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Continuation-poursuite-reprise de ma lecture suivie de tout l’oeuvre philosophique, opus après opus, de Pascal Chabot : lire maintenant « Après le progrès » et « Les sept stades de la philosophie » afin d’explorer la cohérence profonde de son projet de penser le réel…

03sept

Dans le cadre de mon projet de lecture et relecture, opus après opus, de tout l’œuvre philosophique publié de Pascal Chabot,

depuis son « La Philosophie de Simondon« , paru chez Vrin en juin 2003,

et cela dans la perspective de notre entretien à venir le mardi 22 novembre prochain, à la Station Ausone de la Librairie Mollat, à Bordeaux _ et dans le cadre de la saison 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux _ ;

entretien dans lequel je tâcherai, par mon questionnement _ et notre dialogue _, de comprendre de sa parole hic et nunc les tenants et les aboutissants de son entier parcours de penser philosophique,

je suis à même, ce jour, samedi 3 septembre 2022,

ayant reçu les deux ouvrages de lui que je ne m’étais pas encore procurés, et donc n’avais pas encore lus, et avais commandés il y a tout juste une semaine,

je veux dire « Après le progrès« , paru aux PUF en octobre 2008,

et « Les sept stades de la philosophie« , paru aux PUF en février 2011,

de reprendre cette lecture minutieuse de son travail, livre après livre ;

et cela à partir de mon intuition première d’une profonde cohérence et d’un approfondissement constant de son propre projet initial,

qu’il s’agit pour moi d’entendre le préciser et commenter alors…

Ce samedi 3 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un tout premier regard, inaugural, sur « Un Soldat indien », troisième volet (aux Editions du Canoë) des essais de récits presque autobiographiques de René de Ceccatty ; au final de ma première lecture de cet opus…

24jan

Après l’admirable « Enfance _ dernier chapitre » _ aux Éditions Gallimard en 2017 ; cf mon article du 12 décembre 2017 : « « _,

puis le passionnant « Mes Années japonaises«  _ au Mercure de France en 2019 ; cf mon article du 22 avril 2019 : « «  _,

paraîtra le vendredi 4 février prochain, aux Éditions du Canoë, le troisième volet de ce que je me permets de qualifier d’ « essais de récits presque autobiographiques de René de Ceccatty« ,

intitulé « Le Soldat indien« ,

que très aimablement m’a adressé l’éditrice, Colette Lambrichs…

La cohérence du projet d’écriture

_ mais il faudrait remonter beaucoup plus haut que 2017 : dès les tous premiers livres publiés par René de Ceccaty, aux Éditions de La Différence (dont Colette Lambrichs a été la directrice depuis 1976) : l’encore expérimental « Personnes et personnages« , en 1979 ; et l’extraordinaire chef d’œuvre qu’est « Jardins et rues des capitales« , en 1980, tous deux très justement qualifiés de « récits«  (et au pluriel, les deux fois : ce n’est pas anodin) _

de René de Ceccatty est absolument patente,

ainsi que l’indique ce passage de l’Avant-Propos à ce « Soldat indien« , à la page 12,

concernant la forme à donner, par l’auteur, à sa volonté claire et forte de « résurrection d’une figure _ certes tout à fait _ mineure du passé » _ tant historique que familial, c’est aussi à relever _ telle que celle de son lointain ancêtre (Quingey, 15 février 1724 – Salins-les-Bains, 3 février 1784), Léopold Pavans de Ceccaty _ accompagné des figures non moins négligeables de son épouse Marie-Jeanne Lenoir (Pondichéry, 2 décembre 1741 – Salins-les-Bains, 1835), et leurs enfants survivants : Jeanne, Marie-Anne (nées, toutes les deux, en Inde, en 1759 et 1764) et Julie-Dorothée et Alexandre-Louis (nés, eux à Salins-les Bains, Jura, en 1773 et 1778) Pavans de Ceccatty _ :

« Cette figure, je n’ai pas voulu, comme on aurait été en droit de s’y attendre de la part d’un écrivain, lui donner une forme biographique, ni une forme romanesque. J’ai voulu l’aridité _ voilà ; mais pas si aride que cela ; que l’on se rassure ! tant est riche de mille nuances de sensibilité comme d’intelligence l’écriture si vivante, en sa sobriété (et culture éclairante), de l’auteur… _ d’un récit qui ne cache ni ses manques ni ses difficultés à faire renaître un homme obscur« , lit-on page 12.

