuse _ de l’ami Plossu.

Une assistance nombreuse,

composée de beaucoup de connaisseurs de la photographie

_ parfois venus de loin jusqu’à Bordeaux, pour cette occasion _,

et fervents admirateurs de l’œuvre-Plossu,

lui amenant à dédicacer de très nombreux ouvrages

précieusement thésaurisés par eux,

et certains depuis assez longtemps

_ par exemple l’important Plossu Rétrospective 1963 – 2005 de l’exposition de Strasbourg,

paru à l’automne 2006 aux Éditions des 2 Terres.

Un must !

Plossu est un fervent des déambulations dans Rome,

où il possède de très nombreux amis.

Et c’est aussi un grand lecteur de la littérature italienne

_ Rosetta Loy, Elisabetta Rasy, Andrea Camilleri, etc. _,

de même qu’un passionné du cinéma italien

Antonioni, Fellini, Visconti, Pasolini, Bertolucci, Risi, De Sica, etc.

Courrez-y !

Les photos sont admirables !!!

Ce dimanche 23 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Lampedusa sur Shakespeare, par Enrique Vila-Matas, dans « El Pais » : retourner (et souvent !) aux fondamentaux…

29juin

Un article important d’un notable écrivain contemporain _ Enrique Vila-Matas _ sur un « moderne » important du XXème siècle _ Giuseppe Tomasi di Lampedusa _ se penchant sur un génie toujours intensément nourricier en son « génie » même _ William Shakespeare

(cet essai, « Shakespeare« , est paru, en une traduction en français de Monique Bacelli, aux Éditions Allia en août 2000) :

une mise au point utile quant aux vertus inspirantes de la « vraie » littérature,

dans « El Pais« , encore une fois :

j’avais mis en réserve cet article du 20 juin dernier, en attendant d’avoir la tranquillité d’esprit d’y revenir m’y pencher un peu  _ et « dialoguer » aussi, peut-être, selon l’inspiration, avec lui, comme j’aime… ;

ce qui vient me titiller en tout cas ce lundi matin aux aurores : il est exactement 5h 35 ; je profite de la fraîcheur et de la qualité de silence encore de la nuit ; et de mon « envie » d’écrire…

Voici :

CRÍTICA: EL LIBRO DE LA SEMANA

« Shakespeare según Lampedusa« 

ENRIQUE VILA-MATAS 20/06/2009

El autor de « El Gatopardo«  _ Giuseppe Tomasi, duc de Palma, de Montechiaro, prince de Lampedusa : Palerme, 23 décembre 1896 – Rome, 23 juillet 1957 _ murió sin perder su ironía, ni la « desesperación amable » que había detectado en « La Tempestad«  _ shakespearienne : la première représentation documentée de « La Tempête » eut lieu le 1er novembre 1611, quand la troupe des « King’s Men » joua la pièce devant le roi Jacques Ier et sa cour au palais de Whitehall la nuit de Toussaint. En su ensayo sobre el escritor inglés, se disfruta _ lecteurs tant effectifs que potentiels que nous sommes _ tanto de su gran talento de lector como de su erudito humor.

Hay personas a las que la vida les está esperando sólo al final de la propia vida. Personas de existencias anodinas que, ya cerca de la hora mortal, ven cómo sus mundos empiezan a parecerse a esas novelas en las que no ocurre nada, salvo en las últimas páginas, cuando la acción se precipita vertiginosamente y se encadenan una serie de intensos y gratos sucesos, algunos de los cuales ni siquiera alcanzan ya a vivir los propios interesados, porque les llegan las cosas cuando por desgracia ya han muerto _ ce qui de fait advint pour la reconnaissance éditoriale de l’œuvre d’écrivain du prince de Lampedusa : juste posthume…


« Shakespeare« 

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Traducción de Romana Baena Bradaschia

Nortesur. Barcelona, 2009

112 páginas. 12 euros

Primeras páginas de ‘Shakespeare’, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

DOCUMENTO (PDF – 456,1Kb) – 18-06-2009

Príncipe siciliano de sólida cultura y particular lucidez _ ce sont des euphémismes _, Giuseppe Tomasi di Lampedusa _ inmenso lector que dejó una única y muy memorable _ certes ; et ravivée et prolongée, pour la dite « mémorabilité« , par le film (très justement !) « culte«  de Luchino Visconti, de même titre, en 1963 : le film fut aussi « Palme d’or«  au Festival de Cannes de 1963… (sur Visconti, vient d’être réédité, avec un chapitre de synthèse supplémentaire, « la part de l’ombre« , le très bel essai de Laurence Schifano : « Visconti : une vie exposée« ) ; fin de l’incise… _

que dejó una única y muy memorable novela, « El Gatopardo » (en français, « Le Guépard«  : la première traduction en français, sur le texte « établi«  par Giorgio Bassani, par Fanette Pézard, fut réalisée en 1959 ; la traduction nouvelle de Jean-Paul Manganaro, parue en mai 2007, reprenant, elle, le texte « établi« , dix ans après le travail de Giorgio Bassani, par Carlos Muscetta…) _ fue una de esas personas cuya vida de pronto se acelera e intensifica _ oui _ de forma extraña hacia el final de sus días. Agobiado en los últimos años por sus problemas físicos (bronquitis, dolores reumáticos, enfisema, obesidad), « emanaba literalmente una sensación de muerte » _ pas moins ! ô combien stimulante ! _ y su tragedia _ baroque, si je puis dire, en un des pays d’apothéose du maniérisme : la Sicile _ fue la coincidencia de su decadencia física con su breve e intenso periodo de creatividad artística, que coincidió con la escritura de « El Gatopardo » y con su urgente actividad ensayística _ aussi ! _, de entre la que destacan, entre muchas otras, las páginas en las que se ocupó de sus admiradísimos Stendhal _ « Stendhal » _ o Flaubert _ ou encore un « Byron« , toujours aux Éditions Allia pour les traductions en français… _ y las que dedicó a Shakespeare _ « Shakespeare« , donc… _ , autor al que parecía conocer _ comme aujourd’hui, par cœur, eux aussi, un Stéphane Hessel ou un Claude Lanzmann : restituant de leur souffle de longues pages de poésie « vénérée » ; nous avons pu en partager la tendresse en leurs si belles conférences dans les salons Mollat _ de memoria , como si fuera su mejor compañero de taberna inglesa _ samedi, lors d’une (magnifique) rencontre d’amis à Bazas (à propos du devenir de notre « Societas Magistrorum Vasatensium« …), la merveilleuse Maylis Coudroy de Lille _ qui suit maintenant on ne peut plus « activement«  des cours de latin et de grec à l’« Université du temps libre«  _ m’a confié avoir rencontré, par hasard, au cours de ses activités (désormais passées) de maire (d’Auros), un amateur de littérature (girondin : je n’en dirai pas davantage) d’un certain âge, ayant appris l’anglais rien que pour la (rare et formidable) joie de lire tout Shakespeare dans le texte ; ainsi, d’ailleurs, que le castillan, pour lire, de même façon, en son jus originel (= en son souffle) , Cervantès (ou, tout au moins, « Don Quichotte« ). C’était là un magnifique fruit de l’enseignement classique (et républicain) français, qui est peut-être en train de vivre ses derniers feux, face à l’acharné pseudo « réformisme moderniste«  utilitariste populiste de nos actuels gouvernants. Fin de l’incise…

Aquellas páginas sobre el enigmático genio de Shakespeare _ páginas en las que se disfruta tanto de su gran talento de lector como de su erudito humor _ se publican ahora entre nosotros, se publican como desgajadas de los dos volúmenes de « Letteratura inglese » que editara Mondadori en 1990 _ merci à l’éditeur désintéressé ! _, treinta años después de la desaparición de Lampedusa _ le 23 juillet 1957, donc. De hecho, toda la obra de este gran autor siciliano fue publicada cuando ya había muerto, de modo que no llegó a saber nada _ mais est-ce si grave ? même pour lui, en sa personne ? Est-ce vraiment pour la reconnaissance (de quelque public « actuel«  que ce soit) que se met à l’œuvre et « se donne« , « se livre«  à son élan, le « génie«  (les « travaillant« …) des auteurs ?.. _