Et l’auteur de préciser à la page suivante :

« Faute d’archives plus directes, je me suis reporté sur l’Histoire de la Compagnie des Indes _ le soldat Léopold a en effet séjourné quatorze ans en Inde, du 8 septembre 1757, quand il débarque à Pondichéry, jusqu’en 1771, quand « Léopold et sa famille retournent en France«  _ et celle de Pondichéry, sur celle des guerres _ en Europe comme aux Indes _, sur celle du procès de Lally-Tollendal, et sur différentes œuvres littéraires (de Voltaire, de William Thacckeray _ « Mémoires de Barry Lyndon« , en 1843 _, de Bernardin de Saint-Pierre _ »Voyage à l’Île de France, à l’île Bourbon et au cap de Bonne-Espérance« , en 1773  _, de Judith Gautier _ « La Conquête du Paradis« , en 1887 -1890 _, que je cite çà et là dans une bibliographie finale).« 

Et René de Ceccaty d’ajouter aussitôt :

« Comme cela m’est arrivé plusieurs fois dans d’autres livres, j’ai eu surtout recours à des œuvres picturales. Ici pour imaginer les derniers jours _ en France, et dans le Jura _ de Marie-Jeanne Lenoir, la veuve de Léopold, et de ses deux filles _ toutes les trois nées en Inde. Trois tableaux m’ont servi de fils conducteurs.

Une œuvre de Johann Zoffany, Colonel Blair with his Family and an Indian Ayah. Johann Zoffany est célèbre pour ses conversation pieces, tableaux de famille dans un intérieur _ cf déjà la présence de Johann Zoffany dans le très beau roman « L’Hôte invisible« , en 2007. IL a vécu en Inde à la même époque que mon ancêtre et a donc représenté un militaire qui était le double parfait de Léopold, avec sa femme, ses deux filles et la petite servante indienne.

La deuxième œuvre est celle de Nicolas-Bernard Lépicié, autre contemporain vivant dans le Jura, lui aussi auteur de conversation pieces _ cf le superbe film de Visconti, « Conversation piece« , en 1974 _, comme le Portrait de la famille Leroy.

Enfin, la troisième est de Gustave Courbet qui vivait dans la même région que Léopold. Il s’agit du Ruisseau du Puits Noir dans la Vallée de la Loue.

(…)

La rêverie finale _ fictive _ sur le tableau qu’auraient fait ensemble Nicolas-Bernard Lépicié et Johann Zoffany, et sur la mort de Marie-Jeanne, et plus tard d’Anjali, l’ayah ramenée des Indes, est la seule partie imaginaire _ voilà _  de ce livre, qui ne se veut pas romanesque _ surtout pas _, car son sujet, loin d’être l’incarnation _ réalisée _ d’un passé qui a laissé peu de traces, est au contraire l’effacement _ rendu, avec une sobre piété filiale, manifeste _ de figures vouées à l’échec et à l’oubli.

(…)

Je n’ai _ ainsi _ pas voulu romancer une histoire à partir de traces si rares, tant dans des papiers familiaux que dans des registres d’état-civil conservés aux Archives d’Outremer, à Aix-en-Provence. L’hôtel familial acquis par Léopold à Salins-les-Bains à son retour, a été transformé en gîte de luxe, l’Aristoloche, nom dérisoire qui dit _ ironiquement _ tout.

Ni éclat, ni silence, tel a été mon choix _ parfaitement assumé par le récit. Beaucoup de dates, beaucoup de noms, qui jalonnent cette promenade dans le passé et lui donnent une allure, sinon une garantie, d’objectivité.

Les êtres qui vivent dans mon imagination _ au fil de ces pages _ sont ceux dont je ne sais rien d’autre que ce que ces artistes m’ont permis _ en figurant de fidèles analogues _ de connaître _ en leur fugace et tremblante vérité. Anjâli est le seul nom inventé, les autres désignant des personnages de l’Histoire et de la mienne« .

Le reste de mon aperçu de lecture-relecture est donc à suivre…

Ce lundi 24 janvier 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dates de naissance et de décès de la « chère Tante Gachuch » de Maurice Ravel

21sept

Pour faire un point sur mes nouvelles découvertes aux archives d’état-civil de Ciboure et Saint-Jean-de Luz vendredi 20 septembre,

ceci,

soit un courriel adressé à Manuel Cornejo :

mon séjour hier à Saint-Jean-de Luz et Ciboure m’a permis de passer _ avec profit ! _ un peu de temps aux archives municipales de ces deux cités _ procéder à partir des données documentaires (même sérieuses) du web comporte des limites : elles demeurent lacunaires. Et la recherche est infinie.
Voici pour commencer _ d’autres documents bien intéressants aussi suivront ! _ de quoi rectifier les erreurs (de paresse de recherche) d’un bon auteur,
à propos de Gachucha Billac, la « chère grand-tante » maternelle de Maurice Ravel
(demi-sœur de sa grand-mère Sabine Delouart, née elle aussi à Ciboure, le 11 mars 1809 _ de Marie Delouart et d’un père inconnu _),
cet acte de décès (n° 76) d' »Engrâce Billac, décédée le 17 décembre, rue Gambetta, 41, (83 ans), célibataire« ,
en date du 17 juin 1902, à onze heures du matin :
L’an 1902, et le dix-sept décembre à onze heures du matin,
Par devant nous Dominique Larrea, maire, Officier de l’État Civil de la ville de Saint-Jean-de-Luz, département des Basses-Pyrénées, sont comparus en notre Mairie, Charles Gaudin, capitaine au long cours, âgé de vingt-sept ans, et Pierre Gaudin, employé, âgé de vingt-quatre ans, domiciliés en cette ville, voisins _ sic _ de la défunte,
lesquels nous ont déclaré que ce jour, à quatre heures du matin, Engrâce Billac, domestique, célibataire, âgée de quatre-vingt-trois ans, née à Ciboure _ le 15 mai 1824 _, domiciliée en cette ville, fille de feu Jacques Billac _ âgé de 52 ans à la naissance d’Engrâce, marin _ et de feue Marie Delouart, son épouse _ 35 ans, à la naissance d’Engrâce, poissarde _,
est décédée à la rue Gambetta, numéro quarante et un,
ainsi que nous nous en sommes assuré, et ont les déclarants
signé avec nous le présent Acte de Décès après qu’il leur en a été fait lecture.
Ont donc déclaré à la mairie de Saint-Jean-de-Luz le décès de Gachucha Billac
Charles Gaudin, capitaine au long cours, âgé de 27 ans _ né le 19 novembre 1875, à Saint-Jean-de-Luz, 41 Grand’Rue n° 41 _,
et Pierre Gaudin, employé, âgé de 24 ans _ né le 7 février 1878, à Saint-Jean-de-Luz, 41 Grand’Rue n° 41 _
« voisins de la défunte » _ et beaucoup plus que cela : Engrâce-Gachucha avait pris la place la plus active à leur éducation quotidienne. Ils tenaient donc beaucoup, beaucoup à elle…
Suivront deux photos _ de simple confirmation des faits déjà reconnus ; cf mon article du 15 juillet dernier : _ de l’acte de naissance (à Ciboure, le 15 mai 1824) de Gracieuse Billac.
C’est la confusion _ d’où a-t-elle bien pu surgir ? Qu’est ce qui a donc pu la susciter ?.. _ par ce bon auteur de cette « Tante Gachuch » Billac avec la « Tante Bibi » des Bibal
qui a entraîné vos affectations à Gachoucha Billac, aux pages 764, 1250 et 1646 de votre magnifique Correspondance,
de ce qui revenait en réalité à Bernardine Bibal (née à Saint-Jean-de-Luz le 22 août 1855 ; je n’ai _ hélas _ pas pensé à rechercher aux archives municipales de Saint-Jean le document établissant la date de son décès ! _ ce que j’ai fait un mois plus tard, le 25 octobre suivant : Bernadine Bibal, célibataire, est décédée à Saint-Jean-de-Luz en son domicile, 5 Place Maréchal Foch, le 28 février 1943, à l’âge de 86 ans _)…
Un simple calcul d’âge, et, d’abord, une vérification des dates de naissance et de décès de ces deux personnes, Gracieuse Billac et Bernardine Bibal,
auraient permis d’éviter cette ridicule confusion _ que j’ai déjà relevée ; mais maintenant je dispose de la date effective (et significative de tout ce qui nous manque en fait de documents de la présence de Maurice Ravel à Saint-Jean-de-Luz et Ciboure avant 1901) du décès de Gachucha, le 17 décembre 1902 _ ; développée hélas dans le livre de cet auteur un peu trop négligent sur ses sources (et leur vérification)…