de modo que no llegó a saber nada del reconocimiento póstumo que, gracias a la decisiva intervención de Giorgio Bassani _ autre génial italien, ferrarais lui (et grand ami de cet autre immense ferrarais qu’était Michelangelo Antonioni ) : Giorgio Bassani (né le 4 mars 1916 à Bologne et mort le 13 avril 2000 à Rome) est l’auteur des merveilleux « Jardin des Finzi-Contini » et « Lunettes d’or« … ; pour plus de commodité encore, se procurer l’intégralité de son œuvre ferrarais : « le roman de Ferrare« … ; ainsi que le DVD du sublimissime dernier film d’Antonioni, en 1995 : « Par-delà les nuages«  : à tomber de beauté , puisque (cf Kant !) la beauté est un sentiment !.. _,

tuvo _ sigue teniendo,

es un autor que crece fabulosamente con el tiempo (en effet !!! tel est le privilège des « plus grands » !..) _

su breve e intensa obra. Pocos días antes de irse de este mundo, aún le comunicaba a Gioacchino, su adorado sobrino _ su heredero intelectual y hoy habitante del palacio Butera de Palermo _, la decepción que le había provocado el nuevo rechazo editorial para « El Gatopardo«  : en aquella ocasión una negativa del famoso Elio Vittorini, que, anclado en el arroz amargo _ cf le titre, « Riso amaro« , du film marquant de Giuseppe De Santis, en 1949, avec Silvana Mangano _ del neorrealismo _ Elio Vittorini (né le 23 juillet 1908 à Syracuse et mort le 12 février 1966 à Milan) est l’auteur de « Conversation en Sicile« _, no supo ver _ hélas : la reconnaissance (d’un certain nombre ; voire de tous) tient, ainsi, souvent, de fait, à de telles méconnaissances ! de hasard ! de quelques uns, voire d’un seul… : en matière de « passage« , ou pas, d’un manuscrit au statut, via l’édition (et d’abord la décision d’engagement de l’éditeur !), de livre de papier, en tout cas ! _

no supo ver por ningún lado la grandeza de la novela _ une affaire de focalisation (ou de capacité de « verres de lunettes«  : de celle qui varie, considérablement, « entre microscope et télescope« , dit Proust, dans « Le Temps retrouvé« , me semble-t-il bien… La burocrática carta de rechazo que Vittorini le envío a Lampedusa incluía un chato análisis del libro. « Al menos la reseña está bien escrita« , comentó irónico el moribundo. Murió Lampedusa ignorando el gran cambio de dirección _ celle du « grand succès«  public _ que esperaba a su obra. Murió sin perder su capacidad de ironía, ni la lucidez y « desesperación amable » que él con tanto detalle conocía porque la había precisamente detectado _ tout lecteur lisant aussi, bien sûr, à partir de soi (et de soi se cultivant plus ou moins, au cours de son « expérience«  d’existant : et celle-là peut s’améliorer considérablement en sachant, l’« existant« , « prendre«  de l’âge…) _ en Shakespeare cuando, a través de Próspero, dice en « La tempestad » que su final equivale a desesperación :

« _ And my ending is despair.« 

Esta declaración de lucidez en el epílogo de « La tempestad« , Lampedusa la habría firmado sin rodeos. Porque el elegante clima _ voilà la civilisation : le style comme « climat élégant », en son cas, du moins… _ amablemente desesperado del siciliano al final de su vida recuerda al disgusto general que tenía Próspero con el mundo _ un des sommets de tout le théâtre !!! _ y es, además, parecido _ bien sûr ! _ al disgusto y lucidez terminal del príncipe de Salina, el héroe moral de « El Gatopardo » _ et qu’a su magnifiquement faire « interpréter«  à Burt Lancaster l’immense, lui aussi, élégantissime, Luchino Visconti... Se ha dicho que fue Lampedusa un poderoso poeta de la muerte que supo evocar la ausencia y el vacío _ voilà : et la fin d’une époque… y, por lo tanto, supo entender, al igual que los grandes escritores del siglo XX, la condición del hombre moderno _ un enjeu de fond dont les vilains soubresauts (cf ce que Nietzsche nous dit du « dernier homme« , en son « Prologue«  d’« Ainsi parlait Zarathoustra« , en 1883 : quelle acuité du regard ! à  Rapallo !) nous agitent encore… Pero eso es tan cierto como que esa ausencia y ese vacío posmoderno y el agnosticismo más puro y duro ya estaban en el Shakespeare de la última época _ oui : un autre grand tournant : « du monde clos à l’univers infini« , comme l’a qualifié Koyré en son livre… Después de todo, él siempre fue nuestro contemporáneo _ ici, on se rappellera le livre important (en 1965) de Jan Kott : « Shakespeare, notre contemporain« 