Compiler ne dispense pas de chercher aussi vraiment un peu et de penser à vérifier…
Ce serait plus sérieux pour un travail aspirant à faire référence scientifique !
Précisions en forme de commentaire :
La première de ces 2 mentions par Maurice Ravel de Gachucha Billac, en une lettre à Jane Gaudin, en date du 16 octobre 1902 _ page 82 _,

date de 2 mois et 1 jour avant le décès de Gracieuse Billac, le 17 décembre 1902.
Jusqu’ici, nulle mention de ce décès _ et de ce qu’a pu en ressentir Maurice Ravel : mais tant de lettres ont disparu ! ou nous échappent !.. _ n’a été retrouvée dans la Correspondance conservée de Maurice Ravel
_ Madame Lenoir m’a répété hier qu’en un accès de rage une personne de sa parenté a (ou aurait) détruit (est-ce possible ???) toutes les lettres de Ravel que cette personne, qui en avait la détention après héritage) avait conservées en sa possession… Quelle terrible (et si absurde !) perte pour la connaissance !

La seconde _ et dernière _ de ces deux mentions du nom de Gachucha Billac dans la Correspondance conservée et connue de Maurice Ravel 
est très postérieure à ce décès _ du 17 décembre 1902 _, puisqu’elle se trouve dans une lettre adressée à Marie Gaudin, en date du 20 septembre 1916 _ pages 537-538 _ :
son occasion est une dysenterie survenue à Saint-Dizier provoquée par des melons,
ces melons qu’affectionnait tout particulièrement la chère tante Gachucha : « J’ai voulu réaliser le vœu de ma pauvre tante Gachucha, qui souhaitait mourir d’une indigestion de melon. Je m’en suis fourré pendant trois jours avec accompagnement de tomates crues, le tout additionné d’eau contaminée. Me voici depuis 5 jours couché dans ma chambre, avec la perspective d’être transporté à l’hôpital « …
Maurice s’est alors souvenu avec émotion de sa grand-tante et de son goût immodéré des melons…
Les élucubrations d’E. sur les « 64 ans » (« Gachoucha resta ensuite au service de ce couple Gaudin pendant soixante-quatre ans« , lit-on page 30 du livre d’E.) _ d’où peut donc sortir un tel nombre ? La référence n’en est bien sûr pas donnée…que Gachucha aurait passés au service des Gaudin (Annette Bibal _ née le 28 avril 1845, Grand’Rue n°21 à Saint-Jean-de -Luz  _ et Edmond Gaudin _ né le 17 novembre 1844, Rue Neuve n° 38, à Saint-Jean-de-Luz _ se sont mariés le 27 janvier 1875
_ et si avant ce mariage Bibal-Gaudin de 1875, cela avait été au service des parents d’Annette Bibal (soit Pierre Bibal, né le 5 septembre 1806, rue Saint-Jacques n° 24, à Saint-Jean-de-Luz ; et Victoire Dupous, née le 9 juin 1822, rue Saint-Jean, n°4, à Saint-Jean-de-Luz) qui s’étaient mariés, eux, le 26 avril 1843), et pas des Gaudin… que Gachucha Billac aurait pu être domestique, à Saint-Jean-de-Luz _)
manquent du plus élémentaire bon sens : 1875 + 64 = 1939 ! _ et 1843 + 64 = 1907 ; ce n’est toujours pas cohérent…
Gachucha Billac, née à Ciboure le 15 mai 1824, aurait atteint en 1939 l’âge beaucoup plus que canonique de 115 ans…
Alors que Bernardine Bibal, née à Saint-Jean-de-Luz le 22 août 1855, était de 31 ans plus jeune que Gachucha Billac
_ pour rappel, cf mon article du 1er juin dernier :  ; et celui du 12 juillet : … C’est pas à pas que l’enquête progresse.
Enfin, si l’on retranche 64 ans (de situation de domestique) des 83 ans de vie de Gachucha Billac (1902 – 64 = 1838),
il se trouve que le résultat de 1838
implique que la cibourienne Gachucha Billac aurait été domestique dès l’âge de 14 ans, en 1838,
des luziens Gaudin-Bibal (mariés à Saint-Jean-de-Luz le 27 janvier 1875) ;
ou plutôt des luziens Bibal-Dupous (mariés le 26 avril 1843) ;
et même, plus en amont encore, des luziens Dupous-Benoît _ les parents de Victoire Dupous (9 juin 1822 – 16 juin 1903), soient Baptiste Dupous (Béhobie, 26 juin 1800 – Saint-Jean-de-Luz, Grand’Rue n° 41, 11 avril 1865) et Françoise Benoît (Saint-Jean-de-Luz, 2 octobre 1786 – Saint-Jean-de-Luz, Grand’Rue n° 20, 13 septembre 1855) _, qui se sont mariés, eux, le 17 septembre 1821, à Saint-Jean-de-Luz !
La recherche, comme la publication, exigent un peu plus de sérieux !
Suivront maintenant d’autres précisions documentées : sur les Hiriart…
Ce samedi 21 septembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

La cohérence du blog : Jocelyn Benoist, Martine de Gaudemar et le statut de réalité des personnages de fiction (ou pas)

04fév

Ecoutant jeudi dernier 1er février, au Studio Ausone, Jocelyn Benoist

présenter en une superbe passionnante conférence de nouvelles réflexions-analyses à partir de son plus récent ouvrage, L’Adresse du réel

(qui vient de paraître aux Éditions Vrin, et dans l’horizon _ et critique ! _ des thèses de son collègue Markus Gabriel : cf de celui-ci Pourquoi le monde n’existe pas !),

_ de ce L’Adresse du réel, voici le texte de la Quatr!ème de couverture : « Le début du XXIe siècle a été marqué par le retour du réalisme en philosophie. Sous ce nom, on trouve cependant des doctrines et attitudes variées. Ce livre en propose une évaluation critique et développe une interrogation sur la signification de cette exigence réaliste. Il défend l’idée que, s’il faut maintenir la fonction critique, donc de départage, de la notion de « réalité », son sens n’implique pas qu’on doive ou puisse lui attribuer une adresse fixe, mais au contraire l’exclut. Il faut faire droit au caractère intrinsèquement contextuel du réel. Il faut également lui reconnaître une irréductible pluralité de dimensions, qui fait des expériences esthétique – requalifiée comme poétique – ou morale aussi bien qu’épistémique autant d’épreuves essentielles du réel.«  _,

me vient assez vite à l’esprit le beau livre que Martine de Gaudemar_ que nous avions reçue, toujours pour notre Société de Philosophie de Bordeaux, dans les salons Albert-Mollat le 11 décembre 2012 _, avait consacré à La Voix des personnages (le livre était paru aux Éditions du Cerf le 11 mai 2011).

Me souvenant très clairement que j’avais consacré un article _ voici un lien à celui-ci : Le chantier de liberté par l’écoute du sensible, de Martine de Gaudemar en son justissime « La Voix des personnages » _ à cet ouvrage qui m’avait captivé,

je recherche cet article mien dans l’archivage bien commode de mon blog En cherchant bien _ sur le site de la librairie Mollat _,

et le trouve instantanément, à la date du 25 septembre 2011.