Para Lampedusa no había obra más asombrosamente actual como « Medida por medida«  _ « Mesure pour mesure«  _, donde la atmósfera le recordaba misteriosamente _ cf page 80 et suivantes de l’édition française de ce « Shakespeare«  _ a la Viena de « El tercer hombre« ,  la novela de Greene _ Graham, de son prénom : « Le Troisième homme«  « Ciudad espectral, hecha de prostíbulos, prisiones y desvanes donde lloran mujeres abandonadas« , dice Lampedusa _ page 82 _ de esa Viena avant la lettre que imaginara Shakespeare en los días de su mayor depresión psicológica. Lo que más le sorprende al príncipe de Lampedusa de esa obra tan extraña y tenebrosa _ que él sitúa al mismo nivel de sus otras piezas favoritas : « Enrique IV »  _ « Henri IV » _, « Hamlet« , « Otelo » _ « Othelo » _, « El rey Lear » _ « Le roi Lear » _, « Macbeth » y « Antonio y Cleopatra«   _ « Antoine et Cléopatre » _  _ es el estilo : ese desfile de personajes, la mayor parte de ellos despreciables, « expresándose todos con la más feliz de las elocuencias _ on admirera l’expression ! Monique Bacelli traduit, page 84 : « la plus délicieuse éloquence «  _ que jamás se haya oído de boca humana _ « qui ait jamais franchi les lèvres humaines«  Y todos parecen tener razón ».

Obra extraña en la que Shakespeare le confía a un desconocido carcelero _ « un geôlier anonyme« , page 85 _ uno de sus mejores versos : « insensible of mortality, and desperately mortal » _ à l’acte IV, scène 2, vers 145 de « Mesure pour mesure » : « cette splendeur verbale enveloppe comme un velours précieux le sarcophage où gît notre monde, mort« , poursuit baroquissimement Lampedusa… Obra siniestra en la que el autor está tan desalentado que todo le parece natural. « Ha tocado fondo« , concluye Lampedusa, lector de sutiles percepciones y de una sabiduría especial para comunicarlas. Sus eruditas y a veces alegres líneas sobre Shakespeare no cesan de comunicarnos que la lectura puede hacernos sentir dueños del tiempo _ en accédant à la (rare, cependant) dimension (spinozienne : en « L’Éthique« ) d’éternité ; quand il advient, on ne peut plus incidemment (!!! ce n’est pas sur commande ; ni ne peut, non plus, être instrumentalisé !..), que « nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels« …  _ y que ya sólo por eso la pasión de leer debería ser considerada como la más envidiable actividad _ c’en est une ; en un « acte esthétique« , comme en analyse si superbement bien le détail la grande Baldine Saint-Girons en son opus indispensable : « L’Acte esthétique« _ que hay a este lado del paraíso _ un « vrai » lecteur accédant à cette conscience là, on ne peut plus incongrue à la plupart des autres : ceux qui, paraît-il, n’ont vraisemblablement pas « besoin«  d’avoir lu (ni aimé, encore moins) « La Princesse de Clèves« , pour être à même d’accéder, en y postulant par concours, à un office administratif (subalterne, sans doute) : quel mépris !..