Mais surtout je découvre que l’ouverture de cet article mentionne, et à un double titre, le nom de Jocelyn Benoist ! :

« Sur le conseil de l’amie Fabienne Brugère,

je viens de lire _ avec enthousiasme ! _ les 451 pages de l’excellent (dynamisant !) La Voix des personnages de Martine de Gaudemar, paru en mai dernier _ 2011 _ aux Éditions du Cerf,

dans la collection dirigée par Jocelyn Benoist ;

lequel _ d’autre part _ viendra ouvrir la saison 2011-2012 de notre Société de Philosophie de Bordeaux (ce sera le mardi 11 octobre _ 2011 _, à 18 h 00, dans les salons Albert-Mollat, rue Vital-Carles), sur le sujet « Voir, vu, visible«  ;

de Jocelyn Benoist, les derniers travaux parus _ du moins à cette date (de l’article) du 25 septembre 2011 _, aux Éditions du Cerf,

sont,

outre le tout dernier Éléments de philosophie réaliste, paru, lui, le 1-6-2011 aux Éditions Vrin,

Concepts _ Introduction à l’analyse (paru le 28-7-2010), et Sens et sensibilité _ L’Intentionalité en contexte (paru le 12-9-2009)« …

Et en cherchant un peu encore parmi les archives des articles de mon blog En cherchant bien,

je découvre encore,

au sein cette fois de mon article Créer versus s’adapter : l’urgence du comment contrer la logique mortifère du totalitarisme des normes d’existence, selon Roland Gori dans son si juste « La Fabrique des imposteurs » du 25 janvier 2013,

cette incise-ci (à propos des _ décisifs et complexes _ processus de subjectivation des individus humains) :

« Quand je parle _ et c’est ici Roland Gori qui s’exprime _ dans les chapitres précédents de « fabrique des subjectivités », je me réfère essentiellement aux travaux de Foucault qui considère le sujet et l’individu comme un produit des techniques de subjectivation

_ cf aussi (et là c’est moi qui commente), sur les processus de « subjectivation« , le travail passionnant de Martine de Gaudemar, dans son très riche La Voix des personnages cf aussi le podcast de la présentation par elle de ce livre à la librairie Mollat, le 11 décembre dernier (c’est-à-dire le 11-12-2012)ainsi que mon article du 25 septembre 2011 : Le chantier de liberté par l’écoute du sensible, de Martine de Gaudemar en son justissime « La Voix des personnages »… ; mais Martine de Gaudemar envisage elle aussi, comme Roland Gori (et comme Donald Winnicott), le processus de subjectivation (de la personne infiniment en gestation), comme un « jeu » qui doit résolument être ouvert à l’accomplissement en partie aléatoire des personnes ; comme un« jeu » « artiste« … ; à contre-pied d’une quelconque « bovarysation« , dans les rapports du sujet aux « personnages«  (les fictifs comme les réels, mais ces derniers eux aussi toujours en partie fantasmés…) que celui-ci, le sujet, est amené à plus ou moins volontairement, mais d’abord pulsionnellement, forcément, fréquenter… _,

autrement dit des modes de civilisation et de pouvoir qui le font apparaître _ lui, le sujet et l’individu _ autant qu’ils le soumettent« …

Et j’apprends par là-même aussi la date de la réception chez Mollat, et pour notre Société de Philosophie de Bordeaux, de Martine de Gaudemar pour ce beau livre : ce fut le 11 décembre 2012…

Bref, tout cela paraît très cohérent ! Le blog conservant les traces de ce qui fut un jour noté…

Et, au-delà de la question du statut de réalité des personnages clairement de fiction,

le sujet humain comporte, en puissance au moins, une essentielle ouverture-plasticité existentielle empruntant à l’ordre du fantasmatique et du fictionnel…

Ce dimanche, 4 février 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

travail philosophique et exploitation des philosophèmes : la probité intensive de Thomas Bénatouïl dans sa conférence sur les usages modernes et contemporains du « stoïcisme »

11nov

C’est un Thomas Bénatouïl vif, inspiré, très précis et on ne peut mieux passionnant, avec une probité magnifiquement « intensive« , qui a fait le « point«  hier soir, en sa conférence « Peut-on encore être stoïcien ? A propos de la philosophie comme pratique«  _ et à partir de la publication récente de son « Les Stoïciens III _ Musonius, Épictète, Marc-Aurèle«  _ dans les salons Albert-Mollat, sur l’éventail des usages (et mésusages) des philosophies du passé, en général _ et de « philosophèmes » issus du stoïcisme impérial, en particulier… _ qui sont faits aujourd’hui ; et cela non pas en historien des idées (fut-ce en « historien du présent« …), ni en sociologue, voire médiologue, mais bien en philosophe et historien de la philosophie : en acte.