En « Shakespeare » hasta creemos por un momento descubrir que la lúcida desesperación final de Próspero parece haber ayudado al propio Lampedusa a construir el escenario anímico de sus horas finales en el mundo _ telle est la position de fond, ici, d’Enrique Vila-Matas. Hablo de esa representación de sereno agnosticismo de sus últimas horas en esta vida y de la construcción, también lúcidamente desesperada, de su gran metáfora artística, « El Gatopardo« . Porque esta novela parece edificada en las mismas ruinas del mundo moribundo _ oui _ que quiere reflejar, entendiendo por moribundo lo que su autor aplica también a Shakespeare cuando ve que en « La tempestad » expresa « el estado de ánimo del poeta más grande que jamás haya existido » y que « el mundo (así se denomina, entre la gente, nuestro temperamento y nuestro genio interior) llenó de amargura » _ certes : un goût un tantinet amer.

El mundo que acaba por llenarnos de amargura _ au bord, bientôt, de la mélancolie… Desde Shakespeare, ya siempre es igual _ Marcel Gauchet, après Max Weber, parle, pour désigner cela, de « désenchantement du monde«  : l’image peut-elle convenir à quiconque mieux qu’à ce Prospero, saisi, à la toute fin de « La Tempête« , à l’heure où il engloutit, en noyant son livre de « magie« , la panoplie de ses enchantements ?.. El mundo nunca se porta bien con nosotros y aun así le damos _ par (sublime) défi de « départ« , en lieu et place de ressentiment et rancune… _ nuestros mejores versos. Para el temperamento moderno y el genio interior de Lampedusa, esa amargura shakesperiana fue escupida con creces en « Troilo » _ « Troïlus et Cressida » _ y en « Medida por medida« , para poco después ser sublimada _ c’est bien le mot : sublimement surmontée, « dépassée«  _ en una hechizante pieza teatral última, « La tempestad » _ à toujours revenir, sinon regarder jouer, sur la scène d’un théâtre (par exemple l’Odéon, dans la mise en scène et avec les acteurs de Giorgio Strehler !..), au moins lire et relire, chez soi ; et de toute urgence !!! _, permitiendo que al final  _ como le sucediera también al príncipe de Salina al término de sus días _ no pueda hablarse ya de amargura, sino más bien de un recuerdo de la amargura _ la formule (page 123 de la traduction française) est sublime : avec le recul de l’élégance sereine du style _ y de un agotamiento que hace que ya únicamente quiera el poeta lo que han deseado al final tantos en este ingrato mundo : retirarse y olvidar _ un peu et peut-être : sur ce phénomène-là, telle une alternative presque heureuse : « apaisée« , à la si « mauvaise«  abdication (= cauchemardesque !) du roi Lear, on peut lire, il vient juste de paraître, le passionnant essai du toujours infiniment riche Jacques Le Brun (cf par exemple le très beau »Le Pur Amour de Platon à Lacan« , aux Éditions du Seuil, en 2002)  : « Le Pouvoir d’abdiquer _ essai sur la déchéance volontaire«  O, dicho de otro modo, replegarse sobre ellos mismos y oír las mismas campanadas de la medianoche que oía su querido Falstaff ; y « terminar de una vez por todas« .

Terminar es el verbo _ en un « adieu », aussi ; un « chant du cygne«  : c’est un (dernier) défi à la « perte«  et au « rien«  Como si al final lo que importara fuera escribir _ oui : sinon un testament, aussi ; du moins « testamentairement«  _  como un hombre en su último día de vida _ oui : à hauteur de l’éternité qui, en nous tançant, de son « espèce » (comportant la dimension exaltante de la hauteur), face à l’« espèce«  un peu plus coutumière, familière, quotidienne, du temps (et son indépassable, certes, mortalité), nous incite, âme et corps, à nous « relever«  A lo largo de su « Shakespeare« , Lampedusa parece que esté viendo siempre al gran poeta en su escena terminal _ Acte V, scène 1 _, recostado en su amable desesperació

_ je me permets de citer ici in extenso la sublime tirade de Prospero,

avec l’éloge de toute la puissance de l’« art«  rendant d’autant plus intense et sublime l’acte de la « renonciation«  :