On sent bien, qu’ayant pas mal réfléchi _ c’est, bien sûr, un euphémisme… _ tout particulièrement à ce qu’est la « pratique » (ainsi qu’à son statut même eu égard à ses fondement théoriques _ ou ontologiques ; au delà même de la partie « physique«  de cette philosophie et de sa tradition héritée)… _ dans une philosophie telle que le stoïcisme, et dans les œuvres transmises jusqu’à nous de trois philosophes, Musonius, Épictète, Marc-Aurèle, que nous classons dans la catégorie rassembleuse du « stoïcisme impérial » ou « stoïcisme tardif«  _ cf aussi son travail développé : « Faire usage : la pratique du stoïcisme«  _, Thomas Bénatouïl s’inquiète, en philosophe et en historien de la philosophie, donc, des usages que d’autres que lui font, ou ont fait, de ce statut de la « pratique » en une telle philosophie (stoïcienne), ou dans la parole ou l’écriture de tels philosophes (stoïciens) ; et de dangers d’abus, en pareille occurrence, ou de syncrétisme, ou d’éclectisme…

Tel m’a semblé en effet être l’enjeu peut-être principal de son intervention hier soir ; et selon un souci le plus éminent de la probité du penser…


Un premier volet de sa réflexion porte sur son rapport (de philosophe sans cesse en recherche _ il y a ainsi grand plaisir à l’écouter « reprendre«  et affiner magnifiquement à plusieurs reprises son propre cheminement de chercheur _) à l’œuvre incontestablement marquante, ces trente dernières années _ « Exercices spirituels et philosophie antique » (en 2002) et surtout « Qu’est-ce que la philosophie antique ? » (en 1995) dont cite à plusieurs reprises certains passages très précis Thomas Bénatouïl _ d’un Pierre Hadot :

ce qui l’amène à s’interroger sur le statut du concept même d' »exercice spirituel » que manie Pierre Hadot

_ concept emprunté à des auteurs d’un (ou deux) siècle(s) qui reli(sen)t pas mal ces Stoïciens-là : je veux dire un François de Sales (1567-1622 : auteur de l’« Introduction à la vie dévote« , des « Entretiens spirituels« ), que cite Thomas Bénatouïl ; ou un Ignace de Loyola (1491-1556 : auteur des « Exercices spirituels« , dont la première publication eut lieu, à Rome, en 1548)… _ ;

ainsi qu’aux conditions de ses usages eu égard aux fondements proprement ontologiques des théories envisagées : un point incontournable du « stoïcisme » !


Mais en s’inquiétant d’amalgames éclectiques ou syncrétiques en contradiction (violente ! alors…) avec les thèses que soutiennent les philosophes stoïciens en cause _ textes ainsi un peu trop « délicatement«  « sollicités«  précieusement cités à l’appui.

Un second volet de sa réflexion porte sur l’œuvre (assez virtuose) d’un Michel Onfray _ notamment dans sa « Contre-histoire de la philosophie _ les sagesses antiques« 


Et un troisième sur la « mode » présente et ne cessant de s »amplifier«  (régulièrement relayée par les « marronniers » des medias) de « conseils pratiques«  _ cf, ainsi, peut-être, jusqu’à l’actuelle « vogue«  (internationale) du « care«  (mais tel n’est pas l’avis de Thomas Bénatouïl)… _ de ce qui se propose comme « sagesse » (du « vivre« ) à l’égard de tout un chacun, constituant un marché de l’édition en direction d’un lectorat assez « en appétit«  _ quand s’effritent, sinon s’effondreraient, les chiffres de vente du secteur des sciences humaines de certaines librairies ; pas la librairie Mollat, toutefois…

Les usages d’emprunts (« pratiques« ) au stoïcisme impérial semblent cependant mieux autorisés _ bien davantage en respect de leurs fondements théoriques ! _, selon Thomas Bénatouïl, chez certains philosophes mieux reconnus : non seulement dans les cas, relativement bien identifiés, analysés et commentés ici, d’un Montaigne _ en ses « Essais » _ ou d’un Descartes _ en son « Discours de la méthode » _, mais encore dans celui plus discret, sinon « secret« , d’un Shaftesbury _ l’auteur de la « Lettre sur l’enthousiasme« , en des pensées gardées soigneusement impubliées, non « affichées », invisibles, secrètes : les « Exercices« , traduits par Laurent Jaffro (aux Éditions Aubier, en 1993) _ ; ou d’un Nietzsche _ en ses « Considérations intempestives«  (II, 5)…

Thomas Bénatouïl aurait pu aussi analyser l’usage que fait Michel Foucault de certaines philosophèmes issus du stoïcisme : mais ce sera pour une autre fois _ promet-il à la fin…

Chez ces divers philosophes-là, cependant, il estime que les usages faits _ ou encore la considération proposée et pleinement assumée de leur « pratique«  _ de certains de ces principes (ou, aussi, « philosophèmes« ) stoïciens, ne sont, ces fois bien spécifiées-là, ni de l’ordre du syncrétisme, ni de celui de l’éclectisme, ni non plus de celui de l’amalgame ; mais qu’ils demeurent fidèles à la lettre et à l’esprit (de la pratique et de la théorie, tout uniment !) de tout le stoïcisme…

Ce qui n’a pas été sans évoquer en moi certaines pratiques chinoises (de discrétion et silence _ y compris d’écriture _, telles celles d’un Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi) _ qu’ont pu étudier un François Jullien (cf, par exemple : « Chemin faisant, connaître la Chine, relancer la philosophie« ) ou un Jean-François Billeter (« Etudes sur Tchouang-Tseu« )…


Titus Curiosus, ce 11 novembre 2009

Post-scriptum :

Ayant soumis ce « compte-rendu » de conférence _ à écouter (67′), elle… _ à son (brillant et probe) auteur,

voici ce que celui-ci me répond ce matin, à propos de ma remarque sur le care :

De :   Thomas Benatouil

Objet : Rép : Article sur la conférence à Bordeaux hier soir
Date : 12 novembre 2009 08:56:45 HNEC
À :   Titus Curiosus

« Merci pour ce compte-rendu très fidèle. J’aurais effectivement bien aimé parler de Foucault, j’avais prévu de le faire, mais j’ai passé trop de temps sur Hadot. Mon seul doute sur ton compte-rendu concerne ton allusion au « care » comme faisant partie de la mode de la philosophie comme manière de vivre : tu ne me l’attribues pas bien sûr, elle est en vert. Je n’avais pas pensé à cela. Il me semble que les théories du care, quoi qu’on en pense, ne se réduisent pas à cette mode _ dont acte ! _ et n’ont pas le même soubassement théorique (ou plutôt la même absence de soubassement théorique). »


Ma réponse par retour de courriel :

Merci de ta réponse.

Je nuancerai donc l’expression de « mon » appréciation à propos du « care« .
Cette « sollicitude » peut être le symptôme
_ extra-philosophique dans certains de ses « usages » ?.. : cela, je l’ajoute maintenant… _ d’un « monde » avec inflation d’indifférence et de mépris…

Nos collègues bordelais Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc
ont abordé ces questions dans « Le Sexe de la sollicitude »
et « L’Invisibilité sociale« …

Je ne crois pas avoir écrit d’article sur mon blog
sur le livre de Guillaume (d’une belle écriture ! j’ai apprécié ce travail ! _ et je lui ai écrit !) ; ce livre porte surtout sur la cécité (et la surdité) sociale(s)…
Mais j’ai écrit un article _ le 26 novembre 2008 : « Pour prolonger la conférence d’hier soir de Fabienne Brugère : penser la sollicitude et l’intime« _ sur celui de Fabienne.
Je te l’adresserai quand je serai revenu chez moi _ je t’écris maintenant entre deux heures de cours…

Les échanges consécutifs aux conférences

_ lors des repas conviviaux de notre « Société de Philosophie de Bordeaux«  _

me sont personnellement très précieux.

Titus

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