« I’ll drowne my book !« 

« Ye elves of hills, brooks, standing lakes and groves,
And ye that on the sands with printless foot
Do chase the ebbing Neptune and do fly him
When he comes back; you demi-puppets that
By moonshine do the green sour ringlets make,
Whereof the ewe not bites, and you whose pastime
Is to make midnight mushrooms, that rejoice
To hear the solemn curfew; by whose aid,
Weak masters though ye be, I have bedimm’d
The noontide sun, call’d forth the mutinous winds,
And ‘twixt the green sea and the azured vault
Set roaring war: to the dread rattling thunder
Have I given fire and rifted Jove’s stout oak
With his own bolt; the strong-based promontory
Have I made shake and by the spurs pluck’d up
The pine and cedar: graves at my command
Have waked their sleepers, oped, and let ’em forth
By my so potent art.
But this rough magic
I here abjure, and, when I have required
Some heavenly music, which even now I do,
To work mine end upon their senses that
This airy charm is for, I’ll break my staff,
Bury it certain fathoms in the earth,
And deeper than did ever plummet sound
I’ll drown my book.
 » _

Puis, tout à la fin,

les divers comptes pendants ayant été, un à un, réglés,

l’épilogue,

Prospero seul en scène :

« Now my charms are all o’erthrown,

And what strength I have’s mine own,

Which is most faint : now, ’tis true,

I must be here confined by you,

Or sent to Naples. Let me not,

Since I have my dukedom got

And pardon’d the deceiver, dwell

In this bare island by your spell ;

But release me from my hands :

Gentle breath of yours my sails

Must fill, or else my projects fails,

Which was to please. Now I want

Spirits to enforce, art to enchant,

And my ending is despair,

Unless I be relieved by prayer,

Which pierces so that it assaults

Mercy itself and frees all faults.

As you from crimes would pardon’d be,

Let your indulgence set me free.« 

Por eso el clima de este libro parece hermano de sangre del « eterno pero no inmóvil sofocante atardecer » _ « un étouffant coucher de soleil, éternel mais jamais figé« , traduit Monique Bacelli _ que Lampedusa percibió en el « Quijote«  (ver su ensayo sobre « Stendhal » _ à la page 62 de la traduction française, aux Éditions Allia _) y también del clima sofocante en el que se sumergió el propio Lampedusa cuando supo que su final equivalía a desesperación y tener que escribir siempre como si fuera el último día.

Al final sólo una idea : apartarse del burdo mundo, irse. Y morir. Aun así, respiraba humor _ ou l’élégance fondamentale du style. Hasta cuando viajaba a Oxford o Liverpool, y veía por todas partes al simpático Enrique VIII, « el más inglés de los reyes« , y se lo encontraba por los rincones más insospechados de esas ciudades. Lo veía en el imponente carretero que se cruzaba en su camino y también en el cervecero que sacaba de su negocio a un borracho. Y en todos esos lugares reencontraba la cordial corpulencia, las patillas rojizas, la fría majestad del rey rollizo, después de todo simpático soberano y en realidad sombra de Falstaff _ en effet ! _, aquel otro gran genio que siempre estuvo muy atento, aun en medio de las más excepcionales algarabías, a las campanadas que podían recordarle con puntualidad la desesperación última :


« _ Hemos oído los carrillones de la medianoche, Master Shallow« .

www.enriquevilamatas.com

Un grand article

sur un grand auteur-lecteur

(ou lecteur-auteur : est-ce dissociable ? Non !)

sur un (autre) génie

(= « créateur » audacieux en même temps qu' »exemplaire« ,

selon l’analyse que fait Kant de ce concept de « génie » en sa « Critique de la faculté de juger« )

de la littérature.

Merci !


Titus Curiosus, ce 29 juin 2009


Post-scriptum :

On pourra se réjouir beaucoup

à ajointer

à cette lecture amoureuse de l’œuvre de Shakespeare par ce très grand lecteur-auteur qu’est Giuseppe Tomasi di Lampedusa,

cette autre lecture amoureuse de l’œuvre (opus par opus) de Shakespeare que laissa le très grand lecteur-traducteur, lui, qu’est Jean-Jacques Mayoux :

« Shakespeare« , paru en janvier 1992 aux Éditions Aubier ;

une merveille aussi…

